[PDF] LES GRANDEURS EN MATHÉMATIQUES AU COLLÈGE PARTIE II





Previous PDF Next PDF



Autour de la proportionnalité

12 avr. 2015 2.3 Modèle général de la proportionnalité : grandeurs mesures et variables numériques ... 1) Les grandeurs G1 et G2 sont proportionnelles.



Formes et grandeurs GM G1

BO 19 juin 2008 : Découvrir les formes et grandeurs : «En manipulant des objets variés les enfants repèrent d'abord des propriétés simples.



G1 – Que peut-on mesurer ? : entraînement longueur 3 kilomètres 1

Tip-Top 3A – Grandeurs G1 à G4 – Entraînement. G2 – Redécouverte de la notion de fraction : entraînement. 1. Complète avec les mots suivants :.



Les grandeurs au collège II

g1 = g2 on dit que x et y ont même µ-grandeur ou qu'ils sont µ-équivalents. Comparer deux µ-grandeurs g1



LES GRANDEURS EN MATHÉMATIQUES AU COLLÈGE PARTIE II

L'oubli de la notion de grandeur fenne les mathématiques sur elles-mêmes. gl > g2· Un cas particulier important de comparaison de Il-grandeurs est celui ...



CHAPITRE 0 : MESURE ET INCERTITUDES

Lorsqu'on réalise la mesure d'une grandeur notée G (par exemple On considère une grandeur G qui s'exprime en fonction d'autres grandeurs G1 G2



LA PLACE DES GRANDEURS DANS LA CONSTRUCTION

grandeur “longueur” sera réévaluée compte tenu des considérations qui Une application (ou fonction) f : G1?G2 entre deux grandeurs G1 et G2 de la vie ...



Manuel pratique de léclairage

La Luminance est la seule grandeur photométrique perçue par G1. G2. DIMLITE daylight. T2. DIMLITE daylight ules de mande. Organes de commande.



CIRCUITS ELECTRIQUES

2) Geq = G1 + G2 + . Dessiner un diagramme de phaseurs plausible représentant les grandeurs indiquées sur ... G2. G2. G1. G. G1. FIG. 4.2. Rép.: T = ( 0.



Statistiques à deux variables

nelle entre les deux grandeurs observées (ici rang et nombre d'adhérent). Pour tracer D1 il suffit de placer G1 et G2 puis de tracer la droite qui les ...

43

LES GRANDEURS EN MATHÉMATIQUES AU COLLÈGE

PARTIE II. MATHEMATISATIONS

Yves CHEVALLARD

IUFM d'Aix-Marseille

Marianna BOSCH

Université Ramon Uull, Barcelone

Résumé. Ce travail poursuit l'étude dont la première partie a paru dans le numéro 55 de Petit x.

Son objet principal est la mathématisation des notions d'espèce et de système de grandeurs, avec une

attention particulière aux besoins numériques corrélatifs.

1 Objets, mesures, grandeurs

1.1. La pluralité des espèces de grandeurs

L'oubli de la notion de grandeur fenne les mathématiques sur elles-mêmes. En sens inverse, l'exploration de l'univers des grandeurs constitue le point de départ de l'exploration mathématique de la diversité du monde. L'introduction mathématique au monde qui nous entoure suppose donc prise de contact et familiarisation avec l'univers des grandeurs.

À cet égard, il

est d'abord essentiel de rappeler qu'un même objet est en règle générale le support de grandeurs d'espèces différentes, usuelles ou non. La considération de chacune de ces espèces de grandeurs a ses raisons d'être que l'enseignement prodigué devra s'efforcer de faire émerger en situation, et que les professeurs doivent donc d'abord, pour leur propre compte, retrouver, en luttant contre les phénomènes de naturalisation qui tendent à nous faire confondre objet et grandeur. C'est ce que rappelle l'extrait suivant d'une brochure consacrée naguère par l'APMEP aux mots "Grandeur»

et " mesure» (APMEP 1982, p. 105) : "À propos d'un même objet, plusieurs grandeurs peuvent être envisagées. Le type de

manipulation à laquelle on soumet cet objet permet de préciser la grandeur dont il s'agit, ce qui

conduit à un vocabulaire approprié: "petit x» 59, 43-76,2002 44
pour uné feuille de papier: la longueur de son bord, ou périmètre, et l'aire de sa surface; on suit le bord du bout du doigt, on balaie la surface de la paume de la main; pour une portion de route, sa longueur s'il s'agit de la parcourir, son aire s'il s'agit de la goudronner, [ ...] sa pente s'il s'agit d'y faire passer de lourds convois [ L'abord de la notion de grandeur à partir des usages du langage ordinaire recèle quelques pièges qu'il convient de bien repérer. Considérons ainsi les deux cas suivants (ibid., p. 106) : ""Ce récipient est plus grand que cet autre" : s'agit-il de sa hauteur, de sa plus grande dimension horizontale, de son volume intérieur ou capacité, de son volume extérieur ? "La planète Saturne est grosse comme

95 Terres": s'agit-il de volumes, de diamètres, de

masses? » Dans ce dernier cas, bien sûr, des données allogènes permettent de trancher (ibid.) : " Le diamètre équatorial de Saturne, anneaux exclus, est 9,4 fois celui de la Terre: son volume est

745 fois celui de la Terre (et non 9,43 ["" 831], car elle est sensiblement plus aplatie

que la Terre). Sa masse est 95 fois celle de la Terre. Les mots "grosse comme" signifiaient donc: "lourde comme".

1.2. De la mesure à la grandeur

Comment formaliser les observations précédentes 1 ? Considérons un ensemble non vide X d'objets x, et supposons définie sur X une application Jl à valeurs dans IR.+.

L'application Jl définit sur X une relation d'équivalence par: x -Il y Ç::} Jl(x) = Jl(y). Si

Jl(x) = Jl(y), on dira que x et y sont Jl-équivalents. Appelons Jl-grandeur de x la classe d'équivalence x = Jl-l(Jl(x» = {y EX/ Jl(y) = Jl(x)}. L'application Jl est constante sur x; on appelle mesure de la Jl-grandeur x, et on note Jl(x), le nombre Jl(x) : on a ainsi Jl(x) = Jl(x). Pour tout y E x, on a bien sûr Jl(y) = Jl(x) : tout y E X a même mesure de sa Jl grandeur, et deux objets x et y de X ont même Jl-grandeur si, et seulement si, ils sont Jl

équivalents.

Notons X/-Il (et, lorsqu'il n'y a pas d'ambiguïté, X/-) ou G(X, Jl) (et, lorsqu'il n'y a pas d'ambiguïté, G) l'ensemble des classes d'équivalence xpour x EX: G= = {x / x EX}. G est appelé, traditionnellement, une espèce de grandeurs. Un élément gE G est une Jl-grandeur sur X. Si gE G, le nombre Jl(x) est indépendant de l'objet x choisi dans g: on l'appelle la mesure de la Jl-grandeur g et on le note Jl(g). Il est clair que l'application de G dans

IR.+ ainsi définie est injective.

Le schéma précédent permet d'abord de préciser une remarque déjà faite: sur un

ensemble X peuvent être définies plusieurs applications j..\{), Jll, Jl2, etc., à valeurs dans

1 Ce qui suit s'appuie sur divers travaux, notamment Bourbaki 1963 ainsi que Rouche 1992 et 1994.

45

IR+. À un même objet x E X peuvent ainsi être attachées plusieurs grandeurs xo, Xl, xz. En

outre, étant donné deux objets x et y, il se peut que x et y aient même sans

être

pour autant Le cas des aires et des périmètres des régions polygonales du plan, rappelé ci-après, est

à cet égard bien connu.

1. Prenons pour X l'ensemble des rectangles du plan muni d'une unité de longueur. On

définit l'application a comme associant à chaque rectangle x son aire a(x) : on obtient ainsi une partition A de l'ensemble des rectangles du plan, deux rectangles x et y appartenant à une même classe d'équivalence a E A si et seulement si ces rectangles ont même aire: a(x) = a(y).

2. Considérons ensuite l'application n de X dans IR+ qui associe à chaque rectangle x son

périmètre n(x): on obtient ainsi une nouvelle partition P de X, deux rectangles x et y

appartenant à une même classe d'équivalence pEP si et seulement si ces rectangles ont même

périmètre: n(x) = n(y). On sait que deux rectangles a-équivalents ne sont pas en général n

équivalents, et inversement.

3.Si on a a(x) = a(y) et n(.x) = n(y), on vérifie aisément que x et y sont isométriques.

Inversement, soit

x E X et Po E IR+; cherchons s'il existe y E X tel que x et y aient même aire et que n(y) = Po. Si x a pour mesures de ses côtés s et t, on cherche u, v E IR+ tels que uv = st et u + v = l!f. Les nombres u et v cherchés sont les solutions, s'il en existe, de l'équation U 2 -

PoU + st = O. Comme le discriminant vaut 11 = iPo

2-

4st, le rectangle y cherché existe, et est

unique à une isométrie près, si po 2

16st. Ainsi, pour tout po 4"'.1a(x) il existe y tel que n(y) =

Po et a(y) = a(x). On retrouve là que le rectangle d'aire donnée ao ayant le périmètre minimal

est le carré de côté

4. Soit x E X et ao E IR+; cherchons s'il existe y E X tel que x et y aient même périmètre

et que a(y) = ao. Si x a pour mesures de ses côtés s et t, on cherche donc u, v E IR+ tels que uv = ao et u + v = s + t. Les nombres u et v sont les solutions, s'il en existe, de l'équation U 2 _ (s + t)U + ao = O. Comme le discriminant vaut 11 = (s + ti -4ao, le rectangle y cherché existe, et est unique à une isométrie près, si ao e;7. On retrouve que le rectangle de périmètre Po donné ayant l'aire maximale est le carré de côté l!f.

1.3. Addition et comparaison des grandeurs

Soit X un ensemble non vide, une application de X dans IR+ et soit gI, gz E G G(X, On pose gl < gz si et seulement si J..l(gl) < : il est clair que, soit gl < gz, soit gl = gz, soit gz < gl (situation que, selon l'usage, on note gl > gz). Si XE gl et y E gz et si gl < gz (respectivement, gl > gz), on dira que x est moins J..l-grand que y (resp., plus J..l-grand que y). Sigl = gz on dit que x et y ont même J..l-grandeur, ou qu'ils sont J..l équivalents. On dispose ainsi d'une relation d'ordre total sur G. S'il existe g E G tel que = l..I.(gl) + !-l(gz), un tel élément est unique (puisque J..l est injective sur G) et on peut poser gl + gz = g. Si, de même, il existe g E G tel que J..l(gz) = J..l(gl) + J..l(g), avec > 0, g est unique, et on pose g = gz -gl. On a alors J..l(gz -gl) = = J..l(gz) -J..l(gl). On dispose ainsi d'une addition et d'une soustraction 46
partielles sur G. Si, maintenant, il existe g E G, avec Il(g) 7:-0, tel que g2 = gl + g, on a ll(g2) = Il(gl) + Il(g) > Il(gl), et donc gl < g2. Comparer deux Il-grandeurs gl, g2 E G, c'est déterminer si gl < g2, ou gl = g2, ou gl > g2· Un cas particulier important de comparaison de Il-grandeurs est celui où, deux objets x, y E X étant donnés, on veut comparer les Il-grandeurs g(x) et g(y). La technique

qui se laisse déduire du schéma de définition proposé jusqu'ici consiste évidemment à

déterminer les Il-mesures Il(x) et Il(y) et à comparer ces nombres: cette technique est même, a priori, la seule disponible. Mais il existe souvent des critères permettant de conclure sans déterminer les Il-mesures: si x et y sont des régions rectangulaires du plan, et si x c y, on pourra conclure sans plus d'examen que a(x) < a(y), c'est-à-dire que x a une aire inférieure à celle de y. D'une manière générale, la capacité à comparer les Il-grandeurs de deux objets x et y peut être regardée comme un indice de familiarité " empirique» avec la notion de Il-grandeur sur X C'est ainsi que nous sommes sans doute moins familiers avec le périmètre des rectangles qu'avec leur aire: si deux rectangles x et y sont tels que x c y, peut-on conclure à tout coup que 1t(x) < 1t(y) ? La réponse est positive, certes. Mais, dans la culture mathématique scolaire d'aujourd'hui, elle est peut-être moins assurée que dans le cas de la comparaison des aires. Pour la justifier, on établissait autrefois, au collège, à l'aide de l'inégalité triangulaire, le théorème suivant: La longueur d'une ligne polygonale convexe fermée est inférieure

à celle de toute ligne

polygonale fermée qui l'enveloppe.

La démonstration est laissée à

la sagacité du lecteur (voir la figure).

Lorsque, sur l'ensemble

X, sont définies deux applications flo et III à valeurs dans IR+, la familiarité avec les llo-grandeurs se manifeste aussi dans le fait de ne pas conclure sans précaution que flo(x) < flo(y) parce que, de manière " évidente », on aurait Ill(X) < Ill(y) : une "grosse» boule et une "petite» boule -en volume -peuvent avoir des masses que leur apparence ne laisse pas présager. Bref, il s'agit de ne pas confondre des espèces de grandeurs différentes -même quand leur " support» sensible est le même!

À cet égard, il n'est pas sans intérêt de rappeler que la capacité toute pratique d'évaluer

d'un coup d'oeil une grandeur donnée d'une espèce donnée a pu être un objectif des leçons de choses de l'enseignement primaire d'autrefois. Dans une conférence pédagogique prononcée le

31 août 1878, Ferdinand Buisson, cheville ouvrière de la

réforme à laquelle le nom de Jules Ferry reste attaché, soulignait ainsi la valeur distinctive de cette capacité, regardée par lui comme emblématique de la formation " primaire »(cité in Maury 1996, p. 32) : " On formera de même leur oeil à la mesure et à l'évaluation approximative des longueurs, des distances, des superficies, des poids, des volumes. Il y a des élèves de nos

lycées, très forts en mathématiques, qui ne seraient pas capables d'estimer la contenance d'un

champ, le poids d'un sac de blé, ou le volume d'un tas de pommes de terre. Je voudrais que pas

un élève ne sortît de l'école primaire sans avoir l'oeil et le toucher sinon infaillibles, du moins

très exercés

à ces mesurages intuitifs... ))

47
II. Axiomatiser la notion d'espèce de grandeurs

II.1. Un univers d'objets assez riche

Le schéma fonnel introduit dans ce qui précède est en fait insuffisant pour mathématiser l'idée commune de grandeur. Pour le voir, considérons la situation suivante. Soit X un ensemble non vide, et J..I.o et deux applications de X dans IR+. On suppose:

1) que G(X, J..I.o) = G(X, Ill), c'est-à-dire que J..I.o et définissent sur XIa même

relation d'équivalence -; 2) que la relation d'ordre et l'addition (partielle) respectivement définies sur X/-= G(X, J..I.o) = G(X, par J..I.o et III sont identiques. TI

n'est pas déraisonnable alors de s'attendre à ce qu'il existe un réel k > 0 tel que III = kJ..I.o.

Or cela ne se produit pas nécessairement. Soit ainsi G = {gl, gz, g3} avec J..I.o(gl) = 1, J..I.o(gz) = 2, J..I.o(g3) = 4 et = 1, = 2, 1l1(g3) = 5. On voit que J..I.o et III définissent la même relation d'ordre sur G, et il en va de même s'agissant de l'addition (elle n'est jamais définie, ni pour J..I.o ni pour Ill) ; pourtant il n'existe pas de réel k tel que

III = kJ..I.o.

Une des raisons pour lesquelles le résultat escompté est mis en défaut tient au fait que G contient trop peu d'éléments. On va donc imposer à G, par voie axiomatique, d'être assez riche pour que le résultat attendu devienne vrai. Comme y incitent les remarques précédentes, on partira pour cela, non des grandeurs elles-mêmes, mais des objets supports de ces grandeurs éventuelles. Écartant provisoirement la mesure Il, on suppose donc un ensemble X d'objets et une relation d'équivalence sur X; l'ensemble G = sera l'ensemble de grandeurs visé. Pour des raisons qui s'éclairciront rapidement, on suppose en outre que chaque classe d'équivalence x (pour x E X) est infinie.

II.2. Des objets aux grandeurs

L'arithmétique traditionnelle

2 nommait grandeur "tout ce qui peut être augmenté ou diminué, comme la largeur d'une route, la durée d'un trajet, la vitesse d'un véhicule, le nombre des feuillets d'un livre, etc. », et réservait l'appellation de grandeurs mathématiques à "celles pour lesquelles on peut [en outre] définir l'égalité et la somme », comme "les surfaces, les volumes, les angles, les arcs, les forces, les quantités de chaleur, etc. ». Pour imprécises qu'elles soient, ces fonnulations, on va le voir, constituent le socle sur lequel le travail d'axiomatisation de la notion d'espèce de grandeurs peut prendre appui.

On suppose d'abord qu'on a défini sur

X une relation de préordre total-< associée

à la relation d'équivalence

soit une relation transitive telle que, pour tous x, y, un et un seul des trois énoncés x -< y, y -< x, x y est vrai. On peut ainsi dire que deux objets ont même grandeur ou non, et, dans ce dernier cas, on peut comparer ces deux objets du point de vue de l'espèce de grandeur considérée.

2 Voir la première partie de ce travail (Chevallard & Bosch 2000).

48
On suppose ensuite qu'on a défini sur X une opération binaire, notée E9, telle que l) xE9y est défmi si, et seulement si, x :f:.y ;

2) si x:f:. y, alors xE9y yE9x, et si, de plus, x:f:. Z ety z, alors xE9y xE9z ;

3) si (xE9y)E9z et xE9(yE9z) sont définis, alors (xE9y)E9z xE9(yE9z).

On impose enfin trois conditions - l) six :f:. y, alors x -< xE9y ;

2) six -< z, alors il existe y:f:. x tel que xE9y z ;

3) pour tout x E X et tout entier n E fN *, il existeYI, ...,Yn tels queYI ... Yn,

YI E9 ... E9Yn est défini et x YI E9 ...E9Yn.

Notons qu'il résulte des conditions précédentes que, si xE9u xE9v, alors u v: si, au contraire, on avait par exemple u -< v, il existerait w tel que uE9w v, et il viendrait xE9u -< (xE9u)E9w xE9(uE9w) xE9v, soit xE9u -< xE9v. À partir de la structure (X; -<, E9), on définit alors sur G = l) un ordre total: on pose x 2) une addition: on définit la somme par l'égalité

x+y= {ZE X/::Jx' E x,y' E (on vérifiera que l'addition est alors bien définie) ;

3) une

soustraction: x -y est l'unique élément de G tel que y + (x -y) = x;

4) une division par nE fN* : on pose:! = Y où Y YI .. , Yn,

n avec x y l

E9...E9Yn.

Pour tout g E G, on pose en outre 19 = g. On a alors le résultat suivant: pour g, gl, g2, g3 E G, GRl. un et un seul des énoncés gl g2 est vrai;

GR2. Si gl

GR3. gl + g2= g2 + gl ;

GR4. (gl +g2) +g3 =gl + (g2+g3) ;

GR5. gl GR6. Si gl

II.3. La nécessité des grandeurs

Arrêtons-nous un instant sur les restrictions imposées, dans ce qui précède, aux opérations sur les objets. On ne saurait ajouter, concrètement, un objet x à lui-même: on ne peut l'ajouter qu'à un autre objet, y, ayant même grandeur que x. La chose va de soi en pratique; elle est ici prise au sérieux. Mais c'est surtout la condition relative au fractionnement qui doit être méditée: les objets YI, ... , Yn de même grandeur tels que YI$ ... $Yn et x aient même grandeur ne sont pas uniques: pour n = 2, par exemple, on ne peut pas parler de la moitié de x, tout simplement parce que, en dehors d'une convention sociale plus ou moins explicite, 1'" objet moitié» de x n'existe pas: il existe en général une infinité de couples d'objets distincts (Yi, Yj) tels que Yi Yj et Yi$Yj = x. Les figures ci-dessous illustrent ainsi l'inexistence d'une "moitié de triangle» et d'un " quart de carré» du point de vue de l'aire (on notera en passant que les périmètres de ces "moitiés », d'une part, de ces "quarts », d'autre part, sont inégaux). L-- l , l , l ' l " l, l' ll " Nombre d'énoncés proposés dans les manuels sont à cet égard lourdement fautifs, tels les suivants 3 : "Dites, pour chacun des dessins ci-dessous, quelle fraction du cercle a été peinte en rouge» "Quellefraction de tarte reste-t-il ? Quellefraction de tarte a-t-on déjà mangée?» "L'aire d'un champ est de 6394 m

2•

On vend les 3/4 du champ. Quelle est l'aire de la

partie vendue? On voit que, non seulement, on nous parle ici d'objets non définis, mais qu'on se réfère à travers eux à des grandeurs dont la nature n'est pas claire, n'étaient les conventions de l'usage scolaire: en pratique, on peut par exemple fort bien préférer la

3 C'est nous qui soulignons.

50

"moitié supérieure» d'un gâteau (et, surtout, d'un gratin...) à sa "moitié inférieure »,

même si le faire savoir est contraire aux règles de la civilité. L'oubli historiquement récent, dans la culture mathématique scolaire, des grandeurs au profit des seuls objets supports des grandeurs a conduit en particulier diffuser parmi les professeurs de mathématiques l'ineptie selon laquelle on ne saurait, "en toute rigueur », parler que de fractions inférieures à l'unité, au motif que cela n'aurait pas de sens de parler, par exemple, des quatre tiers d'un gâteau. On a vu que, en réalité, cela n'a pas davantage de sens de parler de la moitié ou des trois quarts d'un gâteau! En revanche, les choses s'éclairent dès qu'on parle, non de fractions d'objets, mais de fractions de grandeurs, ainsi que le fait l'énoncé suivant: "Un brocanteur avait acheté un meuble 380 F. Ille revend et son bénéfice est les 2/5 du

prix d'achat. Quel a été, en francs, son bénéfice? Quel a été le prix de vente? »

Cette impossible arithmétique des "objets» explique la nécessité absolue d'une théorie des grandeurs, qui peut seule fournir des entités, les grandeurs, sur lesquelles on puisse opérer comme d'aucuns rêvent -vainement, on l'a vu -d'opérer sur les objets eux-mêmes. Mais le gain qu'apporte une telle théorie a un coût, celui du détour par les grandeurs dans le trajet qui conduit des objets aux mesures, et un coût que nous avons aujourd'hui désappris à assumer. Par contraste, on doit rappeler que l'enseignement des mathématiques l'avait autrefois pris en charge sans façon, ainsi qu'en témoigne ce passage d'un manuel d'arithmétique pour les classes de 4 e et 3 e dû à Anna et Élie Cartan (Cartan & Cartan 1934, p. 64).

1. -PARTIE ALIQUOTE D'UNE GRANDEUR

103. -Grandeurs divisibles oU continues. -Il

existe, parmi ll'sgrandeurs, certaines d'entre elles qui peu vent être divisées, au moins par la pensée, en un nombre absolument quelconque do parties égales, par exemple : la long1.!.eur d'une pièce de ruban, la surface d'un champ, la quantité de vin contenue dans un tonneau,etc. De telle!? grandeurs sont dites divisibles ou continues.

104. -Définition : Une grandeur continue est dite une

partie aliquote d'une autre grandeur .de méme espèce, si la première grandeur est contenue un nombre entier do fois .dans la seconde. .

Dans la figure 10, la longueur CD, 3 fois dans

AB, est une partie aliquote de AB.

On dit aussi que AB est un muUiple

J deCD : . AB =3CD

Fig. 10.

On dit eIicoreque le nombre en·

tier 3 mesure la longueur AB quand on prend CD pour unité. 51
On voit ici que c'est, non une pièce de ruban, mais sa longueur, non un champ, mais sa surface, non le contenu d'un tonneau de vin, mais la quantité correspondante de vin que l'on peut diviser" en un nombre absolument quelconque de parties égales », ces

parties étant des parties (<< aliquotes ») de grandeurs, et non des parties (<< concrètes »)

d'un ruban, d'un champ, ou du contenu d'un tonneau 4. II.4. Calcul sur les grandeurs d'une espèce donnée Pour faciliter la suite des choses, on ajoute à G une grandeur "théorique », la grandeur nulle, notée 0G, caractérisée par le fait que, pour tout g E G, on a g > OG et OG +g = g+ OG = g. L'introduction de OG oblige à retoucher certains des axiomes retenus, et conduit à adopter une espèce de grandeurs comme une structure (d, <, +, OG), où d\{oo} = G :j:. 0, satisfaisant les conditions suivantes, où g, gl, g), g2, g3 prennent leurs valeurs dans G# : GRl. un et un seul des énoncés gl g2 est vrai;

GR2. si gl

GR3. gl+g2 = g2+gl ;

GR4. (gl +g2) +g3 =gl +(g2+g3) ;

GR5. si g2:j:. OG alors gl GR6. si gl GR8. si g:j:. OG alors OG Dans ce qui suit, on présente more geometrico les principales propriétés qui découlent de ces axiomes. D'après GR6, GR8 et GRl, il existe gl*:j:. ûG tel que gl +gl* = gz. D'après GRJ et GR4, on a alors gz +h =(gl +g,*) +h =(g, +h) +g,*. Comme, d'après GR5, gl +h < (g! +h) +gl*, il vient ainsi g,quotesdbs_dbs46.pdfusesText_46

[PDF] les grandeurs molaires

[PDF] Les grandeurs proportionnelles et non proportionnelles

[PDF] les grands accords standard jazz au piano

[PDF] les grands arrêts de la jurisprudence administrative gaja

[PDF] Les Grands Barrages dans le Monde

[PDF] les grands courants de la sociologie pdf

[PDF] les grands courants linguistiques pdf

[PDF] Les grands déséquilibres macroéconomiques

[PDF] les grands empires africains pdf

[PDF] Les grands enjeux du monde contemporain

[PDF] les grands équilibres macroéconomiques pdf

[PDF] Les grands événements (politiques et sociaux) en Europe en 1932

[PDF] les grands explorateurs 5ème

[PDF] les grands explorateurs de l'histoire

[PDF] les grands explorateurs du 15ème et 16ème siècle