Ladversaire
L'adversaire
Emmanuel Carrère: LAdversaire ou le fait divers miroir dencre
14 avr. 2018 35 et 484) à travers la figure d'un écrivain alter ego dans cette « forme d'échange et de réversibilité des identités » qu'analyse Alexandre.
1° °°
du mensonge jusqu'au crime. Étienne Rabaté
Digital Press Social Sciences and Humanities La Condition
Comment est la condition psychologique du personnage principal de roman L'Adversaire d'Emmanuel Carrère en utilisant la psychanalyse ? Cette recherche a
Le motif improbable ? le récit denquête français contemporain
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LADVERSAIRE DEMMANUEL CARRÈRE : DU STORYTELLING
Telle que la présente la journaliste l'affaire Romand relève du « trouble de la causalité » analysé par Roland Barthes dans la section de ses Essais Critiques
Chapitre 6 – Du Nouveau Roman au nouveau réalisme Table des
Texte 6 Carrère L'Adversaire
Saint-Simon Intrigue du mariage de M. le duc de Berry. Mémoires
La Place par exemple pour Ernaux (texte court). Quelques références critiques 6 et 7 sur le genre des mémoires) ... Carrère Emmanuel L'Adversaire.
Sur la figure du double et lénigme du mal dans LAdversaire d
rère coïncide avec Étienne Rabaté qui dans une étude intitulée «Lecture de. L'Adversaire d'Emmanuel Carrère: le réel en mal de fiction» (2002)
Emmanuel Carrère (1957-) - Bibliographie
23 avr. 2018 romancier cinéaste
UNIVERSITÉ SORBONNE PARIS CITÉ
UNIVERSITÉ SORBONNE NOUVELLE - PARIS III
ED 120. " Littérature française et comparée »UMR 7172 - Thalim / CERACC
Thèse de doctorat en littérature françaiseSylvaine LECOMTE DAUTHUILLE
Le motif improbable :
le récit d'enquête français contemporain,Thierry Beinstingel, Emmanuel Carrère
et Jean RolinThèse dirigée par
Bruno Blanckeman
Thèse soutenue le 26 mars 2018
Jury :
M. Bruno BLANCKEMAN, professeur de littérature française (Université ParisIII - Sorbonne Nouvelle)
Mme Marie-Hélène BOBLET, professeur de littérature française (Université de Caen Basse Normandie) M. Laurent DEMANZE, Maître de conférences HDR en littérature française (ENS de Lyon) Mme Catherine BRUN, professeur de littérature française (Université Paris III - Sorbonne Nouvelle) 2RESUME
Maint récit littéraire au tournant du XXI
e siècle adopte la forme du récit d'enquête. Cette thèse sepropose d'examiner ce modèle tel que le mettent en oeuvre Thierry Beinstingel, Emmanuel Carrère
et Jean Rolin. La pratique de ces trois écrivains pourrait permettre de mieux repérer l'esthétique et
les enjeux de cette modalité narrative en émergence. Dans ces récits, le narrateur voit d'abord sa
pensée emprisonnée dans une doxa autoritaire, contre laquelle il reconquiert son autonomie
perceptive. Sa liberté retrouvée se manifeste par l'entrée dans l'enquête, comprise comme pratique
phénoménologique. Le narrateur élit alors un objet de recherche, un motif aléatoire ou improbable,
personne, projet, objet, territoire et entreprend le récit de son exploration. À partir de ce prétexte, il
interroge donc le sens de sa présence au monde et s'observe percevant, lisant, interprétant etréagissant. Entre récit de réalité et fiction, ces récits volontiers digressifs opèrent aux confins de la
narration, de l'essai et de l'investigation journalistique. Cependant, se construit en arrière-plan une
dynamique à la fois narrative et réflexive, au cours de laquelle l'énonciateur entre dans
l'observation intense du monde présent, y conduit librement sa réflexion au moyen, entre autres,
de la dérive essayistique, renouvelle le discours critique sur l'état de société et propose des
modalités de reconstruction imaginaire du monde, réaffirmant une liberté créatrice, voire une
capacité insurrectionnelle contre la prétention du monde tel qu'il est à être le seul possible.
Mots-clés : récit, phénoménologie, enquête, essai, implication, littérature contemporaine, fiction et non-fiction. 3 4ABSTRACT
Literary narrative forms at the dawn of 21
st century sometimes take the form of an enquiry.The present thesis aims to examine in detail this narrative technique as practised by Thierry
Beinstingel, Emmanuel Carrère et Jean Rolin. The way they use it could help to understand and identify the aesthetic qualities and purposes of this emerging narrative mode. In these stories, the narrator feels his own thoughts as locked inside by an authoritarian doxa which he must first overcome to recover his freedom of perception. He can then become involved in the enquiry, which can be understood as a phenomenological way to be aware. He then selects an arbitrary or improbable motif as the goal for his quest, which may be a person, an object, a project, an area, and undertakes to tell the story of his own inquiry. From this starting point, he begins to question the meaning of his existence and to observe himself making sense of, reading, thinking about andreacting to things. Between fiction and nonfiction, these frequently digressive tales often border on
novels, essays or investigation journalism. The narrator always looks puzzled, hesitant and does not seem to trust his own approach. Yet in the background we witness the emergence of a dynamic both narrative and introspective through which the narrator becomes an acute observer of the world around him. He follows freely his train of thought through among other things; the use of the essay form to drift from an idea to the next, finding new means of expressing the critic of social issues, creating novel ways of building new fictional worlds and perhaps even managing to rebel against the idea that there is no alternative to the world as it exists. Keywords : narrative, phenomenology, inquiry, essay, involvement, contemporary literature, fiction and nonfiction. 5À la mémoire de Ross Chambers
6REMERCIEMENTS
Je remercie en tout premier lieu mon directeur de thèse, Mr Bruno Blanckeman, pourl'intérêt immédiat qu'il a manifesté pour les potentialités de ce sujet. Le mémorable séminaire de
master II, d'abord, puis ses ouvrages et ses conseils ont achevé de me convaincre qu'une thèseétait possible, et surtout motivante. Ses relectures précises témoignent à la fois de son exigence, de
sa confiance et de son attention. Je tiens à saluer la patience et la compréhension de ma famille, mes deux fils et mon mari,tout particulièrement cette dernière année qui les a trop privés de leur " ministre du temps libre »
(un peu moins de leur administratrice de la vie quotidienne). Enfin, ma reconnaissance va aux parents et amis qui ont approuvé avec chaleur ce projet.Merci donc à Isabelle, Sophie, Michèle, Nathalie, et surtout ma soeur Marie-José, qui a
régulièrement pris des nouvelles de l'avancement des travaux et m'a encouragée à consacrer à ce
travail le temps nécessaire.Les échanges avec Aurore, Anne, Stéphane, et les journées d'étude ou colloques organisés
sur l'Université Paris III Sorbonne Nouvelle m'ont permis, malgré l'éloignement, de me sentir
rattachée à un groupe de recherche.J'adresse des remerciements tout particuliers à Marianne, dont la relecture minutieuse a été
d'une aide précieuse, et pour nos échanges de conseils et soutiens.Sur les aspects matériels et informatiques, mon beau-frère Érik s'est dévoué pour pousser
Word dans ses retranchements, m'épargnant de longues hésitations. Tout dernièrement, un très vieux compagnon s'en est allé entre temps galoper sous d'autres cieux : son énergie est passée dans ces lignes, j'en suis sûre. Mais surtout, je remercie mes parents pour la confiance dont ils ont toujours fait preuve en mes entreprises, tout au long d'un parcours de formation somme toute peu linéaire. 7 8SOMMAIRE
9INTRODUCTION
Parmi les formes narratives, qui, au début du XXIe siècle, réfléchissent de façon à la fois
interrogative et critique l'état de société contemporain, le récit d'enquête permet de rapprocher et
comparer des textes hésitant entre fiction et non fiction, roman et essai. Si l'on énumère, pêle-
mêle, compte non tenu de la notoriété de l'auteur, Daewoo de François Bon1, Les OEuvres de
miséricorde de Mathieu Riboulet2, Dora Bruder de Patrick Modiano3, La petite danseuse de quatorze ans de Camille Laurens4 ou Le Journal de Benjamin Lorca d'Arnaud Cathrine5, on peutpercevoir pourtant, parmi ces titres qui renverraient les uns à l'essai (La petite danseuse de
quatorze ans, Les OEuvres de miséricorde), les autres au roman (Le Journal de Benjamin Lorca) ou à la biographie, y compris l'autobiographie, (Dora Bruder, La petite danseuse), une structurerécurrente, qui pourrait très schématiquement se résumer par l'énoncé : quelqu'un cherche
quelqu'un d'autre - une jeune fille disparue en 1942 ou en 1890 -, ou quelqu'un cherche quelquechose, un journal introuvable, ou les clés d'une violence invisible, présente (dans la liquidation
brutale d'une entreprise et de ses ouvriers) ou passée (une génération d'homosexuels exterminée
dans l'Allemagne nazie). Comme l'établissait Uri Eisenzweig à propos du récit policier dont le
récit d'enquête pourrait garder en mémoire la structure profonde tout en l'adaptant à des sujets
moins factuels, il se présente comme l'histoire d'un personnage qui cherche à combler les lacunes
d'une intrigue et ce personnage est d'abord sensible à l'explication qui manque, celle qui empêche
l'intelligibilité du réel6. Il est donc pour l'essentiel le récit du questionnement de l'enquêteur, qui
est aussi souvent le narrateur autodiégétique ou homodiégétique. Ce modèle de récit paraît
particulièrement efficace pour représenter la perplexité d'une conscience face au réel et un
sentiment de manque aigu de cohérence, tout en présupposant que mener l'enquête peut apporter
une réponse, donc en gardant une forme de confiance dans la capacité de l'intelligence à trouver
un sens. La conscience du narrateur devient un foyer où se concentrent des signes, et des lacunes :
l'explication manquante rend opaque l'univers entier, mais aussi motive réflexion et recherche. De
plus, cette question renvoie le plus souvent à un état de société profondément insatisfaisant :
1 François Bon, Daewoo, Paris, Fayard, 2004
2 Mathieu Riboulet, Les OEuvres de miséricorde, Paris, Verdier, 2012
3 Patrick Modiano, Dora Bruder, Paris, Gallimard, 1997
4 Camille Laurens, La petite danseuse de quatorze ans, Paris, Stock, coll. Fiction, 2017
5 Arnaud Cathrine, Le Journal de Benjamin Lorca, Paris, Verticales, 2010
6 Uri Eisenzweig, Le récit impossible. Forme et sens du roman policier, Paris, Christian Bourgois, 1986, p. 50.
10Allemagne nazie, violence contre les femmes, brutalité du néolibéralisme, solitude insaisissable
d'une personne disparue. La forme et la dynamique de recherche propre au récit d'enquête
paraissent renvoyer à un souci éthique de justice et le problème fondamental pourrait être cette
absence de justice qui jette ou pousse le narrateur dans l'enquête. D'autre part, appelant un lecteur
critique, le récit d'enquête laisse voir son protocole d'élaboration et rappelle ainsi que tout effort
vers le réel est une recomposition, un processus qui comporte ses choix et qui eût pu être autre.
C'est à une telle problématique que répondent toutes les formes de récit qui laissent dans leur
trame des signes de la distance prise avec leur propre formulation : roman ludique7, romans ou récits " indécidables8», fictions critiques9, essais-fictions10 ou fictions biographiques11, récits de
filiations12... : toutes ces formes représentent en arrière-plan les possibilités de récit ou
d'exploration non suivies finalement, entre le récit virtuel qui n'a pas été actualisé13, ou le récit
impossible faute d'éléments suffisants. En même temps, les options narratives retenues sont
forcément issues d'une pensée : les textes renvoient à leur genèse intellectuelle et leur motivation.
Le récit d'enquête s'inscrirait donc pleinement dans cette dynamique à la fois impliquée et
7 Olivier Bessard Banquy, Le roman ludique. Jean Echenoz, Jean-Philippe Toussaint, Eric Chevillard, Paris, Editions
du Septentrion, coll. Perspectives, 2003.8 Bruno Blanckeman, Les Récits indécidables. Jean Echenoz, Hervé Guibert, Pascal Quignard, Villeneuve d'Ascq,
Presses Universitaires du Septentrion, coll. Perspectives, 2008. Dans le " récit indécidable », précise Bruno
Blanckeman, la " posture de l'écrivain » est alors explicite, ce qui produit pour le lecteur le sentiment d'une oeuvre
" ancrée», dont le " protocole » se " surimprime » dans une narration aux " degrés de fictionalité différenciés », p. 13.
9 Dominique Viart, " Les " fictions critiques" de la littérature contemporaine. Daewoo de François Bon, Fayard, 300
p. / L'adversaire, d'Emmanuel Carrère, Gallimard, " Folio », 219 p. / Corps du roi de Pierre Michon, Verdier, 101
p.», Spirale : arts • lettres • sciences humaines. L'art du roman aujourd'hui, n° 201, 2005, p. 10-11. Lien :
http://id.erudit.org/iderudit/18724ac. Dernière consultation le 2 novembre 2017. Voir aussi " L'imagination
biographique dans la littérature française des années 1980-90 », version intégrale du texte paru dans L'éclatement des
genres au XXe siècle dirigé par Marc Dambre et Monique Gosselin puis publié sur le site remue.net. Lien :
https://remue.net/cont/Viart_ImagBio.pdf. Dernière consultation le 2 novembre 2017. Dominique Viart y explique que
" ces vingt dernières années ont vu paraître de nombreux textes génériquement indécidables dont la particularité
commune est de se donner comme des "tentatives de restitution" de vies singulières, distinctes de la biographie de
l'auteur lui-même. Ces "vies", qui pourraient donner lieu à des biographies traditionnelles, s'en distinguent assez
radicalement. Aussi éloignées de la tradition française en la matière que des travaux américains abondamment nourris
de documents, elles procèdent par évocation plus que par effectives reconstitutions, font place à la rêverie narrative de
l'auteur, affichent leurs incertitudes et leurs hypothèses, laissent libre cours au commentaire et à la fiction. Elles n'ont
pas la moindre ambition exhaustive et privilégient souvent tel fragment d'existence ou tel événement, pas forcément
central ni déterminant a priori. Elles recourent volontiers au regard décalé d'un observateur indirect et leurs auteurs ne
se privent pas de laisser affleurer leur sensibilité propre, ni même parfois de la mettre en scène. » Pas de pagination
disponible. Dans " Dis moi qui te hante. Paradoxes du biographiques », article paru dans la Revue des sciences
humaines, n° 263, juillet-septembre 2001, Dominique Viart met l'accent sur la biographie comme " discours sur soi »,
à la fois enquête et fiction, le pacte implicite étant plutôt dans la démarche que dans le résultat obtenu, pour aller vers
" une vérité de l'incertain », p. 16-17.10 Pour Dominique Viart, l'essai-fiction fait dialoguer la littérature et les sciences humaines. Voir Dominique Viart et
Bruno Vercier, La littérature française au présent : héritages, modernité, mutations, Paris, Bordas, 2005.
11 Alexandre Gefen, " Au pluriel du singulier : la fiction biographique », Critique, 2012/6 n° 781-782, p. 565-575.
Alexandre Gefen retrace l'émergence de cette modalité de la biographie, en rapprochant Limonov, d'Emmanuel
Carrère, et Une biographie autorisée, de Jean-Benoît Puech.12 Aurélie Adler, Éclats des vies muettes. Figures du minuscule et du marginal dans les récits d'A. Ernaux, P. Michon,
P. Bergounioux et F. Bon, Paris, PSN, 2012. Aurélie Adler insiste sur le caractère lacunaire des traces laissées par les
ascendants dont les narrateurs tentent de recomposer les trajectoires.13 Pierre Bayard, Il existe d'autres mondes, Paris, Editions de Minuit, 2014. En développant la notion de " multivers »,
Pierre Bayard fait aussi apparaître l'arbitraire de la " version » finalement retenue par le récit, p. 29.
11interrogative, qui critique mais n'asserte pas, tout en s'élaborant en résistance et en protestation
contre des ruptures trop violentes avec le contrat implicite de l'individu avec sa société, et que l'on
pourrait emprunter, dans sa formulation, à Paul Ricoeur : " le désir de vivre bien avec et pour les
autres, dans des institutions justes14».
Pour une rapide et provisoire cartographie du récit d'enquête.Mais qu'est-ce qu'un récit d'enquête ? Il semble être l'objet d'une attention récente mais
dispersée de la critique universitaire. Danielle Méaux lui a consacré dernièrement, en avril 2017,
un colloque à l'Université de Saint-Étienne, " Les Formes de l'enquête », où se trouvaient
particulièrement interrogés les liens avec l'architexte policier et le dialogue qui s'esquisse avec les
sciences humaines15. Avant que cette réflexion concertée n'ait lieu, des articles ou des chapitres de
monographies approchent la forme au fil des contributions : Catherine Douzou, dès 2002, a
réfléchi à des formes non policières de l'enquête, ou présentant cette forme de façon incomplète et
déceptive, chez Patrick Modiano notamment16. En 2005, Dominique Viart, dans La littérature
française au présent, puis Gisèle Sapiro, dans La responsabilité de l'écrivain, en 2011, utilisent le
mot " enquête » pour une catégorie de récits écrits dans les années 1980, où des narrateurs
enquêtent sur un passé familial problématique à partir des traces qui leur restent17, et " mettent en
scène » leur recherche, " à partir du présent18 ». En 2007, Christina Horvath dans Le roman urbain
contemporain en France identifie aussi cette forme de récit, et note, comme Catherine Douzou19,que la forme policière s'y affaiblit singulièrement pour mettre au premier plan des interrogations
sociétales, tandis que l'enquêteur se fait " atypique », comme en marge20. Nicolas Xanthos parle
14 Paul Ricoeur, Soi-même comme un autre, Paris, Editions du Seuil, coll. Points Essais, 1990, p. 278.
15 CIEREC - Colloque international "Les Formes de l'enquête", dirigé par Danièle Méaux, Université de Saint-
Etienne, 6, 7 et 9 avril 2017.
16 Catherine Douzou, " En quête d'histoire(s), en quête de soi. Modiano, Del Castillo et Daeninckx », Les Cahiers du
Ceracc, nº 1, 2002 [en ligne]. URL : http://www.cahiers-ceracc.fr/douzou.html. Dernière consultation le 19 août 2017.
Cet article est repris et complété sous le titre " Histoires d'enquête : quand le récit déclare forfait. Daeninckx, Del
Castillo, Modiano » dans Le Roman au tournant du XXIe siècle, Bruno Blanckeman, Aline Mura-Brunel et Marc
Dambre, (dir. ), Paris, PSN, 2004, pp. 115-132.
17 Dominique Viart et Bruno Vercier, La littérature française au présent : héritages, modernité, mutations, op. cit.. Le
chapitre 2 de la deuxième section de la première partie " Ecrire l'histoire » s'intitule " Mémoire et "enquête": la
Seconde Guerre Mondiale », p. 142. Dominique Viart fait observer que le récit contemporain, à la différence de ses
prédécesseurs, met en scène le caractère nécessairement rétrospectif de tout récit sur l'Histoire. Dans les exemples
proposés, il s'agit souvent de narrateurs qui n'ont de leur histoire qu'une version tronquée. Voir pp. 158-159. Par
ailleurs, le récit de Patrick Modiano, Dora Bruder, apparaît à nouveau dans le corpus d'oeuvres exemplifiant cette
modalité du récit, comme chez Catherine Douzou et Nicolas Xanthos.18 Gisèle Sapiro, La responsabilité de l'écrivain. Littérature, droit et morale en France (XIXe-XXIe siècles), Paris,
éditions du Seuil, 2011, p. 718. Comme Sylvie Servoise dans Le roman face à l'histoire. La littérature engagée en
France et en Italie dans la seconde moitié du XXe siècle (Presses Universitaires de Rennes, 2011), Gisèle Sapiro voit
dans la représentation, sinon d'un devoir de mémoire, du moins d'une quête de mémoire, l'évolution de l'engagement
contemporain.19 Ibid.
20 Christina Horvath, Le roman urbain contemporain en France, PSN, collection Fiction / Non Fiction XXI, 2007,
chap. 6, " Enquêtes », pp. 97-114. " Le roman urbain veut moins raconter l'élucidation d'une énigme que dresser le
tableau des moeurs de son époque. Souvent, de la forme policière ne subsiste d'ailleurs plus que l'enquête qui
constitue la trame de l'intrigue : les autres éléments fondamentaux (le suspense et parfois même le crime) peuvent être
12de " roman d'enquête » dans un article où il rapproche, entre autres, Dora Bruder, de Patrick
Modiano, La Vie voyageuse, de Maylis de Kérangal ou La Disparition de Richard Taylor, d'Arnaud Cathrine21. Enfin, Laurent Demanze a intitulé " Les enquêtes d'Ivan Jablonka », l'article
qu'il consacre à l'usage de ce " dispositif formel » dans Laëtitia ou la fin des hommes22 et a donné
comme titre à sa communication du 7 décembre 2017, dans le cadre du colloque organisé parAlexandre Gefen, Territoires de la non-fiction23, " Poétiques de l'enquête ». Pour achever ce
premier repérage, signalons que Dominique Viart s'est montré attentif au réinvestissement
fictionnel du fait divers dans le récit contemporain24, où l'enquête du narrateur qui cherche la
dimension signifiante double l'enquête policière factuelle. Patrick Modiano revient dans toutes ces études, notamment Dora Bruder. Ce dernier récits'impose en récit de référence et paraît fournir un modèle narratif concentrant des critères formels
et thématiques que l'on retrouve régulièrement : un narrateur face à un vide, disparition25 ou
interrogation sans réponse, et une errance au cours de laquelle le narrateur ressent les aléas du
projet, sans l'abandonner pour autant. Bruno Blanckeman, dans Lire Patrick Modiano, souligned'ailleurs dans son oeuvre l'omniprésence de ce " narrateur migrateur 26», en difficulté pour
s'inscrire dans le présent et en perpétuelle recherche de sens27. Dominique Rabaté fait d'ailleurs
observer dans Désirs de disparaître, au sujet de ce même récit, que " c'est dans cet espace
ambivalent et fragile que l'enquête doit se convertir en littérature28 ». Mais le récit d'enquête ne
s'accomplit pas uniquement avec en toile de fond le manque ou le vide. À travers la biographie, et
plus particulièrement la fiction biographique29, il suppose que tenter d'expliquer un destin
omis. L'enquête elle-même n'a souvent qu'une importance relativement restreinte : elle constitue peut-être le sujet de
l'histoire mais jamais son véritable thème qui reste la grande ville contemporaine. » Les personnages d' " enquêteur »
décalés évoqués par Christina Horvath sont Fabio Montale, dans Total Kheops, de Jean-Claude Izzo, Antoine dans Les
morsures de l'aube de Tony Benaquista, et, dans Les grandes blondes, de Jean Echenoz, les improbables Personnettaz
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