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www.lemonde.fr 58
e d. r.

CALEMBOURS,textes vir-

tuoses, humour débridé. Le succès de Boby Lapointe, dont on réédite les disques trente ans après sa mort, ne se dément pas. Lire page 33DANSquelques jours, le Cana- da recevra le G 8, groupe des pays les plus riches, et une délégation de cinq chefs d"Etat africains à pro- pos de la mise en oeuvre du Nepad (New Partnership for Africa"s

Development, Nouveau partena-

riat pour le développement en Afri- que). Le Nepad a été salué par le

G 8, l"année dernière à Gênes,

comme une nouvelle vision origi- nale du devenir de l"Afrique, actuellement en marge de la crois- sance de l"économie mondiale (1,8 % du commerce mondial, 1 % de l"investissement mondial).

Le Nepad a pour but, au moyen

d"investissements massifs dansdes projets de structures fon- damentales et de développement humain, de résorber à terme les gigantesques fossés qui séparent l"Afrique du monde développé, en vue de sa participation pleine et entière à la production mondia- le et au commerce international, moteur de la croissance écono- mique. En somme, faire de l"Afri- que, comme le dit Jacques Chirac, un" partenaire et non plus un assisté ».

La raison refuse de considérer

comme irrémédiablement condam- né un continent qui dispose de res- sources humaines et naturelles considérables, potentiellementsept cents millions de consomma- teurs. En quarante ans d"indépen- dance, l"Afrique s"est essoufflée dans la recherche effrénée du capi- tal financier, au lieu de valoriser d"abord ses ressources humaines, comme l"ont fait certains pays asia- tiques dépourvus de ressources naturelles, qui ont réussi, par l"édu- cation-formation, la performance du développement en vingt ans (Corée, Taïwan, Singapour). Lire la suite page 18LE BRÉSILs"est qualifié pour les demi-finales de la Coupe du mon- de, vendredi 21 juin, en dominant l"Angleterre 2 buts à 1. Rapide- ment menée par les Anglais, la Seleçao a renversé la tendance en ins- crivant 2 buts, par Rivaldo (photo) et Ronaldinho, auteur d"un lob de plus de 30 mètres. Notre supplément et Pierre Georges p. 38

BobyLapointed"ironie

Le Brésil premier qualifié

pour les demi-finales

International.............. 2

France......................... 6

SociØtØ...................... 10

RØgions..................... 14

Horizons.................... 15

Kiosque..................... 16

Entreprises............... 20

Communication...... 23MarchØs.................... 24

Carnet....................... 26

Abonnements......... 26

AujourdÒhui.............. 27

MØtØorologie............ 31

Jeux............................ 31

Culture...................... 33

Radio-TØlØvision...... 37

chanson

DANSun entretien auMonde,

Alain Juppé décrit comment il con-

çoit l"Union pour la majorité prési-

dentielle, parti dont il assure la présidence. L"UMP est pour lui, un" défi »:il s"agit de " créer quel- que chose de neuf, une structure décentralisée, pluraliste, démocrati- que, ouverte sur la société civile et sur la dimension internationale ».

Ses modèles, dit-il, sont le Parti

socialiste pluraliste, tel qu"il a été créé en 1971 par François Mit- terrand, à Epinay, le Parti populai- re espagnol, la CDU allemande etle Parti conservateur britannique. " Il faut un pilote dans l"avion, explique-t-il,parce que les forces centrifuges ne tarderont pas à se manifester ».

Interrogé sur son ambition pré-

sidentielle pour 2007, il déclare : " Me positionner dès à présent pour 2007 n"a aucun sens. Je sais que personne ne me croit, mais je continuerai à le dire parce que c"est ma conviction profonde. On verra bien en temps utile. Si Jean-Pierre

Raffarin apparaît le mieux placé, je

le soutiendrai de bon coeur. » abdoulaye wadeest président de la République du Sénégal. toshifumi kitamura afp

AU TERMEde discussions mara-

thon, la France a accepté à

Madrid, jeudi 20 juin, la veille du

sommet européen de Séville, de s"engager à ramener ses finances publiques à l"équilibre en 2004.

Tous les autres pays membres ont

fait une promesse semblable, mais

M. Chirac, pendant la campagne

électorale, avait évoqué le report à

2007. Francis Mer, ministre des

finances, a obtenu de soumettre cet engagement à une croissance " d"au moins 3 % »l"an prochain et en 2004.

Le texte signé adresse plusieurs

nouvelles recommandations à la

France. Elle devra compenser les

baisses d"impôt (de 5 % dès cette année) par des économies," rédui- re à moyen terme son niveau de dépenses publiques »et" élaborer sans délai une réforme globale de son système de retraites ». Autant de contraintes sévères qui mettent la France sous la" surveillance

étroite »de ses partenaires.

supplément 0123
télévision

Un été entre polar

et télé-réalité apoint de vue

Comment financer l"avenirde l"Afrique ?

par Abdoulaye Wade

ARGENT SALE

La liste noire

des pays suspects p. 4

PEINE DE MORT

Fin des exØcutions aux

Etats-Unis pour les

handicapØs mentaux p. 4

FR²GATES DE TAWAN

Toujours le secret-

dØfense... p. 12

FONDS DE PENSION

Les Øtrangers

dØtiennent 42,6 % du CAC 40 p. 20

FRANCE T²L²COM

Prise de contrûle

de Mobilcom p. 21

COR²E

Entre Nord et Sud,

un paradis menacØ... par la paix p. 15

SCIENCES

La rØgØnØration

des organes p. 27

PORTRAIT

Pina Bausch

p. 36

JEAN-PIERRE DINTILHAC,le

procureur de la République de

Paris, quittera ses fonctions le

10 juillet, au terme de quatre

années mouvementées au poste le plus sensible de la magistrature.

Dans un entretien auMonde,il

revient sur plusieurs affaires mar- quantes. Il reconnaît ainsi une " erreur d"appréciation »lors du renvoi de Dominique Strauss-Kahn devant le tribunal correctionnel. En revanche, reprenant la controverse sur l"éventuelle audition de Jacques

Chirac dans l"affaire des billets

d"avion, il estime" pas étonnant » qu"il ait pu y avoir divergence entre lui et le procureur général car" les magistrats ne sont pas des militai- res ». Il assure que" le maximum a

été fait pour retrouver Yvan Colon-

na. Dans ce dossier, il y a peut-être eu un peu de malchance ou de man- que de flair, mais sûrement pas une insuffisance de détermination ».

Lire page 10

´ Heidegger ñ je níai jamais pu souffrir ce nazi par existence. ªQuand il écrit cette phrase contre le philosophe de Fribourg, Thomas

Mann est en exil en Californie. Nous sommes

en 1944. L"écrivain est en train de mettre la der- nière main à son romanDocteur Faust,´un mÈlange,dit-il lui-même,de thÈologie, de musi- que, de gÈnie = pathologie, qui lie constam- ment le concept de ìgermanitÈî avec les mots ìtragiqueî et ìdÈmoniaqueî ª.Il est en corres- pondance avec d"autres émigrés allemands qui s"interrogent sur l"avenir de leur pays et auxquels il reproche leur tendance très alle- mande à´ se lamenter sur leur sort(...)parfaite- ment conciliable avec la brutalitÈ ª.L"un de ces émigrés est Paul Tillich, un théologien qui a fui le nazisme en 1933 et vient d"écrire un essai consacré aux existentialistes allemands et à leurs précurseurs, de Hegel et Marx à Jaspers et Heidegger. C"est dans la correspondance avec Paul Tillich, conservée à l"université

Columbia, à New York, qu"Erdmann Sturm, pro-fesseur de théologie à Münster, en Allemagne,

a retrouvé une lettre inédite de Thomas Mann. Ce texte a été publié, jeudi 20 juin, par le quoti- dienFrankfurter Allgemeine Zeitung.

La lettre, datée du 13 avril 1944, constitue,

selon Erdmann Sturm, la seule prise de posi- tion connue de Thomas Mann à propos de

Martin Heidegger, qui, malgré ses sympathies

pour le national-socialisme, reste le penseur admiré de l"existentialisme. En le décrivant comme un "nazipar existenceª(en français dans le texte), et non "par excellence ª, com- me il aurait pu le faire aussi en allemand, Tho- mas Mann ajoute une pointe d"ironie à l"égard des existentialistes, avant de conclure, s"adres- sant à Paul Tillich :´ Les extraits de son effrayant jargon philosophique que vous propo- sez[dans votre essai]míont pratiquement fait tomber le livre des mains. ª

Mais l"auteur deLa Montagne magique

dépasse le cas Heidegger. Pour lui en effet, la

philosophie existentialiste allemande consti-tue une atteinte à l"idée de progrès, "position

fausse, dÈpassÈe, ne correspondant pas au moment historique ª.En 1929 déjà,il avait tiré de la lecture de Freud des arguments contre l"accaparement par le fascisme du mythique et de l"irrationnel. Dans sa lettre à Paul Tillich, il revient sur le sujet en se référant àHumain, trop humain, de Nietzsche, pour montrer com- ment la critique même des Lumières permet de "reprendre leur drapeau sur un mode nou- veau».

Il ne faut pas rejeter la philosophie du pre-

mier tiers du XX e siècle sous prétexte que´ líir- rationalisme síest abÓmÈ dans le fascisme ª,

écrit Thomas Mann. Mais "je crois que nous

devons porter"sur un mode nouveauî le dra- peau, qui est apparu un moment presque ridicu- le, de la raison et du progrËs ª.Une exhorta- tion dont il n"est pas besoin de souligner l"ac- tualité.

Daniel Vernet

L"Europe contraint la France

à de sévères économies

Le gouvernement Raffarin devra réduire les dépenses de l"Etat et réformer le système de retraites

Le procureurde Pariss"explique surles cas Chirac,DSK, Colonna supplément mondial Quand Thomas Mann voyait en Heidegger un " nazi par existence » fAccord à Madridsur les orientationséconomiquesde l"Union fLa luttecontre l"immigrationclandestineau sommetde Séville fLe calendrierde l"élargissement fMobilisationdes militantsantimondialisation

Lire pages 2 et 3

Juppé : si Raffarin est candidat en 2007...

fUn entretien avecle président de l"UMP fLes hommesdu parti chiraquien fAu PS, le film del"échec, les remousde la reconstruction

Lire pages 6 à 9

MADRID

de notre envoyé spécial

Il n"y aura pas de conflit sur les

finances françaises au sommet des chefs d"Etat et de gouvernement qui s"ouvrait à Séville vendredi

21 juin. Les ministres des finances

des Quinze réunis à Madrid sont parvenus, tard dans la nuit de jeudi

à vendredi, à un accord qui leur a

permis d"adopter les grandes orien- tations de politiques économiques (GOPE), sorte de vade-mecum éco- nomique des pays de l"Union. La crise couvait parce que la France rechignait à confirmer son engage- ment, pris au sommet de Barcelo- ne en mars, d"avoir en 2004 des finances proches de l"équilibre.

Après plusieurs heures de débats,

les grands argentiers ont trouvé un compromis. Le ministre français des finances Francis Mer a approu- vé avec ses quatorze partenaires toute une série de recommanda- tions faites à la France.

La politique budgétaire françai-

se devrait, selon les Quinze, qui ont approuvé le texte à l"unanimi- té," avoir pour objectif de mener sans délai une politique générale de réformes structurelles, destinées àaugmenter le potentiel de croissan- ce et à réduire à moyen terme le niveau général des dépenses publi- ques ». L"Union demande à la Fran- ce, qui figure parmi les champions européens des impôts et des dépenses publiques, de faire mai- grir l"Etat. S"y ajoute la demande, déjà formulée à d"autres occa- sions, de" définir sans délai une réforme générale des systèmes des retraites, pour qu"elle soit viable à long terme avec le vieillissement de la population ».

Pour les déficits proprement

dits, la France devrait les voir déra- per autour de 2,5 %, selon les chif- fres fournis jeudi à Paris, sur Euro-pe 1, par le ministre du budget.

Nul n"a visiblement demandé à

M. Mer de réitérer l"expérience

d"Alain Juppé, qui avait cassé la croissance en augmentant les impôts en 1995 pour qualifier la

France pour l"euro. Comme l"Alle-

magne et le Portugal, la France a dérapé en 2002, mais les Quinze ont décidé de ne pas exiger de mesures d"urgence. En revanche, ils ont, avec Francis Mer, réaffirmé que les déficits publics ne franchi- raient pas la barre des 3 % du pro- duit intérieur brut (PIB), limite absolue fixée pour la zone euro. Le gouvernement est appelé à contrô- ler de très près l"exécution budgé-taire. Il doit" s"assurer que toute future baisse d"impôt n"aura pas d"impact sur les déficits ».

En clair, les baisses d"impôts pro-

mises dès 2002 par Jacques Chirac en plus de celles déjà décidées par sonprédécesseur, devront être finan- cées par des économies : la baisse de

5 % de l"impôt sur le revenu dès cet-

te année est ici visée. Cet engage- ment est conforme à celui pris au sommet de Barcelone, qui avait appelé les Etats à ne pas prendre des mesures discrétionnaires - en clair baisser les impôts - avant d"avoir atteint l"équilibre budgétaire.

Le point le plus litigieux concer-

nait la date de l"atteinte de l"équili- bre budgétaire. La France est appe- lée à viser" une réduction du défi- cit en 2003 suffisante, afin d"être en mesure d"atteindre en 2004 une posi- tion proche de l"équilibre ». Selon le commissaire européen Pedro Sol- bes, cet engagement est" confor- me »à celui pris à Barcelone. A l"époque, Jacques Chirac et Lionel

Jospin avaient souscrit à la déclara-

tion finale des chefs d"Etat et de gouvernement, qui stipulait que " les Etats membres resteront fidèles ou se conformeront d"ici 2004 auplus tard à l"objectif de moyen terme consistant à parvenir à une situation budgétaire proche de l"équilibre ou excédentaire ». Toute une polémi- que s"était alors enflammée : le can- didat Chirac, désireux de baisser les impôts, avait déclaré que cet objectif n"était pas " tenable ».

La France a fait préciser, jeudi

soir à Madrid, dans une déclara- tion unilatérale - mais avec l"assen- timent de ses partenaires - que cet objectif ne pourra être atteint que si la croissance est d"au moins 3 %.

Mais ce chiffre de 3 % est celui qui

figure dans le programme de prévi- sions budgétaires pluriannuelles présenté par la France à la Com- mission. Cette dernière juge cette prévision relativement crédible ; elle-même table pour 2003 sur unecroissance de 2,8 %. Il y a eu un pré- cédent : lorsque le ministre des finances allemand, Hans Eichel, a

été contraint en février 2001 de

s"engager à équilibrer ses finances publiques en 2004 pour échapper

à un blâme de la Commission, il

avait lui aussi déclaré unilatérale- ment que cet objectif ne serait accessible que si sa croissance pré- vue - 2,5 % - se réaliserait.

Dans cette polémique, la Com-

mission semble parvenue à faire progresser la coordination des poli- tiques économiques. L"atteinte de l"équilibre en 2004 est certes condi- tionnelle, mais, de toute façon, per- sonne ne croit sérieusement que l"Allemagne, le Portugal, la France, voire l"Italie, atteindront cet objec- tif sans une forte croissance. En liant l"atteinte de l"équilibre budgé- taire à l"évolution de la croissance, les Quinze font preuve de réalisme.

Si la France a donc obtenu un peu

de souffle dans cette affaire, elle s"est engagée à faire des réformes structurelles : ses partenaires l"ont prise au mot, et la Commission entend désormais la surveiller.

Arnaud Leparmentier

" TERRORISTES »et" antiglo- bos », même combat. A Séville, le grillage mesure deux mètres de haut, les policiers sont à cheval ou munis de chiens anti-explosifs : à l"occasion du sommet européen, les autorités espagnoles craignent des attentats terroristes et des débordements au cours des mani- festations antimondialisation. Ce rapprochement entre terroristes et antimondialistes n"est pas nou- veau pour le gouvernement de

José Maria Aznar. Obsédé par sa

lutte contre les séparatistes bas- ques de l"ETA et les organisations politiques soutenant de près ou de loin l"organisation, Madrid a profi- té du climat créé par les attentats anti-américains du 11 septembre

2001 pour faire du contrôle de tou-

te forme de protestation radicale une des priorités de sa présidence européenne, se heurtant à de for- tes résistances parmi les Quinze. " Au fil des différentes manifesta- tions et réunions au sommet de l"Union européenne, on a pu observer une augmentation progressive des actesde violence etde vandalisme cri- minel commis par des groupes extré- mistes radicaux, (...)[des]organisa- tions qui, sous couvert de leur caractè- re légal,se livrent à desactions enmar- ge de leurs activités déclarées, aidant ainsi indirectement les organisations terroristes à parvenir à leurs fins » : cette citation, extraite d"une note de

Madrid du 29 janvier 2001, reflète la

ligne dure prônée par M. Aznar. Le texte estimait qu"" un formulaire type serait un instrument très utilepour prévenir, voire réprimer, le radi-quotesdbs_dbs30.pdfusesText_36

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