[PDF] La « conquête de lAuvergne » par Philippe Auguste

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Cahiers de civilisation médiévale

Xe-XIIe siècle

247 | 2019

Varia La " conquête de l'Auvergne

» par Philippe

Auguste

The "Conquest" of Auvergne by Philip

Augustus

Rémy

Roques

Édition

électronique

URL : https://journals.openedition.org/ccm/4516

DOI : 10.4000/ccm.4516

ISSN : 2119-1026

Éditeur

Centre d'études supérieures de civilisation médiévale/Université de Poitiers

Édition

imprimée

Date de publication : 1 juillet 2019

Pagination : 245-258

ISBN : 978-2-490783-03-8

ISSN : 0007-9731

Référence

électronique

Rémy Roques, "

La " conquête de l'Auvergne

» par Philippe

Auguste

Cahiers de civilisation médiévale

[En ligne], 247

2019, mis en ligne le 03 janvier 2022, consulté le 31 janvier 2022. URL

: http:// journals.openedition.org/ccm/4516 ; DOI : https://doi.org/10.4000/ccm.4516

La revue

Cahiers de civilisation médiévale

est mise à disposition selon les termes de la Licence Creative Commons Attribution - Pas d'Utilisation Commerciale - Pas de Modi cation 4.0 International. Cahiers de civilisation médiévale, 62, 2019, p. 245-258.

Rémy roqueS

La " conquête de l'Auvergne » par Philippe Auguste

The "Conquest" of Auvergne by Philip Augustus

xixe siècle, les historiens présentent l'intervention militaire de Philippe Auguste contre le

lement aux Chroniques de Guillaume le Breton. Après une période d'" indépendance », l'Auvergne aurait basculé sous

domination capétienne par la force des armes. Ce moment 1210-1213 peut être réinterrogé en élargissant sa chrono-

la main sur une région pour la rattacher au domaine royal.

France, Auvergne, xiie siècle, xiiie siècle, Capétiens (dynastie), Philippe Auguste (roi de France ; 1165-

1223), pouvoir royal.

Abstract: Since the end of the nineteenth century, historians have presented the military intervention of Philip Augustus

Chronicles

of Guillaume le Breton. After a period of "independence", the Auvergne becomes French by the force of arms.

This moment 1210-1213 can be re-examined by enlarging its chronology and examining archives. Therefore,

as the result of an express will to get hold of a region to reattach it to the Royal domain.

Keywords: France, Auvergne, 12th century 13th century, Capetians, Philip Augustus (king of France; 1165-1223), royal

power. xixe

1, Philippe Auguste (1180-1223) est érigé en champion de l'unité française par les historiens

2 administrative » 3

1. Christian amalvi, " L'image du règne de Philippe Auguste dans la littérature du xixe siècle », dans La France de Philippe Auguste :

le temps des mutationsbautier (dir.),

2. Henri-François Delaborde introduit le premier tome des Recueils des actes de Philippe Auguste par ces lignes : " Ce volume,

Henri-François delaborde (éd.), , 1 : , Paris, Imprimerie nationale (Chartes et diplômes relatifs à l'histoire de France), 1916, p. IV.

3. Par exemple, Françoise autrandbartHélemy et Philippe contamine

début du xiexve », dans L'Histoire médiévale en France : bilan et perspectives, M. balard (dir.), Paris, Seuil, 1991,

246 CAHIERS DE CIVILISATION MÉDIÉVALE, 62, 2019 RÉMY ROQUES

un instrument au service des prétentions royales 4

Ces transformations, pour l'essentiel intervenues dans les années 1190-1203 5, consolident et préparent les

l'affaiblissement de l'empire des Plantagenêts pour placer plusieurs principautés et seigneuries sous sa domi-

p. 101-125, ici p. 114 : " Ce roi transforma la monarchie en un gouvernement stable, à Paris, avec ses organes réguliers, permanents,

4. Olivier descampsAutour de Philippe Auguste, M. aurell

et Y. sassier

5. John baldWin, " La décennie décisive : les années 1190-1203 dans le règne de Philippe Auguste », Revue historique, 266, 1981,

p. 311-337 et id., Philippe Auguste et son gouvernement : les fondations du pouvoir royal en France au Moyen Âge, J. le GoFF (préf.)

et B. bonne (trad.), Paris, Fayard, 1991, p. 111-249. LA " CONQUÊTE DE L'AUVERGNE » PAR PHILIPPE AUGUSTE 247

se présente en 1180 et celui en 1223. À la mort du roi, ce domaine s'étend de la Manche à l'Auvergne 6.

L'une des données mise en exergue par l'historiographie est le rattachement de l'Auvergne 7 à la constellation

Le récit le plus précis des événements est celui des Gesta (chapitre 156). En 1210, le comte d'Auvergne, Gui II

(1195-1222), ayant commis beaucoup de dommages, de nombreuses plaintes sont adressées à Philippe Auguste.

Celui-ci réprimande son vassal par lettre et par l'intermédiaire de ses agents. Mais le comte passe outre ces

avertissements et détruit une abbaye. Le roi envoie une armée conduite par le sire de Dampierre, le merce-

de Riom, puis mettent le siège devant Tournoël, forteresse réputée imprenable. Au cours des opérations, un

comte d'Auvergne. Dans la Philippide (livre VIII du même Guillaume le Breton), Gui II est accusé d'avoir

dépouillé plusieurs communautés religieuses de leurs biens. En réponse à ces exactions, l'ost royal s'empare

de nombreuses forteresses et de tout le comté.

la région aurait été " réduite en province du royaume de France » 8 9. Edgard Boutaric,

10 11.

12. Pour l'histoire de l'intégration de l'Auvergne au domaine

en s'inscrivant dans le prolongement de travaux récents sur l'histoire de la progression du pouvoir royal,

en France, au xiiie siècle 13.

6. , G. duby (dir.), Paris, Larousse, 2001 (1re éd. : 1978), p. 130

et Jean-Christophe cassard, , Paris, Belin (Histoire de France), 2011, p. 22. La carte proposée par

La bataille de Bouvines. Histoire et légendes

sud de l'actuel département du Cantal. Mais il ne s'agit pas d'une principauté territoriale, les contours du diocèse de Clermont ne

8. Pierre audiGier, 1 : Projet de l'histoire d'Auvergne, Clermont-Ferrand, Louis Bellet (Mémoires de

l'Académie des sciences, belles-lettres et arts de Clermont-Ferrand), 1899, p. 289.

9. Jean-Baptiste bouillet, Nobiliaire d'Auvergne, 1 : A-B, Clermont-Ferrand, s. n., 1846, p. XII.

10. Edgar boutaric, Saint Louis et Alphonse de Poitiers : étude sur la réunion des provinces du Midi et de l'Ouest à la couronne

et sur les origines de la centralisation administrative d'après des documents inédits, Brionne, Le Portulan, 1870.

11. René riGodon, Histoire de l'Auvergne

Pierre-François Fournier

annoté », , 89, 1937, p. 79-87.

12. Jean-Marie le Gall, Défense et illustration de la Renaissance, Paris, Presses universitaires de France, 2018, p. 15.

Christian rémy,

, thèse de doctorat en histoire sous la

248 CAHIERS DE CIVILISATION MÉDIÉVALE, 62, 2019 RÉMY ROQUES

Philippe Auguste. La deuxième partie étudie les modalités de la progression du pouvoir royal tout au long

et dernière partie tente une nouvelle interprétation des événements 14. 15.

le temps et l'allure étaient celles des piétons et des chevaux. Tout au long du Moyen Âge, les Auvergnats

16. direction de B. Barrièrebilloré, xiie-début xiiie

de l'autocratie Plantagenêt à la domination capétienne, thèse de doctorat en histoire médiévale sous la direction de M. aurell, université

billoré, , Rennes, Presses cHenard, , thèse de doctorat

en histoire médiévale sous la direction de M. aurell, université de Poitiers, 2014, publication : Gaël cHenard, L'Administration

launay, , thèse de doctorat sous la direction de F. mazel, université de Rennes 2, 2017) ; et synthèses (Olivier Guyotjeannin

territoriales de la royauté capétienne [xiiie-début xiveFragen der politischen Integration im mittelalterlichen Europa,

W. maleczekcHenard et Jean-François mouFFlet,

" Cant vengro li Frances. L'implantation capétienne dans le Midi au xiiie siècle », dans La royauté capétienne et le Midi au temps de

Guillaume de Nogaret, B. moreau et J. tHéry-astruc Noblesse auvergnate et pouvoir royal. De la "conquête" xiie-xiiie siècles), mémoire de master sous la direction de J.-L. Fray,

université Blaise Pascal-Clermont 2, 2010 ; complété par une recherche entreprise avec Jean-Pierre Chambon et Gabriel Fournier.

Fournier, " Philippe Auguste et l'Auvergne », Bulletin , 790-791, 2011, p. 67-117 et Jean-Pierre cHambon, " Nouveaux regards sur deux sirventès

l'article en cours d'écriture ; Nicholas Vincent pour ses précieuses suggestions et indications de documents ; Thomas Areal pour la

Philippe Auguste

relatif à l'enclavement : " Isolés dans leurs montagnes et leurs vallées des environs de Clermont, les lointains comtes d'Auvergne,

gneuses de l'Auvergne attirent l'attention de Philippe » ; " Dans cette région inaccessible... », J. baldWin (op. cit. n. 5), p. 34, 260

Guy de Dampierre en lui donnant une partie des domaines et en lui déléguant la garde des autres », Bruno Galland, Philippe Auguste :

le bâtisseur du royaume, Paris, Belin (Alpha), 2016, p. 166.

16. Jean-Luc Fray, " Auvergne, Velay et royaume d'Arles : éléments pour une révision de la géographie relationnelle auvergnate

au Moyen Âge », Siècles, 15, 2002, p. 75-87. LA " CONQUÊTE DE L'AUVERGNE » PAR PHILIPPE AUGUSTE 249

L'Auvergne en 1180

Un comté en situation d'échec

concurrence de la seigneurie épiscopale au xie (ca 17.

Vers 1150, la famille et les domaines comtaux sont partagés entre Guillaume VIII et son neveu Guillaume VII.

En 1162, Guillaume VIII est appelé " Arvernorum Comes » dans une bulle du pape Alexandre III 18. En 1167,

Guillaume VII se nomme " Comes Alverniae » dans un acte de donation en faveur de l'abbaye de Mozac 19.

Par la suite, les titulaires de la fonction alternent, dans les textes, entre " comte d'Auvergne », " comte des

Arvernes » et " comte de Clermont ». Si les deux familles comtales exercent leur autorité sur des domaines

d'une domination légitime exercée sur la totalité du comté 20

représentants des deux branches apparaissent côte à côte dans les actes, ils s'intitulent seulement " comtes » 21.

le Plantagenêt à intervenir militairement en Auvergne, en 1167 22.

Les forces centrifuges

: les évêques de Clermont et les aristocrates locaux xe siècle, de renforcer leur pouvoir : Étienne II (ca la tentative d'imposition de la paix de Dieu et l'établissement d'une seigneurie épiscopale

23. Clermont en

xvie pouvoir capitulaire et la présence comtale.

Dès le début du xiie siècle au plus tard, la fondation de Montferrand est un moyen pour le comte de se doter

d'un point d'appui propre. Le diocèse de Clermont, fort de 760 paroisses, est l'un des plus vastes du royaume

de France 24 cum maximo exercitu »),

comme le lui permet la coutume 25. Le prélat fait aussi appel à des mercenaires : en 1198, le comte d'Auvergne

17. Emmanuel Grélois et Marie saudan (éd.), Chartes et documents de l'église de Clermont antérieurs au xiie siècle, Paris,

CNRS Éditions (Documents, études et répertoires, IRHT, 85), 2015, no 9, p. 128. Sur la monnaie de Clermont, cf. Emmanuel Grélois,

" Documents sur la monnaie de Clermont et la circulation monétaire en Auvergne (xie-xive siècles) », Revue numismatique, 158,

2002, p. 279-344.

18. Étienne baluze, Histoire généalogique de la Maison d'Auvergne, Paris, Imprimerie Antoine Dezallier, 1708, t. 2, p. 65.

19. Ibid., p. 63.

20. Michel estienne, , thèse pour le diplôme

d'archiviste-paléographe, Paris, École nationale des chartes, 1986.

21. Arch. nat., J 1132 n

o 4 (1204). Sur la production documentaire des comtes d'Auvergne, voir Christelle balouzat-loubet, xiiexiiie siècle) », dans xiie-xve siècles, X. Hélary,

J.-F. nieus, A. provost et M. suttor (éd.), Arras, Artois Presses Université, 2016, p. 239-261.

22. robert de toriGny, " Chronica », dans , R. HoWlett (éd.),

Londres, Longman (Scriptores rerum brittanicarum medii avi), 1889, t. 4, p. 229-230.

23. Anne-Hélène brunterc'HFoi chrétienne et églises dans la

société politique de l'Occident du haut Moyen Âge (ive-xiie siècle), J. Hoareau-dodinau et P. texier (éd.), Limoges, Pulim (Cahiers

24. Jean Gaudemet, Le gouvernement de l'Église à l'époque classique, deuxième partie : Le gouvernement local

(Histoire du droit des institutions de l'Église en Occident, 8-2), 1979, p. 13. Voir aussi Roger Sève, " La seigneurie épiscopale de

Clermont des origines à 1357 », Revue d'Auvergne, 104, 1980, p. 85-268.

25. Robert-Henri bautierGilles (éd.), Chronique de Saint-Pierre-le-Vif de Sens dite de Clarius, Paris, Éditions

du CNRS, 1979, p. 144.

250 CAHIERS DE CIVILISATION MÉDIÉVALE, 62, 2019 RÉMY ROQUES

Coterellorum et Basclorum ») 26. Aux moyens d'action militaire

deux siècles, les " clermontois » épiscopaux sont une des principales monnaies en circulation en Auvergne.

Les deux dynasties comtales ne parviennent pas non plus à empêcher le renforcement de seigneuries concur-

carolingiens et des moines clunisiens, concrétisée par la fondation de l'église de Souvigny (920), s'étend aux

fort. Au xiie

27 les amènent à regarder à l'ouest de leurs terres ancestrales.

28
nistration de ses propres seigneuries.

Un pouvoir royal absent ?

Tout au long des xe et xie

dans les formules de datation est de 1011 29. L'architecte de l'église de Saint-Germain l'Herm prend soin de

regnante Philippo Francorum rege » 30. En outre, Clermont tous les Capétiens, à l'exception d'Henri I er, sont venus personnellement en Auvergne 31, parfois à la tête de

l'abbaye de Saint-Pourçain 32. Puis, par deux fois, il lève l'ost contre le comte d'Auvergne. Ces opérations se

soldent par la prise de Pont-du-Château (1121), puis le siège de Montferrand (ca 1126) 33. En 1164, Louis VII

26. É. baluze (op. cit. n. 18), p. 77.

27. Bruno Galland,

milieu du xiie au milieu du xive siècle, R.-H. bautier (préf.), Paris, De Boccard, 1994, p. 75 et 209.

28. Johan picot et Josiane teyssot, " Les villes d'Auvergne et le roi : Montferrand au xiiie siècle », dans Dans le secret des

, M. billoré et J. picot (dir.), Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2014, p. 221-250.

29. Marie saudan, ixe au xiie siècle, thèse de doctorat

en histoire sous la direction de M. parisse, université Paris I Panthéon-Sorbonne, 2004, t. 2, p. 487, 490 et 506.

30. Robert Favreau, Jean micHaud et Bernadette mora, Corpus des inscriptions de la France médiévale, 18 :

, Paris, CNRS Éditions, 1995, p. 234.

31. Robert II vers 1020 ; Philippe Ier en 1095 (Mozac) ; Louis VI, vers 1108-1109 (dans le nord de l'Auvergne), en 1121

(à Pont-du-Château), puis en 1126-1127 (à Montferrand) ; et Louis VII, en 1138 (Brioude), 1159 (Clermont), 1162 (Souvigny), 1164

aboutit à la prise de Nonette).

32. Guy devailly, Le Berry du xe au milieu du xiiie, Paris/La Haye,

Mouton (Civilisations et sociétés, 19), 1973, p. 400.

33. suGer, Vie de Louis VI Le Gros, H. Waquet

au Moyen Âge, 11), 1929, p. 232-241. LA " CONQUÊTE DE L'AUVERGNE » PAR PHILIPPE AUGUSTE 251

34. Par leurs interventions,

Louis VI et Louis VII

35
sous leur garde

36, consolidant ainsi l'attachement des élites religieuses locales à la couronne 37.

Dans la seconde moitié du

xiie siècle, les oppositions régionales s'insèrent dans la rivalité entre Capétiens

les plaintes adressées à Louis VII par les abbés de Brioude, d'Issoire et de Saint-Germain-Lembron, le chapitre

de Clermont ou le sire de Bourbon en témoignent 38.

1152). Il est " Dei gratia rex Francorum et dux Aquitanorum

39. Une fois son mariage avec Aliénor rompu

(mars 1152), le roi de France doit renoncer à la suzeraineté directe sur l'Auvergne. Henri II la récupère

40.

41, fait recueillir par des messagers (" nuncis »)

les serments des comtes d'Auvergne (1164)

42, se fait représenter sur place par des baillis 43 et y conduit son

armée (1167) 44
le sire de Bourbon et Pierre de Blot 45 46.

d'Aragon, reçoit l'hommage du comte de Toulouse 47 et émet deux actes en faveur de l'église d'Ennezat 48.

du traité d'Ivry 49 de antiquo jure »), toute l'Auvergne 50.

34. Lettres d'Henri II (Léopold delisle, Paris, Imprimerie

o à Louis VII (Recueil des historiens des Gaules et de la France [désormais abrégé : RHGF

35. Sur la mise en oeuvre de la paix du roi dans la région, à travers l'étude de trois affaires documentées par la correspondance

entre Louis VII et les autorités locales, voir Yves sassier, " La paix du roi et ses acteurs au temps de Louis VII : l'exemple de

l'Auvergne et du Velay », dans Louis VII and his World, M. bardot et L. W. mavrin (éd.), Leyde/Boston, Brill (Later Medieval

Europe, 18), 2018, p. 86-101.

de la couronne : " ad laudem et honorem et augmentum coronae vestrae », RHGF, t. 16, p. 65. Voir aussi RHGF, t. 18, p. 146 et 147.

38. Ibid., t. 16, p. 43, 45, 65 et 146.

39. É. baluze (op. cit. n. 18), p. 62 et Arch. dép. du Puy-de-Dôme, 0 62, cote 1b (vidimus de 1432).

40. " Communications between Paris and the deep south of France depended on safe passage of Auvergne », Wilfred Lewis Warren,

Henry II, Berkeley, University of California Press, 1973, p. 144.

41. RHGF, t. 16, p. 45.

42. Ibid., p. 112.

43. L. delisle (éd. cit. n. 34), no 240.

44. robert de toriGny (art. cit. n. 22), p. 229.

45. Nicholas vincent (éd.), , Oxford, Oxford University

o 285, d'après Arch. nat., P 1373/1.

46. William stubbs (éd.), Gesta Regis Henrici Secundi Benedicti abbatis: the Chronicle of the Reigns of Henry II and Richard I,

AD 1169-1192, Londres, Longman (Rerum britannicarum medii aevi scriptores, 49), 1867, t. 1, p. 35.

47. William stubbs (éd.), , Londres, Longman (Rerum

Britannicarum medii aevi scriptores, 68), 1876, t. 1, p. 353.

48. L. delisle (éd. cit. n. 34), nos 389 et 390.

49. Ibid., t. 2, no 506 : " ».

50. W. stubbs (op. cit. n. 46), p. 196. L'évêché désigne ici un ensemble de droits et de prérogatives et non un territoire. Sur les

relations entre Henri II et Louis VII : Jean dunbabin, " Henry II and Louis VII », dans Henry II: New Interpretations, C. Harper-bill

et N. vincent (éd.), Woodbridge, The Boydell Press, 2007, p. 47-62.

252 CAHIERS DE CIVILISATION MÉDIÉVALE, 62, 2019 RÉMY ROQUES

L'annexion de l'Auvergne

À l'avènement de Philippe Auguste, la marge de manoeuvre du roi de France reste limitée en Auvergne,

lui rappelle ses droits. Vers 1126, le siège de Montferrand par Louis VI est contrarié par l'arrivée de

Guillaume X (1126-1137). En 1164, Louis VII doit se résoudre à libérer les comtes d'Auvergne, à la suite

des réclamations d'Henri II Plantagenêt.

En 1187, Philippe Auguste mène la guerre en Berry, prenant Issoudun et Graçay, puis l'année suivante,

51.

À cette occasion, il s'empare des droits du Plantagenêt sur l'Auvergne (" quicquid juris rex Anglie in tota

»). Par le traité d'Azay-le-Rideau (1189), Henri II,

Philippe Auguste la suzeraineté sur l'Auvergne. Désormais, les interventions capétiennes trouvent une

52, car ils

53, en 1191 54, puis en 1196 55), est suivi

de Richard Coeur de Lion 56 le traité d'Azay-le-Rideau. Les relations entre Philippe Auguste et l'aristocratie locale

non sans avoir un temps espéré l'aide du Plantagenêt 57. En accordant une charte de franchises aux habitants

de Clermont, en septembre 1199, Gui II s'engage à faire sceller le texte par le roi de France. Ce dernier est

donc choisi comme garant, cette clause pouvant, il est vrai, renvoyer aussi bien à une volonté du comte d'en

de cette même charte ne laisse aucun doute sur l'attachement de Gui II au roi : le comte assure par serment les

Clermontois de sa bonne foi et promet de les défendre contre tous, sauf Philippe Auguste 58. En 1209, Gui II,

59

51. riGord, Histoire de Philippe Auguste, É. carpentier, G. pon et Y. cHauvin (éd.), Paris, CNRS Éditions (Sources d'histoire

médiévale, 33), 2006, p. 260. Voir Fanny madeline, Les Plantagenêts et leur empire : construire un territoire politique, Rennes,

Presses universitaires de Rennes (Histoire), 2014, p. 251-255.

52. Annexer , S. péquiGnot et P savy (dir.), Rennes, Presses universitaires

de Rennes, 2016.

53. riGord (éd. cit. n. 51), p. 270.

54. É. berGer et H.-F. delaborde (éd. cit. n. 2), no 376, p. 464-466.

55. Henri-François delaborde, Charles petit-dutaillismonicat (éd.),

de France, 2 : , Paris, Imprimerie nationale (Chartes et diplômes relatifs à l'histoire de France), 1943,

n o 517, p. 52-57.

56. Guillaume de neWburGHHoWlett (éd),

Henry II and Richard I, Londres, Longman (Rerum britannicarum medii aevi scriptores, 82), 1885, t. 2, p. 456-457. John Gillingham

GillinGHam, Richard Coeur de Lion,

Paris, Noêsis, 1996 (1

re éd. : 1978), p. 341.

57. É. baluze (op. cit. n. 18), p. 249.

58. Roger sèvexiie siècle », dans Recueil de travaux offerts à M. Clovis Brunel..., Paris,

Société de l'École des chartes (Mémoires et documents de l'École des chartes, 12), 1955, p. 521-537, ici p. 536-537.

59. Paul meyer (éd.), La Chanson de la croisade contre les Albigeois, Paris, Librairie Renouard, 1875, p. 15.

LA " CONQUÊTE DE L'AUVERGNE » PAR PHILIPPE AUGUSTE 253 Dalphinus de Alvernia », dans une liste de barons (" Barones regis Francorum »), Gui II est mentionné, dans une autre liste, avec le titre de " comes Alvernie » 60. En 1195, un cadet de la famille des comtes d'Auvergne accède à l'épiscopat 61

de Clermont, aurait pu être un des meilleurs alliés de son frère, Gui II. Il s'avère au contraire un redoutable

l'attestent une mention de 1204-1209, contenue dans les Registres de Philippe Auguste

de Robert dans les rangs de la croisade contre les Albigeois en 1209, puis en 1217 62. D'une manière générale,

permet de renforcer la seigneurie épiscopale.

Après son divorce de Gaucher de Salins (1195), Mathilde, héritière de la baronnie, épouse le seigneur

côtés à plusieurs reprises 63. Philippe Auguste se l'attache par un hommage lige 64 et favorise sa montée en

puissance en Auvergne. Il lui cède ses droits sur Souvigny (1199-1200) 65 lige (1202) 66

conventions matrimoniales passées entre Gui de Dampierre et le comte de Forez (1206) 67, puis règle un

68.

60. John baldWin (éd.), Les registres de Philippe Auguste, Paris, Imprimerie nationale/De Boccard (Recueil des historiens de

61. Rémy roquesRevue d'Auvergne

e

18-20 octobre 2013), S. Fray et D. morel (éd.), 614, 2015, p. 23-40. Le lecteur y trouvera toutes les références documentaires et

63. 1198 (Melun), 1201 (Sens), 1204 (Rouen), 1206 (Anet), 1209 (Villeneuve-le-Roi), 1213 (Compiègne), 1214 (Chinon), 1215

(Melun). Recensement réalisé d'après : Xavier cataneo, Recueil des actes des seigneurs de Moeslains-Dampierre (milieu xie,

os 88, 96, 103, 107, 123, 128 et Recueil des actes de Philippe Auguste... (éd. cit. n. 55), nomonicatboussard (éd.),

de France, 3 : , Paris, Imprimerie nationale/Librairie C. Klincksieck (Chartes de diplômes relatifs à

l'histoire de France), 1966, n os 1083 et 1314. Il complète celui de J. baldWin (op. cit.

64. Alexandre teulet (éd.), Layettes du trésor des chartes, Paris, Plon (Archives de l'Empire), 1863, t. 1, no 692.

65. É. berGer et H.-F. delaborde (éd. cit. n. 55), no 606, p. 154.

66. Ibid., no 722, p. 291-292.

67. Ibid., no 895, p. 483-485.

68. J. monicat et J. boussard (éd. cit. n. 63), no

en se rendant à la cour de Philippe Auguste. On lui répond, d'après les " usus et consuetudines Franciae

à la seigneurie de Bourbon.

254 CAHIERS DE CIVILISATION MÉDIÉVALE, 62, 2019 RÉMY ROQUES

: relais de l'autorité royale

Comme ses prédécesseurs, Philippe Auguste se pose en défenseur de l'Église. En 1184, de passage à Mozac,

couvent 69. Il octroie sa protection aux églises d'Ennezat 70, de Saint-Pourçain 71 et de Billom 72.

En Auvergne, Philippe Auguste favorise la diffusion des chartes de franchises : les coutumes de Lorris sont

accordées aux habitants de Nonette (1188) 73 de Varennes-sur-Allier (1203-1204) 74 Temple en Provence sur les villages de Palluet et de l'Alliat 75

habitants en 1204 76. Des châtelains royaux sont présents à Saint-Pourçain et Ennezat 77, un prévôt et des

sergents à Nonette 78connestabulus Arverniae ») est mentionné en

1202-1204 79, puis en 1208 80

La " conquête de 1213 »

Ce qu'en disent les chroniques

par le comte Gui II 81

Cluny 82. Des sirventès

69. É. berGer et H.-F. delaborde (éd. cit. n. 54), no 117.

Favier et Michel mortier

, 5 : volumeso 1836).

71. É. berGer et H.-F. delaborde (éd. cit. n. 54), no 462.

72. J. Favier et M. mortier (éd. cit. n. 70), no 1845.

73. É. berGer et H.-F. delaborde (éd. cit. n. 54), no 241.

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