[PDF] La vie devant soi Imaginaires enfantins





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La vie est belle Roberto Benigni

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La Revue du Ciné-club universitaire, 2020, no3La vie devant soiImaginaires enfantinsVIE DE CAMPUSCULTURE.UNIGE.CHCINÉ-CLUBUNIVERSITAIRE

?ÉditorialAlmudena Jiménez Virosta

1Scènes de jeuAdrienne Ruffieux

26Des ?lms de notre enfanceJérôme Blondé

2L"été de MasaoRayan Chelbani

29The Fall, quand l"imaginaire enfantin s"empare d"un conteAnissa Naïm

6¡Hasta la victoria, siempre!Luttes pour "le bien du peuple», enfances bousculées?Noémie Baume

35Nous ne sommes jamais trop vieux pour vivre une aventureLeandra Patané

9Le crépusculeAlmudena Jiménez Virosta

41Œdipe roide Pier Paolo PasoliniFlaminia Albertini

15La douce enfance chez Luigi ComenciniElias Manuel Abou-Charaf

21SOMMAIREIllustration1èreet4èmedecouverture:FannyochAlexander(IngmarBergmann,1982).GroupedetravailduCiné-clubuniversitaireAlmudenaJiménezVirosta,RayanChelbani,JérômeBlondé,NoémieBaume,LeandraPatané,EliasManuelAbou-Charaf,AnissaNaïm,FlaminiaAlbertini,AdrienneRu?euxDivisiondelaformationetdesétudiants(DIFE)Activitésculturellesdel"Universitéresponsable:AmbroiseBarrascoordinationetédition:ChristopheCamperguegraphisme:JulienJespersenRecevoir la Revue du Ciné-club universitairegratuitement chez vous?Abonnez-vous!en 1 minute sur culture.unige.ch/revue

?Par Almudena JiménezVirostaDéjàdansleventredenotremèreetlorsquenoussommesenfants, nos proches nous racontent des histoires, desanecdotesdupassé,ennousinvitantàfairepartied"aven-turesàvenir.Nousapprenonsàparlerenrépétanttoutcequenousentendons-ilfautdesmoispourprononcerun"maman»etuneseulesecondepourapprendre un gros mot. Le moment arrivé, nousparticipons à cette tradition sociale du storytel-ling:nousracontonsceshistoiresquenosparentsnous ont contées mille fois, et que nous n"avonspas vécues, mais qui sont tellement présentes ennous que cela importe peu. Nous racontons deshistoires pour dormir - ou pour nous en empê-cher -, des histoires pour mieux éclairer, des his-toirespouréluderunterriblesilence.Deshistoirespour tout, toujours. Et c"est autour des histoiresque nos valeurs prennent forme. Il su?t d"unexemple pour l"illustrer: si Hansel et Gretelexistentdansnotreimaginaire,c"estparcequ"ilfal-lait montrer aux enfants du 19esiècle les dangersde s"aventurer dans la forêt tout seuls. Mais est-ce quenotremondecontempleencorecesimagesdechevaliers,de sorcières, de féesetd"enfantsperduscomme aupara-vant?Etd"ailleurs,qu"est-cequ""auparavant»veutdireexacte-ment?Cetermeserapporteàcesjoursoùlaviesemblaitplusfacile,oùnousétionspetitsd"âgeetdetaille,etnotreregard, considérablement plus profond que celui d"au-jourd"hui, nous rapprochait d"une vie plus simple, faited"absolu.Nousl"avonslaisséderrièrenous.Unregardquis"a?ranchissait de toute limite et pour lequel les méta-phores n"avaient aucun sens, car tout était réel, puisquec"estàtraverslesyeuxdel"enfantquelescatastrophesetles merveilles du monde se manifestent: pour eux, toutest possible et envisageable. Un regard qui, au ?l dutemps,setransformera.Oupeut-êtrepas.Voicilabeautéde l"imaginaire enfantin - des di?érents imaginaires en-fantins -, qui comme la beauté de la littérature, résidedans l"indélébilité de sa trace. Nous pourrions le cacher,c"est sûr, mais il habite toujours en nous, derrière nosyeux d"adultes. Ainsi, nous vous présentons des enfantsmerveilleusement ordinaires, des enfants qui ressententles vicissitudes de l"existence, qui comprennent que lesfemmesdansleParisdeMomo"sedéfendaientavecleurcul» et qui aujourd"hui, à travers nos écrans, partagentleursregardspourvousfaireparticiperàleurshistoires.Éditorial

Kes(Ken Loach, 1970).

?Des ?lms de notre enfanceLagloiredemonpèreetLechâteaudemamère(1990)nousreplongentdansl"enfanceheureusedeMarcelPagnol,aucœurdesaProvencenatale,oùdomine"lechantdescigalesetlesparfumsdelagarrigue».Maispournombred"entreceuxdontl"âgeavoisineaujourd"huilatrentaineoulaquarantaine,c"estaussidansnotrepropreenfancequenoussommesimmergés,carces?lmsfontpartiedecesœuvresquenousavonsadmiréesànospremièresheuresetquinousrappellentinstantanémentcequenousétionsjadisetcequenousétionsdésireuxdedevenir.Par Jérôme BlondéLa gloire de mon pèreet Le château de ma mère(1990)étantindissociablesde mon histoire personnelle, j"ai dé-cidé de me dispenser ici de l"écriture d"un article clas-sique de cinéma pour me laisser aller à revenir briève-ment sur un passage de mon existence. Il est probableque cela ne stimulera pas l"intérêt de la majorité des lec-teurs, mais j"ai tout de même la présomption de penserque,d"unefaçonoud"uneautre,celapermettradesoule-verquelquesobservationspertinentesquantauximplica-tionspossiblesducinémasurlaviedesspectateurs.Un soir d"été, quelque partvers la ?n de ma vingtaine, lediptyque d"Yves Robert était au programme à la télévi-sion. Je savais, assez grossièrement, qu"il s"agissait del"adaptationdesdeuxpremiersvoletsdesSouvenirsd"En-fancede Marcel Pagnol, tous deux publiés en 1957, maisj"avais, à ce moment-là, la ferme conviction de n"avoir ja-mais vu ces ?lms de toute ma vie, autant que celle de nerienconnaîtredelabiographieduhérosqu"ilsmettentenscène. C"était l"occasion parfaite pour combler de pareilsmanques. Je m"élançais donc avec une certaine hâte àl"idée de découvrir une œuvre nouvelle et l"excitation demelaisserbercer,troisheuresdurant,parledouxrythmedescigalesde l"arrière-paysprovençaldanslestracesdeceluiquideviendralegrandcinéastedeMarseille.Dès les premières minutes pourtant, un soupçon m"avaitenvahi. La musique de Vladimir Cosma (pour laquelle ilobtiendra un César en 1991), la voie du narrateur Jean-Pierre Darras, le visage singulier du père instituteur jouéparPhilippeCaubèreetsadictionimpeccable,meparais-saient,d"unseulcoup,étrangementfamiliers.C"estalorsqu"en un éclair, il m"est apparu que ce que je voyais de-vantmoiétaitloindem"êtreinconnu.Jemesouvenaissu-bitementquej"avaisdéjàeul"occasiondevoircesscènesde vie familiale, peut-être plus d"une vingtaine d"annéesauparavant,lorsquej"étaisenfant.Àmesureoùsedévoi-laient tour à tour le visage d"Augustine, le petit Paul,l"école du chemin des Chartreux (à côté de laquelle j"aimoi-même vécu pendant des années sans même soup-

?çonner un instant qu"elle y avait abrité des personnagesillustres), l"anticléricalisme résolu de Joseph, la bonnerestéeenferméedanslescabinetsdontlaporteservaitdecibledetirouencorela?ertédupetitMarcelbrandissantverslecielazurlesdeuxbartavellesglorieuses,masuspi-cion première s"était mue en une vérité irrévocable. Ces?lms-là faisaient bel et bien partie des rares ?lms, jugésino?ensifspourmonéducation,quemamèrem"avaitau-toriséàvoirdansmaprimejeunesse.Ilssontinstantané-ment devenus de formidables petites madeleines. Toutmerappelaitàunpasséquej"avaisenfouiprofondémentdans ma mémoire et qui n"avait nécessité, en ?n decompte, qu"une mince sollicitation pour éclore à la sur-facedemaconscience.Unevéritableexplosiondenostal-gies"étaitalorsemparéedemoi.En me refamiliarisant avec les aventures homériques deMarcel et son ami Lili des Bellons dans le désert de ga-rigueentourantlemassifduGarlaban,commecellesdelapetite famille Pagnol qui enfreignait la loi en traversant àla hâte les demeures privées des bourgeois du secondempire, je me suis souvenu combien ces ?lms m"avaientpersonnellement marqué, malgré que j"en avais e?acétoute trace apparente de ma mémoire, et combien jem"étais moi-même, enfant, identi?é au personnage dupetitMarcel.Carmoiaussi,jerêvaisdepartiràl"aventuredanslescollines,chasserlespapillons,lesrongeursetlesperdrix. Moi aussi, j"ai nourri l"envie de devenir "her-mitte»et"meretirerdumondepourpenser».Moiaussi,je me laissais facilement intimider par les "jolies petites?lles avec des mollets tout ronds». Moi aussi, je voulaisfairela?ertédemesparentsensachantlireetécrireavanttoutlemondeetêtre"lechampiondel"école».Sansréel-lement m"en apercevoir, une partie de moi-même, de cequejeprojetaisdedevenir,deceenquoijemedécidaisàaccorderdelavaleur,decepourquoij"estimaisqu"ilétaitbon de mener une vie, avait pris forme àmesureoùj"avaisvus"épanouirceminot,souslestraitsd"unJulienCiamacadontlacarrièrecinématographiquenel"emmenajamaisau-delàdesfrontièresrassurantesdes Bouches-du-Rhône, et qui ne devaitpas être, à l"époque où je vis La gloire demon pèrepour la première fois, de plusd"unoudeuxansmoncadet.C"estainsiqu"unevingtained"annéeplustard, devant mon poste de télévision, jeréalisaisque cespremiersémoiscinéma-tographiques avaient eu sur moi un échotoutàfaitretentissantetqu"ilspouvaientpeut-êtreexpli-quer ce qu"il advenait de mon parcours personnel et ceversquoijemedestinais.Nonpasquejedevenaisermiteni même champion de l"école, mais je sentais que ce àquoi j"avais toujours aspiré dans ma vie d"adulte, et ce àquoi j"aspire encore aujourd"hui, pourrait trouver ses ra-cinesauseindecedécoridyllique.Leclimatdesimplicitéet d"insouciance qui ressort de cette vie familiale, où "lebonheurcoulaitdesource,simplecommebonjour»,sansdoutequelquepeuidéaliséparlessouvenirsd"unMarcelPagnol rapportant un passé qu"il sait être révolu, avaitdessinépourmoiceàquoidevaitressemblerunevieheu-reuse, une vie réussie, vers laquelle je m"évertuais àtendre. La franchise, les bons sentiments, la bien-veillance envers autrui, l"obstination à maintenir un ac-

Le petit Marcel entouré de son père et de sa mère.

?cordentresesvaleursmoralesetsesactes,legoûtpourladécouverteetlaconnaissance,l"intérêtéquilibrépourlescultures mondaines et populaires, la sensibilité et le ro-mantisme, tout cela faisait partie du répertoire des traitsetdesattitudesquej"aicherchésobstinémentàacquériretquipré?guraitleportraitfantasméd"unepersonneàla-quellejem"étaise?orcédecorrespondre.Pourlapetiteanecdote,jemesuismêmeamuséàconsta-ter que pendant des années j"avais pris pour mienne laformulegénérale"depuisquel"hommeesthomme,c"estsonidée?xe,voircequ"ilyaderrière»sanssavoirquejel"avaissubtiliséetoutdroitdelaboucheduvieuxbracon-nier. Quelle surprise ce fut de le découvrir! Moi qui pen-sais,chichement,êtrel"auteurd"unemaximeàlaquellejedonnais une valeur toute spéciale pour être un équilibreparfait de simplicité et de profondeur de sens, et qui enplusm"o?raitl"avantagenonnégligeabledecloreavecsa-gesse et poésie des conversations dans lesquelles je nevoyais pas d"issue favorable. J"apprenais, peu de tempsaprès,qu"ondésigne,enpsychologie,cephénomèneparcryptomnésie et qu"il n"est que rarement le fruit du ha-sard. Ces mots qu"on s"approprie de façon erronée,comme je l"avaisfait, revêtent, dansbien descas, une si-gni?cation toute particulière dans le caractère des per-sonnes. Ce fut une preuve supplémentaire de l"impor-tance et de l"influence inconscientequ"avait exercée l"œuvre d"Yves Robertsurmapsyché.Il ressort de ce passage par mon histoirepersonnellequeles?lmsquenousavonsvus enfant, que nous avons aimé voir en-fant,peuventavoir,jecrois,uneinfluenceforte sur ce que nous devenons adultes.Car mon cas est sans aucun doute pluscommun qu"il n"y paraît. Nous connais-sons tous des ?lms que nous avons vusau cours de notre enfance, dont nousconservons une réminiscence plus oumoins vive, qui, d"une façon ou d"une autre, auront tracéles contours des personnalités que nous nous seronse?orcés d"incarner. Le héros d"un western, la princessed"un dessin animé, le bad-boy de l"école, un petit animalgentil et courageux, il n"en faut pas plus aux heures lesplusprécocesdenotreviepourquelesprocessusd"iden-ti?cation et d"imitation se mettent en état de marche etquenousnousforgionsunedestinée.Àcesujet,ilexistedenombreusesrecherchesensciencessocialesdémontrantquelesœuvrescinématographiquespeuvent contribuer à installer ou soutenir chez les en-fants, des idées préconçues et des visions stéréotypéesdu monde qu"ils conserveront solidement jusqu"au boutde leur vie. À titre d"exemple, l"une d"elles, publiée en20111, a montré que les ?lms de Disney étaient suscep-tiblesderenforcerlacroyanceselonlaquelle"toutcequiest beau est bon», ou, dit autrement, que l"attractivitéphysique des personnes et leurs qualités intellectuelleset morales seraient intimement liées. Car e?ectivement,dansles?lmsDisney,lebeauprinceagittoujoursvertueu-sement, tandis que la sorcière malé?que est toujours hi-deuse. Quand on sait à quel point ce genre de croyancedemeure particulièrement prégnante dans l"esprit adulteetdirige,defaçoninconsciente,nosinteractionssociales,onpeutaisémentconclurequeles?lmsdenotreenfance

Le gardien du château de la peur bloquant la route vers la bastide neuve.

?ontunpouvoirconsidérablesurlapersonnequenousal-lonsdevenir.Néanmoins, mon expérience avec l"œuvre d"Yves Robertm"amène à penser que les ?lms ayant composé le pay-sage de notre enfance ne constituentpasuniquementdeformidables agents de contrôle social dont le but est lemodelage desjeunesespritsà l"air du temps, maisqu"ilsassurent aussi des fonctions béné?ques, et notammentpourl"adultequi,commemoi,enrefontladécouverte.Ilscréentdespontstemporels,desespacesdeconnexionetde communication entre notre identité passée, présenteet future. Ils nous rappellent à notrenaïveté, à notre insouciance, commecelle qui faisait croire à Marcel et àPaul que le bébé de l"oncle Jules et delatanteRose,quiaeuxdeuxcomptabi-lisaient 67 ans, naîtrait déjà vieux etavec "une barbe blanche». Ils par-viennent à nous extraire un tant soitpeu d"un monde qui, par bien des as-pects, se révèle un peu trop terne etterre à terre et nous plonge dans ununivers imaginaire et féérique auquelnousnesommesplusenmesured"ac-céder dans nos vies trop a?airées.Maisilssontaussinosgarde-fousetsaventnousrappelerà nos valeurs, nos principes, et à l"adulte que nous nousétionsjurés-crachésdedevenir.Ilssontdespointsderé-férence à travers lesquels nous pouvons estimer la dis-tance que nous avons prise par rapport à nos engage-ments d"enfant et nous en rapprocher si nous jugeonsl"écart trop conséquent. S"ils peuvent paraître d"une im-mensemièvreriepourceuxquilesvoientpourlapremièrefoisà traversleur œild"adulte, ilsprennenttoute leur im-portance pour ceux qui réussissent à les regarder avecleur œil d"enfant, car ils feront réémerger leurs premiersvœux d"avenir et remémoreront le pacte qu"ils avaientscellé avec eux-mêmes sur le genre de personne qu"ilssouhaitaientdevenir.Les ?lms de notre enfance sont ainsi comme des ombresrévélant une partie de soi à laquelle nous avions ferme-ment aspirée quand la vie tout entière s"o?rait encore ànotre imagination et qui, bien con?née dans les tréfondsdenotremémoire,peutresurgiràlalumièreincorruptibled"un projecteur de cinéma. Au fond, ils résonnent pourtout un chacun comme aura résonné pour Marcel Pagnollui-même le souvenir du château de sa mère, le châteaudelapeurqu"ilfallaitfranchirpourrejoindrelabastideen-chantée,aumomentoùilendeviendral"heureuxproprié-taire,desannéesplustard,pourymonterunstudiodeci-néma.Luiaussi,c"estgrâceaucinémaqu"ils"estrappelé,l"espaced"uninstant,desonenfanceetdesesambitionsdepetitgarçon.1 Bazzini,D.,Curtin,L.,Joslin,S.,Regan,S.,&Martz,D.(2010).DoanimatedDisneycharactersportrayandpromotethebeauty-goodnessstereotype?JournalofAppliedSocialPsychology,40(10),2687-2709.doi:10.1111/j.1559-1816.2010.00676.x

La famille Pagnol découvrant le massif du Garlaban.

?The Fall, quand l"imaginaire enfantin s"empare d"un conteAllchildren,exceptone,growup.PeterPan,JamesM.BarrieSilesujetdel"imaginaireenfantinsemblefascinerautantd"artistes,c"estsansdouteenpartiepourlaraisonsuivante:ilestbiendi?ciled"accéderàsessouvenirsd"enfancesanstrahirsavisiondel"époque.Cettevisionpropreànotre"nous»enfant,quidéformelesperspectivesdetaille,detemps,etchangelasigni?cationdesévénements.Cellequinousfaitvivrecettepériodedevieàtraversun?ltrecréatifd"unenaïvetéetd"uneperspicacitébiensouventégales.Par Anissa NaïmThe Fall(Tarsem Singh, 2006) relève le dé? complexe deretranscrirecettevisionsiparticulièrepropreàl"enfance,et s"en sort avec brio. L"histoire se déroule en 1915, dansun hôpital à Los Angeles où Alexandria (Catinca Untaru),une petite ?lle au brascassé faitla rencontre de Roy(LeePace), un cascadeur gravement blessé à la suite d"unechuteviolentelorsd"untournage.Roycommenceàracon-teràAlexandrial"histoired"AlexandreLeGrand,etlerécitprendvie sous lesyeuxdu spectateur. Lorsqu"AlexandriadoitquitterlachambredeRoy,cedernier,àlamanièredeShéhérazade dans Les Contes des Mille et Une Nuits, luidemande de revenir le lendemain si elleveut entendre lasuite. Le ?lm tourne autour du récitde Roy, qui granditetavance avec l"aide progressive des interventions d"Alex-andria.Le génie du ?lm réside dans la manière dont le conte estprésenté à l"écran. Les personnages sont incarnés par lepersonnel hospitalier et les patients qui gravitent autourd"Alexandria, les paysages et les couleurs oniriquescontrastentfortementavecle décor terne etfroidde l"hô-pital.Lespectateurattentifsaisiraalorslesindicesdissé-minésdanslesimagesquipermettentdecomprendrequenous sommes plongés dans l"imaginaire d"Alexandria etque nous vivons le récit à travers ses yeux, plus qu"à tra-versceuxdeRoy.Onpeutciterpourexemplelareprésen-tationdupersonnageindien,qu"Alexandriaimagineavecles traits d"un immigré indien travaillant avec sa familledans une orangerie, alors que le spectateur comprendqueRoyfaisaitréférenceàunIndiend"Amérique.

?La relation qui naît entre les deuxpersonnages est belle,douce,touchante,maisaussicruelle,etàl"imagedurécitdeRoy,netombejamaisdanslamièvrerie,lemielleuxoula facilité. On se laisse porter par l"aventure racontée parRoy, on s"attache à ses personnages excentriques, ons"émeutde leursexploits. Etde retour dansla réalité desdeux protagonistes, on se surprend à être dans la mêmeattentequ"Alexandriaetàvouloirreprendrel"histoirelàoùRoyl"alaissée.Une réelle authenticité émane du ?lm, probablement enpartiedueaufaitqueCatincaUntaru,quijoueAlexandria,neconnaissaitpasl"entièretéduscriptetdécouvraitl"his-toire au fur et à mesure du tournage. Par ailleurs, leslignes de dialogues et les réactions d"Alexandria étaienttrèspeu écrites,TarsemSingh privilégiantla spontanéitédelajeuneactrice.Cetteauthenticiténotablevientégale-mentduchoixduréalisateurdenepasabuserd"e?etspé-ciauxou de décorsfabriqués, ce qui a amené l"équipe detournage à voyager et ?lmer dans plus de 20 pays di?é-rents incluant l"Inde, la Chine, l"Italie, la France, la Nami-bieetl"AfriqueduSud.The Fallmérite sa place sur votre liste de ?lms à voir, carc"est une merveilleuse découverte cinématographiquedanslaquelleonprendplaisiràplonger,etdontlasincéri-té,lajustesse,labeautéetl"amourdel"imaginaireenfan-tinontobligél"auteureàvouslaprésenterici.

The Fall(Tarsem Singh, 2006).

Poster du ?lm Pinocchio(Matteo Garrone, 2019).

?Nous ne sommes jamais trop vieux pour vivre une aventureJeconsidèrequetoutelistedoitcommencerparPinocchio,quejeconsidèredepuistoujoursunmodèledenarra-tion,oùchaquemotifseprésenteetrevientavecunrythmeetuneclartéexemplaires,chaqueépisodeaunefonc-tionetunenécessitéedansledessingénéraldelapéripétie,chaquepersonnageaunecaractéristiquevisuelleetunlangagequiluisontpropres.Siunecontinuitépeutêtrereconnuedansmapremièreformation-disonsquepar-milessixetlesvingt-troisans-c"estcellequivadePinocchioàl"AmériquedeKa?a.ItaloCalvino1Par Leandra PatanéQui n"a jamais entendu parler de Pinocchio, la marion-nette-enfantlapluscélèbreaumonde?Inscritdanslalit-térature de l"enfance, il contribue depuis sa création à laformation de l"imaginaire enfantin2, tant italien que pla-nétaire. Pinocchio est le protagoniste de nombreusesaventures rédigées par Carlo Collodi entre les années1826et1890.Collodin"estqu"unpseudonymeinspiréduvillage d"origine (Collodi, Toscane) de la grand-mère del"auteur dont le nom o?ciel est Lorenzini. La storia di unburattinoainsi que sa suite Le avventure di Pinocchioat-teignentunsuccèsplusquefoudroyantentermesdepro-portionsetderapidité.ApparusdansleGiornaledeiBam-bini,Pinocchioetseshistoiresontvitefaitletourdelapla-nète,enétanttraduitsdanstouteslesprincipaleslanguesdumonde.Lastoriadiunburattinoestconçueetréaliséecomme un texte réaliste et fantastique parsemé de nom-breux passages à connotation gothique (le point culmi-nantde l"angoisse se révèle à la ?n, lorsde la pendaisondePinocchioparlechatetlerenard).L"œuvre change d"atmosphère dans sa deuxième éditionLe avventure di Pinocchio. Collodi fait preuve d"unegrande ductilité en réalisant un roman "di formazione»pourvu d"une intention pédagogique manifeste et d"uneambiance davantage féérique et métaphorique par rap-portàsapremièreparution.LanotoriétédePinocchioestsouvent associée à sa double nature. En e?et le protago-

??nisteestàlafoisunêtrefantastique,connotationquijus-ti?e ses facéties et le puri?e de toute culpabilité, mais ilestaussiunenfant,etentantquetel,celles-ciparaissentmalicieusement captivantes. À la base de ce personnagerègneleprinciped"indépendance,quilepousseàunere-cherche permanente de liberté. À travers Pinocchio, cesentiment se traduit en actions visant l"infraction desrègles:enpotentiellessituationsdedangeretsurtoutenaventures. Il n"est guère étonnant d"apprendre que la cé-lébritédecettepetitemarionnettedevenueunvraigarçona traversé les siècles et résonne encore aujourd"hui. Pi-nocchio s"est évadé de sa première nature écrite pours"emparer de la scène cinématographique, ce qui leconforteencoreunefoisdanssapositiond"œuvreimmor-telle et toujours au goût des jeunes et des adultes.Denombreux ?lms se sont inspirés de ce roman, parmi les-quels (en ordre chronologique et choisis de façon arbi-traire): Pinocchiode Walt Disney, sorti en 19404,Pinoc-chiodirigéetinterprétéparRobertoBenignien2002etPi-nocchioécrit et dirigé par Matteo Garrone, que l"on a pudécouvrir en juillet 2020 sur les écrans des salles obs-cures helvétiques3où R. Benigni apparaît dans le rôle dupère et non plus comme l"enfant/marionnette. Bien quelestrois?lmsportentlemêmeintituléetqu"ilss"inspirentdelamêmehistoire,ilsrestenttroisinterprétationsextrê-mement di?érentes l"une de l"autre. La première, en for-mat dessin animé est à la fois la plus ancienne des ver-sions citées ici, mais aussi la plus distante de l"histoireoriginelle. La deuxième estprobablementla plus?dèle àl"œuvre de Collodi. Il s"agit d"un ?lm totalement Made inItalyqui aurait du être initialement dirigé par le célèbreréalisateurFedericoFellini,maisquia?nalementététour-néparlegrandgénieRobertoBenigni.Le?lmrendjusticeàl"histoireoriginelle,enrestituantuneambiancedepau-vreté et restant conforme à certaines scènes gothiquescommecelledelapendaisondePinocchio.Letroisièmeetdernier ?lm est l"adaptation de l"histoire de Pinocchio laplusrécenteréaliséejusqu"àprésent.Onretrouveauseindecettedernière,entreautre,RobertoBenignijouantnonpluslerôleduprotagonistemaisceluideGeppetto.Avec une production aussi massive à partir d"un seulnoyau bien précis, nous pouvons nous demander queltype d"évolution a subi cette histoire et comment elleréussitencoreaujourd"huiàfairepreuved"originalité.La toute première di?érence digne de considération con-cernelepersonnageprincipaletplusprécisémentsatrans-position en image. La petite marionnette, fauteur detroubles,sortsurlegrandécransousformatdedessinani-méen1940,entrantainsidanslagrandefamilledeDisney.Sonjeunepersonnageprendlaformed"unpantindontlescaractéristiques physiques évoquent plus facilement lesdouxtraitstypiquesdesenfants5plutôtqueceuxanguleuxet allongés déjà inscrits dans la tradition iconographiqueliée au célèbre personnage6. De plus, le protagoniste pro-poséparlaversionDisneymanquedecruautéparrapportà

Pinocchio(Roberto Benigni, 2002).

??celui d"origine, inventé par Collodi.Lagravitédesactionsmisesenscènepar le Pinocchio des années 1800laisse la place à un jeune pantin trèsmalchanceux et d"une sympathiedésarmante,maistoutdemêmeindi-vidualisé par son incorrigible com-portement.En 2002, R. Benigni dirige et inter-prète Pinocchio. Ce choixdonne uneparticularité au personnage qui ledistinguedesdeuxautresversionsiciproposées. L"acteur, à cette période,à quarante-cinq ans, facteur qui nel"empêche pas de personni?er unêtre destiné à devenir un jeune gar-çon. Benigni réussi à compenserl"écart générationnel grâce à son es-sencenaturelleetsonemploidel"ironie,qualitésinnéesdece dernier. L"amour de l"interprète italien pour le petitper-sonnaged"origineToscanesemanifestedanssonjeud"ac-teurdéjàen1997,annéedesortieensalledeLavitaébella,(?lm qui avalu à Benigni plusieursOscars). En particulier,lorsqu"onpenseàlascèneoùBenigni(quijouelerôled"unpère juif pendant la deuxième guerre mondiale) fait sem-blant de marcher comme un pantin aux cotés des nazis7.Cecipourraitêtreinterprétécommeunacteridiculeetinap-proprié, spécialement si l"on considère le contexte histo-rique. Toutefois, le résultat de cette allusion littéraire dé-gage un message d"espoir et de con?ance voué à dureréternellement. Benigni, en personne dans une interviewpour le dernier ?lm dédié à la marionnette la plus célèbredumonde,sortien2019,aa?rméque"?ndapiccolo,ve-nivochiamatocosì(Pinocchio).AncheFedericoFellinimihasoprannominato "Pinocchietto" e nei suoi taccuini mi hasempre disegnato come il burattino.»8Le ?lm paru en2019,fortdesnouveautésdansledomainedumaquillagecinématographique,o?reaugrandpublicunPinocchioex-trêmement réaliste. Interprété par lejeuneacteurFedericoIelapi,leprota-goniste obtient des traits de pantingrâce aux grandes compétences entermes de maquillage de Mark Cou-lier.L"artistemaquilleur(deuxfoisos-carisé pour The Grand Budapest Ho-teletTheIronLady,engagédansdes?lms commeHarry PotteretBohe-mian Rhapsody) est parvenu à re-créer "l"allure magique» indispen-sable et indissoluble de Pinocchio,toutenconservantleréalismepropreà l"environnement et aux inventionsconçuesparl"imaginationdeCollodi."[Perpiacereatutti,adistanzadianni,ilsegretodiPinocchiorisiedenelsuoessere]universale.Appartieneatutti,quandorespiriamoperlastradaoordiniamounca?è,Pinoc-chioèlìefapartedituttinoi.Ècomeilsole,cia?asci-nacomeilmare,qualcosaincuicitu?amodentroenoncapiamopiùnulla,perchéciavvolgeeciprendetuttalanostraanima.PerchéPinocchiovaoltreisi-gni?catisemplicidellastoria,vistochetoccalenostreprofondità.»9En e?et, Pinocchio touche à des concepts anthropolo-giquesetpsychologiquestoujourstrèsactuels,unaspectdu profond qui nous concerne tous. Il soulève ainsi lethèmede"l"ambiguïté»del"êtrehumain.UnsujetcheràFreud,qu"ilaborderaen1919avecsonessaiL"Inquiétanteétrangeté: "Le perturbant est ce genre d"épouvantablequiremonteàcequenoussavonsdepuislongtemps,àcequinousestfamilier».DanslecasdePinocchio,cetteam-biguïté se concrétise d"abord par sa double nature. Bienqu"ilsoitunêtreinaniméetdoncinsensibleaufeu10,ilestjonché de caractéristiques propres à un être vivant, dé-

Pinocchio(Norman Ferguson, T. Hee, 1940).

??montrées par certains besoins physiologiques comme lafaim. Ils"agitdoncd"un personnage à mi-chemin entre lavie et la mort, le bien et le mal, comparable à Franken-stein,célèbrecréatureissuedugénielittéraireMaryShel-ley."Pinocchiorappresentatuttinoi,perchétuttinoinas-ciamopuri,maPinocchio,comeDonChisciotte,lori-mane,perchénonpensachenelmondocipossaes-sereilmale.Èdalìchepartonolagrandeavventuraelalibertà.EdèperquestocheognunosirifàdentrodisélastoriadiPinocchiochepiùama.Eognivoltaènuova.»11La deuxième source d"ambiguïté est représentée par lamétamorphose, thème inscrit dans une tradition an-cienne qui trouve en Ovide l"un de ses représentants lesplus célèbres. La marionnette subit une première trans-formation en âne (issue de la tradition mythologique del"Âned"ord"Apulée),puisunedeuxièmeengarçon,cequiinscrit l"histoire de Pinocchio dans un modèle de "nais-sance - perte - nouvelle naissance» qui détermine unetransformation non seulementphysique maisprincipale-ment psychologique, jusqu"à atteindre la récompense laplus haute. Italo Calvino, aussi nommé le "Grimm Italia-no»12en référence à son important travail de philologuesurlesfablesitaliennes,acon?rméque"[Pinocchioha]lacapacitàdisopravvivereindenneaimutamentidelgusto,dellemode,dellinguaggio,delcostumesenzamaiconos-cere pericoli d"eclisse e d"oblio»13. Dans toutes ces va-riantes, quelles qu"elles soient, Pinocchio semble êtrenotrepassé,notreprésentetilyadeforteschancesqu"ilnousaccompagneaussidansnotrefutur.

La vita è bella(Roberto Benigni, 1997).

??1 "OgnielencocredodevecominciaredaPinocchiochehosempreconsideratounmodellodinarrazione,doveognimotivosipresentaeritornaconritmoenettezzaesemplari,ogniepisodiohaunafunzioneeunanecessitaneldisegnogeneraledellaperipezia,ognipersonaggiohaun"evidenzavisivaeun"inconfondibilitadilinguaggio.Seunacontinuitàpuòessereravvisatanellamiaprimaformazione-diciamofraiseieiventitréanni-équellachevadaPinocchioaAmericadiKa?a».InterviewdeM.Corti"Autografo»,II,6,octobre1985.2 A.Faeti,Letteraturaperl"infanzia,laNuovaItalia,Firenze,1994.3 RTSCulture,Cinéma,mai2020.https://www.rts.ch/info/culture/cinema/11300614-la-vod-et-le-streaming-n-ont-pas-?ni-d-ebranler-les-salles-de-cinema.html4 FilmPinocchio,2002.5 ScreenshotdePinocchiodutrailerpourle?lmPinocchio(1940).WaltDisney.6 CarloLorenzini,1826-1890,Primaedizioneinvolume,LeavventurediPinocchiostoriadiunburattino.Firenze,FelicePaggi,1883.7 FilmLavitaébella,1997.8 "Dèsl"enfance,j"étaisappeléainsi(Pinocchio).FedericoFellini,aussi,m"asurnommé"Pinocchio"etdanssescarnets,ilm"atoujoursdésignécommelepantin.»InterviewR.Benigni,?lmPinocchio,2019.9Ibidem[Pourplaireàtous,depuisplusieursannées,lesecretdePinocchioreposesursoncaractère]universel.Ilappartientàtous,quandl"onrespiredanslarueouquel"oncommandeuncafé,Pinocchioestlàetilfaitpartiedenoustous.Ilestcommelesoleil,ilnousfascinecommelamer,unechosedanslaquelleonplongeetonnecomprendplusrien,puisqu"ilnousenveloppeetilnousprendtoutenotreâme.ParcequePinocchiodépasselesigni?cationssimplesdel"histoire,étantdonnéqu"iltoucheànotrenousprofond.»10 FilmPinocchio,2002.11 "Pinocchionousreprésentetous,puisquenousnaissonstouspurs,maisPinocchio,commeDonQuichotte,lereste,cariln"imaginepasquelemalpuisseexisterdanslemonde.Decelapartentlagrandeaventureetlaliberté.C"estainsiquechaqueindividureproduitensoil"histoiredePinocchioqu"ilaimeleplus.Etàchaquefoiselleestnouvelle.»InterviewR.Benigni,?lmPinocchio,2019.12 FrancescaSerra,Calvino,Roma,Salerno,2006.13 Calvino,I.,1981,MaCollodinonesiste,"LaRepubblica»."[Pinocchioala]capacitédesurvivreauxchangementsdegoût,demode,dulangage,ducoutume,sansjamaisconnaîtrelesdangersd"uneéclipseetdel"oubli.»

Carlo Lorenzini, 1826-1890, Prima edizione in volume, Le avventure di Pinocchio storia di un burattino. Firenze, Felice Paggi, 1883.Pinocchio(Matteo Garrone, 2019).

??Pinocchio(Roberto Benigni, 1997).

Œdipe roidePierPaoloPasoliniOnnerevientjamaisàl"innocence[del"enfance].Nonseulements"ils"estavéréêtrecoupable,maisils"estaussiavéréêtreinnocent.Leregolediun"illusione,P.P.PasoliniPar Flaminia AlbertiniC"est avec cette déclaration que Pier Paolo Pasolini nousconduit à sa vision du monde de l"enfance. La ?gured"Œdipe intéresse Pasolini non pas pour sa stature tra-gique, ni même pour les implications psychanalytiquesimplicites dans l"interprétation freudienne, mais surtoutpour l"angoisse autobiographique du réalisateur, pourson propre "complexe d"Œdipe». Pasolini ajoute aucontenu de la tragédie grecque un prologue et un épi-logue se déroulant dans le monde contemporain; ce fai-sant,leréalisateurattribueàla?gured"Œdipeuneanxié-Œdipe (joué par l"acteur Franco Citti) se rend aveugle: perdre l"innocence de l"enfance, et surtout s"en rendre compte, est trop lourd à supporter. Il vaut mieux éviter de "voir». Œdipe Roi(Pier Paolo Pasolini, 1967).

??té et un sentiment de dissolution qui surmontent laconsternation du héros tragique, lui conférant ainsi unedignité universelle. L"histoire d"Œdipe prend forme dansl"enfance, à travers les actions et les sensations de l"en-fantquidevientunemblèmedela"conditionhumaine»,d"une vie aveuglée par le désir de ne pas savoir ce qu"onest, d"ignorer la propre "vérité». Le véritable thème du?lmestprécisémentlaculpabilitédel"innocence.Pasoliniadorait sa mère, Susanna Colussi. Mais son adorationn"était pas seulement extrême, elle représentait pour luilasource,l"originedetout.Duranttoutesonexistence,ilasublimé la ?gure de sa mère. Le conflit, cependant, pourdesraisonsdecaractèreetd"idéologie,étaitprésentdansla relation avec son père. Cette introduction apparaît né-cessaire pour représenter, non seulement en termes decontenu,maisaussidenarration,l"ŒdiperoidePasolini,ce qui con?rme l"utilisation du mythe comme métaphoredeladynamiquehumaine.Maisdansl"œuvredePasolini,le mythe de l"Œdipe de Sophocle est celui réélaboré parSigmundFreud,quivoitdansladoublerelationbilatéralepère-?lsetmère-?lsdel"imaginationinfantile,etenparti-culier dans le processus d"identi?cation de l"enfant avecle parent de même sexe dans l"enfance, le fondementstructureldudéveloppementdel"enfant.LeremaniementdelatragédiegrecquedeSophoclesousl"apparence du complexe d"Œdipe est immédiatement

Œdipe et sa mère (jouée par Silvana Mangano) dans des attitudes intimes et parfois sensuelles. Scènes qui visent à montrer la réalisation du complexe pour décrire comment l"enfant mûrit l"identi?cation avec le parent de son propre sexe et le désir (aussi sexuel) envers le parent du sexe opposé.Œdipe Roi(Pier Paolo Pasolini, 1967).

??évident dans le prologue, qui, comme l"épilogue, etcontrairementaurestedu?lm,sedérouledanslestempsetleslieuxchersau poète frioulan. Dansle prologue, Pa-solininousemmènedanslesprairiesdeCasarsa(sonlieud"origine), où il nous montre un bébé (lui-même) enlanges, la tendre mère et le père, un o?cier de l"armée,qui voit en l"enfant celui qui déchirerasonamourenverssafemme-mère.Cesscènes initiales, prises dans la pers-pective de l"enfant, expriment ledrame psychologique de l"enfant parrapport à l"aliénation provoquée parl"exclusion, nécessaire, du partage dela relation intime exclusive entre pèreet mère. Dans la première scène, sedéroulant dans une intime année1922,Pasolinisevoitenveloppéd"uneprotection maternelle (l"actrice Silva-na Mangano suggère à cet égard ledramefuturavecplusieursregardslangoureuximprégnésd"une sensualité morbide); et le cadrage dynamique etcirculaire desarbresdu pointdevue subjectifde l"enfantestsigni?catif,uneperspectiveencorenaïvequitestesonentréedanslemondeàtraversuneexpériencedepercep-tion innocente et idyllique, bientôt destinée à la désillu-sion. Les arbres couvrent presque tout le ciel et symbo-lisent le désir de l"enfant de savoir, de parvenir à uneconnaissance qui est cependant entravée soit par les li-mitesdelavue,soitparlesobstacles,d"accéderàuneas-pirationquienelle-mêmeestdéjàcastréeàl"originedanscetŒdipecontemporainquimetenscèneuneincarnationmoderne de l"odyssée intérieure de l"auteur. L"utilisationredondante de plans longs, au débutdu ?lm, sert précisément à expliquercomment ce désir reste insatisfait etcomment le protagoniste lutte, dès lanaissance, pour trouver son identitédans le monde. La ?gure paternelle,comme dans toutes les versions res-pectablesdudrameœdipien,apparaîtégalement dans ce ?lm pour unecourte durée et avec une connotationabsolument négative, dans la scèneoù le père, un pater familiasarchéty-palexerçantledroitancestraldevieetde mortsur sa progéniture, attrapeviolemmentlespiedsde l"enfant, le tenant en l"air. Dès le départ donc, le pèreestpré?gurécommeunrival,commel"objetdesaproprehaine par réflexe, un étranger à détester, un antagonistequilerepousseetlepousseenmêmetempsversunesé-ductionmaternelleinaccessible.La grandeur et l"originalité du Œdipe roide P.P. Pasolini peuvent être clairement identi?ées grâce à la variation radicale opérée par le réalisateur à la fois par rapport au modèle grec et par rapport à la tradition littéraire.

??La grandeur et l"originalité du Œdipe roide P.P. Pasolinipeuventêtreclairementidenti?éesgrâceàlavariationra-dicaleopéréeparleréalisateuràlafoisparrapportaumo-dèle grec et par rapport à la tradition littéraire: Pasolini,investitégalementleparricideavecuneimplicationlibidi-nale. En rencontrant son père (le roi Laius), Œdipeconsomme, le tuant, non pas tant sa soif de sang ou decruauté,maissondésirderébellionetd"autonomisation.Enfait,iltueleroideThèbesnonpastantpoura?rmersasupériorité, mais parce que l"hommequi se présente devant lui est recon-naissablecommela?guredupère,in-carnation et symbole d"une autoritéostentatoire, également visible à tra-vers la couronne exagérément haute.Laiuslui-mêmesecomporteavecarro-gance, se sentant intimement menacé par le jeunehommequisetientdevantlui.Àcestade,lespectateursesouvient immédiatement de la scène déjà citée du pro-loguedanslaquellelepère,regardantavecsuspicionsonpropre?ls,prononcecesmots:"Levoici,le?ls,quipren-dra progressivement votre place dans le monde. Oui, ilvous chassera du monde et prendra votre place. Il voustuera.»Àtraversceprocessusdetransitiondel"histoireaumythe,le réalisateur rend la théorie freudienne universellementvalable:iln"yaplusdeconceptidylliquedefamille,maisen son sein, il y a une relation conflictuelle entre père et?ls.En conclusion, selon la façon dont Pasolini a conçu ce?lm, il semble y avoir une autre signi?cation plus pro-fondeetpluscachéedanscettetragédie,etuneautrelec-ture possible: le personnage d"Œdipe est considérécommelerefletdel"inconscientcollec-tif,denoustous,ducomplexedel"en-fantdontlespulsionsoulesdésirsre-foulés sont le désir d"éliminer le pèrepour rester seul avec la mère, poussépar une pulsion érotique qui, puis-qu"elleo?enselamorale,serefuseàlacroissance de l"individu, mais qui resterait latente dansl"inconscient.Selon Pasolini, voir le rêve d"enfance deve-nirréalitéeste?rayant,etpourcetteraisononpréfèreévi-tercettescène,commeFreudl"avaitthéorisédanssonin-terprétation des rêves. Nous préférons "nous aveugler»,commeŒdipe.Puisquetouslesspectateurs-oulecteurs- possèdent ce fantasme dans un endroit caché de leurpsyché,quandilslevoient,ilsréalisentqu"ilssontàlafoisdégoûtésetfascinés.Voir le rêve d"enfance devenir réalité est e?rayant, et pour cette raison, on préfère éviter cette scène.

Un berger marche le long d"un chemin désertique, portant sur ses épaules un enfant attaché à un long bâton en bois, comme une petite chèvre. Cette scène, qui a en fait été choisie comme image de l"a?che o?cielle du ?lm, n"est pas seulement le début de la célèbre tragédie sophocléenne de laquelle le ?lm est inspiré, mais elle est aussi emblématique et représentative des disputes et des polémiques entre Œdipe et son père. Œdipe Roi(Pier Paolo Pasolini, 1967).

????Andrea (interprété par Stefano Colagrande), un garçon incompris.

????La douce enfance chez Luigi ComenciniSouventboudéparlacritiqueitaliennequin"yvoittôtdanssacarrièrequ"unmetteurenscèneportésurlesmélodramesàlasensibilitéàfleurdepeau,etignoréenFranceetenSuisse,Comenciniasouventpartagélacritique,etmêmeparfoislepublictantôtparcertainslongsmétragesmalaccueilliscarincomprisparuneépoque,tantôtpardes?lmsdontl"émotivitédérouteetinterpelle,commecefutlecaspourIncompreso.Par Elias Manuel Abou-CharafAvecmaestria,LuigiComenciniaréussiàsouventmontrerl"enfance sans ménagement, mais toujours avec bien-veillance, comme dans Heidien 1953, Casanovaen 1969(dontils"intéresseparlajeunessedufameuxamant-onest loin du personnage bizarro-comique incarné par Do-naldSutherlanddansleCasanovadeFellini,quelquesan-nées plus tard) le documentaire I Bambini e noi(Les en-fants et nous, documentaire-enquête réalisé pour la RAI)en1970etLesaventuresdePinocchioen1971.Pourtoutescesraisons,onluiasouventfaitporterletitrederéalisateurdumondedel"enfance.Focussurle?lmIn-compresode ce metteur en scène qui a su, comme nulautre ailleurs, porter à l"écran avec une douceur certaineet une ?nesse imparable une enfance à la fois tendre etamère.UnréalisateuritalienauxjeunesannéesenFranceComencini est né en 1916 dans la province de Brescia enItalie. À neuf ans, sa famille quitte l"Italie pour s"installeren France où le jeune Comencini fréquente le lycée jus-qu"en 1934. Il retourne à Milan entamer des études d"ar-chitecture,pourensuitedevenirjournaliste,photographeet critique de cinéma pour plusieurs publications ita-liennes.Son premier court métrage, Bambini in città, estprésentéàCannesen1946.Ce n"estque troisansplustardque son ?lm L"imperatorediCapriconnaîtlesuccès.Celui-ciaentêted"a?cheTotò,undesnomslespluspopulairesdelacomédieenItaliedel"époque. Néanmoins, son nom est vite associé, commecelui deVittorio DeSica, à un genre de cinéma toutparti-culier:lenéoréalismerose.Noussommesloindeladuresévérité du néoréalisme italien (comme par exemple Levoleur de bicyclette) mais pas tout à fait dans la brutalitédelagrandecomédieitalienne.Danscettemêmeveineeten 1966, Comencini réalise un chef-d"œuvre sur les di?-cultés de l"enfance et du deuil: Incompreso,L"incompris,inspiré du roman victorien de 1869, Misunderstood, deFlorenceMontgomery.L"incompris,unehistoiretristeetprofondeSirJohnDuncombeestleconsulgénéralduRoyaume-Unià Florence. Il devientveuf alors que ses deux?ls, Andrea

??et Milo, sont encore enfants. Il apprend le décès de safemmeàAndrea,l"aîné,etdemandeàcequelavéritésoitcachée à Milo, le plus jeune. Andrea, bien qu"a?ecté auxyeux de son père, réagit apparemment avec la maturitéd"unadultefaceàlapertedesamère.Ils"occupedupetitMilodanslagrandedemeurebourgeoisefamiliale,allantmême prendre le blâme pour les bêtises et comporte-ments espiègles de son frère et l"assumant de par sa sé-niorité.Enraisondesesfonctions,lepèreestsouventab-sent, tant physiquement qu"émotionnellement, et semontre plus dur envers Andrea. Ce dernier, qui montreune façade qui occulte ses sentiments, est en réalitédésespéréparlamortdesamère;lecomportementfroidetl"indi?érencetémoignésparsonpèrenefontqu"inten-si?erlesentimentd"abandonetdesolituderessenti.La visite de l"oncle Will qui vient passer quelques joursdans la belle villa florentine constitue un moment de ré-pit:cevieilhomme,anglaisetcocasse,estleseulperson-nageàcomprendreladouleursecrèted"Andreamêléeàla?erté,ettentederapprochercedernierdesonpère.Maiscen"estqu"unevaineparenthèse.Alors que tout le monde continue de s"a?airer autour dujeuneMiloquel"oncroittrèsfragile(etqui,enréalité,estplus solide qu"on ne le croit; Comencini appelait cela la"méchanceté naturelle», une propension des jeunes en-fants qui détruisent involontairement les autres autourd"eux pour se protéger eux-mêmes tout en démontrantuneformederésilienceinsoupçonnée)lavéritéestqu"An-drea s"engou?re dansun accablementtrop dur à suppor-ter.Seul, confus, et surtout incompris, il ne parviendra àcommuniquerquetroptardavecunpèrequilecroitinsen-sible.Un?lmlui-mêmeincomprisLorsqu"ilestprésentéauFestivaldeCannesen1967,l"ac-cueilréservéau?lmestbienfroid:huéparlamajoritédescritiques, on considère qu"il s"agit d"un ?lm commercialqui a "exploité les pires e?ets mélodramatiques pourspéculer sur la sensibilité de spectateurs faciles à atten-drir. Pendant près de deux heures, les enfants nous ontfait assister à un incroyable numéro de cabotinage et deniaiserie.»peut-onliredansLeMondedu6mai1967.UnautrejournalistedelarevueCinéma67dira:"Onn"apasle droit devenir tripoter avec de grosses mains d"adultesceroyaumeinterdit,cemondemystérieuxdel"enfance.Cecinéma-là, c"est vraiment le pire, celui pour lequel on sedoit de n"avoir aucune indulgence, parce qu"il ne mériteaucunrespect.»D"autresjournalistesdelarevueJeuneCi-némadiront: "Basse sensiblerie, mélo au mauvais sensdumot,complaisanceslesplusaccrocheusesfontdu?lmde Comencini une œuvre assez répugnante.» Quelquesannées plus tard, alors que le public a?che un regaind"intérêt pour Comencini grâce aux Aventures de Pinoc-chio, on va décider d"exhumer L"incomprisqui fera un re-tour en salles en France en 1978, soit onze ans plus tard.Cettefois-ci,néanmoins,le?lmestacclamé...

Milo, un garçon espiègle et plus résistant qu"il n"y paraît.

??LemotduréalisateurDansunentretienréaliséàRomeenjanvier19731,voicicequeComenciniditdesonpropre?lm:"J"avais lu le roman dans mon enfance et je me rappelleavoir pleuré tant et plus. En le relisant, je me grattais latête,parcequec"étaitunpetitbouquinvraimentignoble,unemachineàfairepleurer.C"estécritparunevieille?lle:le père est un monstre, la mère au ciel est un ange. Il yavaitdéjàunscénariobienmeilleurquelelivre,maisiln"yavaitpaslesélémentsquim"ontleplusintéressé,lesrap-portsentre deuxâgesprécisde l"enfance, etlesrapportsdecesdeuxâgesaveclepère.Dansmes?lms,la?guredupère m"a toujours intéressé. Parmi les éléments absentsdulivreetquej"aiintroduitdansle?lm,ilyalaméchance-té naturelle spontanée de Milo, le cadet. Pour un enfanten-dessous de douze ans, je refuse les termes "bon","méchant".L"enfantmanifesteuntempérament:ilestvi-vace, triste, pensif, fantaisiste, songeur, impétueux. Cesontdeschosesnaturelles,commededirequ"ilestblondoubrun,qu"ilalesyeuxsombresouclairs.Milo,danssali-berté,estd"unégoïsme,d"uneméchancetéimpitoyable.C"estuneméchancetéémouvante,parcequec"estla"mé-chanceté" des animaux, une méchanceté vitale. Le plusnavrant, c"est l"enfant qui semble sûr de lui, alors mêmequ"il commence à être dans l"insécurité, à être condition-

Sir Duncombe fait tout son possible pour protéger son ?ls Milo.L"Oncle Will o?re un moment de répit à Andrea.

??né.Ilsait,Andrea,l"aîné,quesamèreestmorteetqu"ilnefautpasle dire, mais, parce qu"ilne peutpasen parler, ildevientmoinslibre,ilpassepourcequ"iln"estpas,unin-grat.Ilcommenceàêtreprisaupiègedecertainesrèglesde convenances sociales observées dans la famille où ilvit.Pour L"incompris, lescritiqueshabituelsm"ontaccusé den"avoir pas fait un ?lm "populaire", d"avoir fait un ?lmd"évasion.Moravia2m"aditautrechose:"Noussommesàl"époque de Freud, que diable! Va-t-on encore parler decespetitsproblèmes?"Jepensecependantquepersonnen"ajamaisréaliséde?lmoùl"onvoyaitlesenfantscommeça. Le choix d"un milieu riche, apparemment exempt deproblèmes, n"est pas dû au hasard. Dans un H.L.M, il y atant d"autres problèmes tellement plus urgents que cer-tainesanalysesdeviennentimpossible.Nous avons donc pris le modèle bourgeois exacerbé, lacagedorée.Pourquoiprendreunpetit-bourgeois,etdon-ner ainsi l"impression de condamner une classe intermé-diaire?Non,icinousavonslasolitude,quirendplusaigusles problèmes intérieurs de la famille. Andrea, l"aîné, es-saye un moment de se sauver. Comment? En allant dansun cinéma populaire, en crachant son chewing-gum, eno?rant un Coca à la petite ?lle du patron du manège, encherchantànouerdenouveauxrapports.Iléchoueparcequ"iln"estpasprêt,ilavécudansunautremonde,ilrestele petit monsieur qui joue à être peuple. C"est cette soli-tudequileconduitàunemortquasivolontaire.Cequej"aiessayédefaire,avecL"incompris,c"estun?lmsans époque. J"ai réussi, je crois, à donner cette impres-siond"unecertainerigueur,oùtoutestessentiel;laseuleautoqu"onyvoitestuneJaguardéjàunpeudésuètepourl"époque. On ne sait pas si c"est un ?lm moderne ou un

Andrea, incompris, se réfugie dans la solitude.Échau?ourée enfantine.

???lmencostume.Cetteannée,jel"aimontréàBetteDavis,dans la version anglaise que j"ai faite avec tant de soin(soin assez largement perdu: ce fut un échec en Angle-terre),etelle,quiabeaucoupaiméle?lm,n"apascomprisquec"étaitun?lmfaitilyasixans;celam"afaitbienplai-sir.»Préparezvosmouchoirs...L"incomprismélange en son sein deux thèmes souventdi?cilement conciliables: l"enfance et le deuil.Chef-d"œuvredugenremélodramatique,sansluiattribuerl"as-pect péjoratif du genre, c"est un ?lm qui centralise beau-coupd"émotionavecdélicatesse.Commele?lmestprincipalementracontédupointdevued"Andrea, le spectateur appréciera l"immense talent dujeuneStefanoColagrande,quin"aquedixanslorsdutour-nage (et dont ce ?lm sera l"unique expérience cinémato-graphique;aujourd"hui,c"estunmédecinétabliàRome).Seshumeursetsesexpressionsdépeignentl"agitationetl"anxiétédugarçon,demanièreàcapturerlecœurdesté-léspectateurs. Surtout, gardez un mouchoir à portée demaincarl"e?etestassuré:lascènemontrantengrosplanles yeux larmoyants de l"enfant avec pour fond sonore ledeuxième mouvement du Concerto pour piano no. 23deMozartvousresteralongtempsgravéedanslamémoire...1 EntretienréaliséàRomele5janvier1973,traductiondePaul-LouisThirard.2 AlbertoMoravia,célèbreécrivainitalienduXXesiècle.

Andrea se permet une promenade à Florence.

??Scènes de jeuIlexisteunesortedepays,trèspetit,sipetitqu"ilressembleunpeuàunescènedethéâtre.Ilesthabitédeuxoutroisfoisparjourparsonpeuple.Leshabitantssontpetitsdetaille.S"ilsviventselonleslois,entoutcas,ilsn"arrêtentpasdelesremettreencause,etdesebattreviolemmentàcepropos.Cepayss"appelle"LaCour»,etsonpeuple"LesEnfants».Lorsque"LesEnfants»vontdans"LaCour»,ilsdécouvrent,éprouventla"forcedesentimentsoulaservitudehumaine»,onappellecela"LaRécréation».ClaireSimonPar Adrienne Ru?euxAvecRécréations(1992),ClaireSimonnousinvitedansunespace privilégié de jeu que nous avons toutes et tousconnu enfant: celui de la cour de récré. La cinéaste posesa caméra au milieu de jeunes enfants de 2 à 6 ans pournous permettre d"observer, comme si nous n"avions pasencore grandi, les jeuxqui peuplent le préau d"une écolematernelleàl"heuredelapause.Si le documentaire o?re une fascinante plongée dans lemonde du jeu, il permet aussi d"en faire ressortir les res-sortspsychologiquesetsociologiquesdeceterrainprivi-légié de l"imaginaire. Car danscette société miniature, laviolencen"épargnepaslespetitssousprétextequ"ilssontsi jeunes. Récréations donne à voir l"imaginaire enfantindans sa dimension grégaire qui caractérise souvent l"en-fance,surtoutàl"école.Ilfauts"adapteretvite,àdéfautderestersurlatouche,carlaloiduplusfortfaitrageàlarécréetaucunenfantnes"entrouveépargné."Àtonâge!»lanceune enfant à Nathalie, petite ?lle potelée de 4 ans quin"ose pas sauter par-dessus le banc de la cour. Nathaliepleureetsentbienqu"elledoitcontenterlegroupepours"yintégrer.Au-delàd"unemétaphoreduvivreensemble,ClaireSimonvoitcetespacedejeuindépendantdesadultescommeun"théâtre philosophique» où elle allait pouvoir "?lmer

Récréations(Claire Simon, 1992).

Shakespeare».La violence et la cruauté sont e?ective-mentdelapartieetlespetitssaventlamanieraussibienquelesgrands.Carqu"est-cequelejeu,sicen"estlarépé-tition d"actes archaïques, chargés d"un symbolisme quepetitsetgrandsressententtous?La réalisatrice commence par ?lmer les jeux de sa ?lle etsa copine, etse rendcompte alorsdu potentielde ?ctionque le réel peut o?rir: "Dans leur jeu il y avait toute lapuissancedela?ction,delafable.Ellesfabriquaientavecsérieuxetjubilation desmondes, desidées, desrôles. Jerêvais de les ?lmer encore et encore mais mon rôle demèrebrouillaittout.Enaccompagnantma?lleàl"école,jevoyaisàlafoislaviolencedelacouretlesdrameséclairsqui s"y déroulaient et j"ai compris que ma seule chanced"entrer de nouveau dans l"intimité du jeu, c"était de ?l-mercethéâtredelavraievie.»Pourréussirà?lmerlesenfantssansqueceux-cisesent-ent contraints ou épiés, la cinéaste a d"abord dû ruser.Pourleurfairecomprendrequ"elleétaitseulementlàpourvoirleursjeux,elleseprésenteàeuxcommeun"vieilen-fant» qui a "oublié» comment on s"y prenait pour inven-ter ses propres univers. Les enfants ne sont pas tout desuitedupes.Ilsn"oublientpasdetesterl"adulte,pourvéri-?er que ce témoin extérieur n"ira pas tout rapporter à lamaîtresse.Ainsi,ClaireSimonsesouvientd"ungarçonquia été jusqu"à manger de la boue pour véri?er la réactionde la réalisatrice, qui n"a pasbronché. "Je ne bouge pas,tantquelesangnecoulepas»,déclare-t-elleauxenfants,pour?nirdelesmettreencon?ance.Lesenfants,rassurésdesavoirquecetadulten"agiranicommeleursparents,nicomme leur enseignant, peuvent se laisser aller à jouer,pour le plus grand plaisir de notre regard ébahi de "vieilenfant».BibliographieDelalande,Julie,etClaireSimon."Enfantsscénaristes,enfantsacteurssociaux:rencontrededeuxregardssurlacourderécréation»,LesSciencesdel"éducation-Pourl"Èrenouvelle,vol.vol.39,no.2,2006,pp.89-104.Dans la cour de récré, les enfants sont libres d"imaginer un monde qui échappe aux règles des adultes. Récréations(Claire Simon, 1992).

Un parallélisme iconique: Masao (Sekuguchi Yusuke) et Kikujiro (Kitano Takeshi) à la pêche.??

??L"été de Masao"Jevoudraispréserverindé?nimentmasensibilitéd"enfant.Aussimature,aussirichequejedevienne,jeveuxres-terintègre,?dèleàmoi-même,àmavérité.»1KitanoTakeshiPar Rayan ChelbaniKitanoTakeshi2asu,toutaulongdesacarrière,étonnerlespectateurgrâceàsonstyleàmi-cheminentrelacomédieetlemélodrame,laviolenceetladouceur,legrotesqueetl"esthétique. Bien que (re)connu en Occident pour sonœuvre cinématographique atypique, Kitano Takeshi aavanttoutétéidenti?éauJaponcommeunestardelaté-lévision,souslenomde"Beat»Takeshi.Cepseudonymeestd"ailleursceluiparlequelilestprésentédansses?lmsen tant qu"acteur, jouant le rôle principal dans nombred"entre eux. Par exemple, il interprète l"agent de policemélancolique Nishi dans le long-métrage Hanabi(1997,Lion d"or à la Mostra deVenise). D"aucuns le considèrentcommesonmeilleur?lm:ilydévoileunenouvellefacettede son univers violent grâce à une "maîtrise parfaite desonécriturestylisée»3.Lorsqu"ildécidedeselancerdanslaproductiond"unenouvelleœuvrequideviendraL"étédeKikujiro(1999), Kitano est déjà un cinéaste au talent re-connu.Pouvant être considérée comme son œuvre la plus inti-miste, le ?lmpeut surprendre. S"éloignant exceptionnel-lementdesonuniversbrutal,ilprendladécisiond"élabo-rerunscénarioautourd"unenfantnomméMasao(Sekigu-chi Yusuke) éduqué par sa grand-mère et contraint depasser des vacances d"été dans l"ennui. Ses amis, dontles parents sont présents, partent tous en vacances à di-versendroitsdel"archipel.Masao,jeunegarçontaciturneetisolé,décided"allerrevoirsamèrequisemblevivreloindelui.Étanttropjeunepourentreprendrecevoyageseul,ilestaccompagnédesononcle(KitanoTakeshi),unvieuxyakuzaquelquepeuexcentriqueàlaretraite.L"étédeKikujiroestavanttoutuneaventurepleinedeten-dresse, un road movie envoûtant, une fresque juvéniletouchante (Kitano étant lui-même peintre). Au-delà desnombreusesqualités(lejeud"acteur,lamiseenscène,laphotographie) dont une œuvre aussi riche peut se tar-guer, il s"agira essentiellement ici d"en aborder l"aspectscénaristique.Ene?et,le?lmestnonseulementatypiqueauseindela?lmographiedesonauteur,maisilestégale-ment un parangon de ce qu"on pourrait appeler un ?lm"enfantin».Le récit se structure manifestement en trois parties: lepostulat (la situation initiale dans laquelle se trouvechaque protagoniste), le développement (le voyage deMasao et Kikujiro), ainsi que la conclusion (le retour aupaysnatalavecdessouvenirsinoubliables).Ladeuxièmepartieest,deloin,cellequioccupelaplusgrandepartdu?lm:ils"agitducorpsdel"histoire.

??Les événements du récit sont organisés sur le modèled"un e-hon("livre d"images» en japonais), objet ludiquepar excellence des jeunes enfants au Pays du Soleil le-vant.Enjaponais,lemot(quiselite-hon)estcompo-sé de deux idéogrammes: le premier signi?e l"image. Ils"agitd"uncaractèrequ"onretrouveégalementauseinduterme ukiyo-e(littéralement "images du mondeflottant» qui fait référence aux fameuses estampes japo-naises).Ledeuxièmeidéogrammepeutsigni?er"livre».Des images accompagnées de petits textes composentcesouvrages.Ils"agitd"unoutilpédagogiquepermettantde raconter des histoires, tout en initiant les enfants à lalecture. Ainsi, L"été de Kikujiroest une histoire contée auspectateur sous la forme d"un livre pour enfants, où leshéros croisent des personnages rocambolesques et vi-ventdesaventuresextraordinaires.Le ?lm est non seulement composé de trois partie dis-tinctes évoquées plus haut, mais est aussi découpé enchapitres. Chacun d"eux est introduit par un titre dotéd"une typographie particulière, rédigé dansun style déli-bérémentpuéril.Unetellefaçondepasserd"unchapitreàl"autreaaussilavertud"atténuerl"aspectlarmoyant,voiretragiquedesévénementsdiégétiques,lesenrobantd"uneparfaite candeur. Par exemple: la scène durant laquelleKikujiroaccompagneMasaoauseind"unefêteforaineestintroduite par une page de livre d"image. Sur celle-ci est

L"air pensif, Kikujiro cherche une solution à leur impasse.

??collée la photo du vieuxyakuza à terre à côté de laquelleest inscrit: kaidankara ochitaojisanquel"onpeuttraduirepar"lemonsieurquiesttom-bé des escaliers». De tels euphémismes permettentcertesdedissimuleruneréalitéplussombre,maiségale-mentd"entreteniruneatmosphèreenfantineduranttouteladuréedu?lm.L"œuvre de Kitano Takeshi peut aussi être appréhendéecomme une recherche a?ective dans laquelle le protago-niste(danscecasMasao)s"évertueàretisserunlienfami-lial disparu, ou à en créer un nouveau. À cet égard, lascène de la plage en estune parfaite illustration. Le bordde la mer, dans l"œuvre de Kitano, est souvent associé àdesmomentsclefsdurécit:dansDolls(2002),ils"agitdulieuoùHaruma,jeunechanteusejaponaiseseretrouvantdé?gurée après un accident de voiture, rencontre un ad-mirateur s"étant crevé les yeux pour pouvoir s"en appro-cher. Cette dernière refuse catégoriquement de rencon-trerphysiquementquiquecesoit,parpeurd"avoiràsubirl"expression de dégoût de son interlocuteur. Dans Zatoi-chi(2003), il s"agit de l"espace dans lequel s"organise leduel?nalentreguerrier(référenceaufameuxdaikettôou"grand duel» concluant les ?lms de sabre). En ce quiconcerne L"été de Kikujiro,la plage représente l"apogée,l"instantlepluschargéémotionnellement.C"estene?etàcet instant que Masao commence à considérer Kikujiro

Scène intimiste: Kikujiro o?re sur la plage une clochette à Masao.

??comme une ?gure paternelle. Pour la première fois, il luitientlamainetle?xecommeun?lsregarderaitsonpère.Comme l"évoque Sean Redmond, la plage est manifeste-ment un espace de transition.4C"est un lieu au sein du-quel la relation entre les protagonistes est redé?nie, de-venantprogressivementplusintime.EnplusdulienfamilialnaissantentreKikujiroetMasao,ilest clair que le premier adopte également le rôle d"angegardienpourl"enfant.Cettefacettesalutaireserévèleno-tamment lorsque Masao est sur le point d"être agressésexuellement par un pédophile, avant que Kikujiro inter-viennepourleprotéger.Cerôledeprotecteurestsymboli-sé par une clochette expropriée à un duo de motards dé-bonnaires.Ellealaformed"unange.Desurcroît,cemotifestdéjàprésentlorsdugénériqued"introductiondu?lm:des images peintes (par Kitano) d"anges se succèdentavecenfondunebandesonoresignéeparHisashiJoe,lecompositeuremblématiquedustudioGhibli.Ilestintéressantdes"attardersurletitredel"œuvre.L"étéde Kikujiro... ?nalement, pourquoi ne pas l"avoir plutôtnommé L"été de Masao? Le récit est conté au spectateurdu point de vue de l"enfant, ce dont témoignent lesquelquesscènesd"inspirationonirique,voirebaroquequidépeignentsespeursetsesaspirations,sespeinesetsesjoies. De plus, Masao estbien beletbien le protagonistequi fait démarrer les événements du scénario en expri-

La séparation après des vacances d"été inoubliables.

??mantlesouhaitderetrouversamère.Levieuxyakuzaquil"accompagnera dans ses péripéties ne lui révélera sonprénom qu"à la ?n du long-métrage, alors que le specta-teurconnaîtd"oresetdéjàceluidugarçon.A?ndepropo-seruneexplicationquantautitredu?lm,onseréféreraàl"ouvrage autobiographique La vie en gris et rose(2008)oùlecinéasteracontesonenfance.Relatantsesexpériencespasséesainsiquedessouvenirsmémorables, Kitano Takeshi consacre une part impor-tantedesonautobiographieàdécrirelesmembresdesafamille: sa mère, son grand-frère, sa grand-mère, et sur-tout,sonpère.À de nombreuses reprises, des descriptions hautes encouleur le concernant sont données. Le passage ci-des-sousenestunexempleparlant:Enplus,ilétaitanormalementfarouche.Facilementintimidé,dèsqu"ilrencontraitquelqu"un,ilseconfon-daitenexcuses."Oh,pardonnez-moi,jesuisterrible-mentdésolé.»Maisàpeineledostourné,laboissonaidant,ilsemettaitàgueuler:"Qu"est-cequ"ilmeveut,ceconnard?»Commeilnepouvaitpasdirecte-mentinjurierlesgens,ilsedéfoulaitsurlafamille.Ah,ilétaitredoutable!5Un tel texte en apprend beaucoup au lecteur. Non seule-ment l"auteur tente d"établir une certaine distance émo-tionnelle eu égard aux événements de son existence,mais il s"évertue également à interpréter, à l"aune d"unematuritéacquiseau?ldutemps,lesagissementsd"une?-gure paternelle quelque peu conflictuelle. À maintes re-prises, l"auteur évoque la maltraitance du père à l"égardde la mère. Malgré tout sont aussi décrits sa grandesou?ranceàl"égarddesaconditionprofessionnelle(ilestpeintreenbâtiment,unmétieringratetnonreconnu)ain-siquesoncomplexedûàsonillettrisme.6Finalement,Ki-tanon"a-t-ilpaschoisiletitreL"étédeKikujiropourrendrehommage à son père, Kitano Kikujiro qui, en dépit d"une

Extraits d"un livre d"images japonais.

??attitude souvent négative à l"égard de sa famille, s"este?orcéd"assurerunavenirmeilleuràsaprogéniture?Lesrelationspère-?lspeuvents"avérerin?nimentcomplexes,emplies d"apories et autres ambivalences, comme en té-moignent les théories freudiennes au sujet du Complexed"Œdipeou encore laLettre au Pèrede l"écrivain FranzKa?a.Desurcroît,auseindu?lm,cen"estpasseulementMasao, maiségalementle personnage de Kikujiro qui nepasserapasunétécommelesautres,setrouvantpourlapremièrefoisencompagnied"unjeunegarçondontilauralaresponsabilité.Enoutre,ildécouvriradesfacettesdesapersonnalité dont il n"avait aucune idée jusqu"alors. Ain-si,ils"agitbiend"unétéexceptionnel:celuideMasao,etde Kikujiro qui deviendra bel et bien un père pour le gar-çon.L"été de Kikujiroest peut-être l"œuvre la plus intimiste, laplusinnocenteauseindela?lmographiedeKitano."Unehistoire banale», selon les propres mots du réalisateur,quis"estévertuéàsavoirs"ilétaitenmesuredemettreenscène ce type d"histoire.7Le pari semble réussi: unefresquetouchanteinvitantlespectateuràunvoyageesti-val.Un?lmcomique,maisaussidramatiqueàmaintesre-prises.Lecomique,danssanature,semblecruel,etilestencelaambivalent,carlespectateurestceluiquirigoledela situation, alors que celui qui la subit vit un drame.8Cette ambivalence est sans nul doute un ingrédient élé-mentairedel"artde"Beat»Takeshi.L"été de Kikujiro est aussi une parfaite illustration de cequepeutêtreunrécitcontéàtraversleregardd"unenfant,révélantauspectateursonimaginaireàtraversdesplansoniriques. Masao, du haut de ses neuf ans, a e?ective-ment la vie devant lui pour grandir. Alors, il sera en me-sure,àsontour,d"êtreunangegardienetdeveillersurau-trui,commeunpèreleferaitpoursesenfants.BibliographieKitanoTakeshi,Lavieengrisetrose(traduitdujaponaisparChesneauKarine),Arles,Picquier,2008,128p.KitanoTakeshi,Rencontresduseptièmeart(traduitdujaponaisparChupinSylvain),Paris,arléa,2003,108p.RedmondSean,ThecinemaofTakeshiKitano:floweringblood,NewYork,WallflowerPress,2013,120p.TessierMax,Lecinémajaponais,3eédition,Lyon,ArmandColin,2018,176p.1Lavieengrisetrose,p.128.2 Danscetarticle,jeconserverai,pourlesnomsjaponais,lamanièreusuelled"écrire:lenomdefamilleenpremieretleprénomensecond.3Lecinémajaponais,p.115.4ThecinemaofTAKESHIKITANO:floweringblood,p.93.5Lavieengrisetrose,p.124.6Ibid.,p.125.7Rencontresduseptièmeart,p.103.8Ibid.,p.92.

??¡Hasta la victoria, siempre!Luttes pour "le bien du peuple», enfances bousculées?Ilestdesévénementspolitiquesdel"histoirelatino-américainedu20èmesièclequ"onavusetrevusreprésentésdansdenombreux?lms,maisc"estbienplusrarementquecesdernierssontabordésautraversduregarddesenfants.Enproposantd"observercessituationsàhauteur"detroispommes»,plusieursréalisateursdonnentl"occasionauspectateurd"explorerdessituationspourtantconnuessousunnouvelangle.Autrementdit,deregarderleschoses"paren-dessous»et"parlecôté».Ils"agitd"unpointdevuepasforcémentmoinslucideouavertiqueceluidesadultes,maisjustedi?érentetunique.

La faute à Fidel!(Julie Gavras, 2006).

????Par Noémie Bquotesdbs_dbs46.pdfusesText_46

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