[PDF] Fiche de lecture : Merveilleux et fantastique en littérature


Fiche de lecture : Merveilleux et fantastique en littérature


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Le Horla de Maupassant - Fiche de lecture

En cela même il correspond au cliché que nous nous faisons de la folie : prenant sa démence-même pour objet de réflexion



Explications de la nouvelle de Maupassant : Le Horla (1887)

Il est cultivé et curieux (« Je viens de lire ceci dans la Revue du Monde scientifique ») et analyse tuer c'est aussi tuer le Horla



Le Horla de Maupassant Fiche

Le Horla est un conte fantastique c'est-à-dire qu'il met en scène deux La lecture d'un article scientifique sur une. « épidémie de folie » sévissant ...



Le Horla – Guy de Maupassant - Dossier thématique pour la Le Horla – Guy de Maupassant - Dossier thématique pour la

17 nov. 2013 De quoi le personnage a-t-il peur? Faire des hypothèses ! de familiariser les élèves à l'analyse d'une image/couverture et aux caractéristiques ...



RESUME – LE HORLA GUY DE MAUPASSANT(1886)

Il domine l'homme comme l'homme a précédemment dominé l'animal. II. Le résumé de l'histoire. Le narrateur conte



Lecture analytique le Horla SIte

Lecture analytique.Le Horla. Objectif : découvrir le début d'une nouvelle fantastique. Support : extrait du « Horla » Guy de Maupassant



Art de Yasmina Reza (Fiche de lecture)

Née en 1959 à Paris d'un père russo-iranien et d'une mère hongroise. Yasmina Reza est aujourd'hui l'auteur français contemporain le plus.



Objet détude 2 : RÊVER IMAGINER

https://pedagogie.ac-reunion.fr/fileadmin/ANNEXES-ACADEMIQUES/03-PEDAGOGIE/03-LYCEE/Voie-professionnelle/lettres-histoire-pro/lettres/2-CAP-Nuit-OE2-DALAMA.pdf



Questionnaire de lecture- Le Horla 4ème-3ème NOM : Prénom

Questionnaire de lecture- Le Horla. 4ème-3ème. NOM : Prénom : Classe : ENTOURE JUSTE LA BONNE REPONSE A. CHAQUE QUESTION. ATTENTION TOUTES LES QUESTIONS NE.



Le Horla de Maupassant - Fiche de lecture

En cela même il correspond au cliché que nous nous faisons de la folie : prenant sa démence-même pour objet de réflexion



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Il domine l'homme comme l'homme a précédemment dominé l'animal. II. Le résumé de l'histoire. Le narrateur conte



Séquence - Le Horla

Séance 9 › « Le Horla ». Dominante : lecture analytique p. 12. Fiche élève 3 › Bilan de l'œuvre p. 13. Séance 10 › Peindre la peur.



LE HORLA

Comme il est profond ce mystère de l'Invisible ! Nous ne le pouvons sonder avec nos sens. Page 4. Le Horla misérables



Lecture analytique le Horla SIte

Support : extrait du « Horla » Guy de Maupassant



Art de Yasmina Reza (Fiche de lecture)

Née en 1959 à Paris d'un père russo-iranien et d'une mère hongroise. Yasmina Reza est aujourd'hui l'auteur français contemporain le plus.





La peur la folie

version de



FIche de cours

Livre Le Horla et autres récits fantastiques de Maupassant pages 259 à 296. •. Le parcours de lecture de la nouvelle

Fichedelecture:MerveilleuxetfantastiqueenlittératureLaCASDENvousproposeautourdelathématiquedumerveilleuxetdufantastiqueenlittérature,u nesélectiond'ouvragesde la littératurefrançaisetéléchargeable sgratuitement,assortisdeleurfichedelecture.Undossierproposépar:

Merveilleuxetfantastiqueenlittérature1.TextedeprésentationLesrécitsme rveilleuxetfantastiq uespeuventparaîtretrèsproches,mais ilsso ntfondamentalementdifférents.Afindemieuxcomprendrelemerveilleuxetlefantastique,ilestnécessaired'expliquercequesont:lesurréel,lesurnaturel,l'étrangeetunphénomène.Alorsqueleréel englobetout cequino usestconnu,lesurrée lreprésentetoutcequidépasselalimitedenosconnaissances,c'est-à-direcequiestrationnellementinexplicableaumomentoùl'onparle.Parcontre,lesurnaturelestcequisembleéchapperauxloisdelanature;ilcorrespondàuneexceptionauxloisdumondequeDieuafixées(parexemple,lesanges);ilfaitpartiedusurréel;ilesttout-à-faitpossible(parexemple,lesmiracles),maisilsurprendtoujours.Commelemot"surnaturel»afiniparprendreunsenspluslargeetdevenirsynonymede"surréel»,nousl'emploierons,danscedossier,aveccedeuxièmesens.Quantàl'étrange,ilfaitpartieduréel;ilestcequiesttrèsdifférentdecequel'onl'habitudedevoir,cequiétonne,surprend.Parcontre,unphénomèneestbannidenotreréalité;ils esitueau-delàduréel;ilf aitpartied usurréel ;mais, iln'échappepas nécessairementauxloisdelanatureetn'estdoncpasforcémentsurnaturel;ilpeutdoncêtresurnaturel ouautre.Mais,l'apparitiond'u nphénom ènecréetoujour sunclimatd'étrangeté.Fortdecesdéfinitions,nousallonsétudierlemerveilleuxetlefantastiquedanslesoeuvresdenotrecorpus.Notrebutn'estpasdefaireentrercelles-cidansdesgenreslittérairesbiendéfinis(merveilleuxoufantastique),maisd'enétudierlesmanifestations,d'autantplusquepourcertainesoeuvres,seulscertainspassagesfontappelaumerveilleuxouaufantastique.1.1Lemerveilleux1.1.1DéfinitiondumerveilleuxLemerv eilleux(VoirleClind'oeil N°2du dossier"Nosrêvesd'enfa nt»)se fondesurl'interactiond'êtresetd'élémentssurnaturels,dansunmondeféérique.Lesêtresetlesobjetsontdespouvoirssurnaturels,lesanimauxparlent,lasorcellerieetlesmétamorphosessonthabituelles.Lesrécitsmerveilleuxsontdesoeuvresd'imaginationquinerecherchentpasleréalismeetquiplongentd'embléel'auditeuroulelecteurdansunmondesurnaturel,sansqu'ilseposedequestions.Ilsontuncaractèreirréaliste.Danslerécitmerveilleux,unecohérenceparfaites'installeentrelepersonnageetl'universdanslequel ilévolue.D'autrepart, lelecteu rdécouvreunmondeféé riqueoùrienne l'étonne.Ilacceptelesdonnéesdumondesurnaturelcommeallantdesoi.Ilfaitpreuvedeconfianceetdecrédulité.Lemerveilleuxn'entretientaucuneambiguïtéentrecequiexisteréellementetcequiparaîtsurnaturel.Ilsous-tendunehistoiredontonsaitd'embléequ'elleestfictive.Ilnenécessiteaucunejustificationetsedonnepourtel.Ils'ajouteaumonderéelsansluiporte ratteintenie ndétruire lacohér ence.Ilnecherchepasà rationali serlesurnaturelniàl'expliquer,carlesphénomènessurnaturelssontlaréalitédespersonnagesdelafiction.Unecontinuiténaturellesembles'installerentrelemonderéeletlemondemerveilleux.

MerveilleuxetfantastiqueenlittératureLemervei lleuxlittérairecaractérisedoncunmon deoùlesurnaturelestin contesté:personnages,comportementsetévènementsobéissentàdesloisinsolites,généralementtrèséloignéesdelalogiqueordinaire.C'estlemondedel'altéritéabsolue,oùlaraisonnes'aventurequ'enétrangère.Iln'yapasd'obstaclesàcequ'uneféeinterviennedanslavieduhéros:c'estattendu.Cepersonnagefaitpartiedel'universmerveilleux;ilyestàsaplace.Onestdanslemondedu"Ilétaitunefois...».Lemerveilleuxconstruitunmondeautonome,universeletintemporel,quiévacuelerapportàlaréalitéréférentielle.1.1.2Petitehistoiredumerveilleux1.1.2.1Lemerveilleuxetl'épopéeDanslaperspectiveclassique,ilyaincompatibilitéentrelemerveilleuxetlaprose.C'estpourquoidepuisl'Antiquité,lemerveilleux,quitrouvesonoriginedanslatraditionorale,estréservéauxmythes,auxlégendes,auxépopéesouauxpoésiesversifiées.Ilestdonctrèsprésentdanslatradition épiquegrecque(Ho mère,Eschyle,Sophocle ,Euripide,etc.)etromaine(Virgile,Luc ain,etc.).Ilfaitp artiedel aréalitéadmise:les hérosantique scommuniquentavecleursdieuxquiinterviennent,sousdifférentesformes,danslaréalité.AuMoyenAge,lapenséemédiévaleoccidentalediviselemerveilleuxentroiscatégories:lemiraculus,lemagicus,etlemirabil is.Le miraculusdésignelemerveilleux chrétiene trecouvretoutcequiestlié àlaprésen ceouàla manifestationd eDieu.L emagicusreprésentel'aspectmaléfiqueetdiaboliquedumerveilleux.Quantaumirabilis,ilenglobetoutcequi nepeuts 'expliquer parleslo isdelanatur e,toutcequiestanormal,extraordinaire.Mais,lesfrontièresentrece sdifférente scatégoriesd umerveilleuxsontparfoisflouesetdifficilesàdéterminer.Lemerveilleux,toutescatégoriesconfondues,esttrèsprésentdanslesépopéescommedanslaChansond'Antiocheetdanstouslesrécitsd'aventures.AlaRen aissance ,lescroyancesreligieuseset lecultepassionnédeslettrespaïe nnesproduisentunmélangebizarrede merveille uxmythologiqueetde merveilleuxchréti en(anges,démons,saintsetleursdonsmiraculeux),commedansLaDivinecomédiedeDante.DanslaJérusalemdélivrée,leT asseunitau merveilleuxchréti enceluidelamagieetabandonnelamythologie.Acetteépoque,lemerveilleuxparticipeàlafoisdupaganisme,duChristianismeetdelasorcellerie.Ainsi,lesoeuvresépiquesaccordent-elleunelargeplaceaumerv eilleux,qu'ilsoitchrétienoupaïen ,miraculeuxoumal éfique.Celui-ciestla manifestationnonconflictuelledusurnatureldansleréel.Danslesépopéesmodernes,l'élémentchrétienfinitparéclipserlamythologie.DansLeParadisPerdu,MiltonsebornepratiquementaumerveilleuxtirédelaBible.Parlasuite,lamythologiedisparaîtdesépopées.LaQuerelledesAnciensetdesModernesauXVII°initieunelongueettrèsvivediscussionsurlesméritescomparésdumerveilleuxchrétienetdumerveilleuxpaïen.BoileauprendlepartidesAnciensets'attaquevivementaumerveilleuxchrétien,maisneréussitpas àfairerevivr elemer veilleuxpaïen.Ladis cussions 'es tprolongéejusqu'auXIX°,suscitéeparChateaubriandavecl'épopéedesNatchez.1.1.2.2Lemerveilleuxetleconte

6Merveilleuxetfantastiqueenlittératurepasànotre mon deréel,maisi lromptaveclavisi oncohérentequeno usenavons. Lefantastiquemetenscènedeuxlogiquesopposées:l'unerationnelle,l'autreirrationnelle.C'estlàlagrande différ ence aveclemerveilleux :le phénomène fantastiquedemeureétranger,voireimpossibledanslaréalitédelafiction,alorsquelephénomènemerveilleuxsurvientdansunmondeimaginairequilepermetetl'acceptesansproblème.Parailleurs,l'irruptiond'unphénomènedanslaréalitédelafictiongénèrenécessairementunquestionnement.Etc'estlà,ladeuxièmegrandedifférenceaveclemerveilleux:lerécitmerveilleuxnesusciteaucunquestionn ementsur leréel,alorsquel erécitfantastique proposeunehypothèsequiélargitnotrevisionduréelet,dufaitdel'impossibilitéthéoriqued'yapporteru neréponse,seconten ted'évoquer uneproblématique.Lefantastiq ueproposeuneinfinitéd'e xpériences deslimitesduréel,voi reunecritiquedelavisioncommunedumonde.Enfin,l'irruptiond'unphénomènedanslaréalitédelafictionentraînetoujoursunclimatd'étrangeté.C'estlàlatroisièmedifférenceaveclemerveilleux:l'atmosphèremerveilleusen'estpasétrange, alorsque l'atmosphèrefantastiquee stétrange.L'étran gecommence lorsquesurvie ntunévènementauquelle personnag eoulelecteurnepeutpasd onnerd'explication:bruitsinexpliqués,objetsdéplacés,comportementsincompréhensibles,etc.Acôtédecestroisinvariants,citonslescaractéristiquesvariableslespluscourantesdanslesrécitsfantastiques.D'abord,lephénomènepeutêtremaléfique,bénéfique,ounil'unnil'autre.Lamenacen'estd oncp asuninvariantdesré citsfantastiques. Lefantastiquen'installepastoujoursunclimatdepeuretd'épouvante.D'autrepart,les récitsfantastiq uesnegénèr entpastousunehés itationentreuneexplicationnaturelleetuneexpli cationsurnaturelleduphén omène. Biendesau teurscherchentuniquementànousmontrerqu'unepartieduréelnouséchappeetquenossensrestreignentnotrevisiondumonde.Eneffet,unphénomène,enapparencesurnaturel,peutdébouchersuruneinterprétationrationnelle,danslaquellecesontlesloisnaturellesquiprédominent.Souvent,leshasards,les coïncidences,lerêve, l'influence desdrogues,l'illusiondessensoulafolietententderéduirelesurnatureletpermettentdedonneruneexplicationrationnelleàunphénomènequinel'étaitpasaudépart.Danscetypederécitsfantastiques,lepersonnageessaie,dansunpremiertemps,deserassurerentrouvantuneexplicationrationnelle.Tantqu'ilnel'apastrouvée,intervientlapeur,voirel'affolementoulapanique.Mais,ledénouementrassuretoujourslepersonnage.Ici,lanormeestperturbée,maisellen'estjamaisniée.Lesurnatureln'estqu'uneapparence.Parailleur s,lesrécitsfantastiquesnes eterminentp astoujoursdelamêm efaçon:le phénomènepeutêtredétruit,continuersonouvragededestruction,continueràfairelebien,disparaîtreouaucontraireêtreéternel;lehérospeuttrouverlamortouêtredamné,maisaussivaincrelephénomène,seservirduphénomèneoudevenirlephénomène.Lerécitpeutsecon clureouno nsurl'h ésitationduhéros:do it-ilsecon forterdans sonrationalismeetnierlephénomènesurnatureloubiendoit-ilreconnaîtrel'évidencedecephénomène?Plus ieursrécitsfantastiquessecaractér isentparl'acceptation desphénomènessurnaturels.

7MerveilleuxetfantastiqueenlittératureEnfin,laplupartdesthéoriciensontattachélefantastiqueuniquementauxtextesnarratifs.Mais,celui-ciprendaussiformedanslapoésie,aucinéma,enmusique,etc.C'estpourquoinotrecorpuscomportedesoeuvrespoétiques.Danscelles-cinousavonsbienretrouvélestroisinvariantsdontnousavonsparléprécédemment:irruptiond'unphénomènedansuncadreréaliste,climatd'étrangetéetquestionnementsuscité.Lefantastiqueenpoésieestaussiunmoyend'interrogerleslimitesduréeletd'explorerlesfrontièresdelaraison.Notons,deplus,quelefantastiqueenpoésiecôtoiesouventlemerveilleux(Cf.ApollinaireetVerlaine).1.2.2PetitehistoiredufantastiqueLefantastiq ueestungenrelittéraire, àl'origi neincertai ne,maisilacomme ncéàsedévelopperauXVIII°.C'estleromangothique(VoirLesaviez-vousN°4),qui,ens'intéressantauxthèmesdel'irrationneletdel'angoisseetentémoignantungoûtprononcépourlemacabre,ainfluencélalittératurefantastique.Troisromanssontàlabasedel'essorconsidérablequelefantastiqueaconnuenFranceauXIX°:LeDiableamoureux(1772)deJ.Cazotte,lepremierromanfantastique;ManuscrittrouvéàSaragosse(1804)dupolonaisJanPotocki,considérécommeleroman-modèledufantastiqueparZvetanTodorov;lesContes(1816,traduitsen1830)del'allemandE.T.A.Hoffmann.Danslesann ées1830,d enombreuxtextesem blématiquesdelali ttératurefantastiquesontpubliésen France:LaPeaud echagrind'HonorédeBalzac(1831), LaCafetière(1831)etLaMorteamoureuse(1836)deThéophileGautier(1831),LaféeauxmiettesdeCharlesNodier(1832)etlaVenusd'IlledeProsperMérimée(1837).D'autrepart,latraduc tionduFaustdeGoethe en1828parGérard deNerval etcelledesHistoiresextraordinairesetNouvelleshistoiresextraordinairesdePoeparBaudelaire(1856et1857)ontinspi rédenombreuxécrivains ,quiont mêlélethèmedufantastiqueàc eluidel'horreur:RobertLouisStevenson(DrJekylletMrHyde,1886)),OscarWilde(LePortraitdeDorianGray,189 0),etc.Toutaulongdu siècle,legenreperdure avecdes oeuvresimportantes:Aurélia(1855)deGérarddeNerval,LeHorladeGuydeMaupassant(1887).Lafinessedel'analysepsychologiqueprendlepassurlafoliedébridéeetmorbidedudébutdufantastique.AlafinduXIX°etaudébutduXX°,avecl'essordelalittératureditedécadente,dontlesthèmesdeprédilectionsontlacruauté,leviceetlasexualité,lefantastiquen'estplusunefinalitéensoi.Ilestunmoyenpermettantdefairepasseruneprovocation,unedénonciationouunevolontéesthétique.Durantcettepériode,iln'yapasàproprementparléd'écrivainsfantastiques,maisdenombreuxauteursontécritdestextesfantastiques.1.3Lemerveilleux,lefantastiqueetlascienceLemerv eilleuxrelèved'unétatdec ivilisatio ntrèsancienourienencoren'est expliquéscientifiquement.Chrétienoupaïen,ilestomniprésentdanslemondeoccidentaljusqu'auXVIII°.Eneffet,denombreuxphénomènesquinepeuventpasêtreexpliquésparlasciencecoexistentavecleréelsansqu'ilyaitconflit:lemiracleetl'irrationnelvontdesoi.Parcontre,lefantastiquenepeutpasexisterauMoyen-Ageoùlesmentalitésacceptentlesurnaturelcommeuneréalité. D'autrepart,ilestc omplètementi gnorédessiècles

8Merveilleuxetfantastiqueenlittératureclassiquesquicroientàlarais onetquiopp osent,auxcroyancessu per stitieu ses,unscepticismeabsolu.LapenséedesL umièresréduitlarepr ésentatio ndumondeauréelrationneletnielesurnaturel,quisurvitencore,danslesrécitsmerveilleux.Enfin,lasciencefaitdeformidablesavancéesetfleurissentlesthéoriesmatérialistes(toutestmatièreetDieun'existepas)etpositivistes(touteconnaissancedoits'entenirauxfaits).Cen'estquedanslasecond emoiti éduXVIII°,aprèsl'écroule mentdescer titudesquelaRévolutionréaliseetl'élargissementdel'inspirationàl'imaginaireexaltéparleromantismequel'onassisteaurenouveaudel'irrationnel.Eneffet,faceàcettemodernitérationaliste,naîtunegrandeinquiétudechezlesécrivains,d'oùunrecoursaufantastique,pourapporterunesorted'"oxygénisation»auréel.Ilyadoncunesciencederéférenceàpartirdelaquellesedéveloppeunrécitfantastique.Mais,si,enl evantlevoil esurce quidemeurein expliqué, lesdécouvertesscientifiquessemblentréduirelechamp delalittératurefantastique,e llestrace ntaucontrairede nouvellesperspectivesquiouvrentsurl'inconnu.Ainsilascience,loindelebloquer,offre-t-elleunterrainpropiceaufantastique.Celui-ci,enrelativisantlesavancéesdelascience,revendiquelapartdemystère,cemondeautresituédel'autrecôtédumiroir.Ainsi,lafinduXIX°est -ellepartagéeentr elepositivismetri omphantdontles succèsphilosophiquessefondentsurlesavancéesprodigieusesdelasciencemoderneetleretourenforcedetoutlerefouléantirationaliste,aveclavoguemondainedumagnétisme,del'occultisme,delathéosophieetdel'astrologie.Lefantastiqueestunesortederéponseàunmondeultraréalisteetrationnalisé.Denosjours,lesmondesdumerveilleuxetdufantastiquecoexistent.Ilsontinspiréd'autresgenresnarratifscommelascience-fiction.

9Merveilleuxetfantastiqueenlittérature2.ExtraitsducorpusNousallonsétudierletraitementdumerveilleuxetdufantastique,danslesoeuvresdenotrecorpus,enpassantenrevuelesthèmeslesplusrécurrents.2.1.Letemps2.1.1L'absencederepèrestemporelsDanslemerveilleux,etplusparticulièrementdansceluidescontesdefée,lepassagedel'universquotidienàunautreuniversoùlemerveilleuxadroitdecité,estmarquéd'embléepardesformulescomme:"ilétaitunefois»,"ilyalongtemps,bienlongtemps»,"jadis»,etc.L'époque restevolontairementimprécis e,afindefacil iterledépartversunmondelointain.Enplaçantlesévènementsnarréshorsdetouteactualité,l'auteurprévienttouteassimilationréaliste.Cen'estpaslecasdufantastique,oùlanécessitéd'unancragedanslaréalitéconduitleplussouventl'écrivainàdonnerdesrepèrestemporelsprécis.Lerécitmerveilleuxsesituedansl'intemporel,dansunpasséindéterminéetgénéralementlointain.Ilenestdemême dec ertainsréc itsfantastiqu es,comm echezPoe:pl usieursnouvellesbaignentdansununiversqui,bienqu'enapparenceréel,estmystérieux,vague,lointain,reléguédansunesorted'atemporalité,commedansLigeia.2.1.2LesdérèglementsdutempsDanslerécitmerveilleux,ilyabrouillagedesrepèrestemporels:letempssedérègle(arrêt,répétition,etc.).Parexemple,dansAliceauPaysdesMerveilles,letempsestsanscessedéréglé.Pourcertainspersonnages,commelelapinblancquicourtavecsamontreàlamain,letempspassetropvite.Pourd'autres,commelechapelierfou,ilestsuspenduetstagneàlamêmeheure:ilesttoujourssixheures.Extrait:AliceeuPaysdesMerveilles,Caroll,p.35-37"LeChapelierrompitlesilencelepremier."Quelquantièmedumoissommes-nous?»dit-ilensetournantversAlice.Ilavaittirésamontredesapocheetlaregardaitd'unairinquiet,lasecouantdetempsàautreetl'approchantdesonoreille.Aliceréfléchituninstantetrépondit:"Lequatre.»"Elleestdedeuxjoursenretard,»ditleChapelieravecunsoupir.(...)Aliceavaitregardépar-dessussonépauleaveccuriosité:"Quellesingulièremontre!»dit-elle."Ellemarquelequantièmedumois,etnemarquepasl'heurequ'ilest!»"Etpourquoimarquerait-ellel'heure?»murmuraleChapelier."Votremontremarque-t-elledansquelleannéevousêtes?»"Non,assurément!»répliquaAlicesanshésiter."Maisc'estparcequ'elleresteàlamêmeannéependantsilongtemps.»"Toutcommelamienne,»ditleChapelier.(...)"Avez-vousdevinél'énigme?»ditleChapelier,setournantdenouveauversAlice."Non,j'yrenonce,»réponditAlice;"quelleestlaréponse?»"Jen'enaipaslamoindreidée,»ditleChapelier."Nimoinonplus,»ditleLièvre."Alicesoupirad'ennui."Ilmesemblequevouspourriezmieuxemployerletemps,»dit-elle,"etnepaslegaspilleràproposerdesénigmesquin'ontpointderéponses.»

10Merveilleuxetfantastiqueenlittérature"SivousconnaissiezleTempsaussibienquemoi,»ditleChapelier,"vousneparleriezpasdelegaspiller.Onnegaspillepasquelqu'un.»"Jenevouscomprendspas,»ditAlice."Jelecroisbien,»réponditleChapelier,ensecouantlatêteavecmépris;"jepariequevousn'avezjamaisparléauTemps.»"Celasepeutbien,»répliquaprudemmentAlice,"maisjel'aisouventmalemployé.»"Ah!voilàdoncpourquoi!Iln'aimepascela,»ditleChapelier."Maissiseulementvoussaviezleménager,ilferaitdelapenduletoutcequevousvoudriez.Parexemple,supposonsqu'ilsoitneufheuresdumatin,l'heuredevosleçons,vousn'auriezqu'àdiretoutbasunpetitmotauTemps,etl'aiguillepartiraitenunclind'oeilpourmarqueruneheureetdemie,l'heuredudîner.»("Jelevoudraisbien,»dittoutbasleLièvre.)"Celaseraittrèsagréable,certainement,»ditAliced'unairpensif;"maisalors-jen'auraispasencorefaim,comprenezdonc.»"Peut-êtrepasd'abord,»ditleChapelier;"maisvouspourriezretenirl'aiguilleàuneheureetdemieaussilongtempsquevousvoudriez.»"Est-cecommecelaquevousfaites,vous?»demandaAlice.LeChapeliersecouatristementlatête."Hélas!non,»répondit-il,"nousnoussommesquerellésaumoisdemarsdernier,unpeuavantqu'ildevîntfou.»(IlmontraitleLièvreduboutdesacuiller.)(...)"Et,depuislors,»continualeChapelieravectristesse,"leTempsneveutrienfairedecequejeluidemande.Ilesttoujourssixheuresmaintenant.»Unebrillanteidéetraversal'espritd'Alice."Est-cepourcelaqu'ilyatantdetassesàthéici?»demanda-t-elle."Oui,c'estcela,»ditleChapelieravecunsoupir;"ilesttoujoursl'heureduthé,etnousn'avonspasletempsdelaverlavaisselledansl'intervalle.»2.1.3Lesmomentsprivilégiés2.1.3.1LanuitDanslalittératureoccidentale,lanuits'estdonnéecommelelieudel'inquiétude(lapeurdunoir), del'inconnuetdes illusions .C'estlanuitquelesommeil engend rerêvesou cauchemarsetquel'espritimaginemonstresetchimères.Lanuitrévèleaussiuneattractionsingulièreentrelemondedesmortsetceluidesvivants.C'estpourquoi,lefantastiqueprivilégiedesmomentsparticulierscommelecrépusculeoulanuit,outoutétatrappelantlanuit:pénombre,brouillard,tempête,orage,etc.DansEffetdenuit,Verlaineprésenteunpaysagenocturne,oùestdresséungibet,verslequelmarchentdescondamnés.Ilréussitàcréerunclimatfantastique,enécrivantlascèneàlamanièredespeintresetenutilisanttouteunesymboliquedumacabre.IlnousplongedanslesténèbresduMoyen-Age,oùlamortestomniprésenteet,par-là,illustretoutsonpessimisme.Extrait:"Effetdenuit»,inOEuvrescomplètes,t.1,Verlaine,p.10"Lanuit.Lapluie.UncielblafardquedéchiquetteDeflèchesetdetoursàjourlasilhouetteD'unevillegothiqueéteinteaulointaingris.Laplaine.UngibetpleindependusrabougrisSecouésparlebecavidedescorneillesEtdansantdansl'airnoirdesgiguesnonpareilles,Tandis,queleurspiedssontlapâturedesloups.Quelquesbuissonsd'épineépars,etquelqueshoux

11MerveilleuxetfantastiqueenlittératureDressantl'horreurdeleurfeuillageàdroite,àgauche,Surlefuligineuxfouillisd'unfondd'ébauche.Etpuis,autourdetroislividesprisonniersQuivontpiedsnus,ungrosdehautspertuisaniersEnmarche,etleursfersdroits,commedesfersdeherse,Luisentàcontresensdeslancesdel'averse.»DansArriaMarcelladeGautier,lebasculementdanslefantastiquesefaitaussiàlafaveurdelanuit.Rappelonsl'intrigue:TroisjeunesgensvisitentlemuséedeStudjàNaples.Leplusjeunedestrois,trèsromantique,Octavien,restepétrifiédevantl'empreinted'uncorpsdefemmedansunmorceaudecendre.Ensuite,ilsvisitentlesruinesdePompéi.Lesoir,netrouvantpaslesommeil,Octavienretournesurlesitearchéologique.Extrait:"ArriaMarcella»,inRomansetContes,Gautier,p.149-151"Octavien,quiavaitsouventlaissésonverrepleindevantlui,nevoulantpastroublerparuneivressegrossièrel'ivressepoétiquequibouillonnaitdanssoncerveau,sentitàl'agitationdesesnerfsquelesommeilneluiviendraitpas,etsortitdel'osteriaàpaslentspourrafraîchirsonfrontetcalmersapenséeàl'airdelanuit.Sespieds,sansqu'ileneûtconscience,leportèrentàl'entréeparlaquelleonpénètredanslavillemorte;ildéplaçalabarredeboisquilafermeets'engageaauhasarddanslesdécombres.Laluneilluminaitdesalueurblanchelesmaisonspâles,divisantlesruesendeuxtranchesdelumièreargentéeetd'ombrebleuâtre.Cejournocturne,avecsesteintesménagées,dissimulaitladégradationdesédifices.L'onneremarquaitpas,commeàlaclartécruedusoleil,lescolonnestronquées,lesfaçadessillonnéesdelézardes,lestoitseffondrésparl'éruption;lespartiesabsentessecomplétaientparlademi-teinte,etunrayonbrusque,commeunetouchedesentimentdansl'esquissed'untableau,indiquaittoutunensembleécroulé.Lesgéniestaciturnesdelanuitsemblaientavoirréparélacitéfossilepourquelquereprésentationd'uneviefantastique.QuelquefoismêmeOctaviencrutvoirseglisserdevaguesformeshumainesdansl'ombre;maiselless'évanouissaientdèsqu'ellesatteignaientlaportionéclairée.Desourdschuchotements,unerumeurindéfinie,voltigeaientdanslesilence.Notrepromeneurlesattribuad'abordàquelquepapillonnementdesesyeux,àquelquebourdonnementdesesoreilles,-cepouvaitêtreaussiunjeud'optique,unsoupirdelabrisemarine,oulafuiteàtraverslesortiesd'unlézardoud'unecouleuvre,cartoutvitdanslanature,mêmelamort,toutbruit,mêmelesilence.Cependantiléprouvaituneespèced'angoisseinvolontaire,unlégerfrisson,quipouvaitêtrecauséparl'airfroiddelanuit,etfaisaitfrémirsapeau.Ilretournadeuxoutroisfoislatête;ilnesesentaitplusseulcommetoutàl'heuredanslavilledéserte.Sescamaradesavaient-ilseulamêmeidéequelui,etlecherchaientilsàtraverscesruines?Cesformesentrevues,cesbruitsindistinctsdepas,était-ceMaxetFabiomarchantetcausant,etdisparusàl'angled'uncarrefour?Cetteexplicationtoutenaturelle,Octaviencomprenaitàsontroublequ'ellen'étaitpasvraie,etlesraisonnementsqu'ilfaisaitlà-dessusàpartluineleconvainquaientpas.Lasolitudeetl'ombres'étaientpeupléesd'êtresinvisiblesqu'ildérangeait;iltombaitaumilieud'unmystère,etl'onsemblaitattendrequ'ilfûtpartipourcommencer.Tellesétaientlesidéesextravagantesquiluitraversaientlacervelleetquiprenaientbeaucoupdevraisemblancedel'heure,dulieuetdemilledétailsalarmantsquecomprendrontceuxquisesonttrouvésdenuitdansquelquevasteruine.Enpassantdevantunemaisonqu'ilavaitremarquéependantlejouretsurlaquellelalunedonnaitenplein,ilvit,dansunétatd'intégritéparfaite,unportiquedontilavaitcherchéàrétablirl'ordonnance:quatrecolonnesd'ordredoriquecanneléesjusqu'àmi-hauteur,etlefûtenveloppécommed'unedraperiepourpred'uneteintedeminium,soutenaientunecimaisecoloriéed'ornementspolychromes,queledécorateursemblaitavoirachevéehier(...).Lamaisons'étaitexhausséed'unétage,etletoitdetuilesdenteléd'unacrotèredebronzeprojetaitsonprofilintactsurlebleulégerducieloùpâlissaientquelquesétoiles.Cetterestaurat ionétrange,faitedel'après-midiausoir paruna rchitecteincon nu,tourmenta itbeauc oupOctavien,sûrd'avoirvucettemaisonlejourmêmedansunfâcheuxétatderuine.Lemystérieuxreconstructeuravaittravaillébienvite,carleshabitationsvoisinesavaientlemêmeaspectrécentetneuf;touslespiliersétaientcoiffésdeleurschapiteaux;pasunepierre,pasunebrique,pasunepelliculedestuc,pasuneécailledepeinturenemanquaientauxparoisluisantesdesfaçades,etparl'intersticedespéristylesonentrevoyait,autourdubassindemarbreducavaedium,deslauriersrosesetblancs,desmyrtesetdesgrenadiers.Tousleshistoriens

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Merveilleuxetfantastiqueenlittératures'étaienttrompés;l'érupti onn'avaitpaseuli eu,oubie nl'aiguilledutemps avai treculéde vingtheuresséculairessurlecadrandel'éternité.Octavien,surprisaudernierpoint,sedemandas'ildormaittoutdeboutetmarchaitdansunrêve.»2.1.3.2.Minuit,heuresymboliqueMinuitestuneheuresymboliquedanslesrécitsmerveilleuxetdanslesrécitsfantastiques.C'estl'heuredusecret,del'ombreetdusilence,del'improbableetdel'imprévu.C'estl'heuredesmétamorphoses,l'heureoùsouventdesévènementshorriblesoumagiquesseproduisent.Parexemple,dansCendrillon,minuitestl'heureoùl'enchantementestrompu.Eneffet,Cendrillon,estparée,parlamagiede samarraine-fée,d'unemagn ifiquerobeetde pantouflesdevairetestdotéed'uncarrosseetdeserviteursquin'existerontquejusqu'àminuit.Extrait:"Cendrillon»,inContes,Perrault,p.36"Lelendemain,lesdeuxsoeursfurentaubal,etCendrillonaussi,maisencoreplusparéequelapremièrefois.Lefilsduroifuttoujoursauprèsd'elle,etnecessadeluiconterdesdouceurs.Lajeunedemoisellenes'ennuyaitpoint,etoubliacequesamarraineluiavaitrecommandé,desortequ'elleentenditsonnerlepremiercoupdeminuit,lorsqu'ellenecroyaitpasqu'ilfûtencoreonzeheures:elleseleva,ets'enfuitaussilégèrementqu'auraitfaitunebiche.Leprincelasuivit,maisilneputl'attraper.Ellelaissatomberunedesespantouflesdevair,queleprinceramassabiensoigneusement.Cendrillonarrivachezelle,bienessoufflée,sanscarrosse,sanslaquais,etavecsesméchantshabits;rienneluiétantrestédetoutesamagnificence,qu'unedesespetitespantoufles,lapareilledecellequ'elleavaitlaisséetomber.Ondemandaauxgardesdelaportedupalaiss'ilsn'avaientpointvusortiruneprincesse:ilsdirentqu'ilsn'avaientvusortirpersonnequ'unejeunefillefortmalvêtue,etquiavaitplusl'aird'unepaysannequed'unedemoiselle.»Minuitestuneheuremagiqueeteffrayante.Elleestaussil'heuredestransformations,dessabbatsdesorcièresetd'autresloupsgarous.C'estversminuitquel'ogreduPetitPoucetserelève,aveclafermeintentiondemangerlesseptfrères.C'estencoreàminuitquetoutestterminépourlapetitesirèneduconted'Andersen.Extrait:"LaPetiteSirène»,inContes,Andersen,p.119"Lejourdelanocedeceluiqu'elleaimait,elledevaitmouriretsechangerenécume.Lajoierégnaitpartout;deshérautsannoncèrentlesfiançaillesdanstouteslesruesausondestrompettes.Danslagrandeéglise,unehuileparfuméebrûlaitdansdeslampesd'argent,lesprêtresagitaientlesencensoirs;lesdeuxfiancéssedonnèrentlamainetreçurentlabénédictiondel'évêque.Habilléedesoieetd'or,lapetitesirèneassistaitàlacérémonie;maisellenepensaitqu'àsamortprochaineetàtoutcequ'elleavaitperdudanscemonde.Lemêmesoir,lesdeuxjeunesépouxs'embarquèrentaubruitdessalvesd'artillerie.Touslespavillonsflottaient,aumilieuduvaisseausedressaitunetenteroyaled'oretdepourpre,oùl'onavaitpréparéunmagnifiquelitderepos.Lesvoiless'enflèrent,etlevaisseauglissalégèrementsurlamerlimpide.Àl' approchedelanuit,onallumad eslampes dedive rsescouleurs,etlesmarins semirent àdanserjoyeusementsurlepont.Lapetitesirèneserappelaalorslasoiréeoù,pourlapremièrefois,elleavaitvulemondedeshommes.Ellesemêlaàladanse,légèrecommeunehirondelle,etellesefitadmirercommeunêtresurhumain.Maisilestimpossibled'exprimercequisepassaitdanssoncoeur;aumilieudeladanseellepensaitàceluipourquielleavaitquittésafamilleetsapatrie,sacrifiésavoixmerveilleuseetsubidestourmentsinouïs.Cettenuitétaitladernièreoùellerespiraitlemêmeairquelui,oùellepouvaitregarderlamerprofondeetlecielétoilé.Unenuitéternelle,unenuitsansrêvel'attendait,puisqu'ellen'avaitpasuneâmeimmortelle.Jusqu'àminuitlajoieetlagaietérégnèrentautourd'elle;elle-mêmeriaitetdansait,lamortdanslecoeur.

1 MerveilleuxetfantastiqueenlittératureEnfinleprinceetlaprincesseseretirèrentdansleurtente:toutdevintsilencieux,etlepiloterestaseuldeboutdevantlegouvernail.Lapetitesirène,appuyéesursesbrasblancsauborddunavire,regardaitversl'orient,ducôtédel'aurore;ellesavaitquelepremierrayondusoleilallaitlatuer.»2.2.L'espaceDanslerécitmerveilleux,onretrouve,surleplangéographique,lamêmeimprécisionquesurleplantemporel.Mais,onconstatelarécurrencedecertainsmotifs:lesfaitssesituentsouventdansdespaysagestypiques(château,forêt,etc.).Laforêtmystérieuseetprofondeestleprincipallieud'actiondurécitmerveilleux.C'estlàquelehérosseperdourencontredesdangers.Pourdenombreuxfolkloristes,laforêtestunereprésentationdelanuit.Dansl'imaginaireetlaculturecollective ,lec hâteauestle deuxième lieupri vilégiédurécitmerveilleux.LafontaineoulasourcesontdeslieuxoùrésidentdesêtresfabuleuxcommeLesFéesdePerrault.Lesfaitspeuventaussisesituerdansdeslieuxdepurefantaisie(payslointainsetétrangersaulecteur)oubiendansdes paysagesi rréelsdansles quelslescouleurs,lesformes,leséchelless'éloignenttotalementdelaréalité.D'autrepart,ilyaaussibrouillage desrepèresspatiaux;les repèresgéo graphiquess'effacent.Enf in,Lemerveilleuxesthyperbolique:lesunitésdemesuresontbeaucoupplusgrandesquecellesquel'onconnaîtdanslemonderéel;toutyestexagérémentdécrit.Leslieuxdétiennentdespouvoirsetsontdotésd'uneâme.Dansunrécitfantastique,audépart,lecadreestréaliste,leslieuxsontréels,voirefamiliers.Mais,lesfaitssesituentleplussouventdansdeslieuxinquiétants(cimetière,viellebâtisse,châteauabandonné,landedéserte,etc.)oumaudits.Parmiceux-cifigurentleseaux,cellesdesfleuves,deslacsoudesocéans.Eneffet,dansleseaux,l'hommeseretrouvehorsdesonélémentnatureletestsujetàlapesanteurdesesangoissesetdesasolitude,surtoutdevantl'immensitémarine,parcequ'elleestlelieuprivilégiédunon-identifiable:onnesaitpascequ'ilyaendessous.D'autrepart,latempêteatendanceàchangerlamerenunmonstreengloutisseur(épaves,naufrages,etc.).DansL'AubergedeMaupassant,lecadreduconteestunlieutrèsisolé,perdudanslesmontagnesenneigées.Extrait:"L'Auberge»,inLeHorla,Maupassant,p.86"PareilleàtoutesleshôtelleriesdeboisplantéesdanslesHautes-Alpes,aupieddesglaciers,danscescouloirsrocheuxetnusquicoupentlessommetsblancsdesmontagnes,l'aubergedeSchwarenbachsertderefugeauxvoyageursquisuiventlepassagedelaGemmi.Pendantsixmoiselle resteouver te,habitéepa rlafamillede JeanHauser;pui s,dèsquelesneiges s'amoncellent,emplissantlevallonetrendantimpraticableladescentesurLoëche,lesfemmes,lepèreetlestroisfilss'envont,etlaissentpourgarderlamaisonlevieuxguideGaspardHariaveclejeuneguideUlrichKunsi,etSam,legroschiendemontagne.Lesdeuxhommesetlabêtedemeurentjusqu'auprintempsdanscetteprisondeneige,n'ayantdevantlesyeuxquelapenteimmenseetblancheduBalmhorn,entourésdesommetspâlesetluisants,enfermés,bloqués,ensevelissouslaneigequimonteautourd'eux,enveloppe,étreint,écraselapetitemaison,s'amoncellesurletoit,atteintlesfenêtresetmurelaporte.C'étaitlejouroùlafamilleHauserallaitretourneràLoëche,l'hiverapprochantetladescentedevenantpérilleuse.Troismuletspartirentenavant,chargésdehardesetdebagagesetconduitsparlestroisfils.Puislamère,JeanneHauseretsafilleLouisemontèrentsurunquatrièmemulet,etsemirentenrouteàleurtour.Lepèrelessuivaitaccompagnédesdeuxgardiensquidevaientescorterlafamillejusqu'ausommetdeladescente.

1 MerveilleuxetfantastiqueenlittératureIlscontournèrentd'abordlepetitlac,gelémaintenantaufonddugrandtrouderochersquis'étenddevantl'auberge,puisilssuivirentlevallonclaircommeundrapetdominédetouscôtéspardessommetsdeneige.Uneaversedesoleiltombaitsurcedésertblancéclatantetglacé,l'allumaitd'uneflammeaveuglanteetfroide;aucunevien'apparaissaitdanscetocéandesmonts;aucunmouvementdanscettesolitudedémesurée;aucunbruitn'entroublaitleprofondsilence.»C'estdanscerefugealpinisoléquevasurvenirunétrangeévènement.AprèsladisparitioninexpliquéeduvieuxGaspardHari,lasolitudeetl'angoissevontpousserlejeuneUlrichàlafolie.Notonsque,dansladescriptiondulieu,Maupassantafaitallusionaufantastique:eneffet,lesentierquilerelieauvillaged'enbas"va,serpentant,tournantsanscesseétérevenant,fantastiqueetmervei lleux,lelongdelamontagned roite»(p.87).L'aspectsurnaturelestrenforcéparl'abondancededétailsréalistes.Lechâteauestunautrelieuprivilégiédesrécitsfantastiques.Parexemple,dansLePortraitovaledePoe,l'actionsedérouledansunchâteau,mystérieusementvide,àl'architecturebizarreetavecunefoulederecoins.Deplus,l'obscuritéyestpercéeparlalumièredecandélabres,créantdeszonesd'ombre spropiceàl'i llusiond'op tique;lal umière desbougiesestvacillante;ile stminuit. Tousles ingrédientssontlàpo url'apparitiond' unélémentfantastique:lenarrateural'impressiondevoirunepersonnevivantedanslecadre.Extrait:"Leportraitovale»,inNouvellesHistoiresextraordinaires,EdgarPoe,p.187"Lechâteaudanslequelmondomestiques'étaitavisédepénétrerdeforce,plutôtquedemepermettre,déplorablementblessécommejel'étais,depasserunenuitenpleinair,étaitundecesbâtiments,mélangedegrandeuretdemélancolie,quiontsilongtempsdresséleursfrontssourcilleuxaumilieudesApennins,aussibiendanslaréalitéquedansl'imaginationdemistressRadcliffe.Selontouteapparence,ilavaitététemporairementettoutrécemmentabandon né. Nous nousins tallâmesdansunedesch ambreslespluspetitesetlesmoinssomptueusementmeublées.Elleétaitsituéedansunetourécartéedubâtiment.Sadécorationétaitriche,maisantiqueetdélabrée.Lesmursétaienttendusdetapisseriesetdécorésdenombreuxtrophéeshéraldiquesd e touteforme,ainsiqued'uneq uan titévraime ntp rodigieusede p einturesmodernes,pleinesdestyle,dansderichescadresd'ord'ungoûtarabesque.Jeprisunprofondintérêt,-cefutpeut-êtremondélirequicommençaitquienfutcause,-jeprisunprofondintérêtàcespeinturesquiétaientsuspenduesnonseulementsurlesfacesprincipalesdesmurs,maisaussidansunefoulederecoinsquelabizarrearchitectureduchâteaurendaitinévitables;sibienquej'ordonnaiàPedrodefermerleslourdsvoletsdelachambre,-puisqu'ilfaisaitdéjànuit,-d'allumerungrandcandélabreàplusieursbranchesplacéprèsdemonchevet,etd'ouvrirtoutgrandslesrideauxdeveloursnoirgarnisdecrépinesquientouraientlelit.Jedésiraisquecelafûtainsi,pourquejepusseaumoins,sijenepouvaispasdormir,meconsoleralternativementparlacontemplationdecespeinturesetparlalectured'unpetitvolumequej'avaistrouvésurl'oreilleretquiencontenaitl'appréciationetl'analyse.Jeluslongtemps,-longtemps;-jecontemplaireligieusement,dévotement;lesheuress'envolèrent,rapidesetglorieuses,etleprofondminuitarriva.Lapositionducandélabremedéplaisait,et,étendantlamainavecdifficultépournepasdérangermonvaletassoupi,jeplaçail'objetdemanièreàjeterlesrayonsenpleinsurlelivre.Maisl'actionproduisituneffetabsolumentinattendu.Lesrayonsdesnombreusesbougies(carilyenavaitbeaucoup)tombèrentalorssurunenichedelachambrequel'unedescolonnesdulitavaitjusque-làcouverted'uneombreprofonde.J'aperçusdansunevivelumièreunepeinturequim'avaitd'abordéchappé.»DansLaChutedelaMaisonUsher,Poevamêmeplusloin,pourcréeruneatmosphèrepropiceaufantastique:ildonneàunbâtimentlerôledepersonnageimportantennousledérivantcommeunepersonne,aumêmetitrequelesmembresdelafamilleUsher.

15MerveilleuxetfantastiqueenlittératureExtrait:"LaChutedelaMaisonUsher»,inNouvellesHistoiresextraordinaires,EdgarPoe,p.57-58"Pendanttouteunejournéed'automne,journéefuligineuse,sombreetmuette,oùlesnuagespesaientlourdsetbasdansleciel,j'avaistraverséseuletàchevaluneétenduedepayssingulièrementlugubre,etenfin,commelesombresdusoirapprochaient,jemetrouvaienvuedelamélancoliqueMaisonUsher.Jenesaiscommentcelasefit,-mais,aupremiercoupd'oeilquejejetaisurlebâtiment,unsentimentd'insupportabletristessepénétramonâme.Jedisinsupportable,carcettetristessen'étaitnullementtempéréeparuneparcelledecesentimentdontl'essencepoétiquefaitpresqueunevolupté,etdontl'âmeestgénéralementsaisieenfacedesimagesnaturelleslesplussombresdeladésolationetdelaterreur.Jeregardaisletableauplacédevantmoi,et,rienqu'àvoirlamaisonetlaperspectivecaractéristiquedecedomaine,-lesmursquiavaientfroid,-lesfenêtressemblablesàdesyeuxdistraits,-quelquesbouquetsdejoncsvigoureux,-quelquestroncsd'arbresblancsetdépéris,-j'éprouvaiscetentieraffaissementd'âmequi,parmilessensationsterrestres,nepeutsemieuxcomparerqu'àl'arrière-rêveriedumangeurd'opium,-àsonnavrantretouràlaviejournalière,-àl'horribleetlenteretraiteduvoile.C'étaituneglaceaucoeur,unabattement,unmalaise,-uneirrémédiabletristessedepenséequ'aucunaiguillondel'imaginationnepouvaitravivernipousseraugrand.Qu'étaitdonc,-jem'arrêtaipourypenser,-qu'étaitdonccejenesaisquoiquim'énervaitainsiencontemplantlaMaisonUsher?C'étaitunmystèretoutàfaitinsoluble,etjenepouvaispasluttercontrelespenséesténébreusesquis'amoncelaientsurmoipendantquej'yréfléchissais.Jefusforcédemerejeterdanscetteconclusionpeusatisfaisante,qu'ilexistedescombinaisonsd'objetsnaturelstrèssimplesquiontlapuissancedenousaffecterdecettesorte,etquel'analysedecettepuissancegîtdansdesconsidérationsoùnousperdrionspie d. Iléta it possible,pe nsai s-je,qu'une simpledifférencedans l'arrangementdesmatériauxdeladécoration,desdétailsdutableau,suffîtpourmodifier,pourannihilerpeut-êtrecettepuissanced'impressiondouloureuse;et,agissantd'aprèscetteidée,jeconduisismonchevalverslebordescarpéd'unnoiretlugubreétang,qui,miroirimmobile,s'étalaitdevantlebâtiment;etjeregardai-maisavecunfrissonpluspénétrantencorequelapremièrefois-lesimagesrépercutéesetrenverséesdesjoncsgrisâtres,destroncsd'arbressinistres,etdesfenêtressemblablesàdesyeuxsanspensée.»2.3.Lespersonnages2.3.1.LespersonnageshumainsDanslesrécitsmerveilleux,lespersonnageshumainsn'ontpasbeaucoupd'épaisseur:cesontdestypesquicorrespondentàdesfonctionsbiendéfinies.Ilsappartiennentàunesociétéartificielleetfigée,oùilssontdéfinisparleurplaceouleurrang(leRoi,laReine,lePrince,etc.),sansyêtre nommésautrementqu eparunsurn omqui lescaractérise(Cendrillon,Blanche-Neige,etc.).D'autrepart,lespersonnagespeuventêtredesenfants-héros,commedansLePetitCh aperonrouge ,LePetitPo ucet,etc.Lorsque lespersonnagessontdécrits,ilsleso ntpresqueun iquementphysiquement.Le sprocédés utilisésrelèventdel'hyperboleetnouséloignentencoreplusdelaréalitétellequ'onlaconnaît(beautéexceptionnelle,riendeplusbeauaumonde,etc.).Lorsqu'ilssontdécritspsychologiquement,celaestfaitdemême:leursqualitésetleurstraitsdecaractèresontrenforcésaudernierpoint;ilssontd'uneintensitéanormaleetincroyable.Cetypededescriptioncontribueàrenforcerladistanceentrel'universduconteetleréel.Avecl'aided'objetsmagiques(bottesdeseptlieux,miroirmagique,baguettemagique,balaivolant,potionmagique,etc.)oud'êtressurnaturels(fées,sorcières,etc.),lesêtreshumainspeuventtrouverriches seetbonheur.Mais,silam agieestbéné fiquepou rceux quileméritent,elles'avèremaléfiquepourlescupidesetlesenvieuxqu'ellechâtiesanspitié.(VoirLesFéesdePerrault)Danslefantastique,lespersonnagesnesontpasnonplustrèsdécrits.Ainsi,parexemple,dansLeHorla,lenarrateurnedonneaucunindiceconcernantsonidentité.C'estunhomme,

16Merveilleuxetfantastiqueenlittératurenormand,rentier,cultivéetcurieux.Lespersonnagessontdescaractèresplutôtstatiques.Ilssont,commedanslemerveilleux,caractérisésparleursactionsetsontdécritsenfonctiondecelles -ci.Ainsi,d ansAvatar,lep ortraitdu DrBalthazarCherbonneau ,spécial isteenmétempsychose,adesqualitésspécialesquilelientaufantastique.2.3.2.LespersonnagesmagiquesAcôté despersonn ageshumains,lesréci tsmerveille uxsontpeuplésde personnagesmagiques.Ondistingue,parmi eux,les bienfaiteurs(lesfées,les magiciensettousle sadeptesdelamagieblanche)etlesmalfaisants(sorciersettouslesadeptesdelamagienoire).Parmilesbienfaiteurs,onrencontresurtoutlesfées,commedanslesContesdePerrault.Celles-cisontdotéesd'unpouvoirsurnaturel:ellesmétamorphosent(Cf.CendrillonouLesFées),ellesaccomplissentlesvoeuxqu'ellesformulent(Cf.LaBelleauboisdormant),elleschangentledestindes héros(Cf .Riquetàlahoupp eouCendrillon).Mais,Pe rraultleshumanisebeaucoup:ellespeuventéchouer(Cf.Peaud'âne)ounepeuventpaseffacercequ'uneaînéeafait(Cf.LaBelleauboisdormant).Ellespeuventtransformerleschosesetlespersonnes,changerlasituation,etc.,enutilisantlamagie,grâceàleurbaguettemagique.DansCendrillon,laféechangeunecitrouilleenchariotmagnifiqueetdessourisenattelage.DansFées,laféemétamorphoselesparolesendiamantsouenserpents.Lesféespeuventaussiquelquefo isdonnerdespouvoirsàunhéros:Dans RiquetàlaHoupp e,lafé ecompenselastupiditédel'héroïneparledondepouvoirrendrebeauceluiquiluiplairaetlalaideurduprinceparlapossibilitédedonnerdel'espritàlapersonneaimée.Mais,ellespeuventaussiinfligerdestraitsméchants,commelastupiditéetlalaideur.Ellepeutaussimodérerledestinhumain.Parexemple,dansLaBelleauboisdormant,laféeréparelamortpréditeenlamodérantensommeildecentans.Mais,lesféessontparfoisambigües,parfoissorcièresetpeuventjeterunmauvaissort,commedanscemêmeconte.Parmilesmalfaisants,onrencontresurtoutlessorcières.Cesontengénéraldesvieillesfemmes,laides(nezcrochu,mentonpointu),méchantesetjalouses.Ellesutilisentlamagiepourtourmenterlesenfantsetlesjeunesgens:ellesjettentdessorts(Cf.LaBelleauBoisdormant)etontdespouvoirsdetransformation.Ellespossèdentdesanimauxrépugnantsdotésdeparole(corbeau,crapaud,etc.)etdesaccessoiresmagiques(balaivolantpoursedéplacer;chaudronpourpréparerdespotionsmagiques,etc.).SichezPerrault,lasorcièreconservesonimagediabolique,chezAndersen,sestraitss'adoucissentunpeu:dansLapetitePoucette,elleaideunefemmeenmald'enfant;dansLeBriquet,elleenrichitunsoldatrevenudufront.Mais,dansLaPetitesirène,ellerestecruelle.Acôté decesprin cipauxpe rsonnagesmagi ques,onrencontrebeaucoupd' autrespersonnagesquiressortissentdumerveilleuxetquisontemployéssoitdanslemerveilleuxsoitdanslefantastiqueenpoésie.Parexemple,Andersenrecourtaumerveilleuxdufolkloredanoisàtraverslesnixes,lestrolls,lesgargouilles,leselfes,lesondinsetlesdryadesetApollinairerecourtaumerveilleuxallemandaveclaLorelei,lesnixes,lesnicettes,Merlin,Viviane,Simonlemage,lestziganes,etc.Chezcepoète,leréel,commeparenchantement,glissesouventverslefantastique.Notonsenfinquelemerveilleuxcréeunmondemanichéen.Eneffet,lespersonnages,qu'ilssoientmagiquesouhumains,sontunidimensionnels:ilssontsoitgentils,soitméchants.Leurpasséetleurpsychologieestsansimportance,cartoutl'intérêtdurécitrésidedansl'actionetdanssoncaractèremerveilleux.

17Merveilleuxetfantastiqueenlittérature2.3.3.Lapersonnificationetl'anthropomorphismeDanslesrécitsmerveilleux,lesobjets,lesvégétauxoulesanimauxpeuventêtredotésdelapenséeetdelavoix, etdonc êtrelep erson nageprincipaldurécit.Ene ffet,lapersonnification(VoirLesaviez-vousN°5),enestunélémentconstant.Toutprendvie:lesfrontièresentrel'humain,l'animaletl'inanimén'existentplus.Lepluss ouvent,Anderse nlesutilisentpourmettre ànulesrouagesdupouvoir etlestréfondsdelanaturehumaine.Notonsqu'ilsemetenscènedanslaplupartdesescontes,commedansLeRossignol(symboledelalibertéd'expressiondupoète),oubienLeVilainpetitcanard.Dansl'extraitsuivant,Lagrosseaiguille,lepersonnageprincipalestuneaiguilleàrepriser,fortfière,toutedroite,maisquifinitparsefaireécrasersouslaroued'unecharrette.Extrait:"LaGrosseAiguille»,inContes,Andersen,p.41-43"Ilyavaitunjouruneaiguilleàrepriser:ellesetrouvaitelle-mêmesifinequ'elles'imaginaitêtreuneaiguilleàcoudre."Maintenant,faitesbienattention,ettenez-moibien,ditlagrosseaiguilleauxdoigtsquiallaientlaprendre.Nemelaissezpastomber;car,sijetombeparterre,jesuissûrequ'onnemeretrouverajamais.Jesuissifine!-Laissefaire,direntlesdoigts,etilslasaisirentparlecorps.-Regardezunpeu;j'arriveavecmasuite,»ditlagrosseaiguilleentirantaprèselleunlongfil;maislefiln'avaitpointdenoeud.Lesdoigtsdirigèrentl'aiguilleverslapantoufledelacuisinière:lecuirenétaitdéchirédanslapartiesupérieure,etilfallaitleraccommoder."Queltravailgrossier!ditl'aiguille;jamaisjenepourraitraverser:jemebrise,jemebrise.»Eteneffetellesebrisa."Nel'ai-jepasdit?s'écria-t-elle;jesuistropfine.-Ellenevautplusrienmaintenant,»direntlesdoigts.Pourtantilslatenaienttoujours.Lacuisinièreluifitunetêtedecire,ets'enservitpourattachersonfichu."Mevoilàdevenuebroche!ditl'aiguille.Jesavaisbienquej'arriveraisàdegrandshonneurs.Lorsqu'onestquelquechose,onnepeutmanquerdedevenirquelquechose.»Etellesedonnaitunairaussifierquelecocherd'uncarrossed'apparat,etelleregardaitdetouscôtés.(...)Unjour,ellesentitquelquechoseàcôtéd'elle,quelquechosequiavaitunéclatmagnifique,etquel'aiguillepritpourundiamant.C'étaituntessondebouteille.L'aiguilleluiadressalaparole,parcequ'illuisaitetseprésentaitcommeunebroche."Vousêtessansdouteundiamant?-Quelquechosed'approchant.»Etalorschacund'euxfutpersuadéquel'autreétaitd'ungrandprix.Etleurconversationroulaprincipalementsurl'orgueilquirègnedanslemonde.(...)Unjour,desgaminsvinrentfouillerdansleruisseau.Ilscherchaientdevieuxclous,desliardsetautresrichessespareilles.Letravailn'étaitpasragoûtant;maisquevoulez-vous?ilsytrouvaientleurplaisir,etchacunprendlesienoùilletrouve."Oh!la,la!s'écrial'und'euxensepiquantàl'aiguille.Envoilàunegueuse!-Jenesuispasunegueuse;jesuisunedemoiselledistinguée,»ditl'aiguille.»Touslespersonnagesd'Andersen,qu'ilssoienthumains,animaux,végétauxouobjets,sontinvestisd'unevieoùsemêlentjoiesetpeines,tristessesetpeurs.Mais,s'ilssontsoumisauxaléasdudestin,lepoèteleurconfèrel'aptitudededonnerunsensàcequileurarriveetdeseremettreenquestion.ChezCarroll, lapersonnificationestauss iomn iprésente.Citonslesprincipauxanimauxpersonnifiés:unlapin(peureuxetcolérique),unlièvre(fou),unesouris(énorme,

18Merveilleuxetfantastiqueenlittératuresècheetautoritaire),unechatte(douce,maischasseusehorspair),unchat(charmantetmystérieux),unechenille(symboled emétamorphos e),unpigeon(vindicatif), unloir(paresseuxettoujoursendormi)etundodo( bègue) .Certains sontdescaricatur esdepersonnagesréels,commeparexemple:lasourisquiestlacaricaturedeMissPrikett,lagouvernanted'AliceLiddellqui ainspirécerécit,etle dodocell edeCarrolllu i-même.DonnonsleportraitdelachenillebleuequiLachenillebleueévoquel'imaged'unsageenpleineréflexionetquipousseAliceàs'interrogersursonidentité.Deplus,chezCarroll,desnotionsabstraites,telsq ueletemps,sontpersonn ifiées,comm enousl'avo nsvudansl'extraitproposéprécédemment(2.1.2.).Extrait:Aliceaupaysdesmerveilles,Carroll,p.20-21"Ellesedressasurlapointedespieds,et,glissantlesyeuxpar-dessuslebordduchampignon,sesregardsrencontrèrentceuxd'unegrossechenillebleueassiseausommet,lesbrascroisés,fumanttranquillementunelonguepipeturquesansfairelamoindreattentionàelleniàquoiquecefût.(...)LaChenilleetAliceseconsidérèrentuninstantensilence.EnfinlaChenillesortitlehoukadesabouche,etluiadressalaparoled'unevoixendormieettraînante."Q ui êtes-vous?»dit l aChenill e. Cen'était pas làune ma nièreencourageanted'entamerl aconversation.Alicerépondit,unpeuconfuse:"Je-jelesaisàpeinemoi-mêmequantàprésent.Jesaisbiencequej'étaisenmelevantcematin,maisjecroisavoirchangéplusieursfoisdepuis.»"Qu'entendez-vousparlà?»ditlaChenilled'untonsévère."Expliquez-vous.»"Jecrainsbiendenepouvoirpasm'expliquer,»ditAlice,"car,voyez-vous,jenesuisplusmoi-même.»"Jenevoispasdutout,»réponditlaChenille."J'aibienpeurdenepouvoirpasdireleschosesplusclairement,»répliquaAlicefortpoliment;"card'abordjen'ycomprendsrienmoi-même.Grandiretrapetissersisouventenunseuljour,celaembrouilleunpeulesidées.»"Pasdutout,»ditlaChenille."Peut-êtrenevousenêtes-vouspasencoreaperçue,»ditAlice."Maisquandvousdeviendrezchrysalide,carc'estcequivousarrivera,sachez-lebien,etensuitepapillon,jecroisbienquevousvoussentirezunpeudrôle,qu'endites-vous?»"Pasdutout,»ditlaChenille."Vossensationssontpeut-êtredifférentesdesmiennes,»ditAlice."Toutcequejesais,c'estquecelamesembleraitbiendrôleàmoi.»"Àvous!»ditlaChenilled'untondemépris."Quiêtes-vous?»Danslefantastiqueenpoésie,l'anthropomorphisme(VoirClind'oeilN°2),plusgénéralquelapersonnification,esttrèsutilisé.Ilpermet,leplussouvent,aupoète,unetransfigurationmétaphoriqueetfantastiqued'unpaysage,commedansCharleroideVerlaine.Extrait:"Charleroi»,inOEuvrescomplètes,t.1,Verlaine,p.85-86"Dansl'herbenoireLesKoboldsvont.LeventprofondPleure,onveutcroire.Quoidoncsesent?L'avoinesiffle.UnbuissongifleL'oeilaupassant.PlutôtdesbougesQuedesmaisons.QuelshorizonsDeforgesrouges!Onsentdoncquoi?Desgarestonnent,Lesyeuxs'étonnent,OùCharleroi?Parfumssinistres?Qu'est-cequec'est?QuoibruissaitCommedessistres?Sitesbrutaux!Oh!votrehaleine,Sueurhumaine,Crisdesmétaux!Dansl'herbenoireLesKoboldsvont.LeventprofondPleure,onveutcroire.»

19MerveilleuxetfantastiqueenlittératureDanscepoème,lepaysagequisedérouledevantlesyeuxduvoyageur,estprésentécommedotédevie, grâceàl' animationdubuis son,desmétaux, de sgaresetdel'avoine.Cetanthropomorphismetranscritl'angoissedupoète.D'autrepart,laréférenceauxKobolds,êtresmystiquesetlége ndaires,ainsiquelemélangedesépo ques(usinesmo dernesetsistreségyptiennes)donnentaupaysageunedimensionfantastique.2.4.LescréaturesQuecesoit dansleme rveilleuxo udanslefantas tiqueles créaturessontextrêmementnombreuses:créaturesmythologiques(hydre,méduse,minotaure,etc.),créatureshybridesdumondemédiéval(griffons,centaures,etc.),créaturesmerveilleuses(licornes,dragons,etc.),monstres,vamp ires,loupsgarous,meneurs debêtes,morts-vivants,maisaussifantômes,guérisseurs,ogres,Diable,etc.Danslecadredecedossier,nousnouslimiteronsàtroistypesdecréatures:lesêtreshybrides,l'ogreetleDiable.2.4.1.LesêtreshybridesCarrollcomplètesonuniversmerveilleuxenyajoutantdeuxcréatures:leGriffonetlaSimili-tortue.LeGriffon,créaturelégendaire,présentedansdifférentescultures,hybridedel'aigleetdulion,estpeintchétifetcondescendant.Carrollréaliseicilasatiredelalégendedugriffon.QuantàlaSimili-tortue,ils'ag itd'unei nventiondeCarr ollquisemoque descoutumesculinairesdelabourgeoisievictorienne:eneffet,lasoupeàlatortue,symboled'opulence,esttrèsenvogueàl'époque.Ilenfaitunpersonnagebavardetsavant.DansLesTravailleursdelamer,HugoracontelecombatdeGilliattcontreunadversaireétrangequ'ilnevoitpas,maisquienrouleautourdesonbrasdroit,puisdesontorse,deslanièresmuniesdeventouses.Danscetextrait,ilpartd'unepeintureobjectivedelaréalitépouraboutiràun evisionfantastiqued 'un monstre,en communiquantunsentim entd'épouvanteàsonlecteur.Extrait:LesTravailleursdelamer,Hugo,p.242-243"Toutàcoupilsesentitsaisirlebras.Cequ'iléprouvaencemoment,c'estl'horreurindescriptible.Quelquechosequiétaitmince,âpre,plat,glacé,gluantetvivantvenaitdesetordredansl'ombreautourdesonbrasnu.Celaluimontaitverslapoitrine.C'étaitlapressiond'unecourroieetlapousséed'unevrille.Enmoinsd'uneseconde,onnesaitquellespiraleluiavaitenvahilepoignetetlecoudeettouchaitl'épaule.Lapointefouillaitsoussonaisselle.Gilliattserejetaenarrière,maisputàpeineremuer.Ilétaitcommecloué.Desamaingaucherestéelibreilpritsoncouteauqu'ilavaitentresesdents,etdecettemain,tenantlecouteau,s'arc-boutaaurocher,avecuneffortdésespérépourretirersonbras.Ilneréussitqu'àinquiéterunpeulaligature,quiseresserra.Elleétaitsouplecommelecuir,solidecommel'acier,froidecommelanuit.Unedeuxièmelanière,étroiteetaiguë,sortitdelacrevasseduroc.C'étaitcommeunelanguehorsd'unegueule.ElleléchaépouvantablementletorsenudeGilliatt,ettoutàcoups'allongeant,démesuréeetfine,elles'appliquasursapeauetluientouratoutlecorps.Enmêmetemps,unesouffranceinouïe,comparableàrien,soulevaitlesmusclescrispésdeGil liatt.Ilsentaitdans sapeaud esenfoncementsronds,horribl es.Illu isemblaitqued'innombrableslèvres,colléesàsachair,cherchaientàluiboirelesang.Unetroisièmelanièreondoyahorsdurocher,tâtaGilliatt,etluifouettalescôtescommeunecorde.Elles'yfixa.L'angoisse,àsonparoxysme,estmuette,Gilliattnejetaitpasuncri.Ilyavaitassezdejourpourqu'ilpûtvoirlesrepoussantesformesappliquéessurlui.Unequatrièmeligature,celle-cirapidecommeuneflèche,luisautaautourduventreets'yenroula.Impossibledecoupernid'arrachercescourroiesvisqueusesquiadhéraientétroitementaucorpsdeGilliattetparquantitésdepoints.Chacundecespointsétaitunfoyerd'affreuseetbizarredouleur.C'étaitcequ'onéprouveraitsil'onsesentaitavaléàlafoisparunefouledebouchestroppetites.Uncinquièmeallongement

0Merveilleuxetfantastiqueenlittératurejaillitdutro u.Ilsesu perposaauxaut res etvint serepliersurlediaphragmedeG illiatt.Lacompr essions'ajoutaitàl'anxiété;Gillia ttpo uvaitàpeinerespirer.Ceslan ières, pointuesàleurextrémité, allaients'élargissantcommedeslamesd'épéeverslapoignée.Touteslescinqappartenaientévidemmentaumêmecentre.EllesmarchaientetrampaientsurGilliatt.Ilsentaitsedéplacercespressionsobscuresquiluisemblaientêtredesbouches.Brusquementunelargeviscositérondeetplatesortitdedessouslacrevasse.C'étaitlecentre;lescinqlanièress'yrattachaientcommedesrayonsàunmoyeu;ondistinguaitaucôtéopposédecedisqueimmondelecommencementdetroisautrestentacules,restéssousl'enfoncementdurocher.Aumilieudecetteviscositéilyavaitdeuxyeuxquiregardaient.CesyeuxvoyaientGilliatt.Gilliattreconnutlapieuvre.»D'unepieuvredeg randedimension,Hugofin itparen faireunanimalhybri de(hydre,araignéeoucaméléon),voirelareprésentation animalededeuxmal adiesq uesontlescorbutetlagangrène.C'estlamortàl'oeuvredansuncorpsencorevivant.Del'étrangetéinquiétanted'unmonstremou,Hugonousfaitvoirlamonstruosité.Endéformantlaréalitéetenutilisantlesphénomènesdeprojectionetd'identification,ilintroduitlelecteurdansledomainedel'indicibleetdufantastique.2.4.2.L'ogreL'ogreestunmonstre(VoirClind'oeilN°3)imaginaire,àlataillegéante,quivitengénéraldanslesforêts.Ilalaréputationdemangerdelachairhumaine.ChezPerraultlepouvoireffrayantdel'ogreestengénéraldésamorcé.Ilaquelquechosed'humain.C'estainsique,dansLePetitPoucet,l'ogre"nelaissaitpasd'êtrefortbonmari,quoiqu'ilmangeâtlespetitsenfants»(p.25);dansLaBelleauboisdormant,l'ogresseestreine.Deplus,lepouvoirdel'ogreestlimité,puisquemalgrésaforceetsoncaractèreterrible,laruseetl'intelligenceluimanquent.C'estainsiqu'ilestmisfinalementenéchecparpluspetitquelui,dansLePetitPoucet.Extrait:"LePetitPoucet»,inContes,Perrault,p.23-25"L'Ogreavaitseptfilles,quin'étaientencorequedesenfants.(...)Onlesavaitfaitcoucherdebonneheure,etellesétaienttoutesseptdansungrandlit,ayantchacuneunecouronned'orsurlatête.Ilyavaitdanslamêmechambreunautrelitdelamêmegrandeur:cefutdanscelitquelafemmedel'Ogremitcoucherlesseptpetitsgarçons;aprèsquoielleallasecoucherauprèsdesonmari.LepetitPoucet,quiavaitremarquéquelesfillesdel'Ogreavaientdescouronnesd'orsurlatête,etquicraignaitqu'ilneprîtàl'Ogrequelqueremordsdenelesavoirpaségorgésdèslesoirmême,selevaverslemilieudelanuit,etprenantlesbonnetsdesesfrèresetlesien,ilallatoutdoucementlesmettresurlatêtedesseptfillesdel'Ogre,aprèsleuravoirôtéleurscouronnesd'or,qu'ilmitsurlatêtedesesfrèresetsurlasienne,afinquel'Ogrelesprîtpoursesfilles,etsesfillespourlesgarçonsqu'ilvoulaitégorger.Lachoseréussitcommeill'avaitpensé;carl'Ogre,s'étantéveillésurleminuit,eutregretd'avoirdifféréaulendemaincequ'ilpouvaitexécuterlaveille.Ilsejetadoncbrusquementhorsdulit,etprenantsongrandcouteau:"Allonsvoir,dit-il,commentseportentnospetitsdrôles;n'enfaisonspasàdeuxfois.»Ilmo ntadoncàtâtons àlachambrede sesf illes,ets'approchadulitoùétaient lespeti tsgarçons,q uidormaienttous,exceptélepetitPoucet,quieutbienpeurlorsqu'ilsentitlamaindel'Ogrequiluitâtaitlatête,commeilavaittâtécelledetoussesfrères.L'Ogre,quisentitlescouronnesd'or:"Vraiment,dit-il,j'allaisfairelàunbelouvrage;jevoisbienquejebustrophierausoir.»Ilallaensuiteaulitdesesfilles,oùayantsentilespetitsbonnetsdesgarçons:"Ah!lesvoilà,dit-il,nosgaillards;travaillonshardiment.»Endisantcesmots,ilcoupa,sansbalancer,lagorgeàsesseptfilles.Fortcontentdecetteexpédition,ilallaserecoucherauprèsdesafemme.AussitôtquelepetitPoucetentenditronflerl'Ogre,ilréveillasesfrères,etleurditdes'habillerpromptementetdelesuivre.Ilsdescendirentdoucementdanslejardin,etsautèrentpar-dessuslesmurailles.Ilscoururentpresquetoutelanuit,toujoursentremblant,etsanssavoiroùilsallaient.

1MerveilleuxetfantastiqueenlittératureL'Ogre,s'étantéveillé,ditàsafemme:"Va-t'enlà-hauthabillercespetitsdrôlesd'hiersoir.»L'Ogressefutfortétonnéedelabontédesonmari,nesedoutantpointdelamanièrequ'ilentendaitqu'elleleshabillât,etcroyantqu'illuiordonnaitdelesallervêtir.Ellemontaenhaut,oùellefutbiensurpriselorsqu'elleaperçutsesseptfilleségorgéesetnageantdansleursang.Ellecommençapars'évanouir(carc'estlepremierexpédientquetrouventpresquetouteslesfemmesenpareillesrencontres).L'Ogre,craignantquesafemmenefûttroplongtempsàfairelabesognedontill'avaitchargée,montaenhautpourluiaider.Ilnefutpasmoinsétonnéquesafemmelorsqu'ilvitcetaffreuxspectacle."Ah!qu'ai-jefaitlà!s'écria-t-il.Ilsmelepayeront,lesmalheureux,ettoutàl'heure.»2.5.LamétamorphoseVolontairesouinvolontaires,lesmétamorphoses(VoirClind'oeilN°4)occupentuneplacedechoixdanslesréc itsmerveille ux.Lesper sonnageshumainspeu ventêtrechangésenanimaux,enobjets,oubienencréaturessurnaturelles,tandisquelesanimauxouêtressurnaturelspeuventprendreformehumaine.Lamétamorphoseestunétatpermanentetirréversible.Danslaplupartdesrécitsmerveilleux,cesontlesféesoulessorcièresquiontlepouvoirdemétamorphose r.Leplu ssouvent,unprotagonisteestchangéenani malparpunition.Parmilesmétamorp hosesvolon taires,citonslecasdelapetitesirène dansleconted'Andersen.Contrairementàsessoeurs,elleestattiréeparlemondedeshommes.Lavisiond'unjeuneprince,autraversd'unhublotdebateau,fonctionnecommeuncatalyseur.Apartirdecemoment-là,ellen'aspireplusqu'àvivreparmileshommes.Aussi,va-t-ellefaireunpacteave clasorcièr edesmerse taccepte rdesacrifiersabell evoixcontreune apparencehumaineentière,avecdeuxjambesaulieud'unequeue.Pourcelasalanguevaêtresectionnée.Deplus,chaquepasqu'ellevaeffectuerseraaccompagnédedouleur.Extrait:"LaPetiteSirène»,inContes,Andersen,p.114-116"Jevaistepréparerunélixirquetuemporterasàterreavantlepointdujour.Assieds-toisurlacôte,etbois-le.Aussitôtlaqueueserétréciraetsepartageraencequeleshommesappellentdeuxbellesjambes.Maisjetepréviensquecelateferasouffrircommesil'ontecoupaitavecuneépéetranchante.Toutlemondeadmireratabeauté,tuconserverastamarchelégèreetgracieuse,maischacundetespastecauseraautantdedouleurquesitumarchaissurdespointesd'épingle,etferacoulertonsang.Situveuxendurertoutescessouffrances,jeconsensàt'aider.-Jelessupporterai!ditlasirèned'unevoixtremblante,enpensantauprinceetàl'âmeimmortelle.-Maissouviens-toi,continualasorcière,qu'unefoischangéeenêtrehumain,jamaistunepourrasredevenirsirène!Jamaistunereverraslechâteaudetonpère;etsileprince,oubliantsonpèreetsamère,nes'attachepasàtoidetoutsoncoeuretdetoutesonâme,ous'ilneveutpasfairebénirvotreunionparunprêtre,tun'aurasjamaisuneâmeimmortelle.Lejouroùilépouserauneautrefemme,toncoeursebrisera,ettuneserasplusqu'unpeud'écumesurlacimedesvagues.-J'yconsens,ditlaprincesse,pâlecommelamort.-Encecas,poursuivitlasorcière,ilfautaussiquetumepayes;etjenedemandepaspeudechose.Tavoixestlaplusbelleparmicellesdufonddelamer,tupensesavecelleenchanterleprince,maisc'estprécisémentlavoixquej'exigeenpayement.Jeveuxcequetuasdeplusbeauenéchangedemonprécieuxélixir;car,pourlerendrebienefficace,jedoisyversermonpropresang.-Maissituprendsmavoix,demandalapetitesirène,quemerestera-t-il?-Tacharmantefigure,réponditlasorcière,tamarchelégèreetgracieuse,ettesyeuxexpressifs:celasuffitpourentortillerlecoeurd'unhomme.Allons!ducourage!Tiretalangue,quejelacoupe,puisjetedonnerail'élixir.-Soit!»réponditlaprincesse,etlasorcièreluicoupalalangue.Lapauvreenfantrestamuette.Là-dessus,lasorcièremitsonchaudronsurlefeupourfairebouillirlaboissonmagique.

Merveilleuxetfantastiqueenlittérature(...)"Ceconseilétaitinutile;carlespolypes,enapercevantl'élixirquiluisaitdanslamaindelaprincessecommeuneétoile,reculèrenteffrayésdevantelle.Ainsielletraversalaforêtetlestourbillonsmugissants.Quandellearrivaauchâteaudesonpère,leslumièresdelagrandesallededanseétaientéteintes;toutlemondedormaitsansdoute,maisellen'osapasentrer.Ellenepouvaitplusleurparler,etbientôtelleallaitlesquitterpourjamais.Illuisemblaitquesoncoeursebrisaitdechagrin.Elleseglissaensuitedanslejardin,cueillitunefleurdechaqueparterredesessoeurs,envoyaduboutdesdoigtsmillebaisersauchâteau,etmontaàlasurfacedelamer.Lesoleilnes'étaitpasencorelevélorsqu'ellevitlechâteauduprince.Elles'assitsurlacôteetbutl'élixir;cefutcommesiuneépéeaffiléeluitraversaitlecorps;elles'évanouitetrestacommemorte.Lesoleilbrillaitdéjàsurlamerlorsqu'elleseréveilla,éprouvantunedouleurcuisante.Maisenfaced'elleétaitlebeauprince,quiattachaitsurellesesyeuxnoirs.Lapetitesirènebaissalessiens,etalorsellevitquesaqueuedepoissonavaitdisparu,etquedeuxjambesblanchesetgracieuseslaremplaçaient.Leprinceluidemandaquielleétaitetd'oùellevenait;elleleregardad'unairdouxetaffligé,sanspouvoirdireunmot.Puislejeunehommelapritparlamainetlaconduisitauchâteau.Chaquepas,commeavaitditlasorcière,luicausaitdesdouleursatroces;cependant,aubrasduprince,ellemontal'escalierdemarbre,légèrecommeunebulledesavon,ettoutlemondeadmirasamarchegracieuse.Onlarevêtitdesoieetdemousseline,sanspouvoirassezadmirersabeauté;maisellerestaittoujoursmuette.Desesclaveshabilléesdesoieetd'or,chantaientdevantleprincelesexploitsdesesancêtres;elleschantaientbien,etleprincelesapplaudissaitensouriantàlajeunefille."S'ilsavait,pensa-t-elle,quepourluij'aisacrifiéunevoixplusbelleencore!»Malheureusement,cettemétamorphoseneluipermetpasd'épouserleprince.Refusantdeletuer,alorsqu'ilvaenépouseruneautre,elleserarécompenséeendevenantunefilledesairset,autermedetroiscentans,ellepossèderauneâmeéternelle.Danslefantastique,lamétamorphosed'unêtrehumainoud'unanimalesttrèsutilisée.Ellefaitbasculerlerécitd'ununiversréalisteàununiversétrangeoùlesrepèresentreleréeletl'imaginairedeviennentflous.2.6.LepacteavecleDiableDenombreuxrécitsfantastiquessecaractérisentparlaprésenceduDiable(dumoinsdefaçonallégorique)etd'unpactescelléentreluietl'undespersonnages.DansLesDiaboliquesdeBarbeyd'Aurevilly,riendetoutcela.LeDiableestprivéd'aspectmatériel.Ilestpartoutetnul lepart, etdece faitbienplusr edoutabl e.Eneffet,pour l'auteur,quicroitàl'existenceduDiable,l'âmehumaineestlethéâtrequotidiend'unelutteacharnéeetsansissueentreleBienetleMal.Pourlui,touslesêtreshumainssont,àdesdegrésdifférents,possédésparleDiable.Sonoeuvrelittéraire,quipuisedansleslégendesdupaysnormandsoubiendanssonimaginationexacerbée,mêlelesurnaturelàlaviequotidiennedelafictionetfaitnaître l'inquié tudec hezlelecteur.Eneff et,ell eestuntriomphedel'ambiguïtéetfaitoscillerlelecteurentredeuxinterprétationspossibles:unerationnelleetbanale(sespersonnagessontpresquetousdesnévrosés),l'autreexplicableparl'inex plicable(ilssontpossédésparleDiable). Parmilessixp ortraitsdefe mmesdiaboliques,retenonsplusparticulièrementceluideHauteclaireStassinl'héroïnedeUnBonheurdanslecrime.PourleshabitantsdeV.,celle-ciresteenveloppéedemystère:sonvisageestcachéparsonmasqued'escrimelasemaineetparunvoilenoirledimanche.AmoureusedujeuneComtedeSav igny,qui s'estmariéavecDe lphinedeCantor ,elledisparaîtunjoursansexplication.Appeléauchevetdelacomtesse,lemédecindelaville,lareconnaîtenlapersonned'Eulalielafemmedechambredecelle-ci.Enfait,HauteclairevitavecleComtesouslepropretoidelaComtessequines'aperçoitderienjusqu'aujour,oùellemeurt,empoisonnée.EllefinitpardevenirComtessedeSavigny.

Merveilleuxetfantastiqueenlittérature-Ehbien,répliquatranquillementlepetithomme,aimes-tumieuxquecettelames'aiguiseicisurunvivant?-Oh!permettez-moidesuppliervotrecourtoisie...Commentvotreexcellencepeut-elleprofaner?...Votregrâce...Seigneur,votreséréniténevoudrapas...-Finiras-tu?ai-jebesoindetouscestitres,squelettevivant,pourcroireàtonprofondrespectpourmonsabre?-ParsaintWaldemar,parsaintUsuph,aunomdesaintHospice,épargnezunmort!-Aide-moi,etneparlepasdessaintsaudiable.-Seigneur,poursuivitlesuppliantSpiagudry,parvotreillustreaïeulsaintIngolphe!...-Ingolphel'Exterminateurétaitunréprouvécommemoi.-Aunomduciel,ditlevieillardenseprosternant,c'estcetteréprobationquejeveuxvouséviter.L'impatiencetransportalepetithomme.Sesyeuxgrisetternesbrillèrentcommedeuxcharbonsardents.-Aide-moi!répéta-t-ilenagitantsonsabre.Cesdeuxmotsfurentprononcésdelavoixdontlesprononceraitunlion,s'ilparlait.Leconcierge,tremblantetàdemimort,s'assitsurlapierrenoire,etsoutintdesesmainslatêtefroideethumidedeGill,tandisquelepetithomme,àl'aidedesonpoignardetdesonsabre,enlevaitlecrâneavecunedextéritésingulière.Quandcetteopérationfutterminée,ilconsidéraquelquetempslecrânesanglant,enproférantdesparolesétranges;puisilleremitàSpiagudrypourqu'illedépouillâtetlelavât,etditenpoussantuneespècedehurlement:-Etmoi,jen'auraipasenmourantlaconsolationdepenserqu'unhéritierdel'âmed'Ingolpheboiradansmoncrânelesangdeshommesetl'eaudesmers.»DansBug-Jargal,Hugofaitappelàtouteladémonologiehaïtienne,dontl'extraitsuivantenprésenteunepartie.Extrait:Bug-Jargal,Hugo,p.61-63"Jen'aijamaisvuuneréuniondefiguresplusdiversementhorriblesquenel'étaientdansleurfureurtouscesvisagesnoirsavecleursdentsblanchesetleursyeuxblancstraversésdegrossesveinessanglantes.Ellesm'allaientdéchirer.Lavieilleàlaplumedehéronfitunsigne,etcriaàplusieursreprises:Zotécordé!zotécordé†!Lesforcenéess'arrêtèrentsubitement,etjelesvis,nonsanssurprise,détachertoutesensembleleurtablierdeplumes,lesjetersurl'herbe,etcommencerautourdemoicettedanselascivequelesnoirsappellentlachica.Cettedanse,dontlesattitudesgrotesquesetlavivealluren'exprimentqueleplaisiretlagaieté,empruntaiticidediversescirconstancesaccessoiresuncaractèresinistre.Lesregardsfoudroyantsquemelançaientlesgriotesaumilieudeleursfolâtresévolutions,l'accentlugubrequ'ellesdonnaientàl'airjoyeuxdelachica,legémissementaiguetprolongéquelavénérableprésidentedusanhédrinnoirarrachaitdetempsentempsàsonbalafo,espèced'épinettequimurmurecommeunpetitorgue,etsecomposed'unevingtainedetquotesdbs_dbs46.pdfusesText_46

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