[PDF]

En exprimant son sentiment d'exil, loin de la France mais surtout loin de son Anjou natal, Du Bellay traduit un mal-être éprouvé par nombre d'hommes au cours de leur existence : la nostalgie, cet état de d'abattement et de découragement causé par le regret obsédant du pays natal



Previous PDF Next PDF





[PDF] Proposition danalyse du texte 2 : « Heureux qui, comme Ulysse

Proposition d'analyse du texte 2 : « Heureux qui, comme Ulysse » de Joachim du Bellay Du Bellay (1522-1560) est un écrivain important du XVIe siècle, tant 



[PDF] Séance 8 : Voyages en poésie Corrigé du tableau et des questions

Heureux qui comme Ulysse Le Voyage La Tortue et les deux canards Les Saltimbanques Qui voyage ? Le poète, Du Bellay Les « étonnants voyageurs »



[PDF] Heureux qui comme Ulysse - Eklablog

Description du poème : Il s'agit d'un des poèmes les plus célèbres de la littérature française C'est un sonnet Il est composé de quatre strophes (deux de 4 vers 



[PDF] Heureux qui, comme Ulysse, Joachim du Bellay, Heureux qui

De retour en France, il publie les poèmes que lui a inspirés cette expérience douloureuse Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage, Ou comme cestuy- 



[PDF] Heureux Ulysse EXP 10-16 - Normale Sup

chanson « Heureux qui comme Ulysse a vu cent paysages » (Merci à 6 L' analyse proposée dans le présent article est proche de celle présentée dans une  



[PDF] Texte 1 – Du Bellay Introduction : - quelques mots sur Du Bellay, son

Heureux qui comme Ulysse : « Comment la structure du poème met-elle en valeur les sentiments du poète ? » Heureux qui comme Ulysse », un des sonnets des Regrets, est des poèmes les plus célèbres de Lecture Explication



[PDF] Heureux qui comme Ulysse - Education musicale

3- Joachim du Bellay s'installe quelques temps à Rome où il écrit le plus célèbre de ses poèmes : Heureux qui comme Ulysse, extrait du recueil : Les Regrets



[PDF] Ridan : Ulysse - TV5Monde

Rédiger un poème • Analyser un poème (rimes ) Le poème Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage est extrait du recueil « Les regrets » que Du 

[PDF] heureux qui comme ulysse brassens analyse

[PDF] heureux qui comme ulysse brassens partition piano

[PDF] heureux qui comme ulysse ce2

[PDF] heureux qui comme ulysse chanson

[PDF] heureux qui comme ulysse cm2

[PDF] heureux qui comme ulysse ridan analyse

[PDF] hierarchie b au senegal

[PDF] hierarchie fonction publique senegal

[PDF] hiroshima

[PDF] hiroshima mon amour livre pdf

[PDF] hiroshima mon amour résumé

[PDF] histoire ? remettre dans l'ordre maternelle

[PDF] histoire biblique en image

[PDF] histoire cm1 2016

[PDF] histoire cm2 programme

Objet d'étude :

Ecriture poétique et quête du

sens, du Moyen Âge à nos jours la pléiade et la codification du sonnet

Texte ཱི

DU BELLAY "Heureux qui, comme Ulysse..."Les Regrets (1558)

I) Introduction

Situation générale : On peut reprendre l'explication du premier texte (Las, où est maintenant...). On peut aussi adopter

le résumé ci-dessous. En partant pour Rome, Du Bellay avait nourri de grands espoirs :

-pour son oeuvre : Rome, dont il avait étudié avec tant de passion la langue et la civilisation lorsqu'il était à Paris au

collège de Coqueret (et qu'il avait Ronsard comme condisciple et le poète DORAT comme professeur), Rome allait

être, pensait-il, une merveilleuse source d'inspiration, en tant que prestigieux berceau de la civilisation.

-pour sa carrière diplomatique : en accompagnant son cousin, le cardinal Jean Du Bellay, dans une mission

diplomatique importante (il s'agissait d'obtenir du pape de l'argent pour soutenir la guerre de la France contre Charles

Quint), Du Bellay pensait s'initier au métier d'ambassadeur.

Il dut très vite déchanter devant :

-le spectacle d'une Rome corrompue, bien différente de la Rome vertueuse et vénérable qu'il avait rêvée à travers les

textes antiques -sa condition subalterne d'intendant et de secrétaire

Situation particulière : L'humaniste, qui travaille parallèlement à son autre recueil Les Antiquités de Rome, s'efface ici

devant l'homme : il y a dans ce poème une dimension autobiographique, le poète évoque sa douleur d'être loin de sa

patrie. Le recours à la littérature antique et au personnage grec d'Ulysse lui est naturel pour évoquer son propre destin.

En exprimant son sentiment d'exil, loin de la France mais surtout loin de son Anjou natal, Du Bellay traduit un mal-être

éprouvé par nombre d'hommes au cours de leur existence : la nostalgie, cet état de d'abattement et de découragement

causé par le regret obsédant du pays natal.

II) LectureIII) Plan

L'expression du regret et de la nostalgie trouve toute sa force à travers l'opposition entre gloire (mythologie grecque,

ville de Rome) et humilité (sentiments personnels, petit village d'Anjou), avec une victoire paradoxale pour la seconde.

Nous verrons donc successivement le style noble pour évoquer le glorieux, et le lyrisme personnel, pour évoquer

l'humble.

IV) Explication

A) Le style noble

Ce style héroïque, dit aussi "haut style", est le style utilisé pour évoquer les héros ou les dieux, et fait appel à la culture

du lecteur. C'est un style savant qui puise ses références dans la littérature. Ce style se caractérise par :

1) Le recours à la mythologie

En tant qu'humaniste, Du Bellay exprime spontanément ses sentiments à travers les légendes antiques. Ainsi, la

célébration du voyage et de l'aventure se fait-elle à travers les figures d'Ulysse, qui "a fait un

beau voyage" (v.1), et de Jason, "cestui-là qui conquit la toison".

Ulysse est le plus célèbre héros grec de l'Antiquité, avec Héraklès.. Resté dix ans au siège de

Troie, il mettra dix autres années pour revenir chez lui, dans l'île d'Ithaque, dont il est le roi.

Balloté d'un bout à l'autre de la Méditerranée par la colère de Poséidon (dieu des mers, dont

Ulysse avait tué le fils, le cyclope Polyphème), il cherche constamment à rentrer chez lui, c'est le but unique de toutes ses aventures. Jason, lui, part à l'aventure pour récupérer son trône de Thessalie, usurpé par son oncle Pélias : celui-ci lui promet de le lui rendre s'il rapporte la Toison d'Or, du bélier ailé Chrysomallos. Jason part donc avec les Argonautes

jusqu'en Colchide et mène à bien sa mission, aidé par Médée (qui, par amour, trahira son

père et dépècera son frère, et par vengeance tuera les enfants qu'elle a eus de Jason)...

2) Des figures de style "héroïsantes"

a)l'emphase : c'est le fait de rendre le propos solennel et pompeux. Ici la grandiloquence passe par la formule

"Heureux..." qui fait référence aux Béatitudes, ces huit vertus exaltées par le Christ dans le Sermon sur la

Montagne ("Heureux les coeurs purs car ils verront Dieu, Heureux les affligés car ils seront consolés,

Heureux les persécutés pour la justice car le royaume des cieux est à eux, etc.). Cette illustre référence rend

le propos majestueux et imposant, d'autant plus qu'il figure dans une phrase exclamative (v.4).

b)la périphrase : c'est le fait d'utiliser une expression imagée à la place du mot : au lieu de citer nommément

Jason, le poète évoque "cestui qui conquit la Toison", ce qui est une manière d'insister sur son côté

aventureux et héroïque, puisqu'il y a conquête, en même temps que c'est une façon d'établir une connivence

avec le lecteur, puisque le poète fait confiance à son érudition pour décoder la périphrase.

c)les latinismes : ce sont des emprunts directs au latin : "parents" signifie ainsi "famille", et "âge" signifie "vie",

selon le sens qu'avaient ces mots en latin. Cela a pour effet d'ennoblir le style, de lui donner de la hauteur.

d)les enjambements : l'évocation des héros mythiques se fait à travers une phrase qui déborde du cadre du

premier vers

Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage,

!!Ou comme cestui-là qui conquit la Toison

de même que dans le vers 2, la pause de la césure sera à peine marquée, constituant un enjambement à

l'hémistiche (on ne peut en effet guère séparer une relative de son antécédent), ce qui figure l'ardeur des

aventuriers en partance pour leur grand voyage (et à travers eux, celle de Du Bellay parti pour Rome).

3) Mais déjà un renversement de situation

Le vers 3 Et puis est retourné, plein d'usage et raison fonctionne comme une charnière, qui réoriente complètement le

sens du quatrain : la phrase ne s'arrête donc pas sur l'enthousiasme généré par la grande aventure, elle enchaîne

immédiatement sur l'idée du retour, en un nouvel enjambement qui montre que les deux premiers vers sont

indissociables des deux suivants, c'est-à-dire que le départ est indissociable du retour, et que l'aventure est belle

quand elle a une fin, quand on en REVIENT.

On voit donc qu'il ne faut pas se contenter des deux premiers vers, pourtant si souvent cités seuls...

Le but ultime de la prestigieuse aventure, c'est le retour : l'éloge du voyage, sur lequel le lecteur avait l'impression que

commençait le poème, est ainsi détourné au profit d'un éloge de la douceur à rentrer chez soi, en un effet de surprise

qui met fortement l'idée en valeur.

B) Le lyrisme personnel

Le retournement de situation à l'oeuvre dans le premier Quatrain se traduit par un changement de registre : l'héroïsme

fait place à un tout autre ton.

1) Le surgissement de l'émotion

!!Quand reverrai-je, hélas... L'émotion se révèle ici de plusieurs façons :

a) Le passage à la première personne : c'est maintenant lui-même que le poète va mettre en scène, par

opposition aux héros prestigieux qu'il vient d'évoquer !b) La plainte directe

"Hélas" marque la nostalgie, la souffrance de l'exil, en opposition directe avec "Heureux" qui commençait le poème.

c) La question rhétorique, qui n'attend pas de réponse et semble une question posée au destin, marque le

doute, l'incertitude, en opposition là encore avec la puissante exclamation qui commandait tout le premier Quatrain.

N.B. On remarquera que dans ce Quatrain les enjambements passent outre le cadre du vers, comme ils le faisaient

dans le premier Quatrain, mais pour un effet tout à fait différent : il ne s'agit plus ici d'ardeur et d'exaltation, le poète au

contraire semble perdu, désemparé, comme si c'était cette fois l'émotion qui l'empêchait de conserver le cadre

rigoureux du vers.

d) L'émotion se révèle aussi à travers l'opposition systématique, quasi obsessionnelle, entre Rome et l'Anjou :

- une opposition qui se fait d'abord sur deux vers !!Plus me plaît le séjour qu'ont bâti mes aïeux

Que des palais romains le front audacieux

puis se concentre sur un seul vers, hémistiche contre hémistiche, aux vers 11, 12, 13 et 14, en un effet d'accélération

qui figure à la fois l'émotion qui monte chez le poète et l'affirmation de plus en plus nette de ses préférences.

- de plus, l'utilisation à cinq reprises du comparatif "plus" ("Plus me plaît le séjour / Plus que le marbre dur / Plus mon

Loire gaulois / Plus mon petit Liré / plus que l'air marin") marque un parti pris de simplicité qui montre que les

sentiments pour sa patrie sont en train de l'emporter sur son admiration pour Rome, l'émotion est en train de

l'emporter sur la grandiloquence : plus de grands mots sonores, plus de rhétorique, le poète désormais se permet des

répétitions qui donnent un tour familier au poème et marquent clairement sa préférence pour le petit et l'humble.

2) La valorisation de l'intime

Le petit est en effet valorisé par rapport au grand (ce qui est particulièrement intéressant chez un poète qui a

beaucoup célébré la grandeur et la toute-puissance de Rome...) en une série de comparaisons symboliques :

a) Comparaison des origines

L'utilisation d'une périphrase pour évoquer sa maison (le séjour qu'ont bâti mes aïeux)

permet d'insister sur les racines du poète, sur son appartenance à une communauté, par

opposition aux "palais" dont le caractère "audacieux" (que souligne la diérèse) évoque une

certaine arrogance, un orgueil peut-être proche de l'hybris. L'hybris (prononcer "ubris") est la faute fondamentale dans la civilisation grecque : elle

consiste à être dans la démesure, c'est-à-dire à vouloir plus que la part que le destin attribue

à chaque mortel. Cette faute du dépassement de la limite s'oppose directement à l'idéal grec

de tempérance et de modération, et, à ce titre, est très sévèrement punie par les dieux, qui la considèrent comme un

crime. Tantale, qui donne son propre fils à manger aux dieux, est un bon exemple d'hybris. ⟹ Ainsi le poète préfère la famille à l'éclat de la gloire. b) Comparaison des matières

Le marbre dur évoque ici la permanence mais aussi la froideur de ce qui ne vit pas, tandis que l'ardoise fine rappelle

certes le caractère éphémère des choses, mais aussi leur délicatesse, leur fragilité attendrissante, à l'image de l'homme,

éphémère et vulnérable.

⟹ Le poète préfère la fragilité émouvante à la solidité insensible. c) Comparaisons géographiques

- Le Loire "gaulois", opposé au Tibre latin, est peu glorieux, puisque dans le passé la Gaule fut vaincue par les Romains ;

de même que le Liré, "petit" village sur la colline, ne peut rivaliser avec les magnifiques palais jadis situés sur le mont

Palatin. MAIS le poète y est chez lui, il peut dire "mon"... Et cette familiarité, cette appartenance l'emportent sur le

prestige des lieux romains. ⟹ Le poète préfère l'humilité à la célébrité - Enfin l'air marin (Rome est près de la mer) qu'évoquait le début du poème (Ulysse et Jason ont beaucoup navigué) et qui symbolisait l'appel du large, des aventures et des conquêtes, ne peut rivaliser avec la douceur angevine, mise en valeur par la rime féminine qui ouvre à la rêverie - d'autant plus qu'elle constitue le dernier mot du poème, qui s'achève ainsi avec la valorisation de ce qu'il y a de plus opposé à la gloire, la puissance et l'éclat de la Rome antique... ⟹ Le poète préfère ainsi la paix du foyer à l'appel de l'aventure.

V) Conclusion

- Un poème tout en contrastes, à l'image du thème principal qui est l'opposition entre l'humble et le glorieux, l'éphémère

et le durable, le domestique et l'aventure.

- Un poème de la nostalgie du pays natal, lieu commun souvent abordé par les poètes de l'Antiquité pour qui il n'est rien

de pire que d'être banni ou exilé (le bannissement était d'ailleurs une peine grave pour un citoyen romain coupable de

crime politique).

Ici Du Bellay magnifie son pays d'enfance, dans lequel il fut d'ailleurs, durant ses vingt premières années, plutôt solitaire

et souffrant...

- Un poème d'humaniste, qui allie une vraie connaissance de Rome à l'évocation naturelle d'Ulysse dont le désir de

rentrer chez lui était passée en proverbe.quotesdbs_dbs6.pdfusesText_11