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Quelques éléments danalyse sur Les Lettres Persanes de

poursuivons ( à savoir démontrer l'unité romanesque des Lettres Persanes) Lorsque Usbek nous dit dans la lettre 48 qu'il se trouve « comme un enfant » ...





Montesquieu Lettres persanes

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commentaire des lettres persanes de montesquieu i) biographie et

lettre persane » : il envisage donc ce roman de manière légère à la fois pour lettres 98 à 106 : critique acerbe de la politique et des croyances



Lettres persanes

Non pas toujours me répondit?il. A l'oreille d'une jolie femme



BACCALAURÉAT GÉNÉRAL

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BACCALAURÉAT GÉNÉRAL

1- Commentaire (20 points) Dans la lettre 48 des Lettres persanes Usbek écrit : « Étranger que j'étais



Éléments personnels et les éléments bordelais dans les Lettres

Tout a été dit sur les Lettres persanes en tant que tableau de la société ment se manifeste dans la lettre 48 : « Les François n'imaginent pas.



Winfried Engler Die Lettres Persanes oder wie bei Montesquieu der

Die Lettres Persanes oder wie bei Montesquieu der Orient den. Okzident erzählt. 1. Die Dialogizität des Briefromans. Definiert sich der Briefroman als 



RESUME – LES LETTRES PERSANES Montesquieu (1721)

Zachi termine en expliquant que ces moments hors du sérail sont toujours un peu risqués. Lettre XLVIII. Usbek à Rhédi (Venise). Usbek raconte sa visite dans une.

COMMENTAIRE DES LETTRES PERSANES DE MONTESQUIEU

I) BIOGRAPHIE ET PRESENTATION DE L'OEUVRE

a) Qui est Montesquieu ?

Charles Louis de Secondat est né près de Bordeaux en 1689 dans une grande famille noble de propriétaires

de vignobles. Président au parlement de Guyenne, son père accorde beaucoup d'importance à la transmission

de la culture classique grâce à la vaste bibliothèque familiale (latin, histoire, droit). Après une éducation chez

les catholiques et des études de droit, il retourne vivre à Paris et le contraste entre la vie provinciale et la vie

parisienne lui inspirera ses descriptions de la capitale dans les LP. A la mort de son père il hérite d'une grande

fortune et s'achète une charge de conseiller au parlement de Bordeaux. En 1715 il épouse une riche héritière

calviniste, Jeanne de Lartigue, avec qui il aura 3 enfants. C'est l'héritage de son oncle qui lui donnera le titre

de baron de Montesquieu. Admis à l'Académie française en 1728, il vend sa charge et voyage en Europe

jusqu'en 1831. Les 26 livres de l'EL paraissent en 1748, même s'ils sont régulièrement modifiés sous la dictée

car MO perd la vue. Beaucoup de succès mais face aux attaques religieuses il est obligé de rédiger une

" Défense de l'EL » en 1750. Il meurt à Paris en 1755 des suites d'une fluxion de poitrine. b) La rédaction des LP

* Contexte = Ecrite entre 1717 et 1720 l'oeuvre est publiée anonymement à Amasterdam en 1721. Elle

pourrait avoir commencé dès 1709, les LP connaissent un succès immédiat au moment de leur publication

anonyme en 1721, en particulier dans les salons parisiens comme celui de Mme Lambert. Un ami rapporte

qu'il était excédé par son travail de la journée et que le soir " pour s'amuser, il se mettait à composer une

lettre persane » : il envisage donc ce roman de manière légère, à la fois pour plaire et instruire. C'est un

roman philosophique des Lumières qui en orchestre les valeurs essentielles : rationalisme, liberté,

modération politique, lutte contre l'intolérance, nostalgie de la vertu, passion de l'utilité etc.

On dit que les LP seraient une " préface spirituelle et hardie de l'EL », publié trente ans après, car nombre de

thèmes y seront repris et approfondies (esclavage, despotisme, divorce etc). L'ouvrage de Montesquieu a été

durement condamné notamment par l'abbé Gaultier qui lui reproche ses libertés et ses blasphèmes dans " Les

LP convaincues d'impiété » en 1751 (soit 30 ans après, ce qui montre que c'est à la sortie de l'EL qu'il semble

avoir compris rétrospectivement le sens politique des LP...). En 1754 paraît une nouvelle édition des LP avec

un supplément et des réflexions en réponse aux accusations d'impiété et d'irrévérence : " Y a-t-il un livre où

l'on ait traité le gouvernement et la religion avec moins de ménagement ? » s'exclamera Voltaire en 1733.

L'ouvrage sera mis à l'index par l'Église en 1762 à cause des passages explicites sur la sexualité, le suicide et

les remarques acerbes sur le Pape et la Trinité.Mais le genre sera repris et imité pourtant par de nombreux

écrivains à sa suite " rien de plus élégant ne fut écrit ... un livre parfait... incroyable de hardiesse » dont

Valéry explique le succès par l'époque, qui est un entre-deux, où l'ordre règne encore mais où l'esprit de

liberté apparaît sans hypocrisie : " La liberté d'esprit était si grande en ce temps là que ces lettres si frivoles

et si célèbres ne génèrent pas le moins du monde la carrière du président et du philosophe ... Il n'y a

d'hypocrisie que dans les moments où l'état des choses exige fortement que tous les citoyens soient

conformes à un type simple et facile à définir, donc à manier. Vers 1720, cette nécessité se reposait un peu,

entre deux grands siècles » (éloge de l'époque p. 513 : " l'Europe était alors le meilleur des mondes

possibles », " le fisc exigeait avec grâce », " Ni même les journées n'étaient point pleines et pressées mais

lentes et libres ; les horaires ne hachaient point les pensées et ne faisaient point des individus des esclaves

du temps moyen et les uns des autres »). D'où l'étrange mention " fin des LP " à la fin car l'interprétation de

l'oeuvre ne peut être épuisée.

* Un genre nouveau : MO réinvente le roman épistolaire qui existe déjà depuis le XVIIème et la

philosophie romancée (" Mes LP apprirent à faire des romans en lettres »), reliant le tout " par une chaîne

secrète » à la fois entre les personnages et entre les éléments romanesques et philosophiques, entre les

thématiques ; il y a donc deux chaînes : la chaîne romanesque qui relie les personnages entre eux qui est la

plus apparente et la plus distrayante, avec un commencement, un progrès, une fin. Et il y a une " chaîne

secrète » symbolique qui donne au roman du sérail une signification politique : " la nature et le dessein

des LP sont si à découvert qu'elles ne tromperaient jamais que ceux qui voudront se tromper eux-mêmes »

(préambule de l' édition de 1754). Il associe une forme de dramatisation historique (lettres datée et signées

1

de différents protagonistes) à une réflexion sur la société, un questionnement philosophique sur la nature

de l'homme : " Le recueil délicieux des LP jette moins dans les songes que dans les pensées... je vais

divaguer sérieusement » Valéry. Au départ c'est surtout pour leur liberté et leur joie subversive que les LP

ont du succès (une France " d'abord ivre » des LP) mais ce serait être léger de n'y voir que de la légèreté, car

il s'agit d'instruire tout en plaisant (docere et placere) : Jules Michelet : " Il faut être bien étourdi et bien

léger soi-même pour trouver son livre léger. A chaque instant il est terrible ».

C'est aussi un laboratoire de découverte et de révélation des consciences masculines et féminines

alternativement, comme dans une polyphonie, qui est conçue plus comme une juxtaposition de points de

vues que comme un vrai dialogue : chaque caractère est associé à une voix singulière où les paroles

s'affrontent dans une symphonie mimant la diversité du monde.

Il y a une esthétique de la surprise qui produit non seulement le dépaysement nécessaire pour apprécier les

portraits ou un cadre pour l'expression d'opinions diverses, mais aussi permettra de mettre en valeur la

double personnalité de Usbek. Cf Ebahissement chez LB. Il y a des " effets de surprise » (lettre perdue de U

par exemple), " ces traits [de la société française] se trouvent toujours liés avec le sentiment de surprise et

d'étonnement », " On prie donc le lecteur de ne pas cesser un moment de regarder les traits dont je parle

comme des effets de la surprise de gens qui devaient en avoir » (préambule édition de 1754). Style bref et

coupé qui mime la douceur d'une conversation spontanée.

L'introduction du texte indique néanmoins la gravité et la profondeur réelle du propos : d'abord il se

présente comme la relation de vraies lettres de ses voisins persans ; peut-être le voisin dont parle Rica LP

130 ? ; et il enrichit sa correspondance d'autres lettres et organise l'ensemble de manière à produire des effets

qui ne lui sont pas destinés ; " j'en ai un grand nombre d'autres dans mon portefeuille que je pourrai lui

donner dans la suite », l'auteur a un rôle de composition et de réécriture à partir d'un matériau qui n'est pas le

sien. Tout cela pour accréditer l'existence effective des personnages et de leurs aventures : il y a une

dimension anthologique de l'oeuvre. Ce pacte de lecture établi dans l'introduction est une feinte qui

paradoxalement donne son épaisseur philosophique à l'ouvrage et son ancrage sociologique, une sorte de

" fiction du non fictif ». L'auteur ne serait que le dépositaire et le traducteur des propos des Persans, il

efface les traces de son activité inventive pour mieux accréditer l'existence des personnages et donner une

apparente autonomie à ceux qui prennent la plume : " Comme ils me regardaient comme un homme d'un

autre monde, ils ne me cachaient rien ». Il s'oppose ainsi aux romans baroques ou sentimentaux par cette

touche réaliste (il utilise le calendrier lunaire persan), même si les références sont voilées en étant intégrées

à la fiction : " ils passent leur vie à chercher la nature et les manquent toujours ; leurs héros y sont aussi

étrangers que les dragons ailés et les hippocentaures » fait-il dire au bibliothécaire (LP 137). L'ancrage

historique est donc très présent dans les LP : évocation de la décadence de l'empire turc LP 19, de Paris, de

Louis XIV et du pape LP 24, arrestation du duc du Maine (126), remontrances des Parlements (LP 140) ,

désastre du système de Law (146) etc. La finalité est moins de restituer les événements que de nourrir une

réflexion sur la manière de gouverner à partir de cette logique de l'histoire. Il y a donc une " structure

polémique » du texte où le rire devient plus grinçant et où l'auteur devient moraliste et satiriste. La logique

du dévoilement consiste donc à critiquer franchement, sans souci des conventions, et à repousser les bornes

de la connaissance : " des gens transplantés de si loin ne pouvaient plus avoir de secrets », grâce à ce

déplacement du regard.

NB Il y a un mystérieux destinataire qui reçoit 22 lettres de Usbek, probablement un sultan oriental, et

l'entretien du mystère pourrait paradoxalement être un gage d'authenticité et un moyen de ne pas être

compromis. c) Une écriture du mouvement :

C'est le roman d'une pensée en mouvement, guidée par le désir de se dégager des habitudes intellectuelles

car tout le le roman semble traversé par la crainte exprimée par Usbek au début : celle de rester prisonnier de

sa propre culture, assigné à résidence, rivé à un point de vue unique. Il faut pour éviter cela refuser tout

immobilité : il y a donc un double mouvement, celui du voyage qui fait passer de ville en ville, de pays en

pays (cf carte), et celui de l'écriture qui le reflète par la variété de la matière et de la forme, tant et si bien

que la pensée semble difficile à synthétiser. Style " rococo » de l'époque Régence et Louis XV qui se

caractérise par la profusion des motifs décoratifs, l'ornementation, le désordre, la valorisation du petit, ici très

présent par le mélange des genres et des voix, les jeux de miroir. Nulle oeuvre plus fantaisiste et anarchique

en apparence que les LP : roman épistolaire, mais aussi chronique, journal de voyage, essai moral,

monologue tragique, dialogue de comédie, contes etc. Cela est seulement compensé par l'armature

2

chronologique et le dosage harmonieux des thèmes (Orient vs Occident). Une quinzaine de lettres fait le

parallèle entre les deux mondes ( 23, 33, 34, 35, 38, 55, 60, 63, 75, 85, 88).

* Le mouvement du voyage = alors que LB établit une histoire de la servitude à partir de ses références

antiques, provenant du passé, Mon propose plutôt une géographie à travers un récit de voyage, attaché à

l'observation de régimes contemporains (même si c'est sous la forme d'une fiction), géographie qui permet

de mieux comprendre l'histoire : " une des choses qui a le plus exercé ma curiosité en arrivant en Europe,

c'est l'histoire et l'origine des républiques » Rhédi 131 ; en Orient le despotisme se maintient, en occident le

républicanisme se diffuse (monarchie puis despotisme ou monarchie) évolution politique qui déteint sur le

voyage et les voyageurs.

- D'abord par le mouvement de la liberté et la liberté de mouvement, qui en est le premier symptôme :

placé sous le signe de la vitesse car on ne s'attarde en aucun lieu avant d'avoir atteint le terme et il figure une

certaine image de la liberté, étant donné que la servitude est une fixation des êtres et des choses (" Nous

n'avons séjourné qu'un jour à Com » ville sainte chiite au nord de l'Iran, où ils ne restent pas, ce qui montre

que leur démarche est moins tournée vers la religion que vers la connaissance). De plus les motivations sont

ambiguës, à la fois philosophiques et politiques : il y a le désir de connaissance et de compréhension du

monde, comme pour un homme des Lumières (cf passage de l'état de tutelle, de la minorité à la majorité chez

Kant, chemin suivi par Usbek), mais aussi une fuite et un exil pour échapper à une cour corrompue dont il a

perdu les faveurs, aux menaces du despote : " Quelques avis secrets me firent penser à moi sérieusement. Je

résolus de m'exiler de ma patrie » (LP 8). Le voyage s'ouvre donc sous le double signe de l'urgence (se

soustraire à un pouvoir tyrannique) et du chagrin (mélancolie face à la corruption ). Le voyage est donc un

apprentissage progressif de la liberté.

- La vitesse se trouve aussi du côté du nouveau mode de vie adopté par les persans au contact de la

civilisation occidentale, caractérisée par le mouvement : " Ils courent ; volent ... les voitures lentes d'Asie, le

pas réglé de nos chameaux, les feraient tomber en syncope » (première lettre de Paris LP 24). Il s'effectue

donc une accélération temporelle au sein même du voyage qui décuple la sensation de mouvement : mêmes

une fois fixés à Paris, tout va très vite, c'est le mouvement perpétuel. La lettre 24 commence par un tableau

des " embarras de Paris » (cf gravure), de la circulation des gens dans les rues de la capitale. Les hautes

maisons de Paris sont vues comme des tours d'observation pour " astrologues », chaque étage est vu comme

une maison à part entière, les piétons pressés font penser à des " machines » volantes, ce qui donne une

sensation de vertige. Il opposera ce mouvement de la vie parisienne à la " lenteur » et au " pas réglé » des

déplacements en Asie. En résumé = si le monde oriental est caractérisé par l'immobilisme, son envers

occidental entretient un " mouvement perpétuel » (LP 24), celui de l'agitation parisienne : " ils courent ; ils

volent » LP 24. Rica fait l'épreuve de la désorientation (" un homme me fait faire demi tour ...) LP 24. Du

coup, cette agitation semble avoir pour seul effet de faire du sur place, de tourner en rond, on s'agite pour

trancher des débats stériles (LP 36), l'affaire la plus importante étant de " demander à tous ceux qu'ils voient

où ils vont et d'où ils viennent » LP 87 LP ; les fortunes " s'y font et s'y défont en une nuit » LP 98, " les

ministres se succèdent et se détruisent comme les saisons » LP 138, au point qu'une femme qui part à la

campagne " en revient aussi antique que si elle s'y était oubliée trente ans » LP99. Tandis que l'orient ignore

l'histoire, l'occident est une révolution permanente où la mode tient lieu d'histoire. Mais cela le condamne à

l'insignifiance car les hommes cherchent à tenir le rythme sans comprendre le sens dans lequel ils marchent.

- Le mouvement de l'écriture = ne pas se laisser gagner par les forces de l'immobilité (celle du despotisme

oriental qui incarne la pétrification, le sens figé) est aussi la perspective du roman lui-même, grâce à la

variété dans l'ordre du discours, la diversité des points de vue, la surprise et l'imprévu, le mélange des

genres. Certaines lettres forment des ensembles (comme l'apologue des Troglodytes 11-14 = fable à

enseignement moral, récit à déchiffrer dans son rapport à la philo) ou la suite de lettres sur la dépopulation

(112-122). Mais la majeure partie des lettres propose un éclairage ponctuel et MO saute d'un sujet à un

autre, évoquant sans transition les rapports avec les femmes (43) ou la vanité (44), les alchimistes (45) ou la

valeur des cérémonies (LP 46), ce qui permet à la pensée de ne jamais se figer ou se fermer. Le principe

de plaisir est tout-puissant car tout est ménagé pour que jamais l'ennui ne gagne le lecteur. Ce qui suppose

justement la variété (les voyageurs s'intéressent à tout), le goût (le plaisir naît de la vivacité du trait), la

surprise (la lettre cancanière sur le mariage de Suphis 70 fait suite à celle d'Usbek sur les attributs de Dieu

69, ce qui provoque un sentiment de décalage), la symétrie. Une série de petits chocs provoquent

l'étonnement du lecteur dans une esthétique du contraste. A cet égard il semble que les systèmes rationnels

ne valent pas mieux que les croyances irrationnelles : " Croyez-vous que le concours fortuit des astres ne soit

pas une règle aussi sûre que les beaux raisonnements de votre faiseur de Système ? » (LP 135). De plus, la

3

discontinuité épistolaire permet de substituer à la description du monde une série d'images isolées qui ne se

laissent pas réunir en un tableau d'ensemble. D'où une esthétique abrupte sans fluidité et sans transitions,

sans formules de politesse, sans préambules, sans commentaires. Tout est donc laissé à l'appréciation du

lecteur car aucune moralité ne vient éclairer le sens à donner, l'observation est livrée telle quelle. Enfin, MO

multiplie les usages des genres brefs (conte, fable, apologue, discours) en vogue à l'époque, ce qui souligne

encore plus l'absence de toute figure du narrateur pour synthétiser le sens du discours ou constituer une

figure d'autorité. Seuls demeurent des points de vue singuliers qui se répondent et se contredisent sans

parvenir à une vérité univoque.

L'ensemble des lettres est même construit sur un schéma dialectique thèse / antithèse, d'analogies, d'échos

et d'oppositions : analogie entre le sérail et l'état despotique, notamment la Russie 51, entre les eunuques et

les ministres, entre les femmes et les courtisans ; écho de la crise financière de Law 146, de la bulle du Pape

Ungenitus 24, de la vie politique sous la Régence ; opposition entre l'attitude d'U en France et avec le sérail,

entre son désir de sagesse et son despotisme, entre son caractère et celui de Rica, entre les femmes d'Orient

et d'Occident etc. Le ressort du roman est un système de comparaisons établi sur tous les plans :

comparaison des régimes politiques (80, 115, 131), des villes " Paris est aussi grand qu'Ispahan » 24, de la

condition des femmes 26, de leur rôle politique 107, des causes de la grandeur 88 et de la disgrâce 102.

L'orient renvoie à l'occident et la vie privée renvoie à la vie publique : mais les opposition sont autant

internes au monde des salons et du sérail, que géographiques ou culturelles.

Il s'agit donc d'une métaphore expérimentale de l'histoire qui essaie d'appréhender la dispersion du réel

non pas dans la réalité même mais dans une construction analogique au réel. Valéry note que c'est une fois

l'ordre bien établi dans une société que l'on peut y insuffler du désordre pour la secouer de l'intérieur :

" L'ordre enfin bien assis -c'est-à-dire la réalité assez déguisée et la bête assez affaiblie- le liberté de l'esprit

devient possible ... les esprits qui se lèvent et qui s'ébrouent ne perçoivent que les gênes ou la bizarrerie des

façons de la société [Usbek et Montesquieu] ... De toutes parts naissent les questions, les railleries et les

théories ... Partout étincelle et agit la critique des idéaux qui ont fait à l'intelligence le loisir et les occasions

de les critiquer ».

Il ne s'agit pas en effet seulement d'un voyage vers l'ailleurs, vers des terres exotiques auxquels les

explorateurs nous ont habitué, mais (pour les lecteurs français) d'un voyage en terrain connu, d'une

redécouverte du familier. d) Le plan de l'ouvrage :

Le plan général du roman que MON qualifie de " chaîne secrète » (chaîne de causalité qu'il révélera dans

l'EL) révèle que : elles commencent et se terminent par la description de deux excès à savoir : le pouvoir

hyperbolique du despotisme auquel s'oppose l'anarchie ou le collectivisme des Troglodytes ; puis l'hyperbole

de l'individualisme, l'anarchie de la révolte qui est une autre moyen de s'opposer au despotisme.

- Les 22 premières lettres décrivent l'itinéraire que suivent Usbek et Rica, d'Ispahan à Paris, (voyage

commencé depuis déjà 26 jours) ; c'est le roman européen, ils sont au moment de la gloire, dont le sérail

symbolise l'idéal de beauté et d'amour et l'épisode des Troglodytes ouvrira une réflexion morale. Les lettres 1

à 14 décrivent le contrat despotique et ses fondements, opposés aux vertus des Troglodytes.

- Les 24 dernières lettres (dès la 137ème) dans une symétrie quasi-égale, témoignent d'une crise commune

à l'Europe et à l'Orient avec l'effondrement du sérail. Les lettres 147 à 161 rapportent la crise du sérail donc

du despotisme. La dérive du pouvoir aura été traitée dans les lettres précédentes, alternant nouvelles du

sérail et découvertes européennes, dérive qui a conduit à une première crise 64 préfigurant le chaos final.

Cela témoigne d'un double mouvement de progrès puis de déclin ; au moment même où les protagonistes

s'instruisent et gagnent en ouverture d'esprit (ce dont témoigne le fait qu'ils laissent la parole aux Français

dans plusieurs lettres et n'ont cessé de dialoguer avec eux), tout s'écroule, traduisant comme un passage entre

deux mondes.

Au milieu :

A)- les lettres 23 à 61 décrivent la société parisienne et sont écrites sur le mode de la découverte et de la

surprise avec la première rencontre que font Usbek et Rica avec le monde occidental (Paris et Venise).

B)- le ton change dès la lettre 62 et bascule en satire sociale devant tant de " bizarreries » et des

"Européens " ridicules » même si les lettres 59 à 61 découvraient déjà la relativité des points de vue et la

difficulté de se comprendre. C) - les lettres 62 à 65 portent sur les femmes et ce qui les distingue en Orient et en Occident.

D) Philosophie et politique : lettres 66 à 123

4

- dès la lettre 66 à 69 il est question des vraies valeurs universelles qui contrastent avec la suite.

- les lettres 70 à 74 sont consacrées aux folies des hommes (égoïsme, dogmatisme, violence).

- les lettres 91-92 annoncent de profonds bouleversements - les lettres 93 à 97 sont des méditations sur les lois naturelles

- lettres 98 à 106 : critique acerbe de la politique et des croyances, réflexion sur la légitimité du pouvoir et

de la désobéissance.

- lettres 107-111 : célébration de l'esprit " moderne », espoir d'un esprit nouveau et libre.

- dès la lettre 112 des tensions se font sentir puis escalade de la violence et débordements au sérail ; cela

montre la faiblesse du pouvoir du de despote, pliant sous le poids des intermédiaires au point de perdre le

contrôle. Le grand eunuque et Solim imposent leur propre violence : " tous tes malheurs vont disparaître ; je

vais punir » (LP 160). Le maître devient esclave en devenant dépendant de ses serviteurs. Le despote leur est

autant soumis qu'à ses propres passions comme la jalousie " dévoré de chagrins » (LP 6). Cf Platon portrait

du tyran " enfermé dans sa maison comme une femme, enviant les citoyens qui voyagent au dehor et vont

voir quelque chose » (Rep IX). Comme ses eunuques il est esclave dans son propre empire, " où un vieux

prince, devenu tous les jours plus imbécile, est le premier prisonnier du palais » (EL V, 14). E) La dégradation de la société française : lettres 124 à 146

F) Le drame du sérail : lettres 147 à 161

II) SOUMISSION ET SERVITUDE DANS LES LP

A) Ethnocentrisme et relativisme culturel ou la soumission aux préjugés

Ce roman a une fonction intégratrice c'est-à-dire qu'il a pour intention d'apprendre aux Français à se

voir avec les yeux d'autrui, à intégrer le regard d'autrui, afin de lutter contre l'ethnocentrisme et de

promouvoir le relativisme culturel. Il y a donc tout un jeu de significations qui se déploient selon les

points de vue exprimés. Bayle déjà au XVIIème déplorait la corruption occidentale et en appelait au

témoignage d'étrangers : " Si ceux qui viennent à Paris avec les ambassadeurs osaient publier quand ils sont

retournés chez eux des relations aussi libres que celles que les Français publient touchant les pays

étrangers, je ne doute pas qu'ils n'eussent bien des choses à dire » / " ce serait une chose assez curieuse

qu'une relation de l'Occident composée par un Japonais ou un Chinois qui aurait vécu plusieurs années

dans les grandes villes de l'Europe. On nous rendrait bien le change ». Le roi et les parisiens se comportent

comme ce chef de tribu guinéenne qui se demande " si on parle beaucoup de lui en France » LP 44) ou

comme le khan de Tartarie qui une fois qu'il a dîné demande de crier : " que tous les princes de la terre

peuvent aller dîner » (LP 44), ce qui est propre à l'illusion d'être au centre du monde. Il ne faut plus

seulement penser par soi-même mais penser par l'autre. Cf le documentaire " L'exploration inversée ».

1) Le règne de l'Ethnocentrisme et sa critique

* Définition du préjugé par MO dans la préface de l'EL : " ce qui fait qu'on s'ignore soi-même » ; le soi

valant pour le sens collectif et pas seulement individuel, c'est la part inconsciente de l'idéologie d'une société

qui consiste à juger par avance ou par précipitation l'autre sans le connaître vraiment ; mais le préjugé est

aussi ignorance de soi (ce que souligne ici MO) car on croit savoir alors qu'on ne sait pas (cf doxa). Chacun

est si convaincu de l'évidence et de la naturalité de sa propre culture que d'autres moeurs leur paraissent

improbables voire incompréhensibles : " on n'imagine pas que le climat persan produise des hommes »

(LP48). Le règne de l'ordre, selon Valéry, est surtout celui des symboles et des signes et ce sont eux qui font

que des habitudes et des coutumes s'ancrent en nous, qui font que le monde social où nous vivons est comme

une seconde nature : " le monde social nous semble aussi naturel que la nature, lui qui ne tient que par

magie ». C'est l'épaisseur virtuelle du passé et du présent qui donne ce sentiment d'évidence (cela a toujours

été ainsi et cela sera toujours) : " Sous les noms de prévision et de tradition, l'avenir et le passé, qui sont des

perspectives imaginaires, dominent et restreignent le présent ». Cf Texte de Levi-Strauss dans " Race et

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