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Prédication : Le cœur de lhomme

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Docteur en théologie biblique il est actuellement professeur d'Écriture sainte à la faculté de théologie de l'Italie centrale de Florence. Série universitaire.



« Les pensées la loi et le cœur. Une traversée biblique »

Le cœur à cœur dissonant. L'homme est modelé à l'image de Dieu mais le cœur à cœur est devenu dissonant. Le cœur de l'homme fomente le mal. Dès lors 



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L'homme intérieur y est identifié avec le cœur de l'homme dont toute la Bible rappellera l'ambiguïté foncière. Dès la Genèse Dieu.



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David - Un homme selon le coeur de Dieu - VFpdf - Academiaedu

TUTEUR : ETIENNE NODET PROFESSEUR A L'ECOLE BIBLIQUE ET ARCHEOLOGIQUE DE JERUSALEM DAVID UN HOMME SELON LE CŒUR DE DIEU (1S 13 14) HELIE BROUCHET TABLE 



Dieu éduque le coeur de lhomme - La Croix

17 avr 2020 · Le Dieu qui éduque Israël « comme un père » dans la Bible est le Dieu de l'Alliance un Dieu qui s'engage jusqu'à donner aux hommes « un 

  • C'est quoi le cœur de l'homme dans la Bible ?

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  • Le cœur est un organe musculaire situé dans la cage thoracique, derrière le sternum, et décalé légèrement sur la gauche chez la plupart des individus.
1 " Ce qui n'est pas monté au coeur de l'homme » (1 Co 2, 9).

Interprétations patristiques d'une citation.

Alfred-Louis de Prémar e a naguè re entrepris de retracer la chaîne de

transmission d'un logion d'origine judéo-chrétienne qui s'est trouvé réemployé, très tôt dans la

tradition musulmane, au sein des corpus de ḥadîṯ mis sur la bouche de Muhammad avec une portée eschatologique évoquant les récompenses du Paradis :

L'envoyé de Dieu a dit : Dieu a dit : J'ai préparé pour mes saints serviteurs ce qu'oeil n'a

pas vu, ni oreille entendu, et qui n'est pas survenu à un coeur d'homme 1

Quoique non inséré dans le Coran, ce ḥadîṯ passe pour avoir été inspiré au

prophète par Dieu lui-même.

Or ce même logion se trouve avoir été déjà utilisé par l'apôtre Paul, au début de

la 1

ère

aux Corinthiens, sous une forme littérale proche mais en un contexte tout différent, celui de la mystérieuse sagesse de Dieu révélée dans le Christ (1 Co 2, 9-10) : Comme il est écrit : Ce que l'oeil n'a pas vu, ni l'oreille entendu et qui n'est pas monté

au coeur de l'homme, tout ce que Dieu a préparé pour ceux qui l'aiment. Car c'est à nous que Dieu l'a

révélé par l'Esprit. Cette citation sous la plume de Paul a fait couler beaucoup d'encre. Et depuis longtemps. L'interrogation porte au moins sur deux points : son origine et sa signification. Alors que Paul présente cette citation comme venant de l'Ecriture (καθὼς

γέγραπται), nul n'a jamais pu l'y retrouver ni réussi à en identifier précisément l'origine. Selon

Origène, suivi par certains auteurs jusqu'au XX e siècle, elle proviendrait d'une apocryphe

Apocalypse d'Elie

2 , mais les éléments du texte qui a depuis été découvert sous ce nom ne la contiennent pas et J. Verheyden a montré qu'Origène s'est trompé à ce sujet 3 . D'autres ont

pensé à un agraphon de Jésus, mais sur la seule base de textes gnostiques postérieurs à Paul, ce

qui a privé cette hypothèse de crédit 4 . S. Jérôme a élaboré la thèse longtemps dominante, selon

laquelle Paul aurait restitué Is 64, 3 non pas " mot-à-mot » (non verbum ex verbo reddens) mais

par mode de " paraphrase » (paraphrasim 5 ). Plus récemment, s'est peu à peu étayée l'opinion selon laquelle cette paraphrase d'Is 64, 3 6 , enrichie d'allusions à d'autres passages de l'Ancien 1

Cité dans A.-L. de PREMARE, " "Comme il est écrit". L'histoire d'un texte », dans Studia islamica 70 (1989), p.

27-56 (40).

2

(éd.), " Die Griechischen Christlichen Schriftsteller der Ersten Drei Jahrhunderte, 25 », Leipzig, J. C. Hinrichs,

1933, p. 250) : " L'Apôtre lui aussi cite certains écrits apocryphes, comme lorsqu'il dit quelque part : L'oeil n'a

pas vu ni l'oreille entendu ; cela ne se retrouve en effet dans aucun livre canonique, mais seulement dans les

apocryphes du prophète Elie. » 3

Cf. J. VERHEYDEN, " Origen on the origin of 1 Cor 2, 9 », dans The Corinthian Correspondance, R. Bieringer

(éd.), BETL 125, Louvain, Peters, 1996, p. 491-511. 4

Cf. J.-M. SEVRIN, " "Ce que l'oeil n'a pas vu..." 1 Co 2, 9 comme parole de Jésus », dans Lectures et relectures

de la Bible, Festschrift P.-M. Bogaert, J.-M. Auwers et A. Wenin (éd.), BETL 144, Leuven, Leuven University

Press, 1999, p. 307-324.

5 JEROME, Commentaire sur Isaïe, XVII, sur 64, 3 (CCSL 73A, p. 735). 6

Is 64, 3, dans la traduction de la Bible de Jérusalem : " Jamais on n'avait ouï dire, on n'avait pas entendu, et l'oeil

n'avait pas vu un Dieu, toi excepté, agir ainsi en faveur de qui a confiance en lui. » Version grecque des Septante :

" Jamais nous n'avons entendu ni nos yeux n'ont vu un Dieu excepté toi et tes oeuvres que tu feras pour ceux qui

espèrent miséricorde. » 2

Testament

7 , ne serait pas l'oeuvre de Paul mais proviendrait, via la liturgie chrétienne primitive, de la l iturgie synagoga le et de tradi tions ra bbiniques. P. Prigent a solidement établi cette hypothèse 8 , renforcée peu de temps après par M. Philonenko 9 , grâce à un passage des Antiquités bibliques du Ps eudo-Philon usant de la même citati on que Pa ul mais avec une portée eschatologique, dans un contexte qui ne peut rien devoir ni à Paul ni au christianisme primitif et pourrait même remonter au 1 er siècle avant notre ère : Alors, ces [pierres] et d'autres encore, en plus grand nombre et bien plus belles, je les

prendrai dans ce [lieu] que l'oeil n'a pas vu ni l'oreille entendu ni n'est monté au coeur de l'homme,

jusqu'à ce qu'arrivent des choses semblables dans le monde. Alors les justes n'auront pas besoin de la

lumière du soleil ni de la splendeur de la lune, car la lumière des pierres très précieuses sera leur

lumière 10 Sans certitude définitive quant à l'origine première de ce logion, un certain consensus existe aujourd'hui sur le fait que ni Paul ni le Pseudo Philon n'en furent les inventeurs

mais qu'ils ont dû l'emprunter à un recueil de testimonia en usage dans la liturgie juive de la

période intertestamentaire 11 Quant à la portée et à la signification du logion, deux interprétations se font face, jusque chez les exégètes contemporains. Pour les uns, ces réalités que l'oeil n'a pas vues ni l'oreille entendues et qui ne

sont pas montées au coeur de l'homme renverraient aux biens eschatologiques de la vie éternelle.

C'est le sens que donnait à ce logion le ḥadîṯ déjà mentionné. J. Dupont a assumé comme allant

de soi cette position largement appuyée sur la tradition interprétative dominante 12 et pour

laquelle, très récemment, J.A. Fitzmyer a encore marqué sa préférence, sans penser devoir lui

non plus la justifier 13 Nombre d'exégètes, pourtant, ont perçu que cette interprétation eschatologique s'accorde mal avec le contexte des premiers chapitres de la 1

ère

aux Corinthiens et ont préféré

référer cette citation à la sagesse de Dieu telle que déjà révélée et réalisée dans le Christ, avec

l'ensemble des biens de grâce liés à l'incarnation rédemptrice, - ce que nous appellerons

l'interprétation mystique. A. Feuillet a donné la démonstration la plus ferme et profonde de

cette position, en suggérant que Paul a utilisé ce logion à la lumière des écrits sapientiaux, en

particulier les livres de Job et de Baruch, montrant par-là comment le Christ, reconnu comme 7

Pour " ce qui n'est pas monté au coeur de l'homme », on a proposé Is 65, 17 : " On ne se souviendra plus du

passé ; il ne montera plus au coeur » ou Jr 3, 16 : " Cela ne montera plus au coeur, on ne s'en souviendra plus, on

ne s'en préoccupera plus ». Le verbe " préparer », absent des textes hébreux et grecs d'Is 64, 3, apparaît dans la

Vulgate (64, 4) : " quae praeparasti expectantibus te. » 8

Cf. P. PRIGENT, " Ce que l'oeil n'a pas vu, 1 Cor. 2, 9. Histoire et préhistoire d'une citation », dans Theologische

Zeitschrift 14 (1958), p. 416-429. L'auteur, p. 420, cite un midrash sur Nb 27, 12 d'origine tanaïte qui pourrait

dater du 1 er

siècle : " Combien grand est le bien que tu réserves pour ceux qui te craignent (Ps 31, 20), car en outre

il est dit : Depuis l'éternité, on n'a pas compris, pas entendu, l'oeil n'a pas vu, ô Dieu excepté toi, ce que [Dieu] a

préparé pour ceux qui l'attendent » 9

Cf. M. PHILONENKO, " Quod oculus non vidit, I Cor. 2, 9 », dans Theologische Zeitschrift 15 (1959), p. 51-52.

10

PSEUDO-PHILON, Les Antiquités bibliques, 26, 13 (SC 229, p. 211). Pour la datation de cet ouvrage entre le

milieu du 1 er

siècle avant J.-C. et 70 après J.-C., cf. P.-M. BOGAERT, Introduction aux Antiquités bibliques, SC

230, p. 66 -74 ; Jean HADOT, Notic e introductive au Livres des antiquités bib liques, dans La Bible : Ec rits

intertestamentaires, " La Pléiade », Paris, NRF/Gallimard, 1987, p. 1227. 11

Cf. D. ZELLER, Der erste Brief an die Korinther, " Kritisch-exegetischer Kommentar über das Neue Testament,

dans Revue biblique 90 (1983), p. 229-242. 12

J. DUPONT, Gnosis. La connaissance religieuse dans les épîtres de Paul, Louvain. E. Nauwelaerts / Paris,

Gabalda, 1949, p. 107-108 et 190, n. 1.

13

J.A. FITZMYER, First Corinthians, " The Anchor Yale Bible, 32 », New Haven (CT), Yale University Press,

2008, p. 179.

3

sagesse personnifiée de Dieu, a accompli en plénitude la révélation par laquelle Dieu fait

connaître les secrets inaccessibles de sa sagesse à ses amis et ses élus 14 Plutôt que de devoir tr ancher e ntre c es deux interpré tations relati ves à la signification de la citation, l'eschatologique et la mystique, et en nous appuyant par contre sur ce que l'on peut considérer comme acquis concernant son origine, il nous semble que le problème serait mieux posé si l'on prenait soin de bien distinguer deux questions : d'une part

quelle est la portée du logion tel qu'il a pu être élaboré antérieurement à Paul et ensuite utilisé

par d'autres que Paul ? D'autre part quelle est la portée du logion tel que Paul l'a réemployé ?

Il n'est de fait pas impossible que Paul, tout en héritant ce logion de la liturgie synagogale puis

chrétienne, où il avait une portée eschatologique, lui ait donné une signification différente, en

particulier, comme l'a suggéré A. Feuillet, en l'utilisant à la lumière des écrits sapientiaux et

de sa propre perception du mystère du Christ comme sagesse de Dieu personnifiée, c'est-à-dire

dans un sens mystique. Ce qui cependant n'aura pas empêché le logion de continuer par ailleurs

à être employé par d'autres auteurs en sa signification originelle, indépendamment de la lecture

qui fut celle de Paul. Cela permettrait de mieux comprendre ce fait jusqu'ici trop peu remarqué : la double inte rprétation du logion ne concer ne pas seulement le monde de s exégète s

contemporains, appliqués à cerner du plus près la pensée de Paul, mais elle parcourt toute

l'histoire de l'usage de cette citation depuis deux mille ans.

Eschatologie ou mystique

Pour frayer le chemin en cette direction, il nous a paru utile de procéder à une

investigation sur la manière dont les Pères ont compris et utilisé cette citation, champ d'étude

jusqu'ici négligé par les exégètes. Par manière de sondage, nous avons retenu un échantillon

non-exhaustif de cent six textes dans lesquels notre logion se trouve cité, soit en entier, soit en

partie, dans ce dernier cas qu'il s'agisse d'éléments de la seule première partie - " ce que l'oeil

n'a pas vu ni l'oreille entendu, ce qui n'est pas monté au coeur de l'homme » - ou, beaucoup

plus rarement, de la seule deuxième partie - " ce que Dieu a préparé pour ceux qui l'aiment ».

Ces textes proviennent de trente auteurs différents s'étalant de la fin du premier siècle (Clément

de Rome) au début du septième siècle (Grégoire le Grand). Certains auteurs ne sont représentés

que par un texte (Clément de Rome, Irénée de Lyon, Théophile d'Antioche, Hippolyte, Cyprien

de Cart hage, Athanase d'Alexandrie, C yrille d'Alexandrie, Hila ire de Poitiers, Augustin, Apponius), deux (Tertullien, Didyme l'aveugle, Eusèbe de Césarée), trois (Macaire le Grand,

Grégoire de Nazianze, Anastase le Sinaïte) ou quatre (Théodoret de Cyr, Ambroise de Milan) ;

d'autres par une dizaine ou plus (Clément d'Alexandrie, Origène, Jean Chrysostome, Grégoire de Nysse, Jérôme, Grégoire le Grand). Les résultats d'ensemble laissent apparaître une nette majorité d'emploi au profit de l'interprétation eschatologique, dans la proportion des deux tiers (soixante-dix emplois sur cent six), al ors que l'interprétati on mystique n'intervie nt que dans trente-six textes. On comprend mieux pourquoi les exégètes se sont longtemps laisser impressionner par le poids de l'interprétation eschatologique, clairement dominante. Un deuxième constat initial explique un peu plus ce qui a pu induire un sentiment de fauss e évidence. Jusqu'à la f in du 2

ème

siècle ou début du 3

ème

, on ne tr ouve que l'interprétation eschatologique : Clém ent de Rome et le Pseudo-Clément, Théophile d'Antioche, Irénée de Lyon, Hippolyt e, le Martyre de Polycarpe et les Constitutions apostoliques, Tertullien et Cyprien de Carthage semblent ne connaître qu'elle. Il faut attendre Clément d'Alexandrie, dans le Pédagogue puis dans les Stromates, pour qu'appa raisse

l'interprétation mystique, nettement distincte de la précédente en ce qu'elle ne voit pas dans ce

14

A. FEUILLET, " L'énigme de I Cor., II, 9. Contribution à l'étude des sources de la christologie paulinienne »,

dans Revue biblique 70 (1963), p. 52-74. 4

que l'oeil n'a pas vu ni l'oreille entendu les biens du monde à venir, préparés pour ceux qui les

auront mérités ici-bas par leur amour et leur constance, mais les biens qui nous ont déjà été

donnés dans et par le Christ. Non plus seulement le pas encore promis pour la vie éternelle,

mais le déjà-là dévoilé par le Chris t et dès maintena nt répandu par son Espr it pour le

renouvellement intérieur de l'homme, bien au-delà de tout ce qui avait pu être attendu et désiré

auparavant. Illustrons le contraste des deux interprétations par deux exemples que ne doivent séparer chronologiquement que deux ou trois décennie, entre la fin du 2

ème

siècle et le début du 3

ème

. Dans le Traité à Autolycus de Théophile d'Antioche (entre 170 et 177) : Toi aussi - veux-tu - fréquente assidûment les livres des prophètes ; ils te seront des

guides plus clairs pour échapper aux châtiments éternels, et pour obtenir les biens éternels de Dieu. Car

celui qui a donné la bouche pour parler, qui a formé des oreilles pour entendre et qui a fait les yeux pour

voir, celui-là scrutera tout, jugera justement, et rétribuera chacun selon ses mérites. A ceux qui, selon

leurs forces, auront par des oeuvres bonnes cherché l'incorruptibilité, il donnera la vie éternelle, la joie,

la paix, le repos, la plénitude des biens que ni l'oeil n'a vu ni l'oreille entendu ni n'est monté au coeur

de l'hom me. Aux i nfidèles, à ceux qui auront cru par contre à l'ini quité, qui par tant sont p étris

d'adultère, de débauche, de pédérastie, de fourberie et de criminelle idolâtrie, à eux reviendra la colère,

l'indignation, l'oppression et l'anxiété, et, à la fin, ceux-là appartiendront au feu éternel

15 La portée eschatologique de notre logion est ici clairement attestée par les verbes

au futur, par la ment ion des " châtiments éternels », des " biens éter nels », de la " vie

éternelle », par la distinction entre les justes et les infidèles. Notons le contraste rhétorique entre

ce que les oreilles et les yeux donnés par le Créateur peuvent entendre et voir ici-bas, et les

biens futurs qui transcendent au contraire leur capacité. Dans le Pédagogue de Clément d'Alexandrie (" aux alentours ou aux approches de l'an 200 16 »), apparaît un tout autre contexte d'emploi : Qu'on ne perce pas, par un geste contre nature, les oreilles de ces femmes-là pour y

suspendre des boucles et des pendants d'oreilles ; car Dieu ne permet pas de faire violence à la nature,

au contraire de ce qu'elle a voulu, et, en vérité, il ne saurait y avoir pour les oreilles de meilleur

ornement, entrant dans les conduits naturels de l'ouïe, que la catéchèse de la vérité. Des yeux qui ont

reçu l'onction du Logos et des oreilles qui ont été percées en vue de la perception spirituelle préparent

à l'écoute des choses divines et à la découverte des réalités saintes, puisque le Logos montre en toute

vérité la beauté véritable, celle que l'oeil n'a pas vue et que l'oreille n'a pas entendue dans les temps

précédents 17 Le chrétien qui a laissé ouvrir ses yeux et ses oreilles par le Christ est désormais

" apte à l'écoute des c hoses divines » (θείων ἀκουστὴν) et " à la dé couverte des réalités

saintes » (ἁγίων ἐπόπτην). Nous sommes vraiment dans le déjà-là du Verbe qui " montre

que ni l'oeil ni l'oreille ne pouvaient percevoir " dans les temps précédents » (πρότερον), avant

sa venue dans le monde. Que Clément soit ou non l'inventeur de cette nouvelle manière

d'interpréter notre logion, la différence est nette : les mêmes mots et la même formule ne

renvoient plus du tout aux mêmes réalités.

Eschatologie et mystique

Un troisième constat s'impose alors aussitôt : loin que la nouvelle manière de comprendre et employer la citation soit incompatible avec l'interprétation eschatologique chez un même auteur, comme si le choix de l'une devait exclure l'autre, nous voyons au contraire les mêmes auteurs recourir aussi bien à l'une qu'à l'autre. 15 THEOPHILE D'ANTIOCHE, A Autolycus, I, 14 (SC 20, p. 90-93). 16 H.-I. MARROU, Introduction au Pédagogue, SC 70, p. 63. 17 CLEMENT D'ALEXANDRIE, Le Pédagogue, II, 12, 129 (SC 108, p. 242). 5 C'est en particulier le cas de Clément d'Alexandrie lui-même. Dans le même

Pédagogue, il y recourt en une perspective évidemment eschatologique, pour désigner les biens

véritables qui nous attendent au Ciel, par distinction d'avec les biens même légitimes de la terre,

qui ne sont pas véritablement divins ni véritablement des biens : Si vous m'écoutez, vous mangerez les biens de la terre (Is 1, 19), dit encore le Pédagogue,

qui appelle biens de la terre les belles choses humaines : beauté, richesse, santé, force, nourriture ; car

les biens qui sont réellement ceux que l'oreille n'a pas entendus et qui ne sont jamais montés au coeur

18 Ces biens qui sont " réellement des biens », par contraste d'avec les biens d'ici-

bas, ne relèvent pas du déjà-là de l'économie divine, mais uniquement de son pas encore,

puisqu'ils sont toujours objet d'attente.

Dans les Stromates également, le même 4

ème

livre offre l'une et l'autre des

interprétations. D'abord la mystique, pour caractériser la connaissance intimes des mystères de

Dieu auxquels le gnostique, ou chrétien véritable, est déjà associé et qui fait son bonheur dès

ici-bas, alors que le simple croyant se contente " dès maintenant, au temps présent » (Mc 10,

30) de goûter le centuple des biens de ce monde :

Naturellement les conséquences de ces disposit ions sont aussi différentes : pour le

gnostique, ont été préparées des choses que l'oeil n'a pas vues, que l'oreille n'a pas entendues et qui ne

sont pas montées au coeur de l'homme, alors que pour le simple croyant l'Ecriture atteste le centuple de

ce qu'il a quitté (cf. Mc10, 30), promesse qui peut bien s'accorder avec la compréhension humaine

19 Un peu plus loin, notre logion désigne au contraire l'espérance promise pour

l'éternité, Clément voulant affirmer que le gnostique ne fait pas le bien principalement pour

d'obtenir la récompense éternelle, - à la différence du simple croyant dont l'espérance de la

béatitude est le stimulant, - mais par le seul amour du bien voulu pour lui-même : L'homme intelligent et perspicace, c'est le gnostique. Son oeuvre n'est pas de s'abstenir

du mal - seuil d'un grand progrès - ni bien entendu de faire quelque chose par crainte, [...] ni non plus

par l'espérance de l'honneur promis (δι' ἐλπίδα τιμῆς ἐπηγγελμένης), car on trouve : Voici le Seigneur,

et sa récompense vient de sa face, pour rétribuer chacun selon son oeuvre ; ce que l'oeil n'a pas vu ni

l'oreille entendu et qui n'est pas monté au coeur de l'homme, ce que Dieu a préparé pour ceux qui

l'aiment ; mais la seule bienfaisance par l'amour, le bien pour lui-même : voilà ce que choisit le

gnostique 20 L'association de notre logion avec les thèmes de l'espérance et de la promesse

est caractéristique de l'interprétation eschatologique. Il est remarquable que voulant décrire la

même différence d'état entre le gnostique et le simple croyant, Clément se sert en deux lieux

proches de la même citation selon deux sens différents. Certes, il se trouve des aut eurs pour les quels n'apparaît qu'une seule

interprétation : Didyme l'aveugle (deux textes), Eusèbe de Césarée (deux textes), Grégoire de

Nazianze (trois textes) pour l'interprétation eschatologique ; Macaire le Grand (trois textes), Théodoret de Cyr (quatre textes), Ambroise (quatre textes), Anastase le Sinaïte (trois textes)

pour l'interprétation mystique. Notre échantillon n'ayant rien d'exhaustif, il est difficile de tirer

la moindre conclusion de cet exclusivisme. Par contre, les auteurs qui ont le plus recouru à notre citation et pour lesquels nous disposons d'une dizai ne de textes ont tous re couru alternativement aux deux

interprétations. Après Clément d'Alexandrie, on y trouve Origène, Jean Chrysostome, Grégoire

de Nysse, Jérôme, Grégoire le Grand. Ces deux inter prétations ne passe nt donc pas, à l'époque des Pères, pour

contradictoires mais plutôt complémentaires, sans qu'un auteur se sentent obligé d'opter pour

18

Ibid., III, 12, 86, 2 (SC 158, p. 166).

19

ID., Stromates, IV, 18, 114 (SC 463, p. 244).

20

Ibid., IV, 22, 135 (p. 280).

6

l'une ou pour l'autre. Pour tenter de comprendre ce fait, analysons la manière différente dont

notre citation est utilisée et exploitée selon qu'il s'agit de l'une ou de l'autre des interprétations.

Une citation hors contexte

Lorsqu'il s'agit de l'interprétation eschatologique, outre le fait que notre logion

se trouve très rarement attribué expressis verbis à Paul (trois cas, seulement, sur soixante-dix

21
il n'est jamais rapporté au contexte des premiers chapitres de la 1

ère

aux Corinthiens mais

toujours utilisé comme un en-soi détaché de son contexte, et par contre rapproché d'autres

citations bibliques dont la portée eschatologique ne fait aucun doute, autour des thèmes de la

promesse de la récompense et de la rétribution des oeuvres, en particulier Mt 24-26 et Rm 2, 6 :

Alors, dans le fracas d'un cataclysme, le Seigneur viendra et tous les saints avec lui (Mt

25, 31), sur les nuées avec son armée (Mt 24, 30 ; 26, 64) d'anges, sur le trône royal, pour condamner

le diable, le séducteur du monde, et rendre à chacun selon ses oeuvres (Rm 2, 6). Alors les mauvais s'en

iront au châtiment éternel, mais les justes entreront dans la vie éternelle (Mt 25, 46), héritant ce que

l'oeil n'a pas vu... 22
Il est fidèle, en effet, celui qui a promis de rendre à chacun selon ses oeuvres (Rm 2, 6).

7. Si donc nous avons pratiqué la justice devant Dieu, nous entrerons dans son royaume et recevrons les

promesses, les choses que l'oreille n'a pas entendues... 23
Ou de la transcendance inaccessible des biens éternels, en particulier 2 Co 4, 18 : A partir de cette parole où il dit : ne regardant pas ce qu'on voit mais ce qu'on ne voit

pas (2 Co 4, 18), [Paul] enseigne qu'à propos des biens futurs nous ne devons espérer aucun de ceux

qui maintenant sont vus ou peuvent être vus, même si l'on voit ce ciel visible, même si l'on voit la terre.

Entends ceci à leur sujet : Le ciel et la terre périront (Mt 24, 35), car ils sont visibles, mais comment

espérerais-tu ce que tu vois ? Rien donc, absolument, de ce qui se voit n'est à espérer dans le futur. Car

l'oeil n'a pas vu ce que Dieu a préparé pour ceux qui l'aiment... 24
Nous qui avons reçu promesse de biens intelligibles, nous sommes fascinés par les biens

sensibles et nous n'écoutons pas le bienheureux Paul nous dire : Les choses visibles n'ont qu'un temps,

les invisibles sont éternelles (2 Co 4, 18). Ailleurs encore, pour montrer que telles sont bien les faveurs

que Dieu a préparées à ceux qui l'aiment, l'Apôtre les désigne ainsi : Biens que l'oeil n'a pas vus...

25
L'usage eschatologique de notre logion, jamais relié au contexte de 1 Co 2, 9, fonctionne comme s'il s'agissait d'une sentence ayant par elle-même portée eschatologique, de

sorte qu'il n'est pas expliqué à la lumière des versets proches, mais sert a priori à prouver ex

auctoritate la qualité transcendante de la promesse de la vie éternelle, par manière d'argument

indiscuté. Pour reprendre une célèbre formule de Guillaum e d'Auxerre, il intervient alors

comme un principe qui " prouve sans être prouvé, un argument non une conclusion 26

Exégèse d'une citation en son contexte

Au contraire, chaque fois qu'un auteur veut rendre compte du sens exact de notre logion, soit dans le cadre d'un commentaire de la 1

ère

aux Corinthiens, soit à propos d'une 21

Cf. ORIGENE, Homélies sur les Nombres, IX, 8, 2 (SC 461, p. 130-131) : " Cette promesse sera préparée en

fonction d'un avenir qui la multipliera, de telle sorte que s'accomplira vraiment ce que dit l'Apôtre : Ce que l'oeil

n'a pas vu... » ; JEAN CHRYSOSTOME, Sermons sur la Genèse, XXVII, 2 (PG 53, col. 241) : " Bien plus grands et

secrets encore sont les bienfaits qu'il a promis après le passage d'ici dans le siècle futur à ceux qui ont emprunté

le chemin des vertus. Leur grandeur nous est recommandée en peu de mots par l'apôtre Paul : ce que l'oeil n'a pas

vu... » ; ID., Catéchèses baptismales, VIII, 11 (SC 50, p. 253-256), cité infra n. 25. 22
Les Constitutions apostoliques, VII, 32 (SC 336, p. 64). 23
PSEUDO-CLEMENT, Deuxième épître aux Corinthiens, 11, 6-7 (PG 1, col. 345). 24
ORIGENE, Commentaire sur l'épître aux Romains, VII, 3 (SC 543, p. 286-289). 25
JEAN CHRYSOSTOME, Catéchèses baptismales, VIII, 11 (SC 50, p. 253-256). 26

GUILLAUME D'AUXERRE, Summa aurea, I, prol. (éd. Ribaillier, " Spicilegium bonaventurianum, n° 16 », Paris,

Ed. du CNRS / Grottaferrata, Quaracchi, 1980, p. 15) : " Tamquam probans non probatum, argumentum non

conclusio. » 7

question posée à ce sujet, c'est toujours l'interprétation mystique qui est avancée. Quand cette

citation devient objet de démonstration en vue d'éclairer son inévidence, elle revêt alors, sans

exception, une portée mystique, précisément à la lumière du contexte précis des premiers

chapitres de la 1

ère

aux Corinthiens. Trois de nos auteurs ont commenté l'épître : Jean Chrysostome, Théodoret de Cyr et l'A mbrosiast er. Non seulement ils envisagent alors exclusivement l'interprétation

mystique du logion cité par Paul, sans aucune référence à son emploi eschatologique, mais ils

s'appuient principalement pour cela sur le lien logique et sémantique très serré qui unit entre

eux les versets de la péricope 1 Co 2, 7-10 : Ce dont nous parlons, c'est d'une sagesse de Dieu, mystérieuse, tenue cachée, celle que

dès avant les siècles Dieu a d'avance destinée pour nous notre gloire, celle qu'aucun des chefs de ce

monde n'a connu, - s'ils l'avaient connue, ils n'auraient pas crucifié le Seigneur de gloire, - mais comme

il est écrit : Ce que l'oeil n'a pas vu, ni l'oreille entendu et qui n'est pas monté au coeur de l'homme,

tout ce que Dieu a préparé pour ceux qui l'aiment. A nous, pourtant, Dieu l'a révélé par l'Esprit.

L'opposition chronologique principale ne porte pas sur le présent (ici-bas) et le

futur (éternité du Ciel), mais bien sur un " avant » le Christ et un " avec » ou " par » le Christ :

ce qui était caché avant le Christ, en particulier aux chefs de ce monde, cela est désormais

accompli et révélé aux croyants dans le Christ. Et quel est l'objet de cette révélation, ce qui

n'était pas monté au coeur de l'homme et qui est maintenant connu par les croyants grâce à

l'Esprit qui révèle ? Rien d'autre que cette sagesse restée longtemps mystérieuse et cachée par

laquelle Dieu a maintenant fait connaître la plénitude de son dessein de salut par la croix glorieuse de son Fils. Jean Chrysostome dégage admirablement cet " avant » et cet " après » le Christ, décisifs dans l'argumentation de Paul, mais que l'interprétation eschatologique ne peut quequotesdbs_dbs22.pdfusesText_28
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