Habermas, Kant et le problème de la détranscendantalisation Cet article vise à souligner l’importance du rôle joué par la conception kantienne des Lumières dans la Critique de la raison pure. On verra en effet que la connaissance de soi au coeur du projet critique gagne à être comprise en relation avec l’idée de penser par soi-même.
Une première observation s’impose : comme on le sait, la conception kantienne des Lumières n’a été exposée en bonne et due forme qu’en 1784, avec la parution de « Qu’est-ce que les Lumières ? ». On peut donc se demander à quel point il est légitime d’espérer la voir déjà à l’oeuvre dans la première édition de la Critique de la raison pure.
De la même façon, dans l’ Idée d’une histoire universelle d’un point de vue cosmopolitique, Kant évoque volontiers l’influence que doivent exercer les Lumières sur les principes de gouvernement [3]. On peut en retirer que les Lumières kantiennes sont indubitablement appelées à intervenir en matière de morale et de religion.
Kant y fait valoir que le génie, à force de rejeter l’idée d’une raison régie par des lois (quelles qu’elles soient) au nom de la liberté de penser, en viendra malgré lui à anéantir cette dernière en asservissant la raison aux faits.