[PDF] Untitled Eli Zaretsky Capitalism

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L T C, éditeurs, 2017

77, boulevard Chanzy

93100 Montreuil

www.letempsdescerises.net

Dans la collection

P

Samir Amin,

Le monde arabe dans la longue durée

Andrés Bansart,

Comprendre le Venezuela

Ouvrage collectif sous la direction de Marie-Laure Coulmin Koutsaftis,

Les Grecs contre l'austérité

Ouvrage collectif,

Pour le peuple, contre le Front national

Jocelyne Hacquemand,

La terre à ceux qui la travaillent

Salah Hamouri & Nordine Idir,

Palestine

France, Quand les jeunes résistent

Pierre Ivorra,

La finance au pas

Bruno Odent,

Europe, état d'urgence

Bruno Odent,

Modèle allemand, une imposture

Emmanuelle Faure

Edna Hernández-González

Corinne Luxembourg

La ville, quel genre ?

L'espace public à l'épreuve du genre

Sommaire

Remerciements

...............7

Introduction

...................9

Pfi?ffiflff

Uff flff fl?flflfiffiff

À quoi ressemblerait une ville non sexiste

? Hypothèses à propos du logement, du projet urbain et du travail humain

Dolores Hayden

(traduction Igor Martinache) Les contradictions des perspectives de genre en urbanisme

Lidewij

Tummers

................47

Pfi?ffiflff

Lfl?ff 'fffiff fiff ff

ff?ff

Droit de cité au féminin

: femmes, espace et violence dans les récits de banlieue contemporains

Christina Horvath

..................................69 Genre, violence et espace. Quand les sciences sociales interrogent l"invisi bilité des femmes en quartiers dits sensibles

Ariane Jossin, Corinne

Luxembourg

..........99

Les échelles du

care . Du temps et de l"espace pour les relations : une approche féministe des institutions

Vanina Mozziconacci ...........115

La migration des femmes modie-t-elle les rapports sociaux de sexe

Davy Castel

..........135

Pfi?ffiflff

A fl? ? 'fffiff fiff ff ff?ff Peut-on parler de ségrégation spatiale à propos des voitures de métro réser vées aux femmes ? Le cas de São Paulo

Marion Tillous

...............151

L"approche "

gender mainstreaming

» dans l"exemple des espaces publics

viennois

Custodi Giulia

La résidentialisation sécurise-t-elle les rapports sociaux (de sexe) ? Réexions à partir de l"expérience du quartier du Luth à Gennevilliers

Ludivine

Bergougnoux, Igor Martinache

Revisiter la ville avec le genre

Sophie Louargant

..............................217

P - D -

Bilan d'un programme de recherche pour l'action et en actions dans le champ de la politique de la Ville

Élise Vinet

..............................243 Rechercher en actions et sur l'action artistico-scientique pour quelles transformations

Élise Vinet

La ville côté femmes

: une recherche-action à Gennevilliers (Hauts-de-

Seine)

Corinne Luxembourg

Remerciements

Il importe de remercier celles et ceux qui ont aidé, accompagné d"une façon ou d"une autre l"édition de ce recueil de textes. À Claire Hancock et Yves Raibaud pour avoir inauguré les journées d"étude des Urbain.e.s à Gennevilliers et posé leur regard bienveillant sur nos travaux ; à Blanca Gutiérrez Valdivia, Christina Horvath, Sophie Louargant, Safaâ Monqid, Hélène Pasquier, Lidewij Tummers, pour avoir poursuivi. À Sophie Bernet, Igor Martinache, Juliette Morel, Marion Tillous pour leur aide et relectures attentives. À Angélique Dupont, Chloé Garrigues, Danielle Grimont, Claire Pasquet et Juliette Combes Latour sans qui rien de tout cela ne serait possible. À Damien pour son soutien et sa présence infaillibles. Cet ouvrage et les journées d"étude des Urbain.e.s du 27 mars 2015 et du 22 janvier 2016 qui l"ont inspiré ont bénécié du soutien de la Ville de Gennevilliers, de la Maison des Sciences de l"Homme Paris- Nord, de la Commission Ville et Métropolisation du Comité National

Français de Géographie.

Introduction

Emmanuelle Faure

Edna Hernández-González

Corinne Luxembourg

Les travaux de recherches liant les rapports sociaux de genre à la fabrique de la ville se sont développés en France depuis près de trente ans. L"espace apparaît ainsi comme le support et le produit de rap ports de genre marqués par des phénomènes de hiérarchisation et de domination. Or, l"invisibilité de la sexuation des représentations et des pratiques urbaines a longtemps perduré. L"absence d"une réelle réexion sur les questions de genre dans les disciplines s"intéressant aux spatiali tés (géographie, urbanisme, architecture, sociologie urbaine) permet de mieux comprendre cette situation. De façon plus générale, ce constat peut être interprété au regard d"une recherche de " neutralité » politique au sein de ces disciplines. Mais construire la ville serait-il uniquement une aaire de technicien.ne.s et d"expert.e.s ? François Ascher et Jean Giard dans Demain la ville ? Urbanisme et poli- tique publié en 1975, comme un écho à la Production de l'espace d"Henri Lefèbvre, participent à démontrer que l"urbanisme et la fabrique de la ville ne sont ni indépendants des questions politiques, ni étrange rs aux rapports de classe. Toutefois, l"idée d"un urbanisme apolitique n"a pas disparu. Les traitements techniciens de la " crise urbaine » l"ont illustré. Les travaux de Jacqueline Coutras publiés courant des années 1980, ainsi que les deux ouvrages dirigés par Sylvette Denèe,

Femmes et villes

en 2004 et Utopies féministes et expérimentations urbaines en 2008, ont, quant à eux, montré combien la ville est le support et le produit de rap ports de genre, et donc de rapports de force et de pouvoir. Ces travaux ont contribué à une meilleure compréhension des territoires urbains. Ils ouvrent des perspectives opérationnelles permettant de remettre en cause l"immobilisme des rôles et des places traditionnellement assignées aux hommes et aux femmes. Notons également les apports du numéro Genre de la revue

Géographie et cultures,

publié en 2005 coordonné par

Claire Hancock et Francine Barthe, du numéro

Tournant spatial dans

les études de genre des Cahiers du CEDREF, publié en 2014 par Lucia

La ville, quel genre ?

Direnberger et Camille Schmoll ou de celui

Le genre, la ville

de la revue Travail, genre et sociétés, paru en 2015, coordonné par Nicole Mosconi,

Marion Paoletti et Yves Raibaud.

Finalement, ces travaux montrent combien il est nécessaire de penser la ville au croisement d"une conceptualisation politique de l"aménage ment et du genre. Parmi les modalités d"analyse de l"espace urbain, cet ouvrage s"intéresse plus particulièrement à l"espace public.

D"après le

Dictionnaire de la géographie et de l'espace des sociétés (Lévy, Lussault, 2003), l"espace public est " au sens strict, un des espaces possibles de la pratique sociale des individus, caractérisé par son statut public

» (Lévy, Lussault, 2003, p.

360). Cette dénition très englobante

impose un regard critique et une analyse détaillée des multiples mobi lisations et signications de la notion d"espace public. Les auteurs de cet ouvrage rappellent ainsi que l"espace public ne saurait être considéré

à priori comme "

un espace vertueux de la citoyenneté, porteur intrinsè quement des vertus de l'échange interpersonnel

» (Lévy, Lussault, 2003,

p.

360-61). L"ouvrage

La ville

: quel genre se veut une des réponses possibles à cette mise en garde. Nous considérons en eet que l"espace public n"est pas a priori un espace de sociabilité et de liberté pour tous et pour toutes. De plus, appréhender les espaces publics au travers des questions de genre nécessite de s"intéresser à la fois aux représentations et aux pratiques de ces espaces par les personnes qui en font l"usage, mais également de prendre en compte leurs politiques d"aménagement. D"une part, la littérature montre que la majorité du mobilier urbain, des grands projets d"aménagement ou des structures sportives ou cultu relles sont in fine occupés et appropriés par des hommes. Par exemple, les observations d"Édith Maruejouls menées dans trois communes de l"agglomération bordelaise montrent très bien que dans les quartiers populaires comme bourgeois l"aménagement de la ville est avant tout pensé par et pour des (jeunes) hommes (Maruejouls, 2014). La prise en compte des temporalités dans l"analyse des modes d"occupation genrés de la ville s"avère également riche d"enseignements. Les usages diurnes et nocturnes des espaces publics varient en fonction du sexe ou du genre assigné de la personne. Par exemple, le traitement média tique des questions de genre et d"espace public la nuit est marqué par le

La ville, quel genre ?

vocable de l"insécurité. Dans ce contexte, la prétendue vulnérabilité des femmes fait gure de justication à des mesures sécuritaires de contrôle des espaces publics (suppression de bancs publics, renforcement de la vidéo-surveillance, etc.). D"autre part, les normes de genre se traduisent dans les politiques d"aménagement de l"espace public urbain. Par exemple, les rôles assignés aux femmes sont traditionnellement ceux du care , du soin apporté aux autres. Ce faisant, les espaces dédiés aux femmes dans l"espace public sont ceux des jeux pour enfants ou des aménagements alentour aux écoles. Cette conception de l"aménagement de la ville repose encore sur une extension de l"espace domestique dans l"espace public et sur l"image de femmes toujours mères ou s"occupant d"enfants. Ramener systématiquement les femmes à des fonctions reproductives, comme à l"intimité de leur logement, empêche d"interroger leur place propre, et de penser la place de femmes de diérentes générations dans ces espaces. D"après l"Institut national d"études démographiques, en France les per sonnes âgées de plus de 60 ans sont très majoritairement des femmes, et si rien ne vient bouleverser les tendances démographiques, en 2050, un tiers des personnes habitant en France seront des personnes âgées de

60 ans ou plus. Or, l"espace public urbain est-il conçu pour accueillir

confortablement cette population ? De plus, les politiques d"aménage ment et les modalités d"occupation ou d"appropriations de la ville ne peuvent pas être analysées au seul regard de normes de genre, ou d"une opposition entre hommes et femmes. En eet, elles sont aussi le fruit d"une vision sécuritaire, classiste et âgiste de la ville contemporaine. L"espace public a vocation à être occupé et approprié par chacun.e (rues, places, parcs, etc.). Or cette égalité d"occupation et d"appro priation est perturbée par des processus procédant d"une classique exclusion de certaines parties de la population de la sphère publique (femmes ; classes populaires ; minorités de genre, de sexualité ou d"origine attribuée, etc.). Singulièrement, le " mètre étalon

» de l"ur

banisme, de l"architecture ou de l"aménagement reste un humain, masculin, valide, hétérosexuel, de classe moyenne, relativement jeune, à l"image du Modulor corbuséen. Cependant, cette situation n"est en rien une fatalité. De nombreuses communes prennent en compte le

La ville, quel genre ?

genre dans l"évaluation et la production de leurs politiques publiques et aménagements de l"espace public. Ainsi, depuis trente ans, la capitale de l"Autriche, Vienne, intègre pleinement les questions de genre à ses politiques d"urbanisme (contrôle des plans de nancement en fonction de la diversité des publics, parité dans l"élaboration des projets, etc). Le cas de cette commune prouve qu"une réexion sur la reproduction des " violences institutionnelles », pour reprendre les mots de Claire Hancock, a des eets notables en termes de justice spatiale. Cette réexion, indispensable à la construction urbaine, prend donc tout son sens quand il s"agit de construire la " ville durable » aujourd"hui érigée en modèle. Pour être opérationnelle, cette analyse des aménagements urbains au prisme du genre nécessite la mise en place d"une observation sexos pécique : qui utilise ces espaces et ces aménagements ? Quand ? Comment ? Quelle est la part d"un budget d"une collectivité territoriale allouée aux équipements et aménagements protant vraiment à chacun et chacune ? Les contributions à cet ouvrage sont le résultat des réexions de chercheur.e.s s"inscrivant dans des champs disciplinaires variés. Cette pluridisciplinarité des approches de la ville par le genre est une richesse qui rend possible l"ouverture des horizons scientiques, opérationnels et militants de la fabrique de la ville. Le constat d"une ville sexiste et androcentrée est partagé. À sa façon, chacun des textes y revient pour souligner la nécessité de bouleverser nos lectures de l"espace et nos actions. La première partie de l"ouvrage, intitulée "

Une ville non

discriminante ? », propose tout d"abord de (re)découvrir le texte de Dolores Hayden publié en 1980 à Chicago. Les propos de cette urba niste américaine résonnent d"une étonnante (et aigeante ?) actualité près de 40 ans après sa publication. À quoi ressemblerait une ville non- sexiste ? c"est aussi, cette fois, à partir d"exemples actuels, la réexion à laquelle invite Lidewij Tummers, dans son texte, qui montre combien la prospective urbaine de ce début de e siècle est caractérisée par les enjeux du développement durable, la promotion d"une ville dite " intelligente » (smart city), mais n"intègre la dimension genrée, le plus

La ville, quel genre ?

souvent, que par obligation réglementaire. Ces obligations sont le plus souvent traduites dans les cahiers des charges de la rénovation urbaine des quartiers " Politique de la Ville », où l"injonction à s"enquérir de la place des femmes dans les espaces publics peut apparaître comme une stigmatisation supplémentaire de ces espaces. La deuxième partie de cet ouvrage collectif s"intitule "

Lire l"espace

avec le genre ». Or, lire l"espace, Christina Horvath le prend au sens propre. Elle propose en eet d"exploiter le recul qu"orent les récits de banlieues françaises écrits après les émeutes de 2005. Quant à elles, Ariane Jossin et Corinne Luxembourg s"intéressent, aux travaux, qui, en sciences sociales, interrogent l"invisibilité des femmes en quartiers dits " sensibles » alors que Vanina Mozziconacci et Davy Castel abordent deux autres versants de la lecture de la ville, de sa construction sociale, l"une par les institutions, notamment l"école, l"autre par l"angle de la migration. Il s"agit donc, dans cette partie, d"interroger des discours Qui fait la ville ? Comment la fait-on ? À quelles valeurs l"appuie-t-on ? Dans la troisième partie de l"ouvrage, intitulée "

Agir sur l"espace

avec le genre », ces grilles de lecture se confrontent au réel. De plus en plus de collectivités intègrent la question du genre dans leurs poli tiques et pratiques d"aménagement de la ville. Mais, de façon répétée, la question des aménageurs, urbanistes, élus (souvent masculins) adressée aux chercheur.e.s ou professionnel.le.s concerne des dispositifs orientés quasi exclusivement vers les femmes. Il s"agirait ainsi de " contrebalan cer des erreurs » : si les " city-stades » attirent les jeunes hommes, quel serait l"équivalent féminin ? L"interrogation est sincère, même si elle fait abstraction du rapport de domination homme/femme intrinsèquement contenu dans les rapports de genre. Faut-il alors imaginer des espaces mixtes et des espaces réservés ? Dans la continuité des travaux de Claire Hancock sur le métro de Mexico publiés dans la revue

EchoGéo notam-

ment (Hancock, 2012), Marion Tillous aborde ces questions à propos de l"expérience du métro de São Paulo. Giulia Custodi, revient, quant à elle, sur les politiques d"aménagement de la capitale autrichienne. Comment évaluer la pertinence d"un aménagement déjà réalisé, obéis sant à des normes en cours il y a deux décennies ? Le décalage entre le temps de l"aménagement et l"espace vécu a-t-il un eet sur les rapports

La ville, quel genre ?

genre-espace ? C"est une part des questions qu"abordent les travaux de Ludivine Bergougnoux et Igor Martinache à Gennevilliers et de Sophie Louargant à Grenoble. Le dernier ensemble de textes, regroupés sous le titre " Des recherches actions pour transformer la ville avec le genre montre que penser la fabrique de la ville et les rapports de genre qui s"y inscrivent peut aussi impliquer des groupes d"acteurs aux prols et par cours divers. Deux recherches-actions, l"une conduite par Élise Vinet à Lyon et la seconde par le collectif Les Urbain.e.s à Gennevilliers, illustrent la pertinence de travaux de recherche associant scientiques, habitant.e.s, artistes, etc. Élise Vinet montre par exemple la richesse qu"ore la transversalité d"un travail artistique mené avec des habitantes pour comprendre les rapports sociaux de genre dans l"espace public urbain lyonnais. Cet ouvrage n"est pas un manuel des bonnes pratiques en urbanisme et aménagement du territoire. Il ne s"agit pas de fournir des solutions. Il ne s"agit pas non plus de prôner la présence des femmes dans des espaces publics spéciques, réservés. Ce recueil invite plutôt à pour suivre nos réexions tant scientiques qu"opérationnelles, analyses qui permettront de co-construire une ville accessible à toutes et tous. Quelques mots, enn, pour rappeler le contexte de cet ouvrage. Depuis 2014, le collectif Les Urbain.e.s, regroupant donc cher cheur.e.s en sciences sociales et habitant.e.s, a mis en œuvre un travail de recherche-action en partenariat avec la ville de Gennevilliers pour une durée de six années. Plusieurs volets ont été retenus et dévelop pés. Premièrement, la recherche-action en cours est le support d"une production scientique. Les pratiques genrées des espaces publics, laquotesdbs_dbs46.pdfusesText_46

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