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Lagitation étudiante et lycéenne de laprès-Mai 1968 à 1986. Du

5 sept. 2014 une ampleur particulière. L'effervescence qui règne dans les facultés et les lycées de. Clermont-Ferrand depuis plusieurs années conforte ...



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en restauration ; bac techno STHR ; BTS manage- sée par le lycée des métiers de l'hôtellerie et du tou- ... 63400 Chamalières. Lycée.

UNIVERSITÉ BLAISE PASCAL

CLERMONT-FERRAND II

École Doctorale Lettres Sciences Humaines et Sociales

Volume III

Thèse de Doctorat sous la direction de M. Mathias Bernard.

Présentée le 24 janvier 2012

Devant un jury composé de

Mathias BERNARD (Professeur, UBP), Jean-Claude CARON (Professeur, UBP-), Robi MORDER (Président du GERME), Gilles RICHARD (Professeur, Rennes I)-, Michelle ZANCARINI-FOURNEL (Professeur émérite, Lyon I). 598
Le mouvement du printemps 1976 est considéré comme une étape ma-jeure pour la

mobilisation étudiante et lycéenne française. Les protestations- et leur échec retentissant

marquent selon de nombreux historiens une césure, la " fin des années 68 étudiantes [et lycéennes] ». Il est en effet incontestable qu"après ce printemps de conte-station, la

représentation sociale du milieu étudiant et lycéen évolue. -Longtemps considérée et assimilée

à " l"enragé » de Mai 68, la jeunesse étudiante et lycéenne française tra-verse, selon les

commentaires de l"époque, une période difficile, faite de dé-syndicalisation, d"absence de mobilisation collective d"ampleur et surtout d"une progression de -l"individualisme dans la jeunesse scolarisée : c"est la naissance de la " bof génération » 1 , une génération apathique et individualiste. Mais l"histoire des représentations collectives -- sur laquelle nous reviendrons

plus longuement - cache des nuances qu"il faut expliciter. Parler -de la " fin des années 68 »,

c"est évoquer un vrai retournement de tendances au sein du mouveme-nt étudiant et lycéen, symbolisé par un déclin des actions " concertées » et surtout par un recul, voire une

disparition, des structures représentatives " traditionnelles ». Or, comme on a pu l"observer à

travers le mouvement de contestation contre les textes Imbert et Bonnet,- le monde étudiant et

lycéen n"est pas exempt de mouvements d"agitation " à ampleur variable », bien au contraire.

En effet, après 1976, les mouvements étudiants et lycéens reste-nt une réalité tangible, avec

des mobilisations ponctuelles ou plus durables. Plus qu"un changement- de " pratiques », il faut davantage parler d"une évolution de la perception de ces mouv-ements, évolution qui se traduit par une nouvelle approche médiatique du sujet. Preuve en est -le mouvement de soutien

en faveur des étudiants étrangers en 1980 qui, malgré une ample-ur importante, n"émerge sur

la scène médiatique - et politique - qu"après les premiers incidents entre étudiants et policie-rs

et les premières violences. Le mouvement étudiant et lycéen, pl-us qu"une " défaillance »,

semble donc connaître un vrai problème de " visibilité ». Parler d"une " fin des années 68 » peut aussi signifier un retournement, un bouleversement des influences politiques et syndicales dans la jeunesse -scolarisée et

estudiantine. Il est vrai qu"après 1976, plusieurs évolutions n-otables sont à signaler, à

commencer par la baisse d"influence de l"UNEF-Renouveau, critiqué-e pour son attitude pendant le mouvement et pour son appel " à reprendre le chemin des bancs de l"université ». 1

L"expression " bof génération » apparaît pour la première fois dans les colonnes du en

1976.

599Mais si pour l"UNEF-Renouveau la période " post 76 » est un moment de crise, les choses

sont plus nuancées pour d"autres structures. Par exemple, comme on- l"a observé, le mouvement de 1976 est l"occasion d"une " resyndicalisation » pour la LCR à travers le MAS, qui lui assure une audience nouvelle. À Clermont-Ferrand, là aussi-, la situation est plus

contrastée que le laissent entendre les études menées au niveau- national : l"AGEC, malgré la

" concurrence » grandissante de la LCR, reste la première structure de représ-entation étudiante et, en son sein, l"AER-AJS reste majoritaire. Il n"y -a pas donc, au plan local, de

véritable " révolution » dans le milieu étudiant. Au contraire, le paysage politique et s-yndical

semble s"ancrer dans une certaine tradition, comme l"illustre la h-ausse des adhésions à l"AGEC à la rentrée 1976-1977. Malgré tout, après 1976, les choses semblent évoluer sur certai-ns points, en particulier

du côté des thèmes de mobilisation. Comme l"a démontré- Robi Morder au sujet des lycéens,

le mouvement étudiant semble prendre un " virage corporatiste », ce qui se traduit par un

" recentrage » des revendications " vers le concret ». Ce tournant, visible à l"échelle nationale

comme locale, est perçu soit comme " l"arrivée à maturité » du mouvement étudiant et lycéen,

soit comme le signe d"un nouveau pragmatisme voire d"une crise du -milieu. Pour être en

mesure d"interpréter les grandes évolutions " post 76 », il convient cependant d"analyser les

différents mouvements d"agitation, leur " motif », leur genèse, à l"échelle locale comme

nationale. En outre, la période 1976-1986 ne peut être appréhen-dée en un " bloc ». Avec

l"arrivée des socialistes au pouvoir en 1981, le mouvement étud-iant et lycéen se trouve face à

un " adversaire » foncièrement différent de celui avec lequel il était confr-onté depuis 1968.

Comme l"a illustré son " Programme pour l"éducation », dévoilé en 1977, François Mitterrand

veut créer une nouvelle situation dans les lycées et les universit-és et instaurer un " vrai

dialogue », marquant par là une réelle rupture avec la politique mené-e de 1976 à 1981 par

Alice Saunier-Seïté. Ainsi, le 8 décembre 1977, quand Franço-is Mitterrand présente le " plan

socialiste pour l"Éducation nationale » lors de l"inauguration du lycée Léon Blum de Créteil,

il assigne une nouvelle mission à l"école, celle de " préparer l"homme, le travailleur, le

citoyen, à vivre avec les contradictions de la société [...]. -Notre plan n"est ni une réforme, ni

une contre-réforme, mais la définition d"une autre politique pu-isque la solution des problèmes

de l"école ne peut être politique » 1 . Deux périodes sont donc à distinguer : une première allant

de 1976 à 1981 marquée de l"empreinte d"Alice Saunier-Seï-té, une seconde allant de 1981 à

1

Gérard Vincent, , Paris, éd. Masson, 1980,

191 p., p. 51.

6001986 celle de la gauche au pouvoir, qui semble redéfinir la place de -la jeunesse dans la

société. Il faut également distinguer, pour la période 1981--1986, deux phases distinctes : la

première allant de 1981 à 1986 durant laquelle les socialistes son-t " réellement » au pouvoir et

orientent les politiques éducatives, la seconde celle de la cohabitat-ion durant laquelle de

gouvernement Chirac tente de réformer le système éducatif et un-iversitaire. En dix ans, les

étudiants et les lycéens sont donc confrontés à des " terrains » variés et l"évolution du

contexte politique joue, comme nous aurons l"occasion de le voir, un -rôle non négligeable dans l"évolution des mouvements de contestation. 601
Après l"échec du mouvement de 1976, le Ministère de l"É-ducation Nationale et le

Secrétariat d"État aux universités entendent mener une polit-ique de " reprise en main ». Cette

reprise en main n"est néanmoins possible qu"après de nombreu-x réaménagements au sein des

institutions, notamment au Secrétariat d"État aux université-s. Ainsi, en juillet 1976, après la

démission de Jean-Louis Quermonne, l"administration du Secrétar-iat d"État est totalement

réorganisée en plusieurs directions, une réorganisation qui sig-nifie avant tout l"augmentation

du pouvoir du cabinet de la secrétaire d"État " en titre », Alice Saunier-Seïté 1 . Cette

affirmation du pouvoir du Secrétariat d"État aux universités- est par la suite confirmée par sa

transformation en Ministère des universités, le 10 janvier 1978 2 , confié encore une fois à

Alice Saunier-Seïté. Elle affirme que son objectif est la " remise en ordre », la " mise au pas

politique » de l"institution, ce qui se traduit par une attitude " autoritaire et méprisante »,

teintée selon certains de " brutalité et vulgarité » 3 . On observe également au Ministère de

l"Éducation Nationale cette volonté de réaffirmer l"autor-ité de l"État, symbolisée par le

discours de René Haby du 30 avril 1977, dans lequel il lance une mise- en garde contre la politisation de l"enseignement secondaire 4 , ou par les différentes mesures prises jusqu"en

1981 en matière de gestion des établissements. Impact de l"é-chec de 1976, fermeté des

autorités scolaires et universitaires, contexte de crise : tous les " ingrédients » semblent donc

réunis pour limiter l"expression politique des étudiants et des- lycéens à partir de la rentrée

1976-1977.

À la rentrée 1976-1977, le mouvement étudiant et lycéen fran-çais semble traverser une

période de crise. Mais si crise il y a, elle mérite d"être r-elativisée. En effet, les universités et

les lycées restent des lieux de débat politique et de combat syndi-cal, malgré la volonté de

" dépolitiser » ces institutions exprimée par les plus hautes instances étati-ques. Loin de

s"éteindre, l"agitation connaît en fait une période " d"adaptation », plus ou moins longue et

douloureuse selon les " conditions » locales. Ainsi, si du côté lycéen la " remobilisation »

1 Antoine Prost, , Paris, éd. Nouvelle librairie de

France, 1982, 729 p., p. 399.

2

G. Vincent, ., p. 70.

3

A. Prost, ,., p. 400.

4

G. Vincent, ., p. 45.

602semble difficile, elle l"est beaucoup moins dans les universités e-t plus particulièrement dans

certains bastions de la contestation, à commencer par Clermont-Ferran-d. Avant même la rentrée 1976-1977, les syndicats étudiants, en pa-rticulier les deux UNEF, tentent de remobiliser leurs troupes. C"est d"abord l"UNE-F-Renouveau qui essaie de reprendre la main, en annonçant le 2 septembre 1976 qu"elle charge- son avocat, Maître

Roland Weyl, de délivrer une assignation à Mme Alice Saunier-Seïté devant le Tribunal civil

de Paris en dommages et intérêts suite à de nouveaux propos dif-famants prononcés le 20 août

lors d"une émission diffusée sur 1 . L"UNEF-Renouveau demande également une audience à Raymond Barre, le Premier ministre, pour évoquer diffé-rents problèmes : les

décisions d"invalidation d"examens suite à la grève du pr-intemps 1976, la hausse des tarifs

universitaires, la réforme du second cycle universitaire, le projet d-e révision des modalités des

élections universitaires ou la suppression des subventions allouée-s au syndicat 2 . De son côté, l"UNCAL lance une campagne contre la hausse des dépenses de scolar-ité et la dégradation générale des conditions de travail des lycéens. Le groupe deman-de la mise en oeuvre de

" mesures d"urgence », à savoir l"octroi d"une aide aux familles défavorisé-es, la création de

postes d"enseignants et le versement d"une allocation chômage a-ux " ex-lycéens » à la recherche d"un premier emploi 3 . Cependant, les campagnes UNEF-Renouveau et UNCAL

n"ont guère d"écho dans la population étudiante et lycé-enne, cette dernière étant confrontée à

d"autres " difficultés ». En effet, début septembre 1976, les facultés françaises f-ont face aux

conséquences de la grève du printemps 1976 et doivent organiser le-s examens annulés. C"est

le cas dans plusieurs universités parisiennes, à Rennes mais surto-ut à Clermont-Ferrand, où

2 050 étudiants en Droit et Sciences économiques et 2 450 en Lettres et Sciences humaines

attendent de pouvoir repasser leurs examens 4 . Dans la capitale auvergnate - où la grève a duré

près de quatre mois, soit deux fois plus longtemps qu"en 1968 -- les cours ont d"ailleurs été

prolongés jusqu"en juillet pour permettre la tenue des examens en -septembre. Ces examens commencent donc le 25 septembre pour plus de 4 500 étudiants clermontois mais des incidents ont lieu, notamment au CUST, où les épreuves de Technolo-gie sont perturbées par 1

" L"UNEF a adressé un mémorandum à M. Barre sur les problèmes de la rentrée », , 4 septembre

1976.
2 3 " Plus de douze millions de jeunes sont rentrées en classe », , 15 septembre 1976. 4 " Soixante-cinq mille étudiants devront passer leurs examens en septembre », , 12-13 septembre 1976.

603des militants de la LCR et sont reportées au début du mois d"oc-tobre

1 . Hormis cet incident

isolé, les examens se déroulent sans problème majeur et c"es-t à l"occasion de la " vraie »

rentrée universitaire, en octobre 1976, que l"AGEC tente de relanc-er l"agitation autour de différents problèmes. En octobre 1976, l"AGEC lance une campagne d"information sur les c-onditions de la

rentrée universitaire. Selon le premier syndical local, le " climat de la rentrée s"annonce [...]

comme celui d"une foire d"empoigne où les étudiants sont app-elés à concourir TD par TD, heure par heure [...] pour ne pas faire partie des exclus de fait » 2 . L"AGEC dénonce tout

particulièrement les conditions de rentrée à la faculté de S-ciences, où quinze postes de

moniteurs ont été supprimés et les difficultés de trésore-rie ont conduit à la suppression du

téléphone dans plusieurs bâtiments et au regroupement des trava-ux dirigés. La situation est

donc particulièrement délicate selon l"AGEC : " de quelque côté que l"on se tourne, il apparaît nécessaire de défendre ses droits » 3 . Le même constat est dressé quelques semaines plus tard par Jacques Aurigny, président de l"UNEF-Renouveau Clerm-ont, qui dénonce une

austérité sans précédent dans les universités clermontois-es, où la licence d"Arts appliqués a

été supprimée, le chauffage des amphithéâtres éteint f-aute de budget et le nombre de

polycopiés " limité » en Droit et Sciences économiques 4 . Malgré les difficultés rencontrées en

matière de conditions de travail, les syndicats étudiants ne parvi-ennent pas en cette rentrée

1976 à mobiliser la " masse étudiante », comme ils avaient pu le faire au printemps précédent.

Comme le note un rapport détaillé des Renseignement généraux- de juin 1977 - qui fait le

bilan des actions de l"année universitaire 1976-1977 - l"activité syndicale " a été durant

l"année universitaire 1976-1977 très réduite en dehors des p-ériodes électorales » 5 . Ce silence relatif des étudiants et de leurs principaux représentants s"ex-plique, selon les services de

police, par une " perte d"audience après l"échec du mouvement de 1976 » et par la partition,

qui " a renforcé le désintérêt des étudiants notamment à l"-université Clermont I ». Le rapport

des Renseignements généraux insiste aussi sur deux éléments : d"une part l"image de l"UNEF-

Renouveau " déjà négative au plan local » s"est encore dégradée suite à son action et ses

déclarations pendant la grève de 1976, d"autre part la LCR et l-e MAS qui " s"étaient

distingués pendant le mouvement de 1976 » ont désormais une audience très limitée à

1 " Soixante-cinq mille étudiants achèvent ... l"année dernière », , 29 septembre 1976. 2 Tract AGEC, " La rentrée 76-77 », octobre 1976, Archives de l"AGEC. 3 4 " L"UNEF et la situation universitaire », , 16 décembre 1976. 5 Note des RG Clermont-Ferrand au SRRG Lyon, n° 152/1410 B, 26 juin 1977, Fonds des RG Clermont- Ferrand, ADPDD, 1851 W 223 : AGEC-UNEF (1967-1978)

604Clermont depuis la rentrée 1976-1977 et leur rôle dans les dégr-adations survenues à la faculté

de Lettres a nuit durablement à la progression de leurs tendances 1 . On voit donc que le

mouvement étudiant " local » a du mal à surmonter le " choc » de 1976. À Clermont-Ferrand

comme dans le reste du pays, l"agitation étudiante reste souvent c-antonnée, en 1976-1977, à

des déclarations, des prises de position, alors que les " actions de terrain » sont quasi

inexistantes. Dans les lycées clermontois, où comme on l"a obse-rvé les structures militantes

sont moins " solides », la situation semble encore plus calme puisqu"aucune action d"importance n"est à relever durant l"année scolaire 1976--1977. Le mouvement étudiant et

lycéen semble donc, au niveau local comme national, connaître une -période de " creux », liée

directement à l"échec du mouvement de 1976 dont les retombée-s sont aggravées sur le plan

local par les effets de la partition. Il faut donc attendre la rentré-e 1977-1978 pour que le " traumatisme » de 1976 soit surmonté et qu"on puisse, à nouveau, observer- des actions collectives d"ampleur. Si l"année scolaire 1976-1977 ne voit pas se construire de grand m-ouvement de

contestation, la situation dans les lycées et les universités é-volue rapidement. À la rentrée

1977-1978, les syndicats étudiants tentent de mobiliser les forces co-ntestataires autour de

sujets variés. Mais les mobilisations de cette année-là montren-t une évolution du mouvement

étudiant et lycéen, qui présente un " visage » nouveau. En effet, la contestation étudiante et

lycéenne qui réapparaît à l"époque présente des car-actéristiques nouvelles. En fait, il faut

davantage parler d"une amplification de tendances apparues dans le mi-lieu dans années 1970, dès 1974-1975. D"abord, l"agitation renaît non pas autour de- thématiques politiques ou

" politisées », mais bien autour de revendications concrètes, voire corporatist-es. Ensuite, la

contestation, jusque là souvent initiée par les étudiants des f-acultés littéraires ou scientifiques,

filières moins " sélectives », commence dans des facultés considérées comme " privilégiées »,

comme celles de Médecine. L"année 1977-1978 est en effet celle -d"un important mouvement d"agitation dans ces filières " prestigieuses », et on dispose avec l"exemple clermontois d"un " modèle » de cette mobilisation, modèle en matière de temporalité ou- de modes d"expression. 1

605À Clermont-Ferrand, le mouvement de contestation des étudiants en -Médecine est

initié dès mars 1977 par l"AGEC, qui lance à cette date une -campagne d"information autour des concours de PCEM1 - Première année du Premier Cycle d"É-tudes de Médecine. Effectivement, selon le syndicat, il manque à la faculté de Méd-ecine, selon des calculs

effectués à partir des textes réglementaires du Ministère de- la santé, soixante-dix postes au

concours de PCEM1 1 . Pour protester contre cette " carence », l"AGEC organise plusieurs actions : une délégation est envoyée au Conseil d"administration du -CHU, qui répond aux

demandes étudiantes que les chiffres sont arrêtés par le Minist-ère et qu"il ne peut agir Une

manifestation est organisée le 16 mars à Clermont, jour du rassemb-lement national organisé à

Paris par l"UNEF-Unité Syndicale

2 . Ce rassemblement a pour but de populariser le combat

des étudiants contre le manque de poste aux concours et contre le pro-jet de réforme des études

médicales. Si la manifestation nationale et le rassemblement local so-nt des " demi-échecs » en

matière de nombre de manifestants, ils permettent une diffusion de l"-information sur les projets en cours, qui ont une résonance particulière en Auvergne. -En effet, la réforme des

études médicales à l"étude à l"époque est un pro-jet de Gaston Meyniel, président de la

Conférence de doyens des facultés de Médecine, également doy-en de la faculté de Médecine

de Clermont-Ferrand. Le doyen Meyniel présente officiellement son pro-jet en février 1977 : il

prévoit une limitation du nombre d"étudiants, une " médicalisation » du premier cycle - avec

la mise en place de stages en CHU - une différenciation du troisiè-me cycle, la création d"un

examen de fin de second cycle et une " désectorisation » des diplômes 3 . Dès les premières lignes du texte connues, l"AGEC proteste contre le projet et " le caractère insidieux de sa mise en place » 4 , mais peine à mobiliser les étudiants. Le mouvement de contestati-on gagne en visibilité avec la publication, le 3 mars 1977, du rapport Fougè-re sur " la refonte de

l"enseignement en Médecine », un projet qui synthétise les travaux de la commission Fougèr-e,

de la commission Rappin et du projet Meyniel. Le projet Fougère repre-nd donc des éléments du projet Meyniel auxquels s"ajoutent plusieurs mesures : mise en place d"une sélection à

l"entrée de première année selon les résultats au baccala-uréat, création d"une épreuve de

classement en fin de second cycle, validation du cycle terminal par un e-xamen sur dossier, restriction des possibilités de passage d"une spécialité à- une autre 5 . L"AGEC demande 1

Tract AGEC, " Pour les 70 postes supplémentaires au concours de PCEM1 », 10 mars 1977, Archives de

l"AGEC, Dossier " Mouvement des PCEM1, 1977-1978 ». 2 3

Tract AGEC, " Informations sur la réforme des études médicales », 24 février 1977, Archives de l"AGEC.

4 5 , Bulletin de la FNEMS - Fédération Nationale des Étudiants en Médecine-Santé, UNEF- US, n° spécial " Extrait du rapport Fougère de mars 1977 », avril 1977.

606immédiatement le retrait du projet Fougère - projet " d"orientation autoritaire » - et soutient

l"appel du " Collectif des délégués des facultés de Médecine », organisé par la FNEMS -

Fédération Nationale des Étudiants en Médecine Santé, à- la tenue d"une assemblée générale

nationale le 20 avril à Paris 1 Les positions de l"UNEF-Unité Syndicale semblent partagées par -de nombreux syndicats étudiants. Ainsi, pour le COSEF, la réforme est le symbo-le d"une " médecine française de plus en plus élitiste » 2 . Selon le MAS, le projet Fougère conduit à " l"intensification du bachotage », quand l"UNEF-Renouveau dénonce le projet " le plus rétrograde jamais proposé ». Même l"ANEMF - Association Nationale des Étudiants en - Médecine de France - proche du pouvoir, dénonce la création -d"un examen de fin de second cycle, mais approuve le projet dans son ensemble, en particulier la mé-dicalisation du premier cycle 3 . Le 20 avril 1977, une Coordination nationale des étudiants en Mé-decine se réunit pour la première fois, avec le soutien de l"UNEF-Unité Syndicale, du- COSEF, du MAS et du

" Comité des internes » créé quelques semaines auparavant. La coordination nationale -lance

un appel à la grève générale des étudiants de Médecine- pour le 21, demande la rémunération

des stages en hôpital, l"augmentation des postes en PCEM1 et le re-trait " pur et simple » de la

réforme Fougère 4 . Mais surtout, la coordination lance une grève des fonctions hospita-lières, sur le modèle de celle observée par les internes des CHU Necker et- Broussais. Et c"est le

succès de cette grève des fonctions hospitalières qui va permet-tre la victoire des étudiants et le

retrait rapide du projet Fougère. Si ce retrait apparaît comme une- victoire pour les étudiants et

leurs syndicats, il faut signaler que le mouvement d"agitation ne "- sort pas » des facultés de

Médecine, et qu"il n"a presque aucune visibilité sur la scè-ne médiatique. Le retrait de la

réforme doit aussi beaucoup à la pression exercée par les " milieux médicaux », qui soutiennent largement la contestation étudiante. Pourtant, dès la -rentrée 1977-1978, les

étudiants en Médecine sont appelés à se remobiliser, notamme-nt à Clermont-Ferrand, toujours

autour de la question du nombre de postes mis au concours.

À la rentrée 1977-1978, le mouvement d"agitation est relancé- à la faculté de Médecine

de Clermont-Ferrand suite au refus du doyen Meyniel d"indiquer le nom-bre de lits du CHU, et 1 2

" Les organisations étudiantes se montrent hostiles à la sélection et à la réduction du nombre de praticiens »,

, 6 avril 1977. 3 4

" Appel de la coordination nationale des étudiants en médecine », 20 avril 1977, Archives de l"AGEC.

607donc le nombre de postes au concours pour les PCEM1. Plusieurs actions s-ont organisées par

les étudiants : boycott et blocage des élections du conseil de gestion, participation d"une

délégation clermontoise à la Conférence nationale des PCEM1 -du 19 novembre 1977 et envoi

d"une délégation à la Mairie pour demander le maintien des 1-50 postes existants et obtenir le

nombre exact de lits du CHU " de la bouche » de Roger Quilliot, maire de Clermont-Ferrand et président du Conseil d"administration du CHU 1 . L"affaire rebondit début décembre 1977,

suite aux déclarations du professeur Hughier, conseiller technique au- Ministère de la santé - il

annonce une forte baisse des postes mis au concours, baisse soutenue par- la Conférence des

doyens des facultés de Médecine - mais également après le-s déclarations de Simone Veil à

l"Assemblée Nationale, selon qui " il y a trop de médecins, trop d"étudiants en Médecine »

2 La Conférence nationale des PCEM1, soutenue par l"UNEF-Unité Syndi-cale et la FNEMS, condamne vivement la suppression de 550 postes au concours, approuvée- selon elle par les

conseils d"UER et ses " élus au rabais ». Elle appelle au boycott généralisé des élections

universitaires, un " premier pas vers l"organisation de luttes unies contre la sélectio-n et pour le droit aux études » 3 . La Conférence nationale dénonce également une " situation injuste et arbitraire qui conduit à l"élimination de 4 étudiants sur 5 -en 1

ère

année » et demande le

rétablissement de tous les postes supprimés, en se basant sur le c-ritère légal d"un externe pour

cinq lits hospitaliers, dont le nombre a augmenté de 4 à 26 % selo-n les départements entre

1974 et 1977

4 . À Clermont-Ferrand, l"opposition grandit encore suite à la pu-blication, le 11 décembre 1977, du nombre définitif de postes en PCEM1 par le secré-tariat du doyen Meyniel : 139 postes sont mis au concours, contre " 171 selon les normes officielles » 5 . Suite

à cette annonce, l"AGEC réunit le 12 décembre 1977 une assem-blée générale à la faculté de

Médecine, durant laquelle est votée la création d"un comité- de grève, l"entrée en grève

immédiate des PCEM1 et l"envoi de nouvelles délégations chez- le doyen Meyniel ainsi qu"à

la Mairie de Clermont-Ferrand 6 . Si Gaston Meyniel ne donne pas suite aux demandes

étudiantes, Roger Quilliot accepte de recevoir une délégation, -à laquelle il annonce ne pouvoir

influer sur le nombre de postes, décidé par le doyen de la faculté- de Médecine. Mais il précise

que le nombre de lits " à prendre en considération » est de 2 577, et non 2 176 comme

l"affirme Gaston Meyniel, ce qui entraîne théoriquement la cré-ation de 515 postes au lieu des

1 " Appel de 4 étudiants de PCEM1 », 16 novembre 1977, Archives de l"AGEC. 2

Motion présentée par l"AGEC et contresignée par 35 étudiants en PCEM1, novembre 1977, Archives de

l"AGEC. 3

Tract AGEC-UNEF, " Déclaration du Collectif National de l"UNEF-US », décembre 1977, Archives de

l"AGEC. 4

" Mémoire des revendications des PCEM1 » déposé à Mme S. Veil, novembre 1977, Archives de l"AGEC.

5 Tract AGEC, " AGEC Inform, PCEM1 », 12 décembre 1977. 6

Lettre du Comité de grève de médecine à M. Meyniel, 12 décembre 1977, Archives de l"AGEC.

608458 jusque là prévus

1 . L"AGEC, suite à cette réponse du maire, appelle à l"act-ion " pour le rétablissement des 28 postes par année supprimés par le conseil- de gestion » 2 . Malgré la grève

et les appels à la mobilisation, le doyen de Médecine refuse de cé-der. Devant cette attitude

intransigeante, le mouvement de contestation s"éteint de lui-mê-me avec les vacances de Noël

et la rentrée de janvier 1978 se déroule sans difficultés. Le m-ouvement des étudiants

clermontois en Médecine de 1977, malgré la faiblesse des actions c-ollectives et l"échec final,

illustre le fait que les étudiants gardent une relative capacité d-e mobilisation après l"échec de

1976, même dans une faculté peu encline à l"agitation. Et, à- la suite de ce mouvement,

différentes mobilisations étudiantes et lycéennes vont illustre-r la capacité de " résistance » de

cette jeunesse, en particulier dans les bastions militants, tel Clermont--Ferrand. La rentrée de janvier 1978 est donc marquée par une démobilisat-ion des étudiants en

Médecine. Mais l"arrêt de ce mouvement spécifique ne signifi-e pas la fin de l"agitation, bien

au contraire. Le relais de la contestation est rapidement pris par d"-autres acteurs de

l"université, notamment les élèves du CUST - mobilisation- sur laquelle nous reviendrons - et

les étudiants en EPS, qui se mobilisent tout au long de l"année- 1978. En effet, en mars 1978, les prémices d"un mouvement d"agitation sont perceptibles à -l"UEREPS de Clermont- Ferrand, où une intersyndicale AGEC-SNESup-SNES lance une pétition- pour protester contre

le rattachement de l"UER au Ministère des universités - l"-UEREPS était jusque là rattachée

au Ministère des Sports - et contre la diminution des crédits 3 . Le mouvement de protestation

engagé à l"UEREPS, qui s"intègre dans un premier temps à- l"opération " Université morte »

déjà évoquée, continue cependant en avril et mai 1978 à t-ravers diverses perturbations

ponctuelles, qui associent souvent étudiants et enseignants. Mais c"-est surtout à la rentrée

universitaire 1978-1979 que le mouvement va s"amplifier, menant à -des actions collectives d"une ampleur que Clermont-Ferrand n"avait pas connue depuis 1976.- En effet, le plan

Soisson, dit " plan de relance de l"éducation physique », est publié le 31 août 1978. Il prévoit

différentes mesures, notamment une réduction du taux d"encadrem-ent en éducation physique dans les collèges et les lycées, ainsi qu"une baisse du nombre -de postes offerts au concours.

Dès septembre et octobre 1978, les étudiants et les enseignants en- EPS se mobilisent contre le

plan Soisson. Début octobre, une Coordination nationale des étudia-nts en EPS est créée à

l"initiative de l"UNEF-Unité Syndicale. La coordination lance u-n appel à " une grève totale et

1

Tract AGEC, " Suite à la réponse de Roger Quilliot », 19 décembre 1977, Archives de l"AGEC. Voir annexe 1,

Annexes au Chapitre VI.

2 3 " Clermont II : “Université morte" pour une journée », , 10 mars 1978.

609nationale contre les mesures Soisson », à une manifestation le 13 octobre devant le Ministère

de la jeunesse et des sports et demande l"unité syndicale " des deux UNEF, du MAS, du COSEF, de la FERUF, la FRUF, l"UGE, la FEN, la FCPE, la Fédérat-ion Cornec, le SNES et le SNEP » pour la défense de l"éducation physique et sportive 1 . On voit donc que le

mouvement, né chez les enseignants, est largement soutenu par les é-tudiants mais aussi par les

lycéens, comme le confirme au plan local la multiplication des " Comités lycéens de soutien

aux comités de grève des professeurs d"EPS », lancés par l"UCL à Sidoine Apollinaire, Blaise

Pascal, Jeanne d"Arc ou Amédée Gasquet

2 . Le soutien des lycéens est d"autant plus important

que le " problème » de l"EPS est utilisé comme un symbole des différentes diff-icultés

connues à l"époque, notamment en matière de moyens humains e-t matériels. Le mouvement s"inscrit donc dans une lutte plus globale contre la politique édu-cative du gouvernement, notamment dans l"enseignement primaire où enseignants et parents d-"élèves se mobilisent contre les " mesures Beullac », en multipliant grèves, occupations et délégations aux rectorats, mais aussi dans l"enseignement supérieur, où ce sont- les enseignants qui se

mobilisent contre les décrets d"Alice Saunier-Seïté portant -sur la carrière des enseignants. Ces

décrets engendrent une première manifestation nationale le 29 septembre 1978 -devant le

Ministère des universités

3 , qui rassemble plus de 3 000 personnes. À Clermont-Ferrand, la mobilisation s"organise autour de deux pôles : l"AJS qui assure la diffusion des informations et la structuration du mouvement et la LCR avec notamment Michel Roland, professeur de philosophie à Sidoine Apollinaire, qui tente " d"élargir » les mouvements en cours 4 en

appelant à les lycéens à se mobiliser pour l"extension de le-urs droits, notamment la liberté

d"expression politique et syndicale. Les manifestations et les action-s collectives se multiplient en octobre et novembre 1978. Les étudiants de l"UEREPS de Clermont- sont " à la pointe du

mouvement ». Ils entrent en grève le 15 octobre 1978 contre le plan Soisson -et ils multiplient

les actions symboliques, comme le 17 octobre 1978, date à laquelle il-s manifestent puis occupent la Direction régionale de la jeunesse et des sports 5 ou encore le 19 octobre, jour où ils occupent les bureaux et la cour du Rectorat pour protester contre le- plan Soisson, une occupation de courte durée puisqu"elle cesse dès que le Recteur- accepte de recevoir une 1

Bulletin , n° 4, 8 octobre 1978.

2 " Contre Beullac, contre Soisson, tous ensemble contre le gouvernement », Éditorial du journal , journal de l"AJS, n° 58, octobre 1978, Archives de l"AGEC. 3 4

Note des RG Clermont-Ferrand au SRRG Lyon, n° 878, 11 octobre 1978, Fonds des RG Clermont-Ferrand,

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