PYRAME ET THISBÉ TRAGÉDIE
À des désespérés c'est les forcer de vivre. DISARQUE. Il est vrai qu'un désir une fois emporté. Vers un funeste amour a plus de fermeté ;. On
Bibliothèque de Toulouse
Pyrame et Thisbé communiquant à travers le mur ; suicide de Thisbé. http Amours tragiques de Pyrame et Thisbé (1621) très appréciée en son temps.
LANGUES ET CULTURES DE LANTIQUITÉ
Elle date du XIIe siècle. Théophile de Viau Les Amours tragiques de Pyrame et Thisbé
Les Amours tragiques de Pyrame et Thisbé
Scene focus (no 1 2012) intitulé « Pyrame et. Thisbé : la mort des amants »
Les Amours tragiques de Pyrame et Thisbe : le theatre du monde a l
Siaud Les Amours tragiques de Pyrame et Thisbé
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Dès le titre même Les Amours tragiques de Pyrame et Thisbé dit son affiliation au genre tragique. Le genre n'en est alors plus à ses balbutiements en
LE MONSTRE CACHÉ: PYRAME ET THISBÉ PAR LA FONTAINE
"amours tragiques" de Pyrame et Thisbé. Comme dans les Méta- morphoses d'Ovide dont elles s'inspirent 2 "Les Filles de Minée" de La Fontaine sont une
Pradon - Pirame et Thisbé
du personnage de roi amoureux de Thisbé. Il n'a recours à Ovide que par le biais des Amours tragiques de Pyrame et Thisbé. Ce choix est intéressant à double.
Pyrame et Thisbe au xixe siecle : mythe ou imagerie ? Dumas Zola
farce très tragique » est en effet jouée devant Thésée – offre aux personna- des amours de Pyrame et de Thisbé ne faisaient plus sur les murs que des taches.
PYRAME ET THISBÉ TRAGÉDIE
LIDIAS. S'ils sont inévitables. Les Dieux ne veulent point en retirer nos pas ;. Même
LANGUES ET CULTURES DE LANTIQUITÉ
suivantes : les Amours tragiques et les amants séparés. Les amours de Pyrame et Thisbé attestent de la coexistence de deux versions d'un mythe.
Les Amours tragiques de Pyrame et Thisbé
Scene focus (no 1 2012) intitulé « Pyrame et. Thisbé : la mort des amants »
PYRAME ET THISBE
LES AMOURS TRAGIQUES. DE. PYRAME ET THISBE de Théophile de Viau. ; de Viau im. Mise en scène : Antoine Girard. Théâtre National de Strasbourg.
Bibliothèque de Toulouse
Pyrame et Thisbé. Gravure sur bois. Dans la Bible des poètes : les Métamorphoses d'Ovide moralisées. Paris Antoine Vérard
Pyrame et Thisbé dOvide
v. 55 à 166
Pyrame et Thisbé » Ovide
- livre 4
Novembre 2010 1 LE RECIT OVIDIEN DE PYRAME ET THISBE
l'histoire de Pyrame et Thisbé tirée des Métamorphoses
Pyrame et Thisbé (Acte V scène 2)
Pyrame et Thisbé (Acte V scène 2). Théophile de Viau (1590-1626): Le baroque. Registre tragique et lyrisme. I. La nature: le témoin de la tragédie.
Une scénographie exceptionnelle pour une tragédie atypique
En soi la présence des Amours tragiques de Pyrame et Thisbé dans le répertoire de la. Troupe Royale pendant la saison 1633-?1634 ne manque pas d'intérêt.
[PDF] PYRAME ET THISBÉ TRAGÉDIE
On a beau tel secret dans les os enfouir L'amour l'ambition l'orgueil et la colère Sont toujours sur nos fronts d'une apparence claire J'espère en peu de
[PDF] Les Amours tragiques de Pyrame et Thisbé - Numilog
Scene focus (no 1 2012) intitulé « Pyrame et Thisbé : la mort des amants » et vient de publier L'« Enfance de la tragédie » (1610-1642) Pratiques tragiques
[PDF] Pyrame et Thisbé Bibliothèque de Toulouse
présente une réécriture romanesque du mythe d'Ovide ANTECEDENTS : PYRAME ET THISBE DANS LES ENLUMINURES DU MOYEN AGE BNF Roman de la poire ms français 2186
[PDF] Les Amours tragiques de Pyrame et Thisbé
9 fév 2012 · Les Amours tragiques de Pyrame et Thisbé de Théophile de Viau mise en scène Benjamin Lazar Petit théâtre salle Jean-Bouise
Les Amours tragiques de Pyrame et Thisbé: le théâtre du monde à l
Les Amours tragiques de Pyrame et Thisbé: le théâtre du monde à l'heure de la fiction View PDF Cours de L1 Université de Strasbourg 2009-2010
Les Amours tragiques de Pyrame et Thisbé : le théâtre du - Cairn
pdf (consulté le 18 septembre 2016) © Presses universitaires du Midi Téléchargé le 15/04/2023 sur www cairn info via Google Scholar (IP: 66 249
[PDF] PYRAME ET THISBE - Théâtre National de Strasbourg
Les Amours tragiques de Pyrame et Thisbé tissent un manteau poétique lumineux plein de fraîcheur et de sim plicité sur le corps d'une bien sombre et bien
[PDF] « Pyrame et Thisbé » Ovide Métamorphoses - Cambarar
Souvent quand Thisbé et Pyrame étaient installés ils disaient : «Mur jaloux pourquoi t'opposes-tu à notre amour ? Que t'en coûterait-il de nous permettre
Les amours tragiques de Pyrame et Thisbé mis en vers françois par
Les amours tragiques de Pyrame et Thisbé mis en vers françois par le Sieur Théophile Viau Théophile de (1590-1626) Auteur du texte
Quelle est la morale de Pyrame et Thisbé ?
Mais le récit ovidien reçoit, dans la tradition médiévale, une moralisation qui double le sens littéral d'une signification allégorique : l'amour impossible des amants vient alors signifier l'amour entre l'âme (Thisbé) et son Dieu (Pyrame).Quelle est la métamorphose de Pyrame et Thisbé ?
C'est alors que Thisbé découvre Pyrame sur le seuil de la mort et décide de l'y suivre : le récit s'achève ainsi sur le double suicide des amants. La métamorphose, dans cette fable ovidienne, consiste en un changement de couleur des fruits du mûrier, du blanc au rouge sombre.Quelle est l'histoire de Pyrame et Thisbé ?
Pyrame et Thisbé sont deux jeunes amants Babyloniens qui habitent des maisons contiguës et s'aiment malgré l'interdiction de leurs pères. Ils projettent de se retrouver une nuit en dehors de la ville, près du tombeau de Nimus, sous un mûrier blanc non loin d'une source.- Un lion rassasié des proies qu'il vient de dévorer se trouve près de là, et prenant peur, Thisbé part en courant laissant tomber son voile. Lorsque Pyrame voit le voile de Thisbé et le sang qu'a fait couler le lion, il pense que sa maîtresse est morte. Il décide de se suicider.
Camenulaen°6-Novembre 2010
1EmilieDESCHELLETTE
LE RECIT OVIDIEN DE PYRAME ET THISBE,
REVU PAR LE MOYEN ÂGE.
INTRODUCTION
Contre le préjugé qui fait parfois de la Renaissancela période qui la premièreauraitredécouvert les Anciens après des siècles d'obscurantisme, le Moyen Âge,pétri de culture
gréco-latine, a héritédes auteurs etdes mythologies antiques.Lesclercsmédiévaux se prêtent
ainsi à de nombreuses réécritures,dont le procédé est par essence intertextuel.Pour définir le
dynamisme des savoirs auXIIesiècle,JacquesVerger introduitla notion derenovatioculturelle,mettant l'accent sur la continuité entre le Moyen Âge et l'Antiquité, maiségalementsur les
mutationsque subit la matière antique, intégrée dansdes cadresintellectuelset religieuxbiendifférents1. Se pose ainsi le problème suivant: quel peut être l'avenir d'un héritage aux sources
païennes dans une société informée par le christianisme ? Pourtant, l'Occident médiéval est si
bien imprégné de mythologie antique que celle-ci affleure dans toutela littérature2. L'on se
défendra donc de penser le couple paganisme / christianisme en termes d'oppositioncarc'estplutôt un principe d'interactionqui régit lacréation médiévale.Lesauteurs médiévauxont en
effettransférélamatière antiquedans leur propre systèmede pensée,et l'ontremodelée.Ce
mouvement de reprise et devariatiopermet de pérenniser lesmythestout enlesintégrant à unnouvel imaginaire.Les réécritures médiévales d'Ovide en sont un bon exemple, et parmi elles,
l'histoire de Pyrame et Thisbé, tirée desMétamorphoses,est l'une de celles qui connurent à la fois
l'écho le plus pérenne et les transformations les plus significatives.AuXIIesiècle, unclerc anonyme rédigeen romanunrécitconnu sous le nom dePiramus;ce récitfutrepris auXIVesiècleettransférédansl'Ovide moralisé,uvre qui répond à unevaste entreprise de moralisation
des mythes.Enfin,Christine de Pizan intégrera ce mythe amoureux à sonEpistre Otheadans laseconde moitié duXIVesiècle.L'obstacle majeurque rencontrèrentcesauteurs médiévauxfut,
comme le souligne E.Baumgartner,d'acclimater à l'univers mental du Moyen Âge cette"bible du paganisme»que sont,à bien des égards,lesMétamorphosesd'Ovide3.Si le poète latin annonce dès le prologueson intention de raconter des métamorphoses afin d'illustrer que lemonde n'est pas figé et que la matière n'est pas chose immuable, est-ce bien le même but que
1J. Verger,La Renaissance du XIIe siècle, Paris, éditionsdu Cerf[Initiations au Moyen Âge], 1996, introduction.
2L. Harf-Lancner, "Le Moyen Âge et la mythologie antique»,Pour une mythologie du Moyen Âge,dir.L. Harf-
Lancneret D. Boutet,Paris, Presses de l'EcoleNormaleSupérieure de jeunes filles, 1988,p. 3.3Pyrame et Thisbé, Narcisse,Philoména, Trois contes du XIIe siècle français inspirés d'Ovide, Paris,éd. et trad.
E.Baumgartner, Gallimard,[Folio classique], 2000,préface,p.14.Comment, en effet, évoquer dans un univers
chrétien un monde livré à la toute-puissance dudésir, où les dieux vivent encore de plain-pied avec les hommes,
partagent leurs fautes etleurs conduites amoureuses moralement répréhensibles,unmonde dans lequel la loi qui
préside à lacréation et à la circulation des êtres et des choses est celle de la métamorphose, supposant le mélange
des règnes, la perméabilité des frontières entre l'humain et le végétal, et dont les théologiens médiévauxdénoncent
depuis saint Augustin le caractère diabolique ?Camenulaen°6-Novembre 2010
2poursuivent lesclercsmédiévaux qui réécrivent le récit de Pyrame et Thisbé4? Il semble que ce
soit davantage une poétique de l'écart qui préside à ces différentes recréations, destinées à un
nouveau public. PROLÉGOMÈNES:GENÈSE DU MYTHE:L'HYPOTEXTE OVIDIEN5 La version ovidienne du mythe de Pyrame et Thisbé suppose une élaboration narrativecomplexe:l'histoire de Pyrame et Thisbé, où s'affrontent deux forces, amour et fatalité, entre
dans la littérature au livre IV desMétamorphosesd'Ovideau sein d'unrécitenchâssé, oùl'une
des Minyadesprend la place du conteur6.Pyrame et Thisbé sont deux jeunes Babyloniens quis'aiment en dépit de l'hostilité de leurs parentset des efforts de leurs familles pour leséloigner
l'un de l'autre.Un mur mitoyen les sépare et les rapproche en même temps,etles amants communiquent secrètementpar une fente.Prévoyant de s'enfuirensemble, ils finissent par convenir d'un rendez-vous nocturne.Thisbéarrive la première, mais, croisant la route d'une lionne, s'enfuit et laisse tomber son voile. La lionne s'en empare alors, et le déchire de sa gueule encore ensanglantée du sang de ses proies. Sur ces entrefaitesarrive Pyrame, quidécouvre le voile taché de ce qu'il croit être le sang de Thisbé, et imagine que sa bien-aimée a
été dévorée par un fauve. De désespoir, le jeune homme décide de se donner la mort:Una
duos, inquit, nox perdet amantes7. Il plonge le fer en son sein, etson sang éclabousse un mûrier.
L'arbre qui portait jusqu'alors des fruits blancs en porte désormais de noirs:poma alba ferebat /utnunc nigra ferat contactu sanguinis arbor8.C'estalors que Thisbé découvre Pyrame sur le seuil de
la mort et décide de l'y suivre: le récit s'achève ainsi sur le double suicide des amants.La
métamorphose, dans cette fableovidienne, consiste en un changement de couleur desfruits du mûrier, du blanc au rouge sombre. Le poète latin fait ainsi de la métamorphose un mythed'origine, à valeur étiologique, c'est-à-dire destiné à élucider les causes premières d'unélément
de la nature, puisqu'ilpermetd'expliquer la maturation du fruit: les dieux, émus par laplaintede Thisbé, chargèrent le mûrier de rappeler ce malheur, et depuis ce jour, la mûre change de
couleur lors de sa maturation:Nam color in porno est, ubi permaturuit, ater9. LEPIRAMUS ETTYSBÉDU XIIesiècle:DÉPLACEMENT DU MYTHE OVIDIENLe clerc anonyme duXIIesiècle qui a pris l'initiative de transférer ce récit dans la littérature
française, s'il conserve la trame narrative ovidienne, ne fait pasuvre de simple traducteur, loin s'en faut: il adapte en effet la matière antique en même tempsqu'il la transpose. Les critiques s'accordent à dire que lePiramusoccupe une place importante dans l'histoire du genre4In noua fert animus mutatas dicere formas /Corpora, " dire les formes changées en de nouveaux corps ». Ovide,Les
Métamorphoses,éd. et trad. G. Lafaye, Paris, Les Belles Lettres, 1930, (3 vol.),Livre I, v. 1-2.
5D'après la terminologie établie par G. Genette dansPalimpsestes, La littérature au second degré, Seuil,[Points Seuil],
Paris, 1982, p. 13.
6P. Grimal signale une autre version du mythe, plus ancienne, qui rapporte que Pyrame et Thisbé s'unirent avant
le mariage; Thisbé, tombée, enceinte, se suicida et Pyrame la suivit dechagrin dans la mort; les dieux, pris de pitié,
les changèrent tous deux en cours d'eau. P. Grimal "Pyrame et Thisbé »,Dictionnaire de la mythologie,Paris, Presses
Universitaires de France, 1969,p. 402.
7Ovide,Les Métamorphoses,v. 108."Une même nuit verra périr deux amants».
8Ibidem, Livre IV, v.53. "...un arbre qui portait des fruits blancs en porte aujourd'hui des noirs, depuis qu'il a été
arrosé de sang».9Ibidem, Livre IV, v.165."Ainsi,le fruit, parvenu à sa maturité, prend une couleursombre». Ici, nous traduisons.
Camenulaen°6-Novembre 2010
3narratif10. Si notre propos n'est pas d'entrer dans le détail des débats de datation, soulignons
néanmoins que lePiramus" serait
Réécriture et transfert sélectif
Sous la plume de l'adaptateurmédiéval,la métamorphoseovidiennes'affaiblitjusqu'à neplus être qu'un prétexte, à tout le moins un pré-texte,pourune nouvelle création.Le poète
latin,en effet,décrivaitminutieusementla métamorphose, avec un souci de la rendre matériellement,et presque scientifiquement,concevable:Et jacuit resupinus humo; cruor emicat alte,
Non aliter quam cum uitiatofistula plumbo
Scinditur et tenui stridente foramine longas
Eiaculatur aquas atque ictibus aera rumpit.
Arborei fetus aspergine caedis in atram
Verbuntur faciem madefactaque sanguineradix
Purpureo tingit pendentia mora colore.
d'unphénomène naturel: le fait que la racine, centre névralgique chargé d'irriguer l'arbre de sa
sève,soit baignée de sang explique le caractère pérenne de cette métamorphose, donnée
comme l'origine de la couleur des mûres.Le clerc duXIIesiècle, pour sa part, semblefort peuse soucier de rendre crédible la métamorphose,réduite à un distique:Sur les branches raies li
sans:/ Noircit le fruit qui estoit blans13.Certes, la diffusion d'Ovide au Moyen Âge a peut-être fait
du mûrier un motif topique, au point qu'un bref rappel soit suffisant; il semblenéanmoinsque l'auteur ne veuille pas s'appesantir sur une métamorphose quin'est pasl'objetde son propos. C'est la dimension symbolique du récitquiprime en effet dans lePiramusduXIIesiècle:la métamorphose est avant tout signe de mort et sa pérennité commémoration du suicide des amants.L'idée, que l'on trouvait implicitechez Ovide14, est largement développée,engageant10On le considère en effet comme le plus ancien des trois contes ovidiens que nous avons conservés ; d'autre
part, E. Faral a montré qu'il était antérieur auRoman d'Enéas(E. Faral,Recherches sur les sources latines des contes et
romans courtois du Moyen Âge, Paris,Champion,1913, p. 16-21) et M. Tyssens avance l'hypothèse, qui n'est certes
pas partagée, de son antériorité par rapportauRoman de Thèbes(M. Tyssens,"Les sources duPiramus»,Mélange en
hommage à Jean Dufournet,Paris, Champion, 1993, p. 1411-1419).11M. Tyssens, "Les sources duPiramus», p. 1411.
12Ovide,Métamorphoseséd. et trad. cit., v. 121-127.
13Pyrame et Tysbé, v.787-788. "Le sang ruisselle sur les branches et noircit le fruit qui était blanc».
14Ovide esquisseunecorrespondance symbolique entre la nouvelle couleur noire des mûres et le deuil.LaThisbé
latine, dans une apostrophe au mûrier, prie en effetl'arbrede garder les marques du trépas des amants :'Signa tene
caedispullosque et luctibus aptos/ Semper habe fetus,gemini monumenta cruoris'."Garde les marques de notre trépas, porte
Camenulaen°6-Novembre 2010
4ainsi la métamorphose, et avec elle, tout le récit, sur la voied'un hommage à l'amour. Piramus,
le premier, prie les dieux:Qu'il demoustrent en cestmorier
Signe de mort etdestorbier:
Facent le fruit de telcoulour
Comme il afiert a ladolour!
Que les dieux inscrivent sur ce mûrier un signe de mort et de malheur: qu'ils donnent à ce fruit la couleur qui convient à la douleur15. Les rapprochements à la rimes'avèrentsignificatifs: lemoriersymboliseledestorbieret, dans un parallélisme de structure, la nouvellecoulourse fait signe de ladolour. Cependant,le récitmédiéval, qui a traitéla métamorphoseet sa valeur originaire au moment du suicide dePyrame
(v. 780), n'y revient plus dansles deux cents verssuivants. Le mythe ovidien, par la transposition en roman, faitainsil'objet d'un déplacement de sens:ce qui intéressel'auteur médiéval,c'est le potentielderecréation que recèlelafabulaantique. Naissance d'un mythe littéraire: le Piramus et la passion tragique Sous la plume de l'auteur médiéval, le mythe ovidiendevient l'occasion detoucher l'auditoirepar la narration d'une tragique histoire d'amouret le mûrier unmémorial de l'amourfrappé par la mort. Le clerc duXIIesiècleprocède à une largeamplificatiodel'hypotexte latin:
les monologuesse multiplient,transformés enpurs fragments lyriques. Ces passages sont lelieu privilégiédel'expression de la douleur et de la révolte contre un sort malheureux.Pyrame
s'adresse à la Mort16et prend les dieux à témoin17,tandis queThisbése désolelonguementsur
leur amour si vite condamné. Ces longues plaintes ont pour fonction de susciter la sympathie,au sens étymologique du terme, du lecteur-auditeur.De surcroît, laThisbémédiévale rappelle
les efforts conjugués des deux familles pour séparer les amants:Parens,
Qui nous cuidiez garder leens,
A court terme serois dolenz. [...]
Pri vousquecest don me donez :
Quant en joie fumes sevrez,
Et a mort somes dessamblez,
Quenous contiengne .I. seulz tombliaux,
Andeus nous reçoive .I. vesseaux !
à jamais des fruits sombres en signe de deuil, pour attester quedeux amants t'arrosèrent de leur sang»,Les
Métamorphoses,Livre IV, v. 160-61.
15Pyrame et Tysbé, v. 743-746.
16Ibidem, v. 686 à 746.
17Le Pyramedu XIIesièclealterne curieusement les apostrophes au Dieu chrétien et aux dieux païens à quelques
vers d'intervalle:por Dieu(ibidem,v. 721) côtoie en effetveuil aus diex proier(ibidemv. 742). Il semble que l'auteur ne
prête guère attention à la cohérence des références religieuses dans son récit, mêlant et entremêlant des échos de
la tradition antique àdes éléments du culte chrétien.Camenulaen°6-Novembre 2010
5 Parents, vous qui croyiez nous garder avec vous, bientôt vous serez dans l'affliction. [...]Faites-moi, je vous en prie, ce don: puisque nous avons été éloignés l'un de l'autre dansle
temps du bonheur, et quela mort nous sépare, Que nousunisse un seul tombeau, qu'une seule urne, tous deux, nous reçoive18!L'incompréhension des parents, sinon leur faute, est ainsidénoncée : l'on ne doit pas aller à
l'encontre de l'Amourau risque d'entraîner de tragiques conséquences, semble nous dire le narrateur.Les apostrophes au mûrier, interpellé comme témoinchargé decommémorer à jamais le malheur,participentd'ailleursde ce dessein. Enfin, le dénouementduPiramusmontre bien que le but poursuivi parsonauteur est moins la mise en scèned'un mytheétiologiqueque l'expression del'amour tragique, dans la mesure oùletableau final des amants réunis dans la mort,supplante celui de la métamorphosechez Ovide.Cette inflexion du mytheantique s'expliquepar l'influence sur les clercs médiévaux, non seulement desMétamorphoses, mais également de l'Ars amatoriaet desRemedia amorisd'Ovide."L'influence persistante du maître de la poésie érotique latine»19va en effet conduireàl'émergence,auXIIesiècle,d'une représentation nouvelle de l'amour, lafin'amor. Influence diffuse d'Ovideetémergence d'unenouvellepoétique de l'amour Dès les premiers vers,lePiramusestplacé sous le signed'Amorspersonnifié,etc'est davantage l'Ars amatoriaquifournità l'auteur médiévalune manière de dire l'amour20. Les effets del'amour sontdécrits selonlarhétoriqueet les images héritées d'Ovide: les flèches du dieu
Amour et les tourments de la passion sont un leitmotiv et le narrateur rappelle,dès l'ouverture, la toute-puissance d'Amour:Haÿ Amors,[...]
Il n'est jouvente ni aëz
Qui de ton dart ne soit navrez[...]
Ta saiete ne set faillir
Vers luinepuet nulz home garir.
Hélas, Amour,[...]il n'est personne, jeune ou vieux, que ta flèche ne blesse. La flèche que tu décoches ne manque jamais son but. Personne ne peut s'en protéger21.Par ailleurs, l'insistance sur la fidélitéjusque dans la mortfait écho à l'esthétique de la
fin'amor, qui exige des amants une loyauté inébranlable.Pyrame,dès qu'ilcroitsa bien-aimée
dévorée par le fauve,exprime violemment cette aspiration à la mort:La mors est mon mieudre confors./Chetis,/Quant ele est morte et je sui vis22.Le jeune hommejointaussitôt le geste à laparole:Puis emprez a s'epee traite,/[...]Tresperce soi par mi le flanc23.Thisbé,quant à elle,présente
18Ibidem,v.846-857.
19E. Baumgartner,Pyrame et Thisbé,préface, p. 9.
20A. M. Cadot, "Du récit mythique au roman: étude surPyrame et Thisbé», Romania,XCVII, 1976, p. 433-461.
21Pyrame et Thisbé, v. 23-30.
22Ibidem, v.718-720."Mourir est mon plus grand réconfort, Misérable,alors qu'elle est morteet que je suis
encore en vie».23Ibidem, v. 748-750."Il dégaine aussitôt son épée,[...] et se transperce le flanc».
Camenulaen°6-Novembre 2010
6 le suicide non seulement comme une preuve de fidélité, mais également commel'unique moyende réaliser leur amourà tout jamais: Amis,Duel et Amours vous ont ocis.
Quant s'asambler ne poons vis,
Mors nous joindra, ce m'est avis.
Ami, la douleur et l'amour vous ont tué. Puisque nous avons pu, vivants, être unis, la mort, je pense, nous joindra24. La mort est, paradoxalement, à la fois conséquence tragique etrésolution de l'amour. Cependant un point méritenotre attention: la notion defidélitéassociée au suicidepeut en effet surprendre,quand on sait quecettemort contre-naturene fait guère bon ménage avec lathéologiechrétienne. Saint Augustin avait en effetcondamné énergiquement et sans appel la
mort volontaire,toutcomme la passion amoureuse d'ailleurs25. L'on voit donc bien quelproblème éthiquela diégèseduPiramus, conduisant à un double suicide, pouvait poserau sein
d'un contexte profondément chrétien.Il fautsans doutechercher dansl'héritage de la tradition
antiquela justificationde cet acte hérétique.Certes,Pythagore, Platon et à leur suite, Cicéron
condamnentlesuicide commerupture de l'harmonie universelle, estimant que l'homme doit sesoumettre à la volonté divine et donc accepter la vie qui lui a été donnée. Cependant,ils
admettentégalementquele suicide est légitime et honorable,lorsqu'il est un moyen d'échapper à une situation inextricableou lorsqu'il se confond avec le devoir,comme c'est le cas, à leurs yeux, pour Socrate et Lucrèce.Ainsi, l'auteur duPiramussemble-t-il appliquer à sespersonnages la relative tolérance antique à l'égard du suicide: "tout se passe[affirme Marie-
Noëlle Lefay-Toury]comme si l'auteur médiéval, excusé par l'atmosphère païenne de son
modèle, ne se sentait plus concerné par les interditsreligieux»26.Aplusieurs reprises,en effet,
l'accent est mis sur la grandeur de cet amour si puissant qu'il mène à lamort. L'exclamation du
narrateur qui commente le suicide dePyramerevêt la tonalité de l'éloge:Diex, quele amours est ci
finee!27Cette idée est en outre reprise en épilogue:Cil est fenis, cele est finie./En tele maniere sont
finé/Li dui amant par loiauté28.L'on assiste ainsi au déplacement de la source antique dans la
mesure où l'auteur médiéval s'écarte de son hypotexte et mêle enson récit diverses influences:
cette réécriture d'Ovidese metau service d'unenouvelle poétiquede l'amour.24Ibidem, v. 836-843.
25Saint Augustin,La Cité deDieu, L. I. chap. XVII. "De la même manière, s'il n'est pas permis de tuer de son
propre chef un homme, fût-il même coupable, qu'aucune loi n'autorise à exécuter, il est patent que celui qui se
suicide est aussi criminel; et, en se tuant, il est d'autantplus coupable que son innocence était grande dans la cause
qui l'a poussé au suicide». Evoquant au chapitre XIX le cas de Lucrèce, il déclare que son suicide n'était pas une
preuve de son innocence, mais seulement de sa honte et de son irrésolution (pudoris infirmitas). Il affirme enfin
qu'en aucun cas (in qualibet causa) le chrétien n'a le droit de mettre un terme à sa vie (chap. XX).
26M. N. Lefay-Toury,La Tentation du suicide dans le roman français du XIIème siècle, Champion, 1979, p. 32.
27Pyrame etThisbé, v.875.
28Ibidem, v. 883-889. "Il est mort. Elle est morte. Ainsi sont morts, dans leur parfaite fidélité, les deux amants». A
noter la varianteplus significative encore, et citée par Cornéliusde Boerdans son édition del'Ovide Moralisé,poème
du commencement du quatorzième siècle,Amsterdam,Publications de l'Académie royale néerlandaise, 1915-1938 (5.
vol.):Ici fenist des deuz amanz. / Con lor leal amor fu granz !Camenulaen°6-Novembre 2010
7 MORALISATION ET ALLÉGORIE CHRÉTIENNE:L'OVIDE MORALISÉ,UNE"MACHINESIGNIFIANTE»29?
LePiramuseut un tel écho au MoyenÂgequ'un clerc anonyme duXIVesièclele reprend tel quel pour en proposerdans un second tempsune interprétation allégorique et moralisante. L'auteurdel'Ovide moraliséentreprend en effetde rendre accessible l'ensemble des Métamorphoses,au nombre desquelles l'on compte lemythe de Pyrame et Thisbé. Il s'agit,selonle clerc duXIVesiècle,detraire de latin en romans / Les fablesde l'Ancien temps30, afin de transmettre
au plus grand nombre la culture antique, mais également d'en donner une interprétation ausein d'un réseau complexe de gloses.L'Ovide moraliséconstitueun témoignage précieux surletransfert de la matière antiquedans la littérature médiévale etla réceptionqui en est faite:
"moraliser» Ovide consiste, pour un esprit duXIVesiècle,àmettre au jour les égarements de
l'hypotexteetàen dégager le sens caché.C'est que les mythesantiques portent les stigmatesdu paganisme.Lafabula, fondée sur l'imagination,ne peut faire sens d'elle-même:Et qui la fable en si creroit / Estre voire, il meserreroit31.Néanmoins,sous lemasquede la fictionpeut s'exprimer lavérité:Et qui ci croit por non-savoir/ Qu'il n'ieûst autre sentence/II se decevrait sans doutance32.La fable
doitdoncêtre décryptée, expliquée et interprétée; en débarrassant la fiction de ses écueils,
l'auteur va révéler la vérité cachéesous l'integumentum,c'est-à-direderrière le sens littéral.La
matière antiqueestalorsenvisagéecomme une couverture volontaire ou un savoir partiel:lavérité a pu être pressentie par lesAnciens,mais l'essentiel leur a échappé car ils n'ont pas
connu la Révélationdu Christ; il appartient donc auxModernesd'achever le processus. L'ensemble desMétamorphosesest ainsi perçucomme unesemblancedont il faut dévoiler lasenefiance:Mes sous la fable gist couverte / La sentence plus profitable33.C'est le principe même de
l'allégorèsequi est ici décrit.L'auteur révèle quels sens doivent être conférés à l'uvre païenne
en même temps qu'il indique quelle voie suivre pour vivre selon l'Ecriture34:la moralisation relèvedoncà la fois d'une herméneutique et d'une pragmatique.C'est dans cettematricequ'est transféré le récit dePyrame et Thisbé. Lemoralisateur duXIVesiècleannonceà son lecteur-auditeur:Or vous raconterai le conte[...]Sans muer et sans rien oster,[...]Puis i metrai la verité35.Sila matièreest identique, les intentions
divergentnettement: récit d'amour tragique,lePiramusduXIIesièclefait l'objet d'une29L'expression est d'A. Strubel, employée lors de sa conférence dans le cadre du séminaire organisé par le Centre
d'Etudes du Moyen Age de Paris III, " Allégorie et interprétation dans l'Ovide Moralisé», le 23 mars 2007,et
publiée dans le récent ouvrageOvide métamorphosé-Les lecteurs médiévaux d'Ovide,s. d.L.Harf-Lancner, L. Mathey-
Maille etM. Szkilnik,Presses de la Sorbonne Nouvelle, 2009.30Ovide Moralisé, LivreI, v. 15-16."Transposer les fables desAnciens dulatinaufrançais».L'Ovide moralisén'ayant
pas encore été traduit, c'est nous qui traduirons.31Ibidem, Livre XV, v. 2533-2535."Et celui qui croirait que lafable dit vrai se méprendrait».
32Ibidem, Livre XV, v. 2554-2556. "Et celui qui croit par ignorance qu'il n'y aurait pas d'autre sens que lalettre, se
fourvoierait assurément».33Ibidem, Livre XV, v. 2536-2537."Mais la fable recèle une leçon plus profitable».
34Trois sens spirituels, parfois difficiles à discriminer, interviennent dans un ordre qui varie selonles fables. Le
senstropologique,c'est-à-dire conforme à la morale chrétienne, relève duquid agaset concerne le comportement que
le dogme prescrit au chrétien en vue du salut de son âme. Ce type d'allégorèse s'apparente à une leçon de morale
chrétienne.Récit au passé, le senstypologiqueretrace la vie du Christ sur terre et l'histoire passée de l'Eglise: il
relève donc duquid credas. Le sensanagogique, enfin, envisageant la fin des temps et le Jugement Dernier, relève
d'une conception eschatologique, duquo tendas.35Ovide Moralisé, LivreIV, v. 224-228."Maintenant, je vais vous raconter l'histoire, sans rien changer ni enlever,
ensuite, je dévoilerai la vérité».Camenulaen°6-Novembre 2010
8 distorsionherméneutique.Le clerc duXIVesièclechercheen effetàorienter le mytheantique, non plus vers la passion amoureuse, mais vers Dieu.L'auteur de l'Ovide moralisénousprometdefaitl'alegorie / Que cette fable signefie(v. 1176).Le termealegoriedésigne le dévoilement dela vérité,
cachée sous la fable:le sens littéral dela métamorphoseovidiennevaalorsrevêtir un sens spiritueletprofondément chrétien. Le mûrierdevienten effetle symbole de la Croix et la transformation de la couleur de la mûre, teintepar le sang des amants, admet l'analogie de la Passion du Christ, dont le sang a maculéle bois de la Croix :Et pour sauver l'umain lignage
Fu la deïté estendue
Et o l'umanité pendue
En l'arbre saint et glorieus,
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