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JOURNÉE D'ÉTUDE INTERNATIONALE

Université de Lausanne, 3 juin 2022

De la formation à l'établissement de l'école.

From the formation to the school establishment.

Ayoub FILALI, Aix-Marseille Université - IREMAM Clément SALAH, Université de Lausanne - IHAR Sorbonne-Université - UMR 8167 Orient & Méditerranée

JOURNÉE D'ÉTUDE INTERNATIONALE

Université de Lausanne, 3 juin 2022

De la formation à l'établissement de l'école.

Université de Lausanne, 3 juin 2022.

Organisateurs : Ayoub FILALI, Clément SALAH

L'Institut d'Histoire et Anthropologie des Religions (IHAR) de l'université de Lausanne organise en collaboration avec l'Institut de Recherche et d'Études sur les Mondes Arabes et Musulmans (IREMAM) de l'université Aix-Marseille une journée d'étude internationale sur l'histoire la doctrine juridique mālikite. Cette manifestation scientifique se tiendra le 3 juin

2022 et se proposera d'apporter une réflexion novatrice sur la formation de l'école mālikite,

depuis l'enseignement du maître fondateur Mālik b. Anas (m. 179/795) à Médine à la

constitution d'une école pourvue d'une doctrine juridique définie (II e -IX e / VIII e /XV e siècles).

Argumentaire

L'intérêt de la communauté savante européenne et particulièrement française pour la

littérature mālikite est ancien : d'abord mobilisée dans le cadre de l'administration coloniale

ainsi qu'en témoigne la traduction d'ouvrages juridiques dans la première partie du XX e siècle, elle a ensuite été mobilisée afin de pallier le manque d'archives dans la formulation d'une

histoire socio-économique du Maghreb à l'époque médiévale. Sous l'impulsion de travaux

novateurs, la recherche autour de la formation de la doctrine mālikite connaît, depuis quelques

décennies, de profonds bouleversements. Les travaux menés par M. Muranyi à la fin des années

1990 sur les manuscrits mālikites conservés à Kairouan ont conduit à un renouvellement des

méthodes d'analyses et de nos connaissances sur la doctrine mālikite en formation (Muranyi,

1997 ; 1999). Ces travaux fondateurs ont permis un large renouvellement historiographique :

notre connaissance du milieu mālikite égyptien de haute époque s'est affinée grâce aux travaux

à l'introduction des premiers matériaux mālikites en al-Andalus (A. Carmona, 2006 ; M.

Fierro, 2006). En parallèle à ces réflexions sur la formation et l'évolution de la doctrine mālikite

en Occident musulman, un large corpus de fatāwā et nawāzil a fait l'objet de sérieuses études

permettant ainsi de mieux saisir l'implication du droit canonique dans certains processus sociaux des communautés rurales et sahariennes aux époques médiévale et moderne (E. Voguet, 2014 ; I. Warscheid, 2017). Si, en conséquence, un renouvellement historiographique a été entrepris depuis quelques décennies, force est cependant de constater que nombre de questions restent en suspens. D'une part, les documents manuscrits mālikites n'ont pas fini de nous transmettre tous leurs secrets et

peuvent nous renseigner sur les premières doctrines mālikites. En sus, certains milieux savants

mālikites demeurent encore trop mal connus : en effet, si les milieux mālikites d'Occident ont

relativement bien été étudiés, notre connaissance des milieux mālikites de l'Orient islamique

reste encore trop lacunaire (A. Bekir, 1962 ; Ch. Melchert, 1997). Par ailleurs, un large travail

reste encore à entreprendre sur les processus d'intégration de la théorie des fondements du droit

(uṣūl al-fiqh) à la doctrine mālikite et son lien avec les réflexions théologiques : bien des traités

d'uṣūl al-fiqh, et pas des moins influents à l'instar de celui d'al-Bāqillānī (m. 403/1013), sont

l'oeuvre de savants qui étaient davantage théologiens que juristes. Ces ouvrages, trop longtemps

perçus comme oeuvres de kalām, sont en mesure de nous renseigner sur l'évolution de la pensée

légale.

Axes de recherches

Afin de poursuivre ce renouvellement historiographique, les contributeurs seront appelés à s'interroger sur les thématiques suivantes :

1. Le proto-mālikisme en question (II

e -III e /VIII e -IX e siècles) En 2006, M. Fierro théorisa le concept de " proto-mālikisme » pour caractériser le milieu savant andalou de la première moitié du III e /IX e siècle. La chercheuse espagnole constate

que les juristes andalous se réclamant de l'autorité de Mālik étaient davantage attachés aux

enseignements des disciples égyptiens et médinois tels que conservés dans la Mudawwana de

Saḥnūn (m. 240/854) et à la Mustaḫraǧa d'al-'Utbī (m. 254/868) qu'aux enseignements du

maître fondateur conservés dans son Muwaṭṭa'. Partant de ces constatations, il s'agira de se demander dans quelle mesure les

observations de M. Fierro peuvent être étendues à l'ensemble des milieux savants attachés aux

enseignements de Mālik (Ifrīqiyya, Égypte, Irak). Ce proto-mālikisme fut-il unanimement

répandu aux III e /IX e siècles ou devrait-on parler de proto-mālikismes ? Si tel est le cas, quelles

sont les caractéristiques de ce(s) proto-mālikisme(s) régionaux ? M. Fierro constate la proto-

doctrine mālikite andalouse fut marquée par l'empreinte du ra'y des disciples de Mālik : quels

usages firent les m likites de haute époque du ḥadīṯ ? Quelles furent les modalités de conservation et de transmission du ra'y des maîtres fondateurs ? Quelles traces garde la doctrine m

likite canonique de ce(s) proto-mālikisme(s) ? Faut-il parler, pour les doctrines formulées à

2. Formulation, évolution et stabilisation de la norme et de l'autorité : la recherche

d'un corpus jurisprudentiel de référence.

Au cours des III

e -IV e /IX e -X e siècles, sous l'impulsion de l'émergence des sciences des

fondements du droit (uṣūl al-fiqh), la doctrine mālikite est progressivement passée d'une

autorité comprise comme une tradition juridique continue depuis les enseignements du maître,

Mālik b. Anas, mais constamment réactualisée au cours des siècles par ses disciples à une

autorité scripturaire fixe avec, notamment, la théorisation du ḥadīṯ comme l'une des sources du

droit. À travers cet axe de recherche, il s'agira ainsi de s'interroger sur la progressive

intégration des uṣūl al-fiqh au sein de la doctrine mālikite. Dans quelles mesures peut-on parler,

pour la période de transition du III e -V e siècles de l'Hégire, du développement d'un " jeu des

divergences et des préférences » (J.-P. Van Staëvel, 2008) ? Quelle place pour les divergences

d'opinions et l'iǧtihād au sein d'une doctrine canonique marquée par le taqlīd ? Les

contributeurs pourront interroger la formulation de concepts clés tels que le mašhūr et le 'amal

et se demander dans quelles mesures ceux-ci sont vecteurs de normes.

Il s'agira, par ailleurs, d'interroger la relation entre uṣūl al-fiqh et uṣūl al-dīn : al-Šāṭibī

(m. 790/1388) reprenant l'analyse de la maṣlaḥa considère que la totalité de la šari'a existe

pour promouvoir le bien-être des croyants. D'autres, à l'instar d'al-Qarāfī (m. 684/1285), ont

reconnu le caractère problématique, du point de vue théologique, de fonder une décision non

sur un support textuel, mais sur un bénéfice à venir estimé par le juriste. Il conviendra, en

conséquence, de s'interroger sur l'émergence d'une pensée théologico-rationnelle (uṣūl al-dīn)

et son rapport aux sciences des fondements du droit (uṣūl al-fiqh) : entre la voie des théologiens

et celle des juristes, quelle place accorder à la théorie légale mālikite à proprement parler ?

3. Les juristes mālikites et la société islamique médiévale.

Depuis quelques années, l'étude des corpus de fatāwā, longtemps déconsidéré, a permis

aux chercheurs d'envisager cette littérature comme vecteur de légitimation étatique (C. Gomez-

Rivas, 2014) et d'appréhender des pratiques sociales propres à certaines communautés rurales

ou sahariennes (E. Voguet, 2014 ; I. Warscheid, 2017). Il s'agira, à travers ce corpus et/ou en

croisant ce corpus avec les sources historiques et bio-bibliographique de s'interroger sur le rôle

des juristes mālikites (et, en particulier, les qāḍī-s et muftī-s mālikites) dans l'organisation de

la cité à travers différents prismes parmi lesquels : - Les juristes mālikites face aux autres communautés religieuses et aux autres écoles juridiques. - Le rôle des juristes dans l'organisation politique, sociale et administrative de la cité. - L'intégration par les juristes mālikites de l'usage social et des coutumes locales ('urf, 'āda) dans l'herméneutique juridique.

Tout autre axe de réflexions peut bien sûr venir étayer les axes de recherche précédemment

exposés. Les propositions de communication accompagnées d'un argumentaire de 300 mots et d'un curriculum vitae sont à envoyer aux organisateurs avant le 28 novembre 2021. Les

communications pourront se faire en français, en anglais ou en arabe. Les organisateurs

acceptent les soumissions d'universitaires, de jeunes chercheurs et de chercheurs indépendants.

Ils s'engagent à rassembler un groupe diversifié de présentateurs et feront de leur mieux pour

donner plus de visibilité, mais sans s'y limiter, au travail des jeunes chercheurs (doctorants, post-doctorants).

Adresses de contact :

Ayoub FILALI : ayoub.filali@univ-amu.fr

Clément SALAH : clement.salah@unil.ch

INTERNATIONAL STUDY DAY

University of Lausanne, June 3, 2022

From the formation to the school establishment.

University of Lausanne, June 3, 2022.

Organisers: Ayoub FILALI, Clément SALAH

The Institute of History and Anthropology of Religions (IHAR) of the University of Lausanne is organising in collaboration with the Institute for Research and Studies on the Arab and Muslim Worlds (IREMAM) of the University of Aix-Marseille an international study day in the history of the M liki legal doctrine. This scientific event will be held on June 3, 2022 and will offer an innovative reflection on the formation of the M

āliki school, since the teaching of

the founding master M lik b. Anas (d. 179/795) in Medina when a school was established to the defined legal doctrine (2nd-9th centuries AH / 8th-15th centuries).

Arguments

The interest of the European and particularly French learned community in Māliki

literature is old: first mobilised within the framework of the colonial administration as

evidenced by the translation of legal works in the first part of the 20th century, it was then mobilized to make up for the lack of archives in formulating a socio-economic history of the Maghreb in medieval times. Spurred on by innovative work, research around the formation of the M liki doctrine has experienced profound upheavals in recent decades. The work carried out by M. Muranyi at the end of the 1990s on the Māliki manuscripts preserved in Kairouan led to a renewal of the methods of analysis and of our knowledge of the M liki doctrine in formation (Muranyi, 1997 ; 1999). These founding works have enabled a broad historiographical renewal: our knowledge of the Egyptian Māliki milieu of the high period has particular interest has been given to the introduction of the first M liki materials in al-Andalus (A. Carmona, 2006 ; M. Fierro, 2006). In parallel to these reflections on the formation and evolution of M liki doctrine in the Muslim West, a large corpus of fatāwā and nawāzil has been the subject of serious studies, thus making it possible to better understand the implication of canon law in social processes of the rural and Saharan communities in medieval and modern times (E. Voguet, 2014 ; I. Warscheid, 2017). If, as a result, a historiographical renewal has been undertaken for several decades, it must nevertheless be noted that a number of questions remain unanswered. On the one hand, the M liki handwritten documents have not been fully studied and can inform us about the early M liki doctrines. In addition, certain learned M liki circles are still too little known: indeed, if the M liki circles of the West have been relatively well studied, our knowledge of the M liki circles of the Islamic East is still too incomplete (A. Bekir, 1962 ; Ch. Melchert, 1997). In addition, a large amount of work still remains to be undertaken in the process of integrating the

theory of the foundations of law (uṣūl al-fiqh) into the Māliki doctrine and its link with

theological reflections: many treatises of uṣūl al-fiqh, and not the less influential like that of al-

B qill n (d. 403/1013), are the work of scholars who were more theologians than jurists. These works, too long perceived as works of kalām, are able to inform us about the evolution of legal thought.

Lines of research

In order to continue this historiographical renewal, contributors will be called upon to question the following themes:

1. The proto-mālikism in question (2nd-3rd/8th-9th centuries)

In 2006, M. Fierro theorised the concept of "proto-mālikism" to characterise the Andalusian scholarly milieu of the first half of the 3rd / 9th century. The Spanish researcher notes that Andalusian jurists claiming to be the authority of M lik were more attached to the teachings of the Egyptian and Medinan disciples as preserved in the Mudawwana of Saḥnūn

(d. 240/854) and in the Mustaḫraǧa of al- 'Utbī (d. 254/868) than the teachings of the founding

master kept in his Muwaṭṭa'. Based on these findings, it will be a question of how far M. Fierro's observations can be extended to all scholarly circles attached to the teachings of M lik (Ifr qiyya, Egypt, Iraq). Was this proto-Mālikism unanimously widespread in the 3rd / 9th century or should we speak of proto-Mālikisms? If so, what are the characteristics of this regional proto-Mālikism(s)? M.

Fierro notes that the Andalusian M

liki proto-doctrine was marked by the imprint of the ra'y

of Mālik's disciples: what uses did the mālikis of high epoch make of ḥadīṯ? What were the

modalities of conservation and transmission of the ra'y of the founding masters? What traces does the canonical M liki doctrine keep of this proto-Mālikism(s)? Should we speak, for the

2. Formulation, evolution and stabilization of the norm and the authority: the

search for a body of reference case law. During the 3rd-4th / 9th-10th centuries, under the impetus of the emergence of the

sciences of the foundations of law (uṣūl al-fiqh), the Māliki doctrine gradually passed from an

authority understood as a continuous legal tradition since the teachings of the master, M lik b. Anas, but constantly updated over the centuries by his disciples to a fixed scriptural authority with, in particular, the theorisation of ḥadīṯ as one of the sources of law. Through this line of research, it will thus be a question of questioning the progressive

integration of uṣūl al-fiqh within the Māliki doctrine. To what extent can we speak, for the

transition period of the 3rd to 5th centuries AH, of the development of a "game of divergences

and preferences" (J.-P. Van Staëvel, 2008)? What place for differences of opinion and iǧtihād

within a canonical doctrine marked by taqlīd? Contributors will be able to question the

formulation of key concepts such as mašhūr and 'amal and to what extent these are vectors of norms.

It will also be a question of questioning the relationship between uṣūl al-fiqh and uṣūl

al-dīn: al-Šāṭibī (d. 790/1388) taking up the analysis of the maṣlaḥa considers that the totality

of the šari'a exists to promote the welfare of believers. Others, like al-Qarāfī (d. 684/1285),

have recognised the problematic nature, from a theological point of view, of basing a decision not on a textual medium, but on an estimated future benefit by the lawyer. It will therefore be

appropriate to question the emergence of a theologico-rational thought (uṣūl al-dīn) and its

relation to the sciences of the foundations of law (uṣūl al-fiqh): between the path of theologians

and that of jurists, what place should be accorded to M liki legal theory properly speaking?

3. Māliki jurists and medieval Islamic society

In recent years, the study of fatāwā corpus, long disregarded, has enabled researchers to consider this literature as a vehicle for state legitimation (C. Gomez-Rivas, 2014) and to understand social practices specifically to rural or Saharan communities (E. Voguet, 2014 ; I. Warscheid, 2017). Through this corpus and / or by crossing this corpus with historical and

bio-bibliographic sources, it will be a question of questioning the role of Māliki jurists (and, in

particular, the M liki qāḍī-s and muftī-s) in the organisation of the city through different prisms including: - Māliki jurists vis-à-vis other religious communities and other legal schools. - The role of jurists in the political, social and administrative organization of the city. - The integration by Māliki jurists of social usage and local customs ('urf, 'āda) into legal hermeneutics. Any other line of research can, of course, support the lines previously outlined. We invite paper proposals of 300 words with a curriculum vitae to be submitted by 28 November 2022. Communications may be in French, English and Arabic. The organisers welcome submissions from leading scholars, advanced graduate students, and independent researchers. They are committed to gathering a diverse group of presenters and will do their best to give more visibility to the work of scholars from traditionally underrepresented groups in academia, including but not limited to junior scholars.

Contact addresses :

Ayoub FILALI: ayoub.filali@univ-amu.fr

Clément SALAH: clement.salah@unil.ch

ﻳﻨﻈDﻢ ﻣﻌﻬﺪ اﻟﺘﺎرJــــﺦ أوﻧNOوPﻮﻟﻮﺟ>ﺎ اﻷدSﺎن (IHAR) اﻟﺘﺎﺑﻊ ﻟﺠﺎﻣﻌﺔ ﻟﻮناز ]ﺎﻟﺘﻌﺎنو ﻣﻊ ﻣﻌﻬﺪ اﻟﺪارﺳﺎت ﺣﻮا ل

(E. Voguet, 2014 ; I. Warscheid, 2017).

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3 ayoub.filali@univ-amu.fr clement.salah@unil.ch

BIBLIOGRAPHIE / BIBLIOGRAPHY / ﻣﺮ ا

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