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Rapport de l'agrégation externe d'Histoire session de 2006 - 2 - PRESENTATION GENERALE Par Jacques VERGER Président du jury professeur d'histoire 

:

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DE L'ENSEIGNEMENT SUPERIEUR ET DE LA RECHERCHE

Direction générale des ressources humaines

CERTIFICAT D'APTITUDE AU PROFESSORAT

DE L'ENSEIGNEMENT DU SECOND DEGRE

(AGREGATION)

HISTOIRE

Concours externe

2006

CENTRE NATIONAL DE DOCUMENTATION PEDAGOGIQUE

Rapport de l'agrégation externe d'Histoire session de 2006 - 1 - AGREGATION EXTERNE D'HISTOIRE SESSION DE 2006 RAPPORT DU CONCOURS SOMMAIRE Présentation générale: p. 2 Epreuves écrites Première dissertation (Histoire ancienne) : p. 8 Seconde dissertation (Histoire moderne) : p. 21 Commentaire de texte (Histoire médiévale) : p. 40 Dissertation de Géographie: p. 63 Epreuves orales Leçon d'Histoire générale: p. 74 Commentaire de document: p. 83 Epreuve de Géographie: p. 102 Statistiques du concours: p. 112

Rapport de l'agrégation externe d'Histoire session de 2006 - 2 - PRESENTATION GENERALE Par Jacques VERGER Président du jury, professeur d'histoire médiévale, Université Paris IV - Sorbonne L'essentiel du présent rapport consiste dans les analyses par épreuves qui suivent. Celles-ci permettront tout à la fois, je l'espère, aux candidats de 2006 de mieux comprendre leurs résultats et à ceux de 2007, ainsi qu'à leurs préparateurs, de mieux saisir ce que le jury attend d'eux. Comme c'est désormais l'usage, les corrigés détaillés des épreuves écrites et les explications fournies sur les insuffisances majeures observées à l'oral, ainsi que la liste complète des sujets et documents proposés pour les trois épreuves orales, donneront aux étudiants, à leurs enseignants et, plus largement, à tous les collègues du secondaire et du supérieur intéressés par l'agrégation, une idée assez précise de l'esprit général de ce concours, des attentes du jury et, par suite, des exigences qui s'imposent pour une préparation efficace. Le concours de 2006 a confirmé la validité de beaucoup des observations présentées l'an dernier par mon prédécesseur et ami Jean-Pierre Jessenne et sur bien des points il me suffirait de renvoyer à son rapport. Ma conviction, ainsi que celle de tous mes collègues du jury, demeure évidemment que le concours d'agrégation, par-delà les critiques qu'on peut lui adresser et les évolutions envisageables, est un élément clé de notre système éducatif. Il contribue grandement au succès et au dynamisme des établissements où sa préparation est organisée. Il contribue aussi à maintenir la cohérence de nos disciplines que pourraient menacer des cursus trop fragmentés et des spécialisations trop étroites, notamment dans les enseignements de master. Il garantit à coup sûr, chez ceux qui l'obtiennent, tout à la fois les qualités d'expression écrite et orale, la capacité de synthèse, l'esprit critique et la maîtrise d'une large culture, étendue à l'ensemble des périodes et des problématiques de l'histoire actuelle, ainsi que de la géographie, le maintien du lien traditionnel mais fécond entre ces deux disciplines n'étant pas le moindre des acquis des concours de recrutement ; autant d'atouts éminemment profitables aux enseignants de tous ordres et même éventuellement aux futurs chercheurs qui se seront donné la peine de passer ce concours. La nature des épreuves, écrites ( trois dissertations, une explication de document historique ) puis orales ( une leçon d'histoire générale, une explication de documents historiques et une de documents géographiques ), est suffisamment variée pour limiter la part du hasard et permettre aux candidats de tirer parti de l'ensemble de leur préparation tout en mettant en oeuvre les diverses techniques et aptitudes que le concours entend précisément valoriser. Les épreuves sont assez nombreuses pour qu'une mauvaise note à l'une d'entre elles ne soit pas irrémédiable, il faut cependant reconnaître que le niveau du concours est tel qu'à partir de deux défaillances le résultat final est sérieusement compromis. On ne saurait cacher que l'agrégation est un concours difficile, non seulement en raison du nombre limité de places, mais aussi du fait des exigences du jury qui, s'il ne pose pas de sujets ou de questions pièges et s'il veille à maintenir une véritable équité entre tous les candidats, n'en attend pas moins qu'à chaque épreuve ceux-ci fassent preuve d'une réflexion approfondie et de connaissances solides, sans parler de réelles capacités de communication, tant écrite qu'orale. Même si les cas scandaleux ne sont pas si nombreux, trop de copies encore se condamnent par avance, indépendamment même de leur contenu, par la faiblesse de leur plan, la médiocrité de leur style, les défaillances de leur orthographe. Et à l'oral, trop d'exposés souffrent du manque d'aisance du candidat, de sa maladresse à gérer son temps, de son incapacité à utiliser à bon escient les illustrations ( textes, images, cartes ) pourtant mises à sa disposition dans la salle de préparation. Dans l'avenir, et si possible dès 2007, le jury s'efforcera d'améliorer la qualité

Rapport de l'agrégation externe d'Histoire session de 2006 - 3 - de cette documentation en y introduisant, avec prudence et toujours, au moins dans un premier temps, sous forme optionnelle, des documents, cartes ( pour lesquelles cela existe d'ailleurs déjà ) et images sur support informatique qui pourront être présentés, en particulier pour les épreuves de géographie et d'histoire générale, grâce à un vidéo-projecteur. Il convient de rappeler une fois de plus, pour en finir avec ces remarques générales, que l'on ne peut guère espérer réussir au concours si on en ignore les règles du jeu et si on ne s'y est pas préparé avec soin. Cette préparation ne s'improvise pas à la dernière minute. En fait, elle commence dès le début des études supérieures d'histoire. Les étudiants qui, dès la première année de licence, auront eu à assimiler des programmes suffisamment larges, se seront initiés à la recherche bibliographique, à qui, enfin, auront été régulièrement proposés des exercices écrits et oraux, abordent incontestablement l'année de l'agrégation avec des bases solides qui leur permettront de mieux se concentrer sur la préparation directe des questions du programme et des épreuves spécifiques du concours. L'année même du celui-ci, les candidats ne doivent pas se contenter de suivre des cours et de lire quelques manuels, quelle que soit la qualité des uns et des autres. Ils doivent aussi, et ce tout au long de l'année et pas seulement dans les quelques semaines séparant l'écrit de l'oral, s'informer des problématiques actuelles sur les questions qu'ils ont à étudier, mesurer, grâce aux divers instruments bibliographiques dont ils disposent, l'ampleur des ressources ( ouvrages de synthèse ou de première main, articles, principales éditions de sources, etc. ) qu'ils pourront être amenés à utiliser, notamment lors des épreuves orales, s'exercer régulièrement enfin aux divers exercices ( dissertations, explications de documents de tous ordres, leçons ) qui leur seront demandés à l'écrit et à l'oral et qui ont chacun leurs règles et leurs exigences propres. La mobilisation des connaissances utiles, l'élaboration d'un plan clair et pertinent, l'équilibre des parties, l'usage judicieux des exemples et illustrations, l'adoption d'un style ou d'un ton convaincant, autant d'aspects des épreuves qu'on ne peut maîtriser que par un entraînement systématique. L'intérêt des candidats est d'accepter tout au long de l'année les exercices qui leur sont proposés, la responsabilité des préparateurs est de leur en offrir en quantité suffisante. Beaucoup d'échecs, notamment à l'oral, semblent venir de ce que des candidats insuffisamment préparés découvrent quasiment, le jour de l'épreuve, les contraintes et presque la nature même de celle-ci. J'engage à cet égard tous les candidats au concours de 2007 à lire attentivement les indications pratiques données sur chaque épreuve dans la suite de ce rapport. Le concours 2006 : l'admissibilité Venons-en au bilan statistique du concours 2006. Le nombre d'inscrits était en légère baisse : 2989, contre 3118 en 2005 ; sur ces 2989 candidats, 1575, soit 52,6%, ont composé aux quatre épreuves de l'écrit, ce qui est nettement moins que l'an dernier ( 57,3% ) ; ce recul significatif s'explique sans doute par le découragement qu'a pu provoquer chez certains la publication assez tardive d'un nombre de postes mis au concours ( 92 ) lui-même en baisse de 28,1% par rapport à celui de l'année précédente ( 128 ). La moyenne générale des épreuves écrites est comparable à celle de l'an dernier : 4,77 contre 4,85 ; si l'on considère isolément chacune des épreuves, on observe là aussi des résultats très voisins pour trois d'entre elles : 4,39 ( contre 4,53 ) pour la première dissertation d'histoire, 4,97 ( contre 4,49 ) pour l'explication de document, 4,85 ( contre 4,5 ) en géographie ; le seul écart vraiment significatif me paraît concerner la seconde dissertation d'histoire dont la moyenne s'est située en 2006 à 4,26, contre 5,35 l'année précédente ; il semble que le sujet proposé ( " Représenter le peuple » ) quoique tout à fait central par rapport à la question au programme, ait été perçu comme difficile, parce qu'il demandait la mise en oeuvre équilibrée

Rapport de l'agrégation externe d'Histoire session de 2006 - 4 - de connaissances appartenant à toute l'aire géographique et chronologique du programme et, ce qui est plus étonnant et regrettable, parce qu'il exigeait une réflexion approfondie sur des notions ( " peuple », " représentation », " démocratie », etc. ) qui sont pourtant au centre de l'histoire politique moderne et que ne pourront manquer de rencontrer dans leur enseignement de futurs professeurs d'histoire et géographie dont les disciplines ont un rôle essentiel à jouer dans la formation civique des élèves. Même si le jury a tenu à prendre, avec 208 admissibles, un pourcentage un peu plus élevé que d'habitude par rapport au nombre de postes mis au concours, afin de donner leur chance à un maximum de candidats ( car, compte tenu du coefficient plus fort de l'oral, noté sur 120 contre 80 pour l'écrit, et de l'éventail souvent plus ouvert des notes d'oral, des reclassements importants peuvent intervenir au cours de celui-ci ), il n'en était pas moins inévitable que la barre d'admissibilité soit sensiblement relevée : elle s'est située un point plus haut que l'an dernier, à 34,5, ce qui correspond, pour les admissibles, à l'excellente moyenne de 10,68 contre 10,17 en 2005. Le concours 2006 : l'admission Il est à remarquer que tous les candidats admissibles ont participé aux épreuves orales, malgré la fatigue que représentait pour beaucoup la nécessité d'aller, presque au même moment, passer les épreuves du CAPES à Châlons-en-Champagne. Concernant les épreuves orales, je renvoie aux paragraphes correspondants dans la suite de ce rapport. J'invite les futurs candidats à tenir compte des conseils précis qui y sont prodigués. La liste complète des sujets et documents proposés en 2006 est donnée à titre d'information ; ces sujets sont évidemment très divers, dans le fond et dans la forme, le jury veille cependant à ce que tous soient bien dans l'esprit du programme, en sorte qu'un candidat bien entraîné, sans lacune criante dans sa préparation, ne doit normalement être désavantagé par aucun. Comme on le verra dans le tableau statistique placé à la fin du rapport, les moyennes des diverses épreuves orales ( 6,96 pour la leçon d'histoire générale, 7,71 pour l'explication de documents historiques, 7,8 pour l'explication de documents géographiques, contre, respectivement, 6,35, 7,72 et 7,74 en 2005 ) se situent à un niveau légèrement supérieur à celui de l'an dernier. On notera aussi que la leçon d'histoire générale reste l'épreuve la plus difficile et partant, sans doute, une des plus discriminantes ; son intérêt me paraît cependant évident, car elle reste particulièrement révélatrice de la culture historique générale du candidat, de sa maîtrise des instruments de travail fondamentaux de l'historien et de son esprit de synthèse ; il est à noter que, curieusement, c'est l'histoire contemporaine qui, en histoire générale, obtient la moyenne la plus basse ; peut-être est-ce parce que c'est en histoire contemporaine qu'une fausse familiarité avec la période et le caractère plus insidieux du risque d'anachronisme font apparaître sans fard le manque de sens critique, pour ne pas dire de sens historique tout court, de certains candidats. L'épreuve d'explication de documents historiques s'avère en général, comme d'habitude, toutes périodes confondues, un peu moins redoutable ; c'est là en effet que les candidats bien préparés trouvent le plus aisément la récompense de leurs efforts. L'épreuve de géographie enfin est, comme toujours, très discriminante, avec un éventail de notes très ouvert ; raison de plus pour les candidats pour ne pas faire l'impasse sur cette discipline et préparer au contraire avec application une épreuve qui peut s'avérer extrêmement rentable, d'autant que les examinateurs géographes attendent moins des candidats une technicité poussée qu'une vraie capacité d'analyse et une aptitude à jeter sur la carte ou le document un regard investigateur et libre de préjugés et de connaissances a priori. Terminons par quelques remarques rapides sur l'origine des candidats et le profil des reçus. Ceux-ci ont peu changé depuis l'an dernier. Les Normaliens de Paris et de Lyon conservent

Rapport de l'agrégation externe d'Histoire session de 2006 - 5 - un taux de réussite élevé ; pour le reste, les étudiants, inscrits ou non à l'IUFM, représentent la grosse majorité des reçus ; la réussite des autres catégories de candidats ( enseignants titulaires ou stagiaires, salariés ) est beaucoup plus aléatoire. Concernant l'origine géographique, la primauté des académies de la région parisienne et de Lyon ( notamment grâce à son ENS ) ne se dément pas ; les candidats issus des académies de province et même d'outre-mer ont cependant toutes leurs chances, comme l'ont montré cette année encore quelques brillantes individualités ; encore faut-il qu'ils veuillent bien, et leurs préparateurs avec eux, s'en convaincre et s'en donner les moyens en se préparant convenablement aux diverses épreuves du concours. Plus choquant et moins explicable est l'écart persistant, déjà observé par mon prédécesseur, entre hommes et femmes. Celles-ci, qui constituent 47,64% des inscrits, ne représentent plus que 32,68% des admissibles ; les choses s'améliorent un peu à l'oral ( 35 reçues sur 92, soit 38% ) et le fait qu'il y ait eu cinq jeunes filles dans les sept premiers du classement, dont la première et la seconde, toutes deux exceptionnellement brillantes, confirme bien, s'il en était besoin, qu'il n'y a là aucune fatalité. Je ne puis qu'espérer que les prochains concours verront se résorber, en particulier au niveau de l'écrit, ce déséquilibre. Remerciements Il me reste l'agréable devoir de rappeler que le bon fonctionnement du concours, offrant aux candidats la garantie d'un maximum d'équité, ne dépend pas seulement du président du jury, mais de la bonne volonté et de la conscience professionnelle de toutes celles et tous ceux qui, d'une manière ou d'une autre, participent à son organisation et à son déroulement. Mes remerciements vont d'abord à mes collègues, vice-présidents et secrétaire général, qui constituent le " directoire » du jury et m'ont apporté, avec une parfaite disponibilité, une aide constante, au sein d'une pratique véritablement collégiale. Mes remerciements vont également à tous les correcteurs et examinateurs, tant d'écrit que d'oral, chez qui j'ai trouvé le même esprit de solidarité, d'écoute réciproque et de respect pour les candidats, qui sont à la fois la marque d'un authentique attachement à l'agrégation et la garantie d'une totale indépendance de tous et chacun dans le jugement et la notation. Ont également contribué au bon déroulement du concours et méritent la gratitude de tous, les étudiants vacataires qui ont assuré les deux secrétariats d'oral ou l'accompagnement des candidats à la fois pendant les heures de préparation et pour leur installation dans les salles d'épreuve ; leur rôle humain, en particulier, est irremplaçable. Le président du jury est en contact permanent tout au long de l'année avec les services de la Direction des personnels enseignants des lycées et collèges du Ministère de l'Éducation nationale, avec le Service interacadémique des examens et concours de la région parisienne, avec les rectorats de Paris et de province ; malgré les inévitables lourdeurs et lenteurs administratives et des contraintes financières aggravées, j'y ai toujours trouvé des oreilles attentives et une assistance précieuse. Je tiens également à souligner les bons rapports personnels noués tout au long de l'année avec les présidents et vice-présidents des jurys des concours " frères » ( agrégation de géographie et CAPES d'histoire-géographie ), qui ont permis une coopération opportune et de fréquents échanges d'informations. Chacun sait enfin que, depuis des années, la bonne marche de l'agrégation d'histoire, repose sur la parfaite collaboration avec les institutions qui hébergent nos épreuves. Cette année encore, celle-ci ne nous a pas manqué. Madame la Directrice, les responsables et le personnel de la Bibliothèque de la Sorbonne se font un devoir de mettre à la disposition des candidats toute la documentation possible et d'accueillir dans les meilleures conditions la préparation des épreuves orales d'histoire. On

Rapport de l'agrégation externe d'Histoire session de 2006 - 6 - peut en dire autant du personnel de l'Institut de Géographie et de la responsable de sa Bibliothèque, tout aussi dévoués. A titre subsidiaire, il nous est arrivé de recourir aux ressources d'autres bibliothèques ( bibliothèques universitaires d'instituts, Bibliothèques Sainte-Geneviève, Cujas, de l'Ecole Normale Supérieure ) ; toutes ont réservé le meilleur accueil à nos demandes. À toutes et tous, nos plus vifs remerciements. Last but not least, je rappelle enfin qu'en 2006 comme il le fait depuis des années, le Lycée Louis-le-Grand a accueilli nos délibérations et nos épreuves orales dans des conditions remarquables, avec une amabilité et un sens du service public que l'on doit saluer. J'adresse donc, au nom de tous, mes plus vifs et sincères remerciements à Monsieur le Proviseur, aux services de l'Intendance, à nos collègues du cabinet des professeurs d'histoire-géographie qui nous prêtent en particulier leurs vidéo-projecteurs, à tout le personnel enfin de l'établissement qui, tout au long du concours, réserve à tous, examinateurs et candidats, un accueil souriant, aimable et efficace. Le jury, présidé par M. Jacques Verger, professeur d'histoire médiévale à l'Université de Paris IV - Sorbonne, était ainsi composé : Vice-Présidents : y Histoire : M. Joël Cornette (Paris VIII), Mme Catherine Virlouvet (Aix-Marseille I), M. Laurent Wirth (Inspecteur général de l'E.N.) y Géographie : M. Guy Baudelle (Rennes II), Mme Colette Vallat ( Paris X) • Secrétaire général M. Enrique Leon (Cl. Prépa., Henri IV, Paris) y Autres membres du jury d'oral Histoire ancienne : Mmes Catherine Grandjean (Tours), Christine Hamdoune (Montpellier III), MM. Bernard Legras (Reims), Yves Modéran (Caen) Histoire médiévale : Mmes Elisabeth Crouzet-Pavan (Paris IV), Michèle Gaillard (Metz), MM. Jean-Louis Gaulin (Lyon II), Michel Kaplan (Paris I) Histoire moderne: MM. Jean Duma (Paris X), Bernard Gainot (Paris I), Mme Christine Lamarre (Dijon), M. François-Joseph Ruggiu (Bordeaux III) Histoire contemporaine : MM. Philippe Buton (Reims), Jean-François Chanet (Lille III), Pierre-Alain Rogues (Cl. Prépa, Sceaux), Mme Nadine Vivier (Le Mans) Géographie : Mmes et MM. Valérie Batal (Cl Prépa., Versailles), Yves Boquet (Dijon), Elisabeth Bonnet-Pineau (Cl. Prépa., Reims), Alain Dubresson (Paris X), Frank Pigeon (Chambéry), Bénédicte Thibaud (Poitiers). La correction de l'écrit a aussi été assurée par : Histoire ancienne : Mmes et MM. Sabine Armani (Paris XIII), Annie Arnaud (Nice), Claudine Auliard (Poitiers), Philippe Blaudeau (Paris XII), Claude Briand-Ponsart (Caen) , Catherine Bustany-Leca (Caen), Bernadette Cabouret-Laurioux (Lyon III), Michèle Coltelloni-Trannoy (Marne-la-Vallée), Pierre Corbier (Aix-Marseille I), Sabine Crouzet

Rapport de l'agrégation externe d'Histoire session de 2006 - 7 - (Tours), Sylvie Estienne (ENS Paris), Michel Fauquier (Nantes), Henri-L. Fernoux (Dijon), Christophe Goddard (Reims), Eric Guerber (Lorient), Christine Hoët-Van Cauwenberghe (Lille III), Hélène Ménard (Montpellier III), Elisabeth Smadja (Besançon), Manuel de Souza (Saint-Etienne), Bernard Rossignol (Paris I). Histoire médiévale : Mmes et MM. Germain Butaud (Nice), Aymat Catafau (Perpignan), Noëlle Deflou-Leca (Grenoble II), Bruno Dumézil (Paris X), Thomas Granier (Montpellier III), Benoit Joudiou (Toulouse II), Thierry Kouamé (Fontenay-sous-Bois), Elodie Lecuppre-Desjardins (Lille III), Gilles Lecuppre (Paris X), Samuel Leturcq (Tours), Anne Massoni-Hubert (Limoges), Charles Mériaux (Reims), Corinne Péneau (Paris XII-Créteil), Alain Provost (Arras), Pierre Savy (Marne-la-Vallée), Anne Reltgen-Tallon (Amiens), Lydwine Scordia (Rouen), Bénédicte Sère (Paris X), Ludovic Viallet (Clermont-Ferrand) Histoire moderne : Mmes et MM. Serge Bianchi (Rennes II), Nicole Berezin (Cl. Prépa., Paris), Michel Biard (Rouen), Didier Boisson (Le Mans), Gilbert Buti (Aix-Marseille I), Jean-Luc Chappey (Clermont-Ferrand), Clarisse Coulomb (Grenoble II), Marcel Dorigny (Paris VIII), Marie Drut-Hours (Metz), Jean-François Dunyach (Paris IV), Edmond Dziembowski (Besançon), Madeleine Ferrières (Avignon), Guillaume Garner (ENS Lyon), Marie-Laure Legay (Lille III), Rémi Mallet (Cl. Prépa., Caen), Anne de Mathan (Brest), Vincent Milliot (Caen), Valérie Piétri (Nice), Agnès Walch (Arras), Claudine Wolikow (Paris X), Nathalie Wolff-de Buzon (Cl. Prépa., Vanves). Géographie : Mmes et MM. Gérard Bacconnier (Cl. Prépa., Lyon), Pierre Bergel (Caen), Emmanuel Chiffre (Nancy II), Gilles Fumey (Paris IV), Bernard Gilbert (Cl. Prépa., Rennes), Guillaume Giroir (Orléans), Jean-Marc Holz (Perpignan), Emmanuel Lezy (Paris X), Jean-Paul Momont (Cl. Prépa., Lille), Jean-Michel Muyl (Montereau), Delphine Pages-Elkaroui (Poitiers), Pierre Pech (Paris I), Philippe Piercy (Cl. Prépa., Paris), Alice Rouyer (Toulouse), Florence Smits (Metz), Jean-Marie Théodat (Paris I), Sandrine Vaucelle (Mérignac), Serge Weber (Aix-Marseille I). Auraient participé à la correction de l'histoire contemporaine : Mmes et MM. David Bellamy (Amiens), Frédéric Chaubet (Tours), Guillaume Cuchet (Avignon), Michèle Dechenoix (Cl. Prépa., Paris), Simone Delattre (Cl. Prépa., Paris), Sylvie Denys-Blondeau (Cl. Prépa. Rouen), Pierre-Michel Durand (Cergy-Pontoise), Jean Folliet ( Cl Prépa., Lyon), Richard Galliano (Cl. Prépa., Poitiers), Bernadette Galloux (Cl. Prépa., Paris), Jean-Marc Guislin (Lille III), Serge Hénin (Cl. Prépa., Saint-Maur), François Lalliard (Chatenay-Malabry), Olivier Loubès (Cl Prépa., Toulouse), André Loez (Argenteuil), Edouard Lynch (Lyon II), Nicolas Marty (Perpignan), Cécile-Anne Sibout (Rouen), Jean Vigreux (Dijon), Marie-Bénédicte Vincent (Angers). * * *

Rapport de l'agrégation externe d'Histoire session de 2006 - 8 - PREMIERE DISSERTATION (HISTOIRE ANCIENNE) _______________ Durée : 7 heures Sujet : Etat et communautés civiles (cités, tribus) en Afrique romaine, 69-429. Par Christine Hamdoune et Yves Modéran1 Remarques préliminaires 1) Le sens du sujet Pourvu d'une parenthèse, le sujet ne laissait place à aucune ambiguïté sur le sens de son second terme : l'expression " communautés civiles » excluait donc les collèges professionnels, les sodalités, et surtout toutes les associations religieuses, y compris et notamment les Eglises chrétiennes, ainsi que les communautés rurales non intégrées à des cités, comme les paysans des domaines impériaux (ainsi ceux du Saltus Burunitanus s'adressant à l'empereur sous Commode). En revanche, la notion de cité étant large, les castella intégrés à des territoires civiques n'échappaient pas à sa perspective ; de même, pouvaient être incluses les assemblées provinciales, formées de délégués de cités. Quant au mot " Etat », il désignait évidemment le pouvoir central (l'empereur et les services administratifs centraux) et tous ses agents en Afrique, c'est-à-dire tous ceux qui étaient nommés par lui : vicaires, gouverneurs, légats et officiers de l'armée, procurateurs et autres agents du fisc, curateurs de cités, auxquels on devait joindre les préfets de tribus. Les dates retenues étaient le début du programme d'une part, en excluant les événements de la crise de 68-69, et d'autre part le début de l'invasion vandale : cette seconde date, 429 et non 439, a été choisie pour empêcher toute hésitation sur le mot " Etat » (il s'agit de l'Etat romain), et sur le mot " tribus » (les Vandales étaient exclus). La mention " en Afrique romaine » n'était pas non plus gratuite : elle impliquait que, parmi les tribus, n'étaient à étudier que celles qui étaient établies à l'intérieur des provinces, ainsi que les groupes vivant à proximité de la frontière et qui pénétraient occasionnellement sur le territoire provincial (on songe ici notamment aux " Barbares » proches du pays des Arzuges au Bas-Empire, ou aux Baquates de Tingitane au Haut-Empire). Les autres tribus étaient exclues. Comme toujours lorsque la conjonction de coordination " et » est au centre de l'intitulé, l'accent était mis sur une relation : ici, il s'agissait donc en priorité d'analyser les relations entre, d'une part, l'Etat romain à travers ses agents et, d'autre part, les cités et les tribus. Cela supposait que cités et tribus soient précisément présentées, et leur évolution prise en compte : mais l'accent était bien mis en priorité sur les rapports entre l'Etat (nommé en premier dans l'intitulé) et ces communautés. Dans ces conditions, tout devoir qui privilégiait une approche exclusivement, ou très majoritairement, " interne » de l'histoire des cités et des tribus était, inévitablement, considéré comme hors sujet. 2) Qu'attendait surtout le jury de l'étude de ces relations ? Deux grandes questions, souvent envisagées par l'historiographie moderne, étaient ici en jeu et devaient figurer au coeur des copies, avec cependant une inégale importance. 1 Respectivement professeurs aux universités de Montpellier III et Caen

Rapport de l'agrégation externe d'Histoire session de 2006 - 9 - La première est celle de l'emprise de l'Etat sur les communautés civiles africaines : ses moyens, ses formes, sa mesure, son évolution. Une place pouvait être brièvement faite d'abord à la notion d'impérialisme et à celle de colonisation, en soulignant, non sans considérations historiographiques, les spécificités de ces phénomènes à l'époque romaine. La question elle-même de l'emprise supposait ensuite que soient bien présentés le cadre administratif et son évolution (provincialisation, circonscriptions fiscales ou juridiques, etc...), les moyens d'intervention des agents de l'Etat, et surtout qu'apparaisse le ressort profond du système : la recherche d'appuis locaux, en l'occurrence auprès des élites, et l'instauration ensuite d'une dialectique relationnelle entre les deux entités. La pratique des ambassades et le rôle des patrons devaient donc apparaître. Le problème de la " liberté » des cités, de leur autonomie, devait tenir, de manière plus générale, une place prioritaire dans le développement. Or, pour ces questions, les changements du Bas-Empire à partir de la Tétrarchie (généralisation des curateurs, toujours nommés, contrôle des gouverneurs sur les finances municipales, législation lourde sur les munera municipaux) sont importants, ce qui ne pouvait être sans conséquence sur le plan. Pour les tribus, on attendait d'abord des développements sur les soumissions forcées, puisque la conquête n'est pas achevée en 69, et qu'à la limite, elle s'est poursuivie même jusqu'à la fin des années 410 (Lettre 199 de saint Augustin) : imposer la reconnaissance de la souveraineté romaine et soumettre une communauté tribale à l'impôt étaient donc deux phénomènes qui relèvaient du sujet. Mais ce sont les modalités et l'ampleur de ces soumissions qui devaient surtout retenir l'attention, et non évidemment l'histoire militaire ou la construction d'un limes. Ensuite, les formes d'administration des tribus étaient attendues : notamment les cantonnements (avec les réserves nécessitées par ce terme), la nomination des préfets de tribu, et les investitures de principes. La seconde grande question mise en jeu par le sujet était plus difficile, se prêtait à plus de controverses, et se combinait aussi parfois avec la précédente, compliquant les possibilités de plan : c'est celle de la romanisation, envisagée ici avant tout sous l'angle du rôle de l'Etat dans ce processus. Jusqu'à quel point le pouvoir romain chercha-t-il, dans ses relations avec les cités et les tribus d'Afrique, à diffuser un modèle et des valeurs ? Marcel Bénabou (La résistance africaine à la romanisation, Paris, 1976, p. 257), en citant le fameux texte de Tacite dans la Vie d'Agricola, estimait qu'il y avait eu une vraie politique volontariste de romanisation. D'autres (Y. Thébert, Annales ESC 1978), après lui, ont mis, de manière convaincante, l'accent sur les dynamiques internes à la société africaine, et fait de l'insertion dans l'Empire une opportunité saisie par des élites séduites par les possibilités nouvelles offertes par Rome. Les termes de ce débat devaient être rappelés, mais on ne pouvait accepter que la romanisation, en tant que telle et sous tous ses aspects, fasse ensuite l'objet d'une ou plusieurs parties spécifiques. On attendait seulement que soit analysé et mesuré le rôle de l'Etat dans le processus, et donc que soient surtout clairement évoqués d'un côté la politique de promotion des cités, à travers les municipes, le droit latin, et les colonies honoraires, et de l'autre la sédentarisation des tribus, leur rattachement à des cités par adtributio, et leur conversion éventuelle en cités. Restait, à partir du moment où on parlait de romanisation, le grand problème des résistances. Il est lié à ce qui est peut-être la difficulté principale de ce sujet : jusqu'à quel point pouvait-on le renverser et traiter " communautés civiles et Etat » ? Il était normal, et nécessaire, que, en évoquant différentes formes d'emprise et d'interventions de l'Etat dans la vie des cités et des tribus, le candidat s'interroge sur les réactions autant que sur les effets de ces phénomènes. Des soulèvements maures en réaction contre des interventions dans la vie d'une tribu avaient donc leur place dans le sujet : on attendait de la sorte que la révolte de Firmus soit mentionnée. Mais, pour se resituer par rapport à M. Bénabou, tout ce qui relevait des " résistances culturelles et religieuses » n'avait pas sa place ici, pas plus qu'un certain nombre

Rapport de l'agrégation externe d'Histoire session de 2006 - 10 - de soulèvements aux causes totalement inconnues. Les inclure aurait supposé que l'on majore le degré d'intervention de l'Etat romain, ce que justement on devait avoir pris pris garde auparavant de ne pas faire. Inverser le sujet était donc une erreur non seulement formelle, mais aussi scientifique. 3) Considérations générales sur les copies Les remarques précédentes laissent deviner les qualités de réflexion et de synthèse que l'exercice exigeait, et elles soulignent à quel point il était important pour les candidats d'analyser longuement et précisément les termes et le libellé du sujet. Si la moyenne générale est supérieure aux deux dernières compositions d'histoire ancienne, et si un groupe relativement important de bonnes ou très bonnes copies a nettement émergé, il reste que les correcteurs ont constaté, dans un nombre beaucoup trop élevé de cas, les conséquences d'une mise en pratique manifestement insuffisante de cette règle élémentaire de méthode, pourtant rappelée d'année en année dans les rapports. Une lecture rapide du libellé a d'abord conduit ainsi trop de copies à négliger la notion de " communautés », alors même qu'elle était au centre de la problématique attendue. Au fond, le sujet exigeait avant tout une réflexion sur les rapports entre deux entités de droit public, l'Etat d'un côté, les communautés civiles de l'autre. Sans prendre conscience de cette réalité juridique, et souvent aussi sans percevoir l'échelle d'analyse précise qu'elle impliquait, beaucoup de candidats ont cru devoir évoquer tous les Africains, au sens large : au mieux, le sujet est devenu alors " L'Etat et les Africains », au pire, " Rome et l'Afrique ». Car beaucoup aussi n'ont pas hésité à le détourner vers une étude de la romanisation au sens le plus général, en ignorant donc également le premier terme du libellé. De ces deux erreurs initiales ont résulté toute une série de développements hors-sujet, les plus fréquents portant sur l'évergétisme dans tous ses détails, la vie politique interne des cités, la romanisation des individus, notamment à travers l'onomastique, et surtout, malgré l'adjectif " civiles » et la parenthèse, les communautés chrétiennes, leurs divisions, et l'activité des donatistes et des circoncellions. Indépendamment des conséquences de ces erreurs d'interprétation, le jury a relevé aussi, dans les connaissances de beaucoup de candidats, un certain nombre de faiblesses récurrentes. La plus surprenante a concerné les institutions : les titres des gouverneurs et leurs pouvoirs, les noms des agents du fisc et leurs compétences, le rôle des curateurs et des préfets de tribus ont donné lieu à toutes sortes d'approximations, et révélé souvent de graves lacunes, comme si, dans leur préparation, les candidats avaient jugé négligeables ces notions élémentaires, certes intellectuellement moins séduisantes que telle ou telle théorie récente sur la romanisation, mais pourtant toujours fondamentales, et pour ce sujet indispensables. Trop souvent également, les Maurétanies et les tribus ont été à peine évoquées ou même totalement oubliées dans les développements, comme si l'Afrique romaine se limitait aux seules cités de la province proconsulaire ; et quand les tribus ont été mentionnées, ce fut, hélas, à maintes et maintes reprises pour dire qu'elles étaient " nomades ou semi-nomades », en totale ignorance de la diversité bien plus grande de leurs genres de vie. Enfin, et c'est peut-être la faiblesse la plus fréquemment constatée, la méconnaissance du Bas-Empire est apparue évidente dans nombre de copies. Sur le plan formel, le jugement du jury a été plus favorable. Malgré une petite minorité de copies scandaleuses, l'orthographe et la syntaxe ont été plutôt correctes, les fautes les plus fréquentes consistant surtout en des oublis ou des erreurs dans les accords des noms et des verbes. Il reste à poursuivre les efforts, notamment pour ce qui concerne l'écriture et la présentation : les candidats doivent se convaincre qu'une copie bien lisible, avec un plan annoncé clairement, et des parties et des sous-parties bien distinctes, suscitera toujours une

Rapport de l'agrégation externe d'Histoire session de 2006 - 11 - première impression favorable. Plus généralement, le jury tient à rappeler l'importance à accorder en histoire ancienne à la présentation des sources en introduction, et la nécessité de faire référence à ces sources sur les aspects essentiels du sujet dans les développements. Il souligne aussi la nécessité des exemples précis, qui doivent être présentés avec suffisamment de détails, et non être cités sommairement dans de brèves parenthèses concluant des paragraphes. Introduction Elle pouvait commencer par un bref rappel des étapes de la conquête en Afrique avant 69 (146 et 46 avant J.-C., 39-43 après J.-C.) et de ses modalités (Rome a imposé son autorité par la force, mais après -146 souvent après une phase de protectorat), en terminant par une présentation de l'étendue de l'Afrique romaine en 69. Cette Afrique conquise était un monde différent de l'Italie, avec de fortes spécificités encore présentes en 69 : peuplement libyque, civilisation punique, implantations italiennes, réunis en deux types de communautés, cités et tribus : deux notions qui étaient d'emblée à définir, en insistant sur le principe d'autonomie constitutif de la notion même de cité. On arrivait de là aux questions centrales : a) Comment l'Etat romain a-t-il défini, après 69, ses relations avec cités et tribus ? b) Sa politique a-t-elle eu un sens précis, celui de la romanisation ? c) Comment a-t-elle évolué, en fonction de deux facteurs, l'un africain (la romanisation qui, de facto, avec ou sans lui, progressait), et l'autre impérial (sa propre transformation à partir de Dioclétien et Constantin) ? Autant de questions complexes, éclairées par une documentation très inégale : textes littéraires rares et de valeur très variable (rares pour 69-238 ; plus riches ponctuellement ensuite : Hérodien, Ammien Marcellin, textes chrétiens) ; épigraphie très riche pour les cités, beaucoup moins pour les tribus (il fallait ici souligner le problème spécifique des sources pour ces communautés tribales). L'introduction se termine par l'annonce du plan. Plusieurs étaient ici possibles, et le jury a admis, lorsqu'elle était bien menée, l'option purement thématique, pourtant difficile à concilier avec un sujet couvrant une aussi longue durée. Un plan mixte, thématique et chronologique, a semblé néanmoins préférable, pour mieux mettre en valeur l'originalité du Bas-Empire. I. L'emprise du pouvoir d'Etat sur les communautés civiles au Haut-Empire 1) Diversité et nombre des communautés : Cette présentation devait commencer par l'évocation du célèbre texte de Pline l'Ancien, mort en 79, qui dénombrait 516 populos entre l'Ampsaga et les Autels des Philènes, donc dans la grande Proconsulaire. Le Naturaliste distingue parmi ces " peuples » une trentaine de cités (appelées " colonies » ou oppida, ces derniers " de citoyens romains », " latins », " stipendiaires », ou " libres »), du reste, regroupant des civitates et des nationes : le premier terme peut désigner des cités indigènes, mais dans la majorité des cas, comme nationes, il correspond probablement à des tribus (de même que César appelle les peuples gaulois civitates). Les informations sont plus pauvres sur les Maurétanies, mais des cités indigènes y sont également bien attestées, comme Siga, Tigava, Rusaddir, Volubilis. On devait néanmoins souligner ici d'emblée, et même avec les nuances apportées récemment, l'importance de la distinction entre les " deux Afriques ». a) Les cités avaient des passés et des statuts divers. On reviendra plus loin sur leur évolution.

Rapport de l'agrégation externe d'Histoire session de 2006 - 12 - Il faut cependant établir déjà ici des distinctions en 69, appuyées sur des exemples, entre les cités pérégrines (exemples : Thugga, Théveste, Mactar), les municipes (exemples en 69 : Utique ou Volubilis), et les colonies, avec les cas particuliers des pagi rattachés à une cité (exemple de Carthage), et de la confédération cirtéenne. b) Les tribus (gentes) sont également très diverses : par le genre de vie (sédentaires, transhumants, semi-nomades, ou combinant ces formes) et par leur organisation et leur importance numérique : clans, tribus, confédérations. Parmi les exemples possibles, ceux des Musulames, vaincus définitivement en 45 ou 46, des Suburbures, ou de plus petites tribus comme les Musunii, étaient attendus. c) De nouvelles communautés ont été soumises à l'autorité romaine entre 69 et la fin du IIIe siècle (et cela nécessitait un bilan rapide dans cette partie du devoir). Toutes ou quasiment toutes étaient des tribus. Plusieurs beaux exemples de ces intégrations s'offraient ici : les Gétules de Numidie méridionale dans le dernier quart du Ier siècle, à la suite de l'arrivée de la légion à Théveste et de l'ouverture de l'axe Théveste-Lambèse ; ou les Bavares occidentaux après l'annexion de l'Ouarsenis sous Septime Sévère. D'autre part, on y reviendra, le nombre des cités s'est aussi élevé durant toute la période, par conversion de communautés rurales ou tribales en civitates : on pouvait donc citer ici, pour conclure, l'expression fameuse de Tertullien dans le De anima au début du IIIe siècle : Ubique respublica ! 2) Toutes ces communautés civiles sont insérées dans un cadre provincial et sous le contrôle d'agents de l'Etat Devaient être mentionnés brièvement ici d'abord les quelques voyages d'empereurs attestés en Afrique dans la période : Hadrien en 128, Septime Sévère (peut-être) vers 203, Maximien en 297-298. Puis devait venir la présentation de leurs hommes. a) Provinces et gouverneurs : Il fallait décrire brièvement les différentes situations : la Proconsulaire, province sénatoriale, avec son proconsul, les deux légats du proconsul (situation acquise en 69) avec leurs diocèses, et le questeur ; puis la Numidie, insérée dans la Proconsulaire, mais avec un légat autonome : véritable gouverneur du secteur militaire d'abord (Numidie méridionale et Tripolitaine intérieure), puis dès Hadrien, en fait, de toute la future Numidie, créée officiellement par Septime Sévère ; et enfin les deux Maurétanies, avec leurs procurateurs équestres. Les pouvoirs de ces gouverneurs devaient ensuite être évoqués : la durée de leurs missions (un an pour le proconsul, de deux à trois ans pour le légat de Numidie), et l'étendue de leur autorité : " Il ne peut rien arriver dans la province qui ne soit du ressort du proconsul », selon Ulpien. En fait, les gouverneurs sont d'abord les représentants de l'empereur, et ce dernier contrôle même le proconsul : on pouvait citer à ce sujet l'exemple de l'inscription de Vaga sous Septime Sévère et ses fils, cité promue colonie, avec déduction (rituelle) par le proconsul, " sous les auspices » des empereurs, c'est-à-dire après leur décision. D'autre part, si, à son arrivée, le gouverneur promulgue un édit annonçant son gouvernement, il reçoit des mandata impériaux (depuis Auguste ?). Pratiquement, il a d'abord un pouvoir de maintien de l'ordre et a donc autorité sur des forces armées (cohorte de Carthage pour le proconsul, armée de Numidie pour le légat, armées des Maurétanies pour les procurateurs-gouverneurs). Il en use notamment pour surveiller les tribus, ce qui peut prendre diverses formes : combats contre leurs incursions ou leurs révoltes ; assignation de bornes au nom de l'empereur (exemples : le procurateur de Césarienne délimitant en 128, à Igilgili, le territoire des Zimizes et celui du Castellum Victoriae ; les légats de la IIIe légion délimitant le territoire des Musulames sous Trajan) ; mais aussi conclusion d'accords avec celles qui sont aux marges de la province ou ont gardé une large autonomie (exemple ici des autels de la paix avec les Baquates). Il peut aussi, au

Rapport de l'agrégation externe d'Histoire session de 2006 - 13 - nom de l'empereur, autoriser la création de marchés dans les campagnes (nundinae), auxquels participent les gens des tribus. Il contrôle en principe les cités, notamment leurs finances : tout nouvel impôt local devait obtenir son autorisation ; tout projet aux frais de la res publica devait, en principe, se faire avec son accord et, à partir du milieu du IIe siècle, tous les grands travaux dans une cité devaient même obtenir une autorisation impériale. Le gouverneur veillait à la bonne tenue des élections, et à l'exécution des promesses évergétiques. Surtout, il contrôlait, en général, le bon accomplissement de tout ce qu'on appelle les munera publica à partir du IIe siècle : toutes ces obligations traditionnelles et inhérentes à la vie civique, qui pesaient sur les notables comme sur les humbles (munera sordida). Certaines, qu'il ne faut pas confondre avec les " honneurs municipaux » comme l'exercice des magistratures, étaient nécessaires au fonctionnement interne de la cité (justice locale, organisation des jeux) ; d'autres étaient demandées par l'Etat (entretien du cursus publicus, levée des impôts). Surtout, le gouverneur rend la justice dans la province au nom de l'empereur : d'où ses déplacements sur les lieux de conventus, qui constituent en même temps une tournée annuelle d'inspection de la province. b) Les circonscriptions fiscales et leurs agents, les procurateurs équestres Il faut rappeler d'abord qu'il existait au moins deux grands types de procurateurs. Les uns étaient préposés au contrôle de la gestion des domaines impériaux (nombreux en Afrique), avec différents échelons administratifs (tractus, regio) : leurs administrés étaient des communautés rurales comme celle du Saltus Burunitanus, mais des tribus pouvaient y être intégrées. Les autres étaient chargés des impôts proprement dits, avec la distinction ici entre Proconsulaire avec son questeur, et les autres provinces où des procurateurs levaient les impôts directs. A cela s'ajoutaient les IIII publica Africae, service d'impôts indirects, avec leurs propres procurateurs. Tous ces procurateurs avaient un pouvoir de justice en matière fiscale (cf. le procurateur tué à Thysdrus en 238). En principe, n'échappent à l'impôt que de rares cités pourvues de ce privilège (cités fédérées, au moins au début, et cités pourvues du ius italicum), mais les tribus y sont soumises (les Zegrenses à Banasa). Les opérations de cadastration, pour une bonne part réalisées avant 69 en Proconsulaire, et les recensements ont établi un cadre dans lequel toutes les communautés ont été insérées. 3) Mais l'Etat envoie aussi des agents extraordinaires et des curateurs de cités au Haut-Empire a) Les agents extraordinaires sont envoyés pour procéder à des bornages, et à des limitations de territoires entre cités, ou entre cités et tribus, ou encore à des délimitations administratives : ainsi Rutilius Gallicus, légat sénatorial, en 74 pour un nouveau bornage de la Fossa Regia, ou Sextus Sentius Caecilianus envoyé dans les deux Maurétanies en 75 pour les " (ré)organiser » (ordinare) ; certaines missions sont destinées à des achats extraordinaires de blé pour l'annone romaine en période difficile : ainsi du cas fameux de Titus Flavius Macer, notable d'Ammaedara devenu chevalier, dans le nord-ouest de la Proconsulaire à la fin du règne de Trajan ; d'autres missions ont pour but de procéder à un recensement (exemple de Caius Octavius Pudens en Maurétanie Césarienne en 197-198). b) Les curateurs de cités étaient, au Haut-Empire, des agents exceptionnels de l'empereur, d'origine sénatoriale ou parfois sortis de la curie de Carthage : nommés pour une période courte, ils avaient pour mission essentielle de remettre de l'ordre dans les finances municipales. En Afrique, ils apparaissent très tard, sous Septime Sévère (à Sufetula en 196), interviennent presque tous en Proconsulaire, et restent peu nombreux jusqu'en 235 (entre 13 et 19 connus à l'époque sévérienne, sur un total de 41 pour la période allant de 196 à la fin du

Rapport de l'agrégation externe d'Histoire session de 2006 - 14 - IIIe siècle, selon l'étude de François Jacques). c) On pourrait citer ici aussi les préfets de tribus (sur lesquels on reviendra), agents délégués de l'empereur, mais désignés de manière non systématique, pour administrer certaines communautés tribales, et qui étaient, au Haut-Empire, souvent des officiers de l'armée ou des notables de cités romaines (cas de Titus Flavius Macer, déjà cité, et qui fut " préfet des Musulames » sous Trajan). Une première conclusion peut, à ce stade, souligner le contraste entre d'une part l'ampleur théorique des pouvoirs de l'empereur et des agents de l'Etat, et d'autre part, comme le montre la situation réelle des curatelles, l'autonomie des communautés, très large, on va le voir, dans la pratique. Cette autonomie est une clef pour comprendre le succès des impulsions romanisatrices de l'Etat, et aussi les réactions parfois vigoureuses des communautés. II. Dialectique des rapports Etat/Communautés au Haut-Empire : 1) Il faut commencer par rappeler les buts de l'Etat romain dans son administration de l'Afrique, donc dans ses rapports avec les communautés, et leurs effets directs On peut en définir trois : maintien de l'ordre, efficacité de la levée de l'impôt, et, avec des limites à préciser, romanisation, le tout conjugué à un principe d'ordre autant idéologique que politique : respecter l'autonomie des cités, et à une réalité intangible : le faible nombre de fonctionnaires de cet Etat romain. a) Les deux premiers buts ne prêtent guère à discussion. Il s'agissait d'abord d'assurer le maintien de l'ordre. Dans sa forme la plus brutale, cet objectif impliquait le recours à l'armée. Au Haut-Empire, son usage contre des communautés intérieures apparaît, en fonction de nos sources (surtout épigraphiques), assez limité. Il a visé surtout les tribus de l'intérieur, conquises depuis longtemps ou récemment, pour des opérations de répression contre des soulèvements. Entre 69 et la fin du IIIe siècle, ces révoltes indigènes sont presque exclusivement maurétaniennes. Les conséquences de ces interventions brutales sur les communautés tribales nous échappent le plus souvent : captures d'esclaves (mosaïque de Cherchell), assujettissements par l'intermédiaire de préfets ; des restrictions de territoire sont probables, mais en fait assez rarement attestées. Avec les cités, cette conception du maintien de l'ordre est plus subtile. Passé l'orage de 68-69, la seule grande crise qui a vu un recours à l'armée contre des cités est celle de 238 (infra). Ordinairement, les gouverneurs n'intervenaient que dans des cas graves, et surtout pour les protéger des tribus ou des " brigands » : on songe ici à l'exemple célèbre de Sala en 144 : Sulpicius Felix, préfet d'aile mais chargé en fait d'une mission extraordinaire par le gouverneur de Maurétanie Tingitane, protégea la cité en lui rendant " l'accès aux forêts et aux champs », et la fit entourer de remparts. Pour le reste, le gouverneur n'use en fait de son pouvoir de contrôle sur les cités qu'à la demande de celles-ci. Il assiste parfois ainsi aux élections annoncées comme houleuses, pour y servir d'arbitre ; il peut aussi obliger, à la demande de la curie, un élu récalcitrant à accepter sa charge. Son intervention n'est vraiment forte que dans la ville où il réside : le cas extrême, mais très particulier, est celui du légat de la IIIe légion, puis légat de Numidie, à Lambèse, où il est omniprésent dans tous les actes de la vie municipale, même quand la cité devient colonie honoraire au milieu du IIIe siècle. De manière générale, la Numidie est aussi, de tout l'Occident, la province pour laquelle il existe le plus d'attestations d'interventions des gouverneurs dans la vie des cités (86 entre 117 et 260, mais surtout des dédicaces de monuments).

Rapport de l'agrégation externe d'Histoire session de 2006 - 15 - Il s'agissait ensuite de rendre efficace la levée de l'impôt (et notamment des prélèvements destinés à l'annone de Rome, souci essentiel qui explique un intérêt tout particulier du pouvoir central pour l'Afrique). Cela supposait une rationalisation de l'organisation des communautés, qui passait par la cadastration, mais aussi par la poliadisation de ces communautés. L'Etat avait besoin en effet de s'appuyer sur des partenaires locaux bien identifiés et fonctionnant selon les mêmes normes. Or la cité était la structure qui paraissait pour cela la mieux adaptée. La politique de poliadisation fut cependant inégale, car menée selon plusieurs critères : en fonction de la présence ou non de citoyens romains ; en fonction de l'existence d'une élite locale capable d'animer une cité ; en fonction du niveau d'investissement que cela pouvait représenter, entre coûts de défense et niveau de rentabilité fiscale et politique attendue. Concrètement, cette volonté de poliadisation toucha des communautés rurales importantes, situées sur de grands domaines, et que l'administration jugeait assez développées pour passer à ce stade : on pourrait mentionner ainsi Diana Veteranorum, simple vicus de vétérans sous les Flaviens, et érigé directement au rang de municipe par Trajan. Elle toucha aussi des communautés rurales dépendant de cités, et désormais rendues autonomes : ainsi du populus Thabarbusitanus, dépendance de Calama devenue cité, probablement au IIIe siècle. Elle toucha enfin les tribus, qui nous intéresseront surtout ici. Formes : elle aboutit d'abord à la sédentarisation de certaines d'entre elles, et dans un certain nombre de cas à leur conversion en cités : l'exemple classique ici est celui des Natabuttes en Numidie cirtéenne, natio pour Pline, mais civitas Nattabutum au temps des Sévères, et municipe plus tard, sous Valens. Dans d'autres cas, la méthode fut celle de l'adtributio, fortement mise en valeur récemment, mais sûre encore dans un petit nombre de cas seulement (les Cinithi à Gightis). Quand on n'allait pas jusqu'à la poliadisation, les gouverneurs intervenaient néanmoins pour promouvoir une élite ou un chef, qui serve ensuite d'interlocuteur, et assume probablement la répartition de l'impôt sur la tribu. On pouvait citer ici, sous Marc Aurèle, Lucius Verus et Commode, la Table de Banasa, avec, à travers l'octroi de la citoyenneté, la consolidation du pouvoir d'une famille dans une gens (le deuxième Julianus est désigné comme princeps gentis des Zegrenses, ce qui n'était pas le cas de son père, seulement un des primores). Et de là pouvait venir ensuite un développement sur les principes de tribu, probablement investis par Rome, et sur les préfets de tribus du Haut-Empire, avec le cas de la Césarienne et de son procurator ad curam gentium. b) Un troisième objectif est plus controversé : y eut-il une politique de romanisation des communautés menée par l'Etat romain ? Un rappel du débat Bénabou/Thébert (cf. remarques préliminaires) était d'abord nécessaire. Mais nous limitons ici notre réflexion aux communautés, et sur ce point d'abord aux cités. Or pour celles-ci, il existe surtout deux critères incontestables de " romanisation » : la diffusion de la citoyenneté romaine, de manière collective ou restreinte aux élites, dans leur corps civique, et l'adoption d'un modèle d'organisation institutionnel de type " romain ». Pour la première, il s'agit bien d'une prérogative émanant de l'Etat seul (en l'occurrence de l'empereur), et qu'il a employée effectivement, de manière sélective, et irrégulièrement progressive. De ce point de vue donc, et en tenant compte des variations d'attitude d'un règne à l'autre, parler de politique de romanisation n'est pas abusif. Les cités ont pu, par ailleurs, se doter d'elles-mêmes d'institutions romaines. Mais les deux ont souvent été de pair. Il était donc logique d'évoquer ensuite les diverses formes d'intervention de l'Etat en ce sens, avec leurs conséquences sur les noms des cités : les déductions coloniales véritables, peu nombreuses après 69, et arrêtées en 100 avec Timgad, pouvaient être évoquées à cette place (ou dans le paragraphe " maintien de l'ordre », puisqu'il s'agit d'implantations en des lieux

Rapport de l'agrégation externe d'Histoire session de 2006 - 16 - stratégiques) ; puis on devait envisager successivement l'octroi du droit latin mineur ou majeur à une civitas (ex : Mactar sous Hadrien, ou Gightis sous Antonin), la promotion de civitas en municipe (ex : Bulla Regia ou Lepcis Magna sous Vespasien, le cas particulier de la transformation en municipes des couples Pagus-civitas de la pertica de Carthage sous Septime Sévère), la promotion de municipe en colonie honoraire (ex : Utique sous Hadrien), et l'octroi du jus italicum (aux conséquences fiscales, mais aussi à forte valeur symbolique : assimilation du territoire de la cité au sol italien), comme à Utique et Lepcis Magna sous Septime Sévère, et Carthage sous Caracalla. Il fallait mentionner aussi le rythme de ces promotions : réactivé sous les Flaviens, fort sous Hadrien, ralenti sous Antonin, accéléré sous Septime Sévère ; et ne pas oublier les inégalités régionales : le phénomène est attesté surtout en Proconsulaire, et paraît plus limité dans les Maurétanies, surtout après les Antonins. Dans le même ordre d'idées, une rapide évocation de la diffusion du culte impérial avait ici sa place : son organisation à l'échelle provinciale a lieu au début de notre période précisément, sous Vespasien (peut-être plus tôt dans les Maurétanies). 2) Dialectique des relations Etat/Communautés Mais dans la pratique, sauf pour les véritables déductions coloniales (jusqu'en 100), ces deux types d'interventions étatiques résultaient d'une dialectique des relations Etat/Communautés fort complexe, entretenue par la volonté de respecter le principe d'autonomie inhérent à la notion de cité, et rendue nécessaire par le petit nombre des fonctionnaires a) Les moyens d'un dialogue On pouvait repartir ici du culte impérial. Dans le cadre provincial, il permettait, lors du concilium provinciae, aux délégués des cités de s'exprimer, et de discuter avec le gouverneur de la situation intérieure. Mais, de manière générale, durant toute l'année, les cités pouvaient s'adresser de multiples manières au gouverneur ou à l'empereur. Les intermédiaires jouaient ici un rôle essentiel, qu'il fallait développer avec des exemples précis : notamment en insistant sur les ambassades des plus hauts notables locaux, et le rôle important des patrons choisis par les communautés, cités mais aussi tribus (cf. la gens des Maccues en Césarienne en 107 et son patron, le procurateur de la province). De manière générale, les légats et procurateurs ont été plus souvent patrons que les proconsuls. b) Ces demandes sont, en fait, derrière un grand nombre d'interventions de l'Etat dans la vie des communautés, évoquées plus haut. Ainsi des attributions du droit latin ou des promotions au statut de municipe ou de colonie (célèbre inscription de Gightis évoquant les deux ambassades, à ses frais, d'un notable local à Rome pour obtenir le droit latin majeur pour sa cité), qui se poursuivirent jusqu'en 268. Ainsi aussi des autres types de faveur de l'Etat, surtout à des cités : exemptions ou remises d'impôts (cas de Banasa en 216), et libertas, un privilège impliquant une pleine autonomie interne associée parfois à des immunités fiscales (problème du caractère peut-être plus honorifique que réel de ce privilège, à signaler). Nombre d'autres actes de la vie des communautés s'inscrivaient aussi dans un mécanisme d'aller et retour entre gestes et manifestations de loyauté politique (à l'Etat, à la dynastie régnante, ou simplement à un gouverneur) et récompenses de ces actes de loyalisme : ainsi pour l'établissement du culte impérial dans une cité ou une tribu (le cas existe : cf. les Musunii Regiani, gens pourvu d'un " flamine des Augustes » sous Septime Sévère) ; ainsi aussi pour l'érection de statues impériales ou d'inscriptions honorifiques. Même la présence fréquente du légat de Numidie sur des dédicaces de monuments municipaux sans rapport avec l'empereur se situerait, selon F. Jacques, dans cette logique : les cités sollicitaient sa présence, pour rehausser le prestige de l'inauguration, et lui y voyait un moyen légal de pérenniser son nom. c) Mais même les missions purement étatiques conduisant les gouverneurs à intervenir de

Rapport de l'agrégation externe d'Histoire session de 2006 - 17 - manière autoritaire dans la vie des communautés supposaient un dialogue. La levée de l'impôt reposait en effet d'abord sur la collaboration des curies municipales et des élites tribales, les agents du fisc transmettant les demandes, et récupérant les espèces ou les produits. Il en allait de même pour un aspect non négligeable du maintien de l'ordre, l'exercice de la justice pénale : enquête, arrestations, instruction des dossiers avant le jugement des gouverneurs reposaient, dès le Haut-Empire, sur les municipalités. De manière générale, il y avait donc un mouvement constant entre communautés et Etat, et Etat et communautés. 3) Ce mouvement n'empêchait pas les crises, qui pouvaient prendre plusieurs formes. a) Protestations contre des abus d'agents de l'Etat : le rôle des assemblées provinciales, et des pétitions à l'empereur, ou des plaintes devant le sénat (exemple : le proconsul Marius Priscus jugé en 100 au Sénat, avec Pline le Jeune dans le rôle d'accusateur public) était à souligner. Et il fallait évoquer ici le cas extrême du soulèvement des cités en 238, contre les excès de la fiscalité de Maximin et notamment la saisie de leurs revenus. b) Révoltes tribales en réaction contre des exigences fiscales, des bornages ou des amputations de territoire : pour le premier cas, ce fut la cause probable de l'insurrection des Maures de Césarienne en 227 (inscription d'Auzia) ; pour le second, c'est une des explications possibles (avec l'effet stimulant de la dissolution de la IIIe légion) de la grande révolte de la même province entre 253 et 263, après l'extension territoriale de l'époque sévérienne. Ces révoltes représentent, sous une forme limitée (mais répétée encore dans les années 290, jusqu'à la campagne de Maximien en 297-298), un aspect d'un phénomène plus large qui toucha tout l'Empire au IIIe siècle, et aboutit à sa restructuration. L'Afrique n'y échappa pas, et les rapports Etat/Communautés y prirent donc une nouvelle forme à partir de la Tétrarchie. III. Un nouveau style de relations entre l'Etat et les communautés (285-429) 1) Un nouvel encadrement des communautés a) Les réformes de Dioclétien d'abord, puis de Constantin, provoquent une réorganisation du corps des agents de l'Etat, avec un net étoffement de ses effectifs. La première réforme importante concerne les provinces, probablement en 303 : on passe, par une série de divisions des unités existantes, de quatre à huit provinces, puis finalement après 312 à sept (les nouvelles sont la Maurétanie Sitifienne, la Byzacène, et la Tripolitaine). Les gouverneurs, dont les titres changent (sauf pour le Proconsul d'Afrique) sont eux-mêmes soumis à de nouvelles instances supérieures : le praeses de Maurétanie Tingitane est contrôlé par un vicaire du nouveau " diocèse d'Espagne » ; les autres gouverneurs (avec le titre de praeses ou consulaire), sauf le proconsul (ce qui suscite des conflits de compétences), sont sous les ordres d'un vicaire d'Afrique. Le vicaire d'Afrique lui-même dépend d'un préfet du prétoire, dont la circonscription géographique (Italie-Afrique-Illyricum) est définitivement définie après Constantin. De la même manière, le commandement militaire est réorganisé : à partir du milieu du IVe siècle, deux comtes, l'un pour la Tingitane, l'autre pour le reste de l'Afrique, commandent l'armée des comitatenses, et des duces sont placés à la tête de l'armée des frontières ; tous sont indépendants des gouverneurs ou vicaires (sauf en Césarienne où il y a un dux et praeses).

Rapport de l'agrégation externe d'Histoire session de 2006 - 18 - Les services fiscaux sont également réorganisés : la Proconsulaire passe sous le même régime que les autres provinces, avec des rationales à la tête des grandes subdivisions. A tous les niveaux, il y a étoffement des officia : on sait ainsi que l'officium du vicaire d'Afquotesdbs_dbs35.pdfusesText_40

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