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R. Delord - Formation Collège au Cinéma

Analyse plan par plan

Les raisins de la colère - John Ford

Durée du film : 2'03'38

597 plans ; durée moyenne d'un plan : 0'00'12'4

Le titre " les raisins de la colère », " the grapes of wrath » (avec la tournure archaïsante de

" wrath ») provient d'un chant anti-esclavagiste très connu aux Etats-Unis : The battle hymn of the republic : " Mine eyes have seen the glory of the coming of the Lord:/ He is trampling out the vintage where the grapes of wrath are stored ; / He hath loosed the fateful lightning of his terrible swift sword : / his truth is marching on » " mes yeux ont vu la gloire de la venue du Seigneur : / Il foule aux pieds la vendange où sont

conserves les raisins de la colère; / Il a dégainé l'éclair fatal de son épée terrible et prompte, /

Sa vérité s'est mise en marche »

écouter le morceau sur Youtube : http://www.youtube.com/watch?v=p5mmFPyDK_8 > Carton Titre > long plan général (10 secondes) + surcadrage des poteaux et lignes électriques (ligne électrique comme symbole de la modernité et du progrès technique ?) fondu enchaîné => ellipse narrative > panoramique vers la droite qui suit le personnage et dévoile le décor de la boutique => effet d'attente : personnage filmé de trop loin > raccord mouvement (entrée du personnage dans le cadre par la gauche)plan d'ensemble sur la boutique " Cross Roads » (la croisée des chemins) => effet d'attente : personnage dans l'ombre du camion contre lequel il s'appuie et de dos => corps du personnage au premier plan forme un cadre autour de l'homme au second plan > vue de pied / plan moyen sur le personnage qui demande à un camionneur de le transporter !!! petit arrangement de mise en scène : le chauffeur monte dans son camion par le côté passager pour gagner le volant !!! > insert sur l'écriteau " no riders allowed - instructions of owner » (interdit aux auto- stoppeurs par ordre du propriétaire) - première évocation de l'opposition " brave type » / " salop », patron / ouvrier > plan d'ensemble sur le départ du camion : le chauffeur laisse notre personnage monter sur le marche-pied fondu enchaîne > plan poitrine du personnage et du camionneur derrière le pare-brise (caméra capot) : premier plan de face net sur notre personnage => présentation de Tom Joad (père métayer d'une ferme de 40 arpents ; a passé 4 ans en prison) > plan général : caméra au niveau du sol + perspective vers le fond de l'image et le camion donnée par un sillon du champ labouré > bref échange champ - contre-champ : le personnage révèle au camionneur la cause de son emprisonnement : " homicide » fondu enchaîné > vue de pied : plan fixe - Tom oad filmé à contre-jour gravit un chemin de terre d'un pas décidé ; le cadre est coupé en deux par un fil de fer barbelé fondu enchaîné Latine Loquere : http://www.ac-grenoble.fr/lycee/diois/Latin/ 1

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> plan d'ensemble : un homme pauvrement vêtu assis contre un rocher au pied d'un saule pleureur en fredonnant un chant religieux - scène de reconnaissance entre Tom et le pasteur => cadrage de plus en plus serré autour des personnages qui dialoguent - le pasteur avoue avoir perdu la foi et ne plus être sûr des choses

> comique de geste : le pasteur mime le prêche qu'il a fait un jour à califourchon sur la poutre

d'une grange

=> opposition entre le dynamisme et l'originalité du pasteur dans le passé et la perte de sa foi

> plan américain en légère contre-plongée sur Tom : seule la tête du pasteur dépasse en bas à

droite du cadre (cadrage // état d'esprit du personnage) - le pasteur se relève, se retrouve au même niveau que Tom et lui confie ses fautes, une bouteille de gnole à la main : " j'priais, j'priais, mais ça ne servait à rien »

- il s'est forgé une nouvelle philosophie : " p't-être qu'il y a pas de pêchés et qu'il y a pas de

vertus ; y'a seulement ce que font les gens »

- Tom se confie à son tour : dans un bal, il a tué un homme d'un coup de pelle alors qu'il était

saoul ; il n'éprouve pas de remords => présence de l'alcool - sortie du cadre par la droite fondu enchaîné - raccord mouvement > panoramique sur Tom et le pasteur qui marche sur le chemin de la ferme ; ciel sombre et chargé de nuages

- Tom confie n'avoir mangé que 4 fois du porc en 4 ans, à chaque Noël = dureté de la crise

- le pasteur raconte et mime sa dernière rencontre avec le père de Tom qui était alors bien saoul ; il essaye de sauter au-dessus de la barrière, mais chute pitoyablement raccord regard de Tom... > ... sur le ciel noir, bouché ; le vent se lève (dust bowl : cf. deux documentaires sur ce phénomène climatique : http://video.pbs.org/video/1311363860/ ; http://www.youtube.com/watch?v=x2CiDaUYr90 ) fondu enchaîné > plan d'ensemble fixe : Tom et le pasteur arrive à la tombée de la nuit devant la maison des Joad (cf. l'inscription sur la boîte aux lettres) battue par le vent et la poussière - plusieurs arbres devant la maison semblent mort // effets causés sur la nature par le Dust Bowl > plan poitrine sur les deux hommes qui se regardent sans dire un mot : effet d'attente pour le spectateur et plan qui traduit l'angoisse de Tom de revoir ses parents qu'il n'a pas vus

depuis si longtemps (angoisse déjà évoquée par Tom dans la scène précédente : " j'en suis

tout remué ») > retour au plan d'ensemble précédent : Tom et le pasteur s'avance en direction de la maison

> plan de l'intérieur de la maison dans le noir (réalisme) : Tom appelle son père et sa mère et

craint que quelque chose ne soit arrivé ; Tom craque une allumette et allume un bougie ; dans

le noir il retrouve la chaussure de sa mère et le chapeau qu'il avait laissé à son grand-père

avant de partir travelling avant et gros plan en contre-plongée sur le visage de Tom = tension dramatique et angoisse du personnage > champ - contrechamp : Tom demande au pasteur s'il pense que ses parents sont morts > les deux hommes entendent un bruit et tombent sur Muley ; Tom l'interroge sur ses parents > plan poitrine sur Muley, l'air hagard qui répond qu'ils sont partis > gros plan en légère contre-plongée sur le visage de Tom qui montre son impatience > plan taille sur les trois personnages : Tom et Casy encadrent Tomm => surcadrage qui participe à l'effet d'attente de l'explication

> gros plan sur Tom et Casy, puis sur Tom seul, toujours en légère contre-plongée, traduisant

l'incompréhension > réponse de Muley regardant plus haut en gros plan (légère plongée) fondu enchaîné Latine Loquere : http://www.ac-grenoble.fr/lycee/diois/Latin/ 2

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flash-back > légère plongée sur l'intérieur d'une voiture décapotable - l'homme ne descend même pas de voiture pour s'adresser à Muley - les montants du pare-brise et de la vitre séparent l'homme à la voiture de Muley et de sa famille > contrechamp (raccord regard de Muley) : plan poitrine sur le conducteur - contraste entre le costume cravate du conducteur et l'intérieur cuir de la voiture et la tenue misérable de Muley > plan poitrine / gros plan sur Muley (nature morte en arrière plan) - l'homme à la voiture se dédouane, faisant porter la responsabilité de l'expulsion sur la société des terres arables

- Muley n'en revient pas d'être chassé de ses terres par une société dont il n'a jamais entendu

parler

> plan pied sur le reste de la famille (Muley, le père sort du cadre) : questions révoltée du fils :

" Ils ont un directeur n'est-ce pas ? », au conducteur qui lui répond que le directeur tient ses

ordres de la banque ; réponse du fils de Muley " Très bien, où est la banque ? » ; le conducteur défend le directeur de la banque de Tulsa (à plus de 160 km ; voir la carte) qui reçoit quant à lui des ordres qui viennent de l'Est > nouveau plan poitrine / gros plan sur Muley qui pose une question touchante de naïveté : " Alors sur qui il faut tirer ? » > plan moyen sur la voiture prête à partir, Muley à côté

- le conducteur, très familier (" mon vieux ») répond à Muley qu'il " ne sait pas à qui est la

faute » tout en allumant un cigare ; il démarre et part avant même que Muley ait fini sa phrase

=> dénonciation de la déshumanisation de la société et de la dissolution des responsabilités

fondu enchaîné retour dans le présent > gros plan sur Tom qui attend la suite > reprise du plan avec Tom et Casy qui encadrent Muley, mais assis cette fois fondu enchaîné flash-back > série de plans sur les " chenilles » - plan d'ensemble avec 5 tracteurs à chenilles + procédé de surimpression du mouvement des chenilles qui crée l'impression d'un mouvement continu que rien ne peut arrêter - passage d'un tracteur vers la droite, puis d'un vers la gauche avec fondus enchaînés rapides - plan sur un conducteur de tracteur portant casque et masque de protection => dénonciation de la mécanisation à outrance qui déshumanise l'agriculture > 3 plans présentant des tracteurs en train de labourer mécaniquement, ce qui est la principale cause du Dust Bowl > plan sur un tracteur en contre-plongée qui semble rouler sur la caméra fondu enchaîné retour dans le présent > gros plan sur Muley qui poursuit ses explications " Pour un de ces tracteurs, y'a eu dix, quinze famille qui ont été foutues à la porte de chez elles. » => dénonciation de la mécanisation qui enlève le travail aux hommes fondu enchaîné flash-back > plan d'ensemble : construction en diagonale ; prise de vue de l'appentis de la maison sous lequel attendent les femmes (surcadrage par la poutre et la bordure du toit) ; les trois

hommes au second plan, armes à la main ; un tracteur à l'arrière plan, s'apprêtant à franchir

la barrière

> gros plan sur la barrière écrasée par le tracteur dont on ne voit que le bas : le conducteur de

l'engin n'est pas montré afin d'insister sur l'aspect inhumain de l'expulsion > plan sur le tracteur qui s'immobilise : l'engin déborde du cadre et l'homme qui le conduit semble bien petit => les véhicules (camion, voiture, tracteur) opposent les hommes entre eux tout au long du Latine Loquere : http://www.ac-grenoble.fr/lycee/diois/Latin/ 3

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film > contrechamp sur la famille de Muley et la maison que menace le tracteur avec le pare-choc et la chenille qui s'avance en bas à droite du cadre > plan serré sur le conducteur du tracteur qui retire ses lunettes de protection > plan taille sur Muley et son fils qui, étonnés de connaître l'homme, baisse son fusil - la mécanisation force les hommes à s'opposer pour lutter pour leur survie > le cadre se resserre encore sur le conducteur d'engin qui remet ses lunettes et qui, la main sur les commandes du tracteur, est prêt à accomplir sa tâche - Muley menace le conducteur qui ne le prend pas au sérieux et évoque la pendaison pour les coupables d'homicide et le fait " qu'il se passerait pas deux jours avant qu'ils envoient un autre gars pour prendre ma place » => utilisation de la 3ème personne pour désigner la société des terres arables > insert sur la chenille du tracteur qui se met en marche-pied > plan d'ensemble sur la maison qui s'écroule sous la poussée du tracteur, sous le regard désespéré et impuissant de Muley, de sa femme et de son fils, dos à la caméra > contrechamp en plan taille avec une légère contre-plongée sur les trois personnages - +++ habile panoramique vers le bas pour montrer les traces des chenilles qui passent sur les ombres des personnages et la fuite de l'engin que rien n'arrête toujours dans la même diagonale => le tracteur ne détruit pas qu'une maison, il détruit les vies de ses occupants

> répétition du panoramique sur les traces de chenilles qui écrasent les ombres des

peersonnages fondu enchaîné retour au présent > gros plan sur le visage dépité de Muley sur le bord droit du cadre > contrechamp sur Tom accroupi qui exprime son indignation et son étonnement > champ - contrechamp sur les visages en gros plan : Muley demande au pasteur s'il n'est pas " louf » ; Casy lui répond qu'il n'est pas louf mais qu'il se sent seul => effet de la mécanisation qui isole les hommes > long gros plan sur Muley, les larmes aux yeux, qui répète sa rengaine " rien qu'un vieux fantôme d'un cimetière » fondu enchaîné > plan pied des trois hommes sur le perron de la porte : tandis que Casy et Tom restent debout, Muley s'assoit, disparaissant pour ainsi dire dans le coin inférieur gauche du cadre (cadrage // état d'esprit des personnages)

> cadrage qui se resserre en plan poitrine sur Casy qui demande à Tom ce qu'il prévoit de faire

> gros plan sur Muley qui ouvre de grands yeux parce qu'il a entendu quelque chose

> plan général sur la ligne d'horizon où l'on voit apparaître deux phares : " c'est eux, c'est

leurs phares » (emploi de la troisième personne) > plan américain sur les trois personnages : Muley leur conseille d' " aller se planquer » > nouveau plan sur la voiture des surveillants qui approche > plan sur les trois hommes qui doivent se cacher dans un champ > pan d'ensemble sur la maison (le même que celui de l'arrivée de Tom et Casy) et la voiture des surveillants qui franchit la barrière => la limite de la propriété est violée non plus par le tracteur, mais par la voiture des surveillants qui roule sur la clôturequotesdbs_dbs35.pdfusesText_40

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