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Adam Smith : richesse des nations / Courcelle-Seneuil

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Adam SMITH (1776) RECHERCHES SUR LA NATURE ET LES

la richesse nationale sur les différentes sortes de produits bruts et le prix LIVRE IV. DES SYSTÈMES D'ÉCONOMIE POLITIQUE. Introduction. Chapitre I.



Adam Smith (1776) Recherches sur la nature et les causes de la

DE LA RICHESSE. DES NATIONS. LIVRE IV. DES SYSTÈMES D'ÉCONOMIE POLITIQUE. Traduction française de Germain Garnier 1881 à partir de l'édition revue par 



Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations

LIVRE IV : Des systèmes d'économie politique principale source du revenu et de la richesse nationale ... Quand les simples manœuvres gagnent 4 et 5.



La pensée économique dAdam Smith (1723-1790)

Dans le livre IV il propose une critique des systèmes économiques de son A Smith



la notion d intérêt général chez adam smith : de la richesse des

Adam Smith dans l'introduction au livre IV de la Richesse des nations



1 PRÉSENTATION DE LA RICHESSE DES NATIONS . Daniel

1 Que nous citerons désormais RDN dans la présente édition. 2 Cette analyse critique est développée par Adam Smith dans le Livre IV de la RDN.



Adam Smith (1776) Recherches sur la nature et les causes de la

Adam Smith (1776) Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations : tome I. 5. LIVRE IV. DES SYSTÈMES D'ÉCONOMIE POLITIQUE. Introduction.



Adam Smith (1776) Recherches sur la nature et les causes de la

Adam Smith (1776) Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations : livre V. 5. LIVRE IV. DES SYSTÈMES D'ÉCONOMIE POLITIQUE. Introduction.



Adam SMITH (1776)

RECHERCHES SUR

LA NATURE ET LES CAUSES

DE LA RICHESSE

DES NATIONS

LIVRE IV

DES SYSTÈMES D'ÉCONOMIE POLITIQUE

Traduction française de Germain Garnier, 1881

à partir de l"édition revue par Adolphe Blanqui en 1843. Un document produit en version numérique par Jean-Marie Tremblay, professeur de sociologie au Cégep de Chicoutimi

Courriel: jmt_sociologue@videotron.ca

Site web: http://pages.infinit.net/sociojmt

Dans le cadre de la collection: "Les classiques des sciences sociales" Site web: http://www.uqac.uquebec.ca/zone30/Classiques_des_sciences_sociales/index.html Une collection développée en collaboration avec la Bibliothèque Paul-Émile-Boulet de l'Université du Québec à Chicoutimi Site web: http://bibliotheque.uqac.uquebec.ca/index.htm Adam Smith (1776), Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations : tome IV2

Cette édition électronique a été réalisée par Jean-Marie Tremblay,professeur de sociologie au Cégep de Chicoutimi à partir de :

Adam SMITH (1776)

RECHERCHES SUR LA NATURE ET LES CAUSES DE LA

RICHESSE DES NATIONS

Tome IV :

DES SYSTÈMES D'ÉCONOMIE POLITIQUE

Traduction française de Germain Garnier, 1881

à partir de l"édition revue par Adolphe Blanqui en 1843. Une édition électronique réalisée à partir du livre d"Adam Smith (1776), RECHERCHES SUR LA NATURE ET LES CAUSES DE LA RICHESSE DES

NATIONS.

Traduction française de Germain Garnier, 1881, à partir de l"édition revue par Adolphe Blanqui en 1843.

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Édition complétée le 25 avril 2002 à Chicoutimi, Québec. Adam Smith (1776), Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations : tome IV3

Table des matières

LIVRE PREMIER

Des causes qui ont perfectionné les facultés productives du travail, et de l'ordre suivant lequel ses produits se distribuent naturellement dans les différentes classes du peuple

Chapitre I. De la division du travail

Chapitre II. Du principe qui donne lieu à la division du travailChapitre III. Que la division du travail est limitée par l'étendue du marchéChapitre IV. De l'origine et de l'usage de la MonnaieChapitre V. Du prix réel et du prix nominal des marchandises ou de leur prix entravail et de leur prix en argent

Chapitre VI. Des parties constituantes du prix des marchandisesChapitre VII. Du prix naturel des marchandises, et de leur prix de marchéChapitre VIII. Des salaires du travailChapitre IX. Des profits du capitalChapitre X. Des salaires et des profits dans les divers emplois du travail et du

capital

Section 1. Des inégalités qui procèdent de la nature même des emploisSection 2. Inégalités causées par la police de l'Europe

Chapitre XI. De la rente de la terre

Section 1. Du produit qui fournit toujours de quoi payer une RenteSection 2. Du produit qui tantôt fournit et tantôt ne fournit pas de quoi payerune Rente

Section 3. Des variations dans la proportion entre les valeurs respectives del'espèce de produit qui fournit toujours une Rente, et l'espèce de pro-duit qui quelquefois en rapporte une et quelquefois n'en rapportepoint

Digression sur les variations de la valeur de l'Argent pendant le cours des quatre der-niers siècles, et sur les effets des progrès dans la richesse nationale, sur les différentessortes de produits bruts et le prix réel des ouvrages des manufactures

I. Des variations de la valeur de l'Argent pendant le cours des quatre derniers siècles

1re Période, de 1350 à 1570

2e Période, de 1570 à 1640

3e Période, de 1640 à 1700

Adam Smith (1776), Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations : tome IV4

II. Des Variations de la proportion entre les Valeurs respectives de l'Or et del'ArgentIII. Des motifs qui ont fait soupçonner que la Valeur de l'Argent continuait tou-jours à baisser

IV. Des effets différents des progrès de la richesse nationale sur trois sortesdifférentes de Produit brutV. Conclusion de la digression sur les Variations dans la Valeur de l'ArgentVI. Des effets et des progrès de la Richesse nationale sur le prix réel desouvrages de manufacture

Conclusion

Table des prix du blé de l'abbé Fleetwood, de 1202 à 1601, et de 1595 à 1764 Tableau du prix du setier de blé, à Paris, de 1202 à 1785

LIVRE II

De la nature des fonds ou capitaux de leur accumulation et de leur emploi

Introduction

Chapitre I. Des diverses branches dans lesquelles se divisent les capitauxChapitre II. De l'argent considéré comme une branche particulière du capitalgénéral de la société, ou de la dépense qu'exige l'entretien du capital

nationalChapitre III. Du travail productif et du travail non productif. - De l'accumulationdu capitalChapitre IV. Des fonds prêtés à intérêtChapitre V. Des différents emplois des capitaux

LIVRE III

De la marche différente et des progrès de l'opulence chez différentes nations

Chapitre I. Du Cours naturel des progrès de l'opulenceChapitre II. Comment l'Agriculture fut découragée en Europe après la chute del'Empire romain

Chapitre III. Comment les villes se formèrent et s'agrandirent après la chute del'Empire romainChapitre IV. Comment le Commerce des villes a contribué à l'amélioration descampagnes

Adam Smith (1776), Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations : tome IV5

LIVRE IV

DES SYSTÈMES D'ÉCONOMIE POLITIQUE

Introduction

Chapitre I.Du principe sur lequel se fonde le système mercantile Chapitre II.Des entraves à l'importation seulement des marchandises qui sont de nature à être produites par l'industrie

Chapitre III.Des entraves extraordinaires apportées à l'importation des pays aveclesquels on suppose la balance du commerce défavorable.- Cours du

change. - Banque de dépôt

Section 1.

Où l'absurdité de ces règlements est démontrée d'après les principes du système mercantile Digression sur les banques de dépôt et en particulier sur celle d'Amsterdam Section 2. Où l'absurdité des règlements de commerce est démontrée d'après d'autres principes

Chapitre IV.Des drawbacks (restitution de droits)

Chapitre V.Des primes et de la législation des grains Digression sur le commerce des blés et sur les lois y relatives

1.Commerce intérieur

2.Commerce d'importation

3.Commerce d'exportation

4.Commerce de transport

Appendice au chapitre V

Chapitre VI.Des traités de commerce. - Importation de l'or. - Droit sur lafabrication des monnaies

Chapitre VII.Des Colonies

Section 1.Des motifs qui ont fait établir de nouvelles colonies Section 2.Causes de la prospérité des colonies nouvelles Section 3.Des avantages qu'a retirés l'Europe de la découverte de l'Amérique et de celle d'un passage aux Indes par le cap de Bonne-Espérance

Chapitre VIII.Conclusion du système mercantile

Adam Smith (1776), Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations : tome IV6 Chapitre IX.Des systèmes agricoles ou de ces systèmes d'économie politique qui représentent le produit de la terre soit comme la seule, soit comme la principale source du revenu et de la richesse nationale

LIVRE V

Du revenu du souverain ou de la république

Chapitre I. Des dépenses à la charge du Souverain et de la République Section 1. Des dépenses qu'exige la Défense nationale Section 2. Des dépenses qu'exige l'administration de la Justice Section 3. Des dépenses qu'exigent les travaux et établissements publics Article 1.Des travaux et établissements propres à faciliter le Commerce de la société

§ 1. De ceux qui sont nécessaires pour faciliter le Commerce en général§ 2. Des travaux et établissements publics qui sont nécessaires pourfaciliter quelque branche particulière du commerce

Article 2.Des dépenses qu'exigent les institutions pour l'Éducation de la jeunesse Article 3.Des dépenses qu'exigent les institutions pour l'instruction des personnes de tout âge Section 4. Des dépenses nécessaires pour soutenir la dignité du Souverain

Conclusion du chapitre premier

Chapitre II. Des sources du Revenu général de la société ou du Revenu de l'État Section 1. Des fonds ou sources du revenu qui peuvent appartenir particulière- ment au Souverain ou à la République

Section 2. Des Impôts

Article 1.Impôts sur les Rentes de terres et Loyers de maisons

§ 1. Impôts sur les Rentes de terres

§ 2. Des impôts qui sont proportionnés au produit de la terre, et non aurevenu du propriétaire§ 3. Impôts sur les Loyers de maisons

Article 2. Impôts sur le Profit ou sur le revenu provenant des Capitaux Suite de l'article 2. - Impôts qui portent particulièrement sur les Profits de certains emplois Adam Smith (1776), Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations : tome IV7 Supplément aux Articles 1 et 2. - Impôts sur la valeur capitale des Terres, Maisons et Fonds mobiliers Article 3. - Impôts sur les Salaires du travail Article 4. Impôtsqu'on a l'intention de faire porter indistinctement sur toutes les différentes espèces de Revenus

§ 1. Impôts de Capitation

§ 2. Impôts sur les objets de Consommation

Chapitre III. Des dettes publiques

Adam Smith (1776), Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations : tome IV8

ADAM SMITH

La Richesse des nations II

" L'autorité que donne la fortune est très grande, même dans une société civiliséeet opulente. De toutes les périodes de la société, compatibles avec quelque notable

inégalité de fortune, il n'en est aucune dans laquelle on ne se soit constamment plaintde ce que cette sorte d'autorité l'emportait sur celle de l'âge ou du mérite personnel...»

Adam Smith

Traduction de l'anglais par Germain Garnier

Présentation, chronologie, notes, bibliographie et index par Daniel Diatkine

Classiques de l'économie politique

Texte intégral

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Adam Smith (1776), Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations : tome IV9

Livre IV

Des systèmes d'économie politique

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Adam Smith (1776), Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations : tome IV10

INTRODUCTION

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L'Économie politique, considérée comme une branche des connaissances du légis-lateur et de l'homme d'État, se propose deux objets distincts : le premier, de procurerau peuple un revenu ou une subsistance abondante, ou, pour mieux dire, de le mettreen état de se procurer lui-même ce revenu ou cette subsistance abondante; - le second,de fournir à l'État ou à la communauté un revenu suffisant pour le service public; elle

se propose d'enrichir à la fois le peuple et le souverain.

La différence de la marche progressive de l'opulence dans des âges et chez despeuples différents a donné naissance à deux systèmes différents d'économie politiquesur les moyens d'enrichir le peuple. On peut nommer l'un Système mercantile, et

l'autreSystème de l'Agriculture.

Je vais tâcher de les exposer l'un et l'autre avec autant d'étendue et de clarté qu'ilme sera possible. je commencerai par le Système mercantile; c'est le système moder-

ne et celui qui est le plus connu dans le pays et le siècle où j'écris. Adam Smith (1776), Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations : tome IV11

Chapitre I

du principe sur lequel se fonde le système mercantile

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La double fonction que remplit l'Argent, et comme instrument de commerce et

comme mesure des valeurs, a donné naturellement lieu à cette idée populaire, quel'Argent fait la richesse, ou que la richesse consiste dans l'abondance de l'or et del'argent. L'argent servant d'instrument de commerce, quand nous avons de l'argent,nous pouvons bien plutôt nous procurer toutes les choses dont nous avons besoin, quenous ne pourrions le faire par le moyen de toute autre marchandise. Nous trouvons à

tout moment que la grande affaire, c'est d'avoir de l'argent; quand une fois on en a, lesautres achats ne souffrent pas la moindre difficulté. D'un autre côté, l'argent servantde mesure des valeurs, nous évaluons toutes les autres marchandises par la quantitéd'argent contre laquelle elles peuvent s'échanger. Nous disons d'un homme riche, qu'ila beaucoup d'argent, et d'un homme pauvre, qu'il n'a pas d'argent. On dit d'un homme

économe ou d'un homme qui a grande envie de s'enrichir, qu'il aime l'argent; et enparlant d'un homme sans soin, libéral ou prodigue, on dit que l'argent ne lui coûterien. S'enrichir, c'est acquérir de l'argent; en un mot, dans le langage ordinaire, Ri-

chesseetArgentsont regardés comme absolument synonymes.

On raisonne de la même manière à l'égard d'un pays. Un pays riche est celui quiabonde en argent, et le moyen le plus simple d'enrichir le sien, c'est d'y entasser l'or etl'argent. Quelque temps après la découverte de l'Amérique, quand les Espagnols

Adam Smith (1776), Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations : tome IV12 abordaient sur une côte inconnue, leur premier soin était ordinairement de s'informer

si on trouvait de l'or et de l'argent dans les environs. Sur la réponse qu'ils recevaient,ils jugeaient si le pays méritait qu'ils y fissent un établissement, ou bien s'il ne valaitpas la peine d'être conquis. Le moine Duplan Carpin, qui fut envoyé en ambassadepar le roi de France auprès d'un des fils du fameux Gengis-Kan, dit que les Tartares

avaient coutume de lui demander s'il y avait grande abondance de boeufs et de mou-tons dans le royaume de France. Cette question avait le même but que celle des Espa-gnols. Ces Tartares voulaient aussi savoir si le pays valait la peine qu'ils en entrepris-sent la conquête. Le bétail est instrument de commerce et une mesure de valeur chezles Tartares, comme chez tous les peuples pasteurs, qui, en général, ne connaissent

pas l'usage de l'argent. Ainsi, suivant eux, la richesse consistait en bétail, comme,suivant les Espagnols, elle consistait en or et en argent. De ces deux idées, celle desTartares approchait peut-être le plus de la vérité.

M. Locke observe qu'il y a une distinction à faire entre l'argent et les autres bien

meubles. Tous les autres biens meubles, dit-il, sont d'une nature si périssable, qu'il y apeu de fonds à faire sur la richesse qui consiste dans ce genre de biens et une nationqui en possède, dans une année, une grande abondance, peut sans aucune exportation,mais par sa propre dissipation et son imprudence, en manquer l'année suivante. L'ar-gent, au contraire, est un ami solide qui, tout en voyageant beaucoup de côté et d'au-

tre et de main en main, ne court pas risque d'être dissipé ni consommé, pourvu qu'onl'empêche de sortir du pays. Ainsi, suivant lui, l'or et l'argent sont la partie la plussolide et la plus essentielle des richesses mobilières; et d'après cela il pense que legrand objet de l'économie politique, pour un pays, ce doit être d'y multiplier ces

métaux.

D'autres conviennent que si une nation pouvait être supposée exister séparémentdu reste du monde, il ne serait d'aucune conséquence pour elle qu'il circulât chez ellebeaucoup ou peu d'argent. Les choses consommables qui seraient mises en circulation

par le moyen de cet argent s'y échangeraient seulement contre un plus grand ou unplus petit nombre de pièces; la richesse ou la pauvreté du pays (comme ils veulentbien en convenir) dépendrait entièrement de l'abondance ou de la rareté de ces chosesconsommables. Mais ils sont d'avis qu'il n'en est pas de même à l'égard des pays quiont des relations avec les nations étrangères, et qui sont obligés de soutenir des guer-

res à l'extérieur et d'entretenir des flottes et des armées dans des contrées éloignées.Tout cela ne peut se faire, disent-ils, qu'en envoyant au-dehors de l'argent pour payerces dépenses, et une nation ne peut pas envoyer beaucoup d'argent hors de chez elle, àmoins qu'elle n'en ait beaucoup au-dedans. Ainsi, toute nation qui est dans ce cas doittâcher, en temps de paix, d'accumuler de l'or et de l'argent, pour avoir, quand le

besoin l'exige, de quoi soutenir la guerre avec les étrangers.

Par une suite de ces idées populaires, toutes les différentes nations de l'Europe sesont appliquées, quoique sans beaucoup de succès, à chercher tous les moyens possi-bles d'accumuler l'or et l'argent dans leurs pays respectifs. L'Espagne et le Portugal,

possesseurs des principales mines qui fournissent l'Europe de ces métaux, en ontprohibé l'exportation sous les peines les plus graves, ou l'ont assujettie à des droitsénormes. Il paraît que la même prohibition a fait anciennement partie de la politiquede la plupart des autres nations de l'Europe. On la trouve même là où l'on devrait lemoins s'y attendre, dans quelques anciens actes du parlement d'Écosse, qui défendent,

sous de fortes peines, de transporter l'or et l'argent hors du royaume. La mêmepolitique a eu lieu aussi autrefois en France et en Angleterre.

Adam Smith (1776), Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations : tome IV13 Quand ces pays furent devenus commerçants, cette prohibition parut, en beaucoup

d'occasions, extrêmement incommode aux marchands. Il arrivait souvent que ceux-ciauraient pu acheter plus avantageusement avec de l'or et de l'argent qu'avec touteautre marchandise les denrées étrangères qu'ils voulaient importer dans leur pays outransporter dans quelque autre pays étranger. Ils réclamèrent donc contre cette prohi-

bition, comme nuisible au commerce.

Ils représentèrent d'abord que l'exportation de l'or et de l'argent, faite dans la vued'acheter des marchandises étrangères, ne diminuait pas toujours la quantité de cesmétaux dans le royaume. -Qu'au contraire elle pouvait souvent augmenter, parce que

si la consommation du pays en denrées étrangères n'augmente pas pour cela, alors cesdenrées étrangères importées pourront être réexportées à d'autres pays étrangers, danslesquels étant vendues avec un gros profit, elles feront rentrer une somme d'argentbien plus forte que celle qui est sortie primitivement pour les acheter. M. Mun com-pare cette opération du commerce étranger à ce qui a lieu dans l'agriculture aux épo-

ques des semailles et de la moisson. " Si nous ne considérions, dit-il, l'action dulaboureur qu'au moment des semailles seulement, où il répand à terre une si grandequantité de bon blé, il nous semblerait agir en insensé plutôt qu'en cultivateur. Mais sinous songeons en même temps aux travaux de la moisson, qui est le but de ses soins,nous pouvons alors apprécier la valeur de son opération et le grand surcroît

d'abondance qui en résulte. »

En second lieu, ils représentèrent que cette prohibition ne pouvait pas prévenirl'exportation de l'or et de l'argent qu'il était toujours facile de faire sortir en fraude,

par rapport à la petitesse de volume de ces métaux relativement à leur valeur. - Que leseul moyen d'empêcher cette exportation, c'était de porter une attention convenable àce qu'ils appelaient la balance du commerce. - Que quand le pays exportait pour unevaleur plus grande que celle de ce qu'il importait, alors il lui était dû une balance parles nations étrangères, laquelle lui était nécessairement payée en or et en argent, et

par là augmentait la quantité de ces métaux dans le royaume; mais que lorsque lepays importait pour une plus grande valeur que celle qu'il exportait, alors il était dûaux nations étrangères une balance contraire qu'il fallait leur payer de la même ma-nière, et qui par là diminuait cette quantité de métaux. - Que, dans ce dernier cas,prohiber l'exportation de ces métaux, ce ne serait pas l'empêcher, mais seulement la

rendre plus coûteuse en y mettant plus de risques; que c'était un moyen de rendre lechange encore plus défavorable qu'il ne l'aurait été sans cela au pays débiteur de labalance; le marchand qui achetait une lettre de change sur l'étranger étant obligé depayer alors au banquier qui la lui vendait, non seulement le risque ordinaire, la peineet les frais du transport de l'argent, mais encore, de plus, le risque extraordinaire

résultant de la prohibition. - Que plus le change était contre un pays, et plus la balan-ce du commerce devenait aussi nécessairement contre lui, l'argent de ce pays perdantalors nécessairement d'autant de sa valeur, comparativement avec celui du paysauquel la balance était due. - Qu'en effet, si le change entre l'Angleterre et la Hollan-de, par exemple, était de 5 pour 100 contre l'Angleterre, il faudrait alors cent cinq

onces d'argent en Angleterre pour acheter une lettre de change de cent onces payablesen Hollande; que, par conséquent, cent cinq onces d'argent en Angleterre ne vau-draient que cent onces d'argent en Hollande, et ne pourraient acheter qu'une quantitéproportionnée de marchandises hollandaises; tandis qu'au contraire cent onces d'ar-gent en Hollande vaudraient cent cinq onces en Angleterre, et pourraient acheter une

quantité proportionnée de marchandises anglaises; que les marchandises anglaisesvendues à la Hollande en seraient vendues d'autant meilleur marché; et les marchan-dises hollandaises vendues à l'Angleterre le seraient d'autant plus cher, à raison de la

Adam Smith (1776), Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations : tome IV14 différence du change entre les deux nations; que par ce moyen, d'une part, l'Angle-

terre tirerait d'autant moins à soi de l'argent hollandais et que, de l'autre, il irait d'au-tant plus d'argent anglais à la Hollande à proportion du montant de cette différence etque, par conséquent, la balance du commerce en serait nécessairement d'autant pluscontraire à l'Angleterre, et nécessiterait l'exportation en Hollande d'une somme plus

forte en or et en argent.

Ces raisonnements étaient en partie justes et en partie sophistiques. Ils étaientjustes en tant qu'ils affirmaient que l'exportation de l'or et de l'argent par le commercepouvait être souvent avantageuse au pays. Ils étaient justes aussi en soutenant qu'au-

cune prohibition ne pouvait empêcher l'exportation de ces métaux quand les particu-liers trouvaient quelque bénéfice à les exporter. - Mais ils n'étaient que de purssophismes quand ils supposaient que le soin de conserver ou d'augmenter la quantitéde ces métaux appelait plus particulièrement l'attention du gouvernement que ne lefait le soin de conserver ou d'augmenter la quantité de toute autre marchandise utile

que la liberté du commerce ne manque jamais de procurer en quantité convenable,sans qu'il soit besoin de la moindre attention de la part du gouvernement.

C'était encore un sophisme peut-être que de prétendre que le haut prix du changeaugmentait nécessairement ce qu'ils appelaient la balance défavorable du commerce,

ou qu'il occasionnait une plus forte exportation d'or et d'argent. Ce haut prix duchange était, il est vrai, extrêmement désavantageux aux marchands qui avaient quel-que argent à faire remettre en pays étranger; ils payaient d'autant plus cher les lettresde change que leurs banquiers leur donnaient sur des pays étrangers. Mais encore que

le risque procédant de la prohibition pût occasionner aux banquiers quelque dépenseextraordinaire, il ne s'ensuivait pas pour cela qu'il dût sortir du pays aucun argent deplus. Cette dépense, en général, se faisait dans le pays même pour payer la fraude quiopérait la sortie de l'argent en contrebande, et elle ne devait guère occasionner l'ex-portation d'un seul écu au-delà de la somme précise pour laquelle on tirait. De plus, le

haut prix du change devait naturellement disposer les marchands à faire tous leursefforts pour balancer le plus près possible leurs importations avec leurs exportations,afin de n'avoir à payer ce haut prix du change que sur la Plus petite somme possible.Enfin, le haut prix du change devait opérer sur le prix des marchandises étrangèrescomme aurait fait un impôt, c'est-à-dire élever ce prix, et par là diminuer la consom-

mation de ces marchandises. Donc il ne devait pas tendre à augmenter, mais aucontraire à diminuer ce qu'ils appelaient la balance défavorable du commerce et, parconséquent, l'exportation de l'or et de l'argent.

Néanmoins ces arguments, tels qu'ils étaient, réussirent à convaincre ceux à qui

on les adressait, ils étaient présentés par des commerçants à des parlements, à desconseils de princes, à des nobles et à des propriétaires de campagne; par des gens quiétaient censés entendre parfaitement les affaires de commerce, à des personnes qui serendaient la justice de penser qu'elles ne connaissaient rien à ces sortes de matières.Que le commerce étranger apportât des richesses dans le pays, c'était ce que l'expé-

rience démontrait à ces nobles et à ces propriétaires, tout aussi bien qu'aux commer-çants ; mais comment et de quelle manière cela se faisait-il ? c'est ce que pas un d'euxne savait bien. Les commerçants savaient parfaitement par quels moyens ce com-merce les enrichissait, c'était leur affaire de le savoir; mais pour connaître comment etpar quels moyens il enrichissait leur pays, c'est ce qui ne les regardait pas du tout; et

ils ne prirent jamais cet objet en considération, si ce n'est quand ils eurent besoin derecourir à la nation pour obtenir quelques changements dans les lois relatives aucommerce étranger. Ce fut alors qu'il devint nécessaire de dire quelque chose sur les

Adam Smith (1776), Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations : tome IV15 bons effets de ce commerce, et de faire voir comment son influence bienfaisante se

trouvait contrariée par les lois telles qu'elles existaient alors. Les juges auxquels onavait affaire crurent que la question leur avait été présentée dans tout son jour quandon leur eut dit que le commerce étranger apportait de l'argent dans le pays, mais queles lois en question empêchaient qu'il n'en fit entrer autant qu'il aurait fait sans cela;

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