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La sociologie du genre

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  • C'est quoi le genre en sociologie ?

    Par « genre » on entend la construction socioculturelle des rôles masculins et féminins et des rapports entre les hommes et les femmes.
    Alors que « sexe » fait référence aux caractéristiques biologiques, être né(e) homme ou femme, le genre décrit des fonctions sociales assimilées et inculquées culturellement.

  • Pourquoi le genre est un concept sociologique ?

    Le genre, concept sociologique
    Les relations de genre comme construction sociale sont donc codifiées, hiérarchisées, dissy- métriques, mais aussi variables dans l'espace et le temps, et le milieu socioculturel.
    Constructions sociales, les rapports de genre peuvent être déconstruits et évoluer vers plus d'égalité.

  • C'est quoi la notion de genre ?

    Le terme genre renvoie aux rôles, aux comportements, aux expressions et aux identités que la société construit pour les hommes, les femmes, les filles, les garçons et personnes de divers sexes et de genre.

  • Le genre est un concept rattaché à un champ de savoirs pluridisciplinaires : les études sur le genre.
    Il désigne les processus sociaux par lesquels les identités sexuées et sexuelles sont produites.
    C'est-à-dire une production du social et non de la nature.
    En ce sens on peut parler de construction sociale.

La sociologie du genre
Le genre : outil d'analyse sociologique Quels apports scientifiques et
Genre et sociologie à l'université
La sociologie au prisme du genre
SOCIOLOGIE DU GENRE
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Les sciences de l'ingénieur sont-elles une science
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La sociologie du genre

Tous droits r€serv€s  Sant€ mentale au Qu€bec, 2012Ce document est prot€g€ par la loi sur le droit d'auteur.

L'utilisation desservices d'ƒrudit (y compris la reproduction) est assujettie " sa politiqued'utilisation que vous pouvez consulter en ligne.https://apropos.erudit.org/fr/usagers/politique-dutilisation/Cet article est diffus€ et pr€serv€ par ƒrudit.ƒrudit est un consortium interuniversitaire sans but lucratif compos€ del'Universit€ de Montr€al, l'Universit€ Laval et l'Universit€ du Qu€bec "Montr€al.

Il a pour mission la promotion et la valorisation de la recherche.https://www.erudit.org/fr/Document g€n€r€ le 8 f€v. 2024 16:30Sant€ mentale au Qu€becLa sociologie du genre : une contribution originale  lacompr€hension du suicide chez les hommesThe sociology of gender: an original perspective for a betterunderstanding of suicide in menPhilippe RoyVolume 37, num€ro 2, automne 2012Le suicideURI : https://id.erudit.org/iderudit/1014944arDOI : https://doi.org/10.7202/1014944arAller au sommaire du num€roƒditeur(s)Revue Sant€ mentale au Qu€becISSN0383-6320 (imprim€)1708-3923 (num€rique)D€couvrir la revueCiter cet articleRoy, P. (2012).

La sociologie du genre : une contribution originale " lacompr€hension du suicide chez les hommes.

Sant€ mentale au Qu€bec, 37(2),45 55. https://doi.org/10.7202/1014944arR€sum€ de l'articleIl y a un consensus " l'effet que le suicide soit un probl†me social.

Mais quelleest la contribution de la sociologie " la recherche sur le suicide ? Cet articlepr€sente un bref survol des bases historiques de la sociologie du suicide et deson €volution " travers l'€tude de la d€viance et de l'exclusion.

Sur le plan del'application, la sociologie du genre a notamment contribu€ " mieuxcomprendre comment certains aspects de la socialisation masculine, comme lerapport rigide aux normes masculines, agissent comme des facteurs de risquesuicidaire ou comme des pistes de r€tablissement.La sociologie du genre: unecontribution originale à lacompréhension du suicidechez les hommesPhilippe Roy*Il y a un consensus à l"effet que le suicide soit un problème social.

Mais quelle est la contri-bution de la sociologie à la recherche sur le suicide? Cet article présente un bref survol desbases historiques de la sociologie du suicide et de son évolution à travers l"étude de la dévian-ce et de l"exclusion.

Sur le plan de l"application, la sociologie du genre a notamment contri-bué à mieux comprendre comment certains aspects de la socialisation masculine, comme lerapport rigide aux normes masculines, agissent comme des facteurs de risque suicidaire oucomme des pistes de rétablissement.IntroductionEn apparence, le suicide est toujours un geste individuel.

Il est natu-rel d"investiguer les pistes de compréhension qui relèvent de l"in-dividu: son profil psychologique, ses prédispositions génétiques et lesévénements vécus par la personne avant le passage à l"acte.

Alors pour-quoi la sociologie s"intéresse-t-elle au suicide? Parce que la sociologiea pour objet ce qui se trouve entre l"individu et la société.

Dans cecontexte, l"étude sociologique du suicide se penche principalement surles facteurs de risque suicidaires associés à la socialisation, et au rapportentre les individus et les normes sociales.

Les taux de suicide nationauxsont trois à quatre fois plus élevés chez les hommes que chez les femmes(Gagné et al., 2011), et c"est pourquoi une attention particulière estapportée au suicide chez les hommes et aux liens avec les normes mas-culines.

Cet article débute par un bref survol des bases historiques de lasociologie du suicide et de son évolution à travers l"étude des contraintessociales et de l"exclusion.

Ensuite, la problématisation con temporainedu suicide est présentée, notamment à partir d"une lecture des rôlessociaux de genre.

Ceci permet de mieux comprendre comment certains* Doctorant en service social, Université Laval.

L"auteur reconnaît le soutien financier du Fonds québécois de recherche sur la société et laculture, l"équipe de recherche Masculinités et Société et la Fondation Desjardins.Santé mentale au Québec, 2012, XXXVII, 2, 45-5545Santé mentale 37, 2_Santé mentale 37, 82 13-03-04 08:56 P8age45aspects de la socialisation masculine agissent comme des facteurs derisque suicidaire ou comme des pistes de rétablissement.Les premières théories sociologiques du suicideLes premières théories sociologiques du suicide ont eu lieu autournant du XXesiècle avec Émile Durkheim, un des pères fondateur dela sociologie.

Ce dernier s"est inspiré de l"ouvrage Le suicide et le sensde la civilisationde Thomas Garrigue Masaryk, paru à Vienne en 1881et de Suicide.

Un essai en statistique comparative morale, de l"italienEnrico Morselli, paru l"année suivante (M‰kinen, 2002).

Bien loin deslogiciels statistiques d"aujourd"hui, c"est à la plume et au papier que cespionniers ont étudié les statistiques de suicide en observant les diffé-rences parmi les pays, l"appartenance religieuse, le statut marital, l"em-ploi, les cycles économiques et les tensions sociales, comme lespériodes de révolution. À cette époque, les sociologues cherchaient lacause du suicide principalement dans les pôles des deux axes que for-ment l"intégration sociale et la régulation sociale.Un manque d"intégration sociale correspond au suicide égoÔste.

Il réfè-re par exemple au célibat, au chômage ou à toute autre expérience d"exclu-sion ou de marginalisation. À l"inverse, un excès d"intégration sociale cor-respond au suicide altruiste.

C"est le cas des individus qui s"enlèvent la viepar devoir, comme les kamikazes, les attentats-suicide ou les suicides col-lectifs dans les sectes religieuses.

Le deuxième axe concerne la régulationsociale.

Le manque de règle socialecorrespond au suicide anomique parceque l"individu n"a pas assez de repère ou de guide pour sa conduite. À l"autreextrémité, le suicide fatalistesurvient lorsqu"un individu est écrasé par lescontraintes socialesauxquelles il ne croit pas pouvoir s"y soustraire.Cette typologie de Durkheim anime les débats sociologiquesdepuis maintenant plus de 100 ans.

Quelques années après Durkheim,Pitirim Sorokin rédigea plusieurs publications sur les facteurs culturelset sociaux (comme la faim et le chômage) du suicide en Russie, et sur laprévention (VÂgerˆ, 2002).

Dans la foulée de la Première guerre mon-diale et de la Révolution bolchévique, Sorokin a été contraint à l"exil etses essais sur le suicide ont été oubliés jusqu"à ce Gofman (2000, dansVÂgerˆ, 2002) et M‰kinen (2002) ne les redécouvrent.IntégrationRégulationManqueSuicide égoÔsteSuicide anomiqueExcèsSuicide altruisteSuicide fataliste46Santé mentale au QuébecSanté mentale 37, 2_Santé mentale 37, 82 13-03-04 08:56 P8age46La sociologie du genre: une contribution originale à la compréhension du suicide 47L"évolution de la sociologie du suicideUn autre père de la sociologie, Max Weber, a indirectementinfluencé la recherche sur le suicide.

La sociologie compréhensive deWeber repose sur "une approche phénoménologique qui privilégiel"empathie et la proximité avec son objet» (Bolle de Bal, 2005, p. 40).Il est question d"investiguer la subjectivité des individus, ce qui a permisle développement d"un courant de recherche qui consiste à comprendrele suicide à partir de la signification sociale accordée à ce geste.

AuQuébec, cette approche trouve écho dans l"étude de Gratton (1996).

Sonanalyse focalise sur la relation discordante entre les valeurs les et les res-sources.Depuis les travaux des pionniers, les thèmes connexes du poids descontraintes sociales et de l"exclusion ont été particulièrement étudiés.Lors d"un de ses voyages dans les îles du Pacifique, Malinowski (1926)décrit le suicide d"un jeune homme, accusé par sa communauté d"avoirviolé les règles de l"exogamie.

Cet exemple inspira en partie la thèse deBecker selon laquelle la déviance est considérée comme "le produitd"une transaction effectuée entre un groupe social et un individu qui,aux yeux du groupe, a transgressé une norme» (Becker, 1985, p. 33).Les exemples de ce type de suicide sont nombreux dans l"actualité avecla dénonciation massive de l"intimidation à l"école et particulièrementde l"homophobie. À partir du concept de la déviance de Becker (1985),Dorais et Lajeunesse (2000) exposent comment les jeunes hommeshomosexuels ayant fait une tentative de suicide se perçoivent commedéviants par rapport aux normes masculines dominantes, et le rôle decette déviance sur leur geste.La problématisation contemporaine du suicideLe suicide est d"intérêt pour la sociologie parce qu"il correspondaux critères constitutifs d"un problème social (Rejeb et al., 2001): l"am-pleur: pour l"année 2009 seulement, 830 hommes et 233 femmes sesont suicidés au Québec (Gagné et al., 2011). À ce nombre s"ajoute l"en-semble des personnes endeuillées par ces 1063 suicides.

Depuis les tauxrecords de 1999-2000, les taux de suicide affichent une baisse constan-te mais lente. .

2) Les liens avec le contexte social et culturel: à mesurequ"on s"éloigne d"une perspective individuelle pour investiguer le suici-de auprès de différents groupes populationnels, les facteurs sociauxémergent et révèlent les liens qui unissent les gens touchés par ce fléau.Les facteurs sociaux comprennent le sexe, le genre, l"âge, l"appartenan-ce religieuse ou culturelle, l"orientation sexuelle, l"occupation, le statutsocio-économique.

Le suicide est aussi étudié à partir des expériencesSanté mentale 37, 2_Santé mentale 37, 82 13-03-04 08:56 P8age4748Santé mentale au Québecsociales comme l"immigration ou l"acculturation, la séparation ou ledivorce et les expériences d"exclusion ou de marginalisation. .

3) Le car-actère inacceptable: Le suicide est à la fois révélateur de la souffrancede la personne décédée et la cause d"une souffrance immense imposée àl"entourage.

Plusieurs parents endeuillés par suicide affirment que "cen"est pas dans l"ordre naturel des choses d"enterrer son enfant». .

4) Lamobilisation: le suicide est une problématique dont la prise en chargeest institutionnalisée. Elle est l"objet de recherche, d"intervention, deformation et de campagnes publiques de prévention.

Cette mobilisationest assurée par l"État, le réseau communautaire et les citoyens eux-mêmes (par exemple: les groupes de soutien pour les endeuillés du sui-cide).

Ces observations convergent pour mettre en lumière la dimensionsociale du suicide, autant dans la recherche que dans les pistes d"action.Sur ce plan, la socialisation masculine occupe une place importante.L"étude des rôles sociaux de genreLa sociologie du genre a apporté une contribution significative à lacompréhension du suicide. Le genre correspond à la différenciationsociale, et non biologique, de ce qui est considéré comme masculin ouféminin (Johnson et Repta, 2012).

Ce concept est distinct du sexe, quirenvoie à la différenciation biologique entre les hommes et les femmes.À l"intérieur de la sociologie du genre, il y a plusieurs paradigmes com-préhensifs, dont un des plus connus est le paradigme de la masculinitéhégémonique, élaboré par Connell (1995).

Celui-ci avance qu"il n"y apas une forme de masculinité, mais plusieurs, ce qui signifie que leshommes et les femmes ne forment pas des groupes homogènes.

Les dif-férentes formes de masculinité entretiennent entre elles des rapports depouvoir afin de détenir la légitimité de déterminer ce qui est masculin etce qui ne l"est pas.

Au sommet de la hiérarchie des masculinités se trou-ve la masculinité hégémonique.

Elle est porteuse du discours dominantet valorise l"antiféminité, la compétition, l"accomplissement profession-nel, l"agressivité, l"hétérosexualité et l"homophobie.

Par oppression ouexclusion, elle subordonne les autres formes de masculinité, reléguantau bas de la hiérarchie de genre, tout ce qui est symboliquement exclude la masculinité hégémonique, incluant l"homosexualité.

La principalecritique de ce paradigme compréhensif est qu"il est limité aux aspectstoxique ou déficitaire de la socialisation masculine (Genest-Dufault etTremblay, 2010).Du côté de la psychologie sociale, le paradigme normatif s"inté-resse à la masculinité comme un ensemble d"attitudes, de comportementset d"habiletés d"un groupe d"individus qui se conforment à un stéréotypeSanté mentale 37, 2_Santé mentale 37, 82 13-03-04 08:56 P8age48La sociologie du genre: une contribution originale à la compréhension du suicide 49et aux normes de la masculinité (Pleck, 1981, 1995).

S"inspirant de cettedéfinition, le concept du conflit de rôle de genre est également pertinentà la recherche sur le suicide.

Le conflit de rôle de genre, développé parO"Neil (1981, 2008), correspond à l"écart entre ce qu"un individu estcomme homme et ce qu"il devrait être.

En cherchant à atteindre les stan-dards inatteignables de masculinité, les rôles masculins peuvent êtredysfonctionnels, traumatisants et inadéquats.Les applications de la sociologie du genre à l"interventionCes théories sociales ont inspiré plusieurs applications cliniques enpsychologie et en travail social1, notamment par la sensibilisation auxréalités masculines en intervention (Blazina et Shen-Miller, 2010;Deslauriers et al., 2010; Dulac, 1997, 1999, 2001; Levant et Pollack,1995).

La détresse chez les hommes devient un problème social recon-nu au tournant des années 2000.

C"est dans cette période que la provin-ce atteint un taux de suicide record, dont l"augmentation est presqueexclusivement attribuable à l"augmentation du taux de suicide chez leshommes.

Au moins deux cas de suicide d"hommes connus attirent l"at-tention publique: l"animateur GaÎtan Girouard et le chanteur André"Dédé» Fortin.

Ces deux éléments, la réalité du fait et sa présencemédiatique, mobilisent la santé publique et un nombre grandissant dechercheurs.

C"est dans ce contexte que les campagnes de prévention dusuicide commencent à cibler les hommes. Plusieurs études se penchentsur ce phénomène.

Les hommes qui vivent un haut niveau de conflit derôle de genre sont plus à risque de dépression et d"idéations suicidairesque ceux qui ont une vision plus ouverte de la masculinité (Tremblay,2011).

Dans le même sens, l"adhésion au rôle masculin traditionnel (quis"apparente à la masculinité hégémonique décrite plus tôt) est positive-ment corrélée avec le risque suicidaire en raison de son impact négatifsur le soutien social, la demande d"aide et l"état mental (Houle et al.,2010; Houle et al.,, 2008).

Ces résultats rejoignent ceux de Dulac (1997,1999, 2001) sur l"interprétation que font les hommes plus traditionnelsde la demande d"aide, comme un signe de faiblesse et d"incompétence.Une autre étude québécoise met en lumière la dimension de genrede la crise suicidaire (Roy et Des Rivières-Pigeon, 2011).

Dans celle-ci,on constate que chaque étape de la crise suicidaire implique une trans-gression des normes masculines.

Ainsi, le fait de vivre des difficultés quisemblent insolubles, confronte la norme voulant que les hommes doi-vent être capables de régler leurs problèmes par eux-mêmes.

Quand cesproblèmes perdurent dans le temps, une phase de dépression s"installe.Elle est vécue avec beaucoup de honte au point de ne plus être