[PDF] Le comparatisme politique dans loeuvre de Voltaire





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Lecture cursive n°1 Lingénu Voltaire ou Le Supplément au voyage

Lecture cursive n°1. L'ingénu Voltaire ou. Le Supplément au voyage de Bougainville de Diderot. Le travail ci-dessous est à effectuer sur votre cahier de 



LINGENU de VOLTAIRE La satire au temps des Lumières Cette

A la fin de la séance les élèves cherchent les problématiques qui pourraient être proposées sur ce texte. Séance 4 : Lecture analytique du Chapitre IX de " 



VOLTAIRE

2. Le comique. 155. 3. Le dispositif critique de la naïveté. 155. 4. La modernité du texte. 156. 5. Anthologie personnelle. 156. 6. Lecture cursive.



Racisme et antisémitisme dans les programmes de français (collège

Œuvres envisageables : la lecture intégrale Candide de L'Ingénu de Voltaire ou encore des ... et/ou lecture cursive : Histoire d'un voyage fait.





Le comparatisme politique dans loeuvre de Voltaire

4 févr. 2021 modérer les impressions immédiates de la lecture cursive et à replacer ... l'Ingénu représente l'être humain tel que Voltaire le conçoit.



Séquence 2 Regards sur lautre Objet détude : largumentation - la

b) Lectures cursives en vue de la seconde partie de l'oral : Histoire des arts : 1) Documents iconographiques : 2) Oeuvre intégrale : Voltaire L'Ingénu.



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La littérature didées du XVIe siècle au XVIIIe siècle Propositions de

Lecture cursive : au moins une œuvre appartenant à un autre siècle que celui de l'œuvre au programme ou d'une Voltaire



Programmes de seconde et de premières générales et

de celles abordées en lecture cursive un tableau varié de la littérature française et Voltaire

DOCTEUR DE

L'UNIVERSITÉ DE BORDEAUX

Thibaut DAUPHIN

Le comparatisme dans

l'oeuvre politique de Voltaire

Sous la direction de

: Patrick TROUDE-CHASTENET

Membres du jury : M. RAYNAUD Philippe président du jury et rapporteur

Professeur à l'Université Panthéon

Assas (Paris 2)

Mme Maria Laura LANZILLO rapporteur

Professeur à l'Université de Bologne

Mme Myrtille MÉRICAM

BOURDET examinateur Maître de conférences à l'Université Lumières (Lyon 2)

M. Christophe MIQUEU

examinateur

Professeur à l'Université de Bordeaux

M. Patrick TROUDE

CHASTENET directeur de thèse

Professeur à l'Université de Bordeaux

Unité de Recherche :

Institut

de Recherches Montesquieu (IRM-CMRP) - EA 7434 IRM PAC Pessac, 16 avenue Léon Duguit CS 50057, 33608 Pessac cedex Le comparatisme dans l"œuvre politique de Voltaire

Résumé : Ni la science politique, ni l"histoire du comparatisme ne se sont jamais véritablement saisies

d e l"œuvre politique de Voltaire. Or l"examen des textes, attentif au contexte du siècle où ils sont

produits, peut permettre de dégager une nouvelle perspective sur sa dimension politique et comparative.

Égrenées dans de très nombreux ouvrages, souvent dans des opuscules qui ont cessé de nous être

familiers, les théories de l"auteur de l"Essai sur les moeurs et l'esprit des nations rivalisent et discutent

avec celles de l'Esprit des lois et du Contrat social, mais sont aujourd"hui négligées. L"esprit de l"œuvre

voltairienne est animé par une philosophie de l"action qui nourrit un examen rigoureux, quoiqu"obscurci

par la lancinante question religieuse, des principaux faits politiques de l"histoire. Ce comparatisme

historique, à peu près inédit par son ambition et ses dimensions, participe à l"édification d"une philosophie de l"histoire la première du genre - qui constitue la grille de lecture voltairienne du

politique. Sous les auspices de la comparaison, le corps de l"œuvre dessine alors les contours d"un " bon

gouvernement » éclairé par la raison et la religion naturelle d"une part, et réglé par les droits naturels et

la suprématie de la loi d"autre part. Inspiré des États de l"Europe et de l"Asie et mêlant les trois formes

classiques de régime, ce modèle mixte matérialise le système politique de Voltaire. Mots clés : Comparatisme, Voltaire, histoire des idées politiques, XVIII e siècle.

Abstract: Neither political science nor the history of comparatism has ever really grasped Voltaire's

political work. However, an examination of the texts, attentive to the context of the century in which

they were produced, can bring a new perspective on its political and comparative dimension. The theories of the author of the Essai sur les moeurs et l'esprit des nations, found in numerous works, often

in pamphlets that have ceased to be familiar to us, compete and discuss with those of De l'esprit des lois

and Du Contrat social, but are today neglected. The spirit of the Voltairian work is driven by a

Philosophy of action, which conveys a rigorous examination, of the main political facts of history, albeit

obscured by the haunting theme of religion. This historical comparatism, almost unprecedented by its ambition and dimensions, lead s to the construction of a Philosophy of history - the first of its kind - which constitutes the Voltairian reading grid of politics.

Through

comparison, the body of the work then

outlines a "good government" enlightened by Reason and natural religion on the one hand, regulated by

natural rights and the supremacy of the law on the other. Inspired by European and Asian countries,

blending the three classical forms of regime, this mixed model materialises Voltaire's political system.

Key words :

Comparatism, Voltaire, history of political ideas, 18th centu ry.

Remerciements

Je ne craindrais pas de rendre hommage à tous les acteurs directs et indirects de ce travail si cela ne devait composer un annuaire trop épais pour être lu. Je prie ici les oubliés de me pardonner, et de bien vouloir croire à ma perpétuelle gratitude. Jean-Jacques Rousseau soutenait que la politesse d'usage " enseignait à se passer des vertus qu'elle imite ». Je ne conçois pourtant rien de plus sincère que ma reconnaissance pour mon directeur de thèse, M. Patrick Troude -Chastenet. Spécialiste du " professeur de liberté » que fut

Jacques Ellul, je veux dire ici combien j'ai profité de cette leçon, qui doit faire la fierté du

monde académique. Disponible et précieux dans tous ses commentaires, je lui dis " merci ». Cette aventure n'eut rien d'une escapade tranquille au pays de la connaissance. Les cahotements de l'enseignement supérieur et de la recherche ne rendent pas la tâche facile aux nouveaux arrivants dont je suis. C'est pour cela qu'il me faut remercier le Centre Montesquieu de

Recherche Politique, dirigé par M. Philippe Claret et si bien épaulé par Mme Carole Bergerot,

pour avoir maintenu, contre la houle, une stabilité inestimable. Je leur dis " merci ». Au cours de ma formation, j'ai notamment profité des encouragements de professeurs et d'enseignants dont je mesure aujourd'hui l'influence : M. Daniel Bourmaud, Mme Nathalie Blanc-Noël, M. Thierry Dominici, Mme Giorgia Macilotti, M. Alexandre Dubois, M. Marc Cottereau, M. François Palacio et enfin M. René Sahonet, à qui je dois ma découverte de

Voltaire. Je leur dis " merci ».

Je dois une mention particulière à mon collègue et ami Jeremy Elmerich, dont les échanges

m'accompagnent depuis notre dernière année de master, et avec qui j'ai le plaisir de diriger une

association et une revue destinées aux jeune s chercheurs comparatistes. Je lui signifie un indéfectible " merci ». Mes collègues, à Bordeaux ou ailleurs, m'ont ouvert des horizons et tempéré mes enthousiasmes : Mme Marie Glinel, M. David Bertrand, M. Clément Rodier, M. Raphaël Morrisset, M. Pierre-Henri Vignoles et tant d'autres, à qui je dis " merci ».

À ma famille enfin ; à mon frère Bastion, affairé à sa thèse de doctorat en biologie végétale ; à

mon ami de toujours Maxence Baron ; à ma compagne Linh Nguyen enfin, je dis " merci ». 7

SOMMAIRE

INTRODUCTION

PARTIE I : L'esprit de l'oeuvre

Chapitre I

L'intention de l'auteur : la comparaison comme instrument d'une philosophie de l'action

Chapitre II

- L'innovation méthodologique : un comparatisme cosmopolite et objecteur du merveilleux

Chapitre III

Les égarements épistémologiques d'un comparatisme militant : le spectre omniprésent de la lutte contre l'infâme Chapitre IV : Le " système » de Voltaire, ou la philosophie de l'histoire

PARTIE II : Le corps

de l'oeuvre

Chapitre I

Le système juridique de Voltaire : entre légicentrisme et jusnaturalisme

Chapitre II

La religion naturelle critique de la religion d'État : une articulation ambigüe des rapports entre le politique et le religieux

Chapitre III

La forme du régime enchaînée aux contingences nationales et aux vertus républicaines des figures du pouvoir

Chapitre IV

Le bon gouvernement de Voltaire : entre division des pouvoirs et souveraineté de l'exécutif

CONCLUSION

BIBLIOGRAPHIE

TABLE DES MATIÈRES

8 9

INTRODUCTION

Propos liminaires

On ne se

donne plus aujourd'hui la peine de présenter cet homme à qui la mémoire nationale

donne une place si conséquente. Mais en dehors de sa glorieuse réputation, que reste-t-il de ce

polygraphe prodigue, sinon une poignée de contes et quelques vagues leçons de tolérance civile

que l'on se pique de dispenser à la jeunesse ? D'abord connu comme un poète et un tragédien, rares sont ceux qui lui connaissent OEdipe et la Henriade. On oublie sa contribution déterminante à l'introduction de la physique de Newton en France, en même temps que ses oeuvres historiques qui marquent pourtant les débuts d'une historiographie délivrée des tentations hagiographiques ou hypercritiques du pouvoir 1 . L'absence apparente de systèmes philosophiques uniformes dans son oeuvre lui interdit une place légitime dans le panthéon des philosophes académiques. Seule la littérature semble avoir conservé le droit de consacrer

Voltaire. Comme si le génie du style

corrompait le génie du fond ; comme si le statut d'écrivain

persifleur frappait toutes les études sérieuses et empiriques du sceau de la littérature aimable.

Les sciences humaines et sociales ont

amené le Contrat social et l'Esprit des Lois aux portes de leurs académies. Il n'est pas un seul politiste qui puisse ignorer leurs contributions aux

édifices institutionnels de la France, de l'Europe et du Monde. Mais cet héritage des Lumières

se célèbre souvent aujourd'hui sans l'évocation du philosophe de Ferney. On se rappelle de lui comme un prétendu partisan du despotisme éclairé et de la tolérance religieuse ; c'est à peine si la science politique lui reconnaît d'autres hauts faits. On s'explique encore moins cette

discrétion quand on traverse la Manche. La Voltaire's Foundation, créée dans les années 1970

par le biographe Theodore Besterman et hébergée par l'Université d'Oxford, fournit et édite les

plus ambitieuses études voltairiennes à ce jour. En Italie, la pensée politique du philosophe est

également prise au sérieux

2 En France, c'est dans les sciences sociales et en particulier dans la science politique qu'il reste

à faire entrer Voltaire. Plus que de réparer un oubli qui nous condamne trop souvent à chercher

notre savoir en dehors des frontières, il s'agit de libérer le penseur des représentations doxiques 1

" [...] sa critique de l'historiographie anglaise, son refus des mythologies qui habillent le discours sur les origines,

le culte mystificateur des grands hommes le conduisent à choisir les voies de l'enquête historique : d'où la neutralité

d'une écriture, mais aussi l'utilisation scrupuleuse de documents référencés. », GOULEMOT Jean Marie, "

VOLTAIRE FRANÇOIS MARIE AROUET dit (1694-1778) », Encyclopaedia Universalis, 2016. 2 LANZILLO Maria Laura, Voltaire. La politica della tolleranza, Roma-Bari, Laterza, 2000, 250 pages. 10 qui le réduisent parfois à un littérateur impertinent pour classe de première 3 . La densité de l'oeuvre de Voltaire est à peu près sans égale au dix-huitième siècle. Ses contributions sont foisonnantes, et, comme le rappelle Jean Ehrard, " nos idées sur la politique des "lumières" risquent de demeurer fort confuses tant que la pensée du Philosophe par excellence n'aura pas fait l'objet, en ce domaine aussi, d'une étude exhaustive 4

». Cinquante ans après cependant, une

étude de ce type n'a toujours pas vu le jour en science ou en philosophie politique. Il est curieux

que l'académie des lettres se soit donnée la peine d'étudier la politique de Voltaire 5 sans que nos propres instituts, qui se font par ailleurs une gloire de dépasser les frontières de leur discipline, daignent lui accorder les mêmes égards. Il ne faudrait bien sûr pas exagérer la réalité : les voltairistes proposent depuis des décennies un travail remarquable, sans lequel notre compréhension du personnage serait gravement mise à

mal. Dans le débat public, Voltaire continue d'apparaître çà et là, à l'occasion des débats sur la

liberté d'expression et de la liberté religieuse. Le rôle de la recherche est souvent de s'inscrire contre des prénotions qui, lui fussent-elles favorables, accompagnent immanquablement une figure que chacun croit connaître par l'enseignement secondaire. La question des

représentations contemporaines du philosophe, objet par ailleurs étudié sans être épuisé

6 , ne

sera pas traitée ici. Il s'agit plutôt de découvrir ce qui, dans l'oeuvre politique de Voltaire, doit

attirer l'attention de l'histoire des idées.

Délimitation du sujet et cadre conceptuel

Aussi séduisante qu'elle puisse paraître, la perspective de réaliser une étude exhaustive sur la

pensée politique de Voltaire faillirait gravement par manque de réalisme. L'oeuvre, magistrale,

ne peut être capturée en une poignée d'années de travail. La matière est trop dense, et peut-être

trop hétérogène pour être rapportée à une seule problématique précise et ciblée.

Car il

se trouve concentré es dans cette formule de pensée politique myriades de pistes

potentielles. L'idéologie en fait bien sûr partie, et c'est le chemin qu'empruntèrent longtemps

les commentateurs de Voltaire tout au long du XIXème siècle, lui prêtant tour à tour la parenté

d'un libéralisme triomphant ou d'un naufrage moral et spirituel. Il ne s'agit pas de prétendre 3

En écho à l'essai de Jean-Jacques Brochier, intitulé Camus, philosophe pour classes de terminales.

4

EHRARD Jean, " Politique de Voltaire, présentée par R. Pomeau », Collection U Série " Idées politiques »,

Annales. Économies, Sociétés, Civilisations, Volume 20, Numéro 5, 1965, pp. 1061-1063. 5

C'est le titre de l'ouvrage de René Pomeau.

6 Voir le numéro 17 des Cahiers Voltaire, Ferney-Voltaire, Société Voltaire, 2018. 11 qu'un tel objet puisse manquer d'intérêt, mais il nous semble que d'autres voies n'ont pas encore été explorées. La méthode de Voltaire, en particulier, n'a jamais vraiment suscité la curiosité que de quelques spécialistes 7 . Pourtant, les lecteurs de Tocqueville et de Montesquieu

ne seront pas désarçonnés par l'Essai sur les moeurs ou les Lettres anglaises. Ils s'apercevront

peut-être même, au fur à mesure de leurs lectures, que Voltaire partage avec eux davantage qu'un regard tourné vers l'autre et l'ailleurs. Sa connaissance souvent (mais pas toujours) profonde des systèmes politiques anglais, chinois, hollandais, prussien, russe ou suisse a non

seulement nourri plusieurs études de cas, mais également une pensée plus théorique, concentrée

dans une quête philosophique qui vise à donner un sens aux évènements historiques et politiques.

C'est par le comparatisme, puisqu'il faut le nommer, que Voltaire semble envisager toute la chose politique. On le voit mettre en balance les mérites de la république romaine et des

démocraties athéniennes dans son article " Démocratie » du Dictionnaire philosophique ; dans

son article " Gouvernement », il évoque les systèmes politiques d'une douzaine de pays 8 et discute les avis de Pufendorf ; c'est dans son oeuvre historique, résolument comparatiste, que

" s'exprime une véritable pensée du politique, que sont exposés les principaux thèmes qui ont

suscité la controve rse de fond menée par Voltaire

» contre Montesquieu

9 . Pour autant, suffit-il d'assembler une collection de comparaisons pour dresser une conclusion sur la méthode comparatiste de Voltaire ? " Difficile [...] de séparer ce qui relève d'une science trébuchante de ce qui appartient à une philosophie parfaitement maîtrisée » 10

écrit David-Louis Seiler.

Voltaire peut-il ainsi être qualifié de comparatiste au même titre que Montesquieu ou

Tocqueville ? Quelle est

sa spécificité ? la finalité de son approche ? Il faudra d'abord s'entendre sur le sens à donner à ce mot de comparatisme.

Réduit à son plus

simple aspect, il désigne l'acte de comparer ; mais la pratique soulève des questions. Que comparer, pourquoi et comment ? On ne trouvera certes aucune réponse univoque, mais peut- être des pistes permettant d'établir la conception utilisée dans ce travail en particulier. Pour

Philipe C. Schmitter, il s'agit d'abord " d'identifier ce que les différentes unités ont en commun

en les plaçant dans des catégories génériques », puis de " produire des informations utiles et

non prescriptives sur la façon dont sont conduites les politiques publiques dans d'autres pays 7 FRANCALANZA Éric, Voltaire, patriarche militant, Paris, PUF, 2008, 224 pages ; MÉRICAM-BOURDET

Myrtille, Voltaire et l'écriture de l'histoire : un enjeu politique, Oxford, Voltaire Foundation, Studies on Voltaire

and the Eighteenth Century, 2012, 293 pages. 8 VOLTAIRE, " Démocratie » et " Gouvernement », Dictionnaire philosophique, Garnier, 1878. 9

MERICAM-BOURDET Myrtille, "Voltaire contre Montesquieu ?", Revue Française d'Histoire des Idées

Politiques, Editions Picard, N° 35, 2012/1, p.26. 10 SEILER David-Louis, La méthode comparative en science politique, Paris, Armand Colin, p.21. 12 que le sien » 11 . David Louis-Seiler résume dans son ouvrage les paradigmes utilisés par les acteurs de la discipline : " Le comparatiste recherche les similitudes s'il est universaliste, les

différences s'il est relativiste, des invariants à travers les différences s'il souscrit au paradigme

de l'esprit humain 12 Tout l'enjeu sera d'étudier l'oeuvre de Voltaire au regard des critères qui constituent le comparatisme en sciences sociales, et en science politique en particulier.

Revue de littérature

Nous ferons référence

à deux types de travaux : ceux qui examinent l'oeuvre politique de Voltaire et ceux qui ont trait à la méthode comparative (en particulier dans une perspective historique). S'il est besoin de le rappeler, la science politique n'a pas porté son regard sur Voltaire aussi

prématurément que les chercheurs en lettres classiques et les historiens. L'ouvrage déjà ancien

du critique littéraire Emile Faguet, La politique comparée de Montesquieu, Rousseau et

Voltaire

13 , ne fait pas oeuvre de neutralité. L'auteur y dispense des jugements de valeur rarement argumentés, mais son apport est considérable : il s'agit du premier travail d'analyse du comparatisme politique dans l'oeuvre de Voltaire. La

Politique de Voltaire

14 de René Pomeau occupe une place tout aussi conséquente, quoique symboliquement. Le voltairiste évoque tout

ce que la vie du philosophe du Ferney compte de politique, avec cependant une priorité accordée

à l'action plutôt qu'à la théorie. Ses commentaires en introduction de chaque texte sont malheureusement trop brefs pour constituer une

étude à proprement parler.

Dans "

Voltaire

contre Montesquieu ? », la politiste Myrtille Méricam-Bourdet nous invite à dépasser les

apparences - celle d'une oeuvre politique en quelque sorte avare en théories générales - pour

étudier le métadiscours : " Si Voltaire a tardivement composé des textes analysant L'Esprit des

lois, écrit-elle, son véritable commentaire se trouve dans les textes historiques qui répondent

aux théories de Montesquieu sur le gouvernement. » 15

On lui doit, en plus d'autres articles, un

ouvrage précieux extrait de sa thèse , intitulé Voltaire et l'écriture de l'histoire : un enjeu 11

SCHMMITER Philippe C., " La nature et le futur de la politique comparée », Revue internationale de politique

comparée, 4/2007 (Vol. 14), p. 613-650. 12

SEILER, op.cit., voir tout le chapitre 2.

13

FAGUET Emile, La politique comparée de Montesquieu, Rousseau et Voltaire, New York : Burt Franklin, 1902.

14 POMEAU René, Politique de Voltaire, Armand Colin, 1963. 15

MERICAM-BOURDET Myrtille, "Voltaire contre Montesquieu ?", Revue Française d'Histoire des Idées

Politiques, Editions Picard, n° 35, 2012/1, résumé et page 2. 13 politique 16 . En mettant en évidence les caractéristiques de " l'historien polémiste 17

», son

travail porte autant sur la méthode que sur le contenu de l'oeuvre. Trois ouvrages entièrement consacrés à Voltaire dans trois disciplines différentes ont contribué

de façon significative à la réflexion et à l'organisation de notre travail. Le juriste François

Quastana défend la thèse d'un " absolutisme éclairé

» en revenant sur plusieurs éléments

essentiels de la pensée politique de Voltaire. Cette thèse s'oppose notamment à celle de l'historien et psychologue Peter Gay. Voltaire's Politics: The Poet as Realist 18 , ouvrage dense

qui aborde franchement la pensée et l'action politique de l'auteur du Siècle de Louis XIV, illustre

le point de vue libéral porté sur l'oeuvre du philosophe de Ferney. À l'inverse, Charles Rihs, auteur de Voltaire. À la recherche des origines du matérialisme historique 19 , assume une généalogie de la pensée marxiste, en comparant les pensées d'Hegel, d'Engels et de Marx à la philosophie de l'histoire de Voltaire. Au-delà de l'ouvrage de référence de Raymond Aron 20 , on pourra approfondir ce thème dans l'ouvrage de Bertrand Binoche , Les trois sources des philosophies de l'histoire (1764-1798) 21
qui consacre un chapitre à Voltaire. Sur le droit naturel, nous avons évidemment consulté Droit naturel et histoire, oeuvre majeure de Leo Strauss. La question religieuse, si centrale dans cette oeuvre, a bien sûr été étudiée par René Pomeau 22
, mais également par Michel Despland dans son livre intitulé Comparatisme et christianisme 23
, et dans l'histoire de la laïcité française de

Philippe Raynaud

24
, à qui l'on doit également

La politesse des Lumières

25
. On s'épuiserait

cependant à dresser la liste de tous les ouvrages qui ont éclairé nos interrogations particulières.

Sur la pensée des Lumières en général, l'ouvrage d'Ersnt

Cassirer

26
est un classique dans lequel

MÉRICAM-BOURDET Myrtille, Voltaire et l'écriture de l'histoire - un enjeu politique, Oxford, Voltaire

Foundation, 2012, 293 pages.

17

Ibid., p.240.

18

GAY Peter, Voltaire's Politics: The Poet as Realist, New Haven et Londres, Yale University Press, 1988, 417

pages. 19 RIHS Charles, Voltaire - Recherches sur les origines du matérialisme historique, 2

ème

éd., Genève/Paris,

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