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La tragédie et la comédie au XVIIe siècle : le classicisme Année 2016-2017

Séquence 5

Texte 3 : Acte III, scène 8, Andromaque, RACINE.

il protègera son fils Astyanax contre les Grecs, soit il le tue lui-même. Andromaque expose ici ce dilemme à sa

confidente.

ANDROMAQUE.

Dois-je les oublier, s'il ne s'en souvient plus ?

Dois-je oublier Hector privé de funérailles, Et traîné sans honneur autour de nos murailles ? Dois-je oublier son père à mes pieds renversé, Ensanglantant l'autel qu'il tenait embrassé (1) ? (1) pour Songe, songe, Céphise, à cette nuit cruelle demander la protection des Dieux Qui fut pour tout un peuple une nuit éternelle.

Figure-toi Pyrrhus, les yeux étincelants,

Entrant à la lueur de nos palais brûlants,

Sur tous mes frères morts se faisant un passage, Et de sang tout couvert échauffant (2) le carnage. (2) : encourageant Songe aux cris des vainqueurs, songe aux cris des mourants, Dans la flamme étouffés, sous le fer (3) expirants. (3) : par des coups Peins-toi dans ces horreurs Andromaque éperdue : Voilà comme Pyrrhus vint s'offrir à ma vue ;

Voilà par quels exploits il sut se couronner ;

Enfin voilà l'époux que tu me veux donner.

Non, je ne serai point complice de ses crimes ;

Qu'il nous prenne, s'il veut, pour dernières victimes. Tous mes ressentiments lui seraient asservis (4). (4) : Toutes mes rancunes ne pourraient éclater devant lui.

CÉPHISE.

Eh bien ! Allons donc voir expirer (5) votre fils : (5) : mourir On n'attend plus que vous... Vous frémissez, Madame ?

ANDROMAQUE.

Ah ! De quel souvenir viens-tu frapper mon âme !

Quoi ! Céphise, j'irai voir expirer encor

Ce fils, ma seule joie et l'image d'Hector ?

Ce fils, que de sa flamme (6) il me laissa pour gage ? (6) : son amour Hélas ! Je m'en souviens, le jour que son courage Lui fit chercher Achille, ou plutôt le trépas (7), (7) : la mort

Il demanda son fils et le prit dans ses bras :

"Chère épouse, dit-il en essuyant mes larmes, J'ignore quel succès le sort garde à mes armes (8); (8) : quelle issue le sort me Je te laisse mon fils pour gage de ma foi : réserve S'il me perd, je prétends qu'il me retrouve en toi. Si d'un heureux hymen(9) la mémoire t'est chère, (9) : mariage Montre au fils à quel point tu chérissais le père. » La tragédie et la comédie au XVIIe siècle : le classicisme Année 2016-2017

Séquence 5

Texte 3 : Acte III, scène 8, Andromaque, RACINE.

il protègera son fils Astyanax contre les Grecs, soit il le tue lui-même. Andromaque expose ici ce dilemme à sa

confidente. Et je puis voir répandre un sang si précieux ? Et je laisse avec lui périr tous ses aïeux ? Roi barbare, faut-il que mon crime l'entraîne (10) ? (10) : Faut-il que mon refus Si je te hais, est-il coupable de ma haine ? lentraîne dans la mort T'a-t-il de tous les siens reproché le trépas ? S'est-il plaint à tes yeux des maux qu'il ne sent pas ? Mais cependant, mon fils, tu meurs si je n'arrête

Le fer que le cruel tient levé sur ta tête.

Je l'en puis détourner, et je t'y vais offrir ? Non, tu ne mourras point : je ne le puis souffrir (11). (11) : supporter Allons trouver Pyrrhus. Mais non, chère Céphise,

Va le trouver pour moi.

1. Rechercher la définition de : hypotypose.

2. Quelles visions se présentent successivement à la mémoire dAndromaque ? Quel rôle

jouent-elles dans sa décision finale ?

3. Des vers 1 à 19, relevez deux champs lexicaux qui rendent ce tableau particulièrement

frappant.

4. Observez le début de chaque vers de la première réplique dAndromaque. Quelle figure

rhétorique permet daccentuer la force de ses propos ?

5. Dans les vers 29 à 34, quel est lintérêt de faire parler Hector ?

6. Dans sa dernière réplique, quel type de phrase Andromaque utilise-t-elle le plus

souvent ? Quel sentiment met-il en évidence ?

7. Relevez les différentes personnes à qui sadresse Andromaque. Comment peut-on

interpréter ce changement ? Bilan : Dans quelle mesure la guerre de Troie se poursuit-elle dans lesprit et les propos dAndromaque ? (20 lignes)quotesdbs_dbs46.pdfusesText_46

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