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de la rhétorique dans son œuvre Francis Ponge développait une vision textes liés à la biographie de Ponge (« La jeune mère » (24) s'explique.



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Le Parti pris des choses par Francis Ponge p 18. > Les mots et les choses / Extraits p 20. > Poésie et peinture p 22. > Biographie.



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Né à Montpellier en 1899 Francis Ponge est issu d'une famille protestante Il fait des études brillantes avant de se présenter au concours de l'Ecole 



Francis Ponge : biographie du poète auteur du Parti pris des choses

26 oct 2020 · Francis Ponge naît à Montpellier le 27 mars 1899 dans une famille protestante aisée et grandit à Avignon puis à Caen Après son baccalauréat 



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Francis Ponge est un écrivain et poète français né le 27 mars 1899 à Montpellier et mort le 6 août 1988 au Bar-sur-Loup (Alpes-Maritimes)



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Francis Ponge est né le 27 mars 1899 à Montpellier en France Élevé dans une famille bourgeoise protestante l'auteur reçoit une bonne éducation et s'intéresse 





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Né à Montpellier le 27 mars 1899 Francis Ponge fait des études de lettres puis de droit Il écrit ses premiers textes et travaille quelques mois comme 



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8 mar 2012 · Francis Ponge est né à Montpellier dans une famille protestante et nîmoise Cette origine est pour lui importante : toute sa vie d'artiste 



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Francis PONGE I- Biographie • Francis Ponge est un poète français né à Montpellier le 27 mars 1899 Il est élevé dans au sein d'une famille protestante 



Francis Ponge : podcasts et actualités - Radio France

En 1937 il entre au Parti Communiste Français et en 1942 il publie* Le Parti Pris des Choses* qui marque son entrée dans le monde littéraire Il rejoint la 



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Biographie bibliographie lecteurs et citations de Francis Ponge Francis Ponge est un poète français Élevé au sein d'une famille protestante aisée 

  • Qui est Francis Ponge biographie ?

    Francis Ponge est un poète fran?is, né à Montpellier le 27 mars 1899 et décédé au Bar-sur-Loup, Alpes-Maritimes, le 6 août 1988. Francis Ponge se décrit comme faisant partie de la génération surréaliste mais s'il partage certains principes du mouvement, il restera en retrait par rapport à cette doctrine.
  • Quelles études a fait Francis Ponge ?

    Université de ParisFrancis Ponge / Établissement d'enseignement supérieur
  • Où est mort Francis Ponge ?

    Le Bar-sur-Loup, FranceFrancis Ponge / Lieu de décès
  • Ponge cherche en effet à échapper à la subjectivité et au lyrisme en mettant la parole au au service des choses muettes. Son approche matérialiste et analytique du monde distingue sa poésie du lyrisme surréaliste qui primait à son époque.
Article paru dans Ponge, résolument, J.-M. Gleize dir., Lyon, ENS éditions, 2004 : 19- 38.
1

Ponge rhétoriquement

1

Jean-Michel Adam

La rhétorique est utile, pas du tout inutile, dans la mesure où elle permet justement, par l'acceptation obligatoire de certaines règles, de délivrer le langage; c'est la rhétorique, dans le sens de l'acceptation de contraintes, de règles, etc., qui libère le langage. C'est parce que nous acceptons certaines contraintes que nous sommes libres. (Colloque de Cerisy 1977 : 40) En 1975, au colloque de Cerisy, en réponse à une question sur la place de la rhétorique dans son oeuvre, Francis Ponge développait une vision positive de la rhétorique - citée en exergue - qui tranche avec le ton de

Prologue aux questions rhétoriques

RHETORIQUE, pourquoi rappellerais-je ton nom ? Tu n'es plus qu'un mot à colonnes, nom d'un palais que je déteste, d'où mon sang à jamais s'est exclu. (1961b : 182-183) À cause de ce qui pouvait être pris pour un rejet, j'ai tardé à admettre qu'il n'était peut-être pas anachronique de considérer l'oeuvre d'un maître des avant-gardes poétiques du XX

ème

siècle sous cet angle. Le rapport de Ponge à la rhétorique constitue une ligne de lecture de son oeuvre aussi importante que les approches philosophiques ou esthétiques, attentives à son dialogue constant avec certains peintres. 1 Cette version de ma conférence du colloque " Ponge résolument » tient compte de lectures ultérieures et reprend synthétiquement deux publications antérieures : Le "Gymnaste" : un exercice de "tractions de la langue" ? » in Etudes de Lettres, Lausanne, I-1999 : 131-149, et " Un "infini tourbillon du logos" : la rhétorique épidictique de Ponge », La Mise en scène des valeurs. Rhétorique de l'éloge et du blâme, M. Dominicy & M. Frédéric éds., Lausanne-Paris, Delachaux & Niestlé, 2001 : 233-269. Article paru dans Ponge, résolument, J.-M. Gleize dir., Lyon, ENS éditions, 2004 : 19- 38.
2 La piste rhétorique a été suivie aussi bien par Serge Gavronsky - un des premiers à déceler l'importance du genre épidictique dans les textes pongiens (1977 : 310) - que par Guy Lavorel, qui voit dans la " rage de l'expression

» une "

contre-rhétorique

» (1986

: 107). D. Combe va dans le même sens, en considérant que Ponge met en place une rhétorique qui tue l'esprit même de la rhétorique ancienne et lui porte un véritable " coup de grâce

» (1990 : 154). Ce point de vue me paraît

avoir été dépassé par Barbara Cassin qui, dans " Consensus et création des valeurs », part des sophistes pour souligner que l'art de l'éloge repose, en fait, sur un paradoxe : " Il ne s'agit pas simplement avec l'éloge, comme l'a cru Chaïm Perelman, de renforcer, propager, réinjecter les valeurs admises. Il s'agit bien plutôt, je crois, de les modifier et d'en créer de nouvelles » (1991 : 282). C'est ce qu'elle décèle aussi bien dans les éloges d'Hélène de Gorgias et d'Isocrate que dans l'oeuvre de Ponge (1991 : 294-297). Doublement paradoxal, Ponge, comme Lucien qui, procédant à l'éloge de la mouche, faisait d'une mouche un éléphant », transforme des objets aussi ordinaires que le cageot, le savon ou la serviette éponge, en objets poétiques. Une formule résume la thèse de Barbara Cassin : " Il est [...] dans la pente rhétorique naturelle de l'éloge d'être au moins autant paradoxal qu'endoxal (1991 : 286). Dans " Ponge épidictique et paradoxal », Paul J. Smith (1996) confirme largement cette thèse, en insistant sur le genre de l'éloge paradoxal pratiqué dans la Seconde Sophistique et encore en vogue à l'époque de Malherbe et chez Remy Belleau.

1. La rhétorique contre la " terreur »

La " contre-rhétorique » pongienne est un dialogue avec la rhétorique et une entreprise extrêmement cohérente de reconception du dispositif classique. Comme le dit la célèbre formule d'avril 1948 : " Il faut travailler à partir de la découverte faite par Rimbaud et Lautréamont (de la nécessité d'une nouvelle rhétorique) » (1961b : 42). Et il ne faut pas oublier le troisième élément du " petit outillage minimum » qui présidait à l'écriture de Ponge : " l'alphabet, le Littré en quatre volumes et quelque vieux traité de rhétorique [...]

» (1961b

: 203). Article paru dans Ponge, résolument, J.-M. Gleize dir., Lyon, ENS éditions, 2004 : 19- 38.
3 Suivant en cela Jean Paulhan, Ponge définit la rhétorique contre le terrorisme surréaliste : " Je préconiserai plutôt l'abrutissement dans un abus de technique, n'importe laquelle ; bien entendu de préférence celle du langage, ou RHETORIQUE » (1967 : 118). Les raisons d'un tel travail sont ainsi expliquées dans "

Rhétorique

» (1929-1930)

Je pense à ceux qui se suicident par dégoût, parce qu'ils trouvent que " les autres » ont trop de part en eux-mêmes.

On peut leur dire

: donnez au moins la parole à la minorité de vous-mêmes. Soyez poètes. Ils répondront : mais c'est là surtout, c'est là encore que je sens les autres en moi-même, lorsque je cherche à m'exprimer je n'y parviens pas. Les paroles sont toutes faites et s'expriment : elles ne m'expriment point. Là encore j'étouffe. C'est alors qu'enseigner l'art de résister aux paroles devient utile, l'art de ne dire que ce que l'on veut dire, l'art de les violenter et de les soumettre. Somme toute fonder une rhétorique, ou plutôt apprendre à chacun l'art de fonder sa propre rhétorique, est une oeuvre de salut public. (1967 : 157) La (re)fondation d'une rhétorique apparaît comme le moyen de résoudre une crise profonde, de retrouver la parole en se forgeant une langue propre. Il s'agit bien de délivrer et de libérer le langage par un travail qui est ailleurs défini comme exercices de " tractions de la langue » et de " rééducation verbale ». Une formule de " Des raisons d'écrire » explicite sur quel dégoût des paroles se fonde cette nécessité d'une langue propre : " Un tas de vieux chiffons pas à prendre avec des pincettes, voilà ce qu'on nous offre à remuer, à secouer, à changer de place

» (1967

: 163). Lorsque Ponge parle de retrouver la parole en fondant son propre dictionnaire, c'est toutefois sans sortir de la langue française, et par un travail rhétorico-poétique de retraitement Du moins, par un pétrissage, un primordial irrespect des mots, etc., devra-t- on donner l'impression d'un nouvel idiome qui produira l'effet de surprise et de nouveauté des objets de sensations eux-mêmes. (1967 : 157) Nous ne sommes pas très loin ici de l'idée proustienne (reprise d'Aristote et prolongée par Max Jacob) : " Les beaux livres sont écrits dans une sorte de langue étrangère » 2 . Ce travail de la langue passe par l'idée d'" une forme rhétorique par objet (c.à.d. par poème) » (1967 : 157)
Chaque objet doit imposer au poème une forme rhétorique particulière. Plus de sonnets, d'odes, d'épigrammes : la forme même du poème soit en 2 Voir sur ce point ce que j'en dis dans Le Style dans la langue (1997), en revenant sur des observations de Gilles Deleuze. Article paru dans Ponge, résolument, J.-M. Gleize dir., Lyon, ENS éditions, 2004 : 19- 38.
4 quelque sorte déterminée par son sujet. (1961b : 36) L'idéal du poème " mouvement d'horlogerie » ou " petite bombe » est l'expression de cette rhétorique de l'objet Ce mécanisme d'horlogerie c'est la rhétorique de l'objet. La rhétorique, c'est comme cela que je la conçois. C'est-à-dire que si j'envisage une rhétorique, c'est une rhétorique par objet, pas seulement une rhétorique par poète, mais une rhétorique par objet. Il faut que ce mécanisme d'horlogerie (qui maintient l'objet) nous donne l'art poétique qui sera bon pour cet objet. (1961b : 260)

2. Une rhétorique épidictique

Un très grand nombre de textes relèvent explicitement du genre épidictique. Ponge parle du genre " démonstratif » des latins dans l'avant-propos de Comment une figue de parole et pourquoi (1997 :

53) et dans l'entretien avec Jean Ristat sur "

L'art de la figue » qui suit

(1997 : 288-289) C'est à la fois, un éloge, des lettres, de la littérature, de ce qui est littéral, et sans illusion sur la possibilité de la représentation. [...] Le comment est l'éloge du travail et de la production à l'intérieur du monde dans lequel nous sommes enfermés; c'est-à-dire le monde de la parole. (1997 : 276) Il suffit de citer quelques titres du Grand Recueil, Lyres (1961a) pour comprendre que Bernard Beugnot puisse qualifier Ponge de " poète de la célébration » (1990 : 51) : " Prose de profundis à la gloire de

Claudel

» (1961a : 27-33), " A la gloire d'un ami » (1961a : 34-45), Baptême funèbre » (1961a : 36-38), " Note hâtive à la gloire de

Groethuysen

» (1961a : 39-47), Prose à l'éloge d'Aix (1961a : 125-

127). L'éloge ne devient paradoxal que lorsqu'il porte sur des objets

ou des êtres que nul ne songerait à louer. C'est toute l'entreprise du Parti pris des choses, et il suffit de penser aux fréquentes formules du type : "

J'ai donné mes louanges à la forme du U

» (1961b

: 128). Cette rhétorique de l'éloge et du blâme n'est que la face superficielle d'un genre d'apparat. Les discours épidictiques avaient pour objectif autant de louer ou de blâmer des acteurs politiques ou sportifs célèbres que de faire admirer le talent de l'orateur et surtout de réaffirmer la doxa, de rappeller les valeurs et autres systèmes de normes sur lesquels Article paru dans Ponge, résolument, J.-M. Gleize dir., Lyon, ENS éditions, 2004 : 19- 38.
5 se fondait le consensus de la rationalité collective de la cité. En fait, comme le souligne Barbara Cassin

Ponge, comme Gorgias mais plus

loin dans le mot à mot, ne cesse de faire entendre que toute description, tout éloge, est en même temps un éloge du logos » (1991 : 295). En proclamant que chacun doit fonder sa propre rhétorique et en s'appliquant à des objets aussi divers que de grands artistes (de Malherbe à Braque) et de très humbles choses (de la figue au cageot), la contre-rhétorique pongienne ne s'affranchit paradoxalement pas de la dimension endoxale du discours épidictique. Elle appelle à une refondation des valeurs communes à travers la fabrication d'une oeuvre qui tienne lieu de nouvelle encyclopédie et de nouveau dictionnaire. Les enjeux d'un tel travail sont aussi politiques que ceux de la rhétorique antique : enjeux de fondation de l'identité de la cité et de son unité, oubliés lorsque l'art de rhétorique a pu paraître s'artificialiser et s'autonomiser. Comme le dit Ponge, dans son entretien radiophonique avec Breton et Reverdy, le rôle social de la poésie est de lutter contre toutes les formes de dogmatisation des valeurs : " Peut-être la leçon est-elle qu'il faut abolir les valeurs dans le moment même que nous les découvrons... Voilà à mon sens, l'importance (et aussi bien l'importance sociale) de la poésie » (1961b : 293). Comme il le dit à propos du "

Bois de pin

», les objets dont il entreprend paradoxalement l'éloge le provoquent et l'obligent " à changer [son] manège d'esprit, [...] à changer d'armes et de manières

» (1961b

: 299). Ce que Barbara

Cassin résume ainsi

: " Le grand jeu, c'est bien celui qui, au bout de l'éloge, fait changer soi-même et les autres, les objets, bref, le manège » (1991 : 296). C'est tout le propos de "

Tentative orale

Il ne s'agit pas d'arranger les choses (le manège) [...]. Il faut que les choses vous dérangent. Il s'agit qu'elles vous obligent à sortir du ronron; il n'y a que cela d'intéressant parce qu'il n'y a que cela qui puisse faire progresser l'esprit. (1961b : 257)

3. Le dispositif rhétorique pongien

La rhétorique pongienne se présente comme une attention égale aux cinq grandes opérations de la technè rhetorikè. Article paru dans Ponge, résolument, J.-M. Gleize dir., Lyon, ENS éditions, 2004 : 19- 38.
6

3.1. La memoria

Dans la nuit du 31 mars au 1er avril 1958, Ponge dit ceci de la mémoire Mais il faut que je ferme les yeux sur tout cela, sur ces anecdotes, ou plutôt que je renferme ces souvenirs, les replace dans ma mémoire, dans l'armoire de ma mémoire, les tiroirs de commode de ma mémoire, dans l'état où ils s'y trouvaient authentiquement avant que je ne les en tire pour les observer un à un, les retourner dans la main : c'est-à-dire en désordre, empilés les uns sur les autres, les uns contre les autres, tassés, se chevauchant,

Pour ne former que la figue. (1997

: 63) Cette mémoire n'est pas l'art de mémoire soucieux d'ordonner dans les " tiroirs de commode » les fragments du discours, elle participe plutôt au mouvement de l'inventio. Ce soucis de restituer moins l'ordre que le désordre de la mémoire est une des formes les plus apparentes de la reconception pongienne de l'héritage rhétorique. On retrouve la mémoire en plusieurs points de la Fabrique du pré (1971 :

258), mais c'est certainement dans " Matière et mémoire » que Ponge

en parle le plus clairement : " Quand on inscrit sur la pierre lithographique, c'est comme si l'on inscrivait sur une mémoire » (1948 : 87-88). Passant de la pierre à la page, il précise cette idée d'une mémoire du texte indéfiniment reproductible et surtout inscrit dans la matière et la durée. Il parle d'une " profondeur de mémoire » (1948 :

99), d'une "

inscription dans le temps aussi bien que dans la matière Un seul exemple, pour revenir sur le fragment du début de Comment une figue... cité plus haut. En date du 13 septembre 1958, la mémoire- inventio disparaît et se textualise : Maintenant tu peux bien le poser en maugréant sur le bord de ton assiette ou le relire cent fois comme un de mes meilleurs textes [...]. Posé en maugréant sur le bord de l'assiette, Ou mâchonné sans fin comme on fait des proverbes. (1997 : 248) Le poème " mâchonné sans fin » est une autre version de la pierre lithographique. Seul le proverbe, dont la densité favorise la mémorisation et le rend ainsi disponible pour tous, est susceptible de permettre une telle reproduction infinie. Le passage de " le relire cent fois comme un de mes meilleurs textes » à " mâchonner sans fin comme on fait des proverbes » explique parfaitement la conception Article paru dans Ponge, résolument, J.-M. Gleize dir., Lyon, ENS éditions, 2004 : 19- 38.
7 pongienne du texte. La memoria est ainsi prise dans la densité même de la structure (dispositio) et de la texture (elocutio) d'un texte dont l'idéal d'écriture tend vers le proverbe.

3.2. La dispositio

À propos de la dispositio, il serait facile de citer les fragments du Verre d'eau » consacrés à son plan : " Plan du verre d'eau » en 5 points, jusqu'à sa " morale » (1961b : 158-159), ou le " projet de plan » en cinq points également de la page 32 du Pour un Malherbe, ou encore, en date du 2 septembre 1940, dans La rage de l'expression, les variations " ad libitum » de la disposition des cinq " éléments indéformables » du " Carnet du bois de pins » (1999 : 396-397). Dans tous ces cas, c'est l'arrangement ou l'articulation des parties ou matières du texte qui est exploré. La dispositio rompt avec le modèle fixe de l'art oratoire au profit d'un plan de circonstance : une dispositio par poème. Ainsi, un texte comme " Le Gymnaste » adopte une dispositio certes conforme aux modèles rhétoriques de la description des êtres humains, mais tout à fait singulière

LE GYMNASTE

Comme son G l'indique le gymnaste porte le bouc et la moustache que rejoint presque une grosse mèche en accroche-coeur sur un front bas. Moulé dans un maillot qui fait deux plis sur l'aine il porte aussi, comme son Y, la queue à gauche. Tous les coeurs il dévaste mais se doit d'être chaste et son juron est BASTE Plus rose que nature et moins adroit qu'un singe il bondit aux agrès saisi d'un zèle pur. Puis du chef de son corps pris dans la corde à noeuds il interroge l'air comme un ver de sa motte. Pour finir il choit parfois des cintres comme une chenille, mais rebondit sur pieds, et c'est alors le parangon adulé de la bêtise humaine qui vous salue. Les trois premiers paragraphes dressent le portrait du personnage. La description est menée en partant conventionnellement du haut (sa tête), viennent ensuite des parties de son corps et de son vêtement. Bien sûr, la sélection des parties et des propriétés du corps est mimologiquement guidée par les différentes parties du mot lui-même. Malgré cette originalité mimologique, les deux derniers paragraphes complètent le portrait par une mise en action. Ce n'est plus un portrait statique, comme dans la première partie, mais une description des actions d'un Article paru dans Ponge, résolument, J.-M. Gleize dir., Lyon, ENS éditions, 2004 : 19- 38.
8 personnage entre le trapéziste de cirque et le gymnaste au sens sportif et gymnique du terme. Conformément aux recommandations des maîtres de stylistique et de rhétorique (Adam 1993), la deuxième partie du texte introduit du mouvement dans un portrait qui risquerait d'être trop statique. La prosopographie centrée sur certaines propriétés physiques du personnage, est complétée par une éthopée qui signale ses qualités morales : il est présenté comme " zélé » et " bête », le blâme épidictique pointant ainsi clairement. Ainsi Alexandre Vessiot (1886, chapitre XIV), soucieux d'enseigner à un élève une méthode de description, parlait, pour décrire un arbre, de suivre la nature dans son travail d'élaboration, d'organisation, de développement, qui tend au fruit et s'y termine » et de décrire les plantes des racines en direction de l'extrémité des plus hautes branches, selon un ordre inverse de celui des portraits humains et des descriptions d'animaux. C'est ce que fait (un court moment) Ponge dans

Rhétorique résolue de l'oeillet

Parmi les jouissances comportant leçons à tirer de la contemplation de l'oeillet il en est de plusieurs sortes et je veux, graduant notre plaisir, commencer par les moins éclatantes, les plus terre à terre, les plus basses, les plus près du sol et les plus solides peut-être, celles qui sortent de l'esprit en même temps que sort de terre la petite plante elle-même... (1952 : 55-56). Autre aspect plus proprement pongien de la disposition : la mise en page ou mise en espace typographique du poème. Jean-Marie Gleize mentionne les trois " essai[s] de mise en page » de La Figue (1997 :

125-127), en mettant fort justement cette recherche typographique en

rapport avec l'inscription sur la pierre. C'est en ce sens qu'il faut examiner la dispositio typographique du " Gymnaste ». Le texte, disposé en cinq paragraphes, comporte six phrases typographiques. L'ensemble est divisé en deux parties comportant un nombre inégal de paragraphes (3§ & 2§), mais un nombre égal de phrases (3P & 3P). Formellement ces deux parties sont soulignées par la présence d'un connecteur MAIS suivi d'un ET en fin de premier ensemble. À ce couple répondent, symétriquement, un autre MAIS suivi d'un " ET (c'est) ALORS » dans le bloc final introduit clairement par un " Pour finir », comme le bloc initial s'achevait par " baste ». Les deux phrases qui constituent le paragraphe 4 sont articulées par un organisateur temporel PUIS qui souligne, avec le ET ALORS du dernier Article paru dans Ponge, résolument, J.-M. Gleize dir., Lyon, ENS éditions, 2004 : 19- 38.
9 paragraphe, la succession des actions de l'ensemble de la deuxième partie du poème. Ce travail de la dispositio touche également le recueil. Bernard Veck, dans un chapitre de son essai sur Le Parti pris des choses (1994 : 55-

61), étudie le " groupe des textes humains » (textes 22 à 27). Son

analyse n'éclaire toutefois pas la présence du gymnaste au côté de textes liés à la biographie de Ponge (" La jeune mère » (24) s'explique par la naissance de sa fille, " R. C. Seine N° » (25) et " Le restaurant

Lemeunier

» (26), par son emploi aux Messageries Hachette). Dans une composition en couples de textes, " Le Gymnaste » peut certes être rapproché de " La jeune mère », comme le propose Bernard Veck, à la suite de Jean-Paul Sartre. Mais, à y regarder de près, " La jeune mère » renvoie plutôt au " Morceau de viande » (22) qui évoque, avec l'usine biologique, le cycle de la vie et de la mort. Notre poème (23), un peu à part, gagnerait à être mis en relation avec la réflexion sur le logos et sur l'orgueil des hommes développée dans les

Notes pour un coquillage

» (texte 27).

3.3. L'elocutio

A l'elocutio - ou mise en mot - se rattachent les multiples réflexions pongiennes sur le style et sur les figures. On pourrait souligner le goût pongien de l'oxymore (qui fait certainement partie de l'arsenal de l'éloge paradoxal) et s'attarder sur les formes de la concession. Insistons plutôt sur ces lignes de " My creative method » qui mettent clairement l'accent sur les dimensions autant syntaxiques que rythmiques (prosodiques) de l'elocutio : Quant à la syntaxe, aux formes prosodiques et d'une façon plus générale à la rhétorique, ici encore leur rénovation sera d'instinct, et sans vergogne (prudente pourtant, et tenant compte uniquement du résultat, de l'efficacité). (1961b : 19) L'aboutissement idéal du travail de la mise en mots est réalisé dans le proverbe et la maxime. À propos de Mallarmé, il faut rappeler cette déclaration des Proêmes : Chaque désir d'expression poussé à maximité. Poésie n'est point caprice si le moindre désir y fait maxime. [...] Plus tard on en viendra à faire servir Mallarmé comme proverbes. (1967 : Article paru dans Ponge, résolument, J.-M. Gleize dir., Lyon, ENS éditions, 2004 : 19- 38.
10 19) Formules reprises, à peu de mots près, à propos de Malherbe Étant donné que les succès de langage ne peuvent être que relatifs, la perfection qu'il recherche, celle à laquelle il aboutit, celle dont le moindre fragment de son oeuvre donne l'idée, est vraiment la maxima. (" Rien, afin que tout dure, ne dure éternellement. » Ceci posé, " Ce que Malherbe écrit dure éternellement

»). (1965

: 33) Ses besoins les plus contingents, les plus particuliers (les plus authentiques du point de vue marxiste) sont résolus en proverbes des plus nécessaires; ce sont des maximes, des expressions vitales, aussi indispensables à son équilibre que le chant du rossignol, pour ne pas tomber de la branche. Proverbes du plus haut lieu, le lieu spécifique de l'espèce humaine, qui est espèce parolière. (1965 : 136-137) Ponge atteint, à son tour, cette " espèce de qualité oraculaire » au prix d'un énorme travail stylistique et en adoptant, dans les formes brèves du Parti pris puis dans les formules recherchées à coup de répétitions et de reformulations, divers dispositifs linguistiques qui relèvent pleinement de l'elocutio. Par le choix de l'impersonnel, il met la subjectivité à l'écart, il soustrait les énoncés à la contingence d'une énonciation singulière pour atteindre ce qui peut être commun. Dès

1944, Sartre soulignait cette exclusion radicale du lyrisme qui

caractérise l'oeuvre de Ponge. La deuxième caractéristique est une généricité marquée par le choix des déterminants génériques pour le groupe nominal et d'un présent gnomique ou de définition pour le groupe verbal. Enfin, il faut souligner la densité syntaxique, voire rythmique, des énoncés, à commencer par celle des phrases- paragraphes. Sartre parle admirablement de " ces phrases lourdes de sens, déjà pétrifiées, et dont la puissance d'affirmation est telle que toute une société les reprend à son compte (1947quotesdbs_dbs35.pdfusesText_40
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