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THÈSE

Pour obtenir le grade de

DOCTEUR DE L'UNIVERSITÉ DE

GRENOBLE ALPES

Spécialité : Architecture

Arrêté ministériel : 7 août 2006

Présentée par

Olfa BOHLI NOURI

Thèse dirigée par Catherine MAUMI

préparée au sein du Laboratoire les Métiers de l'Histoire de l'Architecture, édifices-villes-territoires (MHAevt) dans l'École Doctorale 454 Science de l'Homme, du Politique et du Territoire (ED 454 SHPT)

La fabrication de l'architecture

en Tunisie indépendante : une rhétorique par la référence

Volume 1

Thèse soutenue publiquement le 7 septembre 2015, devant le jury composé de :

Mr Emmanuel Matteudi

Professeur, HDR, Aix-Marseille Université, Président de jury

Mr Jean-Lucien BONILLO

Professeur, HDR, ENSA de Marseille, Rapporteur

Mme Virgine PICON-LEFEBVRE

Professeur, HDR, ENSA de Paris Belleville, Rapporteur

Mme Leïla AMMAR

Maître de conférence, HDR, École nationale d'architecture et d'urbanisme de Tunis, Membre

Mme Hélène JANNIÈRE

Professeur, HDR, Université de Rennes 2, Membre

Mme Catherine MAUMI

Professeur, HDR, ENSA de Grenoble, Directrice de thèse

Thèse réalisée auLaboratoire les Métiers de l"Histoire del"Architecture, édifices-villes-territoires (MHAevt)

École Nationale Supérieure d"Architecture de

Grenoble(ENSAG)

École Doctorale 454 Science de l"Homme, du

Politique et du Territoire (ED 454 SHPT)

Université de Grenoble

http ://mhaevt.hypotheses.org/

Sous la direction deMme Catherine Maumi

FinancementsAllocation de recherche du Ministère de la Culture etde la Communication(Mars 2012- Mars 2015)Bourse CMIRA - Accueil Doc de la région Rhône-Alpes(Novembre 2012-Avril 2013)

La fabrication de l"architecture en Tunisie

indépendante : une rhétorique par la référence

Résumé

Le paysage urbain contemporain de la ville de Tunis, caractérisé par uneforte

hétérogénéité référentielle, interroge quant aux facteurs de son émergence. L"histoire

récente du pays, marquée par l"indépendance en 1956, suggère l"existence d"un rapport étroit entre ce moment de prise d"autonomie politique, économique, mais surtout culturelle, et la portée qu"il a eu sur la détermination du langage des architectures à édifier. Cette recherche soulève donc la problématique de l"évolution des références de la production architecturale savante en Tunisie indépendante entre 1956 et 2011. Il s"agit d"explorer comment, dans le cadre de la construction de l"État indépendant, une architecture est fabriquée, et dans quelles mesures elle traduit sa stratégie culturelle pour en devenir l"image même. En partant de l"hypothèse que l"interaction entre la commande officielle et la conception architecturale a induit la pluralité référentielle du paysage urbain actuel, Tunis, capitale et lieu des principaux projets initiés par l"État, est ainsi exploré dans une perspective historique interrogeant l"architecture édifiéedans le processus commande-

conception-communication. L"hétérogénéité des architectures de laville découlerait surtout

de la disparité des postures officielles, mais aussi savantes, dans la définition d"une tunisianitécontemporaine culturelle, et donc architecturale, cloisonnée dans le clivage modernité-tradition. Répondre à une telle interrogation, implique nécessairement la connaissance des

différents projets initiés par l"État durant la cinquantaine d"années concernée, mais aussi

les divers profils de maîtres d"oeuvres à l"origine des écrituresarchitecturales en question.

Une entreprise qui s"est avérée complexe vu la difficulté extrême d"accès aux archives

de cette période mais aussi l"état rudimentaire de leur inventorisation. Ainsi, un détour par les différents supports de communication de l"architecture entre 1956 et 2011, a été nécessaire pour mener à bien cette recherche. Un corpus diversifié - incluant aussi bien

des documents graphiques des projets, qu"une revue de presse généraliste et spécialisée ou

encore des billets de banque, des timbres et des cartes postales - aainsi été sélectionné et

analysé. En plus de l"apport historiographique d"un tel matériau de recherche, il permet l"exploration de l"architecture comme l"expression d"une culture et le vecteur d"un discours, donc la vérification de l"hypothèse de départ de cette thèse. La lecture croisée de ce corpus fait ressortir trois types de discours véhiculés : un discours par, de et sur l"architecture. Le premier est perceptible aussi bien dans la revue de presse officielle que dans les représentations architecturales sur les billets de banque, les timbres et quelques cartes postales depuis l"indépendance. Son exploration iii

Résumé

a permis de dégager les images que l"État, comme maître d"ouvrage, fabrique d"une architecture"emblématique" comme réalisation officielle. Le discours de l"architecture reflète, quant à lui, la représentation que le concepteur, maître d"oeuvre, propose pour définir l"architecture tunisienne. La recherche dans les fonds d"archives des documents graphiques rend compte de l"évolution du langage architectural proposé. En outre, l"analyse

des différentes formations des architectes acteurs de la scène tunisienne à cette période,

relève aussi l"importance de leur culture architecturale dans le modelage du paysage urbain actuel. Enfin, le discours sur l"architecture, matérialisépar l"examen des articles

des périodiques d"architecture et de la revue de presse indépendante, dépeint la réception

des oeuvres. Il permet de voir la production architecturale au delàdu discours officiel du maître d"ouvrage et de celui du maître d"oeuvre. Les représentationscaricaturales d"un paysage urbain hétéroclite, ainsi que d"une architecture "moderniste" rhabillée par une enveloppe ornementale "historiciste" caractérisent essentiellement ce dernier discours. La référence architecturale des édifices construits à Tunis depuis l"indépendance

paraît évoluer à l"image de la fondation de l"État et de la définition de cequi est désormais

"tunisien". L"analyse des discours relevés dans l"étude du corpusnous a permis de dégager trois imaginaires différents. Un imaginaire de développement caractérise les premières

décennies de l"État indépendant. Il opère par une esthétique allusive qui s"aligne sur les

tendances architecturales des grandes métropoles occidentales. Un imaginaire historique émerge par la suite. Il se construit, entre autres, à travers un héritage dont on cultive l"image et qu"on promeut au rang de patrimoine. Ainsi, la vénération du modèle "médinal"

et plus récemment la revendication de l"héritage "protectorial", procurent à certains édifices

un statut référentiel quant aux conceptions à venir. Enfin, un imaginaire syncrétique, oscille entre la modernisation du traditionnel et la traditionalisation du moderne en vue d"un idéal de fusion d"influences qui définirait l"architecture tunisienne contemporaine. L"édification, à travers l"architecture, de tels imaginaires traduit les postures

hétéroclites constatées dans le Tunis contemporain. L"interaction entre l"évolution de la

commande officielle et les réponses des concepteurs se manifeste dans une rhétorique par

la référence qui opère grâce à la dualité discours véhiculé-imaginaire construit.

Dans cette recherche un regard pluriel et croisé a été porté sur lesconditions d"émergence de l"architecture édifiée en Tunisie depuis 1956. Une méthode qui a permis une lecture historique, architecturale, urbaine, et politique de la ville de Tunis afin de comprendre au mieux le contexte dans lequel de nouvelles architectures restent à édifier.

Mots-Clés :Tunisie indépendante, Tunis, fabrication architecturale, hétérogénéité,

référents, discours, imaginaires, stratégie culturelle, patrimonialisation. iv

The making of architecture in independent

Tunisia: a rhetoric through reference

Abstract

The high heterogeneity of the Tunisian cityscape raises important questions about the context of its emergence. A historical analysis of the country"s last decades seems to be necessary towards understanding its origins. Since the Stateindependence in 1956, several political, economical, and especially cultural evolutions have occurred. These have seemingly a great impact on the language of the contemporary architectural production. The present research focuses on the evolution of the references behind the Tunisian architecture from the independence until 2011. It mainly explores how an architecture was produced during the independent State establishment, and to what extent this architecture reflects the State"s cultural policy. The main explored hypothesis concerns the impact of the interaction between the constructions initiated by the State and the architectural design on the current country"s cityscape. Most of the project initiated by the independent Statewere built in the capital. Thus, Tunis is studied from a historical standpoint and buildings areanalyzed in the triple process of architectural order, design, and communication, inorder to understand the emergence circumstances of the current referential heterogeneity. A cross-reading of architecture publications highlights the different speeches thatshape several imaginaries so to define contemporary Tunisian specificities, between modernity and tradition. Answering such a question implies a deep knowledge of the main State"s projects during this period, but also the profiles of the different architects behind these projects design. This task is not trivial because of the lack of primary informationsources and the difficulty to access it, if any. Therefore, a methodology based on different medias publishing architectural projects was essential to verify the hypothesis of interest. A diverse corpus including graphical representations of the considered projects, general and specialized press publications, bank notes, stamps, and postcards, were selected for analysis. Besides its historical dimension, such a corpus enables observing the Architecture as a mean of communication from a cultural perspective. The cross-reading of this corpus brings out three types of speeches:a speech by, of, and on Architecture. The former, is observable on the official press, on the architectural representations of bank notes, on stamps and some postcards. Its analysis helped to determine the image that the State gives about its architectural realizations. The second type of speeches reflects the perception of the architect, as a designer of the Tunisian architecture. Research on graphical representations in public archives show the evolution of the architectural language. Moreover, the analysis of the diverse background of the architects, practicing during the period under study, shows the great impact of their architectural culture on the Tunisian cityscape. Finally, the lasttype of speech observed vii

Abstract

in specialized architectural magazines and private press, enables toextract receptions about the realized projects. References behind architectural realizations in Tunis, from the independence, seems to evolve together with the State evolution and the different definition of what is "Tunisian» at each moment. The study of the identified speeches ledto three different imaginaries. The first is a progress imaginary, which characterizes thefirst decades of the independent State. It operates through an esthetic allusion following architectural inclination of great occidental metropolis. The second is a historical imaginary that emerges later and which mainly refers to a legacy architecture transformed into a protected heritage. Hence, the worship of the " medinal » architecture and recently the french protectorat legacy provide to some artefacts a status of reference for upcoming constructions. Finally, the third imaginary is syncretic and fluctuates between modernizing tradition and traditionalizing modernity towards a perfect fusion that eventually defines contemporary Tunisian architecture. In this research, a cross-reading of the circumstances of emergenceof architectural projects realized in Tunisia from 1956, was realized. This approach allowed a historical, architectural, urban, and political analysis of the Tunisian capital towards understanding the context in which future constructions are to arise. Keywords:independent Tunisia, Tunis, architectural production, heterogeneity, referents, discourse, imaginaries, cultural policy, heritage making . viii

Remerciements

Je tiens tout d"abord à remercier les membres du laboratoire les Métiers de l"Histoire de l"Architecture, édifices-villes-territoires, pour m"avoiroffert les meilleures conditions possibles pour le bon déroulement de cette thèse. Je remercie particulièrement Catherine Maumi, ma directrice de thèse, pour sa

disponibilité, ses valeureux conseils, son soutien régulier et surtout sa compréhension tout

au long du parcours de la recherche. Son expérience et sa rigueur scientifique m"ont beaucoup appris. J"exprime aussi mes remerciements à tous les membres du jury qui ont bien voulu

évaluer ce modeste travail.

Un grand merci pour toutes les personnes qui m"ont aidée à accéder aux sources collectées, sans lesquelles cette étude n"aura jamais pu voir le jour. Enfin, une pensée particulière aux membres de ma famille, mes parents, mon mari, mon frère et ma soeur, que je ne remercierai jamais assez pour leur soutien indéfectible et leurs encouragements. ix

Table des matièresRésuméiii

Abstractvii

Remerciementsix

Table des matièresxi

Avant-proposxv

Introduction1

De l"hétérogénéité comme constat à l"histoire comme possible explication. 4 Une méthodologie de recherche issue des difficultés...............11 Une recherche entre histoire et discours......................18 La question de la référence architecturale au centre de la recherche.....27 Développement de la thèse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 34 I Villes et architectures en Tunisie indépendante 37

1 Le Tunis contemporain : étalement urbain et métropolisation de la capitale 39

1.1 Tunis à l"indépendance . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .39

1.2 Transformations et début d"hétérogénéité urbaine . . . . . . . . . . . .. . . 47

1.2.1 La Médina . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47

1.2.2 La ville européenne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 54

1.3 Urbanisation périphérique : au delà de la Médina et de la ville européenne . 58

1.3.1 L"avenue Mohamed V . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 58

1.3.2 La rénovation de Montplaisir . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67

1.3.3 Le centre urbain nord . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67

1.3.4 L"aménagement des Berges du Lac . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 70

2 L"architecture initiée par l"État depuis l"indépendance 73

2.1 Le renouveau des villes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 73

2.1.1 La percée de la Médina de Monastir en 1961 . . . . . . . . . . . . . 74

2.1.2 Les projets d"aménagement de Tunis de 1959-1962 . . . . . . . . . . 79

2.2 Les résidences présidentielles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . 93

xi

TABLE DES MATIÈRES

3 La patrimonialisation de l"héritage101

3.1 Le patrimoine comme réaction aux projets de renouveau des villes . . .. . 101

3.1.1 L"Association de Sauvegarde de la Médina . . . . . . . . . . . . . . . 101

3.1.2 Le projet Tunis-Carthage de l"Unesco . . . . . . . . . . . . . . . . . 103

3.2 Le patrimoine : une juridiction évolutive . . . . . . . . . . . . . . . . . .. . 104

3.2.1 Les Monuments historiques et archéologiques classés et protégés

depuis l"indépendance . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 105

3.2.2 Les biens inscrits sur la liste du patrimoine mondial culturelde

l"humanité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 106

4 L"architecture savante de la Tunisie indépendante 109

4.1 Le métier d"architecte : un cadre législatif mis en place tardivement . . . . . 109

4.2 Divers profils d"architectes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. . 112

4.3 Bâtiments civils et architecture initiée par l"État . . . . . . . .. . . . . . . 118

II L"émergence de discours à travers l"architecture depuis 1956 121

1 La construction d"un discours par l"architecture 123

1.1 Les supports de la communication par l"architecture . . . . . . . . . . .. . 124

1.1.1 La presse officielle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .125

1.1.2 Le timbre postal . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 128

1.1.3 Le billet de banque . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 138

1.2 Les " monuments » contemporains de Tunis : productions publiées et

processus de monumentalisation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 145

2 La formation d"un discours sur l"architecture 151

2.1 La publication de l"architecture comme moyen de médiatisation . . .. . . . 151

2.2 L"évolution de la publication des productions tunisiennes : desrevues

internationales aux revues régionales et locales . . . . . . . . . . . . . . . .153

2.2.1 Les périodiques internationaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 154

2.2.2 Les périodiques régionaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 159

2.2.3Archibat: le périodique local . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 161

2.3 La presse quotidienne et hebdomadaire et la question de la réception

généraliste . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 165

2.3.1 La caricature . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 165

2.3.2 La publicité et les publi-reportages . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 169

3 La constitution d"un discours de l"architecture 175

3.1 Le discours de l"architecture enseignée : des Beaux-arts à l"ENAU. . . . . . 177

3.1.1 L"ITAAUT . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 180

3.1.2 L"ENAU . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 184

xii

TABLE DES MATIÈRES

3.2 L"architecture édifiée : l"oeuvre comme forme discursive . . . .. . . . . . . 186

3.2.1 L"architecte comme auteur : discours entre contemporanéité et

authenticité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 186

3.2.2 Discours de l"oeuvre représentée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .189

III De la signification architecturale :

la culture tunisienne en question195

1 La théorie des symboles de Nelson Goodman 197

1.1 La dénotation/la représentation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 198

1.2 L"exemplification littérale et métaphorique/expression . . . . . . .. . . . . 204

1.3 La référence médiatisée/l"allusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. . 207

2 L"importation des tendances occidentales211

2.1 L"allusion de la contemporanéité : la modernité en question . . . . .. . . . 211

2.2 La quête d"une dimension mondiale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 221

2.3 La modernité à l"épreuve de l"histoire . . . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . 226

3 Le sens de la référence à l"héritage229

3.1 Le statut référentiel de l"héritage architectural patrimonialisé. . . . . . . . 229

3.2 L"ornement comme principal outil référentiel . . . . . . . . . . . . . .. . . 231

3.3 L"allusion culturelle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .234

3.3.1 Moderniser la tradition vs traditionnaliser la modernité . . .. . . . 234

3.3.2 L"héritage colonial : " l"arabisance » . . . . . . . . . . . . . . . . . . 235

3.3.3 La valorisation d"une architecture islamique contemporaine : les prix

Aga Khan . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 236

3.3.4 Les pavillons d"expositions universelles . . . . . . . . . . . . . . .. . 241

IV L"architecture en Tunisie indépendante :

une rhétorique par la référence245

1 De l"édifice architectural à l"emblème national 247

1.1 Le rapport métaphorique entre la construction de la ville et le fondation de

l"État . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 247

1.2 De l"oeuvre architecturale à la réalisation politique . . . . . . . .. . . . . . 252

1.3 L"architecture des " Cités » : un emblème national . . . . . . . . . . . .. . 256

1.3.1 L"événementiel : jeux méditerranéens de 1967 à 2001 . . . . . . . . . 256

1.3.2 Les " Cités » à thème . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 264

xiii

TABLE DES MATIÈRES

2 Du rôle rhétorique de l"architecture : la fabrique d"une image nationale par le

biais architectural271

2.1 Le centre du pouvoir : l"îlot de la Kasbah . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 272

2.2 La maison du Parti Socialiste Destourien . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 277

2.3 L"Hôtel de ville de Tunis . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 297

3 Corrélation des imaginaires Ville et État : exprimer la temporalité dans la

spatialité301

3.1 L"imaginaire de développement : de l"esthétique allusive à l"adéquation d"usage302

3.2 L"imaginaire historique : l"authenticité en question . . . . . . . . .. . . . . 309

3.3 L"imaginaire syncrétique ou vers la définition d"une " tunisianité »

architecturale contemporaine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 314

Conclusion et perspectives323

Une meilleure compréhension de l"hétérogénéité urbaine et architecturale . . . . . 324

Une lecture et une analyse à développer . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 329 Explorer la commande au-delà de l"architecture initiée par l"État .. . . . . . . . 330 Dépasser la dualité commanditaire-concepteur . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . 331

Bibliographie333

Chronologie361

Index des noms de personnes364

Index des projets368

Table des figures369

Liste des tableaux379

V Annexes383

xiv

Avant-propos

Le choix de travailler sur l"architecture en Tunisie indépendante découle de plusieurs

facteurs. Il a d"abord été motivé par des questionnements génériques : un intérêt

pour l"histoire, la compréhension des interactions qui la construisent et une curiosité

grandissante quant à la relativité de notre époque par rapport à ce qu"ont pu produire nos

ancêtres et de ce qu"il adviendra de ce qu"on construit. Mais il a surtout été déterminé par

mon parcours académique : des études en architecture à Tunis qui, faute de me permettre d"y voir plus clair dans ces interrogations, m"ont en fait posé d"autres,plus spécifiques et

plus détaillées. Par la suite, un bref passage par la vie professionnelle n"a fait que confirmer

un malaise intellectuel face à ce que l"on conçoit aujourd"hui et à la manière avec laquelle

cette conception est pensée, porté et exécutée. C"est ainsi versla recherche que je me suis

orientée, en quête d"explications probables, ou du moins de raffinement de la pensée. Le premier pas, un master de recherche en histoire de l"architecture, m"a permis de comprendre ce qu"était, réellement mais nullement d"une manière exhaustive, une

recherche, ses visées, ses méthodes, ses outils et surtout sa relativité et aussi ses limites

à tout expliquer. Une expérience que j"ai voulu poursuivre, avec davantage de curiosité, dans un parcours de thèse dont je vous fait part dans ce mémoire. Cette thèse en architecture a été menée durant quatre ans, notamment grâce à un double financement du ministère de culture et de la communication1et de la région

Rhônes-Alpes

2, au sein du laboratoire les métiers de l"histoire de l"architecture, édifice-

ville-territoire. C"était l"occasion d"expérimenter l"histoire comme méthode d"entrée pour

la compréhension de l"architecture, et non uniquement l"histoire comme fin, ce que j"ai pu expérimenté durant mon master. La diversité apparente des travaux de recherche qui y sont menés, de l"édifice architectural au grand territoire, permetde rendre compte des interactions entre les différentes échelles de production spatiale mais aussi et surtout de dégager certaines logiques temporelles communes à plusieurs territoires, distincts de prime abord. J"ai eu le privilège d"être encadrée régulièrement ce qui était primordial pour l"évolution et la maturation de ma pensée. Alternée avec des séjoursde documentation

à Tunis

3, la participation aux différents séminaires périodiques4internes du laboratoire

MHAevt de l"ENSAG était l"occasion d"évaluer l"avancement des travail tant sur le plan méthodologique que du point de vue de la fiabilité des hypothèses et de l"organisation du calendrier d"investigation. Par ailleurs, le suivi des formations doctorales était l"occasion

1. Une allocation d"études spécialisée durant les trois premières années.

2. Une bourse Accueil"doc durant six mois.

3. En moyenne deux séjours par an, un court de 3 semaines à un mois et un long de deux mois.

4. Toutes les six semaines.

xv

Avant-propos

de se renseigner davantage sur la méthodologie du travail scientifique et de s"ouvrir sur d"autres disciplines ce qui paraissait important pour l"avancementdes recherches vu le caractère transdisciplinaire de la thèse. L"avancement du travail était aussi le sujet de deux présentations aux journées

doctorales de l"ENSAG. La première au début de la thèse était intitulée " " Tunisianités

architecturales » contemporaines : allégories culturelles, de l"indépendance. La deuxième

" La fabrication d"un discours sur, de, et par l"architecture en Tunisie indépendante : une

rhétorique par la référence » a eu lieu en fin de troisième année. L"avis des directeurs

de thèse des différents laboratoires et des doctorants a permis une évaluation du travail accompli et des étapes à venir. Par ailleurs, j"ai eu l"occasion de participer au colloque " Le populisme esthétique, ou de l"image architecturale entre discours et style » ainsi qu"à unetable ronde en marge de l"exposition " 50 ans d"architecture en Tunisie ». Enfin, j"ai eu aussi l"opportunité de publier, à travers deux articles, quelques résultats de cetterecherche dans un ouvrage collectif intitulé " Cités et architectures de Tunisie, La Tunisie des XIXèmeet XXème siècles » , sous la direction de Leïla Ammar, ainsi que dans une revue locale,Archibat5. Ces communications et contributions m"ont permis, au delà du laboratoire de discuter de ma recherche, de ma démarche pour l"enrichir et l"affiner davantage.

5. N°30, 2013, pp.28-31.

xvi

Introduction

" L"un des aspects essentiels de l"architecture, c"est qu"ellenous donne des indices sur ce qui comptait pour les dirigeants du passé. Un autre aspect réside dans le fait qu"elle nous permet, à nous vivants, de vivre d"une certaine façon, et de montrer aux autres - ainsi qu"à nous même - ce qui compte vraiment pour nous, en tant qu"individus et que société. Des civilisationsdifférentes rechercheront un équilibre différent entre ce qui paraît dû aux vivants et ce qui, au-delà des besoins immédiats, doit servir à fonder une réputation dans la postérité. » 6 L"idée d"entamer une thèse sur la production architecturale contemporaine en Tunisie

prend son origine dans un constat d"hétérogénéité du paysage urbain des villes tunisiennes.

Cette observation, qui émanait de la simple citoyenne que j"étais,s"est approfondie suite au cursus universitaire que j"ai mené pour l"obtention du diplôme d"architecte à l"École Nationale d"Architecture et d"Urbanisme de Tunis. Le regard critique et l"analyse plus avertie que la formation d"architecte m"a permis d"acquérir, ont transformé le simple

constat de départ en une véritable volonté d"investigation ayant pour dessein l"émergence

des disparités architecturales contemporaines, en Tunisie et plus spécifiquement dans la capitale Tunis. Malgré toute la richesse de l"approche transversalede la formation et

la forte présence de cours sur l"histoire et la théorie de l"architecture, la spécificité de

l"héritage local propre à l"évolution historique, civilisationnelle, culturelle et architecturale

en Tunisie me paraissait quasi-absente. Cet handicap de manque d"immersion historico-

culturelle dans la formation architecturale que j"ai eue a orienté lechoix de l"entrée à partir

de laquelle je pouvais aborder ce travail de compréhension. Au départ, un détour par l"histoire, s"est intuitivement imposé car l"interrogation résidait dans l"émergence du paysage urbain actuel et qui n"est pas l"objet de cours ou de recherches spécifiques en histoire. Je manquais donc d"outils me permettant cette entreprise. L"ambition première s"est vue davantage freinée du fait d"une historiographie limitée de la production architecturale contemporaine en Tunisie.7

6. AndrewBallantyne,L"architecture, trad. par LéoBiétry, Gollion, Infolio, 2005, p. 7.

7. Mis à part quelques ouvrages dont LeïlaAmmar,Histoire de l"architecture en Tunisie : de

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