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De Denis Vasse

in " Christus » n° 49 Janvier 1966, tome 13, p.11-23, 35 rue de Sèvres, 75006, Paris, in " La solitude », livre édité par Christus., in " Christus

07-118, 35 rue de Sèvres, 75006 Paris

" Le choix que tu fais entre toi ou non. » nt de Le goût effréné du " dialogue », de la " dynamique de groupe », de tout essent à communiquer avec autrui tout comme son impuissance douloureuse à rentrer en lui-même. Constamment, il oscille entre : celle de vivre avec les infe

couleur de ses cheveux, devient, dès que pour une raison quelconque il est séparé de son foyer,

métamorphose, sur le turf, en un révolté que ne satisfait aucune des conditions dans lesquelles

il vit et qui implore, au milieu de ses vicissitudes imaginaires, le bienheureux silence de la

Trappe.

mène à lui-même, au monde et à Dieu. -ce donc que la solitude qui gît au plus intime de moi- recours aux thérapeutiques psychologiques. Nous verrons que ces dernières consistent, en définitive, à convertir le mouvement " carcéral » 1 intég

Isolement et solitude

utre, toujours vécue comme une altération. Plus radicalement encore, il est négation du désir dont nous

autrui trouve son expression dans la parole, et la négation de la première entraîne la disparition

2 elle- même insupportable. La disparition ou la transformation de cet autre le fait vaciller dans une douloureuse incertitude, celle qui apparaît quand tout point de repère a disparu. Une jeune frôlent la dissolution ». fusi : il apprend ainsi " à éviter

». Entre

" retenir et être retenu, engloutir et être englouti », il ret

" mesure », " une échelle susceptible de plus ou de moins ». Entre la fusion et la déréliction, il

-même, seul. . Elle est un moment de notre existence au monde. vide " Tantôt, disait-il, je me sens réduit à un point de plus en plus petit ». Il avait besoin de cette fantasmatique invasion du monde pour se prouver rien de la Tour Eiffel afin de se persuad

tard, il se jetait sous une rame de métro, ce qui le faisait disparaître, non seulement à ses propres

! Tout se passe comme si de tels indi tent. Paradoxalement, ils se reconnaissions certaines de nos tendances. A un degré moindre, notre propre activité peut -mêmes que dans un travail

littéralement insupportable : ils ne peuvent pas rester seuls. En général, ils se complimentent en

une formule ambiguë et fréquente : " Je ne peux pas rester sans rien faire ». Dès que cesse

: celles de nos fichiers et de nos journées programmées, celles de nos annuaires et de nos relations 3

comme celles de nos jouissances et de nos conquêtes amoureuses, celles de nos trahisons et de nos fidélités. Nous nous habillons de titres pour apparaître aux yeux des autres et pour disparaître aux nôtres. Ce mode de vie est supportable tant que les autres et nous-mêmes feignons de croire à ce que rs

ncore, mais sur un mode différent, sages de ce monde disent alors, forts de leur expérience, que " ».

Cette sentence ne cache p-sagesse.

pas encore réduit au néant. -nous, les deux croissance qui se constitue à partir des éléments du tout pour émerger du néant. ni perdu dans le monde, ni isolé en lui-même. Son ouverture au monde est la substance même -même, il y redécouvre la de la est déchet simplement apprendre à vivre pour apprendre à mourir.

Isolement et thérapeutiques

2 conduisent ceux qui en souffrent chez le psychothérapeute. Peu nous importe ici la façon pour avant la mort pour consacrer, da-même.

variée. Mais, par-delà les oppositions de doctrine, nous pourrions mettre en évidence quelque

chose comme un dénominateur commun. Le psychothérapeute " fonctionne » toujours, pour

ses patients, comme un point de référence, axe et reflet des différents mouvements qui animent

able et, à la manière

». Sa présence et sa parole vont

progressivement devenir la médiation par laquelle le sujet qui est là et qui parle pourra se découvrir dans son propre corps et son propre discours devenus médiation pour les autres et

pour lui-même. Le thérapeute rétablit, vis-à-vis du patient, la " distance » nécessaire à la

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possibilité même du " rapprochement » et la communication à partir de laquelle tout une rupture.

ul sans jamais en être isolé, sans jamais de cet autre sans dis -même toujours à découvrir. Jamais le patient ne peut le -présence où il serait tout ; jamais il ne peut se thérapeute serait tout. Le trop cohérent dont le souci constant aie, ce désir qui exige aussi bien la

Voici ce que, en substance, un patient pouvait dire, après sa cure, à son médecin : " Au moment

perdre, je le faisais pour me convaincre de votre existence même, et, partant, de la mienne. Je pouvais enf faire disparaître consistance de sa propre personne dans la solitude. c lui. avec le monde, vécu soit comme un outrage ou un heurt, soit comme une insupportable autres sans avoir -même. Dans le dernier film de Fellini, Juliette des esprits, la solitude terminale de la jeune femme alité ; Juliette : elle- son visage est tourné vers les spectateurs eux-mêmes, et que la voix des " amis désir

», Juliette renaît à elle-

onnière : illusoire, en effet, cet univers du mariage où " je serais tout pour lui et il serait mon univers » ; leurre que ce monde du plaisir et du voyeurisme où tout ; rêve terriblement meurtrier que cette religion qui réclame le martyre pour satisfaire la toute- lui-même, du rêve ou du délire. Nous retrouvons en eux le mécanisme d réels », et la réalité du présent, de personnage imaginaires

immédiatement pris pour le monde. Dans ce processus de perpétuel échappement à soi et à

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Solitude et amour Dans les pages qui précèdent, nous avons réfléchi sur le mécanisme de la solitude opposé à signifie ? La solitude,

disions- sens domaine qui est le leur que les psychothérapeutes (et Comme instinctivement, ils évitent ainsi toute confusion. Leur domaine est celui du

déterminisme et des lois qui le régissent, celui de la science. Le royaume sur le seuil duquel ils

se tiennent, en tant que psychothérapeutes, et au seuil duquel ils mènent leurs patients, est celui

tte distinction mais pour orienter notre réflexion. Après avoir entrevu comment à la solitude, demandons-nous : pourquoi cet apprentissage est-il nécessaire ? et de contre-transfert. Freud étudie même " t

entre les personnes, leur radicale différence. Dans ce rapport progressivement établi, le

: le sentiment perd progressivement sa fonction de protection contre la les autres. A travers le jeu patient et douloureux des multiples fausses routes que le patient tente est propre. Il ne perçoit sa solide différence que dans le rapport qui la fonde il entretient avec un autre être. désir et, dans une autre te

à travers le désir et la distinction que cela implique a quelque chose à voir avec la liberté

-satisfaction entraînant

de cela même qui lui est étranger. Bien mieux, on peut renoncer à son désir sans mourir et sans

tuer. A travers la sexualité, le désir mène à la déco-à-dire de

son être même assumé tout à la fois dans sa relative autonomie et dans sa radicale incomplétude.

En une sorte de renversement du mécanisme du besoin, le surgissement de la différence devient le signe et le moteur

vibration indifférenciée, ou la déchirure de la séparation, nous maintient dans un monde

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Il est bon pour

particularité, elle les révèle, dans leur réciproque solitude.

Solitude et renoncement

de laisser se développer le désir est baptisée " sublimation ce contresens.

Le renoncement, en eff

Son m -même, ne trouvant pas en nous-mêmes notre satisfaction, nous somm renvoie indéfiniment à nous-

échappe par sa radicale altérité à la réduction imaginaire, nous entrons dans le jeu du

renoncement véritable qui est dépassement du besoin désir témoigne en lui de la liberté des plus à la satisfacti-même. Renoncer, de tout rien désirer. ient un truc, un moyen dont " réfugie - soi. On renonce pour se donner le change

Du pseudo-

qui ne se réalise jamais dans le renoncement

à ses objets risque une trop hâtive sur-

sortir » de ce monde, encore faut-il y être 7

Jouée, la s celle du mariage ou de la vie

consacrée - en principe de -à--sagesse du prix de leur morcellement,

comédie dont le bénéfice, sous des modalités diverses, est toujours le même : aux yeux des

en son corp tour est vide " truc » ou un " vous elle conduit aussi à la méconnaissance de soi. Quand asphyxie un

peu plus son désir. " Et quand il croit serrer son bonheur, chante Brassens, il le broie. » Ce n

se prisonnier de son image. cette paix fallacieuse, toutes les ressources de même. Reste le faux espoir de croire en un autre monde pour oublier celui-là.

reconnaissance du désir qui donne accès à la solitude. Mais la solitude ne se comprend pas hors

ion à autrui dont elle est, à son tour, la garante. douloureux apprentissage de la solitude, mais il y a une pseudo-solitude sans amour, celle de Ne te laisse mettre en prison par aucune affection, écrit Simone Weil. Préserve ta solitude. aurait infaillible que tu la reconnaîtras » 3. repliement stérile mais réalisation de la constante nouveauté du désir -mêmes qui échappe à notre propre regard, cet autre qui nous est plus intime que nous-mêmes.

Elle est fidèle à ce désir un

: Dieu.

Denis Vasse

1 " Carcéral », ce qui a trait à la prison.

8 hanalyse que nous nous référerons en matière de

les méthodes thérapeutiques, même si celles-ci cherchent à se définir parfois en opposition à

celle-là.

3 La pesanteur et la grâce, Plon, Paris, 1948, p.73.

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