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Je souhaiterais d"abord remercier monsieur Jean-Michel Leniaud, directeur de l"École nationale des chartes, qui m"a permis de mener à bien ce travail. Ma reconnaissance va tout

particulièrement à ma directrice de thèse, madame Elisabeth Parinet, professeur émérite à

l"Ecole nationale des chartes, qui suit mes travaux depuis mon entrée en master à l"École. Ses

conseils tout au long de ces années m"ont été d"une aide précieuse, et m"ont incité à donner le

meilleur de moi-même. Ma gratitude va également à monsieur Olivier Poncet, directeur du

Centre Jean Mabillon et professeur à l"École nationale des chartes, qui m"a toujours apporté

son soutien pour mes travaux de thèse comme pour mes projets scientifiques. La rédaction de

cette thèse doit beaucoup à monsieur Jérôme Belmon, directeur des études de l"École

nationale des chartes, qui m"a accordé sa confiance et sa bienveillance tout au long de ma

scolarité et de mon travail à l"École. Je voudrais aussi remercier madame Gabrielle de Lassus

pour son aide durant cette période. Je n"aurais enfin pas pu mener à bien cette thèse sans monsieur Jacques Berlioz, ancien directeur de l"École nationale des chartes. Ce travail n"aurait pas été le même sans le cadre offert par l"école doctorale 188, dont je remercie le directeur monsieur Jacques-Olivier Boudon. Je dois également beaucoup au

soutien et aux échanges avec monsieur Dominique Khalifa, ancien directeur de l"école

doctorale 113, et madame Christine Lebeau, directrice de l"école doctorale 113, sous l"égide de laquelle cette thèse a été commencée. Mes recherches sur Jean de La Hire ont débuté à l"Institut d"Études Politiques de Paris, sous la direction de monsieur Jean-François Sirinelli, auquel un remerciement

particulier doit être adressé. Je le remercie également d"avoir bien voulu faire partie de mon

jury de thèse. Les conseils de mon tuteur au sein de cette institution, monsieur Jean-Noël

Jeanneney, ont également beaucoup contribué à mes travaux de master. Je remercie également

madame Odile Gaultier-Voituriez, responsable du centre de documentation du CEVIPOF, et

enseignante à l"Institut d"Études Politques de Paris, pour m"avoir aiguillée au commencement

de mon étude sur Jean de La Hire. J"adresse aussi mes remerciements à monsieur Jean-Yves Mollier, professeur à

l"Université de Versailles Saint-Quentin, dont les remarques éclairées sur mes premiers

travaux ont contribué à l"élaboration de cette thèse. J"aimerais également adresser mes remerciements à monsieur Pascal Ory, professeur à l"Université Paris 1, qui m"a permis d"intervenir dans son séminaire et a accepté de faire partie de mon jury de thèse.

2 | Jean de La Hire. Biographie intellectuelle et politique (1878-1956)

Cette thèse doit par ailleurs beaucoup aux conseils prodigués par messieurs Jacques

Migozzi, professeur à l"Université de Limoges, et Daniel Compère, professeur à l"Université

Sorbonne Nouvelle - Paris 3, qui a bien voulu faire partie de mon jury de thèse. Toutre ma gratitude va également à monsieur Matthieu Letourneux, qui a accepté de participer à mon jury de thèse. Je souhaiterais vivement remercier les participants des colloques auxquels j"ai eu la

chance de participer, à l"Institute of French Studies de la New York University, à l"Université

de Savoie, à la Columbia University et à la City University of New York, à l"Université de

Picardie, à l"Université de La Rochelle et à la Maison française d"Oxford. Toute ma gratitude

va également au CIERA (Centre interdisciplinaire d"études et de recherches sur l"Allemagne) qui m"a permis d"organiser un colloque avec ma collègue Cécile Lairez. J"aimerais également remercier le personnel des archives et des bibliothèques que j"ai

fréquentées. Ma reconnaissance va tout particulièrement au personnel des Archives de la

justice militaire au Blanc, qui m"a accueilli très chaleureusement, à l"équipe de la salle X du

site Tolbiac de la Bibliothèque nationale de France qui m"a toujours fait bon accueil et dont

j"ai toujours apprécié l"efficacité et l"amabilité, et aux agents de la bibliothèque de l"École

nationale des chartes qui ont toujours fait preuve d"un professionnalisme remarquable. Parmi ces derniers, je souhaite tout particulièrement remercier mes amies Cécile Beaudouin et Linda Gaudemer qui ont toujours su répondre à mes questions et m"ont efficacement guidée dans mes recherches. Je n"oublie pas le soutien constant que m"ont offert, ma mère, mon compagnon, et mes amis. w2STôy0ôSygFRÉV2gT2K"Sy

AD : Archives départementales

AN : Archives nationales (Paris)

BnF : Bibliothèque nationale de France

IMEC : Institut Mémoires de l"édition contemporaine n. p. : non paginé pseud. : pseudonyme s. d. : sans date

SHD : Service Historique de la Défense

s. l. : sans lieu s. n. : sans nom

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Jean de La Hire, pseudonyme le plus connu d"Adolphe d"Espie

1, est un écrivain

aujourd"hui oublié, sauf par quelques spécialistes et passionnés de littérature populaire. Pour

ces quelques connaisseurs, La Hire est l"auteur de plusieurs séries scoutes, le créateur en 1908

de La Roue fulgurante, vaisseau extraterrestre aux allures de soucoupe volante, et le père en

1911 du Nyctalope, extraordinaire héros capable de voir dans les ténèbres. Plus souvent

encore, c"est le rôle que l"écrivain a joué pendant la Seconde Guerre mondiale qui a marqué

les esprits : collaborateur notoire, La Hire a aryanisé et dirigé une maison d"édition juive, les

Éditions Ferenczi, et a publié plusieurs textes à la gloire du nouveau régime et de l"Allemagne

nazie. Ce passé trouble a inévitablement laissé des traces dans les mémoires ; et sa réputation

de romancier pour la jeunesse ne saurait faire oublier ses actes pendant l"Occupation.

Personnage controversé, auteur parfois méprisé - " infâme pisse-copie qui tire à la ligne

2 »

pour Claude Deméocq -, La Hire a été peu à peu effacé de l"histoire de la littérature. Il s"agit

pourtant d"un écrivain qui a compté. Ne serait-ce qu"à cause d"une oeuvre vaste, qui s"étend de

1899 à 1956 et qui rassemble 213 romans et 11 séries

3 (soit 537 fascicules), sans compter de

nombreux feuilletons - par exemple, 37 rien que dans Le Matin. C"est aussi une oeuvre qui

explore tous les genres offerts par la littérature populaire : La Hire a écrit des romans

d"aventures et de science-fiction, mais aussi des romans sentimentaux et policiers. Il a publié dans tous les formats, aussi bien pour Tallandier que pour Ferenczi. C"est enfin une oeuvre qui

a réussi à captiver un grand nombre de lecteurs de tous âges et de tous horizons. En témoigne

Jean-Paul Sartre qui, dans Les mots, se souvient du plaisir qu"il éprouvait à la lecture des

Trois Boy-Scouts de Jean de La Hire :

Au cours d"une de nos promenades, Anne-Marie [sa mère] s"arrêta comme par hasard devant le kiosque qui se trouve encore à l"angle du boulevard Saint-Michel et de la rue Soufflot, je vis des images merveilleuses, leurs couleurs criardes me fascinèrent, je les

réclamai, je les obtins ; le tour était joué, je voulus avoir toutes les semaines Cri-Cri,

l"Epatant, Les Vacances, Les Trois Boy-Scouts de Jean de La Hire et Le Tour du monde en aéroplane, d"Arnould Galopin qui paraissaient en fascicules le jeudi 4.

1 Si Adolphe d"Espie est son véritable patronyme, il ne l"a jamais utilisé pour signer l"un de ses romans, et l"a

surtout utilisé dans le cadre de sa carrière politique. Même dans le cadre privé, l"écrivain préfère manifestement

se faire appeler Jean de La Hire, comme en témoigne par exemple sa correspondance amoureuse avec Mauricia

de Thiers (Alain Woodrow, La Femme bilboquet. Biographie de Mauricia de Thiers, Paris : Éditions du Félin,

1993. 208 pages). Par ailleurs, s"il en utilise d"autres, il préfère signer la plupart de ses textes avec ce

pseudonyme. Nous avons donc choisi d"utiliser systématiquement Jean de La Hire, plutôt que son nom de

baptême.

2 Claude Deméocq, " Un épigone de Jules Verne ? Jean de La Hire et Le Trésor dans l"Abîme », Le Rocambole.

Bulletin des Amis su Roman populaire, [Amiens] : Encrage, nouvelle série, n°30, printemps 2005, p.83.

3 Nous ne nous intéressons ici qu"aux premières éditions.

4 Jean-Paul Sartre, Les mots, Paris : Éditions Gallimard, 1972, pp.61-62.

6 | Jean de La Hire. Biographie intellectuelle et politique (1878-1956)

La Hire est un romancier au talent multiforme, qui a expérimenté des genres variés, a publié

des feuilletons, des romans, des articles et des essais, a conquis des milliers de lecteurs. D"un

point de vue politique, ce républicain convaincu, proche du Parti radical et du Parti

républicain-socialiste, a cru en la victoire française en 1939, et a finalement choisi en 1940 de

soutenir la collaboration avec l"Allemagne par ses actes et ses écrits. Dans le cadre de ce

travail, il s"agit donc d"étudier la carrière littéraire d"un écrivain actif pendant la première

moitié du vingtième siècle, mais aussi d"analyser une évolution politique qui voit La Hire

passer par le camp républicain-socialiste avant la Première Guerre mondiale, et l"amène à

exprimer son soutien au Troisième Reich en 1940. Il ne faut pas y voir là une volonté de réhabilitation, ni même l"expression d"une

sympathie, mais la manifestation d"un intérêt motivé par des raisons scientifiques. Depuis la

publication de La France de Vichy de Robert Paxton en 1973, les travaux sur la Seconde Guerre mondiale se sont multipliés en France : entre 1982 et 1987, la Bibliographie annuelle

de l"histoire de France a recensé 427 références publiées en moyenne chaque année, soit 3 à

4% de l"ensemble de la production scientifique consacrée à l"Histoire de France ; entre 1988

et 1992, la moyenne passe à 881 références par an, la Seconde Guerre mondiale représentant

4,5% de la production historique en 1988 et 8,2% en 1992

5. Les travaux historiques des vingt

dernières années ont continué d"explorer cette période, et ont levé le voile sur des pans moins

bien connus de ces années noires. En général, le ton accusateur des décennies précédentes

s"est estompé

6. De nouvelles générations d"historiens ont bénéficié d"un accès facilité aux

archives publiques, ont exploré, plus systématiquement, des archives étrangères et ont

découvert des témoignages méconnus, dont la publication ou la réédition a permis de mieux

comprendre les souffrances des victimes, et pénétrer dans l"intimité des Français occupés

7. La

parution de grandes synthèses a montré que le sujet avait déjà été exploré sous les angles les

plus divers, et que des thèmes longtemps délaissés avaient été bien étudiés : la justice, la

police, des aspects de la vie sociale, intellectuelle, artistique ou même sexuelle

8. L"histoire de

la Résistance a elle aussi bénéficié de la publication des derniers grands témoignages. Très

récemment, en 2013, Olivier Wieviorka a publié une grande synthèse, Histoire de la

Résistance 1940-1945, la première depuis celles publiées par Henri Michel ou Henri

5 Éric Conan et Henry Rousso, Vichy, un passé qui ne passe pas, nouvelle édition mise à jour, Paris : Librairie

Arthème Fayard, 2013, pp.24-25.

6 Ibid., p.316.

7 Ibid., pp.312-313.

8 Ibid., pp.315-316.

Introduction | 7

Noguères dans les années soixante9. Depuis les années soixante-dix, à la suite de travaux

d"historiens américains comme Robert Paxton, et français comme Pascal Ory

10, on redécouvre

aussi la littérature de la collaboration. La publication de l"oeuvre de Pierre Drieu la Rochelle dans la Pléiade, ou encore les nouvelles analyses sur l"oeuvre de Louis-Ferdinand Céline,

accentuent cette tendance, validant l"idée que certains écrivains collaborationnistes ont

produit une oeuvre digne d"intérêt. C"est dans ce contexte que nous nous intéressons à Jean de La Hire, écrivain collaborationniste. Mais nous ne nous penchons pas seulement sur cette période trouble de la

vie du romancier, et adoptons une perspective plus large, de manière à réaliser une biographie

qui saisisse tous les aspects de l"homme du politique et de l"homme de lettres. Aujourd"hui, on

assiste à une explosion des biographies. Dédaigné par l"École des Annales, le genre

biographique a su retrouver ses lettres de noblesse chez les historiens. La biographie a fait son grand retour dans les années quatre-vingt, qui ont vu le remplacement des vulgarisateurs par des universitaires sur la scène éditoriale

11. Par ailleurs, l"intérêt porté à la professionnalisation

de la littérature a renforcé depuis quelques années l"attrait exercé par le genre de la biographie

d"écrivain

12. Comme les hommes d"action, les hommes de plume sont donc mis à l"honneur13.

Mais c"est surtout vers la " grande » littérature que se tourne le chercheur. Ainsi, les écrivains

populaires, dont la plume paraît soumise aux désirs des masses, et dont le talent serait perverti

par la constante recherche du succès, n"ont que trop rarement les honneurs du biographe. Les

chercheurs se sont surtout intéressés aux romanciers populaires les plus connus, et les

biographies qui leur sont consacrées sont, pour beaucoup, l"oeuvre de passionnés. On trouvera nombre de travaux sur la vie d"Alexandre Dumas, quelques-uns sur celle de Gaston Leroux ou

d"Eugène Sue ; mais aucune biographie n"a été consacrée à des écrivains comme Georges

Ohnet, Paul Féval ou Michel Zévaco, qui ont ravi le public de leur époque et restent encore des figures majeures de la littérature populaire. Cependant, les recherches dans ce domaine se

multiplient avec les revues Le Rocambole ou Belphégor, des travaux réalisés par Daniel

Compère ou Matthieu Letourneux, et des associations comme " L"Association internationale

des chercheurs en Littératures Populaires et Cultures Médiatiques ». Même si la littérature

9 Ibid., pp.316-317.

10 Pascal Ory avec Les Collaborateurs (1977) ou Pascal Fouché et L"Edition française sous l"Occupation (1987).

11 Guillaume Piketty, " La biographie comme genre historique. Etude de cas », Vingtième siècle. Revue

d"histoire, numéro 63, 1999, pp.119-126.

12 Notamment à la suite des travaux de La Troisième République des lettres d"Antoine Compagnon (1983) et

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