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Emmanuel Carrère: LAdversaire ou le fait divers miroir dencre

14 avr. 2018 35 et 484) à travers la figure d'un écrivain alter ego dans cette « forme d'échange et de réversibilité des identités » qu'analyse Alexandre.



1° °°

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Emmanuel Carrère (1957-) - Bibliographie

23 avr. 2018 romancier cinéaste

1

UNIVERSITÉ SORBONNE PARIS CITÉ

UNIVERSITÉ SORBONNE NOUVELLE - PARIS III

ED 120. " Littérature française et comparée »

UMR 7172 - Thalim / CERACC

Thèse de doctorat en littérature française

Sylvaine LECOMTE DAUTHUILLE

Le motif improbable :

le récit d'enquête français contemporain,

Thierry Beinstingel, Emmanuel Carrère

et Jean Rolin

Thèse dirigée par

Bruno Blanckeman

Thèse soutenue le 26 mars 2018

Jury :

M. Bruno BLANCKEMAN, professeur de littérature française (Université Paris

III - Sorbonne Nouvelle)

Mme Marie-Hélène BOBLET, professeur de littérature française (Université de Caen Basse Normandie) M. Laurent DEMANZE, Maître de conférences HDR en littérature française (ENS de Lyon) Mme Catherine BRUN, professeur de littérature française (Université Paris III - Sorbonne Nouvelle) 2

RESUME

Maint récit littéraire au tournant du XXI

e siècle adopte la forme du récit d'enquête. Cette thèse se

propose d'examiner ce modèle tel que le mettent en oeuvre Thierry Beinstingel, Emmanuel Carrère

et Jean Rolin. La pratique de ces trois écrivains pourrait permettre de mieux repérer l'esthétique et

les enjeux de cette modalité narrative en émergence. Dans ces récits, le narrateur voit d'abord sa

pensée emprisonnée dans une doxa autoritaire, contre laquelle il reconquiert son autonomie

perceptive. Sa liberté retrouvée se manifeste par l'entrée dans l'enquête, comprise comme pratique

phénoménologique. Le narrateur élit alors un objet de recherche, un motif aléatoire ou improbable,

personne, projet, objet, territoire et entreprend le récit de son exploration. À partir de ce prétexte, il

interroge donc le sens de sa présence au monde et s'observe percevant, lisant, interprétant et

réagissant. Entre récit de réalité et fiction, ces récits volontiers digressifs opèrent aux confins de la

narration, de l'essai et de l'investigation journalistique. Cependant, se construit en arrière-plan une

dynamique à la fois narrative et réflexive, au cours de laquelle l'énonciateur entre dans

l'observation intense du monde présent, y conduit librement sa réflexion au moyen, entre autres,

de la dérive essayistique, renouvelle le discours critique sur l'état de société et propose des

modalités de reconstruction imaginaire du monde, réaffirmant une liberté créatrice, voire une

capacité insurrectionnelle contre la prétention du monde tel qu'il est à être le seul possible.

Mots-clés : récit, phénoménologie, enquête, essai, implication, littérature contemporaine, fiction et non-fiction. 3 4

ABSTRACT

Literary narrative forms at the dawn of 21

st century sometimes take the form of an enquiry.

The present thesis aims to examine in detail this narrative technique as practised by Thierry

Beinstingel, Emmanuel Carrère et Jean Rolin. The way they use it could help to understand and identify the aesthetic qualities and purposes of this emerging narrative mode. In these stories, the narrator feels his own thoughts as locked inside by an authoritarian doxa which he must first overcome to recover his freedom of perception. He can then become involved in the enquiry, which can be understood as a phenomenological way to be aware. He then selects an arbitrary or improbable motif as the goal for his quest, which may be a person, an object, a project, an area, and undertakes to tell the story of his own inquiry. From this starting point, he begins to question the meaning of his existence and to observe himself making sense of, reading, thinking about and

reacting to things. Between fiction and nonfiction, these frequently digressive tales often border on

novels, essays or investigation journalism. The narrator always looks puzzled, hesitant and does not seem to trust his own approach. Yet in the background we witness the emergence of a dynamic both narrative and introspective through which the narrator becomes an acute observer of the world around him. He follows freely his train of thought through among other things; the use of the essay form to drift from an idea to the next, finding new means of expressing the critic of social issues, creating novel ways of building new fictional worlds and perhaps even managing to rebel against the idea that there is no alternative to the world as it exists. Keywords : narrative, phenomenology, inquiry, essay, involvement, contemporary literature, fiction and nonfiction. 5

À la mémoire de Ross Chambers

6

REMERCIEMENTS

Je remercie en tout premier lieu mon directeur de thèse, Mr Bruno Blanckeman, pour

l'intérêt immédiat qu'il a manifesté pour les potentialités de ce sujet. Le mémorable séminaire de

master II, d'abord, puis ses ouvrages et ses conseils ont achevé de me convaincre qu'une thèse

était possible, et surtout motivante. Ses relectures précises témoignent à la fois de son exigence, de

sa confiance et de son attention. Je tiens à saluer la patience et la compréhension de ma famille, mes deux fils et mon mari,

tout particulièrement cette dernière année qui les a trop privés de leur " ministre du temps libre »

(un peu moins de leur administratrice de la vie quotidienne). Enfin, ma reconnaissance va aux parents et amis qui ont approuvé avec chaleur ce projet.

Merci donc à Isabelle, Sophie, Michèle, Nathalie, et surtout ma soeur Marie-José, qui a

régulièrement pris des nouvelles de l'avancement des travaux et m'a encouragée à consacrer à ce

travail le temps nécessaire.

Les échanges avec Aurore, Anne, Stéphane, et les journées d'étude ou colloques organisés

sur l'Université Paris III Sorbonne Nouvelle m'ont permis, malgré l'éloignement, de me sentir

rattachée à un groupe de recherche.

J'adresse des remerciements tout particuliers à Marianne, dont la relecture minutieuse a été

d'une aide précieuse, et pour nos échanges de conseils et soutiens.

Sur les aspects matériels et informatiques, mon beau-frère Érik s'est dévoué pour pousser

Word dans ses retranchements, m'épargnant de longues hésitations. Tout dernièrement, un très vieux compagnon s'en est allé entre temps galoper sous d'autres cieux : son énergie est passée dans ces lignes, j'en suis sûre. Mais surtout, je remercie mes parents pour la confiance dont ils ont toujours fait preuve en mes entreprises, tout au long d'un parcours de formation somme toute peu linéaire. 7 8

SOMMAIRE

9

INTRODUCTION

Parmi les formes narratives, qui, au début du XXIe siècle, réfléchissent de façon à la fois

interrogative et critique l'état de société contemporain, le récit d'enquête permet de rapprocher et

comparer des textes hésitant entre fiction et non fiction, roman et essai. Si l'on énumère, pêle-

mêle, compte non tenu de la notoriété de l'auteur, Daewoo de François Bon1, Les OEuvres de

miséricorde de Mathieu Riboulet2, Dora Bruder de Patrick Modiano3, La petite danseuse de quatorze ans de Camille Laurens4 ou Le Journal de Benjamin Lorca d'Arnaud Cathrine5, on peut

percevoir pourtant, parmi ces titres qui renverraient les uns à l'essai (La petite danseuse de

quatorze ans, Les OEuvres de miséricorde), les autres au roman (Le Journal de Benjamin Lorca) ou à la biographie, y compris l'autobiographie, (Dora Bruder, La petite danseuse), une structure

récurrente, qui pourrait très schématiquement se résumer par l'énoncé : quelqu'un cherche

quelqu'un d'autre - une jeune fille disparue en 1942 ou en 1890 -, ou quelqu'un cherche quelque

chose, un journal introuvable, ou les clés d'une violence invisible, présente (dans la liquidation

brutale d'une entreprise et de ses ouvriers) ou passée (une génération d'homosexuels exterminée

dans l'Allemagne nazie). Comme l'établissait Uri Eisenzweig à propos du récit policier dont le

récit d'enquête pourrait garder en mémoire la structure profonde tout en l'adaptant à des sujets

moins factuels, il se présente comme l'histoire d'un personnage qui cherche à combler les lacunes

d'une intrigue et ce personnage est d'abord sensible à l'explication qui manque, celle qui empêche

l'intelligibilité du réel6. Il est donc pour l'essentiel le récit du questionnement de l'enquêteur, qui

est aussi souvent le narrateur autodiégétique ou homodiégétique. Ce modèle de récit paraît

particulièrement efficace pour représenter la perplexité d'une conscience face au réel et un

sentiment de manque aigu de cohérence, tout en présupposant que mener l'enquête peut apporter

une réponse, donc en gardant une forme de confiance dans la capacité de l'intelligence à trouver

un sens. La conscience du narrateur devient un foyer où se concentrent des signes, et des lacunes :

l'explication manquante rend opaque l'univers entier, mais aussi motive réflexion et recherche. De

plus, cette question renvoie le plus souvent à un état de société profondément insatisfaisant :

1 François Bon, Daewoo, Paris, Fayard, 2004

2 Mathieu Riboulet, Les OEuvres de miséricorde, Paris, Verdier, 2012

3 Patrick Modiano, Dora Bruder, Paris, Gallimard, 1997

4 Camille Laurens, La petite danseuse de quatorze ans, Paris, Stock, coll. Fiction, 2017

5 Arnaud Cathrine, Le Journal de Benjamin Lorca, Paris, Verticales, 2010

6 Uri Eisenzweig, Le récit impossible. Forme et sens du roman policier, Paris, Christian Bourgois, 1986, p. 50.

10

Allemagne nazie, violence contre les femmes, brutalité du néolibéralisme, solitude insaisissable

d'une personne disparue. La forme et la dynamique de recherche propre au récit d'enquête

paraissent renvoyer à un souci éthique de justice et le problème fondamental pourrait être cette

absence de justice qui jette ou pousse le narrateur dans l'enquête. D'autre part, appelant un lecteur

critique, le récit d'enquête laisse voir son protocole d'élaboration et rappelle ainsi que tout effort

vers le réel est une recomposition, un processus qui comporte ses choix et qui eût pu être autre.

C'est à une telle problématique que répondent toutes les formes de récit qui laissent dans leur

trame des signes de la distance prise avec leur propre formulation : roman ludique7, romans ou récits " indécidables

8», fictions critiques9, essais-fictions10 ou fictions biographiques11, récits de

filiations

12... : toutes ces formes représentent en arrière-plan les possibilités de récit ou

d'exploration non suivies finalement, entre le récit virtuel qui n'a pas été actualisé13, ou le récit

impossible faute d'éléments suffisants. En même temps, les options narratives retenues sont

forcément issues d'une pensée : les textes renvoient à leur genèse intellectuelle et leur motivation.

Le récit d'enquête s'inscrirait donc pleinement dans cette dynamique à la fois impliquée et

7 Olivier Bessard Banquy, Le roman ludique. Jean Echenoz, Jean-Philippe Toussaint, Eric Chevillard, Paris, Editions

du Septentrion, coll. Perspectives, 2003.

8 Bruno Blanckeman, Les Récits indécidables. Jean Echenoz, Hervé Guibert, Pascal Quignard, Villeneuve d'Ascq,

Presses Universitaires du Septentrion, coll. Perspectives, 2008. Dans le " récit indécidable », précise Bruno

Blanckeman, la " posture de l'écrivain » est alors explicite, ce qui produit pour le lecteur le sentiment d'une oeuvre

" ancrée», dont le " protocole » se " surimprime » dans une narration aux " degrés de fictionalité différenciés », p. 13.

9 Dominique Viart, " Les " fictions critiques" de la littérature contemporaine. Daewoo de François Bon, Fayard, 300

p. / L'adversaire, d'Emmanuel Carrère, Gallimard, " Folio », 219 p. / Corps du roi de Pierre Michon, Verdier, 101

p.», Spirale : arts • lettres • sciences humaines. L'art du roman aujourd'hui, n° 201, 2005, p. 10-11. Lien :

http://id.erudit.org/iderudit/18724ac. Dernière consultation le 2 novembre 2017. Voir aussi " L'imagination

biographique dans la littérature française des années 1980-90 », version intégrale du texte paru dans L'éclatement des

genres au XX

e siècle dirigé par Marc Dambre et Monique Gosselin puis publié sur le site remue.net. Lien :

https://remue.net/cont/Viart_ImagBio.pdf. Dernière consultation le 2 novembre 2017. Dominique Viart y explique que

" ces vingt dernières années ont vu paraître de nombreux textes génériquement indécidables dont la particularité

commune est de se donner comme des "tentatives de restitution" de vies singulières, distinctes de la biographie de

l'auteur lui-même. Ces "vies", qui pourraient donner lieu à des biographies traditionnelles, s'en distinguent assez

radicalement. Aussi éloignées de la tradition française en la matière que des travaux américains abondamment nourris

de documents, elles procèdent par évocation plus que par effectives reconstitutions, font place à la rêverie narrative de

l'auteur, affichent leurs incertitudes et leurs hypothèses, laissent libre cours au commentaire et à la fiction. Elles n'ont

pas la moindre ambition exhaustive et privilégient souvent tel fragment d'existence ou tel événement, pas forcément

central ni déterminant a priori. Elles recourent volontiers au regard décalé d'un observateur indirect et leurs auteurs ne

se privent pas de laisser affleurer leur sensibilité propre, ni même parfois de la mettre en scène. » Pas de pagination

disponible. Dans " Dis moi qui te hante. Paradoxes du biographiques », article paru dans la Revue des sciences

humaines, n° 263, juillet-septembre 2001, Dominique Viart met l'accent sur la biographie comme " discours sur soi »,

à la fois enquête et fiction, le pacte implicite étant plutôt dans la démarche que dans le résultat obtenu, pour aller vers

" une vérité de l'incertain », p. 16-17.

10 Pour Dominique Viart, l'essai-fiction fait dialoguer la littérature et les sciences humaines. Voir Dominique Viart et

Bruno Vercier, La littérature française au présent : héritages, modernité, mutations, Paris, Bordas, 2005.

11 Alexandre Gefen, " Au pluriel du singulier : la fiction biographique », Critique, 2012/6 n° 781-782, p. 565-575.

Alexandre Gefen retrace l'émergence de cette modalité de la biographie, en rapprochant Limonov, d'Emmanuel

Carrère, et Une biographie autorisée, de Jean-Benoît Puech.

12 Aurélie Adler, Éclats des vies muettes. Figures du minuscule et du marginal dans les récits d'A. Ernaux, P. Michon,

P. Bergounioux et F. Bon, Paris, PSN, 2012. Aurélie Adler insiste sur le caractère lacunaire des traces laissées par les

ascendants dont les narrateurs tentent de recomposer les trajectoires.

13 Pierre Bayard, Il existe d'autres mondes, Paris, Editions de Minuit, 2014. En développant la notion de " multivers »,

Pierre Bayard fait aussi apparaître l'arbitraire de la " version » finalement retenue par le récit, p. 29.

11

interrogative, qui critique mais n'asserte pas, tout en s'élaborant en résistance et en protestation

contre des ruptures trop violentes avec le contrat implicite de l'individu avec sa société, et que l'on

pourrait emprunter, dans sa formulation, à Paul Ricoeur : " le désir de vivre bien avec et pour les

autres, dans des institutions justes

14».

Pour une rapide et provisoire cartographie du récit d'enquête.

Mais qu'est-ce qu'un récit d'enquête ? Il semble être l'objet d'une attention récente mais

dispersée de la critique universitaire. Danielle Méaux lui a consacré dernièrement, en avril 2017,

un colloque à l'Université de Saint-Étienne, " Les Formes de l'enquête », où se trouvaient

particulièrement interrogés les liens avec l'architexte policier et le dialogue qui s'esquisse avec les

sciences humaines

15. Avant que cette réflexion concertée n'ait lieu, des articles ou des chapitres de

monographies approchent la forme au fil des contributions : Catherine Douzou, dès 2002, a

réfléchi à des formes non policières de l'enquête, ou présentant cette forme de façon incomplète et

déceptive, chez Patrick Modiano notamment

16. En 2005, Dominique Viart, dans La littérature

française au présent, puis Gisèle Sapiro, dans La responsabilité de l'écrivain, en 2011, utilisent le

mot " enquête » pour une catégorie de récits écrits dans les années 1980, où des narrateurs

enquêtent sur un passé familial problématique à partir des traces qui leur restent17, et " mettent en

scène » leur recherche, " à partir du présent18 ». En 2007, Christina Horvath dans Le roman urbain

contemporain en France identifie aussi cette forme de récit, et note, comme Catherine Douzou19,

que la forme policière s'y affaiblit singulièrement pour mettre au premier plan des interrogations

sociétales, tandis que l'enquêteur se fait " atypique », comme en marge

20. Nicolas Xanthos parle

14 Paul Ricoeur, Soi-même comme un autre, Paris, Editions du Seuil, coll. Points Essais, 1990, p. 278.

15 CIEREC - Colloque international "Les Formes de l'enquête", dirigé par Danièle Méaux, Université de Saint-

Etienne, 6, 7 et 9 avril 2017.

16 Catherine Douzou, " En quête d'histoire(s), en quête de soi. Modiano, Del Castillo et Daeninckx », Les Cahiers du

Ceracc, nº 1, 2002 [en ligne]. URL : http://www.cahiers-ceracc.fr/douzou.html. Dernière consultation le 19 août 2017.

Cet article est repris et complété sous le titre " Histoires d'enquête : quand le récit déclare forfait. Daeninckx, Del

Castillo, Modiano » dans Le Roman au tournant du XXIe siècle, Bruno Blanckeman, Aline Mura-Brunel et Marc

Dambre, (dir. ), Paris, PSN, 2004, pp. 115-132.

17 Dominique Viart et Bruno Vercier, La littérature française au présent : héritages, modernité, mutations, op. cit.. Le

chapitre 2 de la deuxième section de la première partie " Ecrire l'histoire » s'intitule " Mémoire et "enquête": la

Seconde Guerre Mondiale », p. 142. Dominique Viart fait observer que le récit contemporain, à la différence de ses

prédécesseurs, met en scène le caractère nécessairement rétrospectif de tout récit sur l'Histoire. Dans les exemples

proposés, il s'agit souvent de narrateurs qui n'ont de leur histoire qu'une version tronquée. Voir pp. 158-159. Par

ailleurs, le récit de Patrick Modiano, Dora Bruder, apparaît à nouveau dans le corpus d'oeuvres exemplifiant cette

modalité du récit, comme chez Catherine Douzou et Nicolas Xanthos.

18 Gisèle Sapiro, La responsabilité de l'écrivain. Littérature, droit et morale en France (XIXe-XXIe siècles), Paris,

éditions du Seuil, 2011, p. 718. Comme Sylvie Servoise dans Le roman face à l'histoire. La littérature engagée en

France et en Italie dans la seconde moitié du XXe siècle (Presses Universitaires de Rennes, 2011), Gisèle Sapiro voit

dans la représentation, sinon d'un devoir de mémoire, du moins d'une quête de mémoire, l'évolution de l'engagement

contemporain.

19 Ibid.

20 Christina Horvath, Le roman urbain contemporain en France, PSN, collection Fiction / Non Fiction XXI, 2007,

chap. 6, " Enquêtes », pp. 97-114. " Le roman urbain veut moins raconter l'élucidation d'une énigme que dresser le

tableau des moeurs de son époque. Souvent, de la forme policière ne subsiste d'ailleurs plus que l'enquête qui

constitue la trame de l'intrigue : les autres éléments fondamentaux (le suspense et parfois même le crime) peuvent être

12

de " roman d'enquête » dans un article où il rapproche, entre autres, Dora Bruder, de Patrick

Modiano, La Vie voyageuse, de Maylis de Kérangal ou La Disparition de Richard Taylor, d'Arnaud Cathrine

21. Enfin, Laurent Demanze a intitulé " Les enquêtes d'Ivan Jablonka », l'article

qu'il consacre à l'usage de ce " dispositif formel » dans Laëtitia ou la fin des hommes22 et a donné

comme titre à sa communication du 7 décembre 2017, dans le cadre du colloque organisé par

Alexandre Gefen, Territoires de la non-fiction23, " Poétiques de l'enquête ». Pour achever ce

premier repérage, signalons que Dominique Viart s'est montré attentif au réinvestissement

fictionnel du fait divers dans le récit contemporain

24, où l'enquête du narrateur qui cherche la

dimension signifiante double l'enquête policière factuelle. Patrick Modiano revient dans toutes ces études, notamment Dora Bruder. Ce dernier récit

s'impose en récit de référence et paraît fournir un modèle narratif concentrant des critères formels

et thématiques que l'on retrouve régulièrement : un narrateur face à un vide, disparition25 ou

interrogation sans réponse, et une errance au cours de laquelle le narrateur ressent les aléas du

projet, sans l'abandonner pour autant. Bruno Blanckeman, dans Lire Patrick Modiano, souligne

d'ailleurs dans son oeuvre l'omniprésence de ce " narrateur migrateur 26», en difficulté pour

s'inscrire dans le présent et en perpétuelle recherche de sens

27. Dominique Rabaté fait d'ailleurs

observer dans Désirs de disparaître, au sujet de ce même récit, que " c'est dans cet espace

ambivalent et fragile que l'enquête doit se convertir en littérature

28 ». Mais le récit d'enquête ne

s'accomplit pas uniquement avec en toile de fond le manque ou le vide. À travers la biographie, et

plus particulièrement la fiction biographique

29, il suppose que tenter d'expliquer un destin

omis. L'enquête elle-même n'a souvent qu'une importance relativement restreinte : elle constitue peut-être le sujet de

l'histoire mais jamais son véritable thème qui reste la grande ville contemporaine. » Les personnages d' " enquêteur »

décalés évoqués par Christina Horvath sont Fabio Montale, dans Total Kheops, de Jean-Claude Izzo, Antoine dans Les

morsures de l'aube de Tony Benaquista, et, dans Les grandes blondes, de Jean Echenoz, les improbables Personnettaz

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