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ANNÉE - Nº 17425 -7,50 F - 1,14 EURO FRANCE MÉTROPOLITAINE FONDATEUR : HUBERT BEUVE-MÉRY - DIRECTEUR : JEAN-MARIE COLOMBANIJEUDI 1

er

FÉVRIER 2001

Quand les agriculteurs votent, les politiques mangent du boeuf à tous les repas

JEAN GLAVANYne mange que ça. Lundi

29 janvier, lors d"un conseil de crise pour évo-

quer la situation" dramatique »du cheptel bovin européen, le boeuf figurait au menu du déjeuner de cinq heures que la ministre sué- doise de l"agriculture, Margareta Winberg, par- tageait avec ses collègues européens. Pendant ce déjeuner, il fut pourtant décidé de rajouter les morceaux de viande attachés à la colonne vertébrale, comme la côte à l"os, à ceux déjà retirés du marché. Risque-tout de la politique, les membres du gouvernement français don- nent l"exemple, y compris la secrétaire d"Etat à la santé, Dominique Gillot," qui en mange et en fait manger, puisqu"il n"y a pas de prion dans le muscle et qu"aujourd"hui il y a une traçabili- té ». Lionel Jospin en personne avait volé au secours de la filière bovine, après le congrès du

PS de Grenoble, autour de brochettes au barbe-

cue. Pierrades, grillades...

Un peu partout, mais en particulier dans les

grandes villes de zones rurales où la fédération nationale bovine a multiplié des opérations de promotion désespérées, les candidats aux élec-

tions municipales des 11 et 18 mars y vont deleur détour obligé par les stands de dégustation

des foires et marchés. En cette veille d"élections aux chambres d"agriculture, où la Fédération nationale des syndicats d"exploitants agricoles (FNSEA) et la Confédération paysanne vont se compter, il n"est guère de tournée de futur mai- re qui ne passe devant un gril ou un brasero.Ad nauseam,au goûter ou au petit-déjeuner.

Michèle Alliot-Marie vient-elle inaugurer la

permanence du candidat RPR à la mairie de

Besançon ? L"affaire se termine par un" barbe-

cue géant »,place Pasteur, où la présidente déguste avec les jeunes agriculteurs un" sand- wich au steak ».Le week-end dernier, place de la Comédie, le maire socialiste de Montpellier,

Georges Frêche, mâchait" de la macreuse sur

toast »entre l"inauguration d"une médiathèque et le culte au temple calviniste. A partir du

18 février, tous les candidats à la Mairie de

Paris devraient aussi trouver leur compte au

Salon de l"agriculture. La mode politique reste

au principe d"exhibition plutôt que de précau- tion. Marylise Lebranchu s"était baignée dans l"Atlantique quelques semaines après le naufra- ge de l"Erika. En Corse, où on ne connaît pas lavache folle mais où les moutons souffrent, depuis l"été, d"une épizootie de fièvre catar- rhale - symptômes : une langue bleue et pen- dante -, le président de la collectivité territoria- le, Jean Baggioni, avait invité tous les élus à un dîner d"agneau corse, la veille de l"examen du projet de loi sur le nouveau statut de l"île.

Mieux, on a vu le sous-préfet de Parthenay,

Christophe Salin, plonger son doigt dans un tas

blanc et avaler de la farine animale devant les caméras du bureau de France 2 à Poitiers. " C"était un message ponctuel, délivré dans un moment d"urgence »,explique aujourd"hui le représentant de l"Etat, qui doit accueillir dans une ancienne briqueterie un stock de ces ali- ments interdits." Mon geste a d"ailleurs été très bien compris par la population. »Au fait, c"est bon, les farines animales ? Le sous-préfet tes- teur ne cille pas une seconde :" Un goût de cro- quettes pour chien. »

Ariane Chemin

Lire nos informations page 8

et le portrait de Luc Guyau page 15

International................ 2

France............................ 6

Société........................... 10

Régions......................... 13

Carnet............................ 14

Horizons ....................... 15

Entreprises................... 18

Communication........... 20Tableau de bord .......... 21

Aujourd"hui.................. 24

Météorologie-Jeux...... 28

Culture .......................... 29

Guide culturel.............. 31

Kiosque ......................... 32

Abonnements .............. 32

Radio-Télévision......... 33

Au servicedes musées

VOYAGES

A La Nouvelle-Orléans

a

STRASBOURGse passerait

bien de son titre de champion- ne de France des voitures brûlées.

Le débat sur la sécurité et les violen-

ces urbaines est au coeur de la cam- pagne municipale. Le maire sor- tant, Catherine Trautmann (PS), doit affronter la droite et un dissi- dent socialiste. A Paris, l"inquiétude grandit à droite face à la poussée des intentions de vote en faveur des listes de gauche. Cette poussée est confirmée par une nouvelle série de sondages. Mardi 30 jan- vier, Philippe Séguin, chef de file de la droite RPR-UDF-DL, a appelé les électeurs à" voter utile », dès le pre- mier tour, contre le" tout-socialis- te », et il a invité son camp à faire taire ses" états d"âme ».

Paris page 8, Strasbourg page 13

Allemagne, 3 DM ; Antilles-Guyane, 10 F ; Autriche,25 ATS ; Belgique, 48 FB ; Canada, 2,50 $ CAN ;Côte d"Ivoire, 900 F CFA ; Danemark, 15 KRD ;Espagne, 225 PTA ; Gabon, 900 F CFA ; Grande-Breta-gne, 1 £ ; Grèce, 500 DR ; Irlande, 1,40 £ ; Italie, 3000 L ;Luxembourg, 46 FL ; Maroc, 10 DH ; Norvège, 14 KRN ;Pays-Bas, 3 FL ; Portugal CON., 270 PTE ; Réunion, 10 F ;Sénégal, 900 F CFA ; Suède, 16 KRS ; Suisse, 2,20 FS ;Tunisie, 1,4 Din ; USA (NY), 2 $ ; USA (others), 2,50 $.

AUTOMOBILE

Toyota àValenciennes

FRANÇOISE CACHIN

JUSTICE

M. Dumasen difficulté

reur a soulignØ, mardi 30 janvier, les contradictions de sa dØfense Ä propos des agissements de Christine Deviers- re, dâun appartement de 17 millions de francs. JugØ pour complicitØ et recel dâabus de biens sociaux, lâancien minis- tre affirme avoir ignorØ que son ex-maÔ- tresse avait reÒu de lâargent dâElf. Le train de vie de M me

Deviers-Joncour ne

pas professeur de morale. » p. 10

LE CHANCELIERallemand,

français, Jacques Chirac, devaient se retrouver, mercredi soir 31 jan- vier, dans un village proche de

Strasbourg pour un dîner informel

au menu politique chargé : dissiper un solide malaise dans les relations bilatérales ; réparer l"impression de demi-échec laissée par le sommet de Nice de décembre 2000 ; com- mencer un dialogue sur le profil que devra prendre l"Union euro- péenne élargie à l"Est. Le seul fait que les deux parties aient éprouvé le besoin de cette rencontre témoi- gne de la phase difficile que traver- se une relation franco-allemande

émaillée depuis près de deux ans

de faux-semblants et réels désac- cords. Allemands et Français s"ac- cordent, certes, pour affirmer que leur entente est essentielle à la bon- ne marche de l"Europe. Mais Berlin attend toujours que Paris formule des réponses aux appels du minis- tre des affaires étrangères Joschka

Fischer, puis du chancelier lui

même en faveur d"une Europe plus" intégrée »et plus fédérale. Le chef du gouvernement, Lionel Jos- pin, et le ministre des affaires étran- gères, Hubert Védrine, seront pré- sents au dîner de même que M. Fis- cher. De Berlin, notre correspon- dant détaille la vision qu"a le chan- celier d"une Allemagne unifiée dans une Europe élargie et le rôle qui est imparti au couple franco- allemand dans cette configuration.

Abandonnant le mark, l"Allema-

gne, dit-il, a fait les délégations de souveraineté nécessaires à la mise en route de l"euro ; à la France d"en faire autant mais, cette fois, en poli- tique étrangère. A Prague, dans un dialogue recueilli parLe Mondeet l"hebdomadaire allemandDie Zeit, le président tchèque, Vaclav Havel, et l"ancien président de la Commis- sion européenne, Jacques Delors, débattent de ce moment-clé où l"Union s"élargit tout en voulant devenir plus intégrée.

Lire page 2, le dialogue page 16,

notre éditorial page 17 et l"entretien avec Maurice Godelier page 24

Europe : la France et l"Allemagne doutent

bDirigeants français et allemands se retrouvent à Strasbourg pour tenter de renouer le dialogue

après leurs divergences de Nice bChacun des partenaires doute des convictions européennes de l"autre bJacques Delors et Vaclav Havel débattent dans " Le Monde » de l"avenir d"une Union élargie ce », la Yaris, est sortie des chaÔnes de lâusine de Valenciennes, mercredi

31 janvier. Hiroshi Okuda, le patron

du premier constructeur automobile japonais, a annoncØ la production pro- chaine de moteurs Diesel sur place.

Dans un entretien auMonde, il nâex-

clut pas dâaccroÔtre la production en

France. p. 18

EN ÎLE-DE-FRANCE

aDans " aden » : tout le cinéma et une sélection de sorties

Demandez notre supplément

3:HJKLOH=UU\ZUV:?a@m@a@l@a;

M 0147 - 201 - 7,50 F

ERIC FEFERBERG

EN CHOISISSANT, de guerre

lasse, le crédit d"impôt - pardon, la prime pour l"emploi - pour se substituer à la réduction de la CSG en faveur des bas salaires, re- toquée par le Conseil constitu- tionnel, Lionel Jospin, en ce début d"année, a assuré la victoire du pragmatisme sur l"idéologie. Et c"est plutôt une bonne nouvelle, puisqu"il fallait se sortir de la nasse dans laquelle le gouvernement s"était mis techniquement. C"est

également une excellente sur-

prise : rendu nécessaire par l"er- reur initialement commise, le compromis trouvé permet de s"af- franchir d"un tabou.

Même si les réticences demeu-

rent fortes et si le débat a été vif à gauche, il est désormais possible d"envisager l"association du social et du libéralisme, qui, qu"on le veuille ou non, comme le rappelait

Michel Rocard dans nos colonnes

(Le Mondedu 12 janvier), est le sys- tème qui nous régit. Si cela ne res- semble pas à la troisième voie de

Tony Blair, de Bill Clinton ou de

décriée, au moins peut-on dire que les tentations archaïques marquent le pas.

Presque par inadvertance, la

France est peut-être en train deréinventer son modèle, forgé par cinquante années de références et de certitudes.

Pour cela, il aura donc fallu un

malencontreux concours de cir- constances. Quand, pour faire contrepoids à son plan de baisse d"impôts, Laurent Fabius décide de diminuer le poids de la CSG sur les bas salaires, il rompt avec la logique universelle de la contribu- tion sociale généralisée, une ré- forme fiscale dont le caractère novateur avait été salué en son temps. A bon droit, le Conseil constitutionnel se devait de consi- dérer que le principe de l"égalité devant l"impôt était bafoué.

On a bien vu, ensuite, que les

solutions manquaient pour sauver la face. Déjà malmené par les

35 heures, qui imposent un double

taux pendant cinq ans, le SMIC ne pouvait servir de monnaie d"échan- ge. Même compensée par de nou- velles exonérations de charges pour les employeurs, une augmen- tation du salaire minimum réintro- duisait l"Etat dans les politiques salariales pour les perturber, sans doute durablement.

Alain Lebaube

Lire la suite page 17

On ne serait pas autrement surpris de

croiser Scarlett OâHara Ä lâaØroport de

La Nouvelle-OrlØans. La Louisiane navi-

gue entre son histoire et la fiction, qui sâentremOElent et se confondent sou- vent, quand la seconde nâocculte pas la

Sud-Est amØricain dont le passØ franÒais

revient aussi Ä la surface. p. 26 et 27

PHILIP GOULD/CORBIS

Strasbourg face

à ses violences

Quellesretraites ?

AFP

ELLE QUITTEla direction des

Musées de France sur un bilan flat-

teur : une fréquentation en hausse, une rénovation sans précédent, tant

à Paris qu"en province. Françoise

Cachin évoque son " septennat »,

avant de retourner aux sources de son métier, la recherche.

Lire page 29

Peut-on être

social-libéral ? aLa droitefait campagnepour une réformedes retraites aElisabeth Guigouaffirme qu"il n"y a" aucune raisonde se précipiter » aBouygues renonceà la licence UMTSdu téléphone mobile de nouvelle génération aL"Etat est privé de65 milliards destinésen partie aux retraites

Lire pages 6 et 20

" STRASBOURGva être une pre- mière rencontre dans un véritable processus de refondation de nos rela- tions »,prophétisait en début de semaine dans une interview au

Spiegelle ministre français des

affaires européennes, Pierre Mos- covici. Le choc du sommet de

Nice, où Français et Allemands se

sont affrontés en décembre pour affirmer leur influence en Europe, a laissé des traces. Une solide expli- cation est nécessaire entre deux partenaires qui n"ont pas pour l"heure, au niveau de leurs diri- geants, l"assurance de poursuivre vraiment le même projet euro- péen. Tel est l"enjeu du dîner infor- mel auquel le président Chirac et son premier ministre Lionel Jospin ont convié, mercredi soir 31 jan- compagnie des deux ministres des affaires étrangères Hubert Védrine et Joschka Fischer, dans une petit village près de Strasbourg.Il s"agit moins à ce stade, pour les dirigeants des deux pays, de définir une stratégie pour les prochaines

échéances européennes que de jau-

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