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différent un commentaire (ou critique) que nous traitons par ailleurs. L'objet du compte rendu est une lecture

Recherches linguistiques de Vincennes

29 | 2000

Langage et surdité

La recherche sur la LSF : un compte rendu critique

Marion Blondel et Laurice Tuller

Édition électronique

URL : http://journals.openedition.org/rlv/1197

DOI : 10.4000/rlv.1197

ISSN : 1958-9239

Éditeur

Presses universitaires de Vincennes

Édition imprimée

Date de publication : 1 mai 2000

Pagination : 29-54

ISBN : 2-84292-074-0

ISSN : 0986-6124

Référence électronique

Marion Blondel et Laurice Tuller, " La recherche sur la LSF : un compte rendu critique », Recherches

linguistiques de Vincennes [En ligne], 29 | 2000, mis en ligne le 09 septembre 2005, consulté le 30 avril

2019. URL : http://journals.openedition.org/rlv/1197 ; DOI : 10.4000/rlv.1197

© Presses universitaires de Vincennes

Recherches linguistiques de Vincennes 29 - 2000 - p. 29-54Marion BLONDEL et Laurice TULLERUniversité François Rabelais, Tours

LA RECHERCHE SUR LA LSF:

UN COMPTE RENDU CRITIQUE*

RÉSUMÉ

Cet article retrace le parcours de la recherche sur la LSF depuis la fin du actuelle sur cette langue. Quels sont les domaines abordŽs, nŽgligŽs?

Quels sont les rŽsultats et les perspectives?

MOTS-CLÉS

Langues des signes, LSF, phonologie, syntaxe, sociolinguistique, lexi- que, acquisition du langage.

30 MARION BLONDEL ET LAURICE TULLER

1. Introduction

La Langue des Signes Franaise (LSF) est la langue signŽe (LS) naturelle 1 de la communautŽ sourde de la France. En l"absence de recensement des locuteurs, les estimations de leur nombre varient. Mottez (1981: 364) situait ce nombre ˆ un maximum de 80.000, Moody (1987) l"Žvaluait entre 50.000 et 100.000. Plus rŽcemment, un rapport parlementaire indique que cette langue est pratiquŽe par 80.000 person- nes (Gillot, 1998: 16). La dŽnomination ÇLSFÈ, qui est utilisŽe pour dŽsigner cette langue depuis les rencontres de la FŽdŽration Mondiale des Sourds dans les annŽes 70 2, est gŽnŽralement rŽservŽe ˆ la langue utilisŽe sur le territoire franais. Il existe pourtant d"importantes varia- tions rŽgionales (principalement lexicales, selon les Žtudes qui existent), essentiellement liŽes au lieu d"Žducation 3. La LSF a un statut particulier parmi les LS pour des raisons histo- sourds, qui impliquait un enseignement reposant sur l"emploi des largement en Europe et en AmŽrique. La LSF, elle-mme, a donc ŽtŽ mise en contact avec des LS locales et il s"est ainsi crŽŽ, selon divers chercheurs, la Çfamille des LS franaiseÈ, un regroupement de langues ayant des liens historiques. C"est le cas notamment de l"ASL (LS amŽricaine) 4, mais aussi de nombreuses autres langues telles que la NGT (LS des Pays-Bas) ou la LSQ (LS quŽbŽcoise). MalgrŽ ce r™le historique important, la LSF est peut-tre une des LS qui a le plus souffert des consŽquences de l"interdiction, ˆ partir de

1880, de l"utilisation des LS dans l"Žducation des sourds (voir, entre

autres, Mottez, 1976, et Cuxac, 1980). Ceci pourrait expliquer en partie le dŽmarrage relativement dŽcalŽ des travaux linguistiques sur cette Nous proposons ici de retracer le parcours des travaux sur la LSF pour arriver ˆ un Žtat des lieux de la recherche linguistique actuelle sur cette langue 5. Quels sont les domaines abordŽs, nŽgligŽs? Quels sont les rŽsultats et les perspectives?

2. Premiers écrits: XVIIIe et XIXe siècles

Il existe une douzaine de travaux sur le Çlangage mimique des LA RECHERCHE SUR LA LSF: UN COMPTE RENDU CRITIQUE31 sourd commentant l"enseignement qu"il a reu. Ces prŽoccupations essentiellement Žducatives colorent la nature de ces Žtudes. Certaines observations prŽsentent nŽanmoins un intŽrt certain pour des cher- cheurs modernes 6. Mme les tout premiers auteurs semblent tre d"accord sur le avertit qu"il parlera Çdu langage familier des sourds, que personne ne leur apprend [...]È. De l"ƒpŽe (1784: 47) parle du Çlangage naturel des [...].È Lambert (1865) prŽcise que le Çlangage des signesÈ permet d"exprimer l"abstrait. Ces auteurs s"entendent Žgalement sur le carac- sont expliquŽes diffŽremment selon chacun: une absence de normalisa- tion de cette langue ou une absence d"Žducation des sourds (et donc Çd"absenceÈ la non-correspondance point par point avec les caractŽris- tiques du franais. l"instruction religieuse des sourds et leur apprentissage du franais oral et Žcrit. Un regard rapide sur les titres des ouvrages nous l"indique clai- rement: Çmanuel d"enseignement pratiqueÈ, Çle langage de la physio- nomie et du geste mis ˆ la portŽe de tous, suivi d"une mŽthode courte, facile et pratique d"enseignement des sourds-muetsÈ, Çla vŽritable langue est donc vue comme un moyen de prŽparer efficacement des ma"tres ˆ ces t‰ches, mais aussi d"aider cette langue ˆ Çse perfection- nerÈ (BŽbian, 1817: 27) et de faire en sorte que Çl"art commence ˆ venir au secours de la natureÈ (de l"ƒpŽe, 1784: 48). Puisque, selon les observations de de l"ƒpŽe, le temps passŽ en Çlangage naturel des signesÈ Žtait exprimŽ par le fait de jeter Çau hasard deux ou trois fois sa main du c™tŽ de son ŽpauleÈ, il faut alors, toujours selon lui, pour systŽ- matiser, que le passŽ soit exprimŽ en jetant la main une fois sur l"Žpaule, l"imparfait en la jetant deux fois sur l"Žpaule et le plus-que-parfait trois fois. De cette faon, il comble les ÇlacunesÈ en crŽant des Çsignes mŽthodiquesÈ pour l"ensemble des catŽgories grammaticales n"existant pas sous forme de signes manuels discrets. 7 Comme il est d"usage pour l"Žpoque, et mme si certains auteurs donnent par ailleurs de nombreu-

32 MARION BLONDEL ET LAURICE TULLERses indications sur la structure de la langue observŽe (voir BŽbian, 1817,1825/[1978]; Lambert, 1865; Sicard, 1808; RŽmi-Valade, 1854), la

mŽthodologie consiste essentiellement ˆ Žlaborer des nomenclaturesgrammaticales ou lexicales, dont le point de dŽpart est, la plupart du

temps, la langue franaise. L"intŽrt pour des linguistes contemporains est multiple et nous avons dans ces travaux des documents historiques non nŽgligeables. Dans le domaine de la lexicologie, sont constituŽes plusieurs listes de signes (de Brouland, 1855, avec 132 signes, ˆ Sicard, 1808, avec envi- ron 8.000 signes, et Lambert, 1865, avec environ 10.000 signes). Ceux- ci sont prŽsentŽs, en fonction des auteurs, par des dŽfinitions, des descriptions et/ou des illustrations plus ou moins prŽcises. Lambert aussi bien que PŽlissier incluent des dessins qui indiquent la direction du mouvement. Enfin, BŽbian propose une vŽritable dŽcomposition des nomie) et des mouvements (direction, ÇmodificationÈ (= mouvements Ce point de vue prŽcurseur sur la dŽcomposition des signes en unitŽs non signifiantes n"est pas le seul cas de ce genre. On trouve Žgale- ment des passages intŽressants sur l"ordre linŽaire des signes (BŽbian,

1827, mais aussi Lambert, 1865, qui parle de la localisation dans

l"espace ˆ des fins syntaxiques) et mme une certaine reconnaissance de la distinction entre main dominante et main non dominante (PŽlissier,

1856).

Ces premiers observateurs de la LSF ont eux aussi ŽtŽ frappŽs par NATUREL des signesÈ (de L"ƒpŽe; c"est nous qui soulignons MB/LT), ce n"est pas toujours dans le sens o les linguistes modernes l"enten- dent, mais comme antonyme ˆ ÇconventionnelÈ. La langue des sourds dŽsigne par Çlangage naturelÈ l"ensemble des signes qui ont un rapport direct/naturel aux idŽes et qui les rappellent par eux-mmes. Desloges (1779) distingue les signes Çordinaires ou primitifsÈ (les Çsignes naturelsÈ) des signes ÇrŽflŽchisÈ (qui exigent un peu de rŽflexion pour tre combinŽs et entendus) des signes ÇanalytiquesÈ (Çceux qui sont rendus naturels par l"analyseÈ). RŽmi-Valade (1854: 114) en parlant LA RECHERCHE SUR LA LSF: UN COMPTE RENDU CRITIQUE33 tableau de la natureÈ. Ces catŽgories, cette faon d"expliquer l"ordre des signes, et toute la problŽmatique autour de l"iconicitŽ sont des ment en France. pronoms, des classificateurs, des expressions du visage, etc.). En regar- dant les travaux anciens, le lecteur contemporain est donc frappŽ par la continuitŽ avec la recherche actuelle, et cela malgrŽ la rupture dans la

3. La recherche moderne: le XXe siècle

3.1. Introduction

Alors que le dŽbut des Žtudes linguistiques modernes sur les LS se situe en 1960, avec les travaux de Stokoe sur l"ASL, ce n"est que vers la fin des annŽes 70 que l"on retrouve un Žlan comparable en France, suite ˆ des contacts avec des chercheurs amŽricains (voir Moody, 1983: portŽ ˆ la LSF a certainement contribuŽ ˆ en faire un terrain linguistique hors du commun (o les questions sociales et Žducatives ont prŽdo- minŽ). Alors que les travaux sur l"ASL ou sur d"autres LS se sont vite spŽcialisŽs dans tel ou tel domaine de la linguistique (syntaxe, phonolo- gie, etc.) et ont rapidement couvert l"ensemble de ces disciplines, les Žtudes sur la LSF ont tendance ˆ embrasser ces questions dans une approche globale. L"inventaire chiffrŽ des diffŽrents types de documents consacrŽs ˆ l"Žtude linguistique de la LSF permet de mesurer la place des LS dans la linguistique en France et la place des Žtudes sur la LSF dans la recher- de doctorat (dont la grande majoritŽ a une visŽe surtout Žducative), une description et/ou de thŽorisation), quelques dictionnaires modernes (dont le plus complet a 2.500 entrŽes) et quelques numŽros de pŽriodi- ques (dont des revues orthophoniques, et un numŽro de Langages consacrŽ aux LS et pas uniquement ˆ la LSF). Les autres rŽfŽrences bibliographiques sont toutes des articles, publiŽs pour la plupart dans des revues spŽcialisŽes de type paramŽdical, psychologique, pŽdagogi- que (Rééducation orthophonique, Revue de laryngologie). Les seules

34 MARION BLONDEL ET LAURICE TULLERexceptions sont quelques articles parus dans Faits de langue (3 articles),

Modèles linguistiques (1 article), Langue française (1 article), ou des revues de linguistique appliquŽe (Tranel, Études de linguistique appli- quée, LIDIL). Il est assez significatif qu"il n"y ait que deux articles dans Sign Language Studies, la revue internationale la plus ancienne et la plus connue sur les LS. Enfin, si l"on admet que Moody (1983) reprŽ- sente plut™t une vulgarisation ˆ partir de travaux de linguistes, il n"existe aucune vŽritable grammaire de la LSF, comme il en existe pour d"autres

Dans l

par domaine 8 quelques-uns des principaux rŽsultats des recherches menŽes sur la LSF, notre but Žtant de donner un Žtat des lieux gŽnŽral et actuel et non pas une prŽsentation exhaustive de l"ensemble des travaux.

3.2. Phonologie

Les attitudes vis-ˆ-vis de l"objet

PHONOLOGIE DE LA LSF s"inscri-

vent dans des dŽmarches aux perspectives bien diffŽrentes. Comme flux gestuel continu et la plupart des signes sont dŽcomposables en unitŽs plus petites non porteuses de signification (nous nuancerons l"aspect faussement consensuel de cette proposition). Mme si l"emploi du terme PHONOLOGIE peut sembler un peu Žtrange en raison du carac- nŽanmoins conservŽ 9. L"analyse phonologique est pourtant abordŽe avec prŽcautions par les auteurs qui pr™nent une approche linguistique SPƒCIFIQUE aux LS (Jouison, 1995: 80, affirme par exemple prendre des libertŽs par rapport ˆ une Çphonologie stricteÈ), alors qu"elle est reven- diquŽe en tant que telle par ceux qui s"appuient sur les outils d"analyse (1997: 9) que Çles contraintes de forme [pour les LS sont], ˆ un certain niveau, de mme nature que pour les langues oralesÈ. L"ensemble des auteurs rappellent les travaux de Stokoe sur l"ASL tout en marquant leur diffŽrence dans l"identification des unitŽs de seconde articulation. Stokoe (1960) est unanimement et internationa- recherche sur les LS (voir Cuxac et Miller, ce numŽro). Les unitŽs dŽga- et chacun de ces ÇaspectsÈ (qu"on retrouve plus tard sous la dŽnomi- LA RECHERCHE SUR LA LSF: UN COMPTE RENDU CRITIQUE35 nation PARAMéTRES) est constituŽ d"un faisceau de cheremes. La plupart des signes, quelle que soit la LS ŽtudiŽe, se dŽcomposent donc en au moins trois unitŽs: l"emplacement, la configuration digitale et le mouvement. Dans leurs travaux sur la LSF, certains auteurs comme Companys et SŽro-Guillaume (1984: 10) s"interrogent sur la corres- pondance entre SIGNE, CHIRéMES d"un c™tŽ et MONéME, PHONéME,

TRAITS

PHONOLOGIQUES de l"autre et se demandent si les unitŽs en ques- tion ne sont pas porteuses de sens. Adoptant dans un premier temps un point de vue clairement descriptif, Bouvet (1992) Žlabore une classifi- cation articulatoire des configurations manuelles de la LSF afin de dŽterminer les entitŽs distinctives et de dissocier les variantes libres des variantes combinatoires. Ë partir de cet inventaire, Bonucci (1997) tres (en rebaptisant ces derniers sous le terme de ÇcatŽgoriesÈ), traits d"un choix ÇunaireÈ 10. Tout en faisant rŽfŽrence ˆ Stokoe, Jouison modes de relation que des unitŽs minimales constitutivesÈ et leur La question des unitŽs minimales distinctives qui seraient nŽan- modalitŽ gestuelle. L"iconicitŽ est d"ailleurs abordŽe par tous ceux qui porteurs de sens, ŽvoquŽ prŽcŽdemment, est dŽveloppŽ, parmi d"autres raisons, par Cuxac (1996: 313 et suivantes) pour remettre en cause, sans les LS (voir Cuxac dans ce numŽro). Bonucci (1997: 163) convient, ˆ ce sujet, que Çdans une langue dont les mots sont des gestes, on s"attend ˆ ce que le signifiŽ et le rŽfŽrent aient, le cas ŽchŽant, une influence sur le base catŽgorielle structurant le signifiantÈ. On peroit donc ˆ travers les prŽcautions oratoires de chacun et les nuances apportŽes d"un article ˆ l"autre, que la question des rapports entre sŽmantique et phonologie appliquŽe ˆ la LSF reste d"actualitŽ. Aux unitŽs proposŽes par Stokoe (1960), une nouvelle unitŽ, l"orientation, est ajoutŽe, entre autres, par Battison (1978) pour l"analyse de l"ASL et reprise dans Moody, 1983, pour la LSF. Au sujet de ces quatre unitŽs, Jouison (1990) adopte un point de vue original en

36 MARION BLONDEL ET LAURICE TULLER

insistant sur le r™le du corps, qui n"est pas, selon lui, seulement un point tre rattachŽs ˆ une main, mais aussi ˆ un ensemble main + bras + corps ou tte. Par ailleurs, Bonucci conteste la pertinence d"une catŽgorie le fait que le mouvement peut tre interprŽtŽ d"un simple changement d"une des catŽgories configuration, emplacement ou orientation (voir

Žgalement Miller dans ce numŽro)

12. Le traitement du mouvement, tout

comme les rapports entre unitŽ distinctive et unitŽ significative, est encore discutŽ actuellement et pose un certain nombre de questions largement dŽveloppŽes dans la recherche internationale depuis les annŽes 60. Millet (1997: 18) joint les deux sujets polŽmiques en Çrisquant la questionÈ (ce sont ses termes): ÇLe mouvement serait-il ˆ la fois unitŽ minimale et unitŽ significative?È Elle propose pour le mouvement le statut d"ÇunitŽ linguistique intermŽdiaireÈ, c"est-ˆ-dire une unitŽ Çpas tout ˆ fait dŽpourvue de sens mais n"assumant cependant pas la totalitŽ du sens de l"unitŽ linguistiqueÈ. Outre les unitŽs proposŽes par Stokoe, les auteurs franais s"interrogent Žgalement sur les expressions faciales et plus gŽnŽrale- ment les articulateurs non manuels. Bouvet (1996) rappelle par exemple la distinction qu"il convient d"Žtablir entre diffŽrents types d"expression faciale, autrement dit dŽterminer s"il s"agit d"une fonction expressive, lexicale ou morphosyntaxique. L"importance ˆ accorder ˆ l"articulation labiale 13 (objet d"Žtude relativement banal dans d"autres LS comme la NGT ou la LSQ par exemple) est sujet de dŽsaccords profonds dans les travaux sur la LSF. Enfin, la nature de l"articulation des langues signes fait qu"il n"est manuel expressif et affectif du non-manuel lexical et morphosyntaxi- que. La description phonologique ŽlaborŽe jusqu"alors ne semble pas globalitŽ 14. Quant aux interrogations portant sur une Žventuelle structure syllabique ou plus gŽnŽralement sur le niveau prosodique des LS, elles sont assez rares dans la littŽrature sur la LSF. Cette absence provient en partie du fait que le dŽbat s"est focalisŽ sur la question de la double arti- culation et sur celle des rapports entre double articulation et iconicitŽ. LA RECHERCHE SUR LA LSF: UN COMPTE RENDU CRITIQUE37 travaux sur la phonologie de la LSF dans la recherche internationale

1987, 1989; Coulter, 1993; Miller, 1997; Van der Hulst, 1993; Bren-

tari, 1998), et 2) que des sujets tels que les mouvements secondaires, la structure rythmique des signes, l"accent, etc. n"aient pas ŽtŽ vŽritable- ment appliquŽs ˆ la LSF.

3.3. (Morpho)syntaxe

syntaxe de la LSF, comme dans celle de toutes les LS

15. Il n"est donc pas

Žtonnant de constater que cet aspect, et ses consŽquences (notamment le haut degrŽ d"iconicitŽ permis par le visuel par rapport au sonore), est le terrain principal des investigations dans ce domaine. Pour la syntaxe, comme pour la phonologie, la plupart des chercheurs travaillant sur la LSF s"interrogent mme sur l"utilitŽ de parler de la syntaxe, tant celle- ci semble tre imbriquŽe dans le message transmis. Ne s"agirait-il pas qui aurait donc une ÇsŽmantico-syntaxeÈ plut™t qu"une Çorganisation syntaxique stricteÈ (Millet)? Voit-on alors Žmerger de ces recherches une structure syntaxique et des principes d"organisation radicalement diffŽrents (de ceux des LO)? Pas forcŽment. Nous nous limiterons ˆ quelques questions (morpho)syntaxiques pour l"illustrer: l"ordre des constituants majeurs, la structure argumentale, les pronoms et quelques autres catŽgories fonctionnelles. des ŽvŽnementsÈ, une sŽrie de travaux conclut que l"ordre des consti- tuants majeurs en LSF est dŽterminŽ par des propriŽtŽs des entitŽs dŽsi- gnŽes: localisant > localisŽ, stable > dŽplaable, contenant > contenu, antŽrieur > postŽrieur, plus volumineux > plus mobile, connu > inconnu, Maeder, 1994; Millet, 1998a; Spaggiari, 1995). Cette approche de la syntaxe est bien connue de travaux sur des langues ORALES (et ne reprŽ- sente donc pas une approche spŽcifique aux LS - voir Tuller, 1999). Sont en gŽnŽral laissŽes de c™tŽ dans les travaux sur la LSF l"Žtude approfondie des corrŽlats syntaxiques de notions comme la topicalisa- tion ou la focalisation 16 et leurs implications pour l"organisation syntaxique de cette langue.

38 MARION BLONDEL ET LAURICE TULLER

Les verbes de mouvement (qui tracent un chemin dans l"espace lors de leur exŽcution) ou les verbes ˆ orientation variable (signes o la direction et/ou l"orientation de la main change) constituent la grande majoritŽ des verbes en LSF, selon Cuxac (1997). L"identification du r™le sŽmantique des arguments de ces verbes utilise aussi l"espace: le point de dŽpart du signe DONNER, par exemple, identifie le signe articulŽ ˆ cette place comme l"agent du processus et le point d"arrivŽe de dŽcrit avec soin pour la LSF (Sallagoïty, 1975; Mottez, 1976; OlŽron,

1983; Cuxac, 1996, 1997; Millet, 1997; Sallandre, 1998, entre autres).

Cette question trouve toute sa pertinence lorsque l"on se penche vise des localisations correspondant ˆ des personnes (locuteur, interlo- manuellement, par l"orientation du buste et du regard) pour donner des pronoms logophoriques - dans le cadre du Çjeu de r™leÈ ou du Çtrans- fert personnelÈ, selon les auteurs. Les pronoms eux-mmes ne sont pas, la plupart du temps, utilisŽs: les indications personnelles sont encodŽes dans l"exŽcution du signe verbal ou rŽcupŽrables dans un topique discursif. Ces faits, qui semblent tre les mmes en ASL, ont ŽtŽ analy- tification de pronoms nuls par accord riche, dans le cas des verbes ayant une flexion verbale riche, et par un topique discursif ou extra-linguisti- que, pour les verbes sans flexion (voir Lillo-Martin, 1991). Cette distinction, qui est reprise pour la LSF par Spaggiari (1995), est remise en question par MacLaughlin et al., ce volume, qui ont identifiŽ des marqueurs non manuels fonctionnant comme accord-sujet et accord- objet pour TOUS les verbes. Les marqueurs non manuels, qui sont donc produits de faon LSF. Bouvet (1996), VergŽ (1998), ainsi que Cuxac (1996) dŽcrivent, par exemple, l"utilisation du regard et des sourcils dans l"anaphore et la deixis. Leurs fonctions discursives et pragmatiques illustrent le fait que les interfaces syntaxe-morphologie, syntaxe-discours (ou, encore, au premier aspect, nous signalons qu"il existe aussi des descriptions LA RECHERCHE SUR LA LSF: UN COMPTE RENDU CRITIQUE39 fines pour les marqueurs non manuels de nombreuses catŽgories fonc- tionnelles (Cuxac, 1996, 1997; Bouvet, 1996; Jouison, 1995; Fournier,

1988; etc.): le nombre, le temps, l"aspect (qui prŽsente des dŽfis parti-

projections - voir aussi Auradou, 1997). D"autres catŽgories semblent tre largement suprasegmentales, comme, par exemple, le dŽterminant (voir Cuxac, 1996; VergŽ, 1998). Il existe donc des descriptions, souvent assez riches, de divers vus non pas comme les manifestations d"une structure syntaxiquequotesdbs_dbs46.pdfusesText_46
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