De là trois sciences: La théorétique qui a pour objet la spéculation; la pratique, qui se définit par son nom même; elle équivaut à ce qu'on appelle aujourd'hui la morale; enfin la poétique, qui a l'art pour objet." Après Aristote, cette division tombe en désuétude.
La philosophie n'est pas née à proprement parler en Grèce, mais dans les colonies grecques d'Asie Mineure.
C'est à Milet qu'une lignée de physiciens, souvent appelés ioniens en raison de leur origine, commencent à spéculer, dès le début du vie siècle avant J.
L'histoire de la philosophie n'est pas un appendice optionnel à la philosophie.
Elle identifie les théories et les controverses principales de la philosophie ; elle canonise les grands penseurs et les textes de base de la discipline ; et elle définit les tendances et les périodes majeures de son évolution.
« Dans un passage de son traité Sur la nature des dieux (I 34, 93), Cicéron présente Socrate comme le “père de la philosophie”.
Or suivant une autre tradition, bien établie, le premier philosophe fut en réalité Thalès de Milet, dont la naissance précède de plus d'un siècle celle de Socrate.
AbbéA,ROBERTHistoiredelàPhilosophieTyp.LAFLAMME&PROULX,, QUEBECC^kDigitizedbytheInternetArchivein2011withfundingfromUniversityofTorontohttp://www.archive.org/details/histoiredelaphilOOrobeHISTOIREDELAPHILOSOPHIEAbbéArthurROBERTLicenciéenSciencesPolitiquesetSocialesdel'UniversitédeUouvainDocteurdel'AcadémieRomainedesaintThomasd'AquinDocteurenThéologieetenPhilosophieProfesseurdePhilosophieàl'UniversitéUavalHISTOIREDELAPHILOSOPHIEQUEBECTyp.Laflamme&Proulx1912THEINST^UOIES10p;*ç>£TORONTO5(CANADA,MAR291932Permisa'imprtmer.A.-E.GOSSEUN,ptre,Sup.Sém.,Québec.Québec,22janvier1912.Nihilobstat.L.-A.Paouet,pter,P.A.,Censordeputatus.Québec,22janvier1912,Imprimatur.tL.-N.,Arch.deQuébec.Québec,22janvier1912.Droitsréservés,Canada,iq/2.AseschersÉlèvesdePhilosophieL'AUTEURDÉDIEAFFECTUEUSEMENTCESPAGESPREFACECeuxquiontl'expérienceduprofessoratrecon-naissentvolontiersquerenseignementsansma-nuelsestunesourced'ennuisetpourlesélèvesetpourlesmaîtres.Obligés,laplupartdutemps,ceux-ciàdicter,ceux-lààcopier,lesunsetlesautrestrouventpeudecharmeàlaclasse - cequiesttoujoursregrettable - sanscompterqu'ilssexposentànepouvoirétudiertoutelamatièreinscriteauprogrammedel'institution.Cettefaçond'enseignerconvientauxgrandesuniversitésoùlesprofesseurs,/adressantàlajeunessequiadéjàreçuuneformationsecon-daire,peuventdissertersavammentetlongue-mentsurdifférentesquestionssanssuivreunauteurenparticulier,libreàleursauditeursdeprendredesnotesetdeconsulterlesouvragesnécessairesàlapréparationdesthèsesetdesexamens.Maisdansnosséminairesetnoscol-lègesclassiquesdontlebutestdeprocurerauxjeunesgensdesnotionsgénérales,etnond'enfairedesspécialistes,lesmanuelssontetseronttoujoursnécessaires.Or,unbonnombredecesmaisons - bienque10cecoursnesoitpasencoreexigépourl'épreuvedubaccalauréatetdel'inscriptionàl'UniversitéLaval - ontmisdansleurprogrammedesleçonsd'HistoiredelaPhilosophie.Et,commenous,leprofesseurchargédecetteclasseestastreintàl'ennuyeusebesognededicterauxélèvescequifaitl'objetdesonenseignement.Aussibien - n'est-cepassotteprétentiondeledire? - c'estpourremédieràcettesituation,qu'aprèslesavoirrevues,corrigées,augmentées,nousavonsréunienunvolume,sousletitred'HistoiredelaPhi-losophielesnotesquiontfaitlamatièredenotrecoursdepuisbientôtcinqans.ATousnedironspasquecetteHistoirevient"comblerunelacune» seulement,nousespé-ronsqu'elleseradequelqueutilitéànoscollègues,ànosélèves,auxétudiantsdesécolesnormalesetdesécolescommercialessupérieures,auxjeunesfillesdescouvents,voireauxlaiesinstruits - etilssontnombreux - soucieuxdeserenseignersurlesproblèmessiintéressantsdelaPhiloso-phie,maisquelesoccupationsjournalièresdé-tournentdesspéculationsmétaphysiquesouem-pêchentdeconsulterlesénormesin-foliosoù,endétail,sontexposéeslesgravesquestionsconcer-nantDieu,l'âmehumaineetlemonde.C'estdirequenotremanuelestnécessairementincomplet.Ecrivantpourdesélèvesetpourceuxquin'ontpasleloisirdesemettreaucourantdetoutelalittératurephilosophique,nousavonsviséavanttout,àfaireuneoeuvredevulgarisation.11Certes,lesécritsdecegenrenemanquentpas;et,parmieux,ilyenad'excellents.Toutdemême,aupointdevueoùnousnoussommesplacé,nouscroyonsqu'ilsnerépondentpastoutàfaitauxbesoinsdenotreclasseétudianteetdenotrepublicinstruit.GénéralementlesHistoiresdelaPhilosophiesonttroplonguespouruncourssecondaire.Quelques-unes,sansméritercere-proche,ontunlangagepartroptechnique,unexposépartropscientifique'autantdechosesdenatureàrebuterceuxquineveulentpasdevenirspécialistesenlamatière.Ausurplus,cemanuelnepeutpasetnedoitpasremplacerleTraitédephilosophiesuividansnosmaisonsd'éducationaffiliéesàVUniversitéLaval.Car,ilnefautpasoublierquelaphilosophiepro-prementditeestdifférentedel'histoiredelaphi-losophie:celle-cisupposecelle-là.Etcettere-marquenousamèneàsignaler,enpassant,unetendance,encertainsmilieux,àremplacerlavraiescienceparl'histoire.Aujourd'huiondissertesurtouteslesdoctrines,onexposetrèsaulonglessystèmesparlesquels,depuisl'antiquitéjusqu'ànosjours,lesphilosophesonttouràtouressayéderésoudrelesgrandsproblèmesdelacertitude;onmultiplieleslectures:bref,suivantl'expressionconsacrée,onétudielesquestionsparledehors.Quecettemanièred'enseigneraitdescharmes,personnenelecontestera.Eneffet,onaimetou-joursleplusfacile:etparcourirtouteslesthéo-ries,sanstroplesapprofondir,offrel'attraitdu[2nouveau,partant,estplusintéressant.Maislaconséquencetoutenaturelledeeetteméthode,estquel'enseignementdelaphilosophie,ainsiréduitàunesimplenomenclaturedenomsetd'écoles,dégé-nèreenunpuréclectismequi,tôtoutard,iné-vitablement,conduitaupirescepticisme.Etdonc,logiquement,l'histoiredelaphilosophievientaprèsuncourscompletdephilosophie,lequelapourbutdefourniràl'intelligencedesprincipes,desthèsesfondamentalesquilarendentcapablederésoudrelesobjections,deseprononcersurlarâleurdesdiversesdoctrinesetdevoirsurquellesbasesfragilesdesphilosophes,mêmedegrandnom,ontconstruitl'édificedeleurssystèmes.D'autrepart,bienquelaphilosophiesoitdis-tinctedesonhistoire,l'unecependantn'exclutpasl'autre.Etici,ilyaencoreunexcèsàéviter:ils'estrencontrédesphilosophespourquil'his-toiredelaphilosophieneprésentaitaucuneutilité.DescartesetMalebranche,eneffet,sesontpeupréoccupésenmatièrephilosophiquedecequiavaitétéditavanteux,etlesopinionsdeleursdevanciersn'ontjamaiseuledondelesémou-voiroutremesure.Contentons-nousd'affirmerquesurcepoint - commesurbiend'autresd'ail-leurs - lesdeuxgrandsphilosophesfrançaissesontétrangementtrompés.Celaimportepeu,//estvrai,selonlemotdeMalebranche,qu'Aristote"aitcruàl'immortalitédel'âme»;toutefois,cequiimporte,etbeaucoup,c'estdeconnaîtrelesraisonssurlesquellesleStagiriteappuiesa•3croyance.Or,cesraisons,l'histoiredelaphilo-sophieaprécisémentpourfindelesénuméreretd'enfairelacritique.Etpournepasrépétertoutcequenousdisonsplusloinausujetdel'importancedel'histoiredelaphilosophieengénéral,qu'ilsuffised'énoncerbrièvementquelquesavantagesquelesélèvespourrontretirerdecetteétude.Dansnosséminairesetnoscollègesclassiques,onlesaitdéjà,laphilosophieenseignéeestcelled'Aristotc,desaintThomas,philosophievulgai-rarementappeléescolastique.Etdeuxannéesdurant,lesdeuxdernièresducours,lesétudiantssontinitiésauxsecretsdelaphilosophietradi-tionnelle.Desprofesseurscompétentsetavertis,ayantenvuenonseulementlapréparationauxexamens,maisaussilaformationdeleursélèves,sefaisantundevoirdeconscienced'enseignercommeprobablecequiestprobableetcommecertaincequiestcertain,devantunauditoireavidedevérité,exposentcettelargeetpuissantesynthèsescolastique,gloiredumoyenâge,àlaquelle,denosjours,reviennentlesmeilleursesprits.Mais,ilfautl'avouer,àpartlaphilosophiescolastique,deparlemondedelapensée,ilexisted'autressystèmesenvogue.Est-ceàdirequelesélèvesdel'enseignementsecondairedoiventcon-naîtreàfondtoutescesthéories?Non,ceseraitlàunprocédéquisortiraitducadredeleurcours.Cependant,uneétudecomparativedesdoctrines, - 14 - quoiquesommaire,nepeutqueleurêtreutile.Eneffet,unefoiseupossessiondelaphilosophiethomiste,s'ilssuiventuncoursd'histoiredelaphilosophieoùleprofesseuraurasoindeleurfoirevoirles(/rondeslignesdesdifférentesthéo-riesquiméritentuneattentionspéciale,dedon-neràchaquephilosophesapartdemériteetdemontrer,avecscrupule,commentlesplusnoblesintelligences,souventdebonnefoi,sesonttrompées,nosjeunesgensconcevrontuneestimeplusgrandepourlaphilosophiequ'onleurauraapprise,parcequeCeparallèle - onnepeutlecontester - seradenatureàlesconvaincredelasupérioritédesdoctrinessco-lastiquessurtouteslesautres.Bienplus,cetex-poséhistoriqueleurdémontrera,qu'aprèstout,enphilosophie,l'essentielestdésormaisfixé,quecettescience,contrairementauxautressanscessesusceptiblesdeprogrès,setourneàpeuprèstou-joursdanslemêmecercle,qu'onverrararementdesphilosophescomparablesàAristoteetàsaintThomas,etenfin,quetouslessystèmesactuels,àpeud'exceptionsprès,sontlareproductiondesvieillesthéoriesdel'antiquité.Etainsi,unefoissortiedescollèges,notrejeunessepourramieuxrépondreàceshâbleursquisetarguentd'êtreaucourantdesidéesnouvellesetsonttoujoursprêtsàjeterlapierreànosinstitutionsreligieusessousprétextequ'ellesnedonnentpasunensei-gnementphilosophiqueassezmoderne.Pourtoutescesraisonsnousnoussommesdécidéà"livreraupublic»cettepetiteHistoiredelaPhilosophie.Notreentrepriseaurait-ellel'humblesuccèsquenousluisouhaitons?L'avenirledira.Quoiqu'ilensoit,nousauronslaconscienced'avoiressayedefairenotrepart - touteminimequ'elleest - danscegrandmouvementderestau-rationphilosop