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Un cœur simple lironie et le réalisme flaubertiens

17 sept. 2013 marque surtout le caractère simple des gens de la campagne. Mots clés: réalisme Gustave Flaubert



Un Cœur Simple de G. Flaubert (1821-1880) Fiche de lecture I

Quelle(s) hypothèse(s) de lecture peux-tu faire ? Le titre « Un cœur simple » est directement lié au personnage principal de la nouvelle. Le mot « cœur » 



FLAUBERT - Un cœur simple

Parcours de lecture Gustave Flaubert entame la rédaction d'Un cœur simple en ... paraît son roman auquel il n'a eu de cesse de travailler La Tenta-.



Temps et récit dans Un coeur simple. Introduction á une lecture

UF. Un coeur simple se présente comme l'histoire d'une vie selon le témoi- gnage m6me de Flaubert 



© Quentin Gibaud Bernard - 2013 Séance 7 Lecture analytique dun

Lecture analytique d'un extrait d'Un Cœur Simple structurée comme un roman en cinq chapitres. Un Cœur Simple se déroule en Basse-Normandie près.



LISTE DE LIVRES 3EME

Un cœur simple Gustave FLAUBERT. ROMANS ET RECITS HISTORIQUES Christian Grenier



CORRIGÉS

D'abord publié en feuilleton Un cœur simple est publié en volume en avril 1877 avec deux autres Après s'être surtout illustré dans le genre du roman



Un cœur simple - Gustave Flaubert

La lecture en classe de quatrième du conte de Flaubert Un cœur simple



IDEES DE LECTURE en classe de Troisième

IDEES DE LECTURE en classe de. Troisième. On appelle ici « classiques » les œuvres Flaubert G. : Un coeur simple. Gautier



FRANÇAIS

Corpus et pistes de lectures cursives. PROBLÉMATIQUE Un Cœur simple de Marion Laine. La Parure de Chabrol ... Le roman autobiographique.

TempsetrécitdansUncoeursimple.

Introduction

á unelecturemythique

LOURDES TERRÓN BARBOSA.UF.

Uncoeursimpleseprésente comme l'histoired'unevie,selonletémoi- gnage m6medeFlaubert,quirésume leconteencestermes:"L'1-Jistoired'un coeursimpleesttoutbonnement le récitd'unevieobscure, celle d'une pauvre filíedecampagne, dévote maismystique,dévouéesansexaltationet de samaitresse,unneveu,unvieillard qu'ellesoigne,puissonperroquet; quand le perroquet estmort,elle le fait empailler et,enmourantitsontour, estnullementironique comme vous lesupposez,matsaucontrairetr~s sérieux ettréstriste Cerésumé conféreaudéroulementde l'histoire deuxtraitssigníficatifs. Dunepart, la dimension linéaire,souslaformede lasuccessionet de la juxtaposition, c'est une seuleet méme expériencequiserépéte inlassablement pour s'acheversurunépisoderedondantoúla mort etlareconstructiondel'oiseau font pendant itla mortetitla promessed'assomptionde laservante.Le sens decedemierépisode, tontefois, estincertain.L'erreursurla personne du Saint-Esprit,signaléedans lerésumé,ne peutconduire,dansletextedu conte,qu'itundoute insurmontable("ellecrutvoir"),apparu surundes demiersbrouillonsdutexte.Apothéose, la demiére phrasereste,dansle Lettre¡¡MadameRoger desGenettes,19juin i87~.

224Lourdes Terrón Barbosa

voir,danslescieuxentr'ouverts,unperroquet gigantesque,planantaudessus de satete"2 Le résumé flaubertien annonce unehistoire simple,"c'esttoutbonne- ment déclare-t-il.Cettesimplicitéaffichée renvoie néanmoinsitune narration complexe ot¡prédominent effacement et discontinuité.Nousnous proposons demontrercommentl'étudedutravailet des procédés narratifs débouche surune figuration antithétiquedutemps.S'ilestvraique cet antagonisme est Etroitementheitune hésitation fondamentale quantausens durécit, ne pourrait-onpas,itpartirdelastructuredurécit mythiqueoit précisément,la dualitétemporelleestconstitutived'unmodedesignification originalengagerune lectureduconte susceptiblederendreproductif et d'amplifier le dilemme initial?

L'étude

des figurationsduÍempsdansle récit estaujourd'huibien établie3.AppliquéeitUncoeursimple,cette étude ouvrirait des perspectives non négligeables pour cequinous occupe.Ainsi,unexamendesrapports entre tempsdurécit ettempsdel'histoire,encequiconcernel'ordre,la durée etlafréquence,souligneraitd'emblée lasingularitédelapremi¿~reet de la années del'histoiresetrouvent réduitesitdeux maigreslignes, comniedans lepassage suivant:"Puislesannéess'écoulérent,toutespareillesetsans autresépisodes que le retour desgrandesfétes:Páques,l'Assomption,la Toussaint"(p.62).Al'inverse,danslademi~repartie, lananationparait étale,épousantlamarchelentede laprocession.Cette duréetouteparticuhiére dansunrécit précipité, "uneviedesoixante-dixans racontéeensoixante-dix pages" fait remarquerSvend Johansen4,n'est,bienentendu,qu'un des aspects remarquables de l'élanfinal. lnversement,danslapremiérepartie,le récitparaitsedégager des repéresdutempsdel'histoire pouratteindre,par delá la "Bí,toujourssilencieuse,lataihledroite etlesgestes mesurés, [Félicité] semblait une femme en bois,fonctionnant de maniéreautomatique"(p.29).

2EditionGarnier Ftammarion,p.83.Touteslescitationsse référent á cetteédition.

Jepenseen particulier áO.Genelte,"Lediscoursdurécit",FiguresIII,Paris, Seuil,

1972p.65-273,ainsiqu'aI'analysedeP.Ricocursur lamémequestion."Lesjeuxavecle

Temps et,-écitdansUncoeur simple...225

Ce genre d'étude,onlesait,setientdanslacléturedutexte.Pourtant,de tellesanalysessontsusceptiblesd'ouvrir d'autresperspectives.Pours'en convaincre,ilsuifiraderéfléchirausens que peutprendre,au-delá deson contexte narratologique, lepassagecité par GérardGenetteet tiré desEssais surlasigníficationaucinémadeChristianMetz:"Lerécit estuneséquence deux foistemporelle...:ilyaletempsde la chose-racontée et letempsdu récit...Cettedualité n'est pas seulementcequirendpossiblestoutesles distorsionstemporellesqu'il est banal de relever dans lerécits...plus fondamentalement, elle nous inviteitconstaterque l'une des fonctionsdu

Le détail de lafi-

gurationdutempsdansle récitnepeut quetendre,noussemble-t-il,versune formede cette"expériencefictivedutemps",Ricoeurotiserecoupent,cette fois-ci, texteet monde. C'estdansune directionsimilaireque nousorientel'examendel'arti- culation des séquences narratives.Parailleurs,cet agencement est décisif quant aucaractére"indécidable"dusensdeplusieurspassages.Comme le résumé l'annonce,le récitdécritunesuccesstond'attachements. Comment passe-t-ond'uneexpérienceitl'autre? Quel genre d'écriture permet de dévider ainsi,si"naturellement",le fildesrelations?. L'élaborationdurécit, qu'il estpossibledereconstitueritpartir des brouillons et scénarios dutexte,permetdemieux comprendre pourquoi ce textesembleselire sansdifficulté.De la confrontationentrelesdifférents

états

duconte,Raymonde Debray-Genetteconclut:"Litoúl'onper9oitdans le texte finalévidement desens,travaildel'implicite,synthése et raccourci, ontrouvedanslesmanuscrits del'explicite,del'analytiqued'unepart; d'autrepartderemarquablesdéveloppementslibres,censurés ensuite sans pitié6. Cetravaild'effacement entrame deuxconséquencesimmédiates pour le déroulementdutexte.Tout d'abord, le rétrécissementainsicréérefuse aux personnages et aux lieuxtouteépaisseuret, par lá méme,tout lest,toute résistanceaucoursdurécit;ensuite, ladisparitionen maintsendroitsd'un liencausalentre épisodes renforce l'effetdejuxtaposition,desuccessivitéet

érige la consécution en

nécessité. Surlesbrouillons,lespersonnages principauxetmémesecondairessont accompagnésd'unedescriptionquilesfait prendrecorps.Dans letexte final,

O.Genette,Op.cil.

6R.Debray-Genette,Métamorphosesdudcii,Paris,Seuil,1988, p. 71.

226LoardesTerrónBarboso

parexemple,la soeurdeFélicitésetrouveaucentred'unsingulierportrait defamille:"...etNastasieBarette,femme Leroux, apparut, tenantun nourrissonitsapoitrine, de lamaindroiteunautreenfant,etitsagaucheun petitmousselespoingssurleshanches et le béretsurl'oreille"(p.43).Dans une versionantérieureduconte,cette mémeNastasieestdécrited'unetout autremaniere:"Sajupeenguenille battaitsesmollets rouges,des écailles gluantes argentaient cheveux. Elle ressemblaititFélicité.Maisétaitplusmaigre,aveclesdents pourries.l'oeilbleuátre etfroid,et cet airsoupgonneuxquiappartient aux pauvres"7. Untelpersonnageestbeaucoupmoins incontournable que la "femme Leroux"dutexte final,viteoubliée,pourglisserversl'élémentclef duportrait,le petit mousse, le futurVictor.Desdifférentsétatsdutexte,il ressortque tout cequipourrait ancrerlespersonnagesdansuncadresocio- historiquea progressivementdisparu.DansUncoeursimpletelque nous pouvonslelireaujourd'hui.leslieuxetlespersonnages semblent tropténus pour que l'explication puisseytrouverprise;minceurquiseconjugued'ail- particuliérequ'il s'agitici,quisoulignecombien"uncontedoitallerde la page

1itla page7o"~,etquiyconduitd'une seuletraite,véritable"écriture-

horizontale, plane Cetteécritureduprocheenproche aunautreeffet:lesépisodesse succédent mais, pour ainsi dire, sanss'engendrer;ilss'enchainent mais sans relation profonde quiferait quel'unpourrait étreitloriginedelautre.En revanche,c'est la proximitéquitientlieudenécessité.Comme le fait remarquer Raymonde

Debray-Genette:"Lesbrouillonssont plusexplicites

que letextefinal, etsil'onfor9aitunpeu,onpourraitdireque le réciten gestation était unecausalitéréaliste etsociale,aulieuque le récitfinalest troué de hasards itenjugerd'apréslesbrouillons,"Flauberta suppriméungrandnombrede ~Rapporté parR.Debray-Genette,Op.¿it.,p.79. gSvendJohansenOp.cil.,p.108.

Ibidetn.,p.109.

R.Debray-Genette,Op.cit.,p.76.

Temps el récitdansUn cocur simple...227

conjonctions de coordinationitvaleurcausaleouadversative",poursuit- elle11. Et de citer le débutduchapitre II qui,itunstade antérieur, commen9aitainsi:"Etcependantelle avaiteucomme une autresonhistoire d'amour". Les motssoulignés rattachaient le chapitreIIauchapitre1dans une longuerétrospective.Dans letextefinal,ilne reste qu'unblanc,un hiatusentrelesdeux.Leméme chapitre comporte le récitd'undesgrands tournantsde la viedeFélicité. Lesséquencescapitales(ladéceptionamou- reuse et le départ)sesuccédentdansune évidencetoutechronologique (et/puis/au bout de). En troislignesest"oublié"le chagrin désordonnétandis queFélicitéarrivedéjititPont-l'Évéque.Aucun retour,aucunarrét,aucune motivation autre queJaconsécution,ausens oiJ'étymologiesouligne le fait desuccession.Aussi, cequiest proche, faute d'autreindicationoupar "oubli"d'autrechose, s'impose comme cequlsuit.Cetenchainement particulier auniveaudela narration est mémeélevéaurang de thémedans leconte. Ainsi,itlannoncedelamort desonneveu: "Félicitétomba sur une chaise,ens'appuyantla téteitlacloison,et fermalespaupi~resquidevinrent roses toutitcoup.Satéteretomba;et machinalement ellesoulevait,detemps itautre,leslongues aiguillessur latableitouvrage.¡Des femnies passérent dans la cour lescarreaux, elleserappelasalessive;l'ayant coulée laveille,ilfallait aujourd'hui la rincer;et elle sortitdel'appartement"(p.55-56).Larésolution (temporaire)duchagrintientitunerencontre accidentelle. Pourtant, l'imprévu La sujétionitcequisuit,itcequiseprésente ensuite-quemet en valeur comme lesouligne encoreRaymonde Debray-Genette, quelesgrandsblancs quisubsistentdans le textefinal "fontquelesétres ne semblent pas responsablesdeleursactes...empéchentdetotaliserlesépisodes deleur vie, d'en tirerd'autrebilanque l'absencedeconclusion"2~ n'en reste pas moms,inversemení, quec'estdanslalinéaritéabsolumenthorizontale, consolidée parl'écriture,querésidela causalité principale et extérieure. Et l'enchainement des séquences ainsi réalisé, "oi¡ily a trop et trop peu de liaison",rappelleJohansen,figurela fatalitéd'uneavancée sans perspective, ni recul.

Jhidem.p.77.

12lbidem.p.77.

228

LourdesTerrónBarbosa

Lonsesouvient pourtant,dansle résumém6medeFlaubert, quelogée itl'intérieurmamedudéroulement des épisodes, apparait la répétition.Peut- onalorsimaginerque ce récitd'uneavanceinexorablefigureégalement la répétition d'immobilité? Plus largement,sitelétait lecas, quel modéle destructurenar- rativeest susceptiblederendreproductiveslesdeuxfigurationsdutempsqui seprécisentici?. Unefoisapergue,larépétitionn'en finit pas desemanifester.Nous avons évoqué laminceurdel'empreinte laisséeparlespersonnages,figures sansépaisseur.Certainspersonnages toutefoisreviennent.Dans quellemesure ce retour contribue-t-il itépaissir leurtrace?L'exemple deVictorest,itcet

égard,

révélateuret infléchit déjá lalogique linéaire.Aladifférencede Virginie,quisemblepartiraucouventpournejamais revenir,Victorapparait et disparait plusieursfois.L'épisode centraldesesalléeset venues correspond ausimulacrederapport filial qu'est la promenadedudimanche: "IIarrivait le dimancheapréslamesse...lisdéjeunaient l'unenfacede l'autre... elle [Félicité] le bourrait tellementdenourriture qu'il finissait par sendonnir.Aupremier coup devépres,elle le réveillait,brossaitson pantalon, nouaitsacravate,etserendait'al'église,appuyéesursonbrasdans unorgueilmaternel"(p.49-50).Cet épisode marque le sommet deces apparitionsréguliéres. Commencealorsundéclin,unéloignementprogressif ponctuéderetours:"Victor alía successivementitMorlaix,itDunkerque et 'aBrighton...auretour dechaquevoyage...lapremiérefois...la seconde fois..."p.50,puis"unelongueabsence",enfinsadisparition, mortjamais matérialisée-itl'inversedecelle deVirginie-etdontFélicitén'apprendraque beaucoup plus tardles"circonstances". Certes,ouest obligé de constater que lepersonnagereste indéfinissable, que sesactions sont sans grandesignification.Interlocuteurabsent,comme bien d'autres, sesvisitesitFélicitésontpassibles d'interprétationsopposées (gentillesse, attachement,ou,aucontraire,venuesintéressées?). Les scénes oúilest représenté,lesmentionsquilerappellentnesemblent peser d'aucun poidssur l'allure généraledurécit.Pourtant,avecVictor, unefigurenouvelle sedessine, celledulien,sous laformede l'association("les deuxenfants avaient une importance encore de laconimémoration,itl'enterrement deVirginie, Félicité"songeait itsonneveu,et, n'ayantpu luirendreceshonneurs,avaitunsurcroit de tendresse, comme de Virginie,dans lavieet dans lamort,toutunr¿seaudecorrespondances et d'identificationss'établissent.Ainsi,itl'intérieurd'unesuccesslon

Ternpselrécit dansUncoeur simple...229

inexorable,l'amour, ledépart,la mort,semanifeste,parle jeu desreprises et des rappels,unetrajectoireinverse,uneformededéplacementdansla durée. C'estdumémeprinciped'infractionitlalinéaritéque relévent d'autres retours; ainsi enest-ild'I-Ionfleur(chapitresIII etIV),lieudela séparation et dela mortdanslecasdesdeuxenfants(chapitreIII),maisaussidu perroquet(chapitreIV).Lepassagedutemps,rythméparle retour des grandes fétes religieuses"Páques,l'Assomption,laToussaint"retrouve la structure circulaire de l'année.Al'intérieurde cette structure, le retourdela

Féte-Dieu occupe chaque fois une

importance grandissante:une phraseau chapitreIII;unparagraphe entierauchapitreIV;laquasi-totalitéduchapitre d'une part,entantque procession, la Féte-Dieuestundesgrandsmoments de la vie collectiveetque,d'autrepart,ils'agiticidela féteduSaint- Sacrement,oúlasymboliquede lacontemplationduCorpsGlorieuxestaussi cellequiinformelesdeuxdernierschapitresdu conte'3. Non seulementlespersonnages fontretour,certains,ilestvrai,déjá groupéssur lemodéle aussicertainsobjetsaccumulentleursignificationaufildesreprises;c'est le casde la"géographieen estampes",ouencoredu"petitchapeaudepeluche". Sil'onapuévoquer lerólede"l'oubli" dansledéroulementdutexte, le traitement des objets souligneunphénoméneinverse,celuidela mémoire et dela conservation.Désle débutduconte,le cabinetd'étude"remplide meubles recouverts d'undrap...[de] paysagesitla gouache,souvenirsd'un tempsmeilleur(p.28-29),"lesouvenirde"Monsieur"(p.33),donnent le ton. Maisbiendavantage,Félicitéapparait coinnie1'agentinfatigabledii principedeconservation:"Touteslesvieilleries dont nevoulaientPlus MadameAubain,ellelesprenaient poursachambre"(p.75),nous ditassez tardivement le narrateur, de maniére rétrospective.Félicitérécupére, entasse, met decóté.Elle manifeste,danssarécupérationquasisystématique,sa propension au"bricolage",dans le sensoúLévi-Strauss parledu"proprede la pensée mythique...commeunesortede bricolageintellectuel"'4.Le bricoleur, poursuit Lévi-Strauss, a pourrégledujeu detoujours"s'arranger avecles"moyensdubord",c'est-it-direunensemble hétéroclited'objets;il Surtesdifférentsaspectsdece réseausymbolique,voir,enparticulier.leDictionnaire d'arch~ologie clirétienneetdeliturgie.t.15,ParisLetouzey,1950.p.346. 230

Lourdes Terrón Barbosa

sedéfinit"parsoninstrumentalité...parce quelesélémentssontrecueillisou Danssachambre,quiavaitl'air"d'unechapelle et d'unbazar", Félicité "bricole"une transfigurationitl'aided'éléments hétéroclitesqu'ellearrange enune composition nouvelle; ainsienestUdulien entre Loulou et leSaint-

Esprit

rendumanifeste parundéplacement des portraits: lasc~nefigurantun "desorte que,dum&mecoupd'oeil,ellelesvoyaitensemble.LIs s'associ~rentdanssapensée,leperroquetsetrouvantsanctifiéparce rapport avecleSaint-Esprit,quidevenait vivantitsesyeuxetintelligible"(p.75)

La description de la chambre n'intervient que

dansle quatriémechapitre. La découverte de plusieursobjets,fortement investisituncertainmomentdu récit etquiavaientdisparu,ouvre,audelá desmarquesduretour,une profondeurnouvelle. L'activité deconservation apparue¡ciaunesignification plus large puisqu'elle prépare,parle jeu des identification et desdéplace- ments,la possibilitéd'unereconstitution dont la pointe extréme sera la pendant, 'adeuxpagesprés,itune brusque dispersion,unvéritabledépé- cementde ce méme patrimoineconsécutifitla mort deMadame Aubainet au retour desabelle filíe.A partir deIts'accentueunamenuisement,des lieux, des personnes etdeschoses,dont nous avonsdéjásignalécombienil selogeaitdansla fatalitélinéaire. synchronique.La questionseposealorsdesavoir comment situer la dimension quis'esquisseiciparrapport'ala surdétermination linéaire étudiée plus haut. Un approfondissement des rapports de la temporalité et durécit nous permettra d'indiquerunaxederéponsepossible. La structure narratived'Uncoeursimplemet bienenévidencel'emmé- lementde la temporalité et de lamimésis."Letempsdevienttempshumain dans la mesureobilestarticulédemaniérenarrative;enretourle récitest significatifdansla mesureobIIdessinelestraitsde l'expériencetemporelle", déclare PaulRicoeur'5.

La miseenintrigue, mimésis,consisteenune

opérationquiprend placeitla foisdansl'ordrechronologique -lasuccessíon des épisodes,l'ordresériel desévénements~etdans l'ordre nonchro-

Temps etrécir dansUncocur simple,.,231

nologique-la totalité intelligibledel'histoire'6-. "Synthésedel'hétérogéne", la mimésisestunacteconfigurant. Apartirde lathéseénoncéedansTempsetrécitnousvoudrionsindiquer, en conclusion, le chemind'uneréévaluationduconte.Eneffet,l'in- vestigation d'Uncaeursimplebutteassezvitesurune indécidabilitéfonda- mentale, unsens tenuensuspensd'un bout'al'autre.Letravaild'effacement aufuretmesure delélaborationduconte,lesdeuxregistresopposés,roman demoeursetconte hagiographique, et fonctionnant simultanément, n'ysont pasétrangers.Lafigurationdutempsmanifeste la méme tension: l'accentuation de l'horizontalité,lesblancsqu'elle entretient,"lararetédu soubassement historique etsocial",d'une part, la structure itérative, la redondance decertainesséquences,d'autre part,aggravent,plusqu'ellesne resolvent,la double dimension chronologique et a chronologiquedutemps. Sile propredel'acteconfigurant dans la mimésisestd'extraire unefigure, une configurationdunesuccession,force estdeconstaterque,dansUncaeur simple,le privilégedela succession, de lasérie,de l'événement est trop pregnant pour que la mise en intrigueréussisse'alesintégrerdansla totalité d'unehistoirequisaisit etdépasselediscontinu. Commentrendreproductivecette tension autrementqu'enanalysantles blancsdutexte?IIest précisément uneformederécitoúce paradoxedu tempsestconstitutif.Lemythe,eneffet,dansla définition méme deLévi- Strauss,en tantqu'appartenantitla langueet'ala parole, manifeste"une doublestructure,itla foishistoriqueetanhistarique"'7,ouencorediachro- nique et synchronique.Par conséquent, l'interprétationd'untelrécitsefonde sur la recherche d'unités constitutives, d'essence relationnelle dont le repérage aufildutextepermettra d'établirunregroupementen colonne.Le sensdumythe apparaitdansla miseenrelation(opposition/combinaison)des "paquets"de mythémes.Cedes,Uncaeursimplen'estpasunmytheausens des récits qu'analyse, Lévi-Strauss. Pourtant,commeill'indique lui-méme, une certaine parenté rattache le conte aumythe et,plusprécisément:"Les contessontdes mythesenminiature,oitlesmémesoppositions sont transposées serait lesoppositions,unetripleamplification -psychologique, cosmique, ~Ibidem.,p.102-103.

17C.Lévi-Strauss,Op.cii.,p.231.

C.Lévi-Strauss,Aníhologiesiructuraledeja,Paris,Plon,1973, p.¡70.

232LourdesTerrónBarbosa

rhétorique- de l'opposition diachronie/synchronie, parexemple,d'unepart, et permettrait,dansle deuxiémetemps,de combinerlesépisodes par rapport aux structures d'oppositions. Endernierlieu,toutefois, laformemythiqueneserésorbepastout entiéredansdes effetsdestructure.Comme nous le rappellesouventGilbert

Durand, le mythe est

aussiun"systémedynamiquedesymboles, d'archétypes et deschémes"'9, oúla qualité dessymbolesestessentielle. Une lecturequotesdbs_dbs46.pdfusesText_46
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