[PDF] Fiche de lecture : Merveilleux et fantastique en littérature





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Fichedelecture:MerveilleuxetfantastiqueenlittératureLaCASDENvousproposeautourdelathématiquedumerveilleuxetdufantastiqueenlittérature,u nesélectiond'ouvragesde la littératurefrançaisetéléchargeable sgratuitement,assortisdeleurfichedelecture.Undossierproposépar:

Merveilleuxetfantastiqueenlittérature1.TextedeprésentationLesrécitsme rveilleuxetfantastiq uespeuventparaîtretrèsproches,mais ilsso ntfondamentalementdifférents.Afindemieuxcomprendrelemerveilleuxetlefantastique,ilestnécessaired'expliquercequesont:lesurréel,lesurnaturel,l'étrangeetunphénomène.Alorsqueleréel englobetout cequino usestconnu,lesurrée lreprésentetoutcequidépasselalimitedenosconnaissances,c'est-à-direcequiestrationnellementinexplicableaumomentoùl'onparle.Parcontre,lesurnaturelestcequisembleéchapperauxloisdelanature;ilcorrespondàuneexceptionauxloisdumondequeDieuafixées(parexemple,lesanges);ilfaitpartiedusurréel;ilesttout-à-faitpossible(parexemple,lesmiracles),maisilsurprendtoujours.Commelemot"surnaturel»afiniparprendreunsenspluslargeetdevenirsynonymede"surréel»,nousl'emploierons,danscedossier,aveccedeuxièmesens.Quantàl'étrange,ilfaitpartieduréel;ilestcequiesttrèsdifférentdecequel'onl'habitudedevoir,cequiétonne,surprend.Parcontre,unphénomèneestbannidenotreréalité;ils esitueau-delàduréel;ilf aitpartied usurréel ;mais, iln'échappepas nécessairementauxloisdelanatureetn'estdoncpasforcémentsurnaturel;ilpeutdoncêtresurnaturel ouautre.Mais,l'apparitiond'u nphénom ènecréetoujour sunclimatd'étrangeté.Fortdecesdéfinitions,nousallonsétudierlemerveilleuxetlefantastiquedanslesoeuvresdenotrecorpus.Notrebutn'estpasdefaireentrercelles-cidansdesgenreslittérairesbiendéfinis(merveilleuxoufantastique),maisd'enétudierlesmanifestations,d'autantplusquepourcertainesoeuvres,seulscertainspassagesfontappelaumerveilleuxouaufantastique.1.1Lemerveilleux1.1.1DéfinitiondumerveilleuxLemerv eilleux(VoirleClind'oeil N°2du dossier"Nosrêvesd'enfa nt»)se fondesurl'interactiond'êtresetd'élémentssurnaturels,dansunmondeféérique.Lesêtresetlesobjetsontdespouvoirssurnaturels,lesanimauxparlent,lasorcellerieetlesmétamorphosessonthabituelles.Lesrécitsmerveilleuxsontdesoeuvresd'imaginationquinerecherchentpasleréalismeetquiplongentd'embléel'auditeuroulelecteurdansunmondesurnaturel,sansqu'ilseposedequestions.Ilsontuncaractèreirréaliste.Danslerécitmerveilleux,unecohérenceparfaites'installeentrelepersonnageetl'universdanslequel ilévolue.D'autrepart, lelecteu rdécouvreunmondeféé riqueoùrienne l'étonne.Ilacceptelesdonnéesdumondesurnaturelcommeallantdesoi.Ilfaitpreuvedeconfianceetdecrédulité.Lemerveilleuxn'entretientaucuneambiguïtéentrecequiexisteréellementetcequiparaîtsurnaturel.Ilsous-tendunehistoiredontonsaitd'embléequ'elleestfictive.Ilnenécessiteaucunejustificationetsedonnepourtel.Ils'ajouteaumonderéelsansluiporte ratteintenie ndétruire lacohér ence.Ilnecherchepasà rationali serlesurnaturelniàl'expliquer,carlesphénomènessurnaturelssontlaréalitédespersonnagesdelafiction.Unecontinuiténaturellesembles'installerentrelemonderéeletlemondemerveilleux.

MerveilleuxetfantastiqueenlittératureLemervei lleuxlittérairecaractérisedoncunmon deoùlesurnaturelestin contesté:personnages,comportementsetévènementsobéissentàdesloisinsolites,généralementtrèséloignéesdelalogiqueordinaire.C'estlemondedel'altéritéabsolue,oùlaraisonnes'aventurequ'enétrangère.Iln'yapasd'obstaclesàcequ'uneféeinterviennedanslavieduhéros:c'estattendu.Cepersonnagefaitpartiedel'universmerveilleux;ilyestàsaplace.Onestdanslemondedu"Ilétaitunefois...».Lemerveilleuxconstruitunmondeautonome,universeletintemporel,quiévacuelerapportàlaréalitéréférentielle.1.1.2Petitehistoiredumerveilleux1.1.2.1Lemerveilleuxetl'épopéeDanslaperspectiveclassique,ilyaincompatibilitéentrelemerveilleuxetlaprose.C'estpourquoidepuisl'Antiquité,lemerveilleux,quitrouvesonoriginedanslatraditionorale,estréservéauxmythes,auxlégendes,auxépopéesouauxpoésiesversifiées.Ilestdonctrèsprésentdanslatradition épiquegrecque(Ho mère,Eschyle,Sophocle ,Euripide,etc.)etromaine(Virgile,Luc ain,etc.).Ilfaitp artiedel aréalitéadmise:les hérosantique scommuniquentavecleursdieuxquiinterviennent,sousdifférentesformes,danslaréalité.AuMoyenAge,lapenséemédiévaleoccidentalediviselemerveilleuxentroiscatégories:lemiraculus,lemagicus,etlemirabil is.Le miraculusdésignelemerveilleux chrétiene trecouvretoutcequiestlié àlaprésen ceouàla manifestationd eDieu.L emagicusreprésentel'aspectmaléfiqueetdiaboliquedumerveilleux.Quantaumirabilis,ilenglobetoutcequi nepeuts 'expliquer parleslo isdelanatur e,toutcequiestanormal,extraordinaire.Mais,lesfrontièresentrece sdifférente scatégoriesd umerveilleuxsontparfoisflouesetdifficilesàdéterminer.Lemerveilleux,toutescatégoriesconfondues,esttrèsprésentdanslesépopéescommedanslaChansond'Antiocheetdanstouslesrécitsd'aventures.AlaRen aissance ,lescroyancesreligieuseset lecultepassionnédeslettrespaïe nnesproduisentunmélangebizarrede merveille uxmythologiqueetde merveilleuxchréti en(anges,démons,saintsetleursdonsmiraculeux),commedansLaDivinecomédiedeDante.DanslaJérusalemdélivrée,leT asseunitau merveilleuxchréti enceluidelamagieetabandonnelamythologie.Acetteépoque,lemerveilleuxparticipeàlafoisdupaganisme,duChristianismeetdelasorcellerie.Ainsi,lesoeuvresépiquesaccordent-elleunelargeplaceaumerv eilleux,qu'ilsoitchrétienoupaïen ,miraculeuxoumal éfique.Celui-ciestla manifestationnonconflictuelledusurnatureldansleréel.Danslesépopéesmodernes,l'élémentchrétienfinitparéclipserlamythologie.DansLeParadisPerdu,MiltonsebornepratiquementaumerveilleuxtirédelaBible.Parlasuite,lamythologiedisparaîtdesépopées.LaQuerelledesAnciensetdesModernesauXVII°initieunelongueettrèsvivediscussionsurlesméritescomparésdumerveilleuxchrétienetdumerveilleuxpaïen.BoileauprendlepartidesAnciensets'attaquevivementaumerveilleuxchrétien,maisneréussitpas àfairerevivr elemer veilleuxpaïen.Ladis cussions 'es tprolongéejusqu'auXIX°,suscitéeparChateaubriandavecl'épopéedesNatchez.1.1.2.2Lemerveilleuxetleconte

6Merveilleuxetfantastiqueenlittératurepasànotre mon deréel,maisi lromptaveclavisi oncohérentequeno usenavons. Lefantastiquemetenscènedeuxlogiquesopposées:l'unerationnelle,l'autreirrationnelle.C'estlàlagrande différ ence aveclemerveilleux :le phénomène fantastiquedemeureétranger,voireimpossibledanslaréalitédelafiction,alorsquelephénomènemerveilleuxsurvientdansunmondeimaginairequilepermetetl'acceptesansproblème.Parailleurs,l'irruptiond'unphénomènedanslaréalitédelafictiongénèrenécessairementunquestionnement.Etc'estlà,ladeuxièmegrandedifférenceaveclemerveilleux:lerécitmerveilleuxnesusciteaucunquestionn ementsur leréel,alorsquel erécitfantastique proposeunehypothèsequiélargitnotrevisionduréelet,dufaitdel'impossibilitéthéoriqued'yapporteru neréponse,seconten ted'évoquer uneproblématique.Lefantastiq ueproposeuneinfinitéd'e xpériences deslimitesduréel,voi reunecritiquedelavisioncommunedumonde.Enfin,l'irruptiond'unphénomènedanslaréalitédelafictionentraînetoujoursunclimatd'étrangeté.C'estlàlatroisièmedifférenceaveclemerveilleux:l'atmosphèremerveilleusen'estpasétrange, alorsque l'atmosphèrefantastiquee stétrange.L'étran gecommence lorsquesurvie ntunévènementauquelle personnag eoulelecteurnepeutpasd onnerd'explication:bruitsinexpliqués,objetsdéplacés,comportementsincompréhensibles,etc.Acôtédecestroisinvariants,citonslescaractéristiquesvariableslespluscourantesdanslesrécitsfantastiques.D'abord,lephénomènepeutêtremaléfique,bénéfique,ounil'unnil'autre.Lamenacen'estd oncp asuninvariantdesré citsfantastiques. Lefantastiquen'installepastoujoursunclimatdepeuretd'épouvante.D'autrepart,les récitsfantastiq uesnegénèr entpastousunehés itationentreuneexplicationnaturelleetuneexpli cationsurnaturelleduphén omène. Biendesau teurscherchentuniquementànousmontrerqu'unepartieduréelnouséchappeetquenossensrestreignentnotrevisiondumonde.Eneffet,unphénomène,enapparencesurnaturel,peutdébouchersuruneinterprétationrationnelle,danslaquellecesontlesloisnaturellesquiprédominent.Souvent,leshasards,les coïncidences,lerêve, l'influence desdrogues,l'illusiondessensoulafolietententderéduirelesurnatureletpermettentdedonneruneexplicationrationnelleàunphénomènequinel'étaitpasaudépart.Danscetypederécitsfantastiques,lepersonnageessaie,dansunpremiertemps,deserassurerentrouvantuneexplicationrationnelle.Tantqu'ilnel'apastrouvée,intervientlapeur,voirel'affolementoulapanique.Mais,ledénouementrassuretoujourslepersonnage.Ici,lanormeestperturbée,maisellen'estjamaisniée.Lesurnatureln'estqu'uneapparence.Parailleur s,lesrécitsfantastiquesnes eterminentp astoujoursdelamêm efaçon:le phénomènepeutêtredétruit,continuersonouvragededestruction,continueràfairelebien,disparaîtreouaucontraireêtreéternel;lehérospeuttrouverlamortouêtredamné,maisaussivaincrelephénomène,seservirduphénomèneoudevenirlephénomène.Lerécitpeutsecon clureouno nsurl'h ésitationduhéros:do it-ilsecon forterdans sonrationalismeetnierlephénomènesurnatureloubiendoit-ilreconnaîtrel'évidencedecephénomène?Plus ieursrécitsfantastiquessecaractér isentparl'acceptation desphénomènessurnaturels.

7MerveilleuxetfantastiqueenlittératureEnfin,laplupartdesthéoriciensontattachélefantastiqueuniquementauxtextesnarratifs.Mais,celui-ciprendaussiformedanslapoésie,aucinéma,enmusique,etc.C'estpourquoinotrecorpuscomportedesoeuvrespoétiques.Danscelles-cinousavonsbienretrouvélestroisinvariantsdontnousavonsparléprécédemment:irruptiond'unphénomènedansuncadreréaliste,climatd'étrangetéetquestionnementsuscité.Lefantastiqueenpoésieestaussiunmoyend'interrogerleslimitesduréeletd'explorerlesfrontièresdelaraison.Notons,deplus,quelefantastiqueenpoésiecôtoiesouventlemerveilleux(Cf.ApollinaireetVerlaine).1.2.2PetitehistoiredufantastiqueLefantastiq ueestungenrelittéraire, àl'origi neincertai ne,maisilacomme ncéàsedévelopperauXVIII°.C'estleromangothique(VoirLesaviez-vousN°4),qui,ens'intéressantauxthèmesdel'irrationneletdel'angoisseetentémoignantungoûtprononcépourlemacabre,ainfluencélalittératurefantastique.Troisromanssontàlabasedel'essorconsidérablequelefantastiqueaconnuenFranceauXIX°:LeDiableamoureux(1772)deJ.Cazotte,lepremierromanfantastique;ManuscrittrouvéàSaragosse(1804)dupolonaisJanPotocki,considérécommeleroman-modèledufantastiqueparZvetanTodorov;lesContes(1816,traduitsen1830)del'allemandE.T.A.Hoffmann.Danslesann ées1830,d enombreuxtextesem blématiquesdelali ttératurefantastiquesontpubliésen France:LaPeaud echagrind'HonorédeBalzac(1831), LaCafetière(1831)etLaMorteamoureuse(1836)deThéophileGautier(1831),LaféeauxmiettesdeCharlesNodier(1832)etlaVenusd'IlledeProsperMérimée(1837).D'autrepart,latraduc tionduFaustdeGoethe en1828parGérard deNerval etcelledesHistoiresextraordinairesetNouvelleshistoiresextraordinairesdePoeparBaudelaire(1856et1857)ontinspi rédenombreuxécrivains ,quiont mêlélethèmedufantastiqueàc eluidel'horreur:RobertLouisStevenson(DrJekylletMrHyde,1886)),OscarWilde(LePortraitdeDorianGray,189 0),etc.Toutaulongdu siècle,legenreperdure avecdes oeuvresimportantes:Aurélia(1855)deGérarddeNerval,LeHorladeGuydeMaupassant(1887).Lafinessedel'analysepsychologiqueprendlepassurlafoliedébridéeetmorbidedudébutdufantastique.AlafinduXIX°etaudébutduXX°,avecl'essordelalittératureditedécadente,dontlesthèmesdeprédilectionsontlacruauté,leviceetlasexualité,lefantastiquen'estplusunefinalitéensoi.Ilestunmoyenpermettantdefairepasseruneprovocation,unedénonciationouunevolontéesthétique.Durantcettepériode,iln'yapasàproprementparléd'écrivainsfantastiques,maisdenombreuxauteursontécritdestextesfantastiques.1.3Lemerveilleux,lefantastiqueetlascienceLemerv eilleuxrelèved'unétatdec ivilisatio ntrèsancienourienencoren'est expliquéscientifiquement.Chrétienoupaïen,ilestomniprésentdanslemondeoccidentaljusqu'auXVIII°.Eneffet,denombreuxphénomènesquinepeuventpasêtreexpliquésparlasciencecoexistentavecleréelsansqu'ilyaitconflit:lemiracleetl'irrationnelvontdesoi.Parcontre,lefantastiquenepeutpasexisterauMoyen-Ageoùlesmentalitésacceptentlesurnaturelcommeuneréalité. D'autrepart,ilestc omplètementi gnorédessiècles

8Merveilleuxetfantastiqueenlittératureclassiquesquicroientàlarais onetquiopp osent,auxcroyancessu per stitieu ses,unscepticismeabsolu.LapenséedesL umièresréduitlarepr ésentatio ndumondeauréelrationneletnielesurnaturel,quisurvitencore,danslesrécitsmerveilleux.Enfin,lasciencefaitdeformidablesavancéesetfleurissentlesthéoriesmatérialistes(toutestmatièreetDieun'existepas)etpositivistes(touteconnaissancedoits'entenirauxfaits).Cen'estquedanslasecond emoiti éduXVIII°,aprèsl'écroule mentdescer titudesquelaRévolutionréaliseetl'élargissementdel'inspirationàl'imaginaireexaltéparleromantismequel'onassisteaurenouveaudel'irrationnel.Eneffet,faceàcettemodernitérationaliste,naîtunegrandeinquiétudechezlesécrivains,d'oùunrecoursaufantastique,pourapporterunesorted'"oxygénisation»auréel.Ilyadoncunesciencederéférenceàpartirdelaquellesedéveloppeunrécitfantastique.Mais,si,enl evantlevoil esurce quidemeurein expliqué, lesdécouvertesscientifiquessemblentréduirelechamp delalittératurefantastique,e llestrace ntaucontrairede nouvellesperspectivesquiouvrentsurl'inconnu.Ainsilascience,loindelebloquer,offre-t-elleunterrainpropiceaufantastique.Celui-ci,enrelativisantlesavancéesdelascience,revendiquelapartdemystère,cemondeautresituédel'autrecôtédumiroir.Ainsi,lafinduXIX°est -ellepartagéeentr elepositivismetri omphantdontles succèsphilosophiquessefondentsurlesavancéesprodigieusesdelasciencemoderneetleretourenforcedetoutlerefouléantirationaliste,aveclavoguemondainedumagnétisme,del'occultisme,delathéosophieetdel'astrologie.Lefantastiqueestunesortederéponseàunmondeultraréalisteetrationnalisé.Denosjours,lesmondesdumerveilleuxetdufantastiquecoexistent.Ilsontinspiréd'autresgenresnarratifscommelascience-fiction.

9Merveilleuxetfantastiqueenlittérature2.ExtraitsducorpusNousallonsétudierletraitementdumerveilleuxetdufantastique,danslesoeuvresdenotrecorpus,enpassantenrevuelesthèmeslesplusrécurrents.2.1.Letemps2.1.1L'absencederepèrestemporelsDanslemerveilleux,etplusparticulièrementdansceluidescontesdefée,lepassagedel'universquotidienàunautreuniversoùlemerveilleuxadroitdecité,estmarquéd'embléepardesformulescomme:"ilétaitunefois»,"ilyalongtemps,bienlongtemps»,"jadis»,etc.L'époque restevolontairementimprécis e,afindefacil iterledépartversunmondelointain.Enplaçantlesévènementsnarréshorsdetouteactualité,l'auteurprévienttouteassimilationréaliste.Cen'estpaslecasdufantastique,oùlanécessitéd'unancragedanslaréalitéconduitleplussouventl'écrivainàdonnerdesrepèrestemporelsprécis.Lerécitmerveilleuxsesituedansl'intemporel,dansunpasséindéterminéetgénéralementlointain.Ilenestdemême dec ertainsréc itsfantastiqu es,comm echezPoe:pl usieursnouvellesbaignentdansununiversqui,bienqu'enapparenceréel,estmystérieux,vague,lointain,reléguédansunesorted'atemporalité,commedansLigeia.2.1.2LesdérèglementsdutempsDanslerécitmerveilleux,ilyabrouillagedesrepèrestemporels:letempssedérègle(arrêt,répétition,etc.).Parexemple,dansAliceauPaysdesMerveilles,letempsestsanscessedéréglé.Pourcertainspersonnages,commelelapinblancquicourtavecsamontreàlamain,letempspassetropvite.Pourd'autres,commelechapelierfou,ilestsuspenduetstagneàlamêmeheure:ilesttoujourssixheures.Extrait:AliceeuPaysdesMerveilles,Caroll,p.35-37"LeChapelierrompitlesilencelepremier."Quelquantièmedumoissommes-nous?»dit-ilensetournantversAlice.Ilavaittirésamontredesapocheetlaregardaitd'unairinquiet,lasecouantdetempsàautreetl'approchantdesonoreille.Aliceréfléchituninstantetrépondit:"Lequatre.»"Elleestdedeuxjoursenretard,»ditleChapelieravecunsoupir.(...)Aliceavaitregardépar-dessussonépauleaveccuriosité:"Quellesingulièremontre!»dit-elle."Ellemarquelequantièmedumois,etnemarquepasl'heurequ'ilest!»"Etpourquoimarquerait-ellel'heure?»murmuraleChapelier."Votremontremarque-t-elledansquelleannéevousêtes?»"Non,assurément!»répliquaAlicesanshésiter."Maisc'estparcequ'elleresteàlamêmeannéependantsilongtemps.»"Toutcommelamienne,»ditleChapelier.(...)"Avez-vousdevinél'énigme?»ditleChapelier,setournantdenouveauversAlice."Non,j'yrenonce,»réponditAlice;"quelleestlaréponse?»"Jen'enaipaslamoindreidée,»ditleChapelier."Nimoinonplus,»ditleLièvre."Alicesoupirad'ennui."Ilmesemblequevouspourriezmieuxemployerletemps,»dit-elle,"etnepaslegaspilleràproposerdesénigmesquin'ontpointderéponses.»

10Merveilleuxetfantastiqueenlittérature"SivousconnaissiezleTempsaussibienquemoi,»ditleChapelier,"vousneparleriezpasdelegaspiller.Onnegaspillepasquelqu'un.»"Jenevouscomprendspas,»ditAlice."Jelecroisbien,»réponditleChapelier,ensecouantlatêteavecmépris;"jepariequevousn'avezjamaisparléauTemps.»"Celasepeutbien,»répliquaprudemmentAlice,"maisjel'aisouventmalemployé.»"Ah!voilàdoncpourquoi!Iln'aimepascela,»ditleChapelier."Maissiseulementvoussaviezleménager,ilferaitdelapenduletoutcequevousvoudriez.Parexemple,supposonsqu'ilsoitneufheuresdumatin,l'heuredevosleçons,vousn'auriezqu'àdiretoutbasunpetitmotauTemps,etl'aiguillepartiraitenunclind'oeilpourmarqueruneheureetdemie,l'heuredudîner.»("Jelevoudraisbien,»dittoutbasleLièvre.)"Celaseraittrèsagréable,certainement,»ditAliced'unairpensif;"maisalors-jen'auraispasencorefaim,comprenezdonc.»"Peut-êtrepasd'abord,»ditleChapelier;"maisvouspourriezretenirl'aiguilleàuneheureetdemieaussilongtempsquevousvoudriez.»"Est-cecommecelaquevousfaites,vous?»demandaAlice.LeChapeliersecouatristementlatête."Hélas!non,»répondit-il,"nousnoussommesquerellésaumoisdemarsdernier,unpeuavantqu'ildevîntfou.»(IlmontraitleLièvreduboutdesacuiller.)(...)"Et,depuislors,»continualeChapelieravectristesse,"leTempsneveutrienfairedecequejeluidemande.Ilesttoujourssixheuresmaintenant.»Unebrillanteidéetraversal'espritd'Alice."Est-cepourcelaqu'ilyatantdetassesàthéici?»demanda-t-elle."Oui,c'estcela,»ditleChapelieravecunsoupir;"ilesttoujoursl'heureduthé,etnousn'avonspasletempsdelaverlavaisselledansl'intervalle.»2.1.3Lesmomentsprivilégiés2.1.3.1LanuitDanslalittératureoccidentale,lanuits'estdonnéecommelelieudel'inquiétude(lapeurdunoir), del'inconnuetdes illusions .C'estlanuitquelesommeil engend rerêvesou cauchemarsetquel'espritimaginemonstresetchimères.Lanuitrévèleaussiuneattractionsingulièreentrelemondedesmortsetceluidesvivants.C'estpourquoi,lefantastiqueprivilégiedesmomentsparticulierscommelecrépusculeoulanuit,outoutétatrappelantlanuit:pénombre,brouillard,tempête,orage,etc.DansEffetdenuit,Verlaineprésenteunpaysagenocturne,oùestdresséungibet,verslequelmarchentdescondamnés.Ilréussitàcréerunclimatfantastique,enécrivantlascèneàlamanièredespeintresetenutilisanttouteunesymboliquedumacabre.IlnousplongedanslesténèbresduMoyen-Age,oùlamortestomniprésenteet,par-là,illustretoutsonpessimisme.Extrait:"Effetdenuit»,inOEuvrescomplètes,t.1,Verlaine,p.10"Lanuit.Lapluie.UncielblafardquedéchiquetteDeflèchesetdetoursàjourlasilhouetteD'unevillegothiqueéteinteaulointaingris.Laplaine.UngibetpleindependusrabougrisSecouésparlebecavidedescorneillesEtdansantdansl'airnoirdesgiguesnonpareilles,Tandis,queleurspiedssontlapâturedesloups.Quelquesbuissonsd'épineépars,etquelqueshoux

11MerveilleuxetfantastiqueenlittératureDressantl'horreurdeleurfeuillageàdroite,àgauche,Surlefuligineuxfouillisd'unfondd'ébauche.Etpuis,autourdetroislividesprisonniersQuivontpiedsnus,ungrosdehautspertuisaniersEnmarche,etleursfersdroits,commedesfersdeherse,Luisentàcontresensdeslancesdel'averse.»DansArriaMarcelladeGautier,lebasculementdanslefantastiquesefaitaussiàlafaveurdelanuit.Rappelonsl'intrigue:TroisjeunesgensvisitentlemuséedeStudjàNaples.Leplusjeunedestrois,trèsromantique,Octavien,restepétrifiédevantl'empreinted'uncorpsdefemmedansunmorceaudecendre.Ensuite,ilsvisitentlesruinesdePompéi.Lesoir,netrouvantpaslesommeil,Octavienretournesurlesitearchéologique.Extrait:"ArriaMarcella»,inRomansetContes,Gautier,p.149-151"Octavien,quiavaitsouventlaissésonverrepleindevantlui,nevoulantpastroublerparuneivressegrossièrel'ivressepoétiquequibouillonnaitdanssoncerveau,sentitàl'agitationdesesnerfsquelesommeilneluiviendraitpas,etsortitdel'osteriaàpaslentspourrafraîchirsonfrontetcalmersapenséeàl'airdelanuit.Sespieds,sansqu'ileneûtconscience,leportèrentàl'entréeparlaquelleonpénètredanslavillemorte;ildéplaçalabarredeboisquilafermeets'engageaauhasarddanslesdécombres.Laluneilluminaitdesalueurblanchelesmaisonspâles,divisantlesruesendeuxtranchesdelumièreargentéeetd'ombrebleuâtre.Cejournocturne,avecsesteintesménagées,dissimulaitladégradationdesédifices.L'onneremarquaitpas,commeàlaclartécruedusoleil,lescolonnestronquées,lesfaçadessillonnéesdelézardes,lestoitseffondrésparl'éruption;lespartiesabsentessecomplétaientparlademi-teinte,etunrayonbrusque,commeunetouchedesentimentdansl'esquissed'untableau,indiquaittoutunensembleécroulé.Lesgéniestaciturnesdelanuitsemblaientavoirréparélacitéfossilepourquelquereprésentationd'uneviefantastique.QuelquefoismêmeOctaviencrutvoirseglisserdevaguesformeshumainesdansl'ombre;maiselless'évanouissaientdèsqu'ellesatteignaientlaportionéclairée.Desourdschuchotements,unerumeurindéfinie,voltigeaientdanslesilence.Notrepromeneurlesattribuad'abordàquelquepapillonnementdesesyeux,àquelquebourdonnementdesesoreilles,-cepouvaitêtreaussiunjeud'optique,unsoupirdelabrisemarine,oulafuiteàtraverslesortiesd'unlézardoud'unecouleuvre,cartoutvitdanslanature,mêmelamort,toutbruit,mêmelesilence.Cependantiléprouvaituneespèced'angoisseinvolontaire,unlégerfrisson,quipouvaitêtrecauséparl'airfroiddelanuit,etfaisaitfrémirsapeau.Ilretournadeuxoutroisfoislatête;ilnesesentaitplusseulcommetoutàl'heuredanslavilledéserte.Sescamaradesavaient-ilseulamêmeidéequelui,etlecherchaientilsàtraverscesruines?Cesformesentrevues,cesbruitsindistinctsdepas,était-ceMaxetFabiomarchantetcausant,etdisparusàl'angled'uncarrefour?Cetteexplicationtoutenaturelle,Octaviencomprenaitàsontroublequ'ellen'étaitpasvraie,etlesraisonnementsqu'ilfaisaitlà-dessusàpartluineleconvainquaientpas.Lasolitudeetl'ombres'étaientpeupléesd'êtresinvisiblesqu'ildérangeait;iltombaitaumilieud'unmystère,etl'onsemblaitattendrequ'ilfûtpartipourcommencer.Tellesétaientlesidéesextravagantesquiluitraversaientlacervelleetquiprenaientbeaucoupdevraisemblancedel'heure,dulieuetdemilledétailsalarmantsquecomprendrontceuxquisesonttrouvésdenuitdansquelquevasteruine.Enpassantdevantunemaisonqu'ilavaitremarquéependantlejouretsurlaquellelalunedonnaitenplein,ilvit,dansunétatd'intégritéparfaite,unportiquedontilavaitcherchéàrétablirl'ordonnance:quatrecolonnesd'ordredoriquecanneléesjusqu'àmi-hauteur,etlefûtenveloppécommed'unedraperiepourpred'uneteintedeminium,soutenaientunecimaisecoloriéed'ornementspolychromes,queledécorateursemblaitavoirachevéehier(...).Lamaisons'étaitexhausséed'unétage,etletoitdetuilesdenteléd'unacrotèredebronzeprojetaitsonprofilintactsurlebleulégerducieloùpâlissaientquelquesétoiles.Cetterestaurat ionétrange,faitedel'après-midiausoir paruna rchitecteincon nu,tourmenta itbeauc oupOctavien,sûrd'avoirvucettemaisonlejourmêmedansunfâcheuxétatderuine.Lemystérieuxreconstructeuravaittravaillébienvite,carleshabitationsvoisinesavaientlemêmeaspectrécentetneuf;touslespiliersétaientcoiffésdeleurschapiteaux;pasunepierre,pasunebrique,pasunepelliculedestuc,pasuneécailledepeinturenemanquaientauxparoisluisantesdesfaçades,etparl'intersticedespéristylesonentrevoyait,autourdubassindemarbreducavaedium,deslauriersrosesetblancs,desmyrtesetdesgrenadiers.Tousleshistoriens

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Merveilleuxetfantastiqueenlittératures'étaienttrompés;l'érupti onn'avaitpaseuli eu,oubie nl'aiguilledutemps avai treculéde vingtheuresséculairessurlecadrandel'éternité.Octavien,surprisaudernierpoint,sedemandas'ildormaittoutdeboutetmarchaitdansunrêve.»2.1.3.2.Minuit,heuresymboliqueMinuitestuneheuresymboliquedanslesrécitsmerveilleuxetdanslesrécitsfantastiques.C'estl'heuredusecret,del'ombreetdusilence,del'improbableetdel'imprévu.C'estl'heuredesmétamorphoses,l'heureoùsouventdesévènementshorriblesoumagiquesseproduisent.Parexemple,dansCendrillon,minuitestl'heureoùl'enchantementestrompu.Eneffet,Cendrillon,estparée,parlamagiede samarraine-fée,d'unemagn ifiquerobeetde pantouflesdevairetestdotéed'uncarrosseetdeserviteursquin'existerontquejusqu'àminuit.Extrait:"Cendrillon»,inContes,Perrault,p.36"Lelendemain,lesdeuxsoeursfurentaubal,etCendrillonaussi,maisencoreplusparéequelapremièrefois.Lefilsduroifuttoujoursauprèsd'elle,etnecessadeluiconterdesdouceurs.Lajeunedemoisellenes'ennuyaitpoint,etoubliacequesamarraineluiavaitrecommandé,desortequ'elleentenditsonnerlepremiercoupdeminuit,lorsqu'ellenecroyaitpasqu'ilfûtencoreonzeheures:elleseleva,ets'enfuitaussilégèrementqu'auraitfaitunebiche.Leprincelasuivit,maisilneputl'attraper.Ellelaissatomberunedesespantouflesdevair,queleprinceramassabiensoigneusement.Cendrillonarrivachezelle,bienessoufflée,sanscarrosse,sanslaquais,etavecsesméchantshabits;rienneluiétantrestédetoutesamagnificence,qu'unedesespetitespantoufles,lapareilledecellequ'elleavaitlaisséetomber.Ondemandaauxgardesdelaportedupalaiss'ilsn'avaientpointvusortiruneprincesse:ilsdirentqu'ilsn'avaientvusortirpersonnequ'unejeunefillefortmalvêtue,etquiavaitplusl'aird'unepaysannequed'unedemoiselle.»Minuitestuneheuremagiqueeteffrayante.Elleestaussil'heuredestransformations,dessabbatsdesorcièresetd'autresloupsgarous.C'estversminuitquel'ogreduPetitPoucetserelève,aveclafermeintentiondemangerlesseptfrères.C'estencoreàminuitquetoutestterminépourlapetitesirèneduconted'Andersen.Extrait:"LaPetiteSirène»,inContes,Andersen,p.119"Lejourdelanocedeceluiqu'elleaimait,elledevaitmouriretsechangerenécume.Lajoierégnaitpartout;deshérautsannoncèrentlesfiançaillesdanstouteslesruesausondestrompettes.Danslagrandeéglise,unehuileparfuméebrûlaitdansdeslampesd'argent,lesprêtresagitaientlesencensoirs;lesdeuxfiancéssedonnèrentlamainetreçurentlabénédictiondel'évêque.Habilléedesoieetd'or,lapetitesirèneassistaitàlacérémonie;maisellenepensaitqu'àsamortprochaineetàtoutcequ'elleavaitperdudanscemonde.Lemêmesoir,lesdeuxjeunesépouxs'embarquèrentaubruitdessalvesd'artillerie.Touslespavillonsflottaient,aumilieuduvaisseausedressaitunetenteroyaled'oretdepourpre,oùl'onavaitpréparéunmagnifiquelitderepos.Lesvoiless'enflèrent,etlevaisseauglissalégèrementsurlamerlimpide.Àl' approchedelanuit,onallumad eslampes dedive rsescouleurs,etlesmarins semirent àdanserjoyeusementsurlepont.Lapetitesirèneserappelaalorslasoiréeoù,pourlapremièrefois,elleavaitvulemondedeshommes.Ellesemêlaàladanse,légèrecommeunehirondelle,etellesefitadmirercommeunêtresurhumain.Maisilestimpossibled'exprimercequisepassaitdanssoncoeur;aumilieudeladanseellepensaitàceluipourquielleavaitquittésafamilleetsapatrie,sacrifiésavoixmerveilleuseetsubidestourmentsinouïs.Cettenuitétaitladernièreoùellerespiraitlemêmeairquelui,oùellepouvaitregarderlamerprofondeetlecielétoilé.Unenuitéternelle,unenuitsansrêvel'attendait,puisqu'ellen'avaitpasuneâmeimmortelle.Jusqu'àminuitlajoieetlagaietérégnèrentautourd'elle;elle-mêmeriaitetdansait,lamortdanslecoeur.

1 MerveilleuxetfantastiqueenlittératureEnfinleprinceetlaprincesseseretirèrentdansleurtente:toutdevintsilencieux,etlepiloterestaseuldeboutdevantlegouvernail.Lapetitesirène,appuyéesursesbrasblancsauborddunavire,regardaitversl'orient,ducôtédel'aurore;ellesavaitquelepremierrayondusoleilallaitlatuer.»2.2.L'espaceDanslerécitmerveilleux,onretrouve,surleplangéographique,lamêmeimprécisionquesurleplantemporel.Mais,onconstatelarécurrencedecertainsmotifs:lesfaitssesituentsouventdansdespaysagestypiques(château,forêt,etc.).Laforêtmystérieuseetprofondeestleprincipallieud'actiondurécitmerveilleux.C'estlàquelehérosseperdourencontredesdangers.Pourdenombreuxfolkloristes,laforêtestunereprésentationdelanuit.Dansl'imaginaireetlaculturecollective ,lec hâteauestle deuxième lieupri vilégiédurécitmerveilleux.LafontaineoulasourcesontdeslieuxoùrésidentdesêtresfabuleuxcommeLesFéesdePerrault.Lesfaitspeuventaussisesituerdansdeslieuxdepurefantaisie(payslointainsetétrangersaulecteur)oubiendansdes paysagesi rréelsdansles quelslescouleurs,lesformes,leséchelless'éloignenttotalementdelaréalité.D'autrepart,ilyaaussibrouillage desrepèresspatiaux;les repèresgéo graphiquess'effacent.Enf in,Lemerveilleuxesthyperbolique:lesunitésdemesuresontbeaucoupplusgrandesquecellesquel'onconnaîtdanslemonderéel;toutyestexagérémentdécrit.Leslieuxdétiennentdespouvoirsetsontdotésd'uneâme.Dansunrécitfantastique,audépart,lecadreestréaliste,leslieuxsontréels,voirefamiliers.Mais,lesfaitssesituentleplussouventdansdeslieuxinquiétants(cimetière,viellebâtisse,châteauabandonné,landedéserte,etc.)oumaudits.Parmiceux-cifigurentleseaux,cellesdesfleuves,deslacsoudesocéans.Eneffet,dansleseaux,l'hommeseretrouvehorsdesonélémentnatureletestsujetàlapesanteurdesesangoissesetdesasolitude,surtoutdevantl'immensitémarine,parcequ'elleestlelieuprivilégiédunon-identifiable:onnesaitpascequ'ilyaendessous.D'autrepart,latempêteatendanceàchangerlamerenunmonstreengloutisseur(épaves,naufrages,etc.).DansL'AubergedeMaupassant,lecadreduconteestunlieutrèsisolé,perdudanslesmontagnesenneigées.Extrait:"L'Auberge»,inLeHorla,Maupassant,p.86"PareilleàtoutesleshôtelleriesdeboisplantéesdanslesHautes-Alpes,aupieddesglaciers,danscescouloirsrocheuxetnusquicoupentlessommetsblancsdesmontagnes,l'aubergedeSchwarenbachsertderefugeauxvoyageursquisuiventlepassagedelaGemmi.Pendantsixmoiselle resteouver te,habitéepa rlafamillede JeanHauser;pui s,dèsquelesneiges s'amoncellent,emplissantlevallonetrendantimpraticableladescentesurLoëche,lesfemmes,lepèreetlestroisfilss'envont,etlaissentpourgarderlamaisonlevieuxguideGaspardHariaveclejeuneguideUlrichKunsi,etSam,legroschiendemontagne.Lesdeuxhommesetlabêtedemeurentjusqu'auprintempsdanscetteprisondeneige,n'ayantdevantlesyeuxquelapenteimmenseetblancheduBalmhorn,entourésdesommetspâlesetluisants,enfermés,bloqués,ensevelissouslaneigequimonteautourd'eux,enveloppe,étreint,écraselapetitemaison,s'amoncellesurletoit,atteintlesfenêtresetmurelaporte.C'étaitlejouroùlafamilleHauserallaitretourneràLoëche,l'hiverapprochantetladescentedevenantpérilleuse.Troismuletspartirentenavant,chargésdehardesetdebagagesetconduitsparlestroisfils.Puislamère,JeanneHauseretsafilleLouisemontèrentsurunquatrièmemulet,etsemirentenrouteàleurtour.Lepèrelessuivaitaccompagnédesdeuxgardiensquidevaientescorterlafamillejusqu'ausommetdeladescente.

1 MerveilleuxetfantastiqueenlittératureIlscontournèrentd'abordlepetitlac,gelémaintenantaufonddugrandtrouderochersquis'étenddevantl'auberge,puisilssuivirentlevallonclaircommeundrapetdominédetouscôtéspardessommetsdeneige.Uneaversedesoleiltombaitsurcedésertblancéclatantetglacé,l'allumaitd'uneflammeaveuglanteetfroide;aucunevien'apparaissaitdanscetocéandesmonts;aucunmouvementdanscettesolitudedémesurée;aucunbruitn'entroublaitleprofondsilence.»C'estdanscerefugealpinisoléquevasurvenirunétrangeévènement.AprèsladisparitioninexpliquéeduvieuxGaspardHari,lasolitudeetl'angoissevontpousserlejeuneUlrichàlafolie.Notonsque,dansladescriptiondulieu,Maupassantafaitallusionaufantastique:eneffet,lesentierquilerelieauvillaged'enbas"va,serpentant,tournantsanscesseétérevenant,fantastiqueetmervei lleux,lelongdelamontagned roite»(p.87).L'aspectsurnaturelestrenforcéparl'abondancededétailsréalistes.Lechâteauestunautrelieuprivilégiédesrécitsfantastiques.Parexemple,dansLePortraitovaledePoe,l'actionsedérouledansunchâteau,mystérieusementvide,àl'architecturebizarreetavecunefoulederecoins.Deplus,l'obscuritéyestpercéeparlalumièredecandélabres,créantdeszonesd'ombre spropiceàl'i llusiond'op tique;lal umière desbougiesestvacillante;ile stminuit. Tousles ingrédientssontlàpo url'apparitiond' unélémentfantastique:lenarrateural'impressiondevoirunepersonnevivantedanslecadre.Extrait:"Leportraitovale»,inNouvellesHistoiresextraordinaires,EdgarPoe,p.187"Lechâteaudanslequelmondomestiques'étaitavisédepénétrerdeforce,plutôtquedemepermettre,déplorablementblessécommejel'étais,depasserunenuitenpleinair,étaitundecesbâtiments,mélangedegrandeuretdemélancolie,quiontsilongtempsdresséleursfrontssourcilleuxaumilieudesApennins,aussibiendanslaréalitéquedansl'imaginationdemistressRadcliffe.Selontouteapparence,ilavaitététemporairementettoutrécemmentabandon né. Nous nousins tallâmesdansunedesch ambreslespluspetitesetlesmoinssomptueusementmeublées.Elleétaitsituéedansunetourécartéedubâtiment.Sadécorationétaitriche,maisantiqueetdélabrée.Lesmursétaienttendusdetapisseriesetdécorésdenombreuxtrophéeshéraldiquesd e touteforme,ainsiqued'uneq uan titévraime ntp rodigieusede p einturesmodernes,pleinesdestyle,dansderichescadresd'ord'ungoûtarabesque.Jeprisunprofondintérêt,-cefutpeut-êtremondélirequicommençaitquienfutcause,-jeprisunprofondintérêtàcespeinturesquiétaientsuspenduesnonseulementsurlesfacesprincipalesdesmurs,maisaussidansunefoulederecoinsquelabizarrearchitectureduchâteaurendaitinévitables;sibienquej'ordonnaiàPedrodefermerleslourdsvoletsdelachambre,-puisqu'ilfaisaitdéjànuit,-d'allumerungrandcandélabreàplusieursbranchesplacéprèsdemonchevet,etd'ouvrirtoutgrandslesrideauxdeveloursnoirgarnisdecrépinesquientouraientlelit.Jedésiraisquecelafûtainsi,pourquejepusseaumoins,sijenepouvaispasdormir,meconsoleralternativementparlacontemplationdecespeinturesetparlalectured'unpetitvolumequej'avaistrouvésurl'oreilleretquiencontenaitl'appréciationetl'analyse.Jeluslongtemps,-longtemps;-jecontemplaireligieusement,dévotement;lesheuress'envolèrent,rapidesetglorieuses,etleprofondminuitarriva.Lapositionducandélabremedéplaisait,et,étendantlamainavecdifficultépournepasdérangermonvaletassoupi,jeplaçail'objetdemanièreàjeterlesrayonsenpleinsurlelivre.Maisl'actionproduisituneffetabsolumentinattendu.Lesrayonsdesnombreusesbougies(carilyenavaitbeaucoup)tombèrentalorssurunenichedelachambrequel'unedescolonnesdulitavaitjusque-làcouverted'uneombreprofonde.J'aperçusdansunevivelumièreunepeinturequim'avaitd'abordéchappé.»DansLaChutedelaMaisonUsher,Poevamêmeplusloin,pourcréeruneatmosphèrepropiceaufantastique:ildonneàunbâtimentlerôledepersonnageimportantennousledérivantcommeunepersonne,aumêmetitrequelesmembresdelafamilleUsher.

15MerveilleuxetfantastiqueenlittératureExtrait:"LaChutedelaMaisonUsher»,inNouvellesHistoiresextraordinaires,EdgarPoe,p.57-58"Pendanttouteunejournéed'automne,journéefuligineuse,sombreetmuette,oùlesnuagespesaientlourdsetbasdansleciel,j'avaistraverséseuletàchevaluneétenduedepayssingulièrementlugubre,etenfin,commelesombresdusoirapprochaient,jemetrouvaienvuedelamélancoliqueMaisonUsher.Jenesaiscommentcelasefit,-mais,aupremiercoupd'oeilquejejetaisurlebâtiment,unsentimentd'insupportabletristessepénétramonâme.Jedisinsupportable,carcettetristessen'étaitnullementtempéréeparuneparcelledecesentimentdontl'essencepoétiquefaitpresqueunevolupté,etdontl'âmeestgénéralementsaisieenfacedesimagesnaturelleslesplussombresdeladésolationetdelaterreur.Jeregardaisletableauplacédevantmoi,et,rienqu'àvoirlamaisonetlaperspectivecaractéristiquedecedomaine,-lesmursquiavaientfroid,-lesfenêtressemblablesàdesyeuxdistraits,-quelquesbouquetsdejoncsvigoureux,-quelquestroncsd'arbresblancsetdépéris,-j'éprouvaiscetentieraffaissementd'âmequi,parmilessensationsterrestres,nepeutsemieuxcomparerqu'àl'arrière-rêveriedumangeurd'opium,-àsonnavrantretouràlaviejournalière,-àl'horribleetlenteretraiteduvoile.C'étaituneglaceaucoeur,unabattement,unmalaise,-uneirrémédiabletristessedepenséequ'aucunaiguillondel'imaginationnepouvaitravivernipousseraugrand.Qu'étaitdonc,-jem'arrêtaipourypenser,-qu'étaitdonccejenesaisquoiquim'énervaitainsiencontemplantlaMaisonUsher?C'étaitunmystèretoutàfaitinsoluble,etjenepouvaispasluttercontrelespenséesténébreusesquis'amoncelaientsurmoipendantquej'yréfléchissais.Jefusforcédemerejeterdanscetteconclusionpeusatisfaisante,qu'ilexistedescombinaisonsd'objetsnaturelstrèssimplesquiontlapuissancedenousaffecterdecettesorte,etquel'analysedecettepuissancegîtdansdesconsidérationsoùnousperdrionspie d. Iléta it possible,pe nsai s-je,qu'une simpledifférencedans l'arrangementdesmatériauxdeladécoration,desdétailsdutableau,suffîtpourmodifier,pourannihilerpeut-êtrecettepuissanced'impressiondouloureuse;et,agissantd'aprèscetteidée,jeconduisismonchevalverslebordescarpéd'unnoiretlugubreétang,qui,miroirimmobile,s'étalaitdevantlebâtiment;etjeregardai-maisavecunfrissonpluspénétrantencorequelapremièrefois-lesimagesrépercutéesetrenverséesdesjoncsgrisâtres,destroncsd'arbressinistres,etdesfenêtressemblablesàdesyeuxsanspensée.»2.3.Lespersonnages2.3.1.LespersonnageshumainsDanslesrécitsmerveilleux,lespersonnageshumainsn'ontpasbeaucoupd'épaisseur:cesontdestypesquicorrespondentàdesfonctionsbiendéfinies.Ilsappartiennentàunesociétéartificielleetfigée,oùilssontdéfinisparleurplaceouleurrang(leRoi,laReine,lePrince,etc.),sansyêtre nommésautrementqu eparunsurn omqui lescaractérise(Cendrillon,Blanche-Neige,etc.).D'autrepart,lespersonnagespeuventêtredesenfants-héros,commedansLePetitCh aperonrouge ,LePetitPo ucet,etc.Lorsque lespersonnagessontdécrits,ilsleso ntpresqueun iquementphysiquement.Le sprocédés utilisésrelèventdel'hyperboleetnouséloignentencoreplusdelaréalitétellequ'onlaconnaît(beautéexceptionnelle,riendeplusbeauaumonde,etc.).Lorsqu'ilssontdécritspsychologiquement,celaestfaitdemême:leursqualitésetleurstraitsdecaractèresontrenforcésaudernierpoint;ilssontd'uneintensitéanormaleetincroyable.Cetypededescriptioncontribueàrenforcerladistanceentrel'universduconteetleréel.Avecl'aided'objetsmagiques(bottesdeseptlieux,miroirmagique,baguettemagique,balaivolant,potionmagique,etc.)oud'êtressurnaturels(fées,sorcières,etc.),lesêtreshumainspeuventtrouverriches seetbonheur.Mais,silam agieestbéné fiquepou rceux quileméritent,elles'avèremaléfiquepourlescupidesetlesenvieuxqu'ellechâtiesanspitié.(VoirLesFéesdePerrault)Danslefantastique,lespersonnagesnesontpasnonplustrèsdécrits.Ainsi,parexemple,dansLeHorla,lenarrateurnedonneaucunindiceconcernantsonidentité.C'estunhomme,

16Merveilleuxetfantastiqueenlittératurenormand,rentier,cultivéetcurieux.Lespersonnagessontdescaractèresplutôtstatiques.Ilssont,commedanslemerveilleux,caractérisésparleursactionsetsontdécritsenfonctiondecelles -ci.Ainsi,d ansAvatar,lep ortraitdu DrBalthazarCherbonneau ,spécial isteenmétempsychose,adesqualitésspécialesquilelientaufantastique.2.3.2.LespersonnagesmagiquesAcôté despersonn ageshumains,lesréci tsmerveille uxsontpeuplésde personnagesmagiques.Ondistingue,parmi eux,les bienfaiteurs(lesfées,les magiciensettousle sadeptesdelamagieblanche)etlesmalfaisants(sorciersettouslesadeptesdelamagienoire).Parmilesbienfaiteurs,onrencontresurtoutlesfées,commedanslesContesdePerrault.Celles-cisontdotéesd'unpouvoirsurnaturel:ellesmétamorphosent(Cf.CendrillonouLesFées),ellesaccomplissentlesvoeuxqu'ellesformulent(Cf.LaBelleauboisdormant),elleschangentledestindes héros(Cf .Riquetàlahoupp eouCendrillon).Mais,Pe rraultleshumanisebeaucoup:ellespeuventéchouer(Cf.Peaud'âne)ounepeuventpaseffacercequ'uneaînéeafait(Cf.LaBelleauboisdormant).Ellespeuventtransformerleschosesetlespersonnes,changerlasituation,etc.,enutilisantlamagie,grâceàleurbaguettemagique.DansCendrillon,laféechangeunecitrouilleenchariotmagnifiqueetdessourisenattelage.DansFées,laféemétamorphoselesparolesendiamantsouenserpents.Lesféespeuventaussiquelquefo isdonnerdespouvoirsàunhéros:Dans RiquetàlaHoupp e,lafé ecompenselastupiditédel'héroïneparledondepouvoirrendrebeauceluiquiluiplairaetlalaideurduprinceparlapossibilitédedonnerdel'espritàlapersonneaimée.Mais,ellespeuventaussiinfligerdestraitsméchants,commelastupiditéetlalaideur.Ellepeutaussimodérerledestinhumain.Parexemple,dansLaBelleauboisdormant,laféeréparelamortpréditeenlamodérantensommeildecentans.Mais,lesféessontparfoisambigües,parfoissorcièresetpeuventjeterunmauvaissort,commedanscemêmeconte.Parmilesmalfaisants,onrencontresurtoutlessorcières.Cesontengénéraldesvieillesfemmes,laides(nezcrochu,mentonpointu),méchantesetjalouses.Ellesutilisentlamagiepourtourmenterlesenfantsetlesjeunesgens:ellesjettentdessorts(Cf.LaBelleauBoisdormant)etontdespouvoirsdetransformation.Ellespossèdentdesanimauxrépugnantsdotésdeparole(corbeau,crapaud,etc.)etdesaccessoiresmagiques(balaivolantpoursedéplacer;chaudronpourpréparerdespotionsmagiques,etc.).SichezPerrault,lasorcièreconservesonimagediabolique,chezAndersen,sestraitss'adoucissentunpeu:dansLapetitePoucette,elleaideunefemmeenmald'enfant;dansLeBriquet,elleenrichitunsoldatrevenudufront.Mais,dansLaPetitesirène,ellerestecruelle.Acôté decesprin cipauxpe rsonnagesmagi ques,onrencontrebeaucoupd' autrespersonnagesquiressortissentdumerveilleuxetquisontemployéssoitdanslemerveilleuxsoitdanslefantastiqueenpoésie.Parexemple,Andersenrecourtaumerveilleuxdufolkloredanoisàtraverslesnixes,lestrolls,lesgargouilles,leselfes,lesondinsetlesdryadesetApollinairerecourtaumerveilleuxallemandaveclaLorelei,lesnixes,lesnicettes,Merlin,Viviane,Simonlemage,lestziganes,etc.Chezcepoète,leréel,commeparenchantement,glissesouventverslefantastique.Notonsenfinquelemerveilleuxcréeunmondemanichéen.Eneffet,lespersonnages,qu'ilssoientmagiquesouhumains,sontunidimensionnels:ilssontsoitgentils,soitméchants.Leurpasséetleurpsychologieestsansimportance,cartoutl'intérêtdurécitrésidedansl'actionetdanssoncaractèremerveilleux.

17Merveilleuxetfantastiqueenlittérature2.3.3.Lapersonnificationetl'anthropomorphismeDanslesrécitsmerveilleux,lesobjets,lesvégétauxoulesanimauxpeuventêtredotésdelapenséeetdelavoix, etdonc êtrelep erson nageprincipaldurécit.Ene ffet,lapersonnification(VoirLesaviez-vousN°5),enestunélémentconstant.Toutprendvie:lesfrontièresentrel'humain,l'animaletl'inanimén'existentplus.Lepluss ouvent,Anderse nlesutilisentpourmettre ànulesrouagesdupouvoir etlestréfondsdelanaturehumaine.Notonsqu'ilsemetenscènedanslaplupartdesescontes,commedansLeRossignol(symboledelalibertéd'expressiondupoète),oubienLeVilainpetitcanard.Dansl'extraitsuivant,Lagrosseaiguille,lepersonnageprincipalestuneaiguilleàrepriser,fortfière,toutedroite,maisquifinitparsefaireécrasersouslaroued'unecharrette.Extrait:"LaGrosseAiguille»,inContes,Andersen,p.41-43"Ilyavaitunjouruneaiguilleàrepriser:ellesetrouvaitelle-mêmesifinequ'elles'imaginaitêtreuneaiguilleàcoudre."Maintenant,faitesbienattention,ettenez-moibien,ditlagrosseaiguilleauxdoigtsquiallaientlaprendre.Nemelaissezpastomber;car,sijetombeparterre,jesuissûrequ'onnemeretrouverajamais.Jesuissifine!-Laissefaire,direntlesdoigts,etilslasaisirentparlecorps.-Regardezunpeu;j'arriveavecmasuite,»ditlagrosseaiguilleentirantaprèselleunlongfil;maislefiln'avaitpointdenoeud.Lesdoigtsdirigèrentl'aiguilleverslapantoufledelacuisinière:lecuirenétaitdéchirédanslapartiesupérieure,etilfallaitleraccommoder."Queltravailgrossier!ditl'aiguille;jamaisjenepourraitraverser:jemebrise,jemebrise.»Eteneffetellesebrisa."Nel'ai-jepasdit?s'écria-t-elle;jesuistropfine.-Ellenevautplusrienmaintenant,»direntlesdoigts.Pourtantilslatenaienttoujours.Lacuisinièreluifitunetêtedecire,ets'enservitpourattachersonfichu."Mevoilàdevenuebroche!ditl'aiguille.Jesavaisbienquej'arriveraisàdegrandshonneurs.Lorsqu'onestquelquechose,onnepeutmanquerdedevenirquelquechose.»Etellesedonnaitunairaussifierquelecocherd'uncarrossed'apparat,etelleregardaitdetouscôtés.(...)Unjour,ellesentitquelquechoseàcôtéd'elle,quelquechosequiavaitunéclatmagnifique,etquel'aiguillepritpourundiamant.C'étaituntessondebouteille.L'aiguilleluiadressalaparole,parcequ'illuisaitetseprésentaitcommeunebroche."Vousêtessansdouteundiamant?-Quelquechosed'approchant.»Etalorschacund'euxfutpersuadéquel'autreétaitd'ungrandprix.Etleurconversationroulaprincipalementsurl'orgueilquirègnedanslemonde.(...)Unjour,desgaminsvinrentfouillerdansleruisseau.Ilscherchaientdevieuxclous,desliardsetautresrichessespareilles.Letravailn'étaitpasragoûtant;maisquevoulez-vous?ilsytrouvaientleurplaisir,etchacunprendlesienoùilletrouve."Oh!la,la!s'écrial'und'euxensepiquantàl'aiguille.Envoilàunegueuse!-Jenesuispasunegueuse;jesuisunedemoiselledistinguée,»ditl'aiguille.»Touslespersonnagesd'Andersen,qu'ilssoienthumains,animaux,végétauxouobjets,sontinvestisd'unevieoùsemêlentjoiesetpeines,tristessesetpeurs.Mais,s'ilssontsoumisauxaléasdudestin,lepoèteleurconfèrel'aptitudededonnerunsensàcequileurarriveetdeseremettreenquestion.ChezCarroll, lapersonnificationestauss iomn iprésente.Citonslesprincipauxanimauxpersonnifiés:unlapin(peureuxetcolérique),unlièvre(fou),unesouris(énorme,

18Merveilleuxetfantastiqueenlittératuresècheetautoritaire),unechatte(douce,maischasseusehorspair),unchat(charmantetmystérieux),unechenille(symboled emétamorphos e),unpigeon(vindicatif), unloir(paresseuxettoujoursendormi)etundodo( bègue) .Certains sontdescaricatur esdepersonnagesréels,commeparexemple:lasourisquiestlacaricaturedeMissPrikett,lagouvernanted'AliceLiddellqui ainspirécerécit,etle dodocell edeCarrolllu i-même.DonnonsleportraitdelachenillebleuequiLachenillebleueévoquel'imaged'unsageenpleineréflexionetquipousseAliceàs'interrogersursonidentité.Deplus,chezCarroll,desnotionsabstraites,telsq ueletemps,sontpersonn ifiées,comm enousl'avo nsvudansl'extraitproposéprécédemment(2.1.2.).Extrait:Aliceaupaysdesmerveilles,Carroll,p.20-21"Ellesedressasurlapointedespieds,et,glissantlesyeuxpar-dessuslebordduchampignon,sesregardsrencontrèrentceuxd'unegrossechenillebleueassiseausommet,lesbrascroisés,fumanttranquillementunelonguepipeturquesansfairelamoindreattentionàelleniàquoiquecefût.(...)LaChenilleetAliceseconsidérèrentuninstantensilence.EnfinlaChenillesortitlehoukadesabouche,etluiadressalaparoled'unevoixendormieettraînante."Q ui êtes-vous?»dit l aChenill e. Cen'était pas làune ma nièreencourageanted'entamerl aconversation.Alicerépondit,unpeuconfuse:"Je-jelesaisàpeinemoi-mêmequantàprésent.Jesaisbiencequej'étaisenmelevantcematin,maisjecroisavoirchangéplusieursfoisdepuis.»"Qu'entendez-vousparlà?»ditlaChenilled'untonsévère."Expliquez-vous.»"Jecrainsbiendenepouvoirpasm'expliquer,»ditAlice,"car,voyez-vous,jenesuisplusmoi-même.»"Jenevoispasdutout,»réponditlaChenille."J'aibienpeurdenepouvoirpasdireleschosesplusclairement,»répliquaAlicefortpoliment;"card'abordjen'ycomprendsrienmoi-même.Grandiretrapetissersisouventenunseuljour,celaembrouilleunpeulesidées.»"Pasdutout,»ditlaChenille."Peut-êtrenevousenêtes-vouspasencoreaperçue,»ditAlice."Maisquandvousdeviendrezchrysalide,carc'estcequivousarrivera,sachez-lebien,etensuitepapillon,jecroisbienquevousvoussentirezunpeudrôle,qu'endites-vous?»"Pasdutout,»ditlaChenille."Vossensationssontpeut-êtredifférentesdesmiennes,»ditAlice."Toutcequejesais,c'estquecelamesembleraitbiendrôleàmoi.»"Àvous!»ditlaChenilled'untondemépris."Quiêtes-vous?»Danslefantastiqueenpoésie,l'anthropomorphisme(VoirClind'oeilN°2),plusgénéralquelapersonnification,esttrèsutilisé.Ilpermet,leplussouvent,aupoète,unetransfigurationmétaphoriqueetfantastiqued'unpaysage,commedansCharleroideVerlaine.Extrait:"Charleroi»,inOEuvrescomplètes,t.1,Verlaine,p.85-86"Dansl'herbenoireLesKoboldsvont.LeventprofondPleure,onveutcroire.Quoidoncsesent?L'avoinesiffle.UnbuissongifleL'oeilaupassant.PlutôtdesbougesQuedesmaisons.QuelshorizonsDeforgesrouges!Onsentdoncquoi?Desgarestonnent,Lesyeuxs'étonnent,OùCharleroi?Parfumssinistres?Qu'est-cequec'est?QuoibruissaitCommedessistres?Sitesbrutaux!Oh!votrehaleine,Sueurhumaine,Crisdesmétaux!Dansl'herbenoireLesKoboldsvont.LeventprofondPleure,onveutcroire.»

19MerveilleuxetfantastiqueenlittératureDanscepoème,lepaysagequisedérouledevantlesyeuxduvoyageur,estprésentécommedotédevie, grâceàl' animationdubuis son,desmétaux, de sgaresetdel'avoine.Cetanthropomorphismetranscritl'angoissedupoète.D'autrepart,laréférenceauxKobolds,êtresmystiquesetlége ndaires,ainsiquelemélangedesépo ques(usinesmo dernesetsistreségyptiennes)donnentaupaysageunedimensionfantastique.2.4.LescréaturesQuecesoit dansleme rveilleuxo udanslefantas tiqueles créaturessontextrêmementnombreuses:créaturesmythologiques(hydre,méduse,minotaure,etc.),créatureshybridesdumondemédiéval(griffons,centaures,etc.),créaturesmerveilleuses(licornes,dragons,etc.),monstres,vamp ires,loupsgarous,meneurs debêtes,morts-vivants,maisaussifantômes,guérisseurs,ogres,Diable,etc.Danslecadredecedossier,nousnouslimiteronsàtroistypesdecréatures:lesêtreshybrides,l'ogreetleDiable.2.4.1.LesêtreshybridesCarrollcomplètesonuniversmerveilleuxenyajoutantdeuxcréatures:leGriffonetlaSimili-tortue.LeGriffon,créaturelégendaire,présentedansdifférentescultures,hybridedel'aigleetdulion,estpeintchétifetcondescendant.Carrollréaliseicilasatiredelalégendedugriffon.QuantàlaSimili-tortue,ils'ag itd'unei nventiondeCarr ollquisemoque descoutumesculinairesdelabourgeoisievictorienne:eneffet,lasoupeàlatortue,symboled'opulence,esttrèsenvogueàl'époque.Ilenfaitunpersonnagebavardetsavant.DansLesTravailleursdelamer,HugoracontelecombatdeGilliattcontreunadversaireétrangequ'ilnevoitpas,maisquienrouleautourdesonbrasdroit,puisdesontorse,deslanièresmuniesdeventouses.Danscetextrait,ilpartd'unepeintureobjectivedelaréalitépouraboutiràun evisionfantastiqued 'un monstre,en communiquantunsentim entd'épouvanteàsonlecteur.Extrait:LesTravailleursdelamer,Hugo,p.242-243"Toutàcoupilsesentitsaisirlebras.Cequ'iléprouvaencemoment,c'estl'horreurindescriptible.Quelquechosequiétaitmince,âpre,plat,glacé,gluantetvivantvenaitdesetordredansl'ombreautourdesonbrasnu.Celaluimontaitverslapoitrine.C'étaitlapressiond'unecourroieetlapousséed'unevrille.Enmoinsd'uneseconde,onnesaitquellespiraleluiavaitenvahilepoignetetlecoudeettouchaitl'épaule.Lapointefouillaitsoussonaisselle.Gilliattserejetaenarrière,maisputàpeineremuer.Ilétaitcommecloué.Desamaingaucherestéelibreilpritsoncouteauqu'ilavaitentresesdents,etdecettemain,tenantlecouteau,s'arc-boutaaurocher,avecuneffortdésespérépourretirersonbras.Ilneréussitqu'àinquiéterunpeulaligature,quiseresserra.Elleétaitsouplecommelecuir,solidecommel'acier,froidecommelanuit.Unedeuxièmelanière,étroiteetaiguë,sortitdelacrevasseduroc.C'étaitcommeunelanguehorsd'unegueule.ElleléchaépouvantablementletorsenudeGilliatt,ettoutàcoups'allongeant,démesuréeetfine,elles'appliquasursapeauetluientouratoutlecorps.Enmêmetemps,unesouffranceinouïe,comparableàrien,soulevaitlesmusclescrispésdeGil liatt.Ilsentaitdans sapeaud esenfoncementsronds,horribl es.Illu isemblaitqued'innombrableslèvres,colléesàsachair,cherchaientàluiboirelesang.Unetroisièmelanièreondoyahorsdurocher,tâtaGilliatt,etluifouettalescôtescommeunecorde.Elles'yfixa.L'angoisse,àsonparoxysme,estmuette,Gilliattnejetaitpasuncri.Ilyavaitassezdejourpourqu'ilpûtvoirlesrepoussantesformesappliquéessurlui.Unequatrièmeligature,celle-cirapidecommeuneflèche,luisautaautourduventreets'yenroula.Impossibledecoupernid'arrachercescourroiesvisqueusesquiadhéraientétroitementaucorpsdeGilliattetparquantitésdepoints.Chacundecespointsétaitunfoyerd'affreuseetbizarredouleur.C'étaitcequ'onéprouveraitsil'onsesentaitavaléàlafoisparunefouledebouchestroppetites.Uncinquièmeallongement

0Merveilleuxetfantastiqueenlittératurejaillitdutro u.Ilsesu perposaauxaut res etvint serepliersurlediaphragmedeG illiatt.Lacompr essions'ajoutaitàl'anxiété;Gillia ttpo uvaitàpeinerespirer.Ceslan ières, pointuesàleurextrémité, allaients'élargissantcommedeslamesd'épéeverslapoignée.Touteslescinqappartenaientévidemmentaumêmecentre.EllesmarchaientetrampaientsurGilliatt.Ilsentaitsedéplacercespressionsobscuresquiluisemblaientêtredesbouches.Brusquementunelargeviscositérondeetplatesortitdedessouslacrevasse.C'étaitlecentre;lescinqlanièress'yrattachaientcommedesrayonsàunmoyeu;ondistinguaitaucôtéopposédecedisqueimmondelecommencementdetroisautrestentacules,restéssousl'enfoncementdurocher.Aumilieudecetteviscositéilyavaitdeuxyeuxquiregardaient.CesyeuxvoyaientGilliatt.Gilliattreconnutlapieuvre.»D'unepieuvredeg randedimension,Hugofin itparen faireunanimalhybri de(hydre,araignéeoucaméléon),voirelareprésentation animalededeuxmal adiesq uesontlescorbutetlagangrène.C'estlamortàl'oeuvredansuncorpsencorevivant.Del'étrangetéinquiétanted'unmonstremou,Hugonousfaitvoirlamonstruosité.Endéformantlaréalitéetenutilisantlesphénomènesdeprojectionetd'identification,ilintroduitlelecteurdansledomainedel'indicibleetdufantastique.2.4.2.L'ogreL'ogreestunmonstre(VoirClind'oeilN°3)imaginaire,àlataillegéante,quivitengénéraldanslesforêts.Ilalaréputationdemangerdelachairhumaine.ChezPerraultlepouvoireffrayantdel'ogreestengénéraldésamorcé.Ilaquelquechosed'humain.C'estainsique,dansLePetitPoucet,l'ogre"nelaissaitpasd'êtrefortbonmari,quoiqu'ilmangeâtlespetitsenfants»(p.25);dansLaBelleauboisdormant,l'ogresseestreine.Deplus,lepouvoirdel'ogreestlimité,puisquemalgrésaforceetsoncaractèreterrible,laruseetl'intelligenceluimanquent.C'estainsiqu'ilestmisfinalementenéchecparpluspetitquelui,dansLePetitPoucet.Extrait:"LePetitPoucet»,inContes,Perrault,p.23-25"L'Ogreavaitseptfilles,quin'étaientencorequedesenfants.(...)Onlesavaitfaitcoucherdebonneheure,etellesétaienttoutesseptdansungrandlit,ayantchacuneunecouronned'orsurlatête.Ilyavaitdanslamêmechambreunautrelitdelamêmegrandeur:cefutdanscelitquelafemmedel'Ogremitcoucherlesseptpetitsgarçons;aprèsquoielleallasecoucherauprèsdesonmari.LepetitPoucet,quiavaitremarquéquelesfillesdel'Ogreavaientdescouronnesd'orsurlatête,etquicraignaitqu'ilneprîtàl'Ogrequelqueremordsdenelesavoirpaségorgésdèslesoirmême,selevaverslemilieudelanuit,etprenantlesbonnetsdesesfrèresetlesien,ilallatoutdoucementlesmettresurlatêtedesseptfillesdel'Ogre,aprèsleuravoirôtéleurscouronnesd'or,qu'ilmitsurlatêtedesesfrèresetsurlasienne,afinquel'Ogrelesprîtpoursesfilles,etsesfillespourlesgarçonsqu'ilvoulaitégorger.Lachoseréussitcommeill'avaitpensé;carl'Ogre,s'étantéveillésurleminuit,eutregretd'avoirdifféréaulendemaincequ'ilpouvaitexécuterlaveille.Ilsejetadoncbrusquementhorsdulit,etprenantsongrandcouteau:"Allonsvoir,dit-il,commentseportentnospetitsdrôles;n'enfaisonspasàdeuxfois.»Ilmo ntadoncàtâtons àlachambrede sesf illes,ets'approchadulitoùétaient lespeti tsgarçons,q uidormaienttous,exceptélepetitPoucet,quieutbienpeurlorsqu'ilsentitlamaindel'Ogrequiluitâtaitlatête,commeilavaittâtécelledetoussesfrères.L'Ogre,quisentitlescouronnesd'or:"Vraiment,dit-il,j'allaisfairelàunbelouvrage;jevoisbienquejebustrophierausoir.»Ilallaensuiteaulitdesesfilles,oùayantsentilespetitsbonnetsdesgarçons:"Ah!lesvoilà,dit-il,nosgaillards;travaillonshardiment.»Endisantcesmots,ilcoupa,sansbalancer,lagorgeàsesseptfilles.Fortcontentdecetteexpédition,ilallaserecoucherauprèsdesafemme.AussitôtquelepetitPoucetentenditronflerl'Ogre,ilréveillasesfrères,etleurditdes'habillerpromptementetdelesuivre.Ilsdescendirentdoucementdanslejardin,etsautèrentpar-dessuslesmurailles.Ilscoururentpresquetoutelanuit,toujoursentremblant,etsanssavoiroùilsallaient.

1MerveilleuxetfantastiqueenlittératureL'Ogre,s'étantéveillé,ditàsafemme:"Va-t'enlà-hauthabillercespetitsdrôlesd'hiersoir.»L'Ogressefutfortétonnéedelabontédesonmari,nesedoutantpointdelamanièrequ'ilentendaitqu'elleleshabillât,etcroyantqu'illuiordonnaitdelesallervêtir.Ellemontaenhaut,oùellefutbiensurpriselorsqu'elleaperçutsesseptfilleségorgéesetnageantdansleursang.Ellecommençapars'évanouir(carc'estlepremierexpédientquetrouventpresquetouteslesfemmesenpareillesrencontres).L'Ogre,craignantquesafemmenefûttroplongtempsàfairelabesognedontill'avaitchargée,montaenhautpourluiaider.Ilnefutpasmoinsétonnéquesafemmelorsqu'ilvitcetaffreuxspectacle."Ah!qu'ai-jefaitlà!s'écria-t-il.Ilsmelepayeront,lesmalheureux,ettoutàl'heure.»2.5.LamétamorphoseVolontairesouinvolontaires,lesmétamorphoses(VoirClind'oeilN°4)occupentuneplacedechoixdanslesréc itsmerveille ux.Lesper sonnageshumainspeu ventêtrechangésenanimaux,enobjets,oubienencréaturessurnaturelles,tandisquelesanimauxouêtressurnaturelspeuventprendreformehumaine.Lamétamorphoseestunétatpermanentetirréversible.Danslaplupartdesrécitsmerveilleux,cesontlesféesoulessorcièresquiontlepouvoirdemétamorphose r.Leplu ssouvent,unprotagonisteestchangéenani malparpunition.Parmilesmétamorp hosesvolon taires,citonslecasdelapetitesirène dansleconted'Andersen.Contrairementàsessoeurs,elleestattiréeparlemondedeshommes.Lavisiond'unjeuneprince,autraversd'unhublotdebateau,fonctionnecommeuncatalyseur.Apartirdecemoment-là,ellen'aspireplusqu'àvivreparmileshommes.Aussi,va-t-ellefaireunpacteave clasorcièr edesmerse taccepte rdesacrifiersabell evoixcontreune apparencehumaineentière,avecdeuxjambesaulieud'unequeue.Pourcelasalanguevaêtresectionnée.Deplus,chaquepasqu'ellevaeffectuerseraaccompagnédedouleur.Extrait:"LaPetiteSirène»,inContes,Andersen,p.114-116"Jevaistepréparerunélixirquetuemporterasàterreavantlepointdujour.Assieds-toisurlacôte,etbois-le.Aussitôtlaqueueserétréciraetsepartageraencequeleshommesappellentdeuxbellesjambes.Maisjetepréviensquecelateferasouffrircommesil'ontecoupaitavecuneépéetranchante.Toutlemondeadmireratabeauté,tuconserverastamarchelégèreetgracieuse,maischacundetespastecauseraautantdedouleurquesitumarchaissurdespointesd'épingle,etferacoulertonsang.Situveuxendurertoutescessouffrances,jeconsensàt'aider.-Jelessupporterai!ditlasirèned'unevoixtremblante,enpensantauprinceetàl'âmeimmortelle.-Maissouviens-toi,continualasorcière,qu'unefoischangéeenêtrehumain,jamaistunepourrasredevenirsirène!Jamaistunereverraslechâteaudetonpère;etsileprince,oubliantsonpèreetsamère,nes'attachepasàtoidetoutsoncoeuretdetoutesonâme,ous'ilneveutpasfairebénirvotreunionparunprêtre,tun'aurasjamaisuneâmeimmortelle.Lejouroùilépouserauneautrefemme,toncoeursebrisera,ettuneserasplusqu'unpeud'écumesurlacimedesvagues.-J'yconsens,ditlaprincesse,pâlecommelamort.-Encecas,poursuivitlasorcière,ilfautaussiquetumepayes;etjenedemandepaspeudechose.Tavoixestlaplusbelleparmicellesdufonddelamer,tupensesavecelleenchanterleprince,maisc'estprécisémentlavoixquej'exigeenpayement.Jeveuxcequetuasdeplusbeauenéchangedemonprécieuxélixir;car,pourlerendrebienefficace,jedoisyversermonpropresang.-Maissituprendsmavoix,demandalapetitesirène,quemerestera-t-il?-Tacharmantefigure,réponditlasorcière,tamarchelégèreetgracieuse,ettesyeuxexpressifs:celasuffitpourentortillerlecoeurd'unhomme.Allons!ducourage!Tiretalangue,quejelacoupe,puisjetedonnerail'élixir.-Soit!»réponditlaprincesse,etlasorcièreluicoupalalangue.Lapauvreenfantrestamuette.Là-dessus,lasorcièremitsonchaudronsurlefeupourfairebouillirlaboissonmagique.

Merveilleuxetfantastiqueenlittérature(...)"Ceconseilétaitinutile;carlespolypes,enapercevantl'élixirquiluisaitdanslamaindelaprincessecommeuneétoile,reculèrenteffrayésdevantelle.Ainsielletraversalaforêtetlestourbillonsmugissants.Quandellearrivaauchâteaudesonpère,leslumièresdelagrandesallededanseétaientéteintes;toutlemondedormaitsansdoute,maisellen'osapasentrer.Ellenepouvaitplusleurparler,etbientôtelleallaitlesquitterpourjamais.Illuisemblaitquesoncoeursebrisaitdechagrin.Elleseglissaensuitedanslejardin,cueillitunefleurdechaqueparterredesessoeurs,envoyaduboutdesdoigtsmillebaisersauchâteau,etmontaàlasurfacedelamer.Lesoleilnes'étaitpasencorelevélorsqu'ellevitlechâteauduprince.Elles'assitsurlacôteetbutl'élixir;cefutcommesiuneépéeaffiléeluitraversaitlecorps;elles'évanouitetrestacommemorte.Lesoleilbrillaitdéjàsurlamerlorsqu'elleseréveilla,éprouvantunedouleurcuisante.Maisenfaced'elleétaitlebeauprince,quiattachaitsurellesesyeuxnoirs.Lapetitesirènebaissalessiens,etalorsellevitquesaqueuedepoissonavaitdisparu,etquedeuxjambesblanchesetgracieuseslaremplaçaient.Leprinceluidemandaquielleétaitetd'oùellevenait;elleleregardad'unairdouxetaffligé,sanspouvoirdireunmot.Puislejeunehommelapritparlamainetlaconduisitauchâteau.Chaquepas,commeavaitditlasorcière,luicausaitdesdouleursatroces;cependant,aubrasduprince,ellemontal'escalierdemarbre,légèrecommeunebulledesavon,ettoutlemondeadmirasamarchegracieuse.Onlarevêtitdesoieetdemousseline,sanspouvoirassezadmirersabeauté;maisellerestaittoujoursmuette.Desesclaveshabilléesdesoieetd'or,chantaientdevantleprincelesexploitsdesesancêtres;elleschantaientbien,etleprincelesapplaudissaitensouriantàlajeunefille."S'ilsavait,pensa-t-elle,quepourluij'aisacrifiéunevoixplusbelleencore!»Malheureusement,cettemétamorphoseneluipermetpasd'épouserleprince.Refusantdeletuer,alorsqu'ilvaenépouseruneautre,elleserarécompenséeendevenantunefilledesairset,autermedetroiscentans,ellepossèderauneâmeéternelle.Danslefantastique,lamétamorphosed'unêtrehumainoud'unanimalesttrèsutilisée.Ellefaitbasculerlerécitd'ununiversréalisteàununiversétrangeoùlesrepèresentreleréeletl'imaginairedeviennentflous.2.6.LepacteavecleDiableDenombreuxrécitsfantastiquessecaractérisentparlaprésenceduDiable(dumoinsdefaçonallégorique)etd'unpactescelléentreluietl'undespersonnages.DansLesDiaboliquesdeBarbeyd'Aurevilly,riendetoutcela.LeDiableestprivéd'aspectmatériel.Ilestpartoutetnul lepart, etdece faitbienplusr edoutabl e.Eneffet,pour l'auteur,quicroitàl'existenceduDiable,l'âmehumaineestlethéâtrequotidiend'unelutteacharnéeetsansissueentreleBienetleMal.Pourlui,touslesêtreshumainssont,àdesdegrésdifférents,possédésparleDiable.Sonoeuvrelittéraire,quipuisedansleslégendesdupaysnormandsoubiendanssonimaginationexacerbée,mêlelesurnaturelàlaviequotidiennedelafictionetfaitnaître l'inquié tudec hezlelecteur.Eneff et,ell eestuntriomphedel'ambiguïtéetfaitoscillerlelecteurentredeuxinterprétationspossibles:unerationnelleetbanale(sespersonnagessontpresquetousdesnévrosés),l'autreexplicableparl'inex plicable(ilssontpossédésparleDiable). Parmilessixp ortraitsdefe mmesdiaboliques,retenonsplusparticulièrementceluideHauteclaireStassinl'héroïnedeUnBonheurdanslecrime.PourleshabitantsdeV.,celle-ciresteenveloppéedemystère:sonvisageestcachéparsonmasqued'escrimelasemaineetparunvoilenoirledimanche.AmoureusedujeuneComtedeSav igny,qui s'estmariéavecDe lphinedeCantor ,elledisparaîtunjoursansexplication.Appeléauchevetdelacomtesse,lemédecindelaville,lareconnaîtenlapersonned'Eulalielafemmedechambredecelle-ci.Enfait,HauteclairevitavecleComtesouslepropretoidelaComtessequines'aperçoitderienjusqu'aujour,oùellemeurt,empoisonnée.EllefinitpardevenirComtessedeSavigny.

Merveilleuxetfantastiqueenlittérature-Ehbien,répliquatranquillementlepetithomme,aimes-tumieuxquecettelames'aiguiseicisurunvivant?-Oh!permettez-moidesuppliervotrecourtoisie...Commentvotreexcellencepeut-elleprofaner?...Votregrâce...Seigneur,votreséréniténevoudrapas...-Finiras-tu?ai-jebesoindetouscestitres,squelettevivant,pourcroireàtonprofondrespectpourmonsabre?-ParsaintWaldemar,parsaintUsuph,aunomdesaintHospice,épargnezunmort!-Aide-moi,etneparlepasdessaintsaudiable.-Seigneur,poursuivitlesuppliantSpiagudry,parvotreillustreaïeulsaintIngolphe!...-Ingolphel'Exterminateurétaitunréprouvécommemoi.-Aunomduciel,ditlevieillardenseprosternant,c'estcetteréprobationquejeveuxvouséviter.L'impatiencetransportalepetithomme.Sesyeuxgrisetternesbrillèrentcommedeuxcharbonsardents.-Aide-moi!répéta-t-ilenagitantsonsabre.Cesdeuxmotsfurentprononcésdelavoixdontlesprononceraitunlion,s'ilparlait.Leconcierge,tremblantetàdemimort,s'assitsurlapierrenoire,etsoutintdesesmainslatêtefroideethumidedeGill,tandisquelepetithomme,àl'aidedesonpoignardetdesonsabre,enlevaitlecrâneavecunedextéritésingulière.Quandcetteopérationfutterminée,ilconsidéraquelquetempslecrânesanglant,enproférantdesparolesétranges;puisilleremitàSpiagudrypourqu'illedépouillâtetlelavât,etditenpoussantuneespècedehurlement:-Etmoi,jen'auraipasenmourantlaconsolationdepenserqu'unhéritierdel'âmed'Ingolpheboiradansmoncrânelesangdeshommesetl'eaudesmers.»DansBug-Jargal,Hugofaitappelàtouteladémonologiehaïtienne,dontl'extraitsuivantenprésenteunepartie.Extrait:Bug-Jargal,Hugo,p.61-63"Jen'aijamaisvuuneréuniondefiguresplusdiversementhorriblesquenel'étaientdansleurfureurtouscesvisagesnoirsavecleursdentsblanchesetleursyeuxblancstraversésdegrossesveinessanglantes.Ellesm'allaientdéchirer.Lavieilleàlaplumedehéronfitunsigne,etcriaàplusieursreprises:Zotécordé!zotécordé†!Lesforcenéess'arrêtèrentsubitement,etjelesvis,nonsanssurprise,détachertoutesensembleleurtablierdeplumes,lesjetersurl'herbe,etcommencerautourdemoicettedanselascivequelesnoirsappellentlachica.Cettedanse,dontlesattitudesgrotesquesetlavivealluren'exprimentqueleplaisiretlagaieté,empruntaiticidediversescirconstancesaccessoiresuncaractèresinistre.Lesregardsfoudroyantsquemelançaientlesgriotesaumilieudeleursfolâtresévolutions,l'accentlugubrequ'ellesdonnaientàl'airjoyeuxdelachica,legémissementaiguetprolongéquelavénérableprésidentedusanhédrinnoirarrachaitdetempsentempsàsonbalafo,espèced'épinettequimurmurecommeunpetitorgue,etsecomposed'unevingtainedetquotesdbs_dbs46.pdfusesText_46

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