[PDF] Écrire en français penser dans sa langue maternelle





Previous PDF Next PDF



Progression des apprentissages - Français langue denseignement

Aug 24 2009 En lecture et en communication orale



Écrire en français penser dans sa langue maternelle

Jun 9 2022 négro-africain. La littérature de ma langue maternelle est orale. Ma culture de base est l'animisme. J'écris en français. La langue.



Référentiel de compétences et Test de positionnement

Le Cadre européen commun de référence pour les langues (CECRL) “offre une base personne à comprendre la langue étrangère (orale ou écrite) à s'exprimer ...



Pour préparer lapprentissage de la lecture et de lécriture à lécole

apprendre à lire et à écrire l'élève doit prendre conscience que le langage Le phonème étant la plus petite unité de la langue orale



Écrire en français penser dans sa langue maternelle

Je suis d'ethnie malinké de nationalité ivoirienne



Français langue denseignement

de la langue orale et écrite est prioritaire dans la formation en français. Qu'il s'agisse de lire d'écrire



Lire écrire

https://www.lecture.org/ressources/bilinguisme/AL85p47.PDF



Français langue denseignement - Secondaire - Premier cycle

Structure du programme de français langue d'enseignement. – Langue et culture : deux Est-il possible d'aimer lire



Français langue denseignement - Primaire

OBJECTIF GÉNÉRAL DU DOMAINE DES LANGUES. Développer la communication orale (parler et écouter) et la communication écrite (lire et écrire) permettant à.



CADRE EUROPEEN COMMUN DE REFERENCE POUR LES

prendre un texte écrit voire oral

Tous droits r€serv€s Les Presses de l'Universit€ de Montr€al, 1997 This document is protected by copyright law. Use of the services of 'rudit (including reproduction) is subject to its terms and conditions, which can be viewed online. This article is disseminated and preserved by 'rudit. 'rudit is a non-profit inter-university consortium of the Universit€ de Montr€al, promote and disseminate research.

Volume 33, Number 1, printemps 1997Les €crivains"critiques : des agents doubles ?URI: https://id.erudit.org/iderudit/036057arDOI: https://doi.org/10.7202/036057arSee table of contentsPublisher(s)Les Presses de l'Universit€ de Montr€alISSN0014-2085 (print)1492-1405 (digital)Explore this journalCite this document

Kourouma, A. (1997). 'crire en fran...ais, penser dans sa langue maternelle. 33
(1), 115†118. https://doi.org/10.7202/036057ar

Écrire en français, penser

dan s s a langu e maternell e

AHMADO

U

KOUROUM

A J e sui s d'ethni e malinké d e nationalit ivoirienne don

cnégro-africain. La littérature de ma langue maternelle est orale.Ma culture de base est l'animisme. J'écris en français. La languefrançaise est la seconde langue de mon pays, elle est officielle-ment ma langue nationale. Le français est une langue disci-plinée, policée par l'écriture, la logique, dont le substrat est lachrétienté. Ma langue maternelle, la langue dans laquelle jeconçois, n'a connu que la grande liberté de l'oralité ; elle estassise sur une culture de base animiste. Voilà en quels termesse pose pour moi la question de langue.

Mo n premie r problèm e d'écrivain d'écrivai n francophone

,est donc d'abord une question de culture. De culture, parce quema religion de base étant l'animisme, l'animisme africain, je mebats dans une grande confusion de termes avec les expressionsfrançaises que j'utilise. Je vais relever un exemple. La loi de chezmoi condamne à de longues années de prison ceux qui avouentavoir mangé l'âme d'un décédé. Manger l'âme d'un décédé estune expression insolite en français, elle fait sourire parce quedans la culture française, on ne peut pas manger l'âme. Il y aplus grave. Le mot " Dieu » utilisé en français ne permet pas dequalifier notre Dieu, le Dieu négro-africain. Et il n'existe pas determe précis pour nommer notre religion ; on l'appelle ani-misme, fétichisme, sorcellerie. Trois noms dont aucun n'estsatisfaisant. On conviendra qu'il y a quand même un problèmepour nous Négro-Africains qui avons pour langue nationale lefrançais. Problème, parce que notre langue nationale n'a pasde mots précis pour nommer notre Dieu et notre religion.

L e droi t pénal pou r

êtr

e

équitabl

e e t efficace doi t s'ap

-puyer sur des mots précis, des notions rationnelles qui ont lemême sens pour tous dans la langue. Dans le français qui estnotre langue nationale et qui est la langue administrative, lestermes utilisés n'ont pas le même sens pour le juge - qui rai-sonne en français - et le jugé - qui raisonne en négro-africain.Revenons au délit de " manger l'âme » pour lequel des prévenus

Études

françaises, 33,
1, 1997

116 Études françaises, 33,1

peuven t

écope

r d e peine s d e cin q ans S i d'aventur e e n sortan

td'ici je suis victime d'un accident et qu'un compatriote ou unecompatriote de mon village en Côte d'Ivoire est accusé d'avoirmangé mon âme, celui-ci sera lourdement condamné à de nom-breuses années de prison s'il reconnaît le crime. Le délit se cons-titue dans le code Napoléon, substrat de notre droit, par desfaits matériels et " manger l'âme » d'un mort par accident à desmilliers de kilomètres ne se comprend pas, ne se voit pas. C'estun fait, une notion de culture qui n'est pas exprimable en fran-çais. Il est donc indispensable que toutes les réalités sociolo-giques de notre culture de Négro-Africains puissent êtreexprimées par des mots précis en français pour que le françaispuisse pleinement jouer sa fonction de langue nationale.

Mo n secon d problème c'es t l a natur e de s langue s afri

-caines. Il faut, avant de parler des langues africaines, signalerquelques caractéristiques de ces langues. Contrairement à cequ'on a pu penser ou écrire, les langues négro-africaines ne sontpas pauvres. Elles souffrent d'une abondance lexicale dans leconcret. " Une abondance lexicale par dérivation morpho-logique et involution sémantique des concepts. Le haoussas(Niger, Nigeria) connaît 50 000 mots : le peul, en Afrique occi-dentale, 60 000 combinaisons possibles. Pour exprimer la notionde grandeur, la nupe (Afrique de l'Est) utilise 183 termes et lehaoussas 311. En barundi (Burindi), il y a vingt manières detraduire l'action de couper : en fendant, en petits morceaux,du bois pour la construction, du bois de chauffage les épis descéréales sur pied, la barbe, les cheveux, avec un instrument tran-chant, un arbre à coups de hache, la branche d'un arbre, etc.,écrit l'africaniste Louis-Vincent Thomas.On peut dire que les langues négro-africaines sont en per-pétuelle création ; elles s'adaptent, épousent les réalités et lessentiments qu'elles sont chargées d'exprimer.

E t c e n'es t pa s tout Che z le s

Négro-Africains

l a littératur

eest orale. L'oralité n'est pas que la parole parlée, mais aussi laparole retenue, le silence. Elle n'est pas seulement la parole etle silence, mais aussi le geste. " [...] on ne conçoit pas de narra-tion - qu'il s'agisse de fables, de légendes, ou de mythes - sansune mimique appropriée, sans un grammacalisme du geste etune syntaxe de l'intonation qui en constituent le supportnécessaire », précise encore le même africaniste Louis-VincentThomas.

L'objecti

f recherch pa r l e créateu r dan s l a traditio n négro

-africaine est de favoriser la participation par l'émotion. Il y par-vient en usant du rythme, de l'image et du symbole commeprocédés littéraires.Mon problème d'écrivain francophone est de transposeren français des paroles créées dans une langue orale négro-africaine, des oeuvres qui ont été préparées pour être produites,

Écrire en français, penser dans sa langue maternelle 117 pou r

êtr

e dite s oralement J e m e heurt e de s difficultés L

alangue française m'apparaît linéaire. Je m'y sens à l'étroit. Il memanque le lexique, la grammaticalisation, les nuances et mêmeles procédés littéraires pour lesquels la fiction avait été préparée.La langue française est planifiée, agencée. Les personnages, lesscènes cessent d'avoir le relief qu'ils avaient dans la parole afri-caine. Leurs interventions ne produisent plus les échos qui lessuivaient dans la langue originelle.

J e doi s repenser reprendr e e t reconcevoi r l a fictio n dan

sle français dans lequel elle doit être produite, soit " africaniser »le français pour que l'oeuvre conserve l'essentiel de ses qualités.Beaucoup d'écrivains adoptent la première méthode ; ou disonssimplement que beaucoup d'Africains renoncent à penser dansleur langue natale, conçoivent leurs oeuvres en français. Ils re-noncent à leur africanité et ne connaissent donc que les diffi-cultés auxquelles se heurte l'écrivain dont la langue maternelleest le français. Ceux qui en revanche créent et pensent dansleur langue natale rencontrent d'autres difficultés à s'exprimer,ils ont recours au processus appelé " africanisation » du français.Le temps imparti ne permet pas de s'étendre sur ce processus.Il consistera à s'efforcer de reproduire en français le chemine-ment de la pensée dans la langue maternelle, de coller dans lefrançais les expressions par lesquelles sont saisis les sentimentsdans l'oralité. Il faut rechercher les moyens et les méthodes deplacer dans l'écriture la liberté et la poésie du récit oral afin des'y sentir à l'aise.

Parfoi

s o n es t oblig d'écarte r de s mot s caus e d e leur

snombreux sens figurés et connotations et d'avoir recours à l'ar-chaïsme. Ce n'est pas par préciosité. Les mots à l'origine, dansleur premier usage, n'avaient que leur dénotation qui très sou-vent colle le mieux au sens à retenir.

O n parvien t auss i fair e perdr e au x mot s françai s leur

sconnotations par l'accumulation des synonymes. En alignantplusieurs synonymes pour exprimer une réalité ou un sentiment,l'écrivain fait sentir au lecteur la difficulté de nommer une réalitéou d'exprimer un sentiment par l'écriture.

C e n'es t pa s pa r l e seu l lexiqu e qu e l'écrivai n peu t casse

rle français » ; la syntaxe de la langue de Molière doit être ef-fleurée. Il faut introduire les formes syntaxiques des languesafricaines dans le français. Ces constructions syntaxiques res-semblent très souvent à des formes archaïques du français.Il faut reproduire le rythme qui caractérise les languesafricaines, user de l'image et du symbole, préférer lacomparaison à la métaphore et faire usage des proverbes et del'image - analogie pour conserver à la prose tout le surréalismedu récit africain.

J e cherch e

écrir

e l e françai s tou t e n continuan t pense rdans ma langue maternelle, le malinké. C'est une expérience

118 Études françaises, 33,1

qui pou r de s peuple s africain s don t le s langue s n e sont pa

sécrites, constitue un moyen de libération intellectuelle. Ils re-trouvent dans le français devenu la langue nationale une " casematernelle ». On ne peut pas être totalement libre si on ne pos-sède pas la langue qui nous permet de nous exprimer entière-ment. C'est une expérience qui est un pas sur le chemin de laliberté pour les peuples africains de littérature orale.

Écrir

e e n françai s e n continuan t pense r dan s s a langu

ematernelle ne construit pas seulement une case maternelle àl'écrivain dans la francophonie ; il permet de réaliser une fran-cophonie ouverte, une francophonie multiculturelle qui peutrassembler des peuples égaux qui considéreront en définitivele français comme un bien commun.

quotesdbs_dbs46.pdfusesText_46
[PDF] langue vivante approfondie anglais ressources

[PDF] langue vivante approfondie espagnol

[PDF] langue vivante facultative bts

[PDF] lapin fluorescent alba

[PDF] lapin himalayen correction sujet bac

[PDF] lapin himalayen génotype phénotype environnement

[PDF] lapin himalayen wikipédia

[PDF] lapins himalayens corrige

[PDF] lapins himalayens svt

[PDF] laplace formule

[PDF] largeur abréviation

[PDF] Largeur d'un Ravin

[PDF] Largeur d'une rivière

[PDF] largeur d'épaule

[PDF] largeur d'un rectangle