PDFprof.com Search Engine



Entre la philologie et la stylistique (Espagne)

PDF
Images
List Docs
:

Entre la philologie et la stylistique (Espagne)
Démographie des entreprises :
Chapitre 1 :L'entreprise et son environnement
Chapitre II : L'environnement de l'entreprise
Etude d'impact Environnemental et Sociale
Partie I Les relations entre population et environnement en zone
Étude de l'impact environnemental et social
Etude d'impact environnemental et
RAPPORT DES ETUDES D'IMPACTS ENVIRONNEMENTAL ET
Philologie classique et taxinomie des textes
Philologie classique
Next PDF List

Tous droits r€serv€s  Les Presses de l'Universit€ de Montr€al, 1987This document is protected by copyright law.

Use of the services of ƒrudit(including reproduction) is subject to its terms and conditions, which can beviewed online.https://apropos.erudit.org/en/users/policy-on-use/This article is disseminated and preserved by ƒrudit.ƒrudit is a non-profit inter-university consortium of the Universit€ de Montr€al,Universit€ Laval, and the Universit€ du Qu€bec " Montr€al.

Its mission is topromote and disseminate research.https://www.erudit.org/en/Document generated on 02/08/2024 12:36 p.m.€tudes franaisesEntre la philologie et la stylistique (Espagne)Antonio Gomez-MorianaVolume 23, Number 1-2, Fall Winter 1987L'enseignement de la litt€rature dans le mondeURI: https://id.erudit.org/iderudit/035711arDOI: https://doi.org/10.7202/035711arSee table of contentsPublisher(s)Les Presses de l'Universit€ de Montr€alISSN0014-2085 (print)1492-1405 (digital)Explore this journalCite this articleGomez-Moriana, A. (1987).

Entre la philologie et la stylistique (Espagne). €tudesfranaises, 23(1-2), 171 185. https://doi.org/10.7202/035711arEntre la philologieet la stylistique(Espagne)ANTONIO GÔMEZ-MORIANABien que Y illusion du caractère autonome du littéraire, toutcomme de l'art en général, naît du projet émancipateur de l'Illus-tration - dans sa tentative d'établir une science, une morale et unart qui n'obéiraient, respectivement, qu'à la seule norme scientifi-que, éthique et esthétique - , ce n'est qu'à une époque très récen-te que la critique littéraire a commencé à isoler son objet d'étude.Telle était la force de l'historicisme (dans ses différentes modalités)et de l'identification des études philologiques avec ses objectifs etses méthodes de travail depuis la Renaissance européenne.

C'estainsi au vingtième siècle - et sous l'impact exercé presque simulta-nément par le structuralisme linguistique, par la sémiotique et parle Formalisme russe - , que les études littéraires centrent leur at-tention sur ladite "littérarité» ou sur les formes conçues commestructures, c'est-à-dire sur les principes de composition du "tout»,du texte, plutôt que sur les composantes de celui-ci dans ses origi-nes et son développement historique.

Sémiotique et philologie seretrouvent donc face à face dans leur premier contact, commedeux ennemies irréconciliables.

La première est synchronie, systèmede signes organisé selon des axes d'opposition (comme la philolo-gie saussurienne) ; la seconde, diachronie d'éléments isolés et dontl'étude ignore la totalité dans laquelle ils s'inscrivent (comme laphonétique - toujours diachronique - de Saussure).

Une opposi-Étudesfrançaises, 23,1-2, 1987172 Études françaises, 23,1 -2tion mal comprise et incontestée1 entre diachronie et synchroniemarque ainsi les premières étapes d'une rénovation des études lit-téraires à partir du modèle linguistique et dans le cadre de la sé-miologie de la culture dont Saussure rêvait comme d'une scienceuniverselle, capable de rendre compte de tous les systèmes de si-gnes grâce auxquels les hommes communiquent entre eux.

Aban-donnant très tôt ce projet qui, parallèlement à des concepts com-me "système» ou "structure» (de caractère plus ontologique), enreconnaissait d'autres plus socio-historiques comme "communica-tion» et "convention», le structuralisme devient alors le grand dé-fenseur de l'étude immanente du texte littéraire - l'étudesynchronique - , alors que les études philologiques étaient tom-bées dans d'indéniables excès durant les dernières décennies duXIXe et tout au long du XXe siècle.

C'est en effet dans cette pério-de que les études philologiques servent plus que jamais au renfor-cement des nationalismes (européens, notamment), en insistantsur le "génie créateur» d'un groupe ou d'une nation et en orien-tant la recherche historique - dans un extraordinaire déploie-ment de données biographiques et d'érudition historique - versla défense (apologétique) de l'antériorité dans le temps de sa pro-pre création.

Ainsi, celles des autres en étaient réduites à des copiesou des continuations de celle-ci, d'après le principe universelle-ment accepté : "post hoc, ergo propter hoc».

Rappelons - pour ne citerqu'un exemple dans le champ des études hispaniques - les re-cherches "littéraires» de Menéndez Pelayo, que nous pouvons au-jourd'hui comprendre comme un projet de retracer l'histoire desapports du génie espagnol à l'Histoire universelle, projet qui sedessine déjà dans sa première apparition en tant qu'écrivain et cri-tique - la controverse sur la science espagnole - et qui marque,par la suite, toute son oeuvre ainsi que celle de ses successeurs,1.

Déjà en 1927, Juri Tinjanov et Roman Jakobson dénoncent la synchro-nie saussurienne comme étant une "illusion» (cf.

Reading in Russian Poetics, L. Mat-leika et K.

Pomorska (édit.), Cambridge, Mass., MIT Press, 1971, p. 80) ; un anplus tard, Jakobson propose la transformation de la phonétique historique ("loisphonétiques» pour Saussure, comme pour les néogrammairiens) en une "histoiredes systèmes phonémiques» (cf.

Retrospect, Selected Writings, vol. 10, Gravenhage,Mouton, 1962, pp. 1-2), projet que réalisera par la suite André Martinet dans sonlivre Économie des changements phonétiques (1955).

Mais cette branche linguistique etson écho postérieur dans le structuralisme de Prague ne fut pas celle qui encoura-gea les structuralismes anthropologique, littéraire et même linguistique dans le res-te de l'Europe et aux États-Unis.

Pour eux, synchronie signifie toujours une réalitéstatique, la seule pouvant être perceptible par la conscience collective en tant quesystème.Entre la philologie et la stylistique 173et ce, encore de nos jours2.