[PDF] Lart de reconnaître les styles

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-@ Librairie Hachette, 1974. Retrouver ce titre sur Numilog.com

Préface

L"histoire du mobilier et du bibelot à travers les âges a suscité des ouvrages considérables tant en France qu"à l"étranger. Toutes les branches de l"art décoratif ont été traités séparément, et chacune d"elles, en de nombreuses divisions, qui ont fait l"objet d"études particulières. Nous vivons dans un temps de spécialisation justifiée par l"amas et l"approfondissement des connaissances et il est de plus en plus difficile d"accéder à une culture générale. Devant l"abondance et le prix des livres et des publications, le simple amateur recule découragé. "L"art de reconnaître des styles» résume l"indispensable à qui veut pouvoir déceler la date et l"origine d"un meuble ou d"un bibelot, cat s"agissant d"art décoratif on peut souhaiter devenir docteur en la matière ou s"y intéresser tout simplement afin d"orner sa demeure à bon escient. J"ai taillé au plus juste dans une documentation touffue et disséminée qui, d"ailleurs, ne se rapporte pas seulement aux styles français. Les pays qui, d"une manière indiscutée, ont marqué l"art décoratif du sceau de leur génie sont donc ici passés en revue. L"essentiel, rien que l"essentiel, voilà ce que je me suis attachée à ne pas perdre de vue dans toutes les parties de cette étude, puisque la différence d"un style à un autre repose sur quelques caractéristiques majeures. Les meubles, les tissus, les

tapisseries, les tapis, les pièces d"argen- terie ou de porcelaine, d"origine française ou étrangère, reproduits dans ces pages, ont été choisis parmi beaucoup d"autres comme étant les plus fidèles expressions du temps et du pays auxquels ils appar- tiennent. Ils représentent assez bien ce qu"on appelle un style, c"est- à-dire la manière dont la sensibilité collective d"une génération réagit, sous un ciel donné, aux circonstances et aux mœurs d"une époque, à travers la sensibilité de ses artistes. Le but de cet ouvrage est de vous aider à les reconnaître, en faisant clairement apparaître ce qui leur est propre. Si chaque objet reflète bien l"inspiration et le goût original d"un artiste, sous ses formes familières, dans ses applications à l"usage quotidien, il est d"une éloquence intime particulièrement saisissante.

Le

progrès scientifique, les guerres, les influences étrangères, tout ce qui conditionne à un moment donné la vie matérielle, morale et sociale d"un peuple détermine non seulement le style de ses demeures mais de ce qui s"y trouve réuni. Il n"est pas besoin de chercher plus loin les raisons que chacun a de s"y intéresser en connaissance de cause.

G.

B. Retrouver ce titre sur Numilog.com

1 Détails de la façade sur cour de l"hôtel de Sully à Paris, 1624-1630.

2

Glace : cadre en bois sculpté doré, orné de cariatides, fronton surmonté d"un visage de femme.

3

Fauteuil

en bois doré sculpté, accotoirs en console renversée et terminés en crosse. 4

Porte de l"Ecole militaire. Versailles.

5 Armoire : sa forme s"apparente de façon frappante à l"architecture monumentale. 6

Château de Versailles; cour de Marbre, 1680.

7 Pendule ornée de vases " pots à feu », piétements en consoles renversées. 8 Détails de la sculpture ornementale. Façade du château de Maisons-Laffitte, 1642-1651. 9

Armoire

à deux corps : forme arrondie du chapiteau, rosaces sculptées. 10

Fontaine du Gros-Horloge. Rouen, 1732.

11

Similitude de forme du cadre en bois doré sculpté et du monument ci-contre. Retrouver ce titre sur Numilog.com

Louis XV La société française du dix-huitième siècle a conquis l"Europe, et jamais l"art français ne connut un tel rayonnement. Sauf l"Angleterre, qui, en raison de sa position géographique et peut-être aussi de son particularisme voulu, a su se dégager de l"influence française, il n"existe pas, à cette époque, de pays qui ne se soit inspiré du style Louis XV. Ou bien le mobilier à l"étranger est alors importé de France, ou bien on y fabrique du Louis XV adapté, parfois abâtardi. Trois noms : Antoine Watteau (1684-1721), Ange Gabriel (1698- 1782), Antoine Houdon (1741-1828) - un peintre, un architecte, un sculpteur - ont dominé de leur génie particulier tout le XVIIIe siècle. Ange Gabriel a illustré son temps en édifiant la place Louis-XV. Mais la grâce, qui était la caractéristique de cette époque, s"efface peu à peu, gâchée par le maniérisme (ceci est surtout sensible dans la décoration et le mobilier dont les formes deviennent galbées à outrance). Une réaction se produit et, immanquablement, on en revient, par besoin de simplification, aux lignes antiques.

Louis

XVI Le Petit Trianon (1762-1764), édifié par Ange Gabriel, est un exemple typique du style Louis XVI (en fait Louis XVI ne monta sur le trône que dix ans plus tard). L"inspiration en est nettement grecque. A partir de la ligne droite sans sécheresse, va se dégager un art qui se distinguera par sa légèreté. TI est à remarquer que si le style Louis XIV a trouvé sa majesté, parfois écrasante, ses origines, sa puissance dans l"art romain, le style Louis XVI, lui, emprunte ses proportions, sa sim- plicité et son élégance à l"art grec.

Directoire

Le

Directoire ayant duré exactement quatre ans, le style qui porte son nom a en réalité commencé à la fin du règne de Louis XVI et s"est poursuivi jusqu"à l"Empire. L"hôtel Gouthière, à Paris, offre un exemple parfait de cette époque. On retrouve l"élégance et la liberté de la fin du XVIIIe siècle, alliées à la solennité et à la raideur du style Empire.

Empire

Sous

la dure férule de Percier et Fontaine dont le rôle n"est pas sans analogie avec celui de Le Brun sous le règne de Louis XIV, une soumission à l"art romain s"impose; et s"il en résulte une grande unité, il s"en dégage, en revanche, une sorte d"ennui majestueux et mono- corde dû l"uniformité des lignes, conventionnelles et sèches. Très influencé par la grandeur de Rome, Napoléon, lui-même, entend donner le ton. Tout ce qui a été édifié à cette époque est une copie de l"antique; tels l"Arc de Triomphe de Chalgrin et la Made- leine (1806-1842), par Vignon. L"arc de triomphe du Carrousel (1806), de Percier et Fontaine, em- prunte sa forme architecturale à l"arc de Septime Sévère. Il est orné de statues de soldats de la Grande Armée placées au faîte des huit colonnes corinthiennes qui encadrent les trois arches. Ce monument de proportions " modestes», à l"encontre de l"impératif de l"époque, s"enrichit d"un marbre rose que fait ressortir le gris de la pierre. Retrouver ce titre sur Numilog.com

1 Chapelle du château de Versailles. Détails de la . toiture, 1696-1710.

2 Armoire : forme galbée du fronton, de la moulure et des pieds, chapiteau " rocaille ». 3

Petit Pavillon de l"hôtel Matignon, 1721.

4 Bonheur du jour. Retour à l"antique, interprétation du temple grec. 5

Saint-Philippe-du- Roule, 1769-1784.

6 Secrétaire : notez sa ligne droite et les colonnes d"encadrement. 7

Petit Trianon, parc de Versailles, 1762-1764.

8

Le pavillon du Belvédère. Versailles, 1781.

9 Lit en bois peint. Fronton triangulaire typique du style Directoire. 10 L"art antique s"impose ! Colonne Vendôme. Paris, 1806-1810. 11 Console ornée de colonnes à chapiteaux corinthiens. 12 Psyché dont la construction et l"ornementation s"inspirent d"un arc de triomphe. 13 L"arc de triomphe du Carrousel, à Paris, 1806. Retrouver ce titre sur Numilog.com

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CARACTÉRISTIQUES DU STYLE RENAISSANCE

Bois employés : chêne, noyer. Bois employés : chêne, noyer.

Médaillon

rond, au centre buste en forte saillie.

Arabesques :

motif décoratif de feuillage à disposition symétrique encadrant un axe. Élément de bois tourné en balustre à double poire.

Cul-de-lampe

en forme de toupie. Renaissance Le

style Louis XII, comme tous les styles de transition, a duré peu de temps et comporte encore des éléments gothiques alliés à des éléments Renaissance.

Le

mobilier, à cette époque, est sensiblement le même qu"à la période gothique. Au coffre s"ajoute la crédence, armoire à deux corps, ou une armoire posée sur un piétement de colonnes sculptées. Apparaît aussi le fauteuil plus léger appelé caquetoire. Le goût du luxe se développe. A son retour d"Italie, François Ier se fait le protecteur enthousiaste des artistes de ce pays. Ces derniers imposent une décoration intérieure en harmonie avec une architecture d"une richesse incomparable. Les murs se couvrent dê" lambris sculptés composés d"une succession de panneaux divisés eux-mêmes en petits cadres ornés d"un motif décoratif ou parfois d"une simple moulure. Les tapisseries sont tissées de soie et de laine où se mêlent les fils d"or et d"argent. Les solives qui soutiennent les plafonds sont elles-mêmes sculptées; enfin, par une nouvelle disposition qui entrecroise les lignes, les pla- fonds se divisent en caissons, ornés de peintures. Les cheminées sont monumentales, chargées d"une importante déco- ration peinte ou sculptée en ronde bosse. Les lits sont surmontés d"un dais soutenu par quatre colonnes ou simplement par deux colonnes de face si le fond est un panneau de bois. Les tables sont d"un agencement compliqué; elles comportent sou- vent six pieds, parfois huit, afin de permettre un système de rallonges comme il en existe encore de nos jours. Enfin apparaît une marqueterie de bois de couleurs différentes, enrichie de plaques de marbre ou d"ivoire, ces dernières ornées de motifs gravés. Retrouver ce titre sur Numilog.com

1 Porte en bois sculpté : la juxta- position des " plis de serviette » et des grotesques d"inspiration italienne marque la transition entre le Moyen Age et la Renais sance.

2

Chaise à bras, première moitié du XVIe siècle : médaillon cerné de motifs réguliers, orné d"un buste sculpté en bas-relief.

3

Fauteuil du début de la Renais- sance en chêne recouvert de cuir gaufré, accoudoirs et traverse sculptés.

4

Type de chaise à bras appelée " caquetoire », facile à transporter, remplace la chaise à coffre; ses pieds sont reliés par de solides traverses. Retrouver ce titre sur Numilog.com

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CARACTÉRISTIQUES DU STYLE LOUIS XIV

Bois employés

: le bois doré, l"ébène, le chêne, le noyer, la marqueterie de bois teintés, le poirier noirci. Appliques de bronze

doré, tapisseries, soieries brochées.

Tête

de Bacchus encadrée de feuilles d"acanthe. Les deux L entrelacées couronnées : initiales de Louis XIV. Coquille régulière et entrelacs.

Lambrequin.

Soleil

: emblème du roi, au centre tête de femme. Trophées - inspiration romaine. Corbeille de fruits sur lambrequin. Pied carré en balustre, frange. Pied de bouc. Entretoise en X. Louis XIV

La prospérité

du commerce et de l"industrie encourage la réalisation des grandes entreprises. Charles Le Brun (1619-1690) est directeur de la manufacture royale des Gobelins, et chancelier à vie de l"Aca- démie de peinture en 1663; son nom est inséparable du règne de Louis XIV comme celui de Colbert qui fonde les Académies royales de peinture, de sculpture et d"architecture. La richesse de la décoration dépasse tout ce qu"on peut imaginer, on emploie le marbre, les glaces, le stuc, la peinture allégorique en grandes fresques, le bois doré, le bronze, l"argent et l"or. La tapisserie s"enrichit de nombreux coloris ainsi que les tissus fabri- qués à Lyon et dans le Nord. Ils reproduisent les compositions des grands ornemanistes, Jean Lepautre (1617-1682) et Berain (1638- 1711) entre autres, qui ont marqué leur époque de leur génie particulier. La

seconde période du style Louis XIV se dégage complètement de l"influence du style Louis XIII, le bois doré sculpté trouve un emploi massif : consoles, torchères, trumeaux accompagnent un ensemble de sièges allant du vaste tabouret au confortable fauteuil à oreillettes qui annonce la "bergère» des années à venir. Les pieds et les bras sont déjà chantournés. Les sièges sont importants et assez bas (le roi est petit). Ils comportent une traverse d"entrejambe en forme d"H disposée en volutes affrontées; l"accotoir est rembourré, ce qui est une innovation; enfin ils sont souvent garnis de franges. Les tables sont surchargées de sculptures, recouvertes souvent de marbre ou d"une mosaïque de pierres de couleur; font aussi leur apparition la table de bureau, la table d"applique décorée seulement sur trois côtés et qui se plaçait contre un mur. Enfin Charles Boulle (1642-1732) perfectionne la marqueterie de métal tendre, d"étain et de cuivre, combinaison à laquelle s"ajoute l"écaillé. Il cherche à composer le décor d"un meuble selon sa desti- nation et sa forme. C"est à lui que l"on doit la création des bronzes d"ornement : appliques, chutes, mascarons étudiés d"après leur empla- cement sur un meuble et destinés à en protéger les pieds et les angles. Il créa de nombreuses pièces, entre autres la commode, qui marquera une date dans l"histoire du mobilier. Esprit original, Charles Boulle se dégagera de l"emprise architecturale qui jusqu"alors s"était déve- loppée dans tout cet art. Les lits à quatre colonnes sont garnis de tentures ou parés "à la duchesse », c"est-à-dire couronnés d"un ciel de lit suspendu au plafond, orné au faîte d"un panache. Apparaissent le lit de repos, l"armoire- bibliothèque. Les lustres sont en bois doré, les girandoles ornées de plaquettes de cristal; il faut noter aussi les bras d"appliques et les lanternes. L"art des jardins se crée à l"échelle de la construction monumentale. Le dessin partage les forêts en allées régulières, réservant d"immenses perspectives ornées de statues; des parterres de fleurs s"établissent en terrasses trouées de bassins, ponctuées de fontaines aux jeux d"eau éblouissants. Les arbres sont taillés suivant une ordonnance rigou- reuse, à perte de vue. La durée exceptionnelle du règne de Louis XIV a contribué à prolonger dans le temps les manifestations de ce style. Retrouver ce titre sur Numilog.com

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