[PDF] corrigé commentaire 2016/17 2. Quelles valeurs Vian souhaite-

CORRIGÉ COMMANTAIRE DIRIGÉ EXAMEN ESABAC 2016/17 https://www.youtube.com/watch?v=pRjGW3djDa8I. Compréhension1.Quelle est la situation d'énonciation ? Réfléchissez en particulier sur l'opposition entre " il » et" ils ».La situation d'énonciation donne l'impression d' un décor réduit à des éléments simples, qui sont nommés sans être décrits : la colline, la rivière, les arbres, les murs de la prison.Dans ce décor évoluent des êtres qui, eux-mêmes, sont réduits à des entités abstraites : un fuyard dont on ne sait rien, et des surveillants et le résultat de leurs actions. Par conséqu ent le pronom personnel "il" rempl ace "L'évad é", héros anonyme ; "Ils" représente les surveillants qui ne sont désignés que par leurs armes, "Les canons d'acier bleu" et le résultat de leurs actions "des assassins" terme dénonciateur puisqu'il montre qu'il s'agit d'un meurtre et non pas d'une exécution.2. Relevez et analysez les références à la nature ; pourquoi est-elle si présente ?Ce récit qui raconte la mort d'un homme est en fait une célébration de la vie "il avait eu le temps de vivre", de la nature et de la liberté.Le paysage traversé par l'évadé est largement connoté : les " feuilles gorgées de soleil », l'eau qu'il boit sont autant d'images de son désir de vivre, de dévorer la vie.•Les quatre éléments constitutifs de la vie sont successivement traversés par l'évadé: l'élément terre("ses pas faisaient rouler les pierres"), au début du texte, l'élément air (il respire des odeurs), l'élément feu (la lumière qui l'accompagne et le soleil), et l'élément eau enfin où il meurt." Il respirait l'odeur des arbres / Il respirait de tout son corps » : cette répétition hyperbolique montre que l'évadé est avide de perceptions sensorielles, il veut se sentir " de tout son corps » en fusion avec la nature, cela fait presque songer à un acte d'amour. D'ailleurs, le sens de sa course est donné dans le dernier quatrain " courir vers la femme » : la nature et la femme se confondent.•La mort restitue l'homme à la nature qui l'environne. D'ailleurs " le sang et l'eau » les mêlent l'un à l'autre symboliquement. Les sifflantes [S] dans le vers " Le sang et l'eau se sont mêlés » montrent la douceur de ce retour à la nature.• Malgré la mort, le poème se termine sur une affirmation heureuse : "Il avait eu le temps de vivre."3. Quel effet est créé sur le rythme du poème par la répétition du vers " Pourvu qu'ils me laissent le temps » ?Ce poème est rythmé par le leitmotiv " Pourvu qu'ils me laissent le temps" et on peut croire un moment que l'évadé a échoué au vers 23 quand il est foudroyé puisqu'on ne sait pas le sens de sa course. Mais l'anaphore "[Il avait eu] le temps de" reprise 6 fois vient préciser par des compléments du nom ce qu'espérait "vivre" l'évadé.On peut remarquer l'opposition entre le rythme très fluide des vers qui décrivent larépression des poursuivants (aucune coupure de rythme, et enjambement d'un vers surl'autre) et celui plus syncopé des vers racontant la fuite de l'évadé.

II. Interprétation1.Mettez en relation le titre et le contenu du poème : de quel/s lieu/x ou situation/s s'évade le personnage ?Il s'agit d'une allégorie, co mme le suggèrent les q uatre derniers vers. La fuite du personnage est le symbole de la vie humaine, avec sa brièveté et la " fureur » de vivre qui habite les hommes.A travers ce poème, Boris V ian é voque aussi l'agitati on ardent e , mais fragile du personnage. Cette course est semée d'embûches : " pierres », " herbes »" rivière » ; elles'effectue contre une succession d'obstacles qui la ralentissent, elle est aussi une coursecontre la montre.Il faut gagner du temps, mot clé dont la présence devient obsédante à la fin du texte.Le caractère très fortement symboliqu e de la course de l'évadé, avec ses dif férentes phases, est couronné par la dernière strophe et l'ultime vers détaché du reste du poème. L'évadé devient comme le représentant de l'espèce humaine.L'angoisse qui poursuit l'évadé est analogique de celle de l'homme face au temps qui passe.Même si des fois la mort vient toujours trop tôt dans la course de la vie, elle ne revêt pasde caractère horrible, elle-même est rendue plus naturelle par la métaphore de Vian," l'abeille de cuivre chaud ».2. Quelles valeurs Vian souhaite-t-il célébrer dans ce poème ? La vie, la mort et la liberté qui constitue, sans aucun doute, la troisième dimension del'existence.La vie n'a de sens que si elle peut se dérouler hors des " quatre murs », aubesoin dans la révolte (" le temps de rire aux assassins »).Cette aspiration désespérée à la vie libre, même éphémère, peut aller jusqu' au sacrifice de la vie et rend ces moments de liberté d'autant plus précieux et intenses.Le désir de vivre libre, avec passion, sans illusions, mais aussi sans concessions.III. Réflexion personnelleUne des fonctions de la littérature consiste à s'engager, contre toutes les formes que le mal peut prendre dans le monde. Développez ce thème en vous appuyant sur les oeuvres littéraires que vous connaissez (300 mots environ).Quand on évoque la notion du " mal », on pense souvent à une de ces questions ou à une de leur fo rme singulière : pourq uoi encore et partout des g uerres ? Pourqu oi les tremblements de terre ou les cyclone s ravagent-il s des pays déjà dans la mi sère ? Comment peut-on faire du mal à un enfant ? Comme le remarquait Pascal " le mal est aisé, il y en a une infinité, le bien est presque unique » (Pensées , 469).

Une des fonctions de la littérature consiste à s'engager contre toutes formes que le mal peut prendre dans le monde c'est pour cela que nous examinerons d'abord des auteurs que nous avons étudié qui ont écrit sur le mal puis nous verrons à travers quels moyens ils ont lutté et enfin nous montrerons qu' on peut gagner sur le mal comme Boris Vian a montré dans son poème "L'évadé".A l'époque préromantique et romantique, en France comme en Italie ,triomphent des héros pour qui, comme le dirait Leopardi "La vita è male ".Il s'agit de personnages dominés par la mélancolie, l'inquiétude, l'angoisse, le refus de la réalité. Le jeune Werther de Goethe est vite entouré de frères en Italie Jacopo Ortis de Foscolo, en France René d e Chatea ubriand.Tous ces ho mmes souffrent et so nt tourmentés par un vide intéri eur, indé terminé, u ne tristesse prof onde et sans cause apparente.L'engagement de Victor Hugo est dans la misère de la réalité, des mal heureux, des pauvres, des injustices de la réalité et pour lui le poète a un rôle très important, celui de conduire l'humanité vers le bien, vers la lumière. Baudelaire a comme objectif d'ext raire à travers sa po ésie la beauté du mal et de la laideur "Les fleurs du mal" et l'homme se trouve à choisir à tout moment entre le mal et le bien.Pour Sartre "L'enfer c'est les autres".On existe seulement sous le regard de l'autre et il parvient dans "La Nausée" que l'existence humaine est vide de sens et que le seul but de l'homme peut être de s'accepter comme sa l iberté qui "resse mble un p eu à la mort". Camus passe de l'absurdité de la vie(Le mythe de Sisyphe, L'Étranger..) à l'humanisme(La Peste et Les Justes ). On peut vaincre le mal présent dans la réalité à travers la révolte qui est une mora le de l'effo rt et du sacrifice ré dempteur et qui n'est pas loin du Christianisme.Il affirme le devoir des intellectuels de combattre en faveur des déshérités.Tous ces auteurs ont en point en commun ils sont convaincus qu'on peut échapper au mal présent dans le monde grâce à la poésie, à l'art, à l'écriture.Pour conclure la vie comme nous a enseigné Boris Vian, grâce à son poème "L'évadé", elle vaut toujours la peine d'être vécue,même face à la mort. La fusion entre l'homme et la nature, le sentiment de liberté e t la vie sont plus fortes q ue la mort mê me et ils réussissent à l'adoucir.

Présentation de l'auteur : Boris Vian (10 mars 1920, Ville-d'Avray, près de Paris - 23 juin 1959,Paris) était un écrivain français, u n ingénie ur, un inventeur, un poète, un parolier , un chanteur, un critique et un musicien de jazz (plus exactement trompettiste). Il a écrit 11 romans, 4 recueils de poèmes, plusieurs pièces de théâtre, des nouvelles, de nombreuses chroniques musicales (dans la revue Jazz Hot), des scénarios de films, des centaines de chansons ... le tout avec une verve qui lui est propre.Boris Vian, malade, se savait condamné, brève échéance et aspirait comme l'évadé de ce poème, à vivre intensément. Depuis l'âge de 12 ans, suite à une angine infectieuse, Boris souffrait de rhumatismes articulaires aigus provoquant une insuffisance aortique. Il savait risquer à tout moment un accident cardiaque. Ses parents et en particulier sa mère le couvaient en permanence, organisant même des bals chez eux pour mieux le surveiller. Aussi, Boris Vian comme le fugitif demande surtout qu'on lui laisse le temps de vivre, de dévaler la colline, de danser, de sauter, de cueillir, de rire, de courir vers la femme... Il exprime en toute simplicité son désir de vivre libre, avec passion, sans illusions, mais aussi sans concession.Contexte historique : la chanson la plus célèbre de Boris Vian (parmi les 460 qu'il a écrites) est "Le Déserteur", https://www.youtube.com/watch?v=aeRSVmaXyQYchanson pacifiste écrite à la fin de la guerre d'Indochine (soit le 15 février 1954) etjuste avant la guerre d'Algérie (1954 - 1962).C'est cette année-là que Boris Vian,é.crivain antimilitariste épris de liberté, écrit le poème"L'évadé ". Contexte artistique :- après les morts, les angoisses et les privations dues aux guerres, Boris Vian semble adopter le précepte du poète latin Horace Carpe Diem (ce qui signifie : Cueille le jour présent, c'est-à-dire "profite de l'existence sans te soucier du lendemain" ).

- Ce poème est aussi caractéristique de l'esprit d'une époque qui considère que nos actes et nos choi x détermine nt ce que nou s sommes. Ce courant de pensée s'appel le l'Existentialisme.