[PDF] Touba : la capitale des mourides





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Touba : la capitale des mourides

l'époque de Cheikh Ahmadou Bamba qu'après sa mort. La relation réservant une terreen vue d'une occupation de type urbain(habitat équipement)



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donner de leur temps et leur énergie à l'élaboration de ce guide. La réponse aux zoonoses et aux situations d'urgence est plus rapide et efficace.



PLAN DACTION EN FAVEUR DE LENVIRONNEMENT ET DE LA

habitants du monde à un niveau de santé qui leur permette de mener une vie protéger les autres formes de vie et préserver la diversité biologique;.

CheikhGuèye

Touba

Lacapitaledesmourides

ENDA -KARTHALA- IRD

TOUBA

Collection"HommesetSociétés»

Jean-PierreCHRÉTIEN(CRA-CNRS)

JeanCOPANS(UniversitéParis-V)

Georges

COURADE(IRD)

AlainDuBRESSON(UniversitéParis-X)

HenryTOURNEUX(CNRS)

Directeur:JeanCOPANS

KARTHALAsur Internet:http://www.karthala.com

Paiementsécurisé

Couverture:Fidèlesdevantla grande mosquée deTouba(Magal

Touba2002).Photo:Arnaud

Luce.

©IRDÉditionsetKARTHALA,2002

ISBN(IRD) :2-7099-1477-8

ISBN(KARTHALA):2-84586-262-8

CheikhGuèye

Touba

Lacapitaledesmourides

PréfacedeJean-LucPiermay

ENDA

4,rueKléber

Dakar

KARTHALA

22-24, bdArago75013Paris

IRD

213,rueLaFayette

75010Paris

Remerciements

Cetouvrageestessentiellementle fruitd'unepassionetd'un enthousiasmequej'aitoujoursportéà la recherche en général. Mais il a été rendupossible pardes soutiensnombreuxet divers tout au long du travail. Le premierest celui deJean-LucPiermayqui m'aproposéle sujet et a suivi avec uneattentionsoutenuetout lecheminementintellectuel etscientifique de la recherche. Il a été undirecteurexigeant,rigoureux,maisouvertet patientqui n'aménagéaucuneffortpouraméliorermes conditions de travail.

Cet ouvrage est unecontributionmodeste

àl'oeuvrede CheikhAhmadou

Bamba.Mais

jenel'auraismême pascommencésans la cautionmoraleet la bénédictiondeSerigneSaliouMbacké,khalifegénéraldes mourides. Qu'il soit vivement remercié. Jeremercieégalementmon maraboutSerigne CheikhSayeMbackéet sescollaborateurs,Diassaka Sarr, Pape Diallo, Issa Fall etMaronepourleursollicitudeet leursencouragements.Jepense

également

àtoute lapopulationdeTouba,notammentles habitants deKeur

Nianget deMadiyanaqui

m'onthébergé, nourri etencouragépendantmes recherches,tout en sesoumettantavecenthousiasmeà mesnombreuses questions. Mes soeurs, Seynabou et Kiné Ndiaye,SerigneModouNiang,

FatouBadiane,

MorKâNdiayeet la regrettéeSoukèyeNdiayeméritentune mentiontoute spéciale.

Si cet ouvrage a été mené à bien,

Bondy)qui apatiemmentcouvé larechercheetassuréson confort matériel avantd'accepterde le coéditer.ÉmileLe Bris etSylvieFanchette m'ont soutenusanscompter,moralementet matériellement, etm'ontencouragé dans les moments difficiles.Jean-ClaudeBarbier, René Otayek, Pierre Peltre, MichelDanard, SylvieBredeloup, CharlesBecker,RichardLalou, et bien d'autreschercheursonttémoignéde leursympathieet m'ontapportésoutien matérieletscientifiquetout au long du travail.J'associe

àcesremerciements

lepersonnelducentredeDakar(Bel-Airet Hann),notammentJean-René

Durand,José Kubler, AnneTraoré,

OumyBâ, Tidiane Sène.

6TOUBA

Ce travail doit également beaucoup aux échanges et discussions parfois vifs mais tellement enrichissants avec les collègues géographes et sociologues avec qui j'aipartagé la vie de doctorantàl'IRD. Jen'oubliepas Serigne Mansour Tall qui est depuis dix-septans un ami loyal et sincère tout en étant un critiqueconstructif;il a grandement contribuéàla qualité de cet ouvrage.Qu'ilssoient tous vivement remerciéspourleur soutien. Je remercie chaleureusement tous mes prédécesseurs sur le thème du mouridisme, notamment Jean Copans, Paul Pélissier, Christian Coulon, ainsi que toute la communauté des mouridologues. Leurs conseils avisés, leurs encouragements, leurs témoignages d'affection et leur apport scientifique ont été déterminants. Mes remerciements vont égalementàAlain Dubresson, Jean-Pierre Raison, Monique Bertrand pour leur aide,

àl'Associationdes

universités francophones (AUF) pour la bourse de mobilité et la bourse d'excellencequ'elle m'aattribuées pour me permettre de passer de la thèseà l'ouvrage. Mes plus chaleureux remerciements vont également

àl'historien

Mamadou Diouf, au sociologue Momar Coumba Diop et

àl'islamologue

Khadim Mbacké pour leur contribution. Je remercie également Cheikh Bâ,

Alioune

Bâettous les enseignants du département de géographie de Dakar et del'UFRde géographie de Strasbourg qui ont contribué

àma formation de

géographe etd'homme. Je fais une mention spécialeàAbdou Salam Fall qui représente depuis plusieurs années un conseiller irremplaçable et qui a grandement contribué la qualité de cet ouvrage. Je remercie également Nathalie Stanisière et Sophie Bava pour leur contributionparticulière, Oumar Sy et Lamane Mbaye, pour les informations fournies. Je remercie enfin Enda Tiers Monde, notamment l'équipe "Prospective

àce travail et la contribution

multiforme

àcette édition.

Présentation

"Prospective-DialoguesPolitiques»est un espace de concertation pour l'élaborationde politiques publiques "participées».Il encourage la décen tralisation de la fonctionpolitiquepar l'implication de l'ensemble des acteurs concernés dans la définitionde normes.

Considérant que la pauvreté ne peut se

réduireà la seule dimension économique, Enda Prospective-Dialogues Politiques se propose également de faciliter la réappropriation, par les communautés, des dimensions techniques, organisationnelles, sociales et politiques de leur environnement, pour leshabiliter àparticiperàla négociation desrègles dujeu. Ces objectifs le constituent en espace tourné vers l'action et la pros pective. "Action»car ils'agitde transformer socialement et politiquement une réalité qui produit l'exclusion. "Prospective»parce que cette trans formation suppose une relative maîtrise et, par suite, une anticipation des futurs communs. Enfin, la nécessité de développer des partenariats en fait un espace que les différentes catégories d'acteurs, dans et hors Enda, ont vocation

às'approprier.

Les axesd'expérimentationretenus ont été choisis en fonction de leur importance stratégique pour le développement. Il reste quel'objectifest d'élargirce type de démarches

àune gamme aussi large que possible de

secteurs d'intervention.

Préface

Jean-LucPIERMAY

Gros bourg à la veille de la proclamation de l'indépendance, deuxième ville du Sénégal quarante années plus tard ; ville construite non pasà l'échelle de ses 300 000 habitantspermanents(estimationde

1993),mais des

millions de pèlerins qui lapeuplentlors dugrandmagal annuel. Touba est emblématique de ces villes africaines qui, reconnues comme leur territoire parun groupe rendu cohérentparune identité forte, sont susceptibles d'amender, voire de bouleverser, les semis urbains issus de la colonisation.

Ici, la confrérie mouride concrétise le

"rêve»de son fondateur, trans formant le lieu symbole en villesainte, en ville idéale. Cette confrérie, remarquablement structurée, réaliseceprojetavec tout le dynamisme et toute l'efficacité dont elle avaitfaitpreuvedans la conquête des Terres Neuves pourla culture de l'arachide,prouvantparcedépla cement du rural à l'urbain sa capacité d'adaptation à la mutation des enjeux. Mais laproductionde la ville, parson ampleur extraordinaire, a tout à la fois manifesté lepouvoirde la confrérie et créé les conditions du dépassement de son projet. Tel est le "paradoxe»toubien. Comment lefait religieuxproduit-illaville?Comment la ville à son tourproduit-ellede nouvelles relations sociales, de nouvelles structurationspolitiques?Quels rapports la confrérie entretient-elle, parla ville, avec un État affaibli mais toujours présent?Comment une ville s'invente-t-elle,fruitd'unesociété enracinée mais plus quejamaisau contact dumonde?Ce sont quelques unes des questionsfondamentales queposeCheikh Guèye dans cet ouvrage.

Au-delàd'uncas particulier, au-delà même

dufaitreligieux et del'Afrique noire, ces questions sont importantespourles sociétés etpourles sciences socialesd'aujourd'hui.

Par les mutationsqu'ellesuscite,

parle symbolismequ'ellevéhicule,par l'effet de démonstrationqu'ellecrée, la croissance de la capitale religieuse

10TOUBA

des mouridesconstituel'undesfaitsmajeurs de lasociétésénégalaise contemporaine.Aborderun tel enjeu demanièrescientifiqueétaitpourtant un défi difficile,précisémentà cause desreprésentationsfortesdont est porteusela cité de Touba.Quelqu'und'autre qu'unmouridepouvait-ilen pénétrerles ressorts ?Maiscommentunmouridepouvait-ilprendrele recul suffisant pourpasser"sa»ville au cribled'uneanalysescientifique?C'est sur cettecrêtemalaiséeque Cheikh Guèye a évolué,chercheurdésormais reconnu et enmêmetempsfidèle fierde safoi, que lasciencen'anullement

émoussée mais bien aucontraireaiguisée.

Mais à

cesujetexceptionnel,ilfallaitune méthode innovante. Il était déjà

étonnant que,

pourune villesurlaquelle les étudesgéographiquesexistantes étaient rares, lechercheurgéographecommenceson travail derecherche parundépouillementbibliographiqueconsidérable, sur la confrérie, sa structuration et son histoire. Il était encoreplusétonnantque cechercheur s'attelleensuiteà retracer lesgénéalogiesdes hauts dignitaires de Touba.

Alors que

jelui enfaisaislaremarquelorsd'unede mes visites à Touba,

Cheikh Guèye

s'estemployépendantplusieursjoursà me démontrer l'importance succession.Pourlui, en cedomaine, les différentes instances depouvoirde la ville étaient traversées parunecontradictiondynamiqueporteusede changement. En articulantainsil'échellelocale à celles de la ville et de la confrérie, enrévélantlacompétitionentre les quartiers, brefen me rendant compréhensiblecet espace original, ilmefitprendreconsciencede l'efficacitéde la méthode pourun espacefortementstructuréparunpouvoir quasi dynastique. Grâce à cebiais, originalpourun géographe, laclefétait trouvée pourapprocherl'organisationspatiale de cette ville.Ainsi, lapensée de CheikhGuèyea mûri aucontactdeplusieursdisciplines, sans que sa qualité degéographesoit reniée. Que de cheminparcourudepuis le colloque de Caen surlespetitesvillesd'Afriquenoireauquelparticipaitun étudiant effacé! ÀDakar, à Touba, Cheikh Guèyes'estretrouvé au centre de multiples regards, malgré lui, dufaitd'un " sujet»de recherche devenu à son touremblématique.Toujours avec discrétion et unegrandemodestie,

Cheikh Guèye asupportéle choc. Mais

ila su aussiprofiterdes contacts nombreux que son accueil àl'Orstom-IRDlui apermisd'avoiravec des chercheurs de tous horizons intéressés à la ville et au mouridisme. Comment ne pasévoqueraussi le milieu dejeuneschercheurssénégalaisdans lequelil a évolué et qui a contribué demanièreévidente à la qualité decetravail? Sous le titre original"Onirismeetterritorialisation»,unepremière partieanalyse leprocessusdeformationdu territoire mouride, le " terri toire»étant vucommeunespaceréel etcommeune utopie découlant du "rêve»dufondateurde la confrérie, CheikhAhmadouBamba. Là sont analysées les conditionssociologiquesde ceprocessus. Lapenséede Cheikh

PRÉFACEIl

AhmadouBambaet la confrériequ'ila créée ont constitué une réponse religieuse à la rupturepartielledes bases de la société wolofdue à la colonisation.Fondéesur une alliance entre les lignages aristocratiques wolofet lesfamillesmaraboutiques, la confrérie a pu constituer une parlasoumissiondes disciples à leurs marabouts. Làsontaussi analysées les conditions'spatiales de ceprocessusde territorialisation, caractérisées parla dialectique entre unmouvementde dispersion etd'expansion(en milieu rural sénégalais, puis à travers la migration internationale) et unmouvementconcomitantde concentrationdans la ville symbole. Touban'est pasun exemple unique de création urbaine dans le Sénégal indépendant mais, de parses taux de croissanceexceptionnellementélevés (15%paran) et soutenus, elle manifestelapuissanceduremodelagedel'espaceet de lasociété parla confrérie mouride. Ladeuxièmepartieaborde la structuration de la villeparses acteurs et parleur gestion de laville.1/y a là un apport essentiel, la démonstration que les modes desuccessiondespouvoirsconstituent une clefd'entréeessentielle pourlacompréhensiondel'organisationde cet espace. Jamais sans doute cette idéen'avaitété aussiclairementetfortementexprimée dans la littérature scientifique. Cheikh Guèye analyse demanièretrèsfineles débats et arbitrages qui ont entouré les différentes successions. Celles-ci ont accordélekhalifatgénéral aux descendantsd'unCheikhAhmadouBamba polygame,mais dans une logique de transmission dupouvoirde frère à frère, quiconduità donnersuccessivementlaprééminenceà des matri lignages différents.L'espaceurbain est ainsi devenu un enjeu deposition nementde ces matrilignages, ainsi quel'instrumentde la régulation des tensions internes à la confrérie. Confronté avec le temps à unecomplexité grandissantedu faitde ces contradictions et del'accroissementde la taille de la ville,chaquerègne tente des'adapter parunepolitiquevolontariste dans laquelle la gestion urbaine occupe uneplacecroissante. Mais la successiondefrèreàfrèreparmilesfils de Cheikh AhmadouBambalaisse durablementàl'écartdupouvoircorfrériquede nombreux acteurs, qui deviennentautantde contre-pouvoirs potentiels. Ainsi, les "petits-fils))qui, en attendant,s'attachentà lapromotionde leurs quartiers ; ainsi, les "exclus de la mémoire»,quicherchentà travers de nouvelles légitimités uneplacedans lefonctionnementurbain. Mais ces contradictions internes ne sedéveloppentpas enmilieuclos.L'urbanisationde Touba se faitau contact de l'État, à lafois parlui et contre lui. Oppositions et compromis, séparationet connivence,formentla trame des relations complexes entre la confrérie et l'État, que la confrérie laisse àdistancede sa capitale mais qui s'insinue,cette trames'inscrivanten un lieuprivilégié, Touba.

12TOUBA

La troisièmepartieanalyse la structuration del'espaceurbain,produit parlaprojectionsurle sold'unclientélisme lignager extrêmement hiérar chisé. Au centre, les symbolesfortsde l'Islam mouride, autour de lagrande mosquée;puis, dispersés dans toute la ville, des quartiers lignagers qui reproduisent à leur échellela même disposition. Mais cet espace urbains'est considérablementétendu. Touba est devenu unegrandeville,d'aborddufait dupuissantsymbolismede la ville religieuse, ensuite del'existencede multiplesopportunitéséconomiques et foncières liées aux avantagesd'un statutdequasi-extraterritorialitéet à lapolitiquefoncièremenée jusqu'àla démesure parles khalifes.Conséquenceprincipalede cette croissance, les liens clientélistes et religieuxlaissentprogressivementlaplaceà une complexité deplusen plusmalaiséeà maîtriser.L'analysede la question foncièreillustre cette idée. Lesprincipesde base sontd'unegrandesim plicité:le khalifegénéralbénéficied'unelégitimité absolue pourdistribuer la terre, légitimité encore renforcée parlestatutparticulierde la ville etpar l'institutiond'une"communautérurale»(etnon urbaine) qui,pouraffirmer lepouvoirde l'État, reconnaît lepouvoirkhalifalet l'élargit. Mais la simplicité desprincipesde base, qui se traduit parle don de la parcelle, cequi, dans lecontexte d'uneénormequantitéde demandes confrontée à une offre déjà consi dérable mais insuffisante,produitun marchéfoncierdedeuxièmemain qualifié de "féroce».Le terme de "spéculation»exprimealors une idée de perversiondesprincipesidéologiques de base, et se manifeste dansl'espace urbain parlechangementprogressifde signification de la centralité urbaine. Celle-ci, desymboliqueet religieuse, devient mercantile, cequin'estpas sans modifier à son tour lessignificationssociales au sein de la ville. On est là au coeur de ce"paradoxetoubien»,sur lequelrevientla

conclusion générale. Le rêve a été à lafois réalisé et trahi. Si la confrérie a

créé l'espace urbain, l'espaceurbaina modifié en retour la confrérie. La ville, lieud'expressiondes tensions internes à la confrérie, est un instrument régulateur de celles-ci. Elle révèle la crise du khalifat, celle de la confrérie, et la sécularisation inévitabledel'espaceurbain. Certes, Touba est un casexceptionnelparmiles villessénégalaiseset africaines récentes. Mais Cheikh Guèye ne s yenfermepas. Lasympathie légitimequ'ilmanifeste pour"sa»ville sefaitsans aucundogmatismeet n'exclutnullementle recul quel'onattendduchercheur:véritable tour de forcepourun sujet aussi difficile et sensible. Ainsi, le cas de Touba est susceptible de poserdes questions essentielles sur le devenir des villes et des sociétés urbaines africaines.

Fruitdel'affirmationde pouvoirs spécifiques

faceà un État affaibli, ces villes soutenues paruneforteidentitépeuvent elles en définitive sepasserdel'Étaten tant que gestionnaire des diversités sociales?Commentfairefaceà la complexité, commentrépondrede

PRÉFACE13

manière efficaceà la demande croissante et diversifiéeen équipementset en services urbainsde lapartdes citadins ?Àl'inverse, à quelles conditions ces modes d'organisation spécifiquessont-ils susceptiblesd'apporterà la nation tout entière des valeurs et des formes de structuration qui lui manquent encorepourexisterréellement?Comment enfin les sociétés urbaines inventent-elles l'avenir, comment s'inventent-elles, et comment ces inventions diffusent-elles-si ellesdifJùsent-au-delà des cercles restreints dans lesquels elles ontsurgi?Il est d'une grandesatisfaction, pourle chercheur européen que jesuis, de constaterqu'ilexiste dejeunes chercheurs africains capablesd'aborderdefront ces questions essentielles, mieux encore,qu'ilexiste désormais au Sénégal un véritable milieu scientifique en sciences sociales capable d'épauler lesjeuneschercheurs et de lesfaire progresser. 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1

Introduction

Touba, grâce à un taux de croissance de 15%par an pendant trente ans (entre 1958 et 1988) est devenu, avec ses 500 000 habitants environ, la deuxième ville du Sénégal aprèsl'agglomérationde Dakar-Pikine. Et cet accroissement rapidene faiblit pas:entre 1988et1998,le taux de croissance est même passé à 19 %par an environ et la population a plus quedoublé'. Son extension spatiale estconsidérable:la superficiebâtie delaville, qui est passée de 575 hectares à 3 900 hectares entre 1970 et 1990, dépasse depuis

1997 les12000hectares. Mais malgré cette croissance démographique et

spatiale fulgurante, Touba est encore considéré administrativement comme un village tout en bénéficiant d'unstatut d'exterritorialité officiellement reconnu:l'usagedu tabac et de l'alcool, les jeux de hasard, le football, le cinéma sont interditsdans la limite du statut particulier. Touba émerge ainsi dans un semis urbain marqué par l'hypertrophie de Dakar et la relative stagnation des villes secondaires, et dans lequellerôle de création urbaine par l'État est demeuré largement prépondérant. Il constitue désormais la première ville de l'intérieur. L'armature urbaine sénégalaise, essentiellement tournée vers la côte,s'enrichitainsi au centre du paysd'une autre grande ville qui semble pouvoir atténuerl'influencede Dakar (voir figure 1). Touba est une ville religieuse. Cette notion induit une genèse, des paysages, des représentations. La fonction fondatrice ou postérieure du mythe et du sacré est sans doute importante pour la caractériser. Mais ilfaut également considérer le rôle structurant du fait religieux sur la société qui produit la ville. Touba a été fondé en 1888 par Cheikh Ahmadou Bamba, initiateurd'unevoie mystique musulmane, devenue, depuis une centaine d'années, une grande confrérie dont le chefsuprême est le khalife général, héritier biologique et spirituel du fondateur. Il a en charge la réalisation du rêve de Cheikh Ahmadou Bamba de faire de Touba une cité de référence

1.Lapopulationa étémultipliéepar 141danslestrente-cinqdernièresannées.

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Figure

1.

Touba:cartedesituation

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