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Effets de lieu et processus de disqualification sociale Le cas de

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Qu'est-ce que la disqualification sociale ?

La thématique de la disqualification sociale est apparue chez Serge Paugam lors d’une enquête réalisée à Saint-Brieuc dans les Côtes d’Armor auprès des populations en situation de précarité économique et sociale qui fut la base de sa thèse de doctorat, soutenue en 1988 à l’École des hautes études en sciences sociales.

Quel est l’intérêt de la disqualification sociale ?

Selon l’auteur, la disqualification sociale «?présentait l’intérêt de mettre l’accent à la fois sur le caractère multidimensionnel, dynamique et évolutif de la pauvreté et sur le statut social des pauvres pris en charge au titre de l’assistance?».

Quelle est la différence entre l’exclusion et la disqualification sociale ?

Alors que la notion d’exclusion a peu à peu envahi le débat public au cours des années 1990, Serge Paugam a souhaité la différence entre l’exclusion et la disqualification sociale, notamment autour des formes de la relation d’interdépendance entre une population désignée comme pauvre ou exclue et le reste de la société.

Quelle est la différence entre désaffiliation et disqualification ?

Croire que désaffiliation et disqualification sont deux synonymes. Ne pas voir que la disqualification est un processus touchant certains individus, croire donc de manière erronée que la disqualification est un état. Ne pas voir dans le processus de disqualification l’aspect stigmatisation.

119

ESPACE, POPULATIONS, SOCIETES, 2009-1 pp. 119-133

Catherine SÉLIMANOVSKI

Université de Montpellier 2 / IUFM

2, place Marcel Godechot

BP 4519

34092 Montpellier Cedex 5

catherine.selimanovski@univ-montp2.fr

Effets de lieu et processus

de disqualification sociale

Le cas de Strasbourg et

du Bas-Rhin

La problématique de l'

effet de lieu fait l'ob- jet d'un chapitre entier dans le premier ma- nifeste de la Géographie sociale [Frémont,

Chevalier, Hérin, Renard, 1984]. Dans l'in-

troduction du chapitre, les auteurs posent successivement trois questions : " Dans l'organisation des sociétés humaines, existe- t-il un 'effet de lieu' ? Ou, si l'on préfère, l'espace intervient-il comme facteur explica- tif et isolable de l'organisation sociale ? Et de quelle manière ? » Ils considèrent que la question de l'effet de lieu est équivalente à celle de la part explicative de l'espace dans les faits sociaux et préconisent " d'examiner à toutes les échelles, les rapports géographi- ques, c'est-à-dire les rapports entre les hom- mes et les lieux. » Vingt cinq ans plus tard, la prise en compte de la part explicative de l'espace dans les faits sociaux est devenue effective en géographie, mais avec quelques inflexions. On ne tente plus de détacher, d'isoler l'espace de l'organisation sociale, au contraire, on postule la consubstantialité du social et du spatial. On affirme d'emblée que la géographie étudie la dimension spa- tiale des phénomènes de société [Séchet,

Veschambre, 2006] et qu'elle s'intéresse à l'organisation de l'espace et aux pratiques de l'espace des acteurs de la société ainsi qu'à leurs représentations [Lussault, 2007] ; ceci à différents niveaux de l'étendue, du local au mondial. Est-ce à dire que la problématique de l'effet de lieu est devenue redondante par rapport au questionnement général de la géographie et qu'elle doit être abandonnée ? On peut pen-ser à l'inverse que dans un questionnement concernant l'homme habitant [Lussault, 2007], la problématique des effets de lieu rend parfaitement compte de la complexité des interrogations sociales et spatiales de la géographie, mais qu'elle est plus opéra-tionnelle aux échelles fines des territoires. Pourquoi ? Les définitions du lieu déclinées dans les quatre articles du Dictionnaire de

la géographie et de l'espace des sociétés [Lévy, Lussault, 2003] nous donnent quel- ques éléments de réflexion pour initier le questionnement au niveau local et adopter une conception non réductrice des effets de lieu. Dans toute son acception, le lieu est un espace de co-présence dans lequel la notion de distance est abolie. Le lieu est construit par les événements qui s'y déroulent.INTRODUCTION 120

Ces événements, qui assurent son rayonne

ment mais n'effacent pas sa matérialité, pro duisent un espace complexe dont les limites sont difficiles à poser. Par conséquent, le lieu ne peut pas être simplement pensé comme un point de l'étendue, repérable de manière absolue par ses coordonnées en latitude et en longitude, ni comme un contenant, dans un espace qui ne serait que surface, cadre ou tableau. Pour ces raisons, les effets de lieu sont le fruit d'une multiplicité de processus et ne doivent être limités ni à une contex tualisation des phénomènes sociaux, ni aux processus de diffusion des phénomènes so ciaux à partir d'un point. Ceci milite pour l'emploi du pluriel " les effets de lieu » plu tôt que pour l'usage du singulier " l'effet de lieu ».

De plus, les effets de lieux interagissent

avec les effets de classe dans la production des inégalités sociales et l'action publique en matière de traitement de la précarité.

Les effets de classe ne sont jamais détachés de l'espace, au contraire, ils s'y inscrivent avec force et suscitent des représentations qui en retour peuvent durcir les rapports de classe. Partant de l'hypothèse que les effets de lieu sont un facteur aggravant du poids de la domination sociale des populations en situation de pauvreté [Sélimanovski, 2008], le développement suivant est structuré en trois parties. La première partie expose en quoi la problématique des effets de lieu se distingue d'une simple contextualisation- situation de la recherche et en quoi la trans-position de la problématique des effets de lieu posée par Pierre Bourdieu dans La mi-

sère du monde (1993) est féconde pour avan- cer dans la compréhension du processus de disqualification sociale. La deuxième et la troisième parties précisent comment ce ca- dre conceptuel pertinent peut être nuancé et dépassé par les résultats empiriques tirés de l'étude de la situation résidentielle et de la territorialité des populations en situation de pauvreté à Strasbourg et dans le Bas-Rhin.

1. EFFETS DE LIEU ET PAUVRETÉ : UNE PROBLÉMATIQUE DE L'INTERACTION

DES POSITIONS SOCIALES ET SPATIALES

L'étude géographique des territoires sco- laires des quartiers de relégation dans les grandes agglomérations françaises démon- tre bien que la problématique des effets de lieu n'est pas réductible aux seuls effets de contexte et de situation. Ces territoires sont à la fois déterminés par les politiques de l'Éducation nationale en matière de gestion (carte scolaire) et de projet (territoires des zones d'éducation prioritaires ZEP) et par les pratiques des différents acteurs du système scolaire (territoires vécus, perçus, construits, aménagés des élèves, des parents, des ensei- gnants...). Ils reflètent les caractéristiques des espaces encadrants et interagissent dans les processus de mutation de ces espaces.

Parce que les géographes placent d'emblée

l'étude des inégalités scolaires à l'épreuve des lieux, leur approche est renversée par rapport à la présentation des contextes d'in- tervention telle qu'exposée dans beaucoup de travaux de sociologie de l'éducation. La contextualisation des inégalités scolaires [Duru-Bellat, 2002] ne suffit pas en géo-

graphie car à la question " où et quand ? », on ajoute la question " pourquoi là et avec quels effets ? ». Par conséquent, les géogra-phes s'attachent à distinguer soigneusement les effets de pairs, de classe (dans un établis-sement scolaire), d'établissement, des effets de lieu proprement dits, lesquels interfèrent avec d'autres niveaux de territoires et sont aussi un reflet de l'histoire de la société et un facteur de mutations des territoires. Ainsi, on ne peut pas réduire l'espace à une situation pas plus que le temps à un contexte. Dans une critique du discours public concer-nant les banlieues, l'un des collaborateurs de Pierre Bourdieu, Patrick Champagne, affirme que pour se défaire des représentations du " malaise social » et lever ce qui fait obstacle à une analyse plus rigoureuse, il faut pren-dre en compte l'inscription spatiale de grou-pes sociaux. Dans cette perspective, Pierre Bourdieu énonce le postulat que la position dominante ou dominée des groupes dans la société est confortée par des " effets de lieu » subordonnés à la qualité des structures et des dynamiques de l'espace géographique ainsi qu'à ses représentations. De la sorte,

121
les avantages d'une position sociale dominante sont renforcés par des " profits d'espace » et, inversement, les désavantages d'une posi- tion sociale dominée sont majorés par l'ab- sence de " profits d'espace ». Pour préciser à quel espace sociétal il se réfère, Pierre

Bourdieu utilise trois expressions distinctes

sans jamais parler d' espace géographique

Dans son oeuvre, l'espace " social » englobe

tout le champ des positions sociales, l'es- pace " physique » est synonyme des struc- tures matérielles de l'espace (géographique) et l'espace " social réifié » désigne l'espace symbolique produit par les représentations collectives associées au champ des positions sociales et à la matérialité des lieux. " On ne peut rompre avec les fausses évi- dences, et avec les erreurs inscrites dans la pensée substantialiste des lieux, qu'à condition de procéder à une analyse ri- goureuse des rapports entre les structures de l'espace social et les structures de l'es- pace physique. (...) Du fait que l'espace social se trouve inscrit à la fois dans les structures spatiales et dans les structures mentales qui sont pour une part le produit de ces structures, l'espace est un des lieux où le pouvoir s'affirme et s'exerce et sans doute sous la forme la plus subtile, celle de la violence symbolique comme violen- ce inaperçue (...). L'espace ou, plus pré- cisément, les lieux et places de l'espace social réifié, et les profits qu'ils procurent sont des enjeux de luttes (...). Les pro- fits d'espace peuvent prendre la forme de prots de localisation, (...) [de] prots de position ou de rang (...), [de] prots d'oc- cupation (ou d'encombrement) (...). » (pp. 159-167) En se référant au champ bourdieusien de l'espace " social », " physique » et " réifié », on peut faire l'hypothèse de la correspon- dance entre la position sociale disqualifiée des populations en situation de pauvreté et une situation résidentielle défavorable dans des espaces moins étendus que les espaces de résidence des chômeurs et des actifs (ab- sence de " profit d'occupation ») que l'on

peut appeler des espaces rétractés. Or ces espaces rétractés ne sont ni prestigieux, ni attractifs car ils sont mal dotés en équipe-ments, en services rares, plutôt mal desservis par les réseaux de transports publics et ou privés (absence de " profit de localisation »). Le problème de la distance aux services s'y pose de manière aiguë pour les personnes en situation de pauvreté car la modicité de leurs moyens financiers ne leur permet pas d'assumer convenablement le coût de leurs déplacements et encore moins de compenser d'éventuelles carences en matière de trans-ports publics. Par ailleurs, cette concentra-tion résidentielle de populations en situa-tion de pauvreté, dont une partie est issue de l'immigration étrangère, produit de fait une disqualification de l'espace considéré, à plus forte raison si celui-ci correspond à un territoire de projet de la politique de la ville (absence de " profit de position » ou de " rang »). Cela s'exprime notamment par les stigmates d'une mauvaise adresse. Ainsi, la position sociale dominée des populations touchées par la pauvreté correspond à une si-tuation résidentielle défavorable au regard de trois effets de lieu négatifs en termes d'amé-nités et de représentations. Dans son texte, Pierre Bourdieu pousse plus loin l'analyse des effets de lieu en évoquant " l'expérience de la finitude ». Il signifie là que les rapports à l'espace des populations en situation de pauvreté interagissent aussi avec leur situa-tion résidentielle défavorable. C'est pourquoi, si l'on se souvient, que l'es-pace n'est ni un cadre ou un tableau, ni un décalque primitif des faits sociaux mais qu'il intervient dans la production de faits sociaux par la médiation des représentations, on doit admettre que l'espace n'est pas uniquement un feuilleté des différents niveaux scalaires.

En s'inspirant d'un texte de Guy Di Méo

(2000), on peut décliner la problématique des effets de lieu en tenant compte de la tension entre les deux strates superposées et articulées de l'espace objectif et de l'es- pace subjectif 1 . L'espace objectif est produit par l'imbrication des lieux, des rapports so- ciaux, politiques, économiques, culturels et des représentations qui sont associées à ces 1 D'autres façons de concevoir l'espace rendent comp- tent de la complexité de cet objet. Par exemple, David Harvey décompose les strates de l'espace par une ma-

trice croisant en lignes, l'espace absolu (euclidien), l'espace relatif, l'espace relationnel et en colonnes, l'espace matériel, les représentations de l'espace, l'espace vécu [Harvey, 2006].

122
lieux et à ces rapports sociétaux. L'espace subjectif est produit par l'imbrication des lieux, des séquences d'espace-temps vécues par les personnes, en tant qu'individus et membres de groupes, et les représentations qu'elles associent à ces lieux et à ces mo- ments de vie. En retenant cette conception de l'espace pour saisir la problématique de des effets des effets de lieu et de la pauvreté, il s'agit d'examiner les multiples conjonc- tions qui s'établissent entre la disqualifica- tion sociale des populations en situation de pauvreté, leur situation résidentielle (espace objectif) et leurs pratiques de l'espace ou territorialité (espace subjectif). La territo- rialité [Di Méo 2000] se situe constamment entre deux pôles. Le premier, de caractère objectif, renvoie à un territoire désigné par un nom, associé à une forme d'appropria- tion, de contrôle, de pouvoir qui contribue à lui fixer des limites et à l'institutionnali-

ser. Le second pôle tire vers l'individu et ramène celui-ci à sa pratique et à son vécu de l'espace géographique. La tension entre ces deux pôles entraîne d'innombrables et imprévisibles déformations d'un territoire constamment remis en cause par la logique des sujets-individus. Analysant la territorialité des SDF à Bordeaux se déployant à la croisée des strates de l'espace objectif et subjectif, Djemila Zeneidi-Henry (2002) évoque l'effet de lieu (au singulier) à propos d'un foyer de la ville où passent les SDF. Mais elle ne présente pas le quartier du foyer comme un cadre contextuel. Au contraire, elle démontre qu'autour du foyer se crée un territoire ressource. Ce dernier est le produit des interactions entre la localisa-tion des guichets des dispositifs publics et privés d'assistance aux sans-abri et la ter-

ritorialité si particulière des SDF, laquelle brouille complètement la frontière entre l'espace public et l'espace intime.

2. EFFETS DE LIEU ET PROCESSUS DE RELÉGATION

La définition sociale de la pauvreté empruntée au philosophe et sociologue Georg Simmel (1907) fonde mon étude de la pauvreté et des effets de lieu à Strasbourg et dans le Bas-

Rhin [Sélimanovski 2008]. En exposant que

le pauvre n'est pas exclu de la société mais, au contraire, qu'il y est inclus grâce à la rela tion d'assistance le liant au reste de la société, tout comme l'étranger, matériellement exclu et dont l'exclusion révèle les relations d'in terdépendance entre les parties constitutives de la société, Georg Simmel montre que la pauvreté est une " synthèse sociologique uni que ». Les personnes en situation de pauvreté n'ont pas de liens entre elles mais, pourtant, sont marquées par un statut social unique, disqualifiant [Paugam 1993], imprégnant pro fondément leur identité. Elles partagent l'ex périence commune de la quête incertaine ou impossible du travail, perçoivent des aides

qui les rendent redevables à la société et les installent dans une situation de dépendance, d'hétéronomie sociale, dans laquelle elles sont tenues de répondre aux injonctions des intermédiaires sociaux [Wacquant 1999]. De ce fait, elles passent une frontière sociale qui les protège et les enferme tout à la fois [Ar-

baret et al., 2004]. En cohérence avec cette définition sociale de la pauvreté, les résultats empiriques présentés ci-dessous sont issus d'une étude synchronique des bénéficiaires des principaux minima sociaux français qui relèvent de la sphère de l'assistance, RMI,

API, ASS (revenu minimum d'insertion pour

des personnes âgées de plus de 25 ans et sans ressources, allocation de parent isolé pour des chefs de familles monoparentales avec en fants de moins de trois ans, allocation spéci fique de solidarité pour des chômeurs de lon gue durée) et des demandeurs du FUS (fonds d'urgence sociale 2 ) menée à Strasbourg et dans le Bas-Rhin à la fin des années 1990, 2 Le FUS a été un dispositif d'assistance, initié par l'État français, qui a fonctionné de manière unique de janvier à juin

1998. Il s'agissait pour ses promoteurs de soulager ponctuel

lement la détresse financière de ménages en difficulté qui avaient déposé une demande d'aide auprès de la structure

chargée, à l'échelle du département, de distribuer les fonds.À l'échelle nationale, une enveloppe financière d'un milliard de francs fut répartie entre les départements :

800 000 dossiers de demande d'aide furent déposés, 600 000

ménages reçurent une aide moyenne de 1600 F (244 euros). Dans le Bas-Rhin, 82,2% des demandeurs perçurent une aide dont le montant moyen fut de 1927 F (294 euros). 123

à l'échelle communale et infra-communale.

Le corpus du FUS comprend une exploitation

exhaustive des adresses des 6070 personnes ayant déposé une demande de FUS dans le

Bas-Rhin, une exploitation au 1/10 des dos

siers enregistrés, 31 enquêtes biographiques de bénéficiaires du FUS et une vingtaine d'interviews d'intermédiaires sociaux. À cela s'est ajoutée une enquête menée dans le quar- tier de la Meinau à Strasbourg auprès d'une trentaine de jeunes habitants du quartier, pour étudier leurs relations au territoire à travers le phénomène des violences urbaines.

De Paris, le Bas-Rhin présente le visage d'un

département peu touché par le chômage et la pauvreté. Pourtant, la présence de foyers im- portants de précarité infirme cette représen- tation convenue. À l'échelle du Bas-Rhin, l'agglomération de Strasbourg abrite les plus grandes masses de ménages en situation de précarité, l'intensité la plus extrême de la précarité et les concentrations de ménages précarisés les plus fortes du département. Tous les types de précarité y sont dominants.

En juin 1998, 75,6% des demandeurs du

FUS du Bas-Rhin, 77,8% des bénéficiaires

du RMI, 67,1% des bénéficiaires de l'API,

57,7% des bénéficiaires de l'ASS, 53,9% des

chômeurs vivent dans l'agglomération (selon la définition de l'INSEE) contre 45,3% des ménages et 41,2% de la population active du département. Les écarts sont encore plus marqués pour la ville de Strasbourg : 60% des demandeurs du FUS du département (3625 personnes), 65,3% des bénéficiaires du RMI (6693 RMIstes), 39,9% des chô- meurs (13 698 chômeurs) résident dans la commune de Strasbourg alors que le nombre des ménages de la ville représente une part de 30,1% et la population active une part de

25,9%. Il n'y a aucun rapport d'échelle en-

tre ce premier foyer et les autres foyers du département : l'agglomération de Haguenau et ses marges, la ville de Sélestat, l'amont de la vallée de la Bruche entre Schirmeck et

Saales (cartes 1 et 2).

La concentration de la majorité des popu-

lations touchées par la pauvreté dans des espaces rétractés par rapport aux espaces où se répartissent la majorité des chômeurs confirme l'idée d'absence de " profit d'oc- cupation ». L'on a pu observer sur des cartes à différentes échelles et différents maillages

[Sélimanovski, 2008, pp. 107-130] que les distributions spatiales des chômeurs et des ménages en situation de pauvreté sont à la fois liées et décalées, de la même manière que la pauvreté est à la fois liée aux inégali-tés sociales et qu'en même temps, elle repré-sente une " synthèse sociologique unique ». Ainsi, le foyer de pauvreté de Haguenau en-globe trois communes de l'agglomération du même nom : Haguenau, Bischwiller, Kalten-house, où l'intensité de la pauvreté est forte. Il est situé au coeur d'une nébuleuse de can-tons étalée des confins nord-ouest du dépar-tement jusqu'au Rhin où le taux de chômage est fort. On observe ce phénomène à l'amont de la vallée de la Bruche où les chômeurs sont répartis dans toutes les communes et où la pauvreté se concentre plus exclusivement dans un petit groupe de communes rurales autour de Saales et à Schirmeck. À Strasbourg, de même, le phénomène peut être observé à l'échelle intra-urbaine : les espaces du chô-mage sont plus étendus que les foyers de pauvreté (carte 3). Les foyers de pauvreté les plus importants se trouvent dans les fau-bourgs, au sud et à l'ouest de la ville intra-

muros . Quatre quartiers, au sud de la ville (Neuhof, Port du Rhin, Musau, Meinau), forment un ensemble continu où la propor- tion des ménages bénéficiaires du RMI est comprise entre 15% et plus de 25% des mé- nages résidants (la proportion moyenne pour la commune de Strasbourg est de 6,3%). Ils totalisent un peu moins du quart des bénéfi- ciaires de la ville et un peu plus du dixième des bénéficiaires du département.

Presque partout dans l'agglomération, les

foyers de pauvreté coïncident avec des en- sembles, plus ou moins anciens, plus ou moins étendus, de logements sociaux. Le parc locatif public du département compte

50 430 logements : l'unité urbaine de Stras-

bourg concentre 83% de ces logements et la ville de Strasbourg 60%. Comme ailleurs en

France, ce parc ne joue plus le rôle d'espace

de passage entre deux situations socio-rési- dentielles ascendantes. Il s'est métamorphosé en espace fermé que l'on quitte difficilement faute de perspectives et de revenus suffisants.

Soumis à des mouvements contradictoires, il

souffre d'une image dévalorisée que révèle un taux élevé de vacance des logements et un taux d'emménagement faible. Le parc locatif public est à la fois peu attractif pour les mé- nages à revenus moyens et, en même temps, 124
Carte 1. Les Aires urbaines dans le département du Bas-Rhin

Graphisme : A.C. Bronner.

Sources : IGN, INSEE 1997, INSEE 1990.

N Barr

Bouxwiller

Obernai

Sarre-Union

Drulingen

Petite-Pierre (La)

Niederbronn-les-Bains

Wissembourg

Lauterbourg

Seltz

Haguenau

Woerth

Soultz-sous-Forêt

STRASBOURG

Bischheim

Schiltigheim

Molsheim

Saverne

Wasselone

Marmoutier

Truchtersheim

Hochfelden

Mundolsheim

Bischwiller

Rosheim

Saales

Villé

Sélestat

Marckolsheim

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Erstein

Geispolsheim

Illkirch-Graffenstaden

Schirmeck

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ObernaiSarre-Union

Drulingen

Petite-Pierre (La)Niederbronn-les-Bains

Wissembourg

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HaguenauWoerth

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