C’est aussi en quoi les lecteurs s’y retrouvent et trouvent à s’y nourrir. D’un côté, la littérature fonctionne comme une auberge espagnole où la plupart ne lisent que ce qu’ils y projettent en en tirant plaisir, et de l’autre, elle fonctionne comme une fenêtre ouverte sur l’autre, sur le monde et sur soi-même.
En effet le texte, par un effet de miroir assez curieux, attire à lui des lecteurs qui s’y reconnaissent. Ils ont le sentiment qu’on leur parle d’eux (ce qui parfois leur plaît, mais pas toujours…). C’est que de la parole à l’écrit, puis à la publication, un pas se franchit.
Se demander si la littérature est thérapeutique, c’est interroger l’histoire de notre civilisation, ses théories dualistes, et se demander si le langage écrit a un rapport avec le corps, en tant que ce corps est porteur d’une mémoire sensible, insue, nouée au biologique.
C’est que l’écriture est aussi un scalpel, un outil de compréhension de soi-même et du monde, d’accouchement de la pensée qui s’élabore dans le texte et se transmettra, sans quoi le monde resterait opaque comme aux premiers temps et l’idée même de progrès et de savoir serait caduque. Même les chiffres ne peuvent se passer de l’écrit.