On a souvent tendance à opposer la diversité des cultures, fruit de l’intarissable imagination créatrice de l’humanité, à « la » nature, qui serait une réalité univoque et objective. Toutefois, l’idée même de nature varie dans le temps et l’espace, et ces variations conditionnent notre rapport au monde.
La nature, dans son œuvre, n’y occupe plus la place d’un domaine particulier, formant un objet dont les contours pourraient être établis par contraste avec d’autres dimensions de notre expérience.
Du coup, même la nature humaine devient facile à définir, sinon à dépister, comme somme des carrefours qui, dans le Grand Récit, amenèrent à la formation du sapiens sapiens. La nature, quant à elle, se définirait comme l’intégrale indéfinie de toutes les bifurcations connues et à venir dans le bouquet explosif du Grand Récit. 13 D’où venons-nous ?
Dans cette diversité, une représentation particulière de la nature est aujourd’hui souvent critiquée – et parfois caricaturée – par toute une génération de penseurs, dans le sillage de Philippe Descola et de Bruno Latour, en passant par la deep ecology d’ Arne Naess.