Les chars russes détruits par l'armée ukrainienne ont été exhibés tels des trophées dans les rues de Kiev lors de la fête de l'indépendance du pays, le 24 août dernier. (Dimitar Dilkoff/AFP) Par Dominique Moïsi (géopolitologue, conseiller spécial de l’Institut Montaigne.)
Le terme Novorossia (« nouvelle Russie »), emprunté aux conquêtes de la tsarine Catherine II (1729-1796) et lancé alors par les communicants du Kremlin, a fait long feu, remplacé par une lettre, « Z », dont on a bien du mal à comprendre la signification, au-delà d’un signe de ralliement belliqueux.
Dimanche, le président russe, Vladimir Poutine, et son homologue ukrainien doivent tous deux prononcer des discours attendus pour le Nouvel An, après une année 2023 marquée par une contre-offensive de Kiev décevante et le gel quasi total de la ligne de front.
Et autour de lui, logique de plus en plus stalinienne oblige, personne n'a eu le courage d'émettre des réserves, de formuler des mises en garde. La Russie était devenue progressivement, au fil des ans, le partenaire junior de la Chine. Aujourd'hui, elle en est l'absolue obligée. Le pouvoir isole, le pouvoir absolu isole absolument.
L'auteur de ces lignes n'a pas été surpris par le retour de la guerre au coeur de l'Europe. Je l'avais vue venir de manière inéluctable à travers deux grilles, plus complémentaires que contradictoires : l'histoire diplomatique de l'Europe d'Ancien Régime, d'un côté ; le poids des émotions en géopolitique, de l'autre. Cette aventure militaire russe
Sans suivre le modèle punitif choisi par les puissances victorieuses à Versailles en 1919, l'Amérique en 1991 aurait-elle, portée par un idéal démocratique généreux, humilié inutilement la Russie, comme Paris et Londres l'avaient fait de l'Allemagne au lendemain de la Première Guerre mondiale ? « L'Europe kidnappée », de l'Est et du Centre, avait a
De fait, en cette fin d'été 2022, le grand perdant des six premiers mois de guerre en Ukraine apparaît être la Russie de Poutine, non seulement parce qu'elle s'enlise dans une guerre d'usure contre un adversaire, qui est sur le papier infiniment plus faible qu'elle, mais parce que sa non-victoire a un coût géopolitique certain : Moscou se retrouve