On sent qu’elle ne peut plus être comme avant ; la philosophie vivante (à distinguer de l’histoire de la philosophie, fort respectable, qui tient d’ailleurs lieu de philosophie à l’université) ne peut plus ressembler aux monuments de la philosophie d’hier ou d’autrefois.
C’est assez dire l’importance accrue de la philosophie, qui a, depuis toujours, affaire au tout de la réalité. La philosophie ne sert à rien, en ce sens qu’elle ne sert rien de particulier. Elle est libre, autonome. À quoi sert la philosophie? À ce compte, à quoi sert la musique? Ou, sur un autre registre, à quoi sert la santé?
La philosophie peut-elle être utile ? La légende raconte que le philosophe Thalès est tombé dans un puits à force de regarder les étoiles. Sa servante amusée se mit à le railler, en considérant qu’il n’était pas très utile de se demander comment pouvaient rouler les orbes célestes, si l’on n’était pas déjà à même de savoir marcher sur terre.
La philo vivante aujourd’hui ne peut plus ressembler aux grands systèmes de l’histoire de la philo ; on ne peut plus philosopher ainsi (même si on doit continuer à faire vivre ces systèmes).