[PDF] I. LHumanisme : une nouvelle manière de penser lHomme.

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H2-2 HUMANISME, RENAISSANCE ET REFORMES

Introduction :

Parallèlement aux Grandes Découvertes, l es XV-XVIème siècles son t marqués par un renouve au intellectue l et

artistique en Europe appelé " Renaissance ». Les auteurs de l'Antiquité sont redécouverts. Les penseurs vont placer

l'homme au centre de leur réflexion (naissance de l'Humanisme) et rompre ainsi avec la logique médiévale qui

privilégiait Dieu.

Les artistes deviennent pluridisciplinaires et expérimentent des techniques novatrices. Par ailleurs, le regard du

chrétien face à son créateur change et plonge l'Église dans une réforme majeure. C'est une époque particulière

marquée par l'idée de modernité, une époque de changements rapides, fruits du travail de certains hommes.

Pb : En quoi la période moderne des XVe et XVIe siècles est-elle marquée par un profond renouvellement artistique,

intellectuel et religieux en Europe ? I. L'Humanisme:unenouvellemanièredepenserl'Homme.

A. Unretouràl'Antiquité.

L'Humanisme est un mouvement intellectuel qui apparaît en Italie au XVe siècle qui prône un retour aux sources

antiques. Dès le XIVe s, des intellectuels italiens comme Pétrarque (1307-1374) reviennent aux intellectuels de

l'Antiquité. Mais le mouvement s'accélère avec l'arrivée en Italie de savants byzantins qui viennent en Italie pour fuir

les Turcs. Ils arrivent avec leurs manuscrits antiques qui sont redécouverts par les penseurs de l'Occident. De nouvelles

sources, principalement issues de la Grèce Antique, sont donc disponibles.

Des historiens grecs comme Hérodote et Thucydide aux géographes Strabon et Ptolémée, la pensée grecque se diffuse

et avec elle l'enseignement du grec et de l'hébreu qui se propagent dans les universités d'Europe.

L'Humanisme se diffuse dans toute l'Europe au XVIe s.

B. L'Hommeaucentredesconnaissances.

Sans remettre en question la place de Dieu dans la création et l'univers, l'Homme est placé au centre des savoirs. Les

humanistes développent une réflexion profonde sur la nature humaine : l'homme n'est pas uniquement un être qui a

commis des pêchés e t doit trouv er son Salut dans les priè res, c'est auss i un être qui doit recher cher son

épanouissement dans le développement de ses capacités intellectuelles, dans son esprit critique.

Mais l'Humaniste ne se limite pas à la maîtrise du grec et de l'hébreu. C'est aussi un scientifique qui pratique des

expérimentations : André Vésale fait progresser la connaissance du corps humain en pratiquant des dissections et

Léonard de Vinci sans doute aussi. Nicolas Copernic est le premier à placer le Soleil au centre de l'Univers (et non plus

la Terre). Certaines de ces avancées remettent en cause l'Eglise et son dogme. Ainsi Nicolas Copernic, retarde la sortie

de sa thèse par peur de la réaction de l'Eglise qui ne reconnaîtra l'héliocentrisme qu'au XIXe siècle.

C. Larévolutiondel'imprimerie.

Vers 1450, Johannes Gutenberg développe dans son atelier de Mayence un système d'impression à caractères mobiles

qui forment un texte. Les livres peuvent être désormais produits rapidement, en grande quantité et à plus faible coût.

C'est la naissance de l'imprimerie qui joue un rôle très important dans la diffusion de l'Humanisme. Si les premiers

ouvrages imprimés sont religieux avec notamment la Bible de Gutenberg, ce sont les classiques de l'Antiquité gréco-

latine et les ouvrages des Humanistes qui sont très majoritaires au XVIe siècle.

La République des Lettres : Partout en Europe, les Humanistes comme Érasme (1467-1536) entretiennent des relations

étroites en s'écrivant, en se rendant visite et en s'écrivant en latin qui est la langue commune des intellectuels

européens. La République des lettres est une expression qui désigne ce réseau d'intellectuels qui circulent entre les

universités de Bologne, Paris, Louvain et les capitales (Vienne) ou encore dans les centres d'imprimerie. La diffusion

des idées des Lumières passe par l'éducation et la transmission des savoirs dans les langues vernaculaires qui sont les

langues locales ou nationales parlées par la population (anglais, français, occitan...) même si l'Humanisme reste limité

à une élite restreinte.

II. LaRenaissance(XV-XVIes)

A. Unemutationdespratiquesartistiques.

Au XVe siècle, les artistes italiens puis européens ont le sentiment de vivre une nouvelle période de l'histoire de l'art,

en rupture avec le Moyen âge. Ils utilisent alors le terme de Renaissance pour qualifier cette période. Alors que l'art

médiéval s'inspirait principalement des récits tirés de la Bible ou de la vie des Saints, l'art de la Renaissance, s'il utilise

toujours la question religieuse, s'inspire également de la mythologie gréco-romaine. L'Antiquité devient une nouvelle

source d'inspiration et les oeuvres de l'Antiquité comme les statues sont protégées et vendues dans toute l'Europe.

Les textes anciens sont redécouverts, notamment les théories sur l'art de Platon, Aristote et surtout Vitruve, auteur

romain du premier siècle ap JC, qui sert de base au premier traité d'architecture de la Renaissance de Léon Alberti

(1404-1472). De nombreuses inventions modifient le travail des artistes de la Renaissance :

• La peinture à l'huile utilisée d'abord par le peintre flamand Jan Van Eyck (1390-1441) qui permet d'obtenir des

couleurs plus profondes en mélangeant les pigments avec de l'huile.

• La perspective qui s'appuie sur les mathématiques qui permet de créer de la profondeur sur une surface plane

en faisant converger toutes les lignes de la scène vers un point de fuite. La théorie est mise en place par Léon

Alberti et ajoutée aux réflexions sur le nombre d'or et la théorie des proportions représentée par Léonard de

Vinci avec l'Homme de Vitruve.

B. L'Artcommeaffirmationdelapuissance.

Les Rois, les Empereurs, les princes et même le Pape utilisent les artistes pour renforcer leur image de Prince moderne

qui défend les Arts et les Humanités. C'est par exemple le cas de François 1 er qui s'inspire des Princes italiens comme

les Médicis à Florence dans le mécénat et arrive à boucler le transfert du siècle en ramenant de ses campagnes d'Italie

Léonard de Vinci (1516) et en demandant à des artistes italiens d'intervenir à Fontainebleau (Primatice).

Par le mécénat (soutien financier aux artistes qui passent par des commandes régulières), les Princes et même les

riches marchands permettent le développement de la production artistique.

La Renaissance qui apparaît en Italie du Nord se diffuse en Europe : La France est gagnée par la Renaissance sous

François 1

er

, donnant naissance à une Renaissance française. Le dynamisme économique des Flandres permet le

développement d'un mécénat privé et d'une Renaissance flamande (XVe siècle) autour de Jan Van Eyck et des Primitifs

flamands.

C. Unnouveaustatutpourl'artiste.

Alors qu'au Moyen Age, l'artiste est vu comme un artisan qui maîtrise une technique et dont le métier est organisé

par une corporation, leur statut change. Les peintres et sculpteurs sont formés dans des ateliers dont le plus célèbre

est celui d'Andrea del Verocchio qui vit passer Léonard de Vinci, Le Pérugin et Botticelli. Ces lieux sont des espaces

d'échanges, de recherches intellectuelles et culturelles en lien avec l'Humanisme.

A partir du XVe siècle, l'artiste signe son tableau en bas et se représente parfois (comme Van Eyck dans le portrait des

époux Arnolfini). Ils réalisent des autoportraits et deviennent célèbres (Raphaël, Michel-Ange, Léonard de Vinci).

A partir de 1503, le Pape Jules II fait appel aux meilleurs artistes pour réaliser la Chapelle Sixtine au Vatican. Michel-

Ange réalise le plafond de la chapelle (1508-1512). Au-delà de la peinture, il s'agit pour Jules II comme pour Michel-

Ange de l'oeuvre d'une vie. Michel-Ange qui sera nommé architecte suprême, sculpteur et peintres des Palais du

Vatican, achève la Chapelle Sixtine par la réalisation du Jugement Dernier, oeuvre monumentale de 13x12 m !

III. Lesréformesreligieusesbouleversentl'EuropeduXVIes

A. L'Égliseaucoeurdelacritique.

Les critiques envers l'Église sont nombreuses et régulières. Au XIVe siècle, des penseurs reprochent au catholicisme

de s'être éloigné de la religion originelle. La mise en place d'une hiérarchie puissante, d'un clergé organisé a selon eux

créé une rupture entre le clergé incarné par le Pape, qui est un chef d'état et qui est préoccupé avant tout par la

politique, et les fidèles. Les Humanistes dénoncent les abus du clergé et Érasme propose une traduction du Nouveau

Testament qui remet en cause le dogme catholique en 1516.

Les indulgences concentrent les critiques. C'est un document par lequel l'Église, en échange d'une bonne action ou

d'une somme d'argent, promet au pécheur que le temps passé au purgatoire après sa mort sera réduit. Elles sont

considérées comme une corruption.

Dans le même temps, la recherche du Salut reste centrale pour les populations qui sont restées marquées par les

épidémies comme la Grande Peste Noire de 1348 qui est interprétée comme un châtiment divin. Le fossé devient

immense entre Jules II qui fait construire la Chapelle Sixtine et la Basilique Saint Pierre et de nombreux fidèles qui

veulent un christianisme austère, à l'image du Christ.

B. Letempsdesréformateurs.

En 1517, Luther, un moine allemand, fait placarder sur la porte de l'église de Wittenberg les " 95 thèses », où il dénonce

les abus de l'Église. Il dénonce l'enrichissement de l'Église grâce à la dîme (impôt prélevé par l'Église) et à la vente

d'indulgences. Luther affirme que seule la foi du chrétien va lui permettre d'obtenir son salut. Les oeuvres dénoncées

par Luther sont : l'achat d'indulgences mais aussi les messes, les pèlerinages, les cultes des saints. Martin Luther est

excommunié par le Pape en 1520 mais trouve refuge et protection auprès de nombreux princes allemands comme le

Prince-électeur de Saxe Frédéric III qui le protège durant plusieurs mois dans son château de la Wartbourg.

Les protestants européens se divisent en trois groupes majeurs :

• Les Luthériens (mouvement fondé par Luther) se trouvent essentiellement en Allemagne, au Danemark, en

Suède et en Norvège ;

• Les Calvinistes ou réformés : C'est un mouvement fondé par Jean Calvin en 1541 à Genève qui propose une

religion sévère et marquée par la croyance en la prédestination (idée selon laquelle le Salut de l'individu est

décidé par Dieu avant même sa naissance). Les Réformés se situent surtout en Suisse, dans le Sud de la France,

aux Pays-Bas et en Ecosse

• Les Anglicans (mouvement fondé par le roi d'Angleterre Henri VIII en 1534 proche du calvinisme) est la

nouvelle religion officielle en Angleterre qui conserve l'organisation de l'église catholique et le clergé qui doit

obéir au Roi d'Angleterre.

Ces mouvements que l'on appelle protestants s'appuient sur l'analyse de la Bible et le rejet des Saints du culte de la

Vierge. Seuls deux sacrements sont reconnus (baptême, eucharistie) et le Salut de l'âme ne peut s'obtenir que par la

foi (et la prédestination pour les Calvinistes). C. Unbouleversementpolitiqueetreligieuxpourl'Europe.

La Contre-réforme : Face au développement du protestantisme, l'Eglise catholique réagit fermement : elle réactive

l'Inquisition (tribunal religieux chargé de juger les hérétiques) et ouvre le Concile de Trente (1545-1563). Le concile

(réunion regroupant les évêques de la chrétienté pour régler une question en rapport avec le dogme) adopte une

position conservatrice en réaffirmant tous éléments du dogme (ceux présents dans le Nouveau Testament et ceux

affirmés par les conciles précédents). Cela dit, elle améliore la formation des prêtres, en créant le séminaire (institution

de formation des prêtres).

Les guerre s de religion : Au XVIè me siècle, des confl its religieux éclatent entre cathol iques et protestants. En

Allemagne comme en France, des " guerres de religion » opposent de façon très violente le clan catholique au clan

protestant (qui font preuve, l'un comme l'autre, d'une très grande intolérance religieuse et provoquent des milliers

de morts). En Allemagne, les conflits prennent fin avec la signature de la paix d'Augsbourg en 1555 (Charles Quint

reconnaît la liberté religieuse dans le Saint-Empire). En France, les " guerres de religions » s'achèvent lorsqu'Henri IV

(qui était à l'origine protestant mais qui s'est converti au catholicisme pour monter sur le trône) rédige l'édit de Nantes

en 1598 (qui accorde la liberté confessionnelle).

CONCLUSION :

L'Humanisme et la Renaissance ont donc participé à la diffusion d'idées et d'oeuvres qui placent l'Homme au centre

des préoccupations. En créant un réseau comme la République des Lettres, ils ont permis la diffusion de nouvelles

idées qui ont rencontré un écho dans le monde chrétien dans un contexte religieux perturbé. Luther, mais aussi Calvin

ou encore Henri VIII ont posé les bases de nouvelles pratiques religieuses aboutissant la division religieuse de l'Europe

ainsi qu'aux guerres de religio n. Mai s au-delà de ces div isions , ces trois mouvements qui s'entremêlent et se

complètent ont abouti en France et en Angleterre à une réflexion et à une affirmation du pouvoir politique.

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