En ce qui concerne le problème du développement en Afrique, la littérature actuelle privilégie les interprétations « individualistes » (par exemple, l’absence d’esprit entrepreneurial), culturelles ou institutionnelles. Nous souhaitons au contraire mettre l’accent sur les obstacles structurels au développement capitaliste en Afrique.
Il est fréquent que l’on considère que le principal obstacle au futur développement de l’Afrique subsaharienne est de nature politique. Dans cette perspective, les Etats forts et les institutions représentatives sont perçus comme les préalables nécessaires au développement selon une représentation très répandue parmi les chercheurs et les médias.
Les pays d’Afrique subsaharienne ont abordé la crise avec une dette élevée et moins de moyens pour dépenser. Les trains de mesures budgétaires liées à la pandémie dans la région n’ont atteint que 2,6 % du PIB en moyenne en 2020, soit bien moins que les 7,2 % du PIB dépensés par les pays avancés.
A notre avis, les observateurs ont pris les effets pour les causes. Au contraire, la raison pour laquelle l’Afrique subsaharienne (à quelques exceptions près qui confirment la règle) a des institutions politiques faibles est le sous- développement et la faiblesse du développement capitaliste en particulier.