La querelle Le 26 décembre 1662 Molière présente au public sa
L'interprétation contemporaine tend au contraire à souligner le caractère programmatique et critique de ce texte comme une réflexion de Molière sur le théâtre.
LÉCOLE DES FEMMES COMÉDIE.
Molière. 1662. Réprésentée sur le Théâtre du Palais-Royal le 26 décembre 1661 je produisais cet ouvrage sur notre théâtre on ne m'accusât d'avoir.
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La tragédie classique est écrite en vers (= théâtre rédigé comme un long poème) en général des alexandrins Les personnages de tragédie sont de haut rang : on
Quelle est la pièce de Molière en 1662 ?
Le 26 décembre 1662, Molière présente au public sa nouvelle pi?, l'?ole des femmes. Le succès est immédiat et durable comme en témoignent les recettes importantes, consignées dans le Registre de La Grange, jusqu'au mois de février 1663.Quelles sont les pièces écrites par Molière entre 1662 et 1666 ?
Les Précieuses ridicules, 1659.L'?ole des femmes, 1662.Dom Juan ou le Festin de Pierre, 1665.Le Misanthrope, 1666.Amphitryon, 1668.L'Avare, 1668.Le Tartuffe, 1669.Les Fourberies de Scapin, 1670.Comment était le théâtre de Molière ?
Dans les premières salles, tous les spectateurs étaient debout, les places assises apparaissent tardivement. Les personnages les plus nobles de l'assistance (le roi par exemple) avaient droit à un fauteuil mais sur scène, il devenait presque un élément deu spectacle mais était le plus mal placé pour en profiter.- Au XVIIe si?le, Molière a inventé un nouveau théâtre, dans lequel il allie le comique et la profondeur. Il utilise des procédés comiques variés, s'inspirant de la farce et de la comédie italienne. Il dénonce dans ses pi?s les travers de son temps, mais il dépeint aussi des caractères humains universels.
MOLIÈRE / BIOGRAPHIE / COMBAT
Les années 1662-1669 correspondent sans conteste à la période la plus difficile de la vie de Molière.
Le dramaturge, qu'on a tenté d'abord de discréditer en le ravalant au rang méprisable de" farceur », devient un auteur jugé subversif et libertin par les dévots et la bonne société, et dont
l'influence sur le roi grandit dangereusement ; mais il est de surcroît l'ennemi à abattre aux yeux de
ses rivaux.Il s'agit donc d'une période riche en événements qu'il convient de rappeler succinctement. Dès la
création de L'École des femmes, le 26 décembre 1662, éclate une première querelle qui durera
jusqu'au début de 1664. La cabale revêt d'abord un caractère moral et mondain, car de nombreux
spectateurs sont choqués par les recommandations d'Arnolphe à Agnès (III, 2), dans lesquelles on
voit une parodie de sermon, et, plus grave, une parodie des commandements de Dieu ; en outre, onjuge obscène la fameuse équivoque du le (v. 572). La pièce déchaîne les foudres des dévots, tel
Conti, ancien protecteur de la troupe subitement revenu à la religion, et suscite de surcroît une
fronde des gens de lettres, dramaturges et comédiens rivaux, ce qui générera toute une série de
pièces polémiques et d'accusations féroces.En mai 1664, au moment des Plaisirs de l'île enchantée, la somptueuse fête donnée à Versailles par
le roi, Molière représente un premier Tartuffe en trois actes ; voyant là une intolérable ingérence
dans les choses de la religion, les dévots déclenchent immédiatement une cabale d'une violence
bien plus grande qu'à l'occasion de la querelle de L'École des femmes. Le fer de lance en est la
fameuse Compagnie du Saint-Sacrement de l'Autel, une société secrète influente constituée de
membres issus de l'aristocratie et de la bourgeoisie parlementaire. Le curé de Saint-Barthélémy,
docteur en Sorbonne, ira jusqu'à traiter Molière de " démon vêtu de chair » dans un pamphlet
retentissant. La pièce ayant été interdite par le roi, Molière entreprend de multiples mais vaines
démarches pour la défendre ; elle n'est représentée qu'en privé à l'occasion de "visites», chez
quelques grands. La tension continue de monter avec la création de Dom Juan, le 15 février 1665, oeuvre danslaquelle Molière évoque clairement le caractère organisé de la cabale, ce qu'il n'avait pas fait dans
Le Tartuffe : " On lie, à force de grimaces, une société étroite avec tous les gens du parti. Qui en
choque un, se les jette tous sur les bras » (V, 2). La fureur des dévots est à son comble ; Molière est
accusé d'athéisme militant, ce qui est plus grave encore que le libertinage. On le menace, dans un
sonnet anonyme, de lui crever les yeux et de l'enfermer à la Bastille avec un vautour qui ledéchirerait ! Devant la tournure que prennent les événements, Molière retire la pièce de l'affiche
après le relâche de Pâques, sans qu'on sache s'il en a pris l'initiative ou si le roi a discrètement fait
pression sur lui. Par la suite, les choses paraissent évoluer : ses ennemis décident par politique de
ne plus nourrir la querelle, Louis XIV prend la troupe sous sa protection, Anne d'Autriche et Contimeurent à peu de jours d'intervalle, ce qui décapite le parti dévot. Pour ce qui est du Tartuffe
cependant, bien que Molière ait atténué son texte, le Premier Président du Parlement, M. de
Lamoignon, empêche sa représentation, et l'archevêque de Paris, Hardouin de Péréfixe, interdit à
tous, sous peine d'excommunication, de la lire, d'en entendre la lecture ou de la voir représenter.
La pièce ne sera enfin à l'affiche que bien plus tard, le 5 février 1669. La violence de ces querelles ne s'explique que par l'importance des enjeux idéologiques qui les sous-tendent. L'École des femmes, par exemple, met en jeu les valeurs morales fondamentales 1d'une société en pleine transformation : il est certes légitime de penser que, lorsque Molière oppose
le naturel d'Agnès au carcan de règles brandi par Arnolphe - représentant du courant deconservatisme moral -, l'oeuvre reflète le mouvement de la galanterie auquel adhère une nouvelle
génération plus sensible au plaisir de l'amour et plus confiante en son pouvoir éducatif. Mais
L'École des femmes va bien plus loin : par delà cette situation de théâtre stéréotypée, elle éclaire un
moment capital de l'histoire des idées, l'émergence de la conscience individuelle comme référence
éthique. Molière ne prône rien de moins qu'une conception du naturel fondé sur l'intuition
individuelle du bien, idée on ne peut plus subversive, puisqu'elle tend à libérer les jeunes gens de
toute autorité morale.Il en va de même avec Le Tartuffe. Outre le fait qu'un homme de théâtre, comique de surcroît, s'est
mêlé des affaires de la religion, ce qui n'a pas manqué de choquer les dévots sincères, il faut
rechercher d'autres explications à la violence du conflit. Ainsi, la pièce met en scène deux
conceptions de la religion, une forme austère que notre poète stigmatise au travers des personnages ridicules, Orgon et Mme Pernelle, et une pratique plus mondaine et plus" raisonnable », autrement dit plus laxiste et plus dangereuse. Et cela fait nettement écho à un
conflit ouvert qui ne manquera pas d'opposer, un peu plus tard la jeune cour de Louis XIV, aimantles fêtes et les plaisirs, à celle plus dévote d'Anne d'Autriche et de Bossuet. De surcroît, l'affaire du
Tartuffe a ranimé l'antique querelle de la moralité du théâtre, qui voit le théâtre subir depuis des
siècles les foudres de l'Église. La comédie touche là encore des valeurs fondamentales de la société ;
sa violence, cependant en déforme sensiblement les perspectives à nos yeux. Molière n'est probablement ni un incroyant ni un contestataire, comme le prétendent ses ennemis. Bien qu'on nesache rien de précis sur ce qu'il pense de la religion, au point que ses biographes en arrivent à
s'opposer diamétralement, et que ses oeuvres, dont le sens est en suspens (Dom Juan), nepermettent pas de se faire une idée plus précise, il montre un respect avéré des usages religieux,
attitude courante chez les comédiens, et surtout, le roi, qui ne badine pas avec les choses de la religion, accepte d'être le parrain du premier de ses enfants, Louis.Mais il est un combat d'une tout autre nature que Molière mène durant ces années tourmentées,
afin d'anoblir le genre comique et d'imposer son esthétique propre, car, comme tout grand écrivain,
notre dramaturge modèle le genre en fonction de sa vision du monde. On se bornera ici à attirer
l'attention sur deux éléments parmi d'autres, le rire et les personnages.On sait que dans La Critique de l'École des femmes, Molière prend le contre-pied du préjugé
favorable au genre sérieux, et que la pièce contient tout à la fois une réhabilitation du rire et un
rejet des critères néo-aristotéliciens auxquels se réfèrent les doctes. Le rire devient en effet la pierre
angulaire de ce théâtre, soit qu'il revête une fonction morale, lorsqu'il est suscité par le ridicule
d'un personnage, soit qu'il ne vise qu'à divertir le public afin de le maintenir dans l'euphorie. Mais
l'Église et la bonne société ne l'entendent pas de cette oreille : le chrétien, conscient de la misère de
l'homme après la chute, est sur terre pour sauver son âme, et non pour se divertir, comme lerappellera Bossuet dans ses Maximes et Réflexions sur la comédie ; faire rire dans cette " vallée de
larmes » relève donc de la provocation. En somme, on répugne encore à reconnaître au rire l'utilité
morale que lui confère la satire des ridicules.En second lieu, Molière innove considérablement pour ce qui est de la conception des personnages
par rapport à la tradition comique antérieure. Il rejette sans hésiter les emplois figés que lui lègue
une tradition séculaire, afin de concevoir des personnages plus proches de la réalité. C'est donc au
nom de la complexité du réel qu'il apporte deux importantes innovations. D'une part, ses personnages ne sont plus sommairement monolithiques ; d'autres traits viennent étoffer lescaractères, et contribuent à leur conférer une sorte d'arrière-plan, ce qui concourt à donner au
spectateur le sentiment d'avoir affaire non à des êtres de papier mais à des personnes complexes.
Ainsi, Arnolphe n'a pas que des défauts, puisqu'il se montre libéral avec le fils de son ami, avant de
savoir que celui-ci est son rival en amour. Mais cette liberté que notre dramaturge prend avec latradition lui sera reprochée par les doctes, comme en témoignent les critiques du pédant Lysidas
dans La Critique de l'École des femmes : " Arnolphe ne donne-t-il pas trop librement son argent à
Horace ? Et puisque c'est le personnage ridicule de la pièce, fallait-il lui faire faire l'action d'un
honnête homme ? » Et Molière de répondre par la bouche de Dorante que, dans la vie, il " n'est pas
2incompatible qu'une personne soit ridicule en de certaines choses et honnête homme en d'autres ».
D'autre part, Molière modifie à nouveau les règles du jeu en concevant des personnages quiévoluent : le barbon traditionnellement ridicule de la comédie change psychologiquement au point
d'apparaître à la fin sous un jour pathétique. Audace que Molière se sent obligé encore une fois de
justifier au nom de la vraisemblance, par la bouche de Dorante : " Si nous nous regardions nous- mêmes, quand nous sommes bien amoureux ».En somme, durant cette période lourde de conflits, la comédie se donne des moyens nouveaux ; elle
se met à regarder la société d'un oeil critique et à se mêler de questions qui étaient jusque-là hors de
son champ. Mais cela ne s'est pas fait sans heurts, et Molière ne sort pas indemne de ces cinqannées de lutte ; d'ailleurs il cessera, par la suite, de s'attaquer à de puissantes cabales, comme
dans Le Tartuffe et Dom Juan, pour ne fustiger que des vices de caractère et des moeurs privées. Ce
changement de cap radical est-il dû à la gravité de cette crise dont il sort épuisé ? La maladie l'a en
effet obligé à suspendre les représentations à deux reprises, il a perdu un enfant et connu de graves
difficultés conjugales. Ou est-ce simplement parce que, devenu comédien du roi en 1665, il seconsacre désormais au divertissement de la cour en développant le genre nouveau de la comédie-
ballet ?Gabriel Conesa,
in Journal des trois théâtres, n°15 (mai 2005), p. 8-14.Gabriel Conesa est professeur à l'université de Reims et concepteur du site www.toutmoliere.net
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