I. ANALYSE LITTÉRAIRE
24 oct. 2020 Œuvre : Guillaume Apollinaire Alcools. Poème : « La Loreley ». I. ANALYSE LITTÉRAIRE. Introduction. Au sein du recueil Alcools que ...
La porte
portion de texte cohérente sur le plan syntaxico-sémantique : sourit Apollinaire a découvert les animaux de légende que sont les poissons pi-mus et les.
1 Salomé dApollinaire
A partir de. 1880 il y a donc une sorte de fascination pour le personnage dont Flaubert rend compte dans son recueil Les trois contes : Flaubert fait de la
986-apollinaire-alcools-.pdf
Ce recueil de poèmes d'Apollinaire est le fruit d'une longue gestation et de Donnant la parole à Salomé transposé curieusement dans un monde médiéval
DE « LERMITE » À « ZONE » : UNE LECTURE DALCOOLS DE
Apollinaire : « Alcools ». Textes commentaires et guides d'analyse. Paris : Fernand Natan
ALCOOLS
Guillaume Apollinaire. ALCOOLS Plane tenant dans les serres le crâne d'Adam la première tête ... SALOMÉ. Pour que sourie encore une fois Jean-Baptiste.
CHU de Nantes
temps complet : l'unité Lou-Andréas-Salomé pour les addictions ali- mentaires et comportementales et l'unité Guillaume-Apollinaire pour.
Célia BOURAI ~ Cynthia CROS
l'expression d'une peur sur un plan politique Salomé »13 est le dix-huitième poème d'Alcools de Guillaume Apollinaire (1880-1918) publié en 1913.
Ophelie : histoire dun mythe fin de siecle
A la différence de Salomé autre figure mythique emblématique de la les principaux détails iconographiques du mythe : étendue sur l'eau
Salomé d’Apollinaire
Salomé incarne la fascination et la terreur inspirées par la femme dominatrice et castratrice Donc on aurait ici une réélaboration complexe d’une légende stratifiée faisant du personnage de Salomé le symbole du mal d’amour de la dévastation produite par le mal d’amour Analyse I STRUCTURE DU TEXTE - La composition du poème
Quel est le thème biblique de Salomé ?
· Le poème Salomé appartient au recueil Alcools publié en 1913. Apollinaire revisite ici le thème biblique de la danse de Salomé et le transpose dans un univers différent. Ce texte évoque en fait la peine causée par Annie Pleyden la jeune gouvernante anglaise qui a éconduit le poète.
Quelle est la responsabilité de Salomé ?
La responsabilité de Salomé n’est suggérée que dans le second vers « je danserais mieux ». Enfin on retrouve le bâton, le bâton pastoral attribut iconographique de Jean Baptiste et l’union du bâton et de la banderole brodée par Salomé est métaphorique de leur union rêvée par la jeune femme.
Quels sont les poèmes de Salomé ?
Il existe 2789 poèmes sur Salomé : donc un personnage très présent dans la littérature française de la fin du XIX. Elle devient la figure de prédilection du courant symboliste et décadent.
Quelle est l’atmosphère de Salomé ?
Le tout crée une atmosphère composite qui est celle du vitrail ou de la tapisserie. Transition : Apollinaire utilise ces mots anachroniques pour conférer à son héroïne une valeur symbolique. Salomé n’est plus seulement une héroïne de légende juive, elle se réincarne à toute époque elle est la femme éternelle, cruelle inconsciente.
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THESE DE DOCTORAT DE L'UNIVERSITE DE BOURGOGNE FRANCHE-COMTEPREPAREE À l'UFR SLHS - Besançon
École doctorale n° 594
" Sociétés, Espaces, Pratiques, Temps »Doctorat d'histoire ancienne
ParMadame Lucie Desbrosses
Sidoine Apollinaire et la Gaule chrétienne au Ve siècleSous la direction de Monsieur Stéphane Ratti
Thèse présentée et soutenue à Dijon, le 18 octobre 2018Composition du Jury
Madame Beatrice Girotti, Chercheur habilité en Histoire romaine à l'Université de Bologne.Monsieur Jean-Yves Guillaumin, Professeur émérite de langue et littérature latines à l'Université de
Bourgogne Franche-Comté.
Monsieur Bertrand Lançon, Professeur émérite d'Histoire romaine à l'Université de Limoges, rapporteur.
Monsieur Rémy Poignault, Professeur de langue et littérature latines à l'Université de Clermont Auvergne,
rapporteur.Monsieur Stéphane Ratti, Professeur d'Histoire de l'Antiquité tardive à l'Université de Bourgogne Franche-
Comté, directeur de thèse.
2Remerciements
Au terme de la rédaction de ce mémoire, mes premiers et plus vifs remerciements vontnaturellement à mon directeur de thèse, Monsieur le Professeur Stéphane Ratti, qui a ouvert pour
moi les voies de la recherche et qui m'y a patiemment guidée en me faisant bénéficier de son
expertise lucide, de ses lumineuses intuitions et de sa bienveillante sollicitude. Je ne saurais assez
lui exprimer ma reconnaissance d'avoir su développer en moi, par son exemple et ses conseils, le goût de l'étude, du savoir, et surtout de la pensée libre. Je tiens aussi à adresser mes plus sincères remerciements à Madame Catherine Virlouvet,directrice de l'École française de Rome, ainsi qu'à Monsieur Clément Pieyre, directeur de la
bibliothèque de l'École, et à Monsieur Pierre Savy, directeur des Études antiques, pour m'avoir
accordé la belle opportunité d'un séjour d'étude extrêmement riche et fructueux au sein de leur
prestigieuse institution durant l'été 2018. Ma très vive reconnaissance va également à Madame
Claire Sotinel, professeur à l'Université de Paris-Créteil qui, en plus d'avoir éclairé de ses précieuses
lumières quelques chapitres de ce mémoire, a grandement aidé à la réalisation de ce projet. Cette
bourse d'étude fut pour moi l'occasion de consolider mes lectures et mon corpus à l'aide des
précieuses ressources de la bibliothèque, mais aussi de rencontrer Madame Luciana Furbetta,
Professeur à l'Université de La Sapienza, et Monsieur Fabrizio Oppedisano, professeur et membre
de la Scuola Normale Superiore de Pise, qui ont eu la gentillesse de me confier leurs avis éclairés
sur quelques points de mes travaux. Le contact régulier avec les membres de l'École Française de
Rome, dont notamment Monsieur Pierre Chambert-Protat, me fut tout à la fois utile et agréable, et
je n'oublierai pas leurs généreuses démarches pour m'aider à exploiter au mieux les riches fonds de
la bibliothèque. Je veux aussi témoigner ma reconnaissance à Monsieur Joop Van Waarden, professeur àl'Université d'Amsterdam, éminent spécialiste de Sidoine Apollinaire, qui m'a généreusement
entretenu de ses réflexions au cours de nos échanges épistolaires, et dont les travaux ont beaucoup
nourri mes recherches.Je sais gré à Monsieur Damien Martinez, docteur en histoire et archéologie médiévale, de
m'avoir donné la primeur de son travail de doctorat consacré au diocèse de Clermont, et de m'avoir
si généreusement offert son aide, ainsi qu'à Monsieur Bassir Amiri, Maître de conférences, qui m'a
gracieusement fait bénéficier de ses salutaires conseils à la bibliothèque universitaire de Dijon.
Je veux aussi exprimer ma gratitude à l'adresse de chacune des personnes qui, dans monentourage, ont suivi et encouragé par leur présence bienveillante cette aventure doctorale, à
commencer par mes parents, qui ont participé pour beaucoup à l'accomplissement de ce travail. Durant sept ans, ils ont eu la tendresse d'acquiescer à mes exigences de temps, de silence, detranquillité égoïste, et m'ont témoigné toute la confiance dont j'ai eu bien souvent besoin.
Que ces lignes témoignent aussi de ma particulière reconnaissance à Élodie, Stéphane et
Bénédicte, triade indispensable et indissociable de mes efforts depuis plusieurs années, ainsi qu'à
Anne-Laure et Jean-François, Anne et Jean-Philippe, Sylvain, Sophie, Delphine, Lucie, Alix,
Aurélie, Michel, Emmanuel, Chloé et Stéphane, Camille et Alexandre, Laureline et Nash, Anne et
Hugo, Marion, Tanguy, Joaquin et tous ceux, parmi mes collègues et amis, que les bornes étroites
de cette page ne peuvent contenir. Je veux enfin dire ici l'excellent souvenir que je garde de mescamarades boursiers de l'École française, et remercier notamment Anne-Laure Grevey pour sa
précieuse coopération, Ivan Gontob et Solène Chevalier pour leur joyeuse et studieuse compagnie
au sein des riches salles d'étude du Palais Farnèse où je finissais, dans la chaleur de l'été romain, la
rédaction de ce mémoire. 3Table des matières
Table des matièresRemerciements.....................................................................................................................................2
Table des matières................................................................................................................................3
Biographie sommaire de Sidoine Apollinaire...........................................................................14
Note de méthode.......................................................................................................................19
Partie I. Implantation, diffusion et limites du christianisme dans la Gaule de Sidoine Apollinaire...20
A. Quand, et comment, notre Gaule est-elle devenue chrétienne ?..............................................21
I. Apport des sources pour une histoire de la conversion de la Gaule ...................................22
1. Sources et stratégies littéraires : légende et histoire ......................................................22
2. Essai de reconstitution de la diffusion du christianisme en Gaule ................................28
II. Christianiser l'espace..........................................................................................................40
1. Architectures d'une conversion .....................................................................................41
III. L'Église et l'État ...............................................................................................................47
1. Avitus (455-456)............................................................................................................50
2. Majorien.........................................................................................................................55
3. Libius Severus (451-465)..............................................................................................61
4. Le graeculus Anthémius (467-472)...............................................................................62
5. En manière de bilan .......................................................................................................70
IV. Quelques modalités notables de la christianisation des personnes...................................71
1. Rôle central de l'évêque..................................................................................................72
2. Des pratiques et des croyances nouvelles.......................................................................75
V. Divers degrés d'adhésion au christianisme.........................................................................80
1. Laïcs et convertis............................................................................................................80
2. Limites d'un christianisme de masse : " non potest integer Christianus dici » ............83
B. Hétérodoxes et non-chrétiens en Gaule tardo-antique. ...........................................................92
I. Concurrence des hétérodoxies.............................................................................................92
1. L'arianisme germanique.................................................................................................92
2. Brèves histoires d'hérésies gauloises..............................................................................96
II. Un paganisme qui n'en finit pas de mourir : rémanences de l'antiquus error....................97
1. Une rusticitas païenne encore vivace.............................................................................99
2. Des réactions païennes ................................................................................................105
3. Le paganisme barbare...................................................................................................114
III. Un judaïsme gaulois mineur, mais existant....................................................................116
IV. Études de cas : des " amis » irrévérencieux ...................................................................121
1. Le philosophe Polemius...............................................................................................122
2. L'énigme Magnus Felix ...............................................................................................124
Bilan provisoire ...............................................................................................................................128
Partie II. Sidoine Apollinaire : itinéraire édifiant d'un chrétien gaulois a peccatis ad Christum.....130
A. La conuersio de Sidoine.........................................................................................................131
I. Éléments du catéchisme de Sidoine : le uademecum faustien...........................................137
1. Renoncer aux biens de ce monde.................................................................................137
2. Renoncer aux douceurs du monde ...............................................................................139
3. Lire (et écrire) des textes édifiants ..............................................................................144
II. L'error du passé................................................................................................................150
1. La profession d'humilité : effet rhétorique ou conscience repentante ? .....................151
2. Qu'est-ce que l'error ? .................................................................................................157
4III. Sidoine et le " lobby » monastique.................................................................................160
1. L'esprit des lois de l'île ................................................................................................160
2. L'ascétisme est-il un idéal ?..........................................................................................165
B. Qu'est-ce qu'être évêque ?......................................................................................................171
I. Reconstitution de l'accession à l'épiscopat : vers la définition d'un standard...................171
1. Stratégie d'annonce.......................................................................................................172
2. Une charge assumée bon gré mal gré ? .......................................................................174
II. L'ordination des évêques au Ve siècle : comment on se choisit un modèle......................180
1. Qui choisit ? .................................................................................................................180
2. Parmi qui choisir ? .......................................................................................................184
3. Qui ne pas choisir ? .....................................................................................................192
III. Sidonius, inlustris episcopus...........................................................................................198
1. L'épiscopat ou la continuation de la politique par d'autres moyens.............................198
2. Cérémonies mondaines.................................................................................................203
3. Pourquoi ne pas écrire une Passion ? .........................................................................207
4. Constructions ...............................................................................................................217
Bilan provisoire................................................................................................................................221
Partie III. La conversion de l'Ancien Monde. ..................................................................................223
A. Nouvelles missions sacrées de l'évêque : convertir le discours et le geste............................225
I. Comment dire l'Évangile ?.................................................................................................226
1. Abstention théologique ................................................................................................226
2. À la recherche du prédicateur.......................................................................................232
II. Convertir le dignitaire : du praefectus ou perfectus. .......................................................236
1. Christianisation de la lutte politique.............................................................................237
2. Conversion du patronage..............................................................................................239
B. Le problème de la culture profane.........................................................................................244
I. La culture classique de Sidoine ........................................................................................245
Sidoine pouvait-il lire le grec ? .....................................................................................248
II. Que faire de la philosophie ?............................................................................................256
1. Les membra philosophiae ...........................................................................................257
2. La philosophie et le savoir comme vaine science et fausse religion............................261
3. Enrôler la philosophie dans l'Église ............................................................................263
III. Que faire de la littérature profane? .................................................................................273
1. Les bibliothèques de Sidoine........................................................................................275
2. Sidoine et la littérature apologétique païenne .............................................................281
IV. " Tempus est seria legi, seria scribi ». Écrire ou ne pas écrire à la mode classique ?...290
1. Rire et satire.................................................................................................................291
2. De la lyre classique au luth chrétien ?.........................................................................296
L'impossible adieu ........................................................................................................303
Convertir la poésie ? .....................................................................................................310
C. Sauvegarder ou rejeter l'antiquus error ?...............................................................................313
I. " Quisnam deus ? » : que faire des dieux du paganisme ? ...............................................313
1. Les dieux de la poésie : coexistence ou conflit ?.........................................................315
2. Rejet du panthéon classique dans la tradition chrétienne.............................................322
3. Les carmina : intermède ludique entre deux traditions................................................326
II. Que faire des antiques croyances du paganisme ?............................................................334
L'etrusca disciplina dans les poèmes.............................................................................337
L'astrologie dans les Lettres..........................................................................................343
Annexe 1. Les Statuta Ecclesiae Antiqua.........................................................................................356
5Annexe 2. Prosopographie ...............................................................................................................368
Principales abréviations
CC = Corpus Christianorum (Series Latina)
CIL = Corpus Inscriptionum Latinarum
CSEL = Corpus Scriptorum Ecclesiasticorum LatinorumC. Th. = Codex Theodosianus
CUF = Collection des Universités de France
GCS = Die Griechischen Christlichen SchriftstellerILS = Inscriptiones Latinae Selectae
MGH = Monumenta Germaniae Historica
PG = Patrologia Graeca (Migne)
PL = Patrologia Latina (Migne)
PCBE = Prosopographie chrétienne du Bas-Empire
PLRE = The Prosopography of the Later Roman EmpireSC = Sources Chrétiennes
TCCG = Topographie chrétienne des cités de la Gaule des origines jusqu'au milieu du VIIIe s. 6Introduction
Ce mémoire de thèse aurait pu s'intituler " Sidoine Apollinaire et la conversion de la
Gaule », mais un tel choix aurait oblitéré le fait que la Gaule de Sidoine était censément déjà
chrétienne au milieu du Ve siècle - et nous verrons, précisément, de quelle manière il est loisible de
dire qu'elle le fut. Postuler au contraire l'état déjà prétendument converti de ces provinces
occidentales permet aussi d'observer comment les standards de cet état de christianisation alléguée
ont muté au cours du siècle, avec, et peut-être même grâce à Sidoine Apollinaire, pour avancer
précisément vers une définition plus intelligible, objective et contrôlable de l'identité chrétienne ;
car les paradigmes de la christianité gauloise avant 450 ne sont assurément pas les mêmes que ceux
de la seconde moitié du siècle. Notre travail de recherche est né d'un étonnement : comment
comprendre, dans un monde qui se christianise encore, et non sans mal, qu'un écrivain chrétiencontinue à sacrifier aussi volontiers aux habitudes de l'ancien monde, et notamment, dans ses
oeuvres, à l'inspiration profane, voire païenne ? Quel discours le laïc et le clerc étaient-il fondés à
tenir sur la culture classique et sur les moeurs pré-chrétiennes, dans l'empire christianisé dont
Sidoine était amené à devenir un représentant et une figure de référence ? Une évolution, un
changement de ton et de discours sont-ils décelables chez cet auteur ainsi passé de la " franchise »
du laïcat au milieu plus corseté de la condition cléricale et épiscopale ? Notre projet consiste d'abord à questionner le postulat d'une Gaule " christianisée » au Vesiècle. Le siècle de Sidoine est volontiers étudié comme une période où l'empreinte chrétienne
s'étend et se consolide en Gaule ; plus rarement comme un siècle où se prolongent les habitudes, les
idées et les croyances de l'ancien monde, c'est-à-dire celles de l'empire non chrétien. Une lente mais
remarquable évolution est sensible, entre l'an 392, qui correspond à la date de promulgation des lois
anti-païennes de Théodose adressées aux préfets orientaux, et le moment de la mort de Sidoine, que
l'on peut situer vers 485 ; pour percevoir cette évolution, il convient aussi d'observer ce que l'on
abandonne, ce que l'on transforme, et comment on le transforme.Il nous a paru intéressant à cet égard de rechercher comment Sidoine Apollinaire participe, à
travers les modèles de vie laïque et cléricale qu'il dissémine significativement dans son oeuvre, au
processus de définition d'une Gaule chrétienne, et plus précisément comment il s'inscrit dans le
mouvement de transformation, ou pour mieux dire, de conversion de la culture gallo-romaine, dontles composantes nouvelles se définissent aussi par opposition à l'ancien monde. L'observation du
7corpus de Sidoine, avec, mais aussi parfois contre d'autres textes prescriptifs ou descriptifs
chrétiens, permet de restituer les grands traits d'une christianité gauloise, laïque et cléricale, qui se
constitue autour et par l'intermédiaire de cette figure centrale, et toutefois protéiforme, qu'est
l'évêque. Or l'évêque Sidoine se signale aussi par sa fascinante singularité, en tant qu'il traduit à la
fois l'impossible adieu au monde antique, et la nécessaire conversion de la culture.L'oeuvre foisonnante que nous a léguée Sidoine Apollinaire se prête à bien des égards à une
analyse vouée à faire apparaître les traits saillants d'une christianisation en cours de fixation dans la
Gaule du Ve siècle. L'état et les modalités de progression de la religion chrétienne sur le sol gaulois
en ce Ve siècle demeure une question passionnante et difficilement soluble. Fixons d'abord le cadre
géographique : le champ de notre étude, ouvert de fait par le réseau très étendu des relations de
Sidoine Apollinaire, nous permet d'investir, à des degrés divers, les provinces de la Gaule tardo-
antique telles que la réforme administrative de Dioclétien les a redessinées, puis telles que
Constantin Ier les a regroupées sous le nom de préfecture du prétoire. Ce territoire est composé de
deux diocèses : celui des sept provinces (auparavant dit Diocèse de Vienne), comprenant
l'Aquitaine I et II, la Novempopulanie, la Narbonnaise I et II, la Viennoise et les Alpes Maritimes,et celui dit " diocèse de Gaule », regroupant les Lyonnaises, les Belgiques, les Germanies, la
Maxima Sequanorum et les Alpes pennines. Ces deux ensembles composites forment la préfecturedu prétoire des Gaules telle que la mentionne laNotitia Dignitatum. Une partie de ces provinces est
passée depuis peu sous domination barbare : les wisigoths se sont définitivement fixés dans le Sud-
Ouest en 412, et les Burgondes occupent la Sapaudie depuis 443. La question de la christianisationde ce vaste territoire s'offre à notre examen précisément parce que les correspondants de Sidoine
proviennent de ces multiples horizons gaulois, et que les trente évêques auxquels il adresse ses
lettres et poèmes, qui sont aussi des amis ou des collègues de longue date dans l'administration
publique, sont répartis dans la grande majorité des provinces gauloises, de l'Aquitaine II à la
Viennoise, de la Novempopulanie aux Belgique I et II, de la Lyonnaise III à la Narbonnaise en passant bien entendu par le bassin lyonnais et l'Auvergne, ou, pour mieux dire, la Lyonnaise I etl'Aquitaine I qui sont les deux principaux points d'ancrage de notre auteur : il est originaire de Lyon,
possède des terres arvernes et deviendra évêque de Clermont-Ferrand. 8 9Cette " Gaule » qui unifie des provinces disparates est-elle chrétienne au Ve siècle ? Cette
question pose d'abord le problème épistémologique de la définition et des sens diversement attachés
aux termes de " christianisation » d'une part, et de ce qu'Ariane Bodin a récemment conceptualisé
par le terme de " christianité »1 d'autre part. L'historiographie récente a cherché à déterminer quand
et comment notre monde est devenu chrétien2 ; à ces questions s'ajoute la suivante, hissée comme
questionnement central du livre de Robert Markus consacré à la définition de l'identité chrétienne à
la fin du christianisme ancien3 :quid sit christianum esse, " qu'est-ce qu'être chrétien ? ». Les
réponses à ces questions peuvent varier infiniment selon la diversité des individus convertis4, mais
aussi des discours antiques et modernes tenus à ce sujet, les positionnements idéologiques ou
historiographiques, la visée polémique ou apologétique des auteurs, les cheminements aléatoires de
l'orthodoxie, l'évolution historique de normes et la disparité géographique des pratiques et des
conceptions. Comme le remarquait Hervé Inglebert en introduction de son ouvrage consacré
précisément au " problème de la christianisation du monde antique »5, le terme renferme une
ambiguïté sémantique qui favorise la confusion : " christianisation » signifie à la fois " le fait de
rendre chrétien », désignant alors le processus (d'ailleurs coercitif ou pacifique ?), et " le fait d'avoir
rendu chrétien », renvoyant alors au résultat, parfois très progressif6, dont on ne peut juger parfois
qu'arbitrairement, faute de pouvoir sonder les consciences,a fortiori antiques7.À cet égard, même
l'affirmation identitaire d'un chrétien demeure sujette à caution : il faut s'en remettre alors aux
manifestations, aux diverses formes d'expression et parfois même aux subtilités dissimulées dans le
discours. Enfin, l'ambivalence du terme tient aussi à son complément : christianisation des
1Le concept de christianité sera capital pour notre étude. Il s'agit d'un outil heuristique, comme le définit Ariane Bodin
(Bodin 2013), propre à mesurer les manifestations de l' " être-chrétien » durant la période tardo-antique. Cet ancrage
dans la foi chrétienne s'exprime essentiellement sur le plan pragmatique, voire dramatique, c'est-à-dire par des gestes
(ce que le chrétien fait) et des expressions (ce que le chrétien dit). Ce concept fait spécifiquement l'objet, pour les
provinces d'Italie et d'Afrique, de la thèse de doctorat d'Ariane Bodin intitulée Les manifestations sociales de l'être-
chrétien en Italie et en Afrique romaine (début du IVesiècle fin du VIesiècle) (Bodin 2014). Notre démarche n'est pas
éloignée de la sienne ; nous incluons toutefois aussi, dans notre examen, les comportements-limites d'une société
gauloise dite " chrétienne ».2Veyne 2007 et Baslez 2008.
3Markus 2012.
4Mac Mullen 2011, p. 158.
5Inglebert 2010, p. 7-17.
6Ibid., p. 9 et p. 13 : " En Occident après 400, la christianisation fut interprétée comme un long combat interne à
l'Église [...]. A une conception de la christianisation presque immédiate, de type conversion, s'était substituée une
représentation d'une christianisation sans fin, un éternel combat que chaque époque, en variant ses critères d'exigence,
pourrait reprendre ».7Certes, le secret de la conscience paraissant inaccessible, la sincérité des déclarations peut sembler douteuse, et à ce
titre, rendre toute affirmation d'appartenance à telle ou telle religion vaine d'un point de vue scientifique, et
inutilisable pour l'historien. Néanmoins, on ne peut faire fi des discours explicites, mais aussi implicites, tenus par le
sujet, qui s'offrent à l'analyse de façon plus ou moins sensible et cryptée, et l'on sait tout ce que le langage révèle que
la volonté voudrait taire. Voir les travaux de Stéphane Ratti (Ratti 2016, p. 69), à propos, par exemple, du vol des
poires commis par Augustin et son interprétation métaphorique comme péché de chair. 10personnes et des peuples, de la culture, des cités ou des lois sont autant de processus différents,
impliquant des méthodes d'investigation très diverses, et toutes ne nous occuperont pas de la même
façon dans le propos qui est le nôtre, que nous voudrions préciser ici.Si l'oeuvre poétique et épistolaire de Sidoine Apollinaire, témoin privilégié de la chute de
l'empire romain en Gaule, et représentant incontournable de l'esthétique tardo-antique par les
aspects divers et caractéristiques de son oeuvre, fait souvent l'objet à part entière d'études
historiques8 - notamment politique et sociale - et littéraires depuis plusieurs décennies, notre
démarche vise une direction tierce, représentée et initiée par Pierre Courcelle9, Salvatore Pricoco10,
Franca Ela Consolino11, Françoise Prévot12, Brigitte Beaujard13, Stefania Santelia14 et Joop Van
Waarden15 qui eurent à coeur d'extraire du corpus sidonien une documentation et un commentairepour la connaissance de l'Église gauloise des premiers siècles : de même, il s'agit pour nous de faire
l'état des lieux de la christianisation, en tenant compte de toute la potentialité sémantique du terme,
de la Gaule, en exploitant ce que nous apprennent les lettres et poèmes de l'évêque Clermontois,
notamment en terme d'habitus chrétien et clérical. Qu'est-ce qu'être chrétien pour Sidoine et son
réseau ? Comment l'exemple singulier de ce laïc devenu évêque peut-il nous renseigner sur le
christianisme primitif en Gaule, et sur la façon dont il s'est départi des habitudes culturelles de
l'ancien monde au moment de son implantation ?8Entre autre encouragées, au cours des cinquante dernières années, par la parution des traductions françaises des
poèmes (1960) et des lettres (1970) de Sidoine par André Loyen à la Collection des Universités de France, et par
celle, en anglais, de William Blair Anderson (1965) à la collection Loeb classical library, d'après l'édition de
référence de Luetjohann (1887) dans les Monumenta Germaniae Historica.9Le grand érudit Pierre Courcelle (Courcelle 1948 et Courcelle 1964) fut l'un des pionniers à étudier la question de la
culture des chrétiens de la Gaule tardo-antique.10Savaltore Pricoco (Pricoco 1965) a notamment examiné les relations qui ont uni Sidoine à deux de ses amis et clercs
gaulois influents, Claudien Mamert et Fauste de Riez.quotesdbs_dbs44.pdfusesText_44[PDF] seconde générale et technologique
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