[PDF] Polarville. Les images de la ville dans le roman policier





Previous PDF Next PDF



Fragmentation de la ville et du personnage dans le roman

Le roman africain francophone mettant en scène la ville a tendance à accu- muler des tableaux de la vie sociale et politique. 4 Nom donné aux bidonvilles au 



Poétique de la ville-symptôme dans le roman maghrébin

6 jan. 2017 Résumé : La ville postcoloniale se trouve au cœur de la fiction romanesque au. Maghreb et peut être approchée comme élément constitutif de ...



Polarville. Les images de la ville dans le roman policier

29 oct. 2018 sique du polar est une ville sourde sombre



LA VILLE QUEL ROMAN…

11 avr. 2018 En effet que la ville soit sujet de fiction ou d'essai empruntant la forme ... Flaubert fait de Madame Bovary (1857) un roman de la vie.



Lurbanité un genre littéraire. Regard sur quatre romans et trois

10 nov. 2017 Qu'elle soit personnage principal d'un roman ou d'une étude ou toile de fond d'une fiction



Imaginaire et lisibilité de la ville dans lécriture littéraire

2 mai 2009 Ce choix de romans présuppose des interrogations : les textes écrits par des auteurs natifs -ou ayant longtemps vécu à Constantine comme ...



PROTOCOLE DENGAGEMENTS RENFORCES ET RECIPROQUES

Valence Romans Agglo – Protocole d'Engagements Renforcés et Réciproques – Novembre 2019. 4. Introduction. La politique de la Ville est une politique 



Alger ville mortifère : les romans policiers de Yasmina Khadra

Alger ville mortifère : les romans policiers de Yasmina. Khadra. Il est intéressant de constater que l'essor du roman policier algérien.



Esthétique du roman gabonais

causent le fétichisme et la superstition dans la ville africaine moderne. Au bout du silence. Au bout du silence est le premier roman de Laurent Owondo.



EZA BOTO VlLLE CRUELLE UNE DIALECTIQUE DU MEME ET DE

Le titre du roman pose de facon explicite le lieu autour duque1 se centre la narration: une ville coloniale imaginaire nommée Tanga

LYON

ECOLE D"ARCHITECTURE DE

DEPARTEMENT DE RECHERCHES

POLAR VI LLE

LES IMAGES DE LA VILLE DANS LE ROMAN POLICIER

Rapport Intermédiaire

Contrat de recherche BRA/EALyon N°89 01 234

J.N.BLANC

introduction i

OU IL EST QUESTION

DE METHODES D"INVESTIGATION,

ET OU LE SOCIOLOGUE

PRETEND MENER L"ENQUETE.

D"abord une image : celle du "privé" classique du roman noir. On a beau faire, on ne peut l"imaginer que situé dans un décor urbain. Pas de campagne, de nature, de grand ciel ni de bosquets. Mais la rue, les bas-fonds, les bas quartiers, les hôtels louches, les ruelles solitaires, la nuit : la ville. Ce décor urbain est si insistant qu"il en devient obsédant. D"autant qu"il ne s"agit pas de n"importe quelle ville. Celle qui fait le décor clas? sique du polar est une ville sourde, sombre, crépusculaire, désolée. Ville de malheur et de violence, pleine d"ombres et de fureurs, sa présence - comme on dit d"un acteur - traverse tout le roman noir et lui imprime sa marque. Le roman policier n"échappe pas à la ville. Il constitue peut-être la littérature urbaine par excellence, et il se peut que ce soit là que se rédige le grand opéra urbain du XX° siècle. Voilà qui définit le propos de cette étude sociologique. Elle se fixe pour but d"élucider ce que dit le roman policier de la ville, et se donne pour ambition de s"interroger sur ce que veut dire exactement ce qu"il dit. De tels objectifs méritent qu"on les précise de façon à mieux définir l"orientation de l"étude et la manière de procéder. Cela pose tout d"abord une question de méthode. 2

LE SOCIOLOGUE MENE L"ENQUETE

Un sociologue ressemble un peu à un détective. Tous deux se trouvent au départ devant un phénomène troublant qui, parce qu"il est inexpliqué, paraît étrange. Tous deux s"attachent donc à en chercher les causes - ou, sinon les causes réelles, du moins les causes les plus plausibles. Pour mener à bien cette investigation tous deux fouillent le passé, se documentent, vont sur le terrain, interrogent des témoins, s"interrogent : ils font une enquête. Certes il n"est pas possible de pousser la comparaison jusqu"au bout. Les deux types d"enquête n"ont en commun ni leurs buts ni leurs effets. Dans l"enquête policière le but est d"identifier puis d"arrêter le(s) coupable(s), c"est-à-dire l"origine d"un désordre. Une enquête réussie retire donc du monde ce qui en trouble l"ordre, et son effet attendu est donc de rectifier la réalité en reconstituant un monde apaisé par sup? pression des causes du désordre. Dans l"enquête sociologique le but est d"identifier puis de reconsti? tuer des processus de nature causale, et l"effet attendu ne peut être ni de supprimer les causes des phénomènes ni de restituer au monde une innocence perdue, mais bien plutôt de susciter des questions et de dégager des perspectives nouvelles d"explication, même si cela contredit l"opinion commune ou introduit le doute dans la pensée d"un monde "normal"" et stable. Cela dit les deux types d"enquête se ressemblent malgré tout. Elles partagent le goût de la recherche, la volonté obstinée de réunir des indices, la nécessité de présenter des preuves, et, par conséquent, le caractère décisif de l"attention portée à la méthode d"investigation. Tout amateur de roman policier sait bien que la différence entre bonne et mauvaise enquête se fait par rapport à la méthode. Si Sherlock Holmes brille devant le pauvre Lestrade de Scotland Yard, c"est qu"il a une meilleure méthode que lui. Cela n"empêche pas J. Dickson Carr de prétendre procéder autrement et mieux, ni H.Poirot de préférer d"autres méthodes encore, et Maigret encore une autre. Tous cependant conviendraient ensemble que la valeur de l"enquête se mesure à la qualité de la méthode qui y préside. Le sociologue se trouve dans la même posture. Il lui faut procéder méthodiquement. Il a un fait troublant sous les yeux, il l"inspecte, il en cherche les causes. Ainsi du roman policier : le fait est que les évocations urbaines y sont étonnamment fréquentes, et la question se pose d"en savoir les raisons et la signification. Pour commencer, il convient de vérifier le fait : plutôt que de suivre les impressions immédiates et les pseudo-évidences, mieux vaut commencer par l"examen précis des faits - ou, à tout le moins, de ces bribes de réalité qu"on tient pour des faits. Vérifions donc d"abord 3 sur le terrain l"importance exacte de la thématique urbaine dans le roman policier - ou plutôt dans le polar.

ROMAN POLICIER ET POLAR

Il faut commencer en effet par définir le lieu précis de l"enquête. C"est que le territoire du roman policier est vaste. De Gaboriau à Chandler, d"Edgar Poe à Agatha Christie, de Goodis à Manchette et d"A.Demouzon à Montalban, il couvre une large étendue où se côtoient en vérité des conceptions bien différentes de ce genre littéraire. Des spécialistes éminents et des exégètes pointilleux tracent des frontières parfois subtiles entre ces diverses conceptions. C"est leur af? faire de spécialistes et d"exégètes. Ici, dans cet essai, on se contentera de distinguer en fonction de la place et du rôle que telle ou telle famille accorde à la ville. De ce point de vue, une distinction fondamentale doit être établie entre le roman policier classique et le roman policier de type roman noir . Dans le premier, la ville importe peu. Il s"agit seulement d"une sorte de jeu de société où il convient de deviner qui a commis le meurtre : whodunit (qui l"a fait) ou murder party sont des noms qui caractérisent assez bien ce type de roman d"énigme où le lecteur est en quelque sorte mis au défi de composer un mot avec des lettres qu"on lui présente séparées et mélangées, comme l"explique D.Sayers1. Ce jeu peut s"exercer en chambre close (avec les mystères du même nom) ou dans un vieux manoir anglais, ou ailleurs encore. Le lieu ne compte pas. Le roman noir , lui, accorde au contraire une importance considé? rable à la ville. Selon R.Chandler, c"est D.Hammett qui a inauguré véritablement le genre quand "il a sorti le crime de son vase vénitien et l"a flanqué dans le ruisseau "2. Désormais, le roman policier parlera des crimes de "gens qui les commettent pour des raisons solides et non pour fournir un cadavre à l"auteur " et qui agissent "dans la rue du colt-qui-crache " (ibid.). Le roman policier descend dans la rue : la ville devient son domaine. Mieux encore : pour le whodunit , la ville ne peut pas exister. Il lui faut en effet un monde totalement abstrait, où la disparition d"une petite cuiller, l"absence d"un bouton ou le moindre lapsus prennent des allures de preuve irréfutable, comme si le monde était si lisse, si épuré et pour tout dire si parfaitement rangé et étiqueté que le plus infime manquement à l"ordre absolu des choses pouvait être

1 Dorothy SAYERS Lord Peter et l"inconnu , 1939, Lib. des Champs Elysées, Le

Masque (dans la mesure du possible je donnerai ici, pour les romans policiers, l"année de première parution de l"ouvrage, suivie du nom de son éditeur (ou rééditeur) français ).

2 Raymond CHANDLER L"art d"assassiner ou la moindre des choses (The simple

art of murder ) 1944, annexé au recueil La rousse rafle tout, Presses Pocket 4 révélateur. Introduire un peu de réalité dans cette abstraction détruirait toute la construction du roman. L"irruption de la ville dans le roman noir ne correspond donc pas seulement à un passage du salon aristocratique à la rue plébéienne (du "vase vénitien " au "ruisseau ") comme le croient certains lecteurs de Chandler. Elle signifie plutôt que le roman policier issu de ce courant-là entend parler de la réalité, et notamment de la réalité urbaine telle qu"il la perçoit. Pour faire bref, convenons ici de baptiser polar le roman policier qui, à l"opposé du whodunit , cherche à faire entrer une certaine réalité urbaine dans le roman policier - quelque débat que ce terme de polar puisse susciter1

PREMIERS INDICES

Tous les observateurs conviennent que le polar se préoccupe intensément de la ville. Dans le polar, "ayant quitté l"univers clos et feutré des riches demeures, le héros marche dans la ville et rencontre l"homme de la rue "2. Quant à D.Fernandez-Recatala, ce n"est pas par hasard que, dans son étude sur le roman policier, il consacre ses trois premières pages aux thèmes urbains3. Il désigne par là, de fait, un caractère fondamental de ce genre littéraire. Par ailleurs, on observera que des publications ordinairement indifférentes au polar se mettent à s"y intéresser dès lors qu elles s"intéressent à la ville. Tout se passe comme si elles ne s"occupaient de littérature policière que parce qu elles s"intéressent à l"urbain. C"est ainsi que Murs Murs , pendant l"été 1985, a publié des nou? velles centrées à chaque fois sur une ville différente, et rédigées par des auteurs de polars ou dans le style policier : D.Daeninckx a écrit sur Strasbourg, M.Naudy sur Toulouse, M.Villard sur Reims, etc... Il ne semble pas qu"une grande exigence de qualité littéraire ait présidé en toute occasion au choix de ces textes. Ils étaient à vrai dire assez inégaux. Mais justement, ce qui est révélateur est que le littéraire ait assez peu compté en l"occurrence. L"important n"était donc pas là, mais dans ce qu"on attendait du genre policier : qu"il produise du texte sur la ville, comme s"il en était le spécialiste. L"indice n"est pas à négliger. Si des publications étrangères au monde du polar le retiennent dès lors qu"il s"agit de ville, c"est bien qu elles montrent ainsi du doigt sa qualité fondamentalement urbaine.

1 "Quant à l"appellation polar , je lui préfère celle de rompol (contraction de

roman policier). Polar est un ancien mot d"argot qui désignait le membre viril. C"est pourquoi j"ai été amené à dire que ce mot de polar ne pouvait convenir qu"à des cons I " Léo MALET La vache enragée , Hoëbecke éd., 1988

2 Josée DUPUY Le roman policier , Larousse Textes pour aujourd"hui, 1974

3 D.FERNANDEZ-RECATALA Le Polar , M.A. éd., coll. Le monde de... , 1986

5 Il y a mieux : un ouvrage de recherche, destiné aux spécialistes en urbanisme et en architecture, consacre une pleine page à Léo Malet, avec liste de ses romans parisiens, citation d"un passage sur la rue des Hautes Formes, et chapeau recommandant de lire cet auteur en raison de son "observation subtile des relations entre espace et pratique " L On ne peut mieux indiquer que si la littérature policière intéresse particulièrement ceux qui s"intéressent à la ville, c"est bien qu"ils la désignent comme genre éminemment urbain. Reste à savoir ce qui lui vaut une telle réputation, et donc à essayer de pénétrer pour ainsi dire à l"intérieur du polar pour préciser l"analyse des indices.

DES COUVERTURES SANS ALIBI

Le roman policier ne se cache pas de ses amours urbaines. Il ne masque rien. Ses titres couvertures ne constituent pas des alibis. Elles avouent de façon éloquente les inclinations qui le portent vers la ville. Sans multiplier les exemples on citera Asphalt Jungle de W.R.Burnett (en français Quand la ville dort ), ou, du même auteur, Goodbye Chicago . Et encore New York blues de W.Irish, Necropolis d"H.Lieberman, Central Park de St.Peters, La rue devient folle de M.Braiy, La valse des pavés de J.Wainwright, Bastille tango de J.F.Vilar, H.L.M. Blues de J.Vautrin, Rock béton de L.Vernon, sans ou? blier Fièvre au Marais , Les rats de Montsouris , Brouillard au pont de Tolbiac et autres titres des Nouveaux Mystères de Paris de L.Malet. Ce ne sont là que quelques exemples. La liste des ouvrages qui affichent d"entrée de titre leur goût pour la ville est beaucoup trop longue pour en infliger la liste fastidieuse. Qu"on se contente de remarquer ce que révèle une telle attitude, et l"on conviendra qu"il faut attacher une grande importance à la ville pour tenir à signaler ainsi sa présence dès la page de couverture.

DES COMPLICITES ELOQUENTES

Un autre indice révèle encore plus de choses : il s"agit de la mise en lumière de ces sortes de couples qui réunissent un auteur et une ville. Parfois celui-là a tant écrit sur celle-ci qu"ils sont devenus inséparables, au point que d"un côté le lecteur associe aussitôt le nom d"une ville à celui de "son" écrivain, et que d"un autre côté il arrive même que le touriste ou le curieux qui cherche à connaître une ville particulière soit invité à aller voir la façon dont tel auteur de polar l"évoque. Ainsi, qui dit Léo Malet dit Paris, qui dit D.Hammett dit San Fran? cisco, et R.Chandler Los Angeles, D.Goodis Philadelphie, W.R.Burnett

1 PANERAI, DEPAULE, CASTEX & al. Eléments d"analyse urbaine , AAM, 1980

6 Chicago, R.B.Parker Boston, sans oublier bien sûr D.H.Clarke, M.Collins et surtout Ed Mc Bain et J.Charyn pour New York. On pourrait continuer la liste longtemps, en suivant par exemple les indications détaillées de J.P.Deloux à ce sujet1. De tels couples sont parfois si tenaces et si marquants qu"ils font l"objet d"un travail littéraire spécifique : le Faucon Maltais a été réédité en 1984 avec de nombreuses photos du San Francisco de

1 9282, et un livre récent propose une sorte de visite guidée de Los

Angeles sur les pas de Ph.Marlowe, le héros de R.Chandler, en confrontant les photos d"époque aux vues actuelles de façon à montrerquotesdbs_dbs46.pdfusesText_46
[PDF] la ville dans le roman policier

[PDF] la ville de bonvivre possede une plaine de jeux

[PDF] la ville de demain 6e eduscol

[PDF] la ville de demain 6e evaluation

[PDF] la ville de demain la ville durable du futur

[PDF] La ville de Glanum

[PDF] la ville de londres et ses monuments les plus connus

[PDF] la ville de MIAMI

[PDF] La ville de New york

[PDF] La ville de Rome au VI e siècle avant J-C

[PDF] La ville de sienne

[PDF] la ville de sofala

[PDF] la ville du future

[PDF] la ville education musicale

[PDF] la ville emile verhaeren texte