Le Silence de la mer ou linjonction assourdie
Avant même de se prêter à l'analyse textuelle Le Silence de la mer présente un paradoxe digne d'attention. Écrit et publié clan-.
Grade 11 LITERATURE (Ms Quedou-Jhurry) LANALYSE
COURT RESUME DE L'HISTOIRE. « Le silence de la mer » est l'histoire d'une famille française contrainte de loger un officier allemand Werner von Ebrennac.
Le silence de la mer - de Jean Bruller dit Vercors
Donc Vercors fait une très profonde analyse psychologique des personnages
Le silence de la mer
Dans l'histoire littéraire Vercors
EXPLICATION N°7
VERCORS Le Silence de la mer (1942). Albin Michel devra donc pas s'égarer dans un commentaire excessif sur ce que ressentent les.
DIPLÔME NATIONAL DU BREVET SESSION 2019 FRANÇAIS
VERCORS Le silence de la mer
LE SILENCE DE LA MER DE VERCORS OU LE MANIFESTE DE LA
ANALYSE LITTERAIRE ET THEMATIQUE DE L'OEUVRE Le Silence de la mer ; une oeuvre qui rapidement vaut à Vercors une réputation.
Le silence de la mer
a expliqué ses tiraillements intérieurs dans un livre de souvenirs : Un Allemand à Paris. 1940-1944. [16]. Une bonne analyse de la question figure dans l'
Zoom sur le scénario du Silence de la mer de Jean-Pierre Melville
4) dans la colonne des dialogues pour indiquer une partie de commentaire à ajouter. La bande son du Silence de la mer se compose de trois éléments : la ...
Le silence de la mer de Vercors et Le joueur déchecs de Stefan Zweig
31 May 2009 ce que Vercors met en scène dans Le Silence de la mer : Werner von Ebrennac jeune officier allemand est logé chez un vieil homme et sa ...
TEXTE INTÉGRAL
Vercors
Le Silence de la mer
Classiques
Contemporains
COLLÈGE/LP
Vercors
Le Silence de la mer
professeur de lettresCollection animŽe par
Jean-Paul Brighelli etMichel Dobransky
ClassiquesContemporains
Vercors : lÕcriture de la Rsistance . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5 LESILENCE DE LA MER
Texte intgral . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7Après-texte
POUR COMPRENDRE
GROUPEMENTS DE TEXTES
I) Collaborateurs et rsistants . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 181 II) Points de vue sur lÕholocauste . . . . . . . . . . . . . . . . . . 189 INFORMATION/ DOCUMENTATION
Bibliographie, filmographie, sites Internet . . . . . . . . . . . 197Sommaire
1941 : la France est occupe. Sous le joug de lÕenvahisseur alle-
mand, elle courbe lÕchine et signe un armistice : le gouvernement de lÕpoque, dirig par le marchal Ptain, sÕengage ˆ collaborer avec lÕennemi. tation encore silencieuse des Franais pris de justice et de dmo- cratie : il faut rsister, disent-ils. Pour lÕhonneur et pour la libert. Dans lÕombre de la clandestinit, des hommes et des femmes vont ouvrir la voie du refus ; des textes sont publis et circulent sous le manteau : crits de combat (journaux, tracts, pamphlets...) romanesque ou potique, la situation politique du pays. Le Silence de la merest la rponse de Vercors (1902-1991) ˆ lÕas- tions de Minuit (les livres taient imprims en cachette, la nuit). Elle raconte lÕhistoire dÕun officier allemand hberg pendant lÕhi- les quelques mois de ce sjour impos, une trange relation sÕta- blit entre lÕoccupant et ses h™tes : les deux Franais opposent au discours de lÕofficier un silence volontaire et tenace. Au dialogue refus se substitue un monologue forc qui se droule dans un cadre unique : la grande salle de la maison o, jusquÕau dpart dePrŽsentation
5 lÕoccupant pour le front russe, les trois personnages se retrouvent chaque soir pour une trange veille.Sur un plan idologique,
rflexion sur la Rsistance et fait du silence lÕarme des patriotes. Ce court rcit, autant que les autres nouvelles que Vercors crira pendant les annes de guerre, montre la France occupe sous dif- frents angles : Ce jour-lˆraconte sur un mode minimal lÕanan- vcue ˆ travers les motions de lÕenfant;Le Songeprsente, sur le
double registre du fantastique et de lÕhorreur, une vision halluci- nante des camps de concentration ;LÕImpuissancemontre lÕassas-
sinat moral dÕun intellectuel qui voit ses illusions sÕeffondrer sous la botte allemande ;Le Cheval et la Mort
, rcit nigmatique, met immeuble bourgeois par des tudiants plaisantins et celle dÕune visite dÕHitler ˆ Montparnasse ; enfin,LÕImprimerie de Verdun
Ptain.
duelles, ensuite parce quÕelles montrent la vrit dÕune poque surVercors un art de la nouvelle.
Dans lÕhistoire littraire, Vercors, qui a pourtant beaucoup crit, reste essentiellement lÕcrivain duSilence de la mer
symbole rdite soixante-douze fois et traduite en quarante langues.PrŽsentation
6 7Vercors
Le Silence de la mer
Ð en moi et en nous. DÕailleurs, je ne cherche pas. Il est de cer- se souvent. Je mÕattendris, je souris et mÕtire. Je sais quÕil y aurait srement quelque chose ˆ trouver. Ë quoi bon? Cette demi- ignorance, ma foi, me convient. Comme les plus profonds tourments p‰lissent vite! Il y a trente mois je dsirais la mort. Nous tions quelques-uns ˆ la dsirer. Nous ne parvenions ˆ voir devant nous rien quÕun ab"me ftide. Comment y vivre? Pourquoi attendre une asphyxie immonde? Ah! trouver un rocher dsert, une "le abandonne, loin de la mle rpugnante des hommes... Comme cela semble trange, aujourdÕhui, Ð o nous avons tant de motifs dÕesprer! Mais lÕespoir, le dsespoir ne sont pas choses raisonnantes ni raisonnables. Le dsespoir sÕtait empar de nous, du chef 1 ˆ lÕorteil. Et, il faut bien lÕavouer, ce que nous secouer. Car nous nÕtions pas tous dsesprs. Oh! non. Dans ce 11 5 10 15 201. Tête.
mess 1 htroclite 2 , o le dsastre avait rassembl une douzaine dÕofficiers venus de toutes parts, sans point commun sinon celui de nÕavoir pas combattu 3 , la note dominante nÕtait pas le dsespoir. Chacun tait avant tout proccup de soi. Et, pourvu que tous les chemins ne fussent pas coups devant lui, prenaitTalleyrand
4 5 , avait en quelques annes refait une France redoute; une canaille referait de mme. Il suffisait dÕattendre. Il y avait lˆ un homme que jÕappellerai le Capitaine Randois. son mpris de la foule. JÕvitais de lui parler. Je craignais quÕil ne laiss‰t, dÕun mot, deviner la satisfaction que les malheurs de la Rpublique, le triomphe de la tyrannie devaient avoir fait na"tre en lui. Je nÕaurais pu le supporter sans ragir. Mes nerfs taient mangeait en silence, son grand nez coupant baiss vers la nappe. Les incessantes discussions, politiques et imbciles, qui formaient la trame de nos repas, nÕobtenaient de lui quÕun ddain que jÕau-Vercors
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1. Lieu où se réunissent les officiers et sous-officiers dune même unité pour prendre leurs repas.
2. Qui réunit des hommes dorigines différentes.
3. Larmée française est restée plusieurs mois (sept. 1939-mai 1940) en position défensive
derrière la ligne Maginot, ligne fortifiée censée arrêter lennemi. E n fait, larmée allemande contourna laligne de défense française et prit au piège les troupes franco-anglaises et belges. Avant davoir
commencé, la campagne de France se termina par la débâcle et l exode.4. Laval, ministre de Pétain favorable à la collaboration avec lennemi allemand
, est ici assimilé à Talleyrand (1754-1838), homme politique français fameux pour son opp ortunisme et ses intrigues.5. Célèbre défaite des armées napoléoniennes contre lAngleterre (18 juin 1815).
rais trouv insultant, Ð si je nÕeusse fait tout comme lui. Notre pauvre vieux brigand de commandant, conseiller gnral duGard, prsidait ces joutes
1 , les couvait de ses gros yeux teints. Il ressemblait, par le visage et lÕaccent, ˆ un Raimu 2 amolli, ˆ lÕun des Fratellini 3 aussi, Ð celui qui est mort, celui qui cachait ses drisoires malices sous un aspect de notaire solennel. Il interro- geait lÕavenir avec malaise, inquiet de la place quÕil pourrait y creuser pour son adipeuse papelardise 4 . Il dit un jour:Ð Randois, vous avez vu? Votre Maurras
5 se range sans res- 6 .(Quand il parlait, il semblait que son accent ft noy dans une gorge dÕeau, quÕon se ft attendu mais, dans le malheur de la patrie, il faut oublier ses convic- vainqueurs, selon vous? Le Capitaine Randois leva le nez. Et ses yeux, ses yeux bleus moi et sur mon voisin le Capitaine Desprados; et il rpondit:Ð Les Fridolins
7 ? Ils nous auront jusquÕau trognon. Sa voix tait dÕune tristesse sans borne. Je fus surpris, Ð plusDŽsespoir est mort
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1. Luttes.
2. Célèbre acteur de lépoque, à la silhouette bon enfant et à
laccent du Midi.3. Célèbre famille de clowns.
4. Hypocrisie visqueuse et répugnante.
5. Écrivain et homme politique français (1868-1952).
Nationaliste, il soutenait Pétain.
6. Pétain.
7. Les Allemands.
BIEN LIRE
L. 49 : Quelle
nuance traduit le possessif " votre » ? encore du regard que des paroles. Ainsi, il nous rejoignait, il avait su nous rejoindre, nous les solitaires, nous les muets. Il avait mieux su me comprendre, que moi lui. AujourdÕhui, je sais bien que je manquais de sagacit 1 . Car ce mess tait ˆ lÕimage de ce pays, o seuls les l‰ches, les malins et les m chants allaient continuer de prorer 2 ; o les autres nÕauraient, pour protester, que leur silence. Randois nous avait reconnus. JÕtais silencieux. Mais le Capitaine Desprados lÕtait plus que moi. Il avait, lui, particip ˆ ÇnotreÈ bataille: ˆ la bataille postiche 3 , au dshonorant simulacre 4 qui nous en avait plus appris, en ces trois jours serrs entre deux armistices 5 , sur lÕin- famie 6 drisoire de certains hommes couverts dÕhonneurs, que lÕexprience de toute une vie. Il avait assist dÕun bout ˆ lÕautre ˆ la honteuse et cruelle comdie. Il avait eu dans les mains, on lui avait mis impudemment dans les mains des preuves immondes et puantes: celles du souci unique, aux pires jours du dsastre, quÕavait eu un chef indigne de prparer les voies de son ambition. Ambition sordide. On et dit quÕil en avait p‰li, Ð p‰li ˆ jamais. Il tait p‰le et raide, raide dÕune vieille blessure qui lÕempchait de tourner la tte sans tourner aussi les paules et plus p‰le dÕune cicatrice qui partageait en deux son beauVercors
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1. Clairvoyance, lucidité.
2. Faire des grands discours, avec prétention.
3. Factice, fausse.
4. Mensonge, illusion.
5. Accords entre ennemis pour arrêter les hostilités.
6. Bassesse, déshonneur.
BIEN LIRE
L. 71 : Expliquez
le déshonneur attaché au terme " armistices ». comme et fait un monocle. Et cela lui donnait une expression double, pntrante et dominatrice. Pendant toutes ces semaines, il ne sourit jamais. Je ne lÕai jamais vu rire, Ð sauf une fois. Oui, jÕai presque un effort ˆ faire aujourdÕhui pour com- prendre, comme je le comprenais alors, quÕun homme pt tre si mortellement dcourag quÕil lui ft impossible, pendant des semaines, de sourire. JÕtais ainsi moi-mme, pourtant. Nous tra"nions nos gros souliers oisifs dans lÕunique rue de ce village brl de soleil, o lÕon nous avait cantonns 1 Nous nÕen pouvions sortir. Nous nÕavions dÕautre choix que les deux bistrots, le banc du jardinet quÕune aimable personne avait offert, ou notre chambre. Pour ma part, jÕavais choisi ma pense aujourdÕhui que Randois, que Desprados menaient la mme torturante vie. Peut-tre faut-il voir lˆ les raisons de cet infernal silence, o nous nous tions murs malgr nous. Ma chambre tait petite. Je lÕavais choisie parce quÕelle tait petite. Elle ouvrait sur les toits par une mince fentre haut pla- ce. Ainsi elle tait constitue, un peu, comme un cachot, Ð un cachot quÕune jeune fille et adouci de ses soins. Je restais lˆ, de longues heures, entre ces murs rapprochs. Prisonnier dans ces murs comme dans les penses, simples et horribles, que je ne pouvais chasser. JÕaimais sentir ces murs peser sur moi, commeDŽsespoir est mort
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1. Établis.
on aime ˆ presser dÕun doigt nerveux une gencive irrite. Cela nÕtait certes pas bon pour la sant de lÕesprit. Pas pire, sans doute, que dÕerrer dÕun bistrot ˆ lÕautre, que dÕassister ˆ la l‰chet de tous. pas un long chemin ˆ faire. La maison qui abritait notre mess faisait face ˆ la mienne, par-delˆ une troite ruelle caillouteuse. Ces repas taient anims et bruyants. Ils taient pour moi lugubres. On nous y engraissait comme des oies. LÕIntendance nÕavait pas encore t touche par la dfaite, et nous fournissait plusieurs viandes par repas, quÕun cuistot arrogant, titulaire dÕun dipl™me de cuisine militaire et quÕun de nous avait dcouvert etÇvorac
1 È, dguisait sous des sauces savamment immondes, devant lesquelles le mess fondait dÕadmiration. On sÕen flicitait mutuellement. La plus franche cordialit rgnait entre ces hommes galonns 2 , qui se dchiraient lÕun lÕautre sit™t spars. Ils taient tous rivaux, pour une raison ou une autre. La db‰cle 3 nÕavait pas dtruit chez eux le got des prsances 4 , dont ils allaient tre bient™t privs. Leur rivalit tait aussi plus mat- rielle. Certains avaient vite compris quÕil y avait quelque chose ˆ tirer de la dsorganisation gnrale, de la difficult des cont r™les. Le plus ha• tait celui quÕon accablait, aux repas, des plus hautesVercors
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1. Réquisitionné.
2. Les officiers ont des galons.
3. Défaite humiliante (de larmée française).
4. Privilèges.
son grade permettait les plus fructueuses rapines 1 . Nous savions que son grenier se remplissait de chocolat, de p‰tes, de riz. JÕaurais d, moi aussi, ha•r cet homme. Je ne sais pourquoi, je nÕy parvenais pas. Peut-tre parce que sa canaillerie tait si vi- demment native quÕelle en devenait ingnue 2 . Peut-tre aussi parce que je savais Ð avant lui Ð quÕil allait mourir. Il en tait arriv ˆ un point dÕurmie 3 qui ne pouvait tarder dÕamener une seulement entre chaque plat: entre chaque bouche, Ð quelques secondes, sa fourchette leve. Je voyais les autres rire. CÕtait pitoyable et tragique. ÇMon Dieu, pensais-je, quÕil garnisse son grenier.È Pourtant je mÕen voulais de cette indulgence. tais moins seul. Non pas que nous eussions jamais chang un mot de quelque importance. Mais, parfois, quand je sentais nouvelle marque de la funeste insouciance de ces hommes en qui le pays avait cru trouver des chefs, je voyais se tourner vers ainsi nos regards, et cela nous soulageait. Nous nÕallions pas plus loin dans nos confidences. Ce matin-lˆ, pourtant, il se laissa aller ˆ quelque chose de plus. Quand jÕentrai pour prendre ma tasse de caf, il tait lˆ,DŽsespoir est mort
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1. Vols.
2. Innocente et naïve
3. Maladie liée à laccumulation dans lorganisme de produits azotés, en général liée à une insuf-
fisance de la fonction des reins. seul devant la sienne. Il lisait Le Petit Dauphinois. CÕtait un des soudain il me le tendit, silencieusement et rageusement, mar- quant du pouce lÕditorial, et tandis que je lisais ˆ mon tour, il garda poss sur moi ses yeux lumineux. Oui, ce quÕil me fit lire dpassait tout ce quÕon pouvait attendre. Ce que le plus grand mpris des hommes nÕaurait suffi ˆ nous faire croire sans preuve. On nous ressortait, simplement (nÕoubliez pas que fide Albion 1 . Dans cette mme colonne, sous cette mme signature, o trois semaines plus t™t le mme homme nous par- lait encore, avec une dlectation sadique 2 , des milliers de bar- bares teutons 3 que la Lys et la Somme charriaient, sanglants et putrides 4 , vers la mer. QuÕaurais-je dit? Je ne dis rien. Mais, me renversant sur ma chaise, je partis ˆ rire. Desprados appuya ses avant-bras sur la table, et il rit aussi. DÕun rire long et bruyant, en se balanant un peu. CÕtait un bruit dplaisant, cette gaiet sans joie dans nous nous tmes, et nous nous lev‰mes, car cÕtait lÕheure, pour nous, dÕassister, dans la petite glise, ˆ une messe pour le reposVercors
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1. " Albion » était le nom donné à la Grande-Bretagne dans
lAntiquité. Il est aujourdhui parfois employé pour désigner ironiquement lAngleterre. Il semble que larticle mette en cause les Anglais, pourtant alliés des Français durant laSeconde Guerre mondiale.
2. Un plaisir pervers.
3. Allemands.
4. En décomposition.
BIEN LIRE
L. 161 : À qui
sadresse le narrateur, lorsquil dit: " noubliez des morts de la guerre. Cela et pu tre mouvant et simple. Ce fut odieux et grotesque. Un prche nous fut fait par un jeune soldat-prtre, studieux et ambitieux, heureux de trouver lˆ une occasion dÕexercer son loquence 1 . Il nous servit une oraison 2 vide et pompeuse, encore maladroite dÕailleurs et que ne sauvait pas mme le talent. Je sortis de lˆ plus accabl que jamais. Je marchais tte basse, entre Desprados et Randois qui sÕtait joint silencieusement ˆ nous. Comme nous passions dans une ruelle herbeuse, entre deux hauts murs de jardin, je ne pus retenir tout ˆ fait un des soupirs contraints dont ma poitrine tait pleine ˆ faire mal. Randois tourna la tte vers moi, et je vis quÕil souriait affec- tueusement. Ð Nous tra"nons notre besace, dit-il et, passant entre nous, il nous prit chacun par le bras. Nous parv"nmes ainsi devant le mess. Ce nÕtait pas lÕheure Nous nous ass"mes sur le bord de lÕtroit trottoir, et le silence sur nous pesa une fois de plus. CÕest alors que nous v"mes venir les quatre petits canetons. Je les connaissais. Souvent jÕavais regard lÕun ou lÕautre,DŽsespoir est mort
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1. Talent dorateur.
2. Discours religieux.
BIEN LIRE
L. 194 : Pourquoi la présence des
" canetons » ne nous étonne-t-elle pas ici ?Quel changement de registre observez-
vous ?1. En boitant.
2. Qui rappelle les attitudes et les habitudes militaires.
patauger, sans cesser une seconde de couiner dÕune voix fragile et attendrissante, dans les caniveaux ou la moindre flaque. Plus dÕune fois, lÕun dÕeux mÕavait ainsi aidŽ ˆ vivre, un peu plus vite, un peu moins lourdement, quelques-unes des minutes de ces interminables jours. Je leur en savais grŽ. canards. Ils venaient de la grande rue, claudicants 1 et solennels, vifs, vigilants et militaires. Ils ne cessaient de couiner. Ils fai- saient penser ˆ ces dŽfilŽs de gymnastes, portant orgueilleuse- fausse. JÕai dit quÕils Žtaient quatre. Le dernier Žtait plus jeune, Ð plus petit, plus jaune, plus poussin. Mais bien dŽcidŽ ˆ nÕtre pas traitŽ comme tel. Il couinait plus fort que les autres, sÕaidait des pattes et des ailerons pour se tenir ˆ la distance rŽglemen- taire. Mais les cailloux que ses a"nŽs franchissaient avec mal- adresse mais fermetŽ formaient, pour lui, autant dÕembžches o son empressement venait buter. En vŽritŽ, rien dÕautre ne quÕil se cassait la gueule. Tous les six pas, il se cassait ainsi la gueule et il se relevait et repartait, et sÕempressait dÕun air mar- tial 2 et angoissŽ, couinant avec une profusion et une ponctua-Vercors
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parade de canards. Rarement ai-je assist ˆ rien dÕaussi comique. De sorte que je mÕentendis rire, et aussi Desprados, mais non plus de notre affreux rire du matin. Le rire dequotesdbs_dbs46.pdfusesText_46
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