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Naviguer dans les arbres

magique entre les arbres. (Europe Démocratie Esperanto) 018 % ; Axel de Boer (Solidarité France) 0



hiver 2010

que le champignon n'atteint que des parties lésées de l'arbre longtemps ; ainsi qu'Olivier Gaujoux et Axel Bortoli grâce à.



La littérature à lécole - Liste de référence cycle 3

Godard Axel. Maman Dlo (2002) et l'arbre magique »



PROJETS TERRAINS

arbres» dans le Tarn succès croissant du festival Colombiodiversidad avec plus de 6000 LE NOYER MAYA



Correction Plan de travail jeudi 19 et vendredi 20 mars CM1 et CM2

20 mars 2020 Nous avons sculpté nos initiales dans le tronc de cet arbre. ... Grace à la potion magique ces Gaulois résistent aux légionnaires romains.



BULLETIN MUNICIPAL Réunion publique 22 mai 2018 - 20h30

un Arbre de Noël vraiment magique ! Au programme : visite des lieux jeux et goûter 27/12/2017 NAVILLOD Axel. 10/03/2018 PARPILLON-CACHOUD Camille.



Évelyne LASSERRE Axel GUÏOUX Lexpérience cubique : Approche

immensité verdoyante couverte de pelouse



Grammaire Vocabulaire Orthographe Conjugaison

31 mars 2005 Le voilà ! je me sauve monsieur Axel



Untitled

comment les arbres réagissent aux interventions voulues par le forestier quelles sont Axel Jumelin France Pyrénées Atlantiques- Photo n°88.



couv plantes hall-web.qxp

salvia sauge divinatoire

ISBN 10 : 2-11-096692-0

ISNB 13 : 978-2-11-096692-6

OFDT Usages contemporains de plantes et champignons hallucinogènes D

ÉCEMBRE

2006
Catherine REYNAUD-MAURUPTCe rapport de recherche sur les plantes et les cham- pignons hallucinogènes a été réalisé dans le cadre du dispositif TREND (Tendances récentes et nouvelles drogues) de l'OFDT, dont l'objectif est d'identifier et de décrire l'évolution des tendances ainsi que les phénomènes émergents liées aux produits illicites ou détournés de leur usage. Depuis un certain nombre d'années, les observations de terrain montrent un usage en pleine expansion, de même qu'une diversification, des substances relevant de cette famille de produits. Ce constat appelait une investigation plus approfondie permettant de comprendre les motivations des personnes qui ont recours aux plantes et aux champi- gnons hallucinogènes. Pour ce faire, l'étude a adopté une approche qualitative fondée sur le recueil de trente entretiens auprès d'usagers ayant consommé, au moins six fois dans l'année précédant l'enquête, des plantes ou des champignons hallucinogènes. Une typologie des différents sens investis dans la consommation des plantes et des champignons hallucinogènes a été construite afin de tenter de rendre compte des signifi- cations et des représentations associées à l'usage de ces substances.TRENDTendances récentes et nouvelles drogues

USAGES

CONTEMPORAINS

DEPLANTESET

CHAMPIGNONS

HALLUCINOGÈNES

Décembre

2006

UNE ENQUÊTE QUALITATIVE EXPLORATOIRE

CONDUITE EN

FRANCE

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Décembre 2006

Catherine REYNAUD-MAURUPT

USAGES CONTEMPORAINS

DEPLANTESETCHAMPIGNONS

HALLUCINOGÈNES

UNE ENQUÊTE QUALITATIVE EXPLORATOIRE CONDUITE

EN

FRANCE

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Avant-propos

3 Il existe une abondante littérature ethnographique sur les usages traditionnels des hallucinogènes naturels dans des populations exotiques ;les usages traditionnels occidentaux ont quant à eux été abordés,bien que tardivement,dans la littérature scientifique. En revanche,nous ne disposons encore que de très peu de données qualitatives sur les usages européens contemporains des hallucinogènes naturels.Ces dernières années,

ce type d'usage a surtout été évoqué à travers des images colorées véhiculées par les adeptes

du "néochamanisme» occidental,réinterprétation à la fois écologique et sacrée du monde

vivant et de l'accès à la connaissance.C'est ainsi que l'on a pu attribuer à cette mouvance mystique et au courant de la consommation " naturelle » stipulant l'absence de danger des produits naturels,l'engouement récent constaté pour les drogues naturelles,en contrepoint d'une supposée désaffection pour les drogues synthétiques. L'observation d'une progression,modérée mais régulière des usages de plantes et de champignons chez les jeunes générations,mise en perspective avec la dangerosité particu-

lière d'usages menés hors du cadre "protecteur» assurés par les initiateurs traditionnels,

a conduit l'Observatoire européen des drogues et des toxicomanies (OEDT) à se préoccuper de la manière dont étaient effectivement consommées ces substances. Ce travail mené au plan français avec le soutien de l'OFDT s'inscrit dans une même

logique :mieux connaître les différents profils d'usagers,leurs véritables motivations et les

modalités de leur initiation. Ainsi,le rapport explore particulièrement les dimensions de l'usage déterminant les risques,à commencer par les contextes de consommation,mais également les modes de transmission de la connaissance et de l'expérience. Au final,cette enquête qualitative exploratoire,qui s'appuie sur l'analyse de trente entretiens approfondis,constate une opposition entre drogues synthétiques et naturelles moins prégnante que celle attendue. Ce travail met également en lumière les risques liés aux consommations individuelles permises notamment par le mode d'approvisionnement qu'est le réseau Internet,par ailleurs unique pourvoyeur d'informations précises dans ce domaine. Ainsi,cette étude démontre la singularité du mode de développement du marché des hallucinogènes naturels,de leur usage,et de la délivrance d'informations préventives,toutes dimensions qui tendent à échapper au contrôle des dispositifs officiels. En assurant aux pouvoirs publics une lisibilité nouvelle sur ces phénomènes peu visibles, ce travail s'inscrit parfaitement dans la ligne d'action de l'OFDT.

Jean-Michel Costes,

directeur de l'OFDT

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Usages contemporains de plantes et champignons hallucinogènes 4

Avertissement

au lecteur

* Lexique des règles typographique en usage à l"imprimerie nationale, Paris, Imprimerie nationale, 1990,

196 pages; Louis, Guéry, Dictionnaire des règles typographiques, deuxième édition, Paris, CFJP éditions,

2000, 284 pages; Code international de nomenclature botanique de St Louis,

À l'intersection entre la sociologie et l'anthropologie,ses matières essentielles,et la botanique (parfois même la chimie),ce rapport présente des difficultés d'écriture typographique,qu'il convient de préciser pour éviter les risques d'erreurs d'inter- prétation. Pour guider le lecteur,voici donc quelques repères sur les choix d'écriture utilisés. Les recommandations typographiques courantes et spécialisées* observées dans cet ouvrage sont les suivantes :

1 - Les noms d'espèces latinisés se composent en italique,avec une capitale initiale

au premier mot.

2 - On compose avec une capitale initiale les genres,familles,ordres,classes et noms

d'embranchements.

3 - En français,par contre,les noms se composent en romain sans capitale.Ce sera

le cas des noms issus de la langue latine désormais intégrés dans la langue française (par exemple,cannabis). Ainsi,si nous prenons l'exemple de la sauge divinatoire,nous écrirons : - Salvia divinorum Epling et Jàtiva (capitale initiale,italiques pour les deux taxons) : ici,Salviadésigne le genre,divinorum spécifie l'espèce au sein du genre,tandis que Epling et Jàtiva sont les noms des chercheurs qui ont les premiers recensé cette plante dans la nomenclature botanique ; - Lamiaceae (capitale initiale,caractères romains) désignant la famille ; - salvia,sauge divinatoire,sauge des devins,menthe magique désignant en fran- çais une espèce (Salvia divinorum Epling et Jàtiva) et non le genre Salvia.Il s'agit de termes de la langue courante,donc à composer en bas de casse,et non d'une écriture classificatoire,qui comportera,elle,une capitale initiale. Nous avons pris le parti de ne pas composer ces noms courants avec une majus- cule initiale,y compris pour les appellations de plantes en une langue étrangère,par exemple san pedro,cactus de la famille Cactaceae (Cactées ou Cactacées).

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5 De même," datura »,sans majuscule initiale,désignera,comme dans le vocabulaire des usagers,l'espèce Datura stramoniumL. ;" psilos » ou " psilos français »,sans majuscule initiale,désigneront des champignons du genre Psilocybe cueillis en France, et en particulier les espèces Psilocybe semilanceata (Fr.) Kummer et Panaeolus cinc- tulus(Bolt.) Saccardo. Nous avons fait de même pour les noms de plantes utilisés en jardinerie. En chimie,les éléments,sont également composés en caractères romains,sans capi- tale.Par exemple,les principaux principes actifs des champignons du genre Psilocybe sont la psilocybine et la psilocine.

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Usages contemporains de plantes et champignons hallucinogènes 6

Sommaire

CONTRIBUTIONS 8-9

INTRODUCTION 10

LES USAGES DES CHAMPIGNONS

ET DES PLANTES HALLUCINOGÈNES 20

L

ES PRATIQUES20

L

ES EFFETS RESSENTIS40

L

ES SOURCES D"APPROVISIONNEMENT51

L

ES CONSÉQUENCES SANITAIRES ET SOCIALES54

L A PERCEPTION DES RISQUES ASSOCIÉS À L"USAGE57 S

YNTHÈSE DU CHAPITRE65

TYPOLOGIE DES SIGNIFICATIONS ASSOCIÉES À L"USAGE DES CHAMPIGNONS ET DES PLANTES HALLUCINOGÈNES 67 L"

INTERPRÉTATION DES SIGNIFICATIONS DE L"USAGE67

L E SENS INVESTI DANS LES PRATIQUES DES SUBSTANCES NATURELLES

HALLUCINOGÈNES

72
D YNAMIQUE DES CARRIÈRES ET SUCCESSION DES SIGNIFICATIONS ASSOCIÉES84 C ONCLUSION SUR L"INTERPRÉTATION DES SIGNIFICATIONS DE L"USAGE88

SYNTHÈSE GÉNÉRALE 90

DISCUSSION - CONCLUSION 92

TABLE DES ILLUSTRATIONS 99

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES 100

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7

ANNEXES

A

NNEXEIMÉTHODE DE L"ENQUÊTE106

A NNEXEII FICHES SIGNALÉTIQUES DES PERSONNES RENCONTRÉES

POUR L

"ENQUÊTE110 A NNEXEIII BREF EXPOSÉ DE MYCOLOGIE ET DE BOTANIQUE117 A NNEXEIV MANUEL DE L"UTILISATEUR DE SALVIA DIFFUSÉ SURINTERNET127 A NNEXEV DES CHIFFRES ET QUELQUES DONNÉES DE CONTEXTE144

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Contributions

L'équipe de travail

Le travail présenté dans ce rapport est le fruit d"une collaboration entre le Groupe de recherche sur la vulnérabilité sociale (GRVS) et le dispositif TREND (Tendances récen- tes et nouvelles drogues) de l"Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT). L"OFDT, représenté par son directeur, Jean-Michel Costes, a entièrement financé la

réalisation de cette étude. Ce travail a été supervisé par les responsables successifs du

pôle TREND: Pierre-Yves Bello jusqu"en septembre 2005 et Agnès Cadet-Taïrou à partir de cette date.

Équipe de recherche

Catherine Reynaud-Maurupt, GRVS, Nice

Conception, coordination, enquête à Nice, analyse des données, rédaction du rapport

Emmanuelle Hoareau, GRVS, Nice

Enquête à Marseille, relecture

Saloua Chaker, université Toulouse Le Mirail, association " Graphiti », Toulouse

Enquête à Toulouse

Anne-Cécile Rahis, CEID, Bordeaux

Enquête à Bordeaux

Guillaume Poulingue, CIRDD Bretagne, Rennes

Enquête à Rennes

Robert Vaudour, GRVS, Nice

Enquête à Rennes

Catherine Miachon, CNDT, Lyon

Enquête à Lyon

Pierre-Yves Bello, OFDT, Saint-Denis

Conception

Usages contemporains de plantes et champignons hallucinogènes 8

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Abdalla Toufik, OFDT, Saint-Denis

Conception, relecture

Agnès Cadet-Taïrou, OFDT, Saint-Denis

Relecture et rédaction de l"annexe V

Michel Gandilhon, OFDT, Saint-Denis

Rédaction de l"annexe V

Relecture et correction typographique

Hassan Berber, OFDT, Saint-Denis

Le texte de ce rapport a bénéficié également, en ce qui concerne leur spécialité respective, de l"expertise du professeur Régis Courtecuisse (département de bota- nique, faculté des sciences pharmaceutiques et biologiques, Lille), du Docteur Alain Épelboin (Laboratoire ethnobiologie biogéographie, CNRS), du professeur Xavier Thirion (Laboratoire de santé publique, faculté de médecine, Marseille) et de Jimmy

Kempfer (association Liberté, ASUD).

Enfin, nous remercions particulièrement Anne Zoll, professeur honoraire de pharmacognosie, présidente de la SEDAP (Dijon) pour sa patience à notre égard et ses relectures particulièrement attentives. L"équipe de recherche remercie en toute priorité les usagers de plantes et de champignons hallucinogènes qui ont accepté de nous livrer leur expérience de l"usage de ces substances et de nous faire part sans tabou de leurs pratiques et de leur point de vue. Pour toute correspondance: catherine.reynaud@neuf.fr et trend@ofdt.fr 9

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Introduction

Les observations de terrain conduites auprès des usagers de substances psycho- actives montrent que l"usage des plantes et des champignons hallucinogènes 1 est en pleine expansion (Bello etal., 2005; Bello etal., 2004). Du point de vue qualitatif, on constate la diversification des substances consommées: aux Psilocybescueillis à l"automne s"ajoute l"utilisation d"une profusion d"autres types de champignons hallucinogènes (mexicains, hawaïens, amazoniens, amanite tue-mouches). À côté des plantes comme le datura ou l"ipomée (dont les graines contiennent du LSA), on cons- tate la diffusion de l"usage de plantes dites "exotiques» comme la salvia ou sauge divinatoire, l"ayahuasca, l"iboga, de cactées comme le peyotl, ou d"autres formes de LSA comme les graines d"hawaïenne ou rose des bois (hawaiian baby woodrose). La recherche d"expérimentations variées, nouvelles, et le prétendu caractère plus anodin des drogues dites naturelles en comparaison des drogues synthétiques, ont favorisé un regain d"intérêt chez les usagers de produits psychoactifs pour ce type de substances. Le goût pour ces " drogues écologiques », par opposition aux drogues synthétiques, est souvent interprété par les acteurs de santé publique, au-delà de la recherche incessante de " nouveaux effets », comme une réaction à la diffusion massive des drogues de synthèse et aux craintes qu"engendrent ces dernières quant à leurs conséquences sur la santé. Les champignons hallucinogè- nes jouissent effectivement d"une "bonne image» et l"élargissement de leur consom- mation se traduirait par des pratiques au sein de réseaux sociaux de plus en plus diversifiés (Bello etal., 2005; Bello et al., 2004). À côté de ces observations, les données quantitatives disponibles donnent parti- culièrement l"alerte sur l"ampleur de la population concernée par ces usages: l"enquête ESCAPAD2002-2003 (Beck, Legleye et Spilka, 2005) conduite par l"Observatoire fran- çais des drogues et des toxicomanies (OFDT) auprès des jeunes de dix-sept ans lors de la Journée d"appel de préparation à la défense (JAPD) montre qu"une proportion non négligeable d"entre eux a déjà fait l"expérience des champignons hallucinogènes (4,2% de la population interrogée, 5,8% chez les seuls garçons). C"est en partant de ces constats que l"idée de conduire une étude pour décrire les usages actuels des drogues "végétales» hallucinogènes (sauf le cannabis) s"est Usages contemporains de plantes et champignons hallucinogènes 10

1Les plantes et les champignons appartiennent à deux règnes différents (respectivement le règne végétal et le règne fongique).

Il faudrait donc utiliser systématiquement la formulation "plantes et champignons» hallucinogènes. Cependant, pour ne

pas alourdir le texte, nous adoptons la notation "plantes» (ou terme équivalent) pour le cas où des organismes végétaux et

fongiques sont concernés et le mot plantes (sans guillemets) pour les cas où seul le règne végétal est impliqué.

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imposée. Son objectif est de décrire qualitativement les pratiques d"usage de ces "plantes», mais aussi de mieux comprendre les motivations des personnes qui les consomment, en recherchant s"il était possible d"envisager ces pratiques d"un point de vue transversal, c"est-à-dire toutes "plantes» confondues, malgré les spécificités des pratiques associées à chaque type de "plante». L"usage des " plantes » hallucinogènes n"est pas récent dans l"histoire de

l"humanité et existait déjà à la plus lointaine période des souvenirs de notre histoire

collective. Il ne nous appartient pas ici de proposer une description historique exhaus- tive de ce phénomène, qui nécessiterait une étude approfondie et une longue recher- che des sources d"information. Cependant, pour bien cerner la façon dont cette

pratique s"inscrit dans l"histoire de l"humanité, et ainsi mieux apprécier la spécificité

des usages contemporains des drogues "végétales» hallucinogènes, il est intéres- sant d"avoir à l"esprit quelques aspects des pratiques d"usage de ces substances depuis des temps reculés jusqu"à une période plus récente. Bref aperçu des usages historiques des champignons et des plantes hallucinogènes Les pratiques ancestrales des "plantes» hallucinogènes concernent de nombreu- ses sociétés traditionnelles, car ces substances étaient perçues comme ayant des pouvoirs de divination, ou comme un véhicule pour accéder au domaine transcen- dantal ou surnaturel. Le plus souvent, leur usage était réservé à certaines castes de

la société, comme les prêtres ou les chamanes. Elles pouvaient également être réser-

vées à des occasions spécifiques comme les rituels d"alliance et, parfois, les sacrifi- ces humains (Perrin, 1989). Les pratiques rituelles des drogues fourmillent dans l"his- toire humaine à pratiquement toutes les époques, à différents endroits de la planète. Leur consommation était institutionnalisée et certaines cultures traditionnelles ont pu leur attribuer un rôle social central: notamment, une hypothèse sérieuse consi- dère que l"amanite tue-mouches aurait été au fondement de l"organisation sociale de certaines sociétés primitives en Sibérie, puis dans une grande partie de l"Eurasie (Lévi-Strauss, 1973). Dès 1968, les spécialistes de l"Inde avançaient aussi l"hypo- thèse que le soma des textes védiques pouvait bien être cette même amanite tue- mouches (Lévi-Strauss, op. cit.). En Amérique du Sud et Amérique Centrale, l"usage des substances "végétales» hallucinogènes a été rapporté dès le XV e siècle et a perduré tardivement dans les cultures traditionnelles américaines, comme ce fut le cas pour le cactus peyotl. Le moine franciscain Bernadino de Sahagun fut le premier à décrire aux Européens l"usage du peyotl dans les traditions de l"ancien Mexique (Juilliard, 1991): ses écrits rapportent que les Indiens chichimèques utilisaient le peyotl à la place du vin, ainsi que pour les soutenir et leur donner du courage pour le combat en les mettant à

Introduction

11

Plantes hall 2006.qxp 22/12/2006 17:16 Page 11

l"abri de la peur, de la soif et de la faim. Quatre tribus principales consommaient rituellement du peyotl: les Huichol, les Cora, les Tepehuanos et les Tarahumaras. La répression des consommations de peyotl à compter de la conquête espagnole fut très dure, mais le culte traditionnel parvint à se maintenir, de façon syncrétique, sous des formulations ouvertement "chrétiennes»: le peyotl permet de converser avec Jésus et les saints, qui ne sont que de nouveaux noms pour les anciens dieux. Bien plus, l"usage du peyotl s"étendit rapidement du Mexique vers le nord et au XIXesiècle, les principales tribus indiennes de la plaine (Apaches, Sioux, Comanches, Cheyennes...) célébraient le culte traditionnel du peyotl (Juilliard, op. cit.). Mais si l"usage du peyotl a été particulièrement étudié par l"anthropologie, de nombreuses plantes étaient utilisées pour leur capacité hallucinogène dans ces cultures traditionnelles, comme la sauge divinatoire (Salvia divinorum) chez les Mazatèques de Oaxaca au Mexique (Valdès, 1994). Comme dans le cas du peyotl, la consommation rituelle s"est transformée au contact de la colonisation chrétienne, et la sauge divinatoire porte également le nom de hierba mariaou maria, en vertu de la (récente) croyance mazatèque qui veut que cette plante soit la réincarnation de la Vierge Marie (Valdès, op. cit.). En Europe, ces pratiques de consommation de "plantes» hallucinogènes étaient plus rares, et sont souvent décrites comme tombées en désuétude après le Moyen Âge. "L"Europe médiévale, quoique chrétienne, connaissait, elle aussi, de nombreuses substances excitantes ou hallucinogènes: mais ce savoir, issu des traditions préchré- tiennes, était marque et preuve de sorcellerie et de fréquentation diabolique. La phar- macopée "diabolique» faisait appel à des plantes divinatoires dont certaines furent très utilisées en Inde, comme dans le continent amérindien ou en Extrême-Orient: des Solanacées comme le datura, la stramoine, la jusquiame noire, la mandragore, la morelle furieuse ; des ombellifères - l"ache, la cerle, la ciguë, la coriandre - l"aconit, la scabieuse, etc. Toutes ces plantes furent longtemps utilisées à des fins magiques, le plus souvent divinatoires ou comme philtres avant de devenir des bases médica- menteuses pour la médecine scientifique» (Juilliard, op. cit.). Les usages des champignons et des plantes hallucinogènes dans l'histoire occidentale récente On lit souvent que l"usage des substances "végétales» hallucinogènes a disparu en Europe au Moyen Âge, époque durant laquelle il était déjà marginal. Ces pratiques sont généralement considérées comme " exotiques » et ne seraient apparues de nouveau en Europe qu"avec la vague psychédélique des années soixante, qui s"amorce aux États-Unis puis se diffuse en Europe. Des recherches en ethnologie conduites dans les années soixante-dix, qui n"ont été révélées que récemment, apportent la preuve du contraire (Prado, 2004). Les Usages contemporains de plantes et champignons hallucinogènesquotesdbs_dbs25.pdfusesText_31
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