[PDF] Camps dextermination les fabriques de la mort nazies (Ton





Previous PDF Next PDF



Sobibor - Jean Molla

Le titre du roman évoque Sobibor un camp d'extermination en Pologne. Le nom du camp est lié à trois personnages : — Eva Hirschbaum qui y est assassinée ;.



Jacques Desroches raconte Sobibor

Durant cette période il a vécu pendant un an le quotidien d'un camp d'extermination



SOBIBOR

Sobibor est un livre de Jean Molla édité en 2003 par les éditions Gallimard jeunesse. II. Résumé: Sobibor est un livre qui raconte deux histoires en même temps 



Sobibor Jean Molla

7 nov. 2007 SEANCE N°10Tout le roman« Monsieur le juge... »Ecriture longue. SEQUENCE « SOBIBOR »SEANCE N°1. SEANCE N°1 : Où l'on prend le livre en mains ...



Jean Molla Sobibor / Laurent Binet

https://journals.openedition.org/temoigner/pdf/817



Camp dextermination de Sobibor

10 août 2019 De même que les camps d'extermination de Be??ec et de Treblinka. Sobibor entra en fonction dans le cadre de l'opération Reinhard. De mai 1942 à ...



Fouilles archéologiques à Sobibor page 2 Un raz de marée

8 janv. 2015 Le camp d'extermination de Sobibor situé en Pologne



résister dans les camps dextermination

A Sobibor le 14 octobre 1943 des détenus de Sobibor tuèrent des gardes SS et auxiliaires de police et mirent le feu au camp. Environ 300 détenus s'échappèrent 



Camps dextermination les fabriques de la mort nazies (Ton

25 mai 2022 livre de Ton Roozeboom sous le titre Camps d'extermi- ... que furent les camps d'extermination de Che?mno Be??ec



Sobibor

sion du camp de Sobibor. Yehuda Lerner n'existe que par le témoi- gnage qu'il livre à la caméra de Claude Lanzmann. Mais plus qu'à sa.

Témoigner. Entre histoire et mémoire

Revue pluridisciplinaire de la Fondation Auschwitz

129 | 2019

La reconnaissance des victimes

Camps d'extermination les

fabriques de la mort nazies (Ton

Roozeboom)

Itinérance et connaissance de la Shoah

Willy

Coutin

Édition

électronique

URL : https://journals.openedition.org/temoigner/8548

DOI : 10.4000/temoigner.8548

ISSN : 2506-6390

Éditeur

Éditions du Centre d'études et de documentation de l'ASBL Mémoire d'Auschwitz

Édition

imprimée

Date de publication : 1 octobre 2019

Pagination : 18-23

ISBN : 978-2-930953-106

ISSN : 2031-4183

Référence

électronique

Willy Coutin, "

Camps d'extermination les

fabriques de la mort nazies (Ton

Roozeboom)

Témoigner.

Entre histoire et mémoire

[En ligne], 129

2019, mis en ligne le 25 mai 2022, consulté le 26 mai 2022.

URL : http://journals.openedition.org/temoigner/8548 ; DOI : https://doi.org/10.4000/temoigner.8548

Tous droits réservés

18Témoigner. Entre histoire et mémoire - n°129 / Octobre 2019

Chroniques

Le porche emprunté par les convois de 1944 du bâtiment en briques marquant l'entrée dans le camp d'Auschwitz-Birkenau,

l'alignement des baraquements en bois dans son enceinte, les vestiges a?aissés et amoncelés des ruines des imposants crématoires II et III au bout du tronçon ferroviaire sont des repères visuels et des éléments de représentation deve- nus communs du plus grand nombre ayant un minimum de connaissances sur la Shoah. Le livre du Néerlandais Ton Roozeboom se fixe pour objectif d'enrichir ces repères et représentations sur l'état des autres sites majeurs de la Shoah en Pologne 75 ans après les crimes commis. Les fondations, seuls vestiges, du " château » de Chełmno-sur-la-Ner, par les caves duquel les victimes des gazages dans les camions passaient, la vaste clairière de la forêt de Rzuchów, à 4 kilomètres de Chełmno, où les emplacements des immenses fosses où furent déversés les corps des victimes sont délimités au sol, la tranchée

à Bełżec qui invite le visiteur à entrer dans le sol de la colline où furent enterrés des centaines de milliers de personnes, en passant à l'aplomb de l'emplacement localisé des chambres à gaz, la maison verte en bois à étage occupée par le commandant du camp de Sobibór, qui fait face à l'em-

branchement ferroviaire surélevé, à l'extrémité marqué par un heurtoir, dans l'espace intérieur du camp dont les limites visibles ont disparu, la rampe d'accès de déchargement des convois de plus de 800 000 victimes à Treblinka II ouvrant l'espace d'une clairière occupée par un mémorial étendu de pierres angulaires dressées rappelant les noms des communes polonaises martyri- sées en ce lieu, sont autant de lieux et de paysages bien moins communs que l'appareil photographique de Ton Roozeboom retient longuement dans son ouvrage, invi- tant le lecteur à compléter ses représentations. En octobre 2018, l'éditeur Terres Éditions a publié le livre de Ton Roozeboom sous le titre Camps d'extermi-

nation. Les fabriques de la mort nazies, première édition CAMPS D'EXTERMINATION LES FABRIQUES DE LA MORT NAZIES?TON ROOZEBOOM?

LIVRE Koło, Lublin, Włodawa, Małkinia... voilà des noms de communes polonaises par lesquelles le visiteur des sites de la Shoah en territoire polonais passera certainement pour prendre conscience de l'espace que le crime nazi a impacté autour de ces usines de mort que furent les camps d'extermination de Chełmno, Bełżec, Sobibór et Treblinka. À eux quatre, ces centres dédiés exclusivement en premier à la disparition des Juifs de Pologne, mais aussi à celle de Juifs arrêtés et déportés de plusieurs autres pays occupés par les Allemands ou alliés des nazis pendant la guerre, ont fait disparaître 1,9 million de personnes, soit presque deux fois plus que le nombre des victimes juives assassinées à Auschwitz-Birkenau. Seules environ 180 personnes, passées par ces centres et évadées, ont survécu à la guerre, soit moins de 0,01 % des déportés qui y furent acheminés.

ITINÉRANCE ET CONNAISSANCE DE LA SHOAH

19Testimony Between History and Memory - n°129 / October 2019

Logbook

à l'étranger de l'ouvrage publié l'année précédente aux Pays-Bas, par les éditions De Lantaarn, De Nazi Moord- fabrieken: Chełmno, Bełżec, Treblinka, Sobibór. À ranger tout deux dans la catégorie des " beaux livres », l'édition néerlandaise compte 475 pages et 950 photographies, et l'édition française 280 pages et 466 photographies, sur papier glacé et aux mises en page identiques. L'édition française a reçu les soutiens de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah et de la Nederlands Letterenfonds Dutch Foundation for Literature, organisation néerlan- daise qui promeut la littérature hollandaise aux Pays- Bas et à l'étranger. À la même date, Terres Éditions a publié dans une maquette similaire, la version française d'une biographie d'Hitler, de 2017, réalisée par deux his- toriens néerlandais à partir d'un grand nombre de pho- tographies, sous le titre Hitler : un tyran en images. Ton Roozeboom n'est pas historien, mais cinéaste et photographe. Il ne cherche pas à faire oeuvre d'his- torien, il se veut vulgarisateur et s'appuie sur une bibliographie pertinente indiquée à la fin de chacune des parties du livre. Les parties consacrées aux mises au point historiques et à plusieurs extraits de témoi- gnages de survivants ou d'interrogatoires de bourreaux montrent que le livre d'Yitzhak Arad (The Operation Reinhard Death Camps, Indiana University Press, 2018 pour sa dernière édition) reste la référence sur le sujet de l'histoire des camps de l'Aktion Reinhard qui eut pour objet de spolier et d'exterminer l'ensemble des Juifs du Gouvernement général de Pologne entre 1942 et

1943. S'inspirant de l'historiographie sur le sujet, Ton

Roozeboom commence par consacrer un chapitre à

l'opération T4, l'euthanasie de personnes handicapées dans la population allemande, qui fit 70 000 victimes entre 1939 et 1941, poursuivie par l'opération 14f13, qui fit 10 à 20 000 victimes supplémentaires dans les camps sur le territoire du Reich. Le lien entre le programme d'euthanasie et l'Aktion Reinhard est souvent a?rmé, l'auteur répétant que les personnages clés de l'opération avaient oeuvré dans les centres d'euthanasie (Wirth, Stangl, Reichleitner, Eberl...) Chaque présentation des quatre centres de mise à mort est précédée d'une partie historique qui revient sur la mise en place du camp, sur son organisation, son personnel, son fonctionnement et sur son démantèlement. Ces synthèses historiques valent surtout par les photographies qui les illustrent, collectées et dupliquées auprès des fonds de l'USHMM de Washington, de Yad Vashem et du Musée des Com-

battants du ghetto en Israël, de l'Institut d'études de la guerre et de l'Holocauste d'Amsterdam (le NIOD), de la Fondation Sobibór créée par un rescapé hollandais, Jules Schelvis, et du site Internet ARC dédié à l'opé-

ration Reinhard (www.deathcamps.org). Certaines photos d'époque sont peu connues, comme pour le processus d'extermination à Chełmno ce cliché des biens des déportés jonchant le sol de la synagogue de Koło où ils passaient leur dernière nuit, ou celles des embarquements dans les wagons ouverts pour faire le trajet entre Koło et Chełmno. L'auteur fait référence à plusieurs témoignages, extraits de mémoires ou d'archives judiciaires, mais sans que ceux-ci ne soient précisément référencés, ni sans faire apparaître les coupures e?ectuées dans les textes originaux. Ce sont, par exemple et parmi un grand nombre, pour Chełmno les témoignages des mécaniciens polonais qui entretenaient à Koło les camions à gaz ou celui d'un des chau?eurs allemands des camions ; pour Bełżec, ce sont le témoignage de Stanislaw Kozak, charpentier polonais qui a travaillé à la construction des premières chambres à gaz du camp, celui du sous-o?cier de la Wehrmacht, Wilhelm Cornides, qui passa par la gare de Bełżec, sur la ligne Lublin-Lwów, celui du professeur en chimie, o?cier dans la SS, Wilhelm Pfannenstiel, qui accompagna Kurt Gerstein dans sa visite du camp ; pour Treblinka, ce sont les interrogatoires des SS Franz Suchomel, que le public connaît pour la fameuse interview clandestine réalisée par Claude Lanzmann dans le film Shoah, et Otto Horn, a?ecté au Totenlager, ou le témoignage du maçon polo- nais Jan Sulkowski qui a travaillé à la construction des premières chambres à gaz ; pour Sobibór, le témoignage d'Esther Raab décrit en détail son arrivée au camp, puis l'arrivée de détenus de Treblinka et leur résistance à la descente du train. Les témoignages de Rudolf Reder, seul survivant de Bełżec ayant réalisé un témoignage écrit complet sur le camp, et celui de Richard Glazar pour Treblinka mènent le lecteur jusqu'aux portes des chambres à gaz, et évoquent la sortie et l'enfouissement des corps. L'organisation du livre, non thématique, mais guidée par les étapes des voyages de l'auteur, fait que ces parties sont d'une rédaction assez répétitive. Leur développement peut même être confus, comme celle consacrée à l'histoire de Treblinka, qui ne suit pas d'ordre chronologique. C'est l'ordonnancement des photos qui a primé pour l'auteur, homme d'images, qui a?rme dans son introduction qu'une bonne photo vaut bien plus qu'un texte.

20Témoigner. Entre histoire et mémoire - n°129 / Octobre 2019

Le livre est avant tout construit comme un compte

rendu écrit à la première personne et illustré par les photographies prises lors des voyages effectués par l'auteur en Pologne entre 2012 et 2014, au sein de groupes avec la Fondation Sobibór ou accompagné de sa femme et de son fils, marqués par les rencontres et les correspondances avec les Polonais " gardiens » des sites comme à Chełmno, avec des archéologues travaillant sur le site de Sobibór (Wojtek Mazurek, Yoram Haimi, Ivar Schute) ou des historiens spécialistes de ces camps (Robert Kuwałek, Caroline Sturdy Colls). L'ouvrage trouve tout son intérêt quand il décrit pas à pas les lieux visités et établit des liens entre les bâtiments encore existants et leurs fonctions à l'époque de la Shoah. L'au- teur a la volonté de prendre la dimension des lieux, en les arpentant, à pied, et de mettre ces espaces réduits en rapport avec l'immensité du crime qui y fut com- mis. Le plus troublant est que le visiteur peut encore trouver des traces du crime par lui-même, comme des morceaux d'os calcinés dans la clairière de la forêt de Rzuchów. Le livre propose aussi une juxtaposition de clichés d'époque et actuels, sous les mêmes angles, comme pour le " château » de Chełmno, aujourd'hui disparu, ou la gare de Koło. Le projet est aussi de faire face à la disparition des paysages et des aménagements de l'époque, l'auteur intégrant des photos privées pré- sentant les lieux comme ils étaient encore il y a quelques années, comme c'est le cas de la route à l'approche de Treblinka (p. 146-147) ou de la tour de guet forestière à Sobibór (p. 210), aujourd'hui transformée ou disparue. Les quatre voyages à Sobibór permettent de montrer l'évolution du site et, par exemple, de présenter le monu-

ment commémoratif de 1965 et la statue de la mère à l'enfant, aujourd'hui retirée, sur la place asphaltée sous laquelle l'emplacement des chambres à gaz a été révélé en 2014. L'ouvrage permet de faire connaître

aux lecteurs l'aménagement récent des lieux de mise à mort, comme le mémorial de Bełżec avec des photos prises sous di?érents angles et des photos aériennes qui embrassent l'ensemble des sites. Celui de Sobibór est en cours de réaménagement pour un meilleur accueil des visiteurs et une meilleure protection des lieux. Ce livre va constituer un patrimoine visuel sur l'état des sites des camps 75 ans après les crimes commis. L'auteur a?rme se rendre aussi sur les lieux pour " juger si un événement a pu avoir lieu et si les a?rmations des témoins sont crédibles ou infondées. » (p. 56) Cette démarche, si elle n'est pas celle d'un sceptique, est celle d'un faux-candide se plaçant dans la posture de celui qui ne tiendrait pas compte de toute l'historiographie ; l'objectif de vouloir compléter sa connaissance du sujet en se rendant sur les lieux aurait été su?sant comme explication.

DE L'INTERDICTION DES IMAGES AU

TÉMOIGNAGE PAR LES IMAGES

Réalisant en premier un livre de photographies sur l'absence et la disparition progressive des traces dans l'espace, Ton Roozeboom s'attache à présenter les objets des victimes, certains des artefacts, comme les clés des maisons que les victimes amenaient parfois jusque dans la chambre à gaz, témoignant de leur espoir de revenir un jour chez eux (trouvées par exemple lors des fouilles aux abords des chambres à gaz de Sobibór), comme les pierres rondes numérotées données aux détenus à Bełżec pour leur laisser penser qu'ils allaient retrouver

Chroniques

_ Élément du Mémorial du site de Treblinka, figurant les grilles de crémation à l'air libre

© Willy Coutin

21Testimony Between History and Memory - n°129 / October 2019

Logbook

leurs a?aires après être passés aux " douches », comme des morceaux de carrelages qui recouvraient l'intérieur des chambres à gaz à Treblinka, découverts par l'histo- rienne anglaise Caroline Sturdy Colls et l'archéologue hollandais Ivar Schute, comme les multiples objets trouvés par Wojtek Mazurek dans les fouilles sur l'aire d'arrivée des trains à Sobibór, dont la plaque de la petite Lea Judith de La Penha (originaire d'Amsterdam, dépor- tée le 6 juillet 1943 à l'âge de 6 ans), celle du jeune David (Deddie) Zak, 8 ans, originaire d'Amsterdam, déporté le 8 juin 1943, ou encore la plaque militaire d'Eliazer Content, né à Amsterdam le 15 octobre 1918, arrivé à Sobibór le 2 juillet 1943. Les enfants sont ainsi omnipré- sents dans l'ouvrage, comme encore le jeune Allemand Robert Wagemann, né en 1937, qui échappa grâce à la clairvoyance de sa mère au programme d'euthanasie T4. L'une des photos fortes du livre est le double portrait de David Zak et de sa cousine Liesje de Hond, qui a survécu cachée avec ses parents. Le livre est marqué par une rédaction dans l'émotion, des remarques toutes person- nelles dans le texte qui n'est pas toujours académique. L'interdiction stricte de photographier et filmer le crime à son époque aurait pu être un sujet plus explicite de l'ouvrage, et l'on comprend bien l'intention du pho- tographe de donner à voir l'agencement et l'atmosphère actuels des lieux du crime, et non de rechercher des preuves, car des clichés des commissions d'enquête polonaises d'après-guerre sont disponibles et auraient pu être intégrés à l'ouvrage, pour les sites de Bełżec, Treblinka, Chełmno ou Majdanek par exemple. L'al- bum de Kurt Franz, constitué à l'époque où il était le bons moments), est présenté et analysé dans l'ouvrage, de même que les clichés des pelleteuses sur le terrain du Lager III (la zone d'extermination) du camp dont la lecture précise met le spectateur au contact de détails crus du processus génocidaire. La reprise dans l'édition française des parties consacrées aux analyses précises de vues aériennes de 1940 ou 1944 des sites de Bełżec, Treblinka et Sobibór permettant de comprendre les agencements intérieurs et servant de guide précieux au travail des archéologues, aurait été bienvenue. Le livre propose aussi des dessins de scènes types inspi- rées des témoignages et de la connaissance des lieux, très réalistes et su?samment neutres dans la réali- sation pour ne pas tomber dans le sensationnalisme, réalisés par le dessinateur néerlandais Maarten Melis. Il propose aussi des vues aériennes dessinées, très réa- listes, en guise de plans, tenant compte de l'ensemble des connaissances des sites, pour les camps de Tre- blinka et de Sobibór (le dessin légendé pour ce dernier camp a été " oublié » dans l'édition française). Le texte pose aussi la question, mais sans développer l'idée, de " la possible culpabilité d'un paysage » (p. 68), notion formulée par un universitaire hollandais, le professeur Rob van der Laarse. L'auteur se contente de rappeler en citant un garde forestier polonais interrogé sur place que les arbres de Sobibór ont " entre 60 et 70 ans » (p. 195), et qu'ils témoignent en ce lieu de l'histoire du génocide qui alla jusqu'à l'e?acement du paysage. La partie la plus illustrée par l'auteur lui-même est celle consacrée aux découvertes d'équipes d'archéolo- gues à Sobibór pendant ses séjours de 2013 et 2014. Une

_ Site du centre d'extermination de Bełżec_ Les soubassements du " château » de Chełmno

© Willy Coutin

© Willy Coutin

22Témoigner. Entre histoire et mémoire - n°129 / Octobre 2019

campagne de fouilles y avait débuté en 2007 sous la direc- tion de l'archéologue polonais Andrzej Kola de l'univer- sité de Toruń qui avait réalisé un sondage de l'ensemble du site, servant de canevas aux recherches ultérieures. Le récit et les clichés guident le lecteur dans la mise à jour déjà e?ectuée (en 2011) du " tube » (der Schlauch, le " tuyau ») ou la Himmelfahrtstrasse (" chemin vers le ciel »), terme employé dans le livre, ce chemin étroit et long bordé de palissades aveugles par lequel les vic- times étaient poussées jusqu'au bâtiment des chambres à gaz, dans les trois centres de l'Aktion Reinhard : les traces parallèles sombres dans le sol sablonneux clair dégagé par les fouilles, lais- sées par les deux cloisons du " tube », et les marques des poteaux qui soutenaient le réseau de barbelés entre- mêlé de branches d'arbres des deux parois. Deux cou- pures dans ce tracé reliées par un autre tracé parallèle sur quelques mètres confir- ment l'ancienne présence du local où les femmes devaient passer pour la coupe rapide de leurs cheveux, quelques instants avant la fin. Des photos aériennes permettent de repérer les emplacements des charniers grâce à la couleur de l'herbe plus verte en raison du potassium et du calcium dont le sol est chargé. Les archéologues ont mis à jour les vestiges d'un tunnel partant du camp III en direction de la clôture ouest du camp, semblant attester l'épisode de la tentative d'évasion de 75 détenus hollan- dais du camp III en 1943, et à l'extrémité nord du site, derrière la colline de cendres, ils ont découvert six sque- lettes de jeunes hommes tués d'une balle dans la tête, certains portant encore des bottes de l'armée russe. Le lecteur se familiarise alors avec la règle de la Halakka qui exige que ce qui reste des corps des Juifs enterrés ne peut être déplacé, les fouilles, sous l'observation d'un rabbin, devant alors cesser à l'endroit en question.

Une partie importante du livre est le reportage

photo que réalise l'auteur sur l'émergence des fonda- tions des chambres à gaz de Sobibór, à l'emplacement de l'ancien monument commémoratif. D'une surface de

350 mètres carrés, le bâtiment mesure 22,5 mètres de

long sur 15,8 de large, et les matériaux retrouvés révèlent

qu'il a été modifié, agrandi, là où à Bełżec les chambres à gaz furent reconstruites au cours de la période de fonc-

tionnement du camp, et où à Treblinka un second bâti- ment plus vaste de chambres à gaz était venu compléter la première installation. L'emplacement du local où se trouvait le moteur qui fournissait le gaz apparaît aussi clairement. Dents, prothèses, couronnes en or, pinces de dentistes, colliers, clefs ont été retrouvés à côté des fondations mises à jour, là où les corps étaient sortis des chambres à gaz. Dans le bois qui recouvre la partie nord-est du camp, une " anomalie magnétique » déjà repérée s'est révélée être une décharge où l'on retrouve des briques du même type que celles de l'emplacement des chambres à gaz, consé- quence du démantèlement du site en novembre 1943.

La rencontre de l'au-

teur avec trois des derniers survivants de Sobibór, et la présentation de leurs retrouvailles sur le site le

14 octobre 2013 est un des

points forts du livre. Il est dommage que le portrait sur quatre pages du parcours du Hollandais Jules Schelvis n'ait pas été retenu dans l'édition française. Une autre photo forte du livre est la présence de Jules Schelvis sur le chantier des fouilles des chambres à gaz de Sobibór. Depuis la publication du livre, les trois rescapés ont disparu : le Polonais Tomasz (Toivi) Blatt est décédé le 31 octobre 2015, Jules Schelvis le 3 avril 2016, et le

Polonais Philip Bialowitz le 6 août 2016.

LES LIMITES DE L'ÉDITION FRANÇAISE

L'édition hollandaise est bien plus ambitieuse, et le projet de Ton Roozeboom y apparaît plus riche et plus clairement en commençant par l'évocation des Juifs des Pays-Bas, à peine mentionnée dans l'édition fran- cophone alors que cela pouvait être l'occasion d'une utile vulgarisation sur un pan de l'histoire de la Shoah méconnue en France. Les coupes ont été nombreuses, et l'on ne peut s'empêcher ainsi de largement préférer l'édition originale. Dans l'ordre du livre, ont été retirés : l'histoire des Juifs des Pays-Bas sous l'occupation alle- mande, leur déportation, notamment les dix-neuf trains partis de Westerbork entre mars et juillet 1943 vers Sobi- bór transportant 34 313 personnes (seules dix-huit ont

Chroniques

© Willy Coutin

23Testimony Between History and Memory - n°129 / October 2019

survécu), le portrait de Jules Schelvis, la présentation des déportations des Juifs de Belgique vers les camps de l'Aktion Reinhard, celle des quatre convois français partis de Drancy vers ces camps, et non vers Auschwitz, l'aspect souvent oublié dans l'histoire de la Shoah du pillage économique, notamment à l'occasion de l'Aktion Reinhard, bien documentée sur ce point, l'évocation des Einsatzgruppen, l'histoire du ghetto de transit d'Izbica en Pologne, auquel est associée celle du rescapé Tomasz Blatt ; dans la partie consacrée à Bełżec, tout le témoi- gnage essentiel pour l'écriture lacunaire de l'histoire de ce camp de Kurt Gerstein n'a pas été repris ; concernant Treblinka, l'histoire de la population juive de Siedlce sous l'occupation allemande (plusieurs photos des actions de liquidation à Siedlce, dont celles du soldat allemand Hubert Pfoch, sur le quai de la gare, et le témoi- gnage du survivant Eddie Weinstein originaire de cette ville), le témoignage du chef de gare de Treblinka, Fran- ciszek Zabecki, la présentation des fouilles sur le site et la découverte de l'emplacement supposé du bâtiment des chambres à gaz ; le sort de la population juive de Włodawa, proche de Sobibór, le parcours et les pro- cès d'Ivan Demjanjuk, le parcours de Philip Bialowitz, une double page de photos de l'auteur de fragments de barbelés attachés aux arbres que l'on rencontre encore facilement sur le site de Sobibór, ici sur un espace corres- pondant au terrain miné par les Allemands et qui avait été sécurisé par eux lors du démantèlement du camp. Beaucoup de ces retraits dénaturent le projet original qui part de l'histoire néerlandaise pour se transposer en Pologne et marcher dans les pas des victimes, des ghettos de transit jusqu'au seuil des bâtiments des chambres à gaz, et finir par y entrer par la dernière découverte archéologique d'ampleur sur le site de Sobibór. Il faut aussi regretter que malgré l'indéniable qualité de réalisation de l'ouvrage et le respect de la mise en page par rapport à l'édition originale, des coquilles dans la traduction aient subsisté. Elles concernent notammentquotesdbs_dbs46.pdfusesText_46
[PDF] Le livre une jeunesse au temps de la shoah de SIMONE VEIL

[PDF] Le livre: Hitler de Mizuki

[PDF] le livre: le secret de jessica auteur:michel amelin

[PDF] le logement des ouvriers au xix siècle

[PDF] Le logiciel Geogebra

[PDF] le lombric roubaud analyse

[PDF] le loup et l'agneau

[PDF] Le loup et lagneau

[PDF] le loup et l'agneau

[PDF] le loup et l'agneau analyse

[PDF] le loup et lagneau analyse 6ème

[PDF] le loup et l'agneau analyse linéaire

[PDF] le loup et l'agneau analyse seconde

[PDF] le loup et l'agneau chagall

[PDF] le loup et l'agneau commentaire