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L'étranger de Camus

La plaidoirie de l'avocat__________________________________________________________________________________________

Texte :

L'après-midi, les grands ventilateurs brassaient toujours l'air épais de la salle et les petits éventails multicolores des jurés s'agitaient tous dans le même sens. La plaidoirie de mon avocat me semblait ne devoir jamais ifinir. A un moment donné, cependant, je l'ai écouté parce qu'il disait: "Il est vrai que j'ai tué.» Puis il a continué sur ce ton, disant "je» chaque fois qu'il parlait de moi. J'étais très étonné. Je me suis penché vers un gendarme et je lui ai demandé pourquoi. Il m'a dit de me taire et, après un moment, il a ajouté: "Tous les avocats font ça.» Moi, j'ai pensé que c'était m'écarter encore de l'afffaire, me réduire à zéro et, en un certain sens, se substituer à moi. Mais je crois que j'étais déjà très loin de cette salle d'audience. D'ailleurs, mon avocat m'a semblé ridicule. Il a plaidé la provocation très rapidement et puis lui aussi a parlé de mon âme. Mais il m'a paru qu'il avait beaucoup moins de talent que le procureur. "Moi aussi, a-t-il dit, je me suis penché sur cette âme, mais, contrairement à l'éminent représentant du ministère public, j'ai trouvé quelque chose et je puis dire que j'y ai lu à livre ouvert.» II y avait lu que j'étais un honnête homme, un travailleur régulier, infatigable, ifidèle à la maison qui l'employait, aimé de tous et compatissant aux misères d'autrui. Pour lui, j'étais un ifils modèle qui avait soutenu sa mère aussi longtemps qu'il l'avait pu. Finalement j'avais espéré qu'une maison de retraite donnerait à la vieille femme le confort que mes moyens ne me permettaient pas de lui procurer. "Je m'étonne, messieurs, a-t-il ajouté, qu'on ait mené si grand bruit autour de cet asile. Car enifin, s'il fallait donner une preuve de l'utilité et de la grandeur de ces institutions, il faudrait bien dire que c'est l'Etat lui-même qui les subventionne.» Seulement, il n'a pas parlé de l'enterrement et j'ai senti que cela manquait dans sa plaidoirie. Mais à cause de toutes ces longues phrases, de toutes ces journées et ces heures interminables pendant lesquelles on avait parlé de mon âme, j'ai eu l'impression que tout devenait comme une eau incolore où je trouvais le vertige. A la ifin, je me souviens seulement que, de la rue et à travers tout l'espace des salles et des prétoires, pendant que mon avocat continuait à parler, la trompette d'un marchand de glace a résonné jusqu'à moi. J'ai été assailli des souvenirs d'une vie qui ne m'appartenait plus, mais où j'avais trouvé les plus pauvres et les plus tenaces de mes joies: des odeurs d'été, le quartier que j'aimais, un certain ciel du soir, le rire et les robes de Marie. Tout ce que je faisais d'inutile en ce lieu m'est alors remonté à la gorge et je n'ai eu qu'une hâte, c'est qu'on en ifinisse et que je retrouve ma cellule avec le sommeil. C'est à peine si j'ai entendu mon avocat s'écrier, pour ifinir, que les jurés ne voudraient pas envoyer à la mort un travailleur honnête perdu par une minute d'égarement, et demander les circonstances atténuantes pour un crime dont je traînais déjà, comme le plus sûr de mes châtiments, le remords éternel. La cour a suspendu l'audience et l'avocat s'est assis d'un air épuisé. Mais ses collègues sont venus vers lui pour lui serrer la main. J'ai entendu: "Magniifique, mon cher.» L'un d'eux m'a même pris à témoin: " Hein? » m'a-t-il dit. J'ai acquiescé, mais mon compliment n'était pas sincère, parce que j'étais trop fatigué.

Éléments d'introduction et contexte :

Camus :

- prix Nobel de littérature en 1957 - écrivain et philosophe français à l'oeuvre très diverse - a écrit des pièces (Caligula, Les Justes) des romans (La Peste, L'Etranger) et des essais (Le mythe de Sisyphe) - ses oeuvres traitent de l'absurdité de la condition humaine

L'Etranger :

- c'est l'un des premiers romans de Camus (publié en 1942) - Le personnage principal, qui ne porte qu'un patronyme - Meursault - fait la découverte de l'absurde à travers une vision du monde pessimiste qui va permettre une prise de conscience et une révolte. Ainsi Meursault évolue-t-il au ifil des pages de L'Etranger : dans une première partie, il apparaît au lecteur comme un individu coupé de la société par sa solitude morale et l'absence, dans son discours, de tout sentiment ; mais le meurtre qu'il commet, poussé par le hasard et les circonstances, le conduira, dans la seconde partie du roman, à se confronter à la société, et plus particulièrement au monde de la justice et de la religion, à prendre conscience de l'absurdité de ce monde, et à se révolter.

La plaidoirie de l'Avocat :

- L'extrait que je vais étudier se situe dans cette seconde partie, au chapitre IV. A la suite du violent réquisitoire du procureur, l'avocat de Meursault prend la parole. C'est Meursault lui-même qui rapporte ce discours, mêlant à la scène les souvenirs de sa vie. Les procédés rhétoriques et leur interprétation :

ProcédésInterprétations

Périphrases " un honnête

homme », " un travailleur honnête perdu dans un moment d'égarement »Ces périphrases pourraient coller à n'importe qui et ne veulent rien dire en déifinitive. Ces formules clichées n'ont aucune eiÌifiÌicacité puisqu'elles ne permettent pas de déifinir Meursault dans sa spéciificité, dans son unicité mais, au contraire, le noient dans des considérations vagues et générales.

Hyperboles : " remords

éternel », " ifils modèle »Censées créer une image parfaite de l'accusé dans l'esprit des jurés, ces formules sont systématiquement employées par tous les avocats de la défense et ne correspondent plus à personne en particulier. De plus, ces hyperboles ne trompent personne, chacun ayant intégré le rôle de l'avocat de la défense : défendre son client par tous les moyens, même le mensonge.

Discours indirect : " Il y avait

lu que j'étais un honnête homme, un travailleur [...] infatigable »Détruit tout l'art oratoire, tous les efffets recherchés par l'avocat. Sa tirade en perd ton emphase rhétorique. Et comme ce discours n'a aucune d'épaisseur, il devient pour Meursault une suite de " longues phrases »

Meursault n'hésite pas à faire

part de son profond

étonnement : " j'étais très

étonné »Ce constat est d'autant plus brutal qu'il s'exprime avec des phrases courtes et une syntaxe simple, sans coordonnant  le lecteur est amené à s'interroger avec lui sur les pratiques étonnantes, ritualisées mais vides de ce tribunal. " d'un air épuisé »Le mot " air » signale que l'avocat n'est donc pas réellement épuisé mais doit en donner l'impression aux jurés car seule l'impression prévaut " magniifique, mon cher »Ses collègues viennent saluer sa performance, comme on salue celle d'un acteur à la ifin de sa représentation. L'impression esthétique faite au jury est plus importante que la force et l'eiÌifiÌicacité du contenu  parodie de justice ! Et le fait que " l'un d'eux m'a même pris à témoin » revêt pour le lecteur une dimension tragique : demander à l'accusé de féliciter son avocat sur sa prestation !

Parallélisme antithétique entre

les " grands ventilateurs » du plafond et les " petits éventails » des jurésLes assimile à un élément mobilier de la pièce

Pluriels dans " des jurés », "

les petits éventails », renforcés par l'emploi de l'adverbe " tous » ou du complément de moyen : " dans le même sens »Donne une étrange impression d'uniformité, de conformisme et d'automatisme, comme si les jurés formaient un groupe homogène, sans personnalité diffférenciée  comme s'ils avaient déjà tous le même point de vue car écrit, prévu à l'avance. On notera également que leur bien-être face à la chaleur ambiante semble surpasser l'enjeu du procès.

Verbes " s'agitaient » et "

brassaient...l'air »Ces verbes prennent des connotations très péjoratives, évoquant un mouvement indiscipliné et nerveux, totalement superificiel.

Leur présence = du vent !

Verbes de perception " me

semblait », " m'a semblé », " m'a paru », " j'ai senti », " j'ai eu l'impression »Meursault ne connaît pas ce monde de la justice. Ces verbes signalent des perceptions vagues, incertaines, face à quelque chose qui ne lui correspond pas, sur lequel il n'a aucune prise et qui semble ne pas le concerner en fait.

Comparaison " comme cette

eau incolore »Lui retire toute substance intérieure. Sa vie est révolue et cette absence de substance se propage à ce qui l'entoure : "j'ai eu l'impression que tout devenait comme cette eau incolore »

Formules d'éloignement : "

j'étais très loin de cette salle d'audience » ; " c'est à peine si j'ai entendu mon avocat s'écrier »Mettent clairement en valeur le recul presque physique pris par Meursault, il ne fait pas partie de cette salle, de ce monde

Hyperbole : " la plaidoirie de

mon avocat me semblait ne jamais devoir ifinir »Montre explicitement l'attente impatiente de

Meursault de voir cette mascarade s'achever

enifin. Il s'agit pourtant d'une " plaidoirie », c'est à dire du discours ifinal de la défense qui récapitule tous les éléments à décharge, censés lui éviter la condamnation !

Anaphore hyperbolique : " à

cause de toutes ces longues phrases, de toutes ces Meursault résume tout son procès en une seule phrase globalisante, ne singularisant aucun moment, aucune lumière qui aurait pu journées et ces heures interminables »le ramener dans ce monde. " Il m'a dit de me taire »Il n'a aucune autonomie ou pouvoir décisionnel, il doit se soumettre au système, c'est tout.

Métaphore + métonymie " je

me suis penché sur cette âme »Le verbe " penché » suggère un abaissement de l'avocat vers Meursault comme si celui-ci lui était inférieur ou comme s'il était un objet à scruter + la réduction de Meursault à une "

âme » en occulte toutes les autres

composantes, pourtant essentielles

L'avocat dit " je » à sa place :

" il est vrai que j'ai tué »Meursault est nié dans son essence même et remplacé par un autre qui aiÌifiÌirme de plus parfaitement le connaître (ce que l'extrait en focalisation interne dément totalement)

Modalisateurs comme " pour

lui »L'avocat aiÌifiÌirme le connaître, l'avoir métaphoriquement " lu à livre ouvert » alors qu'en fait, Meursault fait comprendre au lecteur qu'il n'en est rien

Expressions métaphoriques "

m'écarter encore de l'afffaire », " me réduire à zéro » ; " se substituer à moi »Engendrent un processus de réiification (transformation en chose) et le réduisent à un simple meuble posé dans le tribunal

Sensation indéterminée

d'abord : " vertige »Symbolise la future plongée en lui-même

Sensations auditives : "

résonné »; " le rire [...] de

Marie »; " c'est à peine si j'ai

entendu »; " j'ai entendu »Sens majeur, qui prend presque la forme d'hallucinations, puisque ces sons proviennent de son esprit et non de ce qui l'entoure

Sensations olfactives : " des

odeurs d'été » + sensations visuelles : " les robes de Marie

»Ce mélange de sensations provoquées par

l'environnement extérieur et de celles retrouvées par le biais du souvenir correspondent à des moments en tout opposés

à l'univers du tribunal et font prendre

conscience au personnage qu'il a été un jour vivant et, ifinalement, heureux. Cependant, ce bonheur est terminé... " je me souviens » + plus- que-parfait : " où j'avais trouvé »Emportent Meursault et le lecteur dans le passé

Hyperbole " les plus pauvres

et les plus tenaces de mes joies »Pour Meursault, il s'agit d'un passé agréable, quoiqu'imparfait

Métaphore : " une vie qui ne

m'appartenait plus »Ce souvenir est déifinitivement révolu Métaphore : " assailli »Indique que ses souvenirs apparaissent en masse, d'une manière soudaine, le submergent, entre impression agréable et désagréable. Il n'a rien ressenti depuis si longtemps que cela peut lui faire mal

Métaphore : " remonté à la

gorge »Indique un sanglot ou une nausée devant l'absurde et traduit physiquement les émotions du personnage. Il est physiquement la proie des émotions, preuve qu'il se réveille enifin !quotesdbs_dbs8.pdfusesText_14