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Université de Montpellier III Paul-Valéry

LLCC -Langues, Littératures, Cultures, civilisations (58)

Reconstruire le Chemin des Dames

JURY: Professeur d'histoire contemporaineémérite -Université de Toulouse II-Rapporteur -Monsieur François COCHET Professeur d'histoire contemporaine -Université de Metz-Rapporteur -Monsieur Christian CHEVANDIER Professeurd'histoire contemporaine-Université du Havre -Monsieur Patrick DOUCET

Conservateur -Chanel-corp, Paris-Expert

Monsieur Frédéric ROUSSEAU

Professeur d'histoire contemporaine -Université de Montpellier III -Dir. de thèse 1 2 3 4

Reconstruire le Chemin des Dames (1919-1939)

[Reconstruction / Grande Guerre / Aisne / Chemin des Dames / Ruines] L'ampleur globale des destructions sur le Chemin des Dames(Aisne)est incontestablement sans précédentau lendemain de la Première Guerre mondiale et justifie une étude à part entière sur sa reconstruction. La gestion et la digestion de "l'événement ruine» et par là même la Reconstruction de ce pays ruralapparaissent fortement contrastées. L'immense machine administrative

d'après guerre digère plutôt bien tous les cas particuliers grâce à ses formulaires et répond aux

besoins les plus pressants confirmant une tendance à un changement de nature de l'Etat sur le Chemin des Dames. Les inégalités demeurent néanmoins bien présentes confirmant ce que

certains appellent dès 1921 "Le scandale des régions libérées». De cette interaction des

cultures, des droits, des techniques; de ce subtil mélange de tradition et modernisme,

permanence et mutation; de cette confrontation à un milieu, va naître une société des ruines

dont cette thèse tente de dresser le portrait.

Reconstruct the "Chemin des Dames"(1919-1939)

[Reconstruction / Great War / Aisne / "Chemin des Dames"/ Ruins] The global eventof the destructions on the "Chemin des Dames"(Aisne) is unmistakably unprecedented after the First World War and justifies a full study about this reconstruction. The management and the organisationof "the event ruins" and there even the rural reconstruction of this country seem strongly contrasted. Thebureaucratic machine according to war digests rather well all the particular cases thanks to its forms and meets the needs the most pressing confirming a trendto a natural change of the State onthe "Chemin des Dames". Nevertheless, thedisparities remainvery present confirming what some people call from 1921 "The scandal ofthe released regions". This interaction of the cultures, the rights, the techniques;this subtle mixture of tradition and modernism, durability and transformation; this confrontation in a middle, is going to be born a societyof the ruins this thesis of which tries to paint a portrait. 5 6

Université de Montpellier III Paul-Valéry

LLCC -Langues, Littératures, Cultures, civilisations (58)

Reconstruire le Chemin des Dames

JURY: Professeur d'histoire contemporaine émérite -Université de Toulouse II -Rapporteur -Monsieur François COCHET Professeur d'histoire contemporaine -Université de Metz -Rapporteur -Monsieur Christian CHEVANDIER Professeur d'histoire contemporaine -Université du Havre -Monsieur Patrick DOUCET

Conservateur -Chanel-corp, Paris -Expert

Monsieur Frédéric ROUSSEAU

Professeur d'histoire contemporaine -Université de Montpellier III -Dir. de thèse 7 8 "Entre le chagrin et le néant, c'est le chagrin que je choisis, car rien n'est pire que le néant.»

Faulkner, Les Palmiers

sauvages. 9 10

Sommaire

Sommaire

èrepartie: Le désastre: perceptions, appréhensions, gestionsimmédiatesde I)Une évaluation des dommages immobiliers et mobiliers au lendemain de la première guerre mondiale (1919)

II)Terroirset paysages: "un pays aplati»

III)D'un bilan matériel aux perceptions du désastre Chapitre Deuxième: Tendre vers un Etat providence dans les régions dévastées I)Protéger le citoyen et"faire» vivre au provisoire II)Plus de justice? La prise en charge des dommages par l'Etat: légiférer, administrer, juger III)Des procédures mal adaptées aux sinistrés et au type de population touchée IV)Cartographies, indicateurs et statistiques à la rescousse de l'Etat

2èmepartie: Stratégies des acteurs de la reconstruction: entre restauration et

I)La prédominance de l'agriculture

II)Le maintien des élites traditionnelles

III)L'offensive pastorale des Hommes de Dieu

Chapitre Quatrième: Contre-pouvoirs et nouvelles figures sociales I)Contre-pouvoirs du peupleadministrateur? Les coopératives de

Reconstruction

10 14 32
40
46
50
82
88
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156
164
178
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11 II)Un exemple de contre-pouvoir politique et syndical: le Comité d'Action des Régions Dévastées. III)De nouvelles figures sociales: les Hommes de l'art au service du processus de Reconstruction

IV)De nouvelles figures issues de l'immigration

V)Un terrain favorable à la reprise des affaires

3èmepartie: La reconstruction matérielle du Chemin des Dames: une

I)L'architecture de la Reconstruction: entre modernité et ruralité II)Les conditions matérielles de la Reconstruction: la question des matières premières, des outilset du mobilier Chapitre sixième: Le cas particulier de l'agriculture: la guerre facteur de modernisation?

I)Réparer les terres dévastées

II)Le remembrement des terres

III)La modernisation et ses limites

IV)Jardins, vergers et vignesou la question des marges de l'agriculture Chapitre septième: De la solidarité extérieure à la célébration de la communautéretrouvée: une clôture de l'évènement ruine en trompe l'oeil

I)Dons et Reconstruction: l'exemple communal

II)La communauté retrouvée: les fêtes de la Reconstruction

Conclusion

12

Index des noms de lieux et personnes

13 14

Cadre général

"Cette trace de sentier, qu'on reconnaît quand même à son usure, bouleversée par les

entonnoirs, c'est le Chemin des Dames. Cinquante mois on se l'est disputé, on s'yest égorgé,

et le monde anxieux attendait de savoir si le petit sentier était enfin franchi. Ce n'était que ça,

ce chemin légendaire: on le passe d'une enjambée1» Le Chemin des Dames se situe dans le département de l'Aisne, à mi-chemin entre

Reims et Laon(doc. 1).

Doc 1: carte de l'Aisne permettant de situer le Chemin des Dames entre Laon, Soissons et Reims2 Ce département, appelé communément la betterave, est intimement lié au Bassin

parisien. Il suffit de constater le déplacement des armées lorsdes grands conflits européens

(de Jules César à la Première Guerre mondiale) pour comprendre que ce département constitue un couloir entre Paris et la Belgique, voire l'Allemagne. Du Nord Pas-de-Calais au Bassin Parisien, figée entre deux grandes plaines agricoles sans obstacles, se place une frontière naturelle qui n'est autre qu'une succession de plateaux et de vallées comprenant le Chemin des Dames. Même si l'Oise est une voie de pénétration depuis le sud de la Belgique jusqu'à Paris, ses affluents toutcomme ceux de la Marne et la Marne elle-même forment au

contraire des obstacles à une progression nord-sud que les armées, au cours des siècles, ont

souvent qualifiésde rempartsde Paris. En effet, ces rivières ont découpé le plateau tertiaire de

l'Ile-de-France en plateaux indépendants, entrecoupés de vallées, où trouve sa place le Chemin des Dames à l'extrémité orientale(doc. 2 ci-après).

1R. Dorgelès, Le réveil des morts, Paris, Albin Michel, 1923, p. 179-180.

2D. Defente, Le Chemin des Dames: 1914-1918, Paris, éd. Somogy, 2003.

15 Doc 2: situation du Chemin des Dames (surligné en rouge)3 Il englobe deux réalités très différentes. La première se situe dans le chemin qui

surplombe le plateau, véritable ligne de partage entre le versant nord débouchant sur la rivière

Ailette et le versant sud caractérisé par la vallée de l'Aisne(docs. 3 et 4). Doc. 3: versant sud du Chemin des Dames délimité par la ligne noire4

La seconde réalité est constituée del'ensemble situé entre les rivières Aisne et Ailette,

soit deux versants et un plateau(docs. 3 et 4). Doc.4: versant norddu Chemin des Dames délimité par la ligne noire5

3D. Defente, Le Chemin des Dames: 1914-1918, Paris, éd. Somogy, 2003, p. 24.

4ComitéDépartementaldu Tourisme de l'Aisne, Le Chemin des Dames, Laon, imp. des courriers de l'Aisne,

1978, p. 4.

16 Le versant de l'Ailette est humide, parfois même marécageux tandis que celui de

l'Aisne est beaucoup plus sec. Si la délimitation du champ d'étude nord/sud est aisée, il n'en

est pas de même pour la partie est/ouest. Il s'agit donc de fixer les limites de façon cohérente

etlogique. Pour cela, un bref rappel historique est nécessaire. En effet, qu'est-ce que le Chemin des Dames? Il s'agissait autrefois d'un chemin pavé par les paysans locaux pour les filles de Louis XV, Adélaïde et Victoire, qui venaient, au XVIIIèmesiècle, visiter leur gouvernante, la comtesse de Narbonne Lara au château de la Bôve. Docs 5: situation et château de la Bôve avant 19146 Elles empruntaient le chemin de crête et bifurquaient au-delà de Cerny-en-Laonnois

mais bien avant le plateau de Californie. Cette lecture nous amène alors à penser qu'une partie

du Chemin des Dames ne serait pas "aux Dames de France» et indiquerait par là que l'appellationmême est incorrecte: certainsallant jusqu'à le voir s'achever à Corbeny. Ce bourg est cependant plus proche de la supposée guérison des écrouelles au moment du sacre des rois à Reims que d'un quelconque chemin de promenade de ces Dames7. De fait et faute de réelles preuves du passage de ces filles de France, nous nous ajusterons sur ce qui est communément admis, à savoir que le Chemin des Dames débute sur le plateau de Californie,

à proximité de Craonne, au niveau du château de la Bôve, sis en contrebas à Bouconville(doc.

5), et se termine à la jonction de la route entre Laon et Soissons au niveau du Calvaire de

Laffaux(doc. 6).

5Comité Départementaldu Tourisme de l'Aisne, Le Chemin des Dames, Laon, imp. des courriers de l'Aisne,

1978, p. 4.

6Coll. Centre d'Archivage et de Recherche Historique sur l'Outil et le Monde du Travail, désormais

CARHOMT, série R.

7Voir l'article de G. Marival, "La construction du Chemin des Dames», La Lettre du Chemin des Dames, n°

10, conseil général de l'Aisne, 2006, p. 4-5.

17

Doc 6: situation du calvaire de Laffaux8

Le lieu d'étude, ainsi délimité, présente un rectangle contenant 36 communes que l'on pourra désormais appeler communes du Chemin des Dames. Cependant, ne nous y trompons

pas; lecadre d'étude reste artificiel malgré toutes les raisons que nous venons d'évoquer. La

reconstruction n'accepte pas de barrières géographiques mais, pris dans la globalité, ce site

présente une unité paysagère unique favorisant la construction d'un échantillon9. Nous n'excluons donc pas de prendre d'autres modèles de reconstruction à titre comparatif tant dans le Nord Pas-de-Calais qu'en Picardie. Quels sont ces villages? Nous distinguonsdeux pôles: l'un au sud du Chemin des Dames et l'autre au nord. Commençons par la zone sud que nous divisons en 3 espaces. Le premier

est composé par les villages du côteau, tout proche de la crête, qui fut très disputé durant la

guerre. Un premier groupe de villages est surplombé par le plateau de Californie (Craonne et Craonnelle); un second comprend Oulches, La Vallée foulon, Vassogne, Jumigny, Moulins et les villages troglodytiques: Paissy, Cuissy et Geny, Pargnan. Le second espace englobe tous les villages du sud-ouest: Moussy-Verneuil, Vendresse-Beaulne, Ostel, Braye-en-Laonnois et

Aizy-Jouy. Le troisième secteur est riverain de l'Aisne où les destructions ont parfois été

moins violentes. Il s'agit de Pontavert, Chaudardes, Cuiry les Chaudardes, Beaurieux, Oeuilly, Bourg et Comin, Soupir, Chavonne et Vailly-sur-Aisne. Terminons par la zone nord que nous divisonsen 3 espaces également : le Chemin des Dames lui-même, avec le village de Cerny-en-Laonnois; la zone rendue inculte par la guerre et dite Zone Rouge de Corbeny

8Comité Départementaldu Tourisme de l'Aisne, Le Chemin des Dames, Laon, imp. des courriers de l'Aisne,

1978, p. 4.

9De l'été 1914 à l'automne 1918, des millions d'hommes se sont battus sur le Chemin des Dames. Dès le mois

de septembre 1914, au pied de ce plateau tenu par les Allemands, se brise l'élan de la première bataille de la

Marne. C'est le début de la guerre de tranchées. En avril 1917, le Chemin des Dames, qui aurait dû être le nom

d'une victoire mettant fin à cette guerre interminable, devient celui d'un échec sanglant. Les mutineries se

multiplient parmi les combattants découragés. En mai 1918, un ouragan de feu franchit le Chemin des Dames:

cette nouvelle offensive allemande ne sera contenue que par la deuxième bataille de la Marne. 18 au village de Filain et, enfin, la zone riveraine de la rivière Ailette côté nord avec Bouconville-Vauclair, Chermizy-Ailles, Neuville sur Ailette, Chamouille, Pancy-Courtecon, Colligis-Grandelain, Trucy, Chevregny, Monampteuil, Pargny-Filain et Chavignon. Cette répartition géographique permet de mieux saisir la disposition ancienne et nouvelle des

villages, avant de les redéfinir par rapport à leur degré de démolition et leurs coopératives de

reconstruction respectives. Il importe à présent de bien cerner ce qu'était le Chemin des Dames avant la guerre de

1914-1918. Nous tenterons de saisirces anciens villages à partirde quatre points de vue: le

paysage, le monde des campagnes au XIXème siècle, la démographie et l'ancienne répartition

des villages de l'Aisne et de l'Ailette10. Ce cadre général et cette mise en perspective nous permettront de mieux comprendre la situation de ces communes au lendemain du conflit. Quel était le paysage du Chemin des Dames et de ses communes à la veille de la Première Guerre mondiale? Question difficile du fait de la documentation disponible. En effet, nous ne disposons, pour nous donner une idée du paysage, que des cartes postales anciennes en vues panoramiques sur les villages ou lieux précis (nous les réutiliserons pour

tenter de saisir l'évolution du bâti), les cartes postérieures à 1914 et les cadastres des

communes insérées dans le champ d'étude. La plus ancienne carte, encore exploitable, est

celle des frères Cassini qui, malgré son ancienneté et son manque de précision, permet de bien

saisir la rupture qu'a constitué la Grande Guerre. La carte de Cassini présente un autre

intérêt: les sites historiques, du moins remarquables pour l'époque, sont indiqués très

clairement. Ainsi, Corbigny (Corbeny) ou Saint Marcou sont représentés par une église

massive et un monastère (il faut ici se rappeler l'importance du rite du pèlerinage royal après

le sacre des rois au XVIIIème siècle). L'abbaye de Vauclair est aussi mentionnée ainsi que les

moulins, qu'ils soient à eau ou à vent. L'importance spirituelle ou matérielle de ces édifices

est incontestable et soulignée jusqu'à la veille de la guerre de 1914. A cela s'ajoute une

deuxième carte, plus récente, présentant les villages à la veille de la Première Guerre

mondiale, mais ayant le défaut de ne pas représenter le relief. Eneffet, sur les 33 communes actuelles de notre secteur, on n'en dénombre pas moins de 38 au XVIIIème siècle. Ceci

signifie que certains des villages ont disparu ou n'ont pas été reconstruits. Cette carte indique

par ailleurs que l'ensemble de la surface dusecteur était cultivé, laissant peu de place à la

forêt qui, aujourd'hui, occupe un bon cinquième de l'espace.

10L'Ailette est une rivière.

19 Les cultures sont de trois types, parfaitement analysables sur le cadastre des communes. Les jardins vivriers, autour des villages, forment uneauréole concentrique, quelle

que soit la localité (hormis les villages troglodytiques que nous traiterons à part). Il s'agit,

bien souvent, de bandes de terrain allongées qui permettaient une culture en rangs. Cependant, s'agit-il dans tous les cas de jardins? N'oublions pas que l'Aisne était une grande région viticole, jusqu'aux ravages du phylloxéra et les destructions de la Grande Guerre. Il est donc

difficile (hormis pour les parcelles éloignées) de savoir s'il s'agissait de vignes ou de jardins.

Chacun faisait en effet son vin; d'où la prédominance des vendangeoirs que le comte Maxime de Sars a si bien analysée dans son ouvrageLes Vendangeoirs du Laonnois11. Nous pourrions multiplier les exemples: celui de la seigneurie de Vassogne qui "relevait du Comtéde Roussy [est très significative]. Elle possédait un droit de vinage de quatre pots de vin par setier, et de pressoir banal. Le vignoble avait en 1780 une superficie de 30 hectares et était

réservé au vin de table et de messe12». L'activité viticole n'est donc pas un fait mineur, bien

qu'elle ait souvent été oubliée par les contemporanéistes. Par ailleurs, les terres agricoles se

trouvaient tout autour du village, finage médiéval et moderne qui persiste, comme l'a montré

Georges Duby13, jusqu'en 1914. Notons cependant les particularités des villages troglodytiques. A flanc de plateau, l'organisation du paysage est radicalement différente. En effet, le jardin se trouve le plus souvent devant la maison ou au-dessus (notons que les habitants de ces villages ne sont sortis que tardivement de leur habitat troglodytique14).

Doc 7: vue panoramique du village de Paissy15

11Comte M. de Sars, Les Vendangeoirs du Laonnois, Société historique de Haute-Picardie, Laon, imprimerie de

la manutention, 1986, p. 270-271.

12Ibidem.

13G. Duby, A. Wallon, Histoire de la France rurale: de 1789 à 1914, Paris, LeSeuil, coll. "Points histoire»,

1976.

14Voir la carte postale du village troglodyte de Paissy avant la Première Guerre mondiale (doc. 7).

15Coll. Démoulin, Paissy.

20 Les terres agricoles positionnées en tête de vallées ou de plateaux, la vigne en était

réduite à occuper le grouhat(doc. 7). Celui-ci était parfois boisécar il était impératif de

retenir le sol. Ce type de paysage n'est pas spécifique au Chemin des Dames. Cependant, il

caractériseune région profondément rurale et bâtie sur des modèles agraires très anciens

malgré la révolution liée à la grande culture: c'est bien un pays rural, en cours de modernisation. Quel est l'aspect matériel des villages à la veille de la Première Guerre mondiale? La

physionomie villageoise(doc. 8)peut être reconstituée grâce aux cartes postales, mais nousne

retiendra seulement dans la mesure où l'étude du type de reconstruction postérieur à 1919 doit

s'effectuer par comparaison avec le bâti de l'avant-guerre. Elle nous permettra en outre de nous interroger sur la part de tradition et de modernisme entrant danscette reconstruction. Disons simplement que les villages connaissent une organisation classique de type village tas (hormis les villages troglodytiques), concentré autour de l'église(doc. 9), le plus souvent romane. Doc 8: vue générale de Vassogne avant 1914: un

16Doc 9: l'église romane de Vassogne avant 191417

Les maisons sont de trois modèles: la ferme, la fermette et les maisons groupées autour d'une cour ou le long d'une rue de style ouvrier. La présence de vignes explique la

multitude de vendangeoirs bâtis sur des caves voûtées en berceau. Par ailleurs, bon nombre de

cartes postales et de cadastres montrent une organisation des maisons, de tous types, orientées autour d'une cour centrale où s'articulaient les bâtiments indispensables à l'exploitation

(granges, appentis, écuries, étables, etc.), quels que soient le statut social et le lieu de vie

familiale.

16Coll. du CARHOMT, série R.

17Coll. Adam, Vassogne.

21
La mairie-école(doc. 10)était le système le plus répandu sur l'ensemble de la zone

d'étude et en Laonnois. " [...] en 1879, le conseil municipal de Beaurieux vote, suite à la loi

de la gratuité de l'enseignement primaire [...], un emprunt de 52669 francs [...]. [Il] permet

en 1885, d'élever une mairie-école et d'aménager l'école des filles, dont la seconde classe est

transformée en classe enfantine en 188818». Doc 10: la mairie-école de Vendresse avant 191419 La mairie-école est donc indissociable du village au début du XXème siècle. Il conviendrait d'ajouter le lavoir, lieu de sociabilité, le plus souvent de type ouvert. Ces constructions (publiques ou privées), en moellons, étaient enduites d'un mélange de chaux hydraulique, gravier et sable. Seuls les entourages de fenêtres étaient en pierres de

taille, plus rarement en briques. Les toits étaient en tuilettes outuileaux rouges en terre cuite.

Il s'agit d'un mode de construction liéà l'exploitation du banc calcaire local, de 20 à 40

mètres d'épaisseur, depuis l'époque gallo-romaine (les Creutes) et à l'extraction d'argile dans

les terrains glaiseux, typiques deszones humides. De façon générale, les constructions neuves apparaissent relativement peu fréquentes sur le Chemin des Dames en cette fin de XIXème siècle. Une enquête atteste en effet en 1911 que 80 % des familles agricoles de France vivent "dans une maison dont la construction est antérieure à 1871»20. L'amélioration de l'habitat repose donc essentiellement sur les aménagements de l'existant. Ceux-ci portent, entre autres, sur des débuts d'adduction d'eau telsqu'on lesvoit sur certaines cartes postales de villages du Chemin des Dames21. De

nouveaux puits sont creusés et des citernes sont bâties, alimentées par des sources captées ou

18Comte M. de Sars, Histoire de Beaurieux, Laon, imprimerie de la manutention, 1980, p 76-78.

19Coll. Bièrre, Braye-en-Laonnois.

20J-L Mayaud, F. Bellec, Gens de France, Paris, éd. Du Chêne, pp. 16-17.

21Le village de Soupir est un exemple intéressant.

22

par la pluie. L'agencement intérieur des maisons évolue lui aussi comme l'atteste les listes de

mobilier des dossiers de dommages de guerre22. Il en va ainsi de la "traditionnelle» pièce

commune où l'on vit, dort et dîne "au même pot et au même feu»; l'espace domestique est

démultiplié en chambres plus nombreuses, rendues accessibles par des escaliers. La décoration elle-même se fait moins sobre. Les images colorées s'ajoutent aux portraits photographiques (encore très nombreux) et aux miroirs. De la même façon, mobilier et vaisselle s'enrichissent parfois d'éléments nouveaux: les meubles de pays coexistent avec le

buffetHenri II en vogue dès les années 1880; les ustensiles de cuisine sont multipliés tandis

que l'horloge ou la pendule se généralisent, attestant d'un autre rapport au temps dès la fin du

XIXème siècle.

La densité de l'habitat varie selon la taille des communes et l'histoire du peuplement. Les villageois partagent les espaces communs -rues, places et cours -qu'ils investissent et où s'expriment les diverses formes de la sociabilité de voisinage. Ces relations

interpersonnelles, parfois atomisées selon la richesse, la profession principale ou l'ancienneté

de la résidence, contribuent au maintien d'un lien social fort. Ces relations sont aussi faites

d'inimitiés, deconflits récurrents et du rejetde l'"étranger»: les jugements de justice de

paix révèlenten effet un univers quotidien parfois en tension, où les insultes et les atteintes

symboliques à l'honneur le disputent aux vols et aux empiètements sur des espaces considérés

comme privés. Les fermes isolées, nombreuses sur le Chemin des Dames, limitent encore les possibilités quotidiennes d'évasion: la famille et, éventuellement, quelques employés constituent un petit monde qui fonctionne en cercle fermé sous la seule autorité du chef d'exploitation, qu'il soit propriétaire, fermier ou métayer. Cette vie à la campagne estquotesdbs_dbs41.pdfusesText_41
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