[PDF] Minotaure et labyrinthe lindicible et linvisible: expression du mythe

View - Download Minotaure et labyrinthe lindicible et linvisible: expression du mythe

Previous PDF

Next PDF

Université Bordeaux Montaigne

École Doctorale Montaigne Humanités (ED 480) THÈSE DE DOCTORAT EN "Littérature générale francophone et comparée» Minotaure et labyrinthe, l"indicible et l"invisible. Expression du mythe dans la littérature québécoise Présentée et soutenue publiquement le 08 juillet 2016 par

Nadine Rouquette

Sous les directions de Gérard Peylet et Antony Soron

Membres du jury

Claude FILTEAU, Professeur, Université de Limoges Andrée MANCEAU, Professeur, Université de Toulouse Daniel MARCHEIX, Professeur, Université de Limoges. Gérard PEYLET, Professeur, Université Bordeaux-Montaigne

Antony SORON, Professeur, Université Paris IV

1

A mon père qui ne me lira plus

A ma mère qui ne peut plus me lire

Remerciements

A Marie-Lyne Piccione pour le facteur déclenchant qu"a constitué son séminaire sur les

" palimpsestes québécois »

A Claude-Gilbert Dubois et Gérard Peylet pour l"empreinte indélébile du Laboratoire sur

l"Imaginaire sur la lecture des oeuvres

A Antony Soron pour ses indications indispensables qui ont je l"espère empêché mon

égarement dans le labyrinthe québécois... A Marie-Lise Paoli pour l"ouverture de la recherche sur les auteurs féminins A Patrick Baudry pour le regard croisé des champs disciplinaires A Stéphanie Grenier pour sa disponibilité à la bibliothèque Gaston Miron A Michel Dupuy de Cazères pour les pistes architecturales

A ma famille (encore merci à Adèle et à Émile) pour son soutien, sa patience et le respect du

dédale de mon bureau. 2 La mythologie place l"homme face à la temporalité de l"existence. La littérature

permet d"appréhender cette temporalité tout en la densifiant à travers l"art. Le motif récurrent

du labyrinthe et la figure du Minotaure qui lui est indéfectiblement attachée dévoilent les liens

inextricables de l"écriture, du mythe et de la lecture. Le roman de l"écrivain québécois Jean

Barbe, paru en 2004 : Comment devenir un Monstre a réactualisé la figure du Minotaure et a maintenu ce fil d"Ariane jusque dans son dernier roman : Le Travail de l"huître, en

développant ses deux facettes : monstruosité et labyrinthe. Cette remémoration littéraire des

mythèmes Minotaure et Labyrinthe apparaît dans d"autres ouvrages québécois contemporains

notamment depuis les années soixante. Elle révèle à la fois la plasticité formelle du mythe, car

il se fait jour dans des ouvrages de styles littéraires différents, et dégage des constantes

littéraires qui pourraient être liées spécifiquement au corpus québécois. Hubert Aquin et

Gilbert La Rocque développent des écritures caractérisées par des mouvements labyrinthiques

et des thématiques éclairant ce propos. D'autres auteurs aux écritures différentes permettent

d"essayer de démontrer la prégnance et l"adaptabilité de ce mythe tant du point de vue du signifiant que du signifié : R.Ducharme, G.Bessette, R.Lalonde, M.Tremblay, J. Renaud,

Y.Thériault, complètent ainsi l"étude. Des auteurs féminins apportent un autre point de vue :

Aude, M.C. Blais, A. Hébert, S. Jacob, G. Roy, avec les voix de la jeunesse : A. Dandurand, J.

Hétu, M.H. Poitras. G. Soucy assure également la relève ainsi que J.F Beauchemin, Biz, Louis

Hamelin et S.Trudel qui mettent en scène ce mythe de façon singulière et significative. La figure du Minotaure par la représentation concrète de son ambivalence peut-elle saisir les

spécificités de la littérature québécoise contemporaine marquée par la fracture historique? Le

labyrinthe, attaché indéfectiblement au Minotaure, tour à tour efface ou fait ressurgir le

monstre innommable, l"invisible rejoint alors l"indicible. 3 Minotaur and labyrinth, the unutterable and the invisible. Expression of the myth in quebecer literature. Mythology brings human being to face the temporality of existence. Literature allows to grasp this temporality in making it dense through art. The recurrent motif of the Labyrinth and

the Minotaur"s figure which is its indefectible tie reveal the inextricable bounds between

writing, myth and reading. Quebecer author Jean Barbe"s novel 2004: Comment devenir un Monstre actualised the Minotaur"s figure and this Ariane"s thread was maintained until his last novel : Le Travail de l"huître, expanding its two sides : monstruosity and labyrinth. This literary remembrance of the mythemes Minotaur and Labyrinth becomes evident in other contemporaneous quebecer works especially since the sixties. It both reveals the formal plasticity of the myth, for it appears in novels from various literary styles, and show some literary constants which could specifically be linked to the quebecer corpus. Hubert Aquin and Gilbert La Rocque develop writings characterized by labyrinthine movements and themes shining a light on this topic. Other writers with different ways of writing allow to try and display the weight and adaptability of the myth both in the significans and the signification. R. Ducharme, G. Bessette, R. Lalonde, M. Tremblay, J. Renaud, Y. Thériault, complete the study in this manner. Feminine authors bring another point of vue : Aude, M.C. Blais, A. Hébert, S. Jacob, G. Roy, with the voices of youth : A. Dandurand, J. Hétu, M.H. Poitras. G. Soucy also succeed to them along with J.F Beauchemin, Biz, Louis Hamelin et S. Trudel who stage this myth in a singular and significant way. Can the Minotaur figure, through concrete representation of its own ambivalence, catch the specificities of a contemporary quebecer literature, branded by a historical split? The Labyrinth, indefectibly tied to the Minotaur, in turn vanishes or brings forth the nameless monster, the unutterable thus joining the invisible. 4 #1 : Labyrinthe ................................................. #6 : Indicible #2 : Minotaure .................................................. #7 : Invisible #3 : Identité ....................................................... #8 : Québec #4 : Altérité ....................................................... #9 : Mythologie #5 : Imaginaire ................................................. #10 : Dualité #1 : Labyrinth ................................................... #6 : Unutterable #2 : Minotaur .................................................... #7 : Invisible #3 : Identity ...................................................... #8 : Quebec #4 : Alterity ...................................................... #9 : Mythology #5 : Imaginary .................................................. #10 : Duality Equipe de recherche ou UMR : CLARE EA 4593 Université Bordeaux Montaigne " Domaine Universitaire »

33607 PESSAC

5

" Un écrivain pour qui écrire est autant un instrument de méditation qu"un moyen

d"expression est conduit vers les plus anciens mythes. » Maurice Blanchot Faux Pas 1

" La fonction du mythe, c"est d"évacuer le réel : il est à la lettre, un écoulement incessant,

une hémorragie, ou, si l"on préfère, une évaporation, bref une absence sensible » Roland

Barthes, Le Mythe aujourd"hui

2

INTRODUCTION

La mythologie demeure un socle incontournable qui sous-tend les textes littéraires, passés, présents et futurs.

3 Elle s"apparente à un champ narratif susceptible de placer l"homme face à

la temporalité de l"existence, lui permettant en outre de trouver sa voie à travers l"art. La

littérature permet d"appréhender cette temporalité tout en la densifiant. André Siganos, qui a

plus particulièrement analysé le mythe du Minotaure dans Le Minotaure et son mythe le

souligne : " Tel que nous pouvons le percevoir aujourd"hui, le mythe nous apparaît comme triplement

attaché au temps : il est parfaitement achronique en ce qu"il fait référence au " Grand

Temps », anhistorique ; il est tout aussi bien diachronique, en ce qu"il est repérable dans ses

récurrences et ses variantes au fil du temps historique ; enfin, il est aussi synchronique, en ce

qu"il est le reflet au moins partiel, à l"intérieur d"une variante d"un moment de l"Histoire, d"un

moment de la société dans laquelle il est reformulé et dont il exprime nécessairement certaines

préoccupations. Par ce triple attachement radical au temps, le mythe est, pour nous, foncièrement nostalgique, littéraire et tragique ». 4

1 Maurice Blanchot. Faux Pas. Paris : Gallimard, 1943, rééd.1987, p.65.

2 Roland Barthes. Le Mythe aujourd"hui. septembre1956. Mythologies. Paris : Seuil, 1957, Points, 2008, p. 217,

" Et pourtant c"est cela que nous devons chercher : une réconciliation du réel et des hommes, de la description et

de l"explication, de l"objet et du savoir. », p. 233

3 M.C Huet-Brichard. Littérature et mythe. Paris : Hachette, 2001, 2008. p.37 : " Le mythe est en amont et en

aval de la littérature, à son origine et à sa fin. La perspective généalogique montre que le mythe n"est pas un

corps étranger à la littérature, il lui est consubstantiel. »

4 André Siganos. Le Minotaure et son mythe. Paris : PUF, 1993, p.142.

6

Au sein de la littérature québécoise Minotaure et Labyrinthe émergent auréolés du " Grand

Temps » dans les méandres des fractures civiles opérées par l"histoire

5. A l"aube du XXIème

siècle le mythe réapparaît dans ses parties visibles et invisibles à l"aune d"une terre migratoire

en pleine émergence littéraire. André Siganos, qui a également étudié l"oeuvre de l"écrivain

japonais Kenzaburo Oé, chez qui le motif du labyrinthe est récurrent, explicite grâce à

l"exemple concret de son oeuvre les liens inextricables de l"écriture, du mythe et de la

lecture : " En lisant votre oeuvre, on se demande s"il n"est pas nécessaire, pour se l"approprier, que le temps de la lecture doive nous transporter dans un temps mythologique qui n"est plus celui de

la réalité ? Car votre oeuvre est une répétition ininterrompue jouant de la variation de

nombreux schèmes ou schémas. La répétition de ces schèmes fondamentaux, leur modulation,

finit par abolir le temps narratif comme celui de la lecture ; chaque oeuvre est épaulée par ce

dispositif qui semble suspendre le temps dans l"espace. C"est ainsi que se déroule en tout cas mon temps de lecture... » 6

Mythe, écriture et lecture s"avancent plus ou moins masqués au travers des figures du

Minotaure et du labyrinthe particulièrement propres à les rendre indivisibles. L"étude de ce

mythe a été inspiré dans un premier temps par le roman de l"écrivain québécois contemporain

Jean Barbe (1962-), qui a réactualisé la figure du Minotaure dans son roman Comment devenir un Monstre paru en 2004, et maintenu ce fil mythologique d"Ariane jusque dans son dernier roman : Le Travail de l"huître, paru en 2008. Il y développe les deux aspects principaux de

cette figure : monstruosité et labyrinthe. Jean Barbe est éditeur, journaliste et romancier, à la

fois porté dans le temporel et l"intemporel. Il est journaliste avant d"être écrivain et ce roman

adopte une certaine forme journalistique, des chapitres courts avec des titres explicites, une

écriture simple. Mais l"alternance narrative des voix du monstre et de l"avocat permet déjà de

créer une ambiguïté entre le réel et l"imaginé, entre l"histoire et le roman, entre le compte-

5 Cornelius Castoriadis. Domaines de l"homme, Les carrefours du labyrinthe II. Paris : Seuil, 1978, 1986, p.222-

223 : " L"homme n"existe que dans et par la société _ et la société est toujours historique. La société comme telle

est une forme, et chaque société donnée est une forme particulière et même singulière (...) Ce qui tient une

société ensemble est évidemment son institution, le complexe total de ses institutions particulières, ce que

j"appelle l" " institution de la société comme un tout » _ le mot institution étant pris ici dans le sens le plus large

et le plus radical : normes, valeurs, langage, outils, procédures et méthodes de faire face aux choses et de faire

des choses et, bien entendu, l"individu lui-même, aussi bien en général que dans le type et la forme particuliers

que lui donne la société considérée.»

6 Oe Kenzaburo. Nostalgie et autres labyrinthes, entretiens avec André Siganos et Philippe Forest. Cécile

Défaut, 2005, p.70 et 33.

7 rendu et l"empathie littéraire. La collusion du mythe et du fait divers porte le mythe dans le champ du contemporain. Les Enfants du Sabbat, Kamouraska d"Anne Hébert et L"Obéissance

de Suzanne Jacob font justement usage du fait divers ainsi que la pièce de théâtre Félicité

d"Olivier Choinière. La lecture de Jean Barbe a entraîné une remémoration des mythèmes

Minotaure et Labyrinthe qui apparaissent également dans des ouvrages québécois contemporains notamment depuis les années soixante. Des auteurs tels qu"Hubert Aquin (1929-1977) : Les Sables mouvants (1953), L"Invention de la mort (1961), Prochain Épisode (1965), Trou de mémoire (1968), L"Antiphonaire 1969, Neige noire 1974 et Gilbert La Rocque (1943-1984) : Le Nombril (1970), Corridors (1971), Après la Boue (1972), Serge d"entre les morts (1976), Les Masques (1980), Le Passager (1984), développent une écriture

et des thématiques particulièrement propres à éclairer ce propos. Leurs écritures quoique

différentes sont caractérisées toutes deux par des mouvements labyrinthiques sensibles dans

tous leurs ouvrages. D'autres auteurs aux écritures plus accessibles se réfèrent cependant

d"une autre manière à ce mythe, nous permettant d"essayer d"en démontrer la prégnance et la

plasticité tant du point de vue du signifiant que du signifié. De ces ouvrages écrits dans des

styles littéraires divers vont ainsi se dégager des constantes littéraires qui pourraient être liées

spécifiquement au corpus québécois. L"étude est complétée par des auteurs des générations

précédentes : Gabrielle Roy (1909-1983) : Alexandre Chenevert est une autre figure marquante de l"étude avec Yves Thériault (1915-1983) : La Fille laide (1950), Agaguk (1958) et Anne Hébert (1916-2000) : Les Chambres de bois (1958), Le Torrent (1963), Kamouraska (1970), Les Enfants du Sabbat (1975), Les Fous de Bassan (1982), mais aussi contemporains d"Hubert Aquin et de Gilbert La Rocque : Gérard Bessette, L"Incubation

(1965), Réjean Ducharme (1941-) : L"Avalée des avalés (1966), Suzanne Jacob (1943-) :

L"Obéissance (1991), Jacques Renaud : Le Cassé (1964), Michel Tremblay (1942-) : Un Objet de beauté (1997), Marie-Claire Blais (1939-) : La belle Bête (1959), Le Jour est noir (1962), Le Sourd dans la ville (1979), Aude/ Claudette Charbonneau-Tissot (1947-2012) : Contes pour hydrocéphales Adultes (1974 nouvelles), La Chaise au fond de l"oeil (1979), Banc de Brume ou les aventures de la petite fille que l"on croyait partie avec l"eau du bain (1987 nouvelles), Cet imperceptible Mouvement (1997 nouvelles), Quelqu"un (2002), Robert Lalonde (1947-) : L"Ogre de Grand Remous (1992). Le mythe évolue mais perdure avec les

nouvelles générations d"écrivains : Gaëtan Soucy (1958-2013) : L"immaculée Conception

(1994), La petite Fille qui aimait trop les allumettes (1998), Jean-François Beauchemin (1960-) : Mon Père est une chaise, Le Jour des corneilles (2004), Anne Dandurand (1953-) : 8 Petites Âmes sous ultimatum (1991 nouvelles), C"est Rien j"angoisse (Journal Imaginaire (1987 nouvelles), Louis Hamelin (1959-) : Cowboy (1992), et enfin Sylvain Trudel (1963-), Le Souffle de l"Harmattan (1986), Du Mercure sous la langue (2001), La Mer de la

tranquillité. (2006 nouvelles). Toujours vivace le mythe continue de fasciner : Marie-Hélène

Poitras (1975-) : Soudain le Minotaure (2002), Biz/ Fréchette (1974-) : Mort-Terrain (2014),

Julie Hétu (1976- ), Mot (2015) et d"être mis en scène de façon singulière et significative.

Comme le dit Pierre Brunel : " Avouons que la littérature est le véritable conservatoire des mythes. »

7, un conservatoire qui éclaire le présent à la lumière du passé. Des voix féminines

vont dans le sens de celle de Régine Robin, issue de la vague d"immigration liée à la

deuxième guerre mondiale et qui trouve au Québec un lieu " habitable » de la littérature :

" Ce pays t"était apparu comme un lieu de parole féminine, un lieu où les femmes

s"exprimaient peut-être même un lieu où elles seules avaient quelque chose à dire, à crier. Tu

avais dévoré cette littérature en avais aimé la hardiesse revendicative, la hardiesse de ton, le

bonheur d"écriture. L"écriture, sans doute le véritable pays de ces femmes en quête d"un pays

[...] On avait emprisonné ton corps et ici il te semblait que ton corps t"étais rendu. » 8

Les voix de l"écriture migrante sont loin d"être négligeables quant à la présence de ce mythe,

celles de Marie-Célie Agnant (1953 Port-au-Prince-) : Le Livre d"Emma (2001) et de Yingquotesdbs_dbs46.pdfusesText_46

[PDF] labyrinthe végétal

[PDF] lac texcoco

[PDF] lacombe lucien

[PDF] Lactiviter humaine sur lq reproducition des qnimaux aidezz MOI SVPPPP SVPP

[PDF] lactose

[PDF] lacunaire physique définition

[PDF] Lacunes Préparation pour la 4ème

[PDF] lady diana amant

[PDF] lady diana biographie

[PDF] lady diana mort

[PDF] lady diana vivante

[PDF] lady layton

[PDF] laïcité ? l'école définition

[PDF] laïcité, république et citoyen

[PDF] laisse moi ou laisse-moi